Ludwig van Beethoven
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Ludwig van Beethoven | |
Naissance : | 17 décembre 1770 Bonn, Allemagne |
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Décès : | 26 mars 1827 (à l'âge de 56 ans) Vienne, Autriche |
Nationalité : | Allemande |
Profession : | Compositeur de musique classique |
Photo : Ludwig van Beethoven travaillant à la Missa Solemnis, opus 123. Portrait de Joseph Karl Stieler, 1820. |
Ludwig van Beethoven (Bonn, 16 ou 17 décembre 1770 — Vienne, 26 mars 1827) était un compositeur allemand dont l'œuvre s'étend chronologiquement de la période classique aux débuts du romantisme.
Dernier grand représentant du classicisme viennois (après Gluck, Haydn et Mozart), Beethoven prépara l'évolution vers le romantisme en musique et influença la musique occidentale pendant une grande partie du XIXe siècle. Inclassable (« Vous me faites l'impression d'un homme qui a plusieurs têtes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes » lui dit Haydn vers 1793) [1], son art s'exprima dans tous les genres, et bien que sa musique symphonique fût la principale source de sa popularité universelle, c'est dans l'écriture pianistique et dans la musique de chambre que son impact fut le plus considérable.
Surmontant à force de volonté les épreuves d'une vie marquée par le drame de la surdité, célébrant dans sa musique le triomphe de l'héroïsme et de la joie quand le destin lui prescrivait l'isolement et la misère, il a mérité cette affirmation de Romain Rolland : « Il est bien davantage que le premier des musiciens. Il est la force la plus héroïque de l'art moderne ». [2] Expression d'une inaltérable foi en l'homme et d'un optimisme volontaire, consacrant l'art musical comme action d'un homme libre et non plus comme simple distraction, l'œuvre de Beethoven a fait de lui une des figures les plus marquantes de l'histoire de la musique.
[modifier] Biographie
[modifier] 1770 - 1792 : l'émergence du génie
[modifier] Les origines et l'enfance
Ludwig van Beethoven naquit à Bonn en Rhénanie, le 16 ou le 17 décembre 1770 [3], dans une famille modeste qui perpétuait une tradition musicale depuis au moins deux générations. Son grand-père paternel, Ludwig van Beethoven l'ancien (1712 - 1773), descendait d'une famille flamande roturière originaire de Malines (la particule « van » n'a donc pas de valeur nobiliaire) [4] . Homme respecté et bon musicien, il s'était installé à Bonn en 1732 et était devenu maître de chapelle du Prince-Électeur de Cologne. Son père, Johann van Beethoven (1740 - 1792), était musicien et ténor à la Cour de l'Électeur. Homme médiocre et brutal, alcoolique notoire, il éleva ses enfants dans la plus grande rigueur. Sa mère, Maria-Magdalena van Beethoven, née à Keverich (1746 - 1787), était la fille d'un cuisinier de l'Électeur de Trèves. Dépeinte comme douce mais dépressive, elle fut aimée de ses enfants mais effacée. Ludwig était le cadet de sept enfants dont trois seulement atteignirent l'âge adulte : lui-même, Kaspar-Karl (1774 - 1815) et Johann (1776 - 1848) [5].
Il ne fallut pas longtemps à Johann van Beethoven pour détecter le don musical de son fils et réaliser le parti exceptionnel qu'il pourrait en tirer. Songeant à l'enfant Mozart, exhibé en concert à travers toute l'Europe une quinzaine d'années plus tôt, il entreprit dès 1775 l'éducation musicale de Ludwig et, devant ses exceptionnelles dispositions, tenta en 1778 de le présenter au piano à travers la Rhénanie, de Bonn à Cologne, en le faisant passer pour deux ans plus jeune qu'il ne l'était. Mais là où Léopold Mozart avait su faire preuve d'une subtile pédagogie auprès de son fils, Johann van Beethoven ne semble avoir été capable que d'autorité et de brutalité; et cette expérience demeura infructueuse et sans suite, à l'exception d'une tournée aux Pays-Bas en 1781 [6] . Parallèlement à une éducation générale qu'il dut pour beaucoup à l'accueil et à la bienveillance de la famille von Breuning et à son amitié avec le médecin Franz-Gerhard Wegeler, auxquels il fut attaché toute sa vie, le jeune Ludwig devint l'élève de Christian Gottlob Neefe (piano, orgue, composition) et composa pour le piano, entre 1782 et 1783, les Neuf Variations sur une marche de Dressler [7] et les trois Sonatines dites à l'Électeur qui marquèrent symboliquement le début de sa production musicale.
[modifier] Le mécénat de Waldstein et la rencontre de Haydn
Devenu organiste adjoint à la Cour du nouvel Électeur Max-Franz qui devint son protecteur (1784), Beethoven fut remarqué par le comte Ferdinand von Waldstein, qui joua un rôle déterminant dans l'avenir du jeune musicien. Il emmena Beethoven une première fois à Vienne en avril 1787, séjour au cours duquel aurait eu lieu une rencontre furtive avec Mozart [8] . Mais surtout, en juillet 1792, il présenta Beethoven à Joseph Haydn qui, revenant d'une tournée en Angleterre, s'était arrêté à Bonn. Impressionné par la lecture d'une cantate composée par Beethoven (celle sur la mort de Joseph II ou celle sur l'avènement de Léopold II) tout en étant lucide sur les carences de son instruction, Haydn l'invita à faire des études suivies à Vienne sous sa direction. Conscient de l'opportunité que représentaient, à Vienne, l'enseignement d'un musicien du renom de Haydn, et quasiment privé de ses attaches familiales à Bonn (sa mère était décédée de la tuberculose en juillet 1787, et son père, sombrant dans l'alcoolisme, avait été mis à la retraite en 1789 et était incapable d'assurer la subsistance de sa famille), Beethoven accepta. Le 2 novembre 1792 il quitta les rives du Rhin pour ne jamais y revenir, emportant avec lui cette fameuse prophétie de Waldstein :
- « Cher Beethoven, vous allez à Vienne pour réaliser un souhait depuis longtemps exprimé : le génie de Mozart est encore en deuil et pleure la mort de son disciple. En l'inépuisable Haydn il trouve un refuge, mais non une occupation ; par lui, il désire encore s'unir à quelqu'un. Par une application incessante, recevez des mains de Haydn l'esprit de Mozart. » (Waldstein, nov. 1792) [9]
[modifier] 1792 - 1802 : de Vienne à Heiligenstadt
[modifier] Premières années viennoises
À la fin du XVIIIe siècle, Vienne était la capitale incontestée de la musique occidentale et représentait la meilleure chance de réussir pour un musicien désireux de faire carrière. Âgé de vingt-deux ans à son arrivée, Beethoven n'avait encore pour ainsi dire rien écrit d'important, si loin qu'il était de sa maturité artistique, ce qui le distinguait fondamentalement de Mozart. En effet, bien que Beethoven fût arrivé à Vienne moins d'un an après la disparition de son illustre prédécesseur, qu'il adulait, le mythe du « passage du flambeau » ne pouvait résister longtemps aux faits : c'est comme pianiste virtuose qu'il forgea d'abord sa réputation, bien avant de se faire un nom comme compositeur. Quant à l'enseignement de Haydn, si prestigieux qu'il fût, il s'avéra décevant à bien des égards. L'indiscipline et l'entêtement de son élève irritèrent Haydn, et malgré une estime réciproque plusieurs fois rappelée, le « père de la symphonie » n'eut jamais avec Beethoven les rapports de profonde amitié qu'il avait eus avec Mozart et qui avaient été à l'origine d'une si féconde émulation :
- « Vous avez beaucoup de talent et vous en acquerrez encore plus, énormément plus. Vous avez une abondance inépuisable d'inspiration, vous aurez des pensées que personne n'a encore eues, vous ne sacrifierez jamais votre pensée à une règle tyrannique, mais vous sacrifierez les règles à vos fantaisies ; car vous me faites l'impression d'un homme qui a plusieurs têtes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes. » (Haydn, vers 1793) [10]
Cependant Haydn eut une influence profonde et durable sur l'œuvre de Beethoven, et bien plus tard ce dernier reconnut tout ce qu'il devait à son maître. Après le nouveau départ de Haydn pour Londres (janvier 1794), Beethoven poursuivit des études épisodiques jusqu'au début de 1795 avec divers autres professeurs dont le compositeur Johann Schenk et deux autres témoins prestigieux de l'époque mozartienne : Johann Georg Albrechtsberger et Antonio Salieri. Son apprentissage terminé, Beethoven se fixa définitivement à Vienne. Ses talents de pianiste l'avaient fait connaître et apprécier des personnalités mélomanes de l'aristocratie viennoise, dont les noms restent aujourd'hui encore attachés aux dédicaces de plusieurs de ses chefs-d'œuvre : le baron Nikolaus Zmeskall, le prince Carl Lichnowsky, le comte Andrei Razumovsky, le prince Joseph Franz von Lobkowitz, et plus tard l'archiduc Rodolphe d'Autriche, pour ne citer qu'eux. Après avoir publié ses trois premiers Trios pour piano, violon et violoncelle sous le numéro d'opus 1, puis ses premières Sonates pour piano, Beethoven donna son premier concert public le 29 mars 1795 pour la création de son Deuxième Concerto pour piano (qui fut en fait composé le premier, à l'époque de Bonn).
