La Joconde
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La Joconde |
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Léonard de Vinci, entre 1503 et 1507 |
huile sur panneau de bois de peuplier |
77 × 53 cm |
Musée du Louvre |
La Joconde (ou « Portrait de Mona Lisa ») est un tableau de Léonard de Vinci, réalisé entre 1503 et 1507. Huile sur panneau de bois de peuplier de 77 x 53 cm, il est exposé au Musée du Louvre à Paris. La Joconde est l'un des rares tableaux attribués de façon certaine à Léonard.
Sommaire |
Description
La Joconde est le portrait d'une jeune femme, sur fond d'un paysage montagneux aux horizons lointains et brumeux. Le flou du tableau est caractéristique de la technique du sfumato. Le sfumato, de l'italien enfumé, est un effet vaporeux, obtenu par la superposition de plusieurs couches de peinture extrêmement délicates qui donne au tableau des contours imprécis. Cette technique a été employée en particulier au niveau des yeux dans la mise en ombrage.
La femme porte sur la tête un voile noir transparent et une robe. On remarque que totalement épilée, conformément à la mode de l'époque, elle ne présente ni cils ni sourcils. Elle est assise sur un fauteuil dont on aperçoit le dossier à droite du tableau. Ses mains sont croisées, posées sur un bras du fauteuil. Elle se trouve probablement dans une loggia : on peut voir un parapet juste derrière elle au premier tiers du tableau, ainsi que l'amorce de la base renflée d'une colonne sur la gauche. À l'arrière plan se trouve un paysage montagneux dans lequel se détache un chemin sinueux et une rivière qu'enjambe un pont de pierre.
La source de lumière provient essentiellement de la gauche du tableau.
Le modèle
Plusieurs hypothèses ont été formulées à propos de l'identité du modèle.
Lisa Maria Gherardini
Selon l'hypothèse admise depuis Giorgio Vasari, le modèle s'appellerait à l'origine Lisa Gherardini, née en mai 1479 à Florence. Issue d'une famille modeste, elle épousa à 16 ans le fils d'un marchand de soie, Francesco di Bartolomeo del Giocondo. Déjà veuf à deux reprises, Giocondo a 19 ans de plus que Lisa. Elle lui donna trois enfants, Piero Francesco - né en 1496 - une fille au prénom inconnu morte en 1499 et Andrea - né en 1502.
Francesco del Giocondo possédait une chapelle familiale dans l'église de la Santissima Annunziata, où il fut plus tard inhumé. Cette église était tenue par les Servites de Marie, qui ont hébergé en 1501 Léonard, fils de Piero da Vinci, le notaire de leur ordre. Il est probable que Léonard et Francesco ont fait connaissance à cette époque. En 1503, Francesco del Giocondo emménage dans une demeure plus grande, via della Stufa, et cherche un peintre pour réaliser le portrait de son épouse. Il se tourne vers Léonard de Vinci. Lisa Gherardini était âgée de 24 ans, et Léonard de 51 au moment où il commença son tableau.
Francesco del Giocondo ne reçut jamais son tableau. Il était inachevé quand l'artiste quitta Florence pour Milan.
Cette thèse reste discutée, au prétexte qu'aucune trace d'un paiement n'a été retrouvée. Les liens étroits entre Léonard de Vinci et la famille del Giocondo ont été établis en 2004 par Giuseppe Pallanti [1].
D'après Giuseppe Pallanti (2007), les archives d'une église du centre historique de Florence (Toscane), font référence à un acte de décès de « l'épouse de Francesco Del Giocondo », morte le 15 juillet 1542 et enterrée au couvent Sant'Orsola.
Selon Daniel Arasse, s'il était vivant quand le tableau fut fini, Francesco del Giocondo se serait senti outragé et l'aurait probablement refusé. D'après lui, à cette époque une femme au front dégarni et aux sourcils épilés ne pouvait être qu'une prostituée. Des analyses du tableau postérieures à 2000 ont montré que la Joconde a la tête couverte d'un voile transparent ou peu visible.
