Droit de l'environnement
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Le droit de l'environnement est un droit transversal assez récent qui comprend de nombreuses sous-branches. Développé à différentes échelles et systèmes juridiques, fruit d'une histoire spécifique le droit de l'environnement s'exprime en droit international, droit communautaire et local dont l'interaction va grandissant au fur et à mesure de la montée en puissance de la globalisation économique, politique et sociale et des enjeux environnementaux dont le changement climatique constitue une illustration de plus en plus affirmée. Outre son aspect normatif, imposant des obligations d'ordre public - comparé à du hard law ou droit dur, le droit de l'environnement peut prendre également le caractère de droit mou, sans imposer d'obligations juridiques aux acteurs du droit.
Le droit international de l'environnement comprend plus de 300 conventions ou traités multilatéraux sans compter les accords bilatéraux.
Sommaire |
[modifier] Différentes sous-branches
Le droit de l'environnement mélange différentes approches et concerne différentes sous-branches qui font le quotidien des praticiens :
- Celles liées aux éléments composent l'environnement : droit de l'air, - droit de l'eau, droit des sols, droit de la biodiversité
- Celles liées à des activités humaines : droit de la chasse, de la pêche, de l'énergie,
- Celles liées à des activités nuisibles ou polluantes : droit du bruit, droit des installations classées (autrefois établissements), droit de l'assainissement, droit des risques majeurs industriels ou naturels.
- Celles liées à un objet particulier : droit de la protection de la nature, droit des produits chimiques, droit des déchets, droit des sites, des monuments historiques.
- Celles liées à un secteur économique auquel on appose ses problématiques juridiques environnementales propres : agriculture et environnement, industrie et environnement, services et environnement. La déclinaison peut aller à l'infini par sous-secteur: pisciculture, nucléaire, tourisme, etc.
On oppose souvent artificiellement alors qu'ils sont complémentaires le droit de la protection de la nature et le droit de la lutte contre les pollutions et nuisances.
A chaque fois, pour chacune de ses sous-branches, le droit de l'environnement se décline selon l'ordre juridique qu'il interroge : local/national/international y compris le droit communautaire pour l'Europe avec par exemple le droit communautaire de l'environnement.
Cette interaction se fait également vis-à-vis d'autres branches juridiques à l'exemple du droit pénal, du droit commercial, du droit des affaires, du droit fiscal et l'on évoquera alors le droit pénal de l'environnement par exemple, voire même en croisant les deux sous-catégories précitées à titre d'exemple de droit pénal communautaire de l'environnement.
On comprendra ansi l'extrême technicité du droit de l'environnement à la croisée de bien d'autres disciplines juridiques.
[modifier] Chronologie générale du droit international de l'environnement
- 2 décembre 1946 Convention internationale pour la régulation de la chasse à la baleine et aux grands cétacés - création de la Commission baleinière internationale
- 1948 : Création de l'UICN, Union internationale pour la conservation de la nature regroupe 68 États, 103 organismes publics et des ONGs ; objectifs : favoriser : la biodiversité, l’utilisation rationnelle et équitable des ressources naturelles, le développement durable par des activités de lobbying, et en faisant des études, rapports,
- 1951 Convention internationale pour la protection des végétaux
- 1961 Union pour la protection des obtentions végétales, protège le certificat d'obtention végétale (COV), controversé, par les pays africains notamment, et pose quelques contradictions avec la convention sur la diversité biologique de 1992.
- 1961 Création du WWF (World Wildlife Fund), devenu en 1986 le Fonds Mondial pour la Nature
- 2-3 février 1970 Convention de Ramsar (Ramsar, Iran) relative aux zones humides d'importance internationale particulièrement comme habitats de la sauvagine : dans le cadre du programme MAB (Man And Biosphere) de l'UNESCO (United Nations for Education, Science and Culture Organization) ; entrée en vigueur en 1975 ; 61 États, 800 sites soit 500 000 km² ;
- décembre 1970 : États-Unis création de l'Environmental Protection Agency
- 1971 Programme Man and Biosphere : lancement du programme MAB par l'UNESCO, donnant lieu à la création de Réserves de biosphère (1976) : coordination mondiale d'aires protégées (parcs, réserves…).
- 1971 France : premier Ministère de l'environnement
[modifier] Le premier sommet de la Terre
- 16 juin 1972 Conférence mondiale sur l'environnement à Stockholm qui aboutit à la Déclaration de Stockholm : « l'homme a le devoir solennel de protéger et d'améliorer l'environnement pour les générations présentes et futures » ;
- mise en place du programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE).