[modifier] Le premier virtuose de Vienne
En 1796 Beethoven entreprit une tournée de concerts qui le mena de Vienne à Berlin en passant notamment par Dresde, Leipzig, Nuremberg et Prague. Si le public loua sa virtuosité et son inspiration au piano, sa fougue lui valut le scepticisme des critiques les plus conservateurs [11] .
La lecture des classiques grecs, de Shakespeare et des chefs de file du courant Sturm und Drang qu'étaient Goethe et Schiller influença durablement dans le sens de l'idéalisme le tempérament du musicien, acquis par ailleurs aux idées des Lumières et de la Révolution française qui se répandaient alors en Europe. Beethoven fréquenta assidûment en 1798 l'ambassade de France à Vienne où il rencontra Bernadotte et le violoniste Rodolphe Kreutzer auquel il dédia, en 1803, la célèbre Sonate pour violon n° 9 qui porte son nom. Tandis que son activité créatrice s'intensifiait (composition des Sonates pour piano n° 5 à n° 7, des premières Sonates pour violon et piano), le compositeur participa jusqu'aux environs de 1800 à des joutes musicales dont raffolait la société viennoise et qui le consacrèrent plus grand virtuose de Vienne. Des pianistes réputés comme Muzio Clementi, Johann Baptist Cramer, Josef Gelinek, Johann Hummel et Daniel Steibelt en firent les frais.
La fin des années 1790 fut aussi l'époque des premiers chefs-d'œuvre, qui s'incarnèrent dans le Premier Concerto pour piano (1798), les six premiers Quatuors à cordes (1798-1800), le Septuor pour cordes et vents (1799-1800) et dans les deux œuvres qui affirmaient le plus clairement le caractère naissant du musicien : la Grande Sonate pathétique (1798-1799) et la Première Symphonie (1800). Bien que l'influence des dernières symphonies de Haydn y fût apparente, cette dernière était déjà empreinte du caractère beethovénien (en particulier dans le scherzo du troisième mouvement) et portait en germe la promesse de réussites plus grandes encore. Le Premier Concerto et la Première symphonie furent joués avec un grand succès le 2 avril 1800, date de la première académie de Beethoven (concert que le musicien consacrait entièrement à ses œuvres). Conforté par les rentes que lui versaient ses protecteurs, Beethoven, dont la renommée grandissante commençait à dépasser les frontières de l'Autriche, semblait alors promis à une carrière de compositeur et d'interprète glorieuse et aisée.
- « Son improvisation était on ne peut plus brillante et étonnante ; dans quelque société qu'il se trouvât, il parvenait à produire une telle impression sur chacun de ses auditeurs qu'il arrivait fréquemment que les yeux se mouillaient de larmes, et que plusieurs éclataient en sanglots. Il y avait dans son expression quelque chose de merveilleux, indépendamment de la beauté et de l'originalité de ses idées et de la manière ingénieuse dont il les rendait. » (Czerny, vers 1840) [12]
[modifier] Le tournant du siècle
L'année 1802 marqua un premier grand tournant dans la vie du compositeur. Dans le plus grand secret, il commençait depuis 1796 à prendre conscience d'une surdité débutante qui devait irrémédiablement progresser jusqu'à devenir totale avant 1820 [13] . Contraint à l'isolement par peur de devoir assumer en public cette terrible vérité, Beethoven gagna dès lors une réputation de misanthrope dont il souffrit en silence jusqu'à la fin de sa vie [14] . Conscient que son infirmité lui interdirait tôt ou tard de se produire comme pianiste et peut-être de composer, il songea un moment au suicide, puis exprima à la fois sa tristesse et sa foi en son art dans une lettre qui nous est restée sous le nom de Testament de Heiligenstadt, qui ne fut jamais envoyée et fut retrouvée seulement après sa mort :
- « Ô vous, hommes qui pensez que je suis un être haineux, obstiné, misanthrope, ou qui me faites passer pour tel, comme vous êtes injustes ! Vous ignorez la raison secrète de ce qui vous paraît ainsi. (…) Songez que depuis six ans je suis frappé d'un mal terrible, que des médecins incompétents ont aggravé. D'année en année, déçu par l'espoir d'une amélioration, (…) j'ai dû m'isoler de bonne heure, vivre en solitaire, loin du monde. (…) Si jamais vous lisez ceci un jour, alors pensez que vous n'avez pas été justes avec moi, et que le malheureux se console en trouvant quelqu'un qui lui ressemble et qui, malgré tous les obstacles de la Nature, a tout fait cependant pour être admis au rang des artistes et des hommes de valeur. » (Beethoven, 6 oct. 1802) [15]
Heureusement, sa vitalité créatrice ne s'en ressentit pas. Après la composition de la tendre Sonate pour violon n° 5 dite Le Printemps (Frühlings, 1800) et de la célèbre Sonate pour piano n° 14 dite Clair de Lune (1801), c'est dans cette période de crise morale qu'il composa la joyeuse et méconnue Deuxième Symphonie (1801-1802) et le plus sombre Troisième Concerto pour piano (1800-1802) où s'annonçait nettement, dans la tonalité d'ut mineur, la personnalité caractéristique du compositeur. Ces deux œuvres furent accueillies très favorablement le 5 avril 1803, mais pour Beethoven une page se tournait ; dès lors sa carrière s'infléchit. Privé de la possibilité d'exprimer tout son talent et de gagner sa vie en tant qu'interprète, il allait se consacrer à la composition avec un courage et une force de caractère que rien n'avait laissé prévoir. Au sortir de la crise de 1802 s'annonçait l'héroïsme triomphant de la Troisième Symphonie.
- « Je suis peu satisfait de mes travaux jusqu'à présent. À dater d'aujourd'hui, je veux ouvrir un nouveau chemin. » (Beethoven, 1802) [16]
[modifier] 1802 - 1812 : la période dite Héroïque
[modifier] De l'Héroïque à Fidelio
La Troisième Symphonie, « Héroïque », marqua une étape capitale dans l'œuvre de Beethoven, non seulement en raison de sa puissance expressive et de sa longueur jusqu'ici inusitée, mais aussi car elle inaugurait une série d'œuvres brillantes, remarquables dans leur durée et dans leur énergie, caractéristiques de la période médiane de Beethoven dite « Héroïque ».
Le compositeur entendait initialement dédier sa Troisième Symphonie au général Napoléon Bonaparte en qui il voyait le sauveur de la Révolution[17] . Mais apprenant la proclamation de l'Empire français (mai 1804), il entra en fureur et ratura férocement la dédicace [18] . Pour finir le chef-d'œuvre reçut le titre de « Grande symphonie Héroïque pour célébrer le souvenir d'un grand homme ». La genèse de la symphonie s'étendit de 1802 à 1804 et la création publique, le 7 avril 1805, déchaîna les passions, tous ou presque la jugeant beaucoup trop longue. Beethoven ne s'en soucia guère, déclara qu'on trouverait cette symphonie très courte quand il en aurait composé une de plus d'une heure, et devait jusqu'à la composition de la Neuvième considérer l' Eroica comme la meilleure de ses symphonies [19] . Dans l'écriture pianistique aussi, le style évoluait. Composée entre 1803 et 1804 et dédiée au comte Waldstein dont elle porte le nom, la Sonate pour piano n° 21 frappa ses exécutants par sa grande virtuosité et par les capacités qu'elle exigeait de la part de l'instrument. D'un moule similaire naquit la sombre et grandiose Sonate pour piano n° 23 dite Appassionata (1805), qui suivit de peu le Triple Concerto pour piano, violon, violoncelle et orchestre (1804). En juillet 1805, le compositeur fit la rencontre de Luigi Cherubini pour qui il ne cachait pas son admiration.
À trente-cinq ans, Beethoven s'attaqua au genre dans lequel Mozart s'était le plus illustré : l'opéra. Il s'était enthousiasmé en 1801 pour le livret Léonore ou l'amour conjugal du Français Jean-Nicolas Bouilly, et l'opéra Fidelio, qui portait primitivement le titre-nom de son héroïne Léonore, fut ébauché dès 1803. Mais l'œuvre donna à son auteur des difficultés imprévues. Mal accueilli au départ (trois représentations seulement en 1805), Beethoven s'estimant victime d'une cabale, Fidelio devait connaître pas moins de trois versions remaniées (1805, 1806 et 1814) et il fallut attendre la dernière pour qu'enfin l'opéra connût un accueil à sa mesure. Beethoven avait composé une pièce majeure du répertoire lyrique mais cette expérience avait provoqué son amertume et il ne devait jamais se remettre à ce genre, même s'il étudia plusieurs autres projets dont un MacBeth inspiré de l'œuvre de Shakespeare [20] et surtout un Faust d'après Goethe, à la fin de sa vie.