Autres suggestions
Certains font l'hypothèse que le tableau de la Joconde est un autoportrait travesti, comme l'attesterait la superposition des calques des autoportraits présents dans ses carnets de croquis et celle de « Mona Lisa ».
La dernière conjecture est basée sur une analogie : le visage de Mona Lisa serait superposable à celui de Catherine Sforza, princesse de Forlì (XVe siècle), dans un portrait peint par Lorenzo di Credi[2]. Ce portrait est conservé dans le Musée de Forlì, en Italie.
À travers les époques
La Joconde ne quitta jamais Léonard de son vivant. Il l'emporta probablement à Amboise où François Ier le fit venir. Ce dernier en fit l'acquisition - à Léonard lui-même ou à ses héritiers après sa mort - et l'installa à Fontainebleau.
Plus tard, Louis XIV en fit l'un des tableaux les plus en vue à Versailles, et l'exposait dans le Cabinet du Roi.
Bonaparte l'installa aux Tuileries en 1800 dans les appartements de Joséphine, puis l'offrit au Louvre en 1804.
Le tableau fut volé le 21 août 1911. On soupçonna le poète Guillaume Apollinaire et le peintre Pablo Picasso d'être les auteurs de ce vol, revendiqué par ailleurs par l'écrivain italien Gabriele d'Annunzio. La Société des Amis du Louvre offrit une récompense de vingt-cinq mille francs, un anonyme proposa de doubler cette somme. La revue L'Illustration promit cinquante mille francs pour qui rapporterait le tableau dans les locaux du journal. Le voleur était l'italien Vincenzo Perugia, un vitrier qui avait participé aux travaux de mise sous verre des tableaux les plus importants du musée. Il conserva le tableau pendant deux ans dans sa chambre à Paris, puis de retour en Italie il proposa de le revendre le 10 décembre 1913 à un antiquaire florentin qui donna l'alerte.[3]
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le tableau fut mis en sécurité au château d'Amboise, puis à l'abbaye de Loc-Dieu, et enfin au Musée Ingres de Montauban. Pendant un temps, il fut entreposé sous le lit même du conservateur du musée du Louvre en exil dans le château de Montal en Quercy (Lot).
La Joconde est devenue un tableau mythique car à toutes les époques les artistes l'ont prise comme référence. Elle constitue en effet l'aboutissement des recherches du XVe siècle sur la représentation du portrait. À l'époque romantique, les artistes ont été fascinés par l'énigme de la Joconde et ont contribué à développer le mythe qui l'entoure, en faisant de nos jours l'une des œuvres d'art les plus célèbres du monde.
Analyse du tableau
Dénomination
Le titre du tableau vient probablement du patronyme du sujet - « del Giocondo » - mais peut également être attribué à l'attitude de la femme représentée. Il est aussi appelé « Monna Lisa » ou sa déformation plus courante « Mona Lisa », une contraction de « ma donna Lisa » qu'on peut traduire par « madame Lisa ».
Symbolisme
En italien, giocondo signifie "heureux, serein". Léonard était sûrement conscient qu'il peignait non seulement le portrait d'une femme, mais aussi le portrait d'une expression. La Joconde constitue réellement le portrait de l'idée de sérénité.
Selon certains, la Joconde est aussi l'expression de la féminité, voire de la maternité, car elle semble apparaître comme tenant un enfant dans ses bras.
Le sourire et le regard
Le sourire de la Joconde constitue un des éléments énigmatiques du tableau, qui a contribué au développement du mythe. Son sourire apparaît comme suspendu, prêt à s'éteindre.