- 23 novembre 1972 : Convention sur le patrimoine mondial (parfois appelée Convention de Paris) sous l'égide de l'UNESCO : elle vise à la protection du patrimoine culturel et naturel à valeur universelle ; les sites sont inscrits sur la « Liste du patrimoine mondial » ; l'État signataire s'engage alors à ne pas les détruire. Il s’agit donc simplement d’un label.
- 1972 : Convention sur la prévention de la pollution des mers résultant de l'immersion de déchets, communément appelée Convention de Londres
- 3 mars 1973 : Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction ou Convention de Washington, parfois appelée CITES (Convention on International Trade of Endangered Species). Réglemente le commerce de végétaux et d'animaux vivants ou morts par 3 annexes : I ) espèces ne pouvant pas faire l'objet de mouvements commerciaux ; II) espèces pouvant faire l'objet de mouvements commerciaux avec permis d'exportation CITES et population contrôlée ; III) : espèces pouvant faire l'objet de mouvements commerciaux avec seulement un permis d'exportation. L’UE impose des dispositions plus strictes.
- 1976 conseil de l'Europe Réseau européen de réserves biogénétiques -
- 2 avril 1979 Union européenne : Directive CEE 79/409 dite Directive oiseaux : désigne les Zones de Protection Spéciale) pour les oiseaux rares ou menacés.
- 23 juin 1979 : Convention de Bonn sur les espèces migratrices regroupées en une liste annexée. Les états signataires doivent : promouvoir la recherche sur les espèces migratrices ; accorder une protection immédiate aux espèces de l'annexe I (ex baleinoptères) ; conclure des accords internationaux pour les espèces de l'annexe II (ex : gazelle).
- 19 septembre 1979 : Conseil de l'Europe Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe , appelé aussi convention de Berne, elle concerne l'UE et d'autres états européens ainsi que des états non membres mais concernés par certaines espèces migratrices tels le Sénégal, le Burkina-Faso. objectif : conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe. moyens : 500 espèces végétales et 580 espèces animales protégées : flore : interdiction de coupe, cueillette et déracinage intentionnels + protection des habitats ; faune : interdiction de capture, de destruction de l'habitat, de perturbation, de commercialisation, sauf les espèces seulement protégées. Cette convention comporte 4 annexes listant le degré de protection des espèces (faune ou flore).
- 10 décembre 1982 : Convention des Nations unies sur le droit de la mer, entrée en vigueur en 1994
- 22 mars 1985 : Convention de Vienne relative à la protection de la couche d'ozone, ratifiée en 1986, établissant un cadre préparant le protocole de Montréal
- 1986 moratoire sur la chasse à la baleine
- septembre 1987: Protocole de Montréal mis en place pour éliminer les substances qui appauvrissent la couche d'ozone, les états s'engageant à interdire les CFC à une date butoir
- 1988 création par les Nations unies du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat
- 22 mars 1989 : Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et de leur élimination, entrée en vigueur en 1992. Cette convention a pour objectif de réduire la circulation des déchets dangereux entre les pays, en particulier vers les pays en développement.
[modifier] Sommet de la terre à Rio
- 22 mai 1992 Deuxième Sommet de la Terre à Rio (Brésil) organisé par l'ONU : la plus grande conférence intergouvernementale jamais organisée qui a consacré des principes généraux qui sont désormais partie du langage courant comme le développement durable et qui a abouti notamment à
- la Convention sur la Diversité Biologique
- l'Agenda 21
- l'adoption d'une Convention cadre sur les changements climatiques, (cadre du futur protocole de Kyoto).
- 17 juin 1994 Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, entrée en vigueur en 1996
- 22 septembre 1995 Ban Amendment de la convention de Bâle qui interdit l'exportation des déchets dangereux de pays de l'OCDE vers les pays en développement. non entrée en vigueur[1]. cet amendement inspira la création de conventions régionales, telles la convention de Bamako de 1996.
- 1996 : Convention sur la responsabilité et l'indemnisation pour les dommages liés au transport par mer de substances nocives et potentiellement dangereuses, convention dite « Convention SNPD » non entrée en vigueur[2]
- 25 juin 1998 Convention d'Aarhus ou Convention sur l'accès à l'information, la participation du public au processus décisionnel et l'accès à la justice en matière d'environnement.
- 10 septembre 1998 : Convention de Rotterdam sur la procédure de consentement préalable en connaissance de cause applicable à certains produits chimiques et pesticides dangereux qui font l’objet d’un commerce international (dite Convention PIC, Prior Informed Consent)
- 12 avril 1999 : Convention internationale pour la protection du Rhin, élargit l'action de dépollution a la gestion durable de l'eau, aux actions préventives de crues et d'inondations ...