[modifier] L'indépendance affirmée
Après 1805, malgré l'échec retentissant de Fidelio, la situation de Beethoven était redevenue favorable. En pleine possession de sa vitalité créatrice, il semblait s'accommoder de son audition défaillante et retrouver, pour un temps au moins, une vie sociale satisfaisante. Si l'échec d'une relation intime avec Joséphine von Brunsvik fut une nouvelle désillusion sentimentale pour le musicien, les années 1806 à 1808 furent les plus fertiles en chefs-d'œuvre de toute sa vie : la seule année 1806 vit la composition du Quatrième Concerto pour piano, des trois grands Quatuors à cordes n° 7, n° 8 et n° 9 dédiés au comte Razumovsky, de la Quatrième Symphonie et du célèbre Concerto pour violon. À l'automne de cette année Beethoven accompagna son mécène le prince Carl Lichnowsky dans son château de Silésie et fit à l'occasion de ce séjour la plus éclatante démonstration de sa volonté d'indépendance. Lichnowsky ayant menacé de mettre Beethoven aux arrêts s'il s'obstinait à refuser de jouer du piano pour des officiers français stationnés dans son château (la Silésie était occupée par l'armée napoléonienne depuis Austerlitz), le compositeur quitta son hôte après une violente querelle et lui envoya un billet qui se passe de tout commentaire :
- « Prince, ce que vous êtes, vous l'êtes par le hasard de la naissance. Ce que je suis, je le suis par moi. Des princes, il y en a et il y en aura encore des milliers. Il n'y a qu'un Beethoven » (Beethoven, oct. 1806) [21]
S'il se mettait en difficulté en perdant la rente de son principal mécène, Beethoven était parvenu à s'affirmer comme artiste indépendant et à s'affranchir, temporairement au moins, du mécénat aristocratique. Désormais le style héroïque pouvait atteindre son paroxysme. Donnant suite à son souhait de « saisir le destin à la gorge », exprimé à Wegeler en novembre 1801 [22], Beethoven mit en chantier sa fameuse Cinquième Symphonie. À travers son célèbre motif rythmique de quatre notes exposé dès la première mesure et qui irradie toute l'œuvre, le musicien entendait exprimer la lutte de l'homme avec son destin, et son triomphe final. L'ouverture Coriolan, avec laquelle elle partage la tonalité d'ut mineur, date de cette même époque. Composée en même temps que la Cinquième, la Symphonie pastorale paraît d'autant plus contrastée. Décrite par Michel Lecompte comme « la plus sereine, la plus détendue, la plus mélodique des neuf symphonies » en même temps que la plus atypique [23], elle est l'hommage à la nature d'un compositeur profondément amoureux de la campagne, dans laquelle il trouvait depuis toujours le calme et la sérénité propices à son inspiration. Véritablement annonciatrice du romantisme en musique, la Pastorale porte en sous-titre cette phrase de Beethoven : « Expression du sentiment plutôt que peinture » et chacun de ses mouvements porte une indication descriptive. La symphonie à programme était née.
Le concert donné par Beethoven le 22 décembre 1808 fut sans doute une des plus grandes académies de l'histoire (avec celle du 7 mai 1824). Y furent joués en première audition la Cinquième Symphonie, la Symphonie pastorale, le Quatrième Concerto pour piano, la Fantaisie chorale pour piano et orchestre et deux hymnes de la Messe en do majeur qu'il avait composée pour le prince Esterházy en 1807 [24] . Après la mort de Haydn en mai 1809, bien qu'il lui restât des adversaires déterminés, il ne se trouvait plus guère de monde pour contester la place de Beethoven dans le panthéon des musiciens.
[modifier] La maturité artistique
En 1808, Beethoven avait reçu de Jérôme Bonaparte, placé par son frère sur le trône de Westphalie, la proposition du poste de maître de chapelle à sa Cour de Kassel. Il semble que le compositeur ait pendant un moment songé à accepter ce poste qui, s'il remettait en cause son indépendance si chèrement défendue, lui assurait au moins une situation sociale décente. C'est alors qu'un sursaut patriotique s'empara de l'aristocratie viennoise (1809). Refusant de laisser partir leur musicien national, l'archiduc Rodolphe, le prince Kinsky et le prince Lobkowitz s'allièrent pour assurer à Beethoven, s'il restait à Vienne, une rente viagère de 4 000 florins annuels, somme considérable pour l'époque [26] . Beethoven accepta, voyant son espoir d'être définitivement à l'abri du besoin aboutir, mais la reprise de la guerre entre la France et l'Autriche au printemps 1809 remit tout en cause. La famille impériale fut contrainte de quitter Vienne occupée, la grave crise économique qui s'empara de l'Autriche après Wagram et le traité de Schönbrunn imposé par Napoléon ruina l'aristocratie et rendit caduc le contrat passé par Beethoven. Jusqu'à sa mort la conjoncture lui resta défavorable à ce point de vue, au point qu'il allait devoir vivre ses dernières années dans une situation proche de la misère. Mais pour l'heure le catalogue s'enrichissait : les années 1809 et 1810 virent la composition d'un nouveau florilège de chefs-d'œuvre, du brillant et virtuose Cinquième Concerto pour piano que créa Karl Czerny à la musique de scène pour la pièce Egmont de Goethe, en passant par le Quatuor à cordes n° 10 dit « Les Harpes ». C'est pour le départ imposé de son élève et ami l'archiduc Rodolphe, plus jeune fils de la famille impériale, que Beethoven composa la Sonate « Les Adieux ». En 1811 - 1812 Beethoven atteignit sans doute l'apogée de sa vie créatrice. Le Trio à l'Archiduc et les Septième et Huitième symphonies en furent les plus remarquables démonstrations.
Sur le plan personnel, Beethoven fut profondément affecté en 1810 par l'échec d'un projet de mariage avec Thérèse Malfatti, dédicataire de la célèbre « Lettre à Élise ». La vie sentimentale de Beethoven a suscité d'abondants commentaires de la part de ses biographes. Le compositeur s'éprit à de nombreuses reprises de jolies femmes, le plus souvent mariées, mais jamais ne connut ce bonheur conjugal qu'il appelait de ses vœux et dont il faisait l'apologie dans Fidelio. Ses amitiés amoureuses avec Giulietta Giucciardi (inspiratrice de la Sonate « Clair de lune »), Thérèse von Brunsvik (dédicataire de la Sonate pour piano n° 24), Maria von Erdödy (qui reçut les deux Sonates pour violoncelle opus 102) ou encore Amalie Sebald restèrent d'éphémères expériences. Outre l'échec de ce projet de mariage, l'autre événement majeur de la vie amoureuse du musicien fut la rédaction, en 1812, de la bouleversante Lettre à l'immortelle Bien-aimée dont la dédicataire reste inconnue, même si les noms de Joséphine von Brunsvik et d'Antonia Brentano sont ceux qui ressortent le plus nettement de l'étude des époux Massin [27] et de Maynard Solomon [28] .
[modifier] 1813 - 1817 : les années sombres
Le mois de juillet 1812, abondamment commenté par les biographes, marqua un nouveau tournant dans la vie de Beethoven. Séjournant en cure thermale dans la région de Tœplitz et de Karlsbad, il rédigea l'énigmatique Lettre à l'immortelle Bien-aimée et fit la rencontre infructueuse de Goethe par l'entremise de Bettina Brentano. Pour des raisons qui demeurent mal précisées, ce fut aussi le début d'une longue période de stérilité dans la vie créatrice du musicien. On sait que les années qui suivirent 1812 coïncidèrent avec plusieurs événements dramatiques dans la vie de Beethoven, événements qu'il dut surmonter seul, tous ses amis ou presque ayant quitté Vienne pendant la guerre de 1809, mais rien n'explique entièrement une telle rupture après dix années d'une incroyable fécondité.
Malgré l’accueil très favorable réservé par le public à la Septième symphonie et à la Victoire de Wellington (décembre 1813), malgré la reprise enfin triomphale de Fidelio dans sa version définitive (mai 1814), Beethoven perdit peu à peu les faveurs de Vienne toujours nostalgique de Mozart et acquise à la musique plus frivole de Rossini. Le tapage fait autour du Congrès de Vienne, où Beethoven était exalté comme musicien national [29], ne masqua pas longtemps la condescendance grandissante des Viennois à son égard. En outre, le durcissement de la dictature de Metternich le plaça dans une situation délicate, la police viennoise étant depuis longtemps au fait de ses convictions démocratiques et révolutionnaires. Sur le plan personnel, l'événement majeur vint du décès de son frère Kaspar-Karl en 1815. Beethoven qui lui avait promis de diriger l'éducation de son fils Karl dut faire face à une interminable série de procès contre sa belle-sœur pour en obtenir la tutelle exclusive, finalement gagnée en 1820 [30] . Malgré toute la bonne volonté et l'attachement sincère du compositeur, ce neveu encombrant allait devenir pour lui, et jusqu'à la veille de sa mort, une source inépuisable de tourment. De ces années sombres, où sa surdité devint totale, seuls émergèrent quelques rares chefs-d’œuvre : les Sonates pour violoncelle n° 4 et 5 dédiées à sa confidente Maria von Erdödy (1815), la Sonate pour piano n° 28 (1816) et le poignant cycle de lieder À la Bien-aimée lointaine (An die ferne Geliebte, 1815-1816), sur des poèmes d'Alois Jeitteles.