Tout en donnant l'impression de suivre le spectateur des yeux, le regard de Mona Lisa fixe un point situé au-delà du spectateur, légèrement à sa droite, provoquant ainsi une mise en profondeur du dialogue entre l'œuvre et le spectateur. Bruno Mathon, critique d'art, dit ainsi que la Joconde « regarde quelque chose en vous, mais qui est derrière vous, dans votre passé. Elle regarde l'enfant que vous avez été, comme une mère regarde son enfant ».
Salle des États du Musée du Louvre
Depuis mars 2005, la Joconde bénéficie au Musée du Louvre d'une salle rénovée et spécialement aménagée pour la recevoir, la salle des États, dans laquelle elle fait face au non moins célèbre tableau de Véronèse, les Noces de Cana.
Une source d'inspiration
Dès le XVIe siècle, La Joconde inspira de nombreux peintres, qui en firent des copies et imitations plus ou moins fidèles. Corot, Robert Delaunay et Fernand Léger en ont tiré des variations. Au XXe siècle les surréalistes, pour protester contre « l'art établi » détournèrent le tableau. Mona Lisa se vit affublée d'une moustache par Salvador Dali, et par Marcel Duchamp sous le titre « L.H.O.O.Q. » [4], reçut une pipe dans la bouche, chevaucha une moto, fut déguisée en ange de la mort, en chien ou en sirène...
D'autres arts s'en sont emparés : des chanteurs, comme Barbara (paroles et musique de Paul Braffort) ou Serge Gainsbourg l'ont chantée. Des auteurs « jocondoclastes », de Jean Margat à l'oulipien Hervé Le Tellier, ont fait d'elle un personnage littéraire.
Analyses techniques
En décembre 2005, le magazine britannique The New Scientist relate une étude [5] basée sur un logiciel de reconnaissance des émotions sur le visage. D'après cette étude Mona Lisa était 83% heureuse, 9% écœurée, 6% craintive et 2% en colère.
Le Conseil national de recherches du Canada a dévoilé le 26 septembre 2006 à Ottawa les résultats d'une étude réalisée grâce à un système de balayage laser sophistiqué, en couleurs et en trois dimensions. Celle-ci a permis de découvrir que Mona Lisa était enveloppée d'un "voile de gaze" fine et transparente normalement porté à l'époque par les femmes enceintes ou venant d'accoucher. Masqué par le vernis, ce détail n'avait jamais été observé jusqu'à présent. Le sourire mystérieux de la Joconde serait donc celui d'une femme enceinte ou qui vient d'avoir un enfant.
Notes
- ↑ L'histoire de Lisa Gherardini est issue de [Coignard], pages 42,43. Voir un résumé de l'ouvrage de [Pallanti] sur le site www.telegraph.co.uk < [1] - consulté le 20/5/06 >
- ↑ [http://chifar.unipv.it/museo/Catellani/catSforza/dip.htm Portrait de Catherine Sforza sur le site chifar.unipv.it] (page consultée le 20/5/06)
- ↑ Anecdotes issues de [Coignard], pages 47, 48
- ↑ LHOOQ se prononce « Elle a chaud au cul ».
- ↑ New Scientist magazine, 17 December 2005, n° 2530, page 25 [2]
Voir aussi
Bibliographie
[Coignard] Jérôme Coignard, L'énigme de La Joconde Connaissance des ARTS, n°626 avril 2005 Paris
[Scailliérez] Cécile Scailliérez, Léonard de Vinci, La Joconde Éditions Musée du Louvre/Réunion des Musées nationaux, collection Solo, 2003
[Arasse] Daniel Arasse, Léonard de Vinci Éditions Hazan, 2002 (1ère édition 1987)
[Pallanti] Giuseppe Pallanti, Monna Lisa Mulier ingenua, ed. Polistampa, 2004, ISBN 88-8304-725-7
Liens externes
- Musée du Louvre : La Joconde sur www.insecula.com,
- La Joconde à la loupe, site officiel du Musée du Louvre, Paris (Média).
- Examen tridimensionnel de La Joconde par le Conseil National de Recherche du Canada.
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