- 2000 Protocole de Carthagène (Espagne) sur la prévention des risques biotechnologiques
- 22 mai 2001 Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants accord visant à interdire certains produits polluants
- février 2005 : Entrée en vigueur du protocole de Kyoto (il fallait réunir des conditions contraignantes)
[modifier] Le droit de l'environnement par pays
[modifier] Le droit de l'environnement en France
Le droit de l'environnement est un droit transversal assez récent pour les sciences juridiques[3]
Transversal, il parcourt plus d'une quinzaine de codes préexistants et cumule les aspects de droit public et de droit privé. Droit moderne, technique et complexe[4] il fait l'objet, en France, d'un code particulier appelé Code de l'environnement, entré en vigueur par l'Ordonnance du 18 septembre 2000.[5].
Sa reconnaissance est sans doute due à la création du ministère de l'environnement en 1971.
Mais des initiatives telles que la loi sur les Parcs nationaux de 1960 puis de la loi sur l'eau de 1964 ont constitué des avancées marquantes de cette lente reconnaissance pour l'environnement en France, plus tardive en regard d'autres pays occidentaux.
Historiquement, les premiers actes de salubrité publique des villes du Moyen Âge voire des villes gallo-romaines en ont été peut-être les premiers signes de ce droit qui n'est limité à la notion de police administrative relevant du droit administratif. Notons comme possible premier texte dans le droit de l’environnement français, un décret impérial de 1810 qui soumettait à autorisation préalable le fonctionnement des ateliers susceptibles d'occasionner des gênes pour le voisinage (3 classes possibles d'autorisation). Ce décret s'est appliqué jusqu'à la loi du 19 décembre 1917 qui a remplacé la 3ème classe par la notion de déclaration. La réforme de la Loi Barnier de 1995 a redonné au droit de l'environnement ses premiers principes généraux inscrits au code (art. L 110-1, ex L. 200-1 du Code Rural).
Le droit de l'environnement a connu enfin une récente consécration constitutionnelle avec la charte de l'environnement, voulue par Jacques Chirac et promulguée le 1er mars 2005 par le Congrès. Celle ci crée une troisième génération de droits de l'Homme (après les droits subjectifs de la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen de 1789 et les droits sociaux et économiques du Préambule de la Constitution de 1946), dont les conséquences juridiques sont encore incertaines. La jurisprudence à venir montrera si ce droit à l'environnement s'avère être un droit suffisamment précis pour être consacré par les tribunaux. Un premier pas a été franchi dans ce sens par l'ordonnance de référé-liberté rendue le 29 avril 2005 par le Tribunal Administratif de Chalons en Champagne, dite jurisprudence Teknival, qui pour la première fois reconnaît au "droit à un environnement sain et équilibré " la qualité de liberté fondamentale. La production de normes juridiques françaises dans le domaine de l'environnement dépend également des normes qui lui sont supérieures, à savoir :
- le droit international de l'environnement (plus de 300 conventions ou traités multilatéraux sans compter les accords bilatéraux) ; il peut prendre également le caractère de droit mou, sans imposer d'obligations juridiques.
- et surtout, compte tenu de l'intégration européenne, le droit communautaire de l'environnement dont la transposition est à la source de plus de 85% du droit français de l'environnement, exercice de transposition qui n'est d'ailleurs pas toujours bien assuré comme l'a rappelé le Sénat encore récemment[6]
- Article détaillé : Chronologie du droit de l'environnement en France.
[modifier] Le droit de l'environnement aux États-Unis
[modifier] Culture de la norme juridique et de l'environnement aux États-Unis
La culture de la norme au sens juridique du terme est beaucoup moins développée aux États-Unis qu'en France.
Contrairement à une opinion souvent répandue en Europe, notamment au sujet de la position des États-Unis relative au protocole de Kyoto, l'environnement est bien considéré comme un enjeu de tout premier plan aux États-Unis. La Maison Blanche et le Congrès ont ainsi créé dès 1970 une agence fédérale de protection de l'environnement (Environmental Protection Agency).