Tandis que sa situation financière devenait de plus en plus préoccupante, Beethoven tomba gravement malade entre 1816 et 1817 et sembla proche du suicide. Pourtant, sa force morale et sa volonté devaient encore une fois reprendre leurs droits. Tourné vers l'introspection et la spiritualité, pressentant l'importance de ce qu'il lui restait à écrire pour « les temps à venir », il trouva la force de surmonter ces épreuves pour entamer une dernière période créatrice qui lui donna probablement ses plus grandes révélations. Neuf ans avant la création de la Neuvième Symphonie, Beethoven résumait en une phrase ce qui allait devenir à bien des égards l'œuvre de toute sa vie :
- « Nous, êtres limités à l'esprit illimité, sommes uniquement nés pour la joie et pour la souffrance. Et on pourrait presque dire que les plus éminents s'emparent de la joie au travers de la souffrance. » (Beethoven, 1815) [31]
[modifier] 1818 - 1827 : le dernier Beethoven
[modifier] La messe en ré et l'adieu au piano
Les forces de Beethoven revinrent à la fin de 1817, époque à laquelle il ébaucha une nouvelle sonate qu'il destinait au piano-forte le plus récent (Hammerklavier en allemand), et qu'il envisageait comme la plus vaste de toutes celles qu'il avait composées jusque là. Exploitant jusqu'aux limites des possibilités de l'instrument, durant près de cinquante minutes, la Grande Sonate pour Hammerklavier opus 106 laissa indifférents les contemporains de Beethoven qui la jugèrent injouable et estimèrent que, désormais, la surdité du musicien lui rendait impossible l'appréciation correcte des possibilités sonores. À l'exception de la Neuvième Symphonie, il en fut de même pour l'ensemble des dernières œuvres du maître, dont lui-même avait conscience qu'elles étaient très en avance sur leur temps. Se souciant peu des doléances des interprètes, il déclara à son éditeur en 1819 : « Voilà une sonate qui donnera de la besogne aux pianistes, quand on la jouera dans cinquante ans » [32]. À partir de cette époque, enfermé dans sa surdité, il dut se résoudre à communiquer avec son entourage par l'intermédiaire de cahiers de conversation qui, si une grande partie en a été détruite ou perdue, constituent aujourd'hui un témoignage irremplaçable sur cette dernière période.
Beethoven avait toujours été croyant, sans être un pratiquant assidu, mais sa ferveur chrétienne s'accrut notablement au sortir de ces années difficiles, ainsi qu'en témoignèrent les nombreuses citations de caractère religieux qu'il recopia dans ses cahiers à partir de 1817 [33] . Au printemps de 1818 lui vint l'idée d'une grande œuvre religieuse qu'il envisageait d'abord comme une messe d'intronisation pour l'archiduc Rodolphe, qui allait être élevé au rang d'archevêque d'Olmütz quelques mois plus tard. Mais la colossale Missa Solemnis en ré majeur réclama au musicien quatre années de travail opiniâtre (1818 - 1822) et la messe ne fut remise à son dédicataire qu'en 1823. Beethoven avait longuement étudié les messes de Bach et Le Messie de Haendel durant la composition de la Missa Solemnis qu'il déclara à plusieurs reprises être « sa meilleure œuvre, son plus grand ouvrage ». Parallèlement à ce travail furent composées les trois dernières Sonates pour piano (n° 30, n° 31 et n° 32) dont la dernière, l'opus 111, s'achève sur une arietta à variations d'une haute spiritualité qui aurait pu être sa dernière page pour piano. Mais il lui restait à composer un ultime chef-d'œuvre pianistique : l'éditeur Anton Diabelli avait invité en 1822 l'ensemble des compositeurs de son temps à écrire une variation sur une valse très simple de sa composition. Après s'être d'abord moqué de cette valse [34], Beethoven dépassa le but proposé et en tira un recueil de 33 Variations que Diabelli lui-même estima comparable aux célèbres Variations Goldberg de Bach, composées quatre-vingts ans plus tôt.
[modifier] La Neuvième Symphonie et les derniers quatuors
La composition de la Neuvième Symphonie débuta au lendemain de l'achèvement de la Missa Solemnis, mais cette œuvre eut une genèse extrêmement complexe dont la compréhension nécessite de remonter à la jeunesse de Beethoven, qui dès avant son départ de Bonn envisageait de mettre en musique l'Ode à la joie de Schiller [35] . À travers son inoubliable finale où sont introduits des chœurs, innovation dans l'écriture symphonique, la Neuvième symphonie apparaissait, dans la lignée de la Cinquième, comme une évocation musicale du triomphe de la joie et de la fraternité sur le désespoir, et prenait la dimension d'un message universel. La symphonie fut créée devant un public en délire le 7 mai 1824, Beethoven renouant un temps avec le succès. C'est en Prusse et en Angleterre, où la renommée du musicien était depuis longtemps à la mesure de son génie, que la symphonie eut le succès le plus fulgurant. Plusieurs fois invité à Londres comme l'avait été Joseph Haydn, Beethoven fut tenté vers la fin de sa vie de voyager en Angleterre, pays qu'il admirait pour sa vie culturelle et pour sa démocratie et qu'il opposait systématiquement à la frivolité de la vie viennoise [36], mais ce projet ne se réalisa pas et Beethoven ne connut jamais le pays de son idole Haendel. L'influence de ce dernier fut particulièrement sensible dans la période tardive de Beethoven, qui composa dans son style, entre 1822 et 1823, l'ouverture La Consécration de la maison.
Les cinq derniers Quatuors à cordes (n° 12, n° 13, n° 14, n° 15, n° 16) mirent le point final à la production musicale de Beethoven. Par leur caractère visionnaire, renouant avec des formes anciennes (utilisation du mode lydien dans le Quatuor n° 15), ils marquèrent l'aboutissement des recherches de Beethoven dans la musique de chambre et constituèrent dès lors un des plus grands sommets du genre. Les grands mouvements lents à teneur dramatique (Cavatine du Quatuor n° 13, Chant d'action de grâce sacrée d'un convalescent à la Divinité du Quatuor n° 15) annonçaient le romantisme tout proche. À ces cinq quatuors, composés dans la période 1824 - 1826, il faut encore ajouter la Grande Fugue en si bémol majeur, opus 133, qui était au départ le mouvement conclusif du Quatuor n° 13 mais que Beethoven sépara à la demande de son éditeur. À la fin de l'été 1826, alors qu'il achevait son Quatuor à cordes n° 16, Beethoven projetait encore de nombreuses œuvres [37] : une Dixième symphonie, dont quelques esquisses nous sont parvenues ; une ouverture sur le nom de Bach ; un Faust inspiré de la pièce de Goethe ; un oratorio sur le thème de Saül et David, un autre sur le thème des Éléments ; un Requiem. Mais le 30 juillet 1826, le neveu Karl fit une tentative de suicide. L'affaire fit scandale, et Beethoven bouleversé partit se reposer chez son frère Johann à Gneixendorf dans la région de Krems-sur-le-Danube, en compagnie de son neveu convalescent. C'est là qu'il écrivit sa dernière œuvre, un allegro pour remplacer la Grande Fugue comme finale du Quatuor n° 13.
[modifier] La fin
Depuis près de 200 ans, un immense mystère entourait les causes de la mort de Beethoven ; cependant, en 2000, le docteur William J. Walsh, directeur du projet de recherche sur Beethoven (Beethoven Research Project)[38], dévoila enfin quelle fut la cause du décès du célèbre compositeur: le saturnisme ou intoxication sévère au plomb. Beethoven, grand amateur de vin du Rhin, avait l'habitude de boire dans une coupe en cristal de plomb, en plus d'ajouter du sel de plomb dans le vin pour le rendre plus sucré. Des résultats de 2000 d'analyse de ses cheveux avaient trouvé des quantités de plomb importantes, et ces résultats ont été confirmés au Argonne National Laboratory, près de Chicago, grâce à une analyse de fragments crâniens, lesdits fragments ayant été eux-mêmes identifiés par l'ADN. Les quantités de plomb relevées sont effectivement le signe d'une exposition prolongée.[39] Cette intoxication au plomb fut la cause des perpétuels maux de ventre qui marquèrent la vie de Beethoven, de ses nombreuses sautes d'humeur et, peut-être, de sa surdité (il n'y a pas de lien formel établi et prouvé entre la surdité de Beethoven et l'intoxication au plomb).
Marqués par le délabrement physique, les quatre derniers mois de sa vie furent dramatiques. Jusqu'à la fin le compositeur resta entouré de ses proches amis Anton Schindler et Stephan von Breuning. Quelques semaines avant sa mort il aurait reçu la visite de Franz Schubert, qu'il ne connaissait pas et qu'il regrettait d'avoir découvert si tardivement. C'est à son ami le compositeur Ignaz Moscheles, promoteur de sa musique à Londres, qu'il envoya sa dernière lettre dans laquelle il promettait encore aux Anglais de leur composer une nouvelle symphonie pour les remercier de leur soutien [40] . Mais il était beaucoup trop tard. Le 26 mars 1827 s'éteignit Ludwig van Beethoven, à l'âge de cinquante-six ans. Alors que Vienne ne se souciait plus guère de son sort depuis des mois, ses funérailles, le 29 mars, réunirent un cortège impressionnant de plusieurs milliers d'anonymes. Beethoven repose au cimetière de Vienne.
- « Il sait tout, mais nous ne pouvons pas tout comprendre encore, et il coulera beaucoup d'eau dans le Danube avant que tout ce que cet homme a créé soit généralement compris. » (Schubert, 1827) [41]
[modifier] L'œuvre de Beethoven
[modifier] Les influences
[modifier] Jeunesse à Bonn
Contrairement à une croyance répandue, les premières influences musicales qui se sont excercées sur le jeune Beethoven ne sont pas tant celles de Haydn ou de Mozart — dont, à l'exception de quelques partitions[42], il ne découvrit véritablement la musique qu'une fois arrivé à Vienne — que du style galant de la seconde moitié du XVIIIe siècle et des compositeurs de l'École de Mannheim dont il pouvait entendre les œuvres à Bonn, à la cour du Prince-Électeur Maximilen-Franz de Habsbourg. Les œuvres qui nous sont parvenues de cette période (dont aucune n'apparaît dans le catalogue des opus), composées entre 1782 et 1792, témoignent déjà d'une remarquable maîtrise de la composition ; mais sa personnalité ne s'y manifeste pas encore comme elle le fera dans la période viennoise. Dans les Sonates à l'Électeur WoO 47 de 1783, le Concerto pour piano WoO 4 de 1784 ou encore les Quatuors avec piano WoO 36 de 1785, on décèle surtout une forte influence du style galant de compositeurs tels que Johann Christian Bach.
Deux autres représentants de la famille Bach constituent d'ailleurs le socle de la culture musicale du jeune Beethoven : Carl Philipp Emanuel, dont il joue les sonates, et Johann Sebastian Bach, dont il apprend par cœur les deux livres du Clavier bien tempéré. Mais dans les deux cas, il s'agit plutôt d'études destinées à la maîtrise de son instrument qu'à la composition proprement dite.
[modifier] L'influence décisive de Haydn
La particularité de l’influence exercée par Haydn — par rapport, notamment, à celle exercée par Clementi — tient au fait qu’elle dépasse littéralement le simple domaine esthétique (auquel elle ne s‘applique que momentanément et superficiellement) pour imprégner bien davantage le fond même de la conception beethovénienne de la musique. En effet, le modèle du maître viennois ne se manifeste pas tant, comme on le croit trop souvent, dans les œuvres dites « de la première période », que dans celles des années suivantes : la Symphonie Héroïque, dans son esprit et ses proportions, a ainsi bien plus à voir avec Haydn que les deux précédentes ; de même, Beethoven se rapproche davantage de son aîné dans son dernier quatuor, achevé en 1826, que dans son premier, composé une trentaine d’année plus tôt.
On peut ainsi distinguer, dans le style de Haydn, les aspects qui deviendront essentiels de l'esprit beethovénien :
- Plus que tout, c’est le sens haydnien du motif qui influence profondément et durablement l’œuvre de Beethoven. Jamais celle-ci ne connaîtra de principe plus fondateur et plus immuable que celui, hérité de son maître, de bâtir un mouvement entier à partir d’une cellule thématique réduite parfois jusqu’à l’extrême — et les chefs-d’œuvre les plus célèbres en témoignent, à l’exemple du premier mouvement de la 5e Symphonie.
- A la réduction quantitative du matériau de départ doit évidemment correspondre une extension du développement ; et si la portée de l’innovation apportée par Haydn s’est révélée si grande, sur Beethoven et donc indirectement sur toute l’histoire de la musique, c’est justement parce que le motif haydnien a eu vocation à engendrer un développement thématique d’une ampleur jusqu’alors inédite.
- Cette influence de Haydn ne se limite pas toujours au thème ou même au développement de celui-ci, mais s’étend parfois jusqu’à l’organisation interne de tout un mouvement de sonate. Pour le maître du classicisme viennois, c’est le matériau thématique qui détermine la forme de l'œuvre. Là aussi, plus que d’une influence, on peut parler d’un principe qui deviendra véritablement substantiel de l’esprit beethovénien ; et que le compositeur développera d’ailleurs encore bien davantage que son aîné dans ses productions les plus abouties. Ainsi en est-il par exemple, comme l’explique Charles Rosen[43], du premier mouvement de la sonate pour piano n°29, « Hammerklavier » : c’est la tierce descendante du thème principal qui en détermine toute la structure (on voit par exemple tout au long du morceau les tonalités se succéder dans un ordre de tierces descendantes : Si b majeur, Sol majeur, Mi b majeur, Si majeur…).
En dehors de ces aspects essentiels, d’autres caractéristiques moins fondamentales de l’œuvre de Haydn ont parfois influencé Beethoven :
- Même si l’on pourrait citer quelques rares exemples antérieurs, Haydn est le premier compositeur à avoir véritablement fait usage d’une technique consistant à débuter un morceau dans une fausse tonalité — c’est-à-dire une tonalité autre que la tonique. Ce principe illustre bien la propension typiquement haydnienne à susciter la surprise de l’auditeur, tendance que l’on retrouve largement chez Beethoven : le dernier mouvement du quatrième concerto pour piano, par exemple, semble commencer en ut majeur le temps de quelques mesures avant que ne s’établisse clairement la tonique (sol majeur).
- Haydn est également le premier à s’être penché sur la question de l’intégration de la fugue dans la forme sonate, à laquelle il répond principalement en employant la fugue comme développement. Dans ce domaine, avant de mettre au point de nouvelles méthodes (qui n’interviendront que dans la sonate pour piano n°32 et le quatuor n°14) Beethoven reprendra plusieurs fois les trouvailles de son maître : le dernier mouvement de la sonate pour piano n°28 et le premier de la sonate pour piano n°29, « Hammerklavier » en fournissent probablement les meilleurs exemples.
[modifier] L'influence de Mozart
Davantage encore que précédemment, il faut bien distinguer dans l’influence de Mozart sur Beethoven un aspect esthétique et un aspect formel :
- L’esthétique mozartienne se manifeste principalement dans les œuvres dites de la « première période » ; et ce de manière plutôt superficielle, puisque l’influence du maître s’y résume le plus souvent à des emprunts de formules toutes faites. Jusqu’aux alentours de 1800, la musique de Beethoven s’inscrit surtout dans le style tantôt post-classique, tantôt pré-romantique alors représenté par des compositeurs tels que Clementi ou Hummel ; un style qui n’imite Mozart qu’en surface, et que l’on pourrait davantage qualifier de « classicisant » que de véritablement classique (selon l’expression de Rosen).
L’aspect formel — et plus profond — de l’influence de Mozart se manifeste plutôt à partir des œuvres dites de la « deuxième période » :
- C’est dans le concerto, genre que Mozart a porté a son plus haut niveau, que le modèle du maître semble être demeuré le plus présent. Ainsi, dans le premier mouvement du concerto pour piano n°4, l’abandon de la double exposition de sonate (successivement orchestre et soliste) au profit d’une exposition unique (simultanément orchestre et soliste) reprend en quelque sorte l’idée mozartienne consistant à fondre la présentation statique du thème (orchestre) dans sa présentation dynamique (soliste).
- Plus généralement, on notera que Beethoven, dans sa propension à amplifier les codas jusqu’à les transformer en éléments thématiques à part entière, se pose bien plus en héritier de Mozart que de Haydn — chez qui les codas se distinguent bien moins de la réexposition.
[modifier] Les sonates pour piano de Clementi
Dans le domaine de la musique pour piano, c'est surtout l'influence de Clementi qui s'exerce rapidement sur Beethoven à partir de 1795 et permet à sa personnalité de s'affirmer et s'épanouir véritablement. Si elle n'a pas été aussi profonde que celle des œuvres de Haydn, la portée des sonates pour piano du célèbre éditeur n'en a pas moins été immense dans l'évolution stylistique de Beethoven, qui les jugeaient d'ailleurs supérieures à celles de Mozart. Certaines d'entre elles, par leur audace, leur puissance émotionnelle et le caractère novateur de leur traitement de l'instrument, inspirent quelques uns des premiers chefs-d'œuvre de Beethoven ; et les éléments qui, les premiers, permettent au style pianistique du compositeur de se distinguer proviennent pour une bonne part de Clementi :
- Ainsi, dès les années 1780, Clementi fait un emploi nouveau d'accords peu usités jusqu'alors : les octaves, principalement, mais aussi les sixtes et les tierces parallèles. Il étoffe ainsi sensiblement l'écriture pianistique, dotant l'instrument d'une puissance sonore inédite, qui impressionne certainement le jeune Beethoven ; lequel va rapidement intégrer, dès ses trois premières sonates, ces procédés dans son propre style.
- L'usage des indications dynamiques s'élargit dans les sonates de Clementi : pianissimo et fortissimo y deviennent fréquents et leur fonction expressive prend une importance considérable. Là aussi, Beethoven saisit les possibilités ouvertes par ces innovations ; et dès la sonate « Pathétique », ces principes se voient définitivement intégrés au style beethovénien.