[modifier] Méthode
La méthode adoptée aux États-Unis sur l'environnement est très différente de celle des Européens continentaux :
- L'environnement est considéré comme un droit mou (en:soft law), c'est à dire que les normes n'y ont pas une vraie force obligatoire. On laisse donc les citoyens réfléchir et/ou agir par eux-mêmes. En pratique, cela signifie que le droit fixe des objectifs à respecter et donne peu de normes aux moyens pour y parvenir. Ainsi, la liberté d'action, essentielle aux États-Unis, est conservée à condition que l'objectif soit respecté. Si un parti n'est pas d'accord sur la méthode qu'utilise un autre sur le respect d'un objectif donné il peut le poursuivre devant les tribunaux. La décision fait ensuite jurisprudence, selon le principe anglo-saxon du précédent. Ceci explique l'ardeur des organisations non-gouvernementales (ONG) ou des regroupements de citoyens à poursuivre des entreprises dans le but de créer un précédent et, par la même occasion, leur faire payer de très grosses sommes de dommages et intérêts afin de décourager les contrevenants.
- Comme sur d'autres sujets, des réseaux d'influence et des lobbies se constituent, appuyés par des ONG, souvent européennes à l'origine[réf. nécessaire], et étendent leurs ramifications jusqu'en Europe.
- Une fois le sujet environnemental débroussaillé, les Américains définissent des systèmes de normalisation (ISO 14001 sur le management environnemental, future ISO 26000 sur la responsabilité sociale des entreprises...), qu'ils souhaitent imposer comme une norme internationale. Les méthodes de partage de l'information sont stratégiques dans ce processus.
- Ensuite viennent les lois (acts), qui peuvent être différentes au niveau fédéral et au niveau des États.
[modifier] Normes
On ne trouve pas aux États-Unis l'équivalent du code de l'environnement français.
En revanche, les questions d'environnement sont abordées d'une façon totalement transversale par des indicateurs de gouvernance d'entreprise : on ne réduit pas le problème à quelques gaz à effet de serre, mais on cherche à structurer des référentiels à partir de plus d'une centaine d'indicateurs se répartissant entre l'environnement, le social, l'économique, et la gouvernance, dans la responsabilité sociale des entreprises. Ceci sort du domaine strictement juridique.
- Article détaillé : Politique environnementale des États-Unis d'Amérique.
[modifier] Notes et références
- ↑ à la date du 22 mai 2006 (en) [1]
- ↑ [2] à la date de janvier 2005
- ↑ SFDE ou Société Française de Droit de l'Environnement
- ↑ Répertoire complet des textes en droit français
- ↑ Le code de l'environnement (Legifrance)
- ↑ voir http://www.senat.fr/rap/r05-342/r05-3422.html#toc156 Rapport Keller 2006]
[modifier] Voir aussi
[modifier] chartes et codes
- en:Green Charter (charte de l'environnement signée en Australie)
- Charte de l'environnement
- Code de l'environnement
- Hiérarchie des normes
- Codification (droit)
- Sécurité juridique
- Pacte mondial
- Responsabilité sociale des entreprises
[modifier] Droit international
- Convention internationale
- Liste des conventions internationales relatives à la protection de l'animal
- Catégorie:Traité de protection de l'environnement
[modifier] Liens externes
- Base de données gratuite des textes réglementaires de l'Environnement en France et en Europe, avec une alerte mail gratuite
- (fr) Réseau de chercheurs sur "le droit de l'environnement"
- (fr) [pdf] liste des conventions et traités internationaux (site du gouvernement français)
- Base de données de textes réglementaires sur l'Environnement
- Union Européenne/ EU :[(http://europa.eu.int/comm/environment/law/index.htm)]
- PNUE/UNEP Environmental Governance [Geo Yearbook 2007 http://www.unep.org/geo/yearbook/yb2007/]
[modifier] Bibliographie
- Jean-Claude Fritz (dir.), Marguerite Boutelet (dir.), "L'ordre public écologique. Towards an ecological public order", Bruxelles, Bruylant, 2005.
- Alomée Planel-Marchand, La protection des sites, P.U.F., Paris 1981.
- Michel Prieur, "Droit de l'environnement", Précis Dalloz, (5e éd.), 2004.
- Raphaël Romi, "Droit et administration de l'environnement", (5e éd.) Montchrestien, 2004.
- Yves Maxime Danan, Jean-Paul Morel et Sandra Decelle, Procerisq : Procédures et réglementations applicables aux risques technologiques et naturels, Secrétariat d’État chargé de l’Environnement et de la prévention des risques, Neuilly, 1995.
- Martine Rémond-Gouilloud, "Du droit de détruire", PUF l989.
- Jean-Pierre Beurier et Alexandre-Charles Kiss, "Droit international de l'environnement", Pédone, 2004.
- Simon Charbonneau, "Droit communautaire de l'environnement", L'Harmattan, 2002.
- Recyconsult, "Décret impérial de 1810", 2005.
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