- Un autre point commun entre les premières sonates de Beethoven et celles — contemporaines ou antérieures — de Clementi est leur longueur, relativement importante pour l'époque : les sonates de Clementi dont s'inspire le jeune Beethoven sont en effet des œuvres d'envergure, souvent constituées de vastes mouvements. On y trouve les prémisses d'une nouvelle vision de l'œuvre musicale, conçue désormais pour être unique.
Les sonates pour piano de Beethoven sont connues pour avoir été en quelque sorte son « laboratoire expérimental », celui duquel il tirait les idées nouvelles qu'il étendait ensuite à d'autres formes — comme la symphonie. Par elles, l'influence de Clementi s'est donc exercée sur l'ensemble de la production beethovénienne. Ainsi, comme le fait remarquer Marc Vignal[44], on trouve par exemple des influences importantes des sonates op. 13 n°6 et op. 34 n°2 de Clementi dans la Symphonie héroïque.
[modifier] Le style héroïque et ses inspirateurs
[modifier] Les « piliers de la musique » : Bach, Händel et Palestrina
[modifier] Le style
[modifier] Un compositeur classique
[modifier] La théorie des trois périodes et ses limites
[modifier] Postérité
[modifier] L'héritage au XIXe siècle
[modifier] La remise en cause du modèle beethovénien
- « Beethoven, l'un de ces hommes dont il est établi de la manière la plus sûre qu'ils ont eu du génie, n'avait pas de goût. (…) Il n'est pas question ici de diminuer en quoi que ce soit la gloire de Beethoven. Il ne s'agit que d'un méchant tour joué par la fée Bon Goût, qu'on avait oublié d'inviter au baptême. » (Debussy, 1910) [45]
[modifier] Beethoven au XXe siècle
[modifier] Beethoven aujourd'hui
[modifier] Style musical et innovations
Dans l’histoire musicale, l’œuvre de Beethoven représente une transition entre l’ère classique (approximativement 1750-1810) et l’ère romantique (approximativement 1810-1900). Si ses premières œuvres sont influencées par Haydn ou Mozart, ses œuvres de maturité sont riches d'innovations et ont ouvert la voie aux musiciens au romantisme exacerbé, tels Brahms, Schubert, Wagner ou encore Bruckner, :
- L'ouverture de sa Cinquième Symphonie (1807), expose un motif violent — motif omniprésent dès ses œuvres de jeunesse —, qui est réutilisé tout au long des quatre mouvements. La transition du troisième au dernier mouvement se fait attacca (sans interruption) ;
- la Neuvième Symphonie(1817) est la première symphonie à introduire un chœur, au quatrième mouvement. L’ensemble de ce traitement orchestral représente une véritable innovation ;
- son opéra, Fidelio, utilise les voix comme des instruments symphoniques, et ce, sans se soucier des limitations techniques des choristes.
Sur le plan de la technique musicale, l’emploi de motifs qui nourrissent des mouvements entiers est considéré comme un apport majeur. D’essence essentiellement rythmique — ce qui constitue une grande nouveauté — ces motifs se modifient et se multiplient pour constituer des développements. Il en va ainsi des très fameux :
- Premier mouvement du Quatrième Concerto pour piano (donné dès les premières mesures) ;
- premier mouvement de la Cinquième Symphonie (idem) ;
- deuxième mouvement de la Septième Symphonie (au rythme anapestique) : le tourbillonnement toujours renouvelé qui en résulte est extrêmement saisissant, à l’origine de cette grande véhémence qui « vient », sans cesse, chercher l’auditeur.
Beethoven est aussi l’un des tout premiers à se pencher sur l’orchestration avec autant de soin. Dans les développements, des associations changeantes, notamment au niveau des pupitres de bois, permettent d’éclairer de façon singulière les retours thématiques, eux aussi légèrement modifiés sur le plan harmonique. Les variations de ton et couleur qui s’ensuivent renouvellent le discours tout en lui conservant les repères de la mémoire.
Si les œuvres de Beethoven sont aussi appréciées, c'est également grâce à leur force émotionnelle, caractéristique du romantisme.
Le grand public connaît surtout ses œuvres symphoniques, souvent novatrices, en particulier les symphonies « impaires » (3, 5 ,7 et 9) et la sixième, dite Pastorale. Ses œuvres concertantes les plus connues sont le Concerto pour violon et, surtout, le Cinquième Concerto pour piano, dit L'Empereur. Sa musique instrumentale est appréciée au travers de quelques magnifiques sonates pour piano, parmi les 32 qu'il a écrites. D'aspect plus classique, sa musique de chambre, comportant notamment 16 quatuors à cordes, est moins connue.
[modifier] Œuvres symphoniques
Haydn a composé plus de 100 symphonies et Mozart plus de 40. De ses prédécesseurs, Beethoven n’a pas hérité de la productivité car il n’a composé que neuf symphonies, et en a ébauché une dixième. Mais chez Beethoven, les neuf symphonies ont toutes une identité propre. Curieusement, plusieurs compositeurs romantiques ou post-romantiques sont morts après leur neuvième (achevée ou non), d'où une légende de malédiction attaché à ce chiffre : Beethoven, Bruckner, Dvorak, Mahler, Schubert, mais aussi Ralph Vaughan Williams.
Les deux premières symphonies de Beethoven sont d’inspiration et de facture classique. Cependant, la 3e symphonie, dite « héroïque », va marquer un grand tournant dans la composition d’orchestre. Beaucoup plus ambitieuse que les précédentes, l’Héroïque se démarque par l’ampleur de ses mouvements et le traitement de l’orchestre. Le premier mouvement, à lui seul, est plus long que la plupart des symphonies écrites à cette date. Cette œuvre monumentale, écrite au départ en hommage à Napoléon avant qu'il ne soit sacré empereur, révèle Beethoven comme un grand architecte musical et est considéré comme le premier exemple avéré de romantisme en musique.
Bien que plus courte et souvent considérée comme plus classique que la précédente, les tensions dramatiques qui parsèment l'œuvre font de la 4e symphonie une étape logique du cheminement stylistique de Beethoven. Puis viennent deux monuments créés le même soir, la 5e symphonie et la 6e symphonie. La cinquième et son fameux motif à quatre notes, souvent dit « du destin » (le compositeur aurait dit, en parlant de ce célèbre thème, qu'il représente « le destin qui frappe à la porte ») peut se rapprocher de la troisième par son aspect monumental. Un autre aspect novateur est l’utilisation répétée du motif de quatre notes sur lequel repose presque toute la symphonie. La 6e symphonie dite « pastorale », évoque à merveille la nature que Beethoven aimait tant. En plus de moments paisibles et rêveurs, la symphonie possède un mouvement où la musique peint un orage des plus réalistes.
La 7e symphonie est, malgré un second mouvement en forme de marche funèbre, marquée par son aspect joyeux et le rythme frénétique de son finale, qualifié par Richard Wagner, d'« Apothéose de la danse ». La symphonie suivante, brillante et spirituelle, revient à une facture plus classique. Enfin, la 9e symphonie est la dernière symphonie achevée et le joyau de l’ensemble. Durant plus d’une heure, c’est une symphonie en quatre mouvements qui ne respecte pas la forme sonate. Chacun d’eux est un chef-d'œuvre de composition qui montre que Beethoven s’est totalement affranchi des conventions classiques et fait découvrir de nouvelles perspectives dans le traitement de l’orchestre. C’est à son dernier mouvement que Beethoven ajoute un chœur et un quatuor vocal qui chantent l’Hymne à la joie, un poème de Friedrich von Schiller. Cette œuvre appelle à l’amour et à la fraternité entre tous les hommes et la partition fait maintenant partie du patrimoine mondial de l’Unesco. L’Hymne à la joie a été choisi comme hymne européen.
En plus de ses symphonies, Beethoven a écrit un sublime Concerto pour violon, dont il fit une transcription pour piano appelée Sixième concerto, un Concerto triple pour violon, violoncelle et piano et encore cinq concertos pour piano. De ces cinq concertos, le cinquième est le plus typique du style beethovenien, mais il ne faut pas oublier des moments forts, comme par exemple le deuxième mouvement du quatrième concerto.
Beethoven a encore composé plusieurs superbes ouvertures (Léonore III, Les Créatures de Prométhée, Egmont, Le Roi Étienne, Coriolan, La Consécration de la maison), une Fantaisie pour piano, chœur et orchestre, dont l’un des thèmes sera à l’origine de l’Hymne à la Joie.
À cela s’ajoutent deux messes dont on retiendra surtout la Missa Solemnis, l’un des édifices de musique vocale religieuse les plus importants jamais créés.
Enfin Beethoven sera l’auteur d’un unique opéra, Fidelio, œuvre à laquelle il tiendra le plus, et certainement celle qui lui a coûté le plus d’efforts. En effet cet opéra est construit sur la base d'un premier essai qui a pour titre Leonore, opéra qui n'a pas reçu un accueil favorable du public. Il reste néanmoins les trois versions d'ouverture de Leonore, la dernière étant souvent interprétée avant le finale de Fidelio.
[modifier] Musique pour piano
Bien que les symphonies soient ses œuvres les plus populaires et celles par qui le nom de Beethoven est connu du grand public, c’est certainement dans sa musique pour le piano (ainsi que pour le quatuor à cordes) que se distingue le plus le génie de Beethoven. Très tôt reconnu comme un maître dans l’art de toucher le piano-forte, le compositeur va, au cours de son existence, s’intéresser de près à tous les développements techniques de l’instrument afin d'exploiter toutes ses possibilités.
Beethoven a écrit 32 sonates pour piano qui s’échelonnent sur une vingtaine d’années. Cet ensemble, aujourd’hui considéré comme l’un des monuments dédiés à l’instrument, témoigne, encore plus que les symphonies, du cheminement stylistique du compositeur au cours des années. Les sonates, de forme classique au début, vont peu à peu s’affranchir de cette forme et ne plus en garder que le nom, Beethoven se plaisant à commencer ou à terminer une composition par un mouvement lent, par exemple comme dans la célèbre sonate dite « au Clair de Lune », à y inscrire une fugue, ou à nommer sonate une composition à deux mouvements.
Au fur et à mesure, les compositions gagnent en liberté d’écriture, sont de plus en plus architecturées, et de plus en plus complexes. On peut citer parmi les plus célèbres l’Appassionnata ( 1804), la Waldstein de la même année, ou Les Adieux (1810). Dans la célèbre Hammerklavier (1819), longueur et difficultés techniques atteignent des proportions telles qu’elles mettent en jeu les possibilités physiques de l’interprète comme celles de l’instrument, et exigent une attention soutenue de la part de l’auditeur. Elle fait partie des cinq dernières sonates, qui forment un groupe à part, dit de la « dernière manière ». Ce terme désigne un aboutissement stylistique de Beethoven, dans lequel le compositeur, désormais totalement sourd, et possédant toutes les difficultés techniques de la composition, délaisse toute considération formelle pour ne s’attacher qu’à l’invention et à la découverte de nouveaux territoires sonores. Les cinq dernières sonates constituent un point culminant de la littérature pianistique. La « dernière manière » de Beethoven, associée à la dernière période de la vie du maître, désigne la manifestation la plus aiguë de son génie, et n’aura pas de descendance.
À côté des 32 sonates, il ne faut pas négliger les Bagatelles, dont la plus connue est la Lettre à Élise. Enfin, en 1822, l’éditeur et compositeur Anton Diabelli eut l’idée de réunir en un recueil des pièces des compositeurs majeurs de son époque autour d’un unique thème musical. L’ensemble de ces variations devait servir de panorama musical de l’époque. Beethoven, sollicité, et qui n’avait pas écrit pour le piano depuis longtemps, se prit au jeu, et au lieu de fournir une variation, en écrivit 33, qui furent publiées dans un fascicule à part. Les Variations Diabelli, de par leur invention, constituent le véritable testament de Beethoven pianiste.
[modifier] Musique de chambre
Dans la musique de chambre, un autre monument est formé par les 16 quatuors à cordes. C’est sans doute pour cette formation que Beethoven a confié ses plus profondes inspirations. Le quatuor à cordes a été popularisé par Boccherini, Haydn puis Mozart, mais c’est Beethoven qui a le premier utilisé au maximum les possibilités de cette formation. Les six derniers quatuors et la « Grande Fugue » en particulier, constituent le sommet insurpassé du genre. Depuis Beethoven, Le quatuor à cordes n’a cessé d’être un passage obligé des compositeurs et un des plus hauts sommets fut sans doute atteint par Schubert. C'est néanmoins dans les quatuors de Bartok que l'on trouve l'influence la plus profonde mais aussi la plus assimilée des quatuors de Beethoven ; on peut alors parler d'une lignée "Haydn - Beethoven - Bartok" -- trois compositeurs partageant à bien des égards une même conception de la forme, du motif et de son usage, et tout particulièrement dans ce genre précis.
À coté des quatuors, Beethoven a écrit de belles sonates pour violon et piano, les premières étant l’héritage direct de Mozart, alors que les dernières, notamment la « Sonate à Kreutzer » s’en éloignent pour être du pur Beethoven, cette dernière sonate étant quasiment un concerto pour piano et violon. La dernière sonate n°10 revêt un caractère plus introspectif que les précédentes, préfigurant à cet égard les derniers quatuors à cordes. Cycle moins connu que ses sonates pour violon ou ses quatuors, ses sonates pour violoncelle et piano font partie des œuvres réellement novatrices de Beethoven. Il y développe des formes très personnelles, éloignées du schéma classique qui perdure dans ses sonates pour violon.
Enfin, il est l’auteur de plusieurs cycles de Lieder — dont celui titré À la bien-aimée lointaine — qui, s’ils n’atteignent pas la profondeur de ceux de Franz Schubert (qu’il découvrira peu avant de mourir), n’en sont pas moins de grande qualité.
[modifier] Œuvres principales classées par genre
[modifier] Musique symphonique
- Symphonies
- n° 1, op. 21, en do majeur (1800)
- n° 2, op. 36, en ré majeur (1802)
- n° 3, « Eroica », op. 55, en mi bémol majeur (1804)
- n° 4, op. 60, en si bémol majeur (1806)
- n° 5, op. 67, en do mineur (1808)
- n° 6, « Pastorale », op. 68, en fa majeur (1808)
- n° 7, op. 92, en la majeur (1812)
- n° 8, op. 93, en fa majeur (1813)
- n° 9, avec chœurs, op. 125, en ré mineur (1824)
- Concertos pour piano
- n° 1, op. 15, en do majeur (1798)
- n° 2, op. 19, en si bémol majeur (1795)
- n° 3, op. 37, en do mineur (1802)
- n° 4, op. 58, en sol majeur (1806)
- n° 5, « l'Empereur », op. 73, en mi bémol majeur (1809)
- Autres concertos
- pour violon, op. 61, en ré majeur (1806)
- pour piano, violon et violoncelle, op. 56, en do majeur (1804)
- Ouvertures
- Les Créatures de Prométhée, op. 43 (1801)
- Léonore I, op. 138 (1805)
- Léonore II, op. 72a (1805)
- Léonore III, op. 72a (1806)
- Coriolan, op. 62 (1807)
- Egmont, op. 84 (1810)
- Les Ruines d'Athènes, op. 113 (1811)
- Le Roi Étienne, op. 117 (1811)
- Fidelio, op. 72b (1814)
- Jour de fête, op. 115 (1815)
- La Consécration de la maison, op. 124 (1822)
- Œuvres diverses
- Romance pour violon n° 1, op. 40, en sol majeur (1802)
- Romance pour violon n° 2, op. 50, en fa majeur (1802)
- La Victoire de Wellington, op. 91, en mi bémol majeur (1813)
[modifier] Musique pour piano
- Sonates pour piano
- n° 1, op. 2 n° 1, en fa mineur (1795)
- n° 2, op. 2 n° 2, en la majeur (1795)
- n° 3, op. 2 n° 3, en ut majeur (1795)
- n° 4, op. 7, en mi bémol majeur (1797)
- n° 5, op. 10 n° 1, en do mineur (1798)
- n° 6, op. 10 n° 2, en fa majeur (1798)
- n° 7, op. 10 n° 3, en ré majeur (1798)
- n° 8, « Pathétique », op. 13, en do mineur (1799)
- n° 9, op. 14 n° 1, en mi majeur (1799)
- n° 10, op. 14 n° 2, en sol majeur (1799)
- n° 11, op. 22, en si bémol majeur (1800)
- n° 12, op. 26, en la bémol majeur (1801)
- n° 13, op. 27 n° 1, en mi bémol majeur (1801)
- n° 14, « Clair de lune », op. 27 n° 2, en do dièse mineur (1801)
- n° 15, « Pastorale », op. 28, en ré majeur (1801)
- n° 16, op. 31 n° 1, en sol majeur (1802)
- n° 17, « la Tempête », op. 31 n° 2, en ré mineur (1802)
- n° 18, op. 31 n° 3, en mi bémol majeur (1802)
- n° 19, op. 49 n° 1, en sol mineur (1798)
- n° 20, op. 49 n° 2, en sol majeur (1796)
- n° 21, « Waldstein », op. 53, en ut majeur (1803)
- n° 22, op. 54, en fa majeur (1804)
- n° 23, « Appassionata », op. 57, en fa mineur (1805)
- n° 24, « à Thérèse », op. 78, en fa dièse majeur (1809)
- n° 25, op. 79, en sol majeur (1808)
- n° 26, « les Adieux », op. 81a, en mi bémol majeur (1810)
- n° 27, op. 90, en mi mineur (1814)
- n° 28, op. 101, en la majeur (1816)
- n° 29, « Hammerklavier », op. 106, en si bémol majeur (1818)
- n° 30, op. 109, en mi majeur (1820)
- n° 31, op. 110, en la bémol majeur (1821)
- n° 32, op. 111, en do mineur (1822)
- Variations pour piano
- 6 Variations, op. 34, en fa majeur (1802)
- 15 Variations Héroïques, op. 35, en mi bémol majeur (1802)
- 7 Variations sur God save the King, WoO 78, en do majeur (1803)
- 5 Variations sur Rule Britannia, WoO 79, en ré majeur (1803)
- 33 Variations sur une valse de Diabelli, op. 120, en do majeur (1823)
- Bagatelles pour piano
- Sept bagatelles, op. 33 (1802)
- Bagatelle « pour Élise », en la mineur, WoO 59 (1810)
- Onze bagatelles, op. 119 (1822)
- Six bagatelles, op. 126 (1824)
[modifier] Musique de chambre
- Quatuors à cordes
- n° 1, op. 18 n° 1, en fa majeur (1798-1800)
- n° 2, op. 18 n° 2, en sol majeur (1798-1800)
- n° 3, op. 18 n° 3, en ré majeur (1798-1800)
- n° 4, op. 18 n° 4, en do mineur (1798-1800)
- n° 5, op. 18 n° 5, en la majeur (1798-1800)
- n° 6, op. 18 n° 6, en si bémol majeur (1798-1800)
- n° 7, « Razumovsky », op. 59 n° 1, en fa majeur (1806)
- n° 8, « Razumovsky », op. 59 n° 2, en mi mineur (1806)
- n° 9, « Razumovsky », op. 59 n° 3, en do majeur (1806)
- n° 10, « les Harpes », op. 74, en mi bémol majeur (1809)
- n° 11, « Serioso », op. 95, en fa mineur (1810)
- n° 12, op. 127, en mi bémol majeur (1824)
- n° 13, op. 130, en si bémol majeur (1825)
- n° 14, op. 131, en do dièse mineur (1826)
- n° 15, op. 132, en la mineur (1825)
- n° 16, op. 135, en fa majeur (1826)
- Grande Fugue, op. 133, en si bémol majeur (1825)
- Sonates pour violon et piano
- n° 1, op. 12 n° 1, en ré majeur (1798)
- n° 2, op. 12 n° 2, en la majeur (1798)
- n° 3, op. 12 n° 3, en mi bémol majeur (1798)
- n° 4, op. 23, en la mineur (1801)
- n° 5, « le Printemps », op. 24, en fa majeur (1801)
- n° 6, op. 30 n° 1, en la majeur (1802)
- n° 7, op. 30 n° 2, en do mineur (1802)
- n° 8, op. 30 n° 3, en sol majeur (1802)
- n° 9, « à Kreutzer », op. 47, en la majeur (1803)
- n° 10, op. 96, en sol majeur (1812)
- Sonates pour violoncelle et piano
- Trios pour piano, violon et violoncelle
- n° 1, op. 1 n° 1, en mi bémol majeur (1794)
- n° 2, op. 1 n° 2, en sol majeur (1794)
- n° 3, op. 1 n° 3, en do mineur (1794)
- n° 4, op. 11, en si bémol majeur (1798)
- n° 5, « des Esprits », op. 70 n° 1, en ré majeur (1808)
- n° 6, op. 70 n° 2, en mi bémol majeur (1808)
- n° 7, « à l'Archiduc », op. 97, en si bémol majeur (1811)
- Œuvres diverses
- Trio à cordes n° 1, op. 3, en mi bémol majeur (1792)
- Trio à cordes n° 2, op. 9 n° 1, en sol majeur (1798)
- Trio à cordes n° 3, op. 9 n° 2, en ré majeur (1798)
- Trio à cordes n° 4, op. 9 n° 3, en do mineur (1798)
- Quintette à cordes n° 1, op. 4, en mi bémol majeur (1796)
- Quintette à cordes n° 2, op. 29, en do majeur (1801)
- Quintette à cordes n° 3, op. 104, en do mineur (1817)
- Septuor pour cordes et vents, op. 20, en mi bémol majeur (1800)
[modifier] Musique vocale
- Opéra
- Fidelio, op. 72 (1805-1814)
- Musique sacrée
- Le Christ au Mont des Oliviers, oratorio, op. 85 (1801)
- Messe en do majeur, op. 86 (1807)
- Missa Solemnis, en ré majeur, op. 123 (1818-1822)
- Mélodies
- Adélaïde, cantate pour une voix, op. 46 (1796)
- Six lieder sur des poèmes de Goethe, op. 75 (1809)
- Trois lieder sur des poèmes de Goethe, op. 83 (1810)
- À l'espérance, lied, op. 94 (1813)
- À la Bien-aimée lointaine, cycle de six lieder, op. 98 (1816)
[modifier] Utilisation contemporaine
Aujourd'hui, son œuvre est reprise dans de nombreux films, génériques d'émissions radiodiffusées et publicités. On peut citer notamment :
- Elephant (Gus van Sant, palme d'or à Cannes en 2003) est un film composé de très peu de dialogues avec uniquement deux morceaux comme accompagnement sonore, Lettre à Élise et Sonate au clair de lune (les deux morceaux sont joués par l'un des protagonistes dans une des séquences du film) ;
- Dans Orange mécanique (Stanley Kubrick, 1971), le personnage principal, Alex De Large, est un fan inconditionnel de Beethoven. On entend à de nombreuses reprises la 9e symphonie tout au long du film, en particulier le second mouvement ainsi que la fameuse Ode à la joie ;
- Equilibrium de Kurt Wimmer qui utilise le premier mouvement de la 9e symphonie de Beethoven qui a pour but de transmettre une émotion forte vu que le film est basé sur une abscence d'émotions.
La vie de Beethoven a aussi inspiré plusieurs films, entre autres :
- Un grand amour de Beethoven (Abel Gance, 1936) ;
- Eroica, film autrichien de 1949 par Walter Kolm-Veltée, avec Ewald Balser qui crée un Beethoven remarquable de vérité.
- Ludwig van B. (Bernard Rose, 1994) ;
- Copying Beethoven (Agnieszka Holland, 2005) traite du compositeur (Ed Harris) et de son amour passionnel pour Anna Holtz (Diane Kruger), son assistante.
[modifier] Anecdotes
- Le 1er décembre 2005, un manuscrit original comportant 80 pages de la Grande Fugue (une version pour piano à quatre mains du final du Quatuor à cordes Op. 133) a été vendu à Londres par la maison Sotheby's pour 1,13 million de livres (1,6 million d'euros). L'identité de l'acheteur n'est pas connue. Le manuscrit avait été retrouvé dans les caves du Palmer Theological Seminary, à Philadelphie (USA) en juillet 2005.
[modifier] Publications
Beethoven a laissé un Traité d'harmonie et de composition qui a été traduit par Fétis en 1833.
[modifier] Bibliographie
- Jean et Brigitte Massin, Beethoven, Fayard, 1967, 845 p. (ISBN 2-213003483) ;
Ouvrage français de référence, en trois parties : biographie, histoire des œuvres, essai. - Maynard Solomon, Beethoven, Fayard, 2003, 570 p. (ISBN 2-213613052) ;
Version révisée et augmentée de la biographie moderne de référence du compositeur. - André Boucourechliev, Beethoven, Seuil, 1994, 251 p. (ISBN 2-020214806) ;
Synthèse analytique de la carrière et de l'œuvre musicale du compositeur. Iconographie abondante. Catalogue sélectif des œuvres. - Michel Lecompte, Guide illustré de la musique symphonique de Beethoven, Fayard, 1995, 335 p. (ISBN 2-21303091X) ;
Initiation aux symphonies de Beethoven grâce à un système de représentation graphique. Introduction au langage beethovénien. - Elisabeth Brisson, Le sacre du musicien : La référence à l'Antiquité chez Beethoven, CNRS Editions, 2000, 303 p. (ISBN 2-271057213) ;
La référence à l'Antiquité chez Beethoven en tant que métaphore de certaines valeurs politiques et morales et de certains principes esthétiques. - Philippe Autexier, Beethoven, Thames & H, 2005, 144 p. (ISBN 0-500300062)
- Barry Cooper, Dictionnaire Beethoven, Lattès, 1991, (ISBN 2-709610817)
- Romain Rolland, Beethoven, les grandes époques créatrices, Éditions du sablier, 1928-45
[modifier] Références, notes et citations
- ↑ Source : Extrait d'une conversation de Haydn avec Beethoven rapportée par le flûtiste Louis Drouet, In: Massin J et B, Ludwig van Beethoven, Fayard, 1967, p. 45
- ↑ Source : Rolland R, Vie de Beethoven, Paris, 1903
- ↑ Note : seule la date de baptême du musicien, le 17 décembre 1770, est connue avec certitude
- ↑ Source : lvbeethoven.com – Généalogie du musicien
- ↑ Source : Massin J et B, Ludwig van Beethoven, Fayard, 1967, pp. 6-8
- ↑ Source : radiofrance.fr – Repères biographiques
- ↑ Musique : lvbeethoven.com – Écouter les Variations Dressler
- ↑ Note : Contrairement à une idée répandue, Beethoven ne reçut jamais de leçon de Mozart. On rapporte toutefois qu'en entendant Beethoven jouer du piano, Mozart aurait confié : « faites attention à celui-là, il fera parler de lui dans le monde » – Académie de Dijon
- ↑ Source : Note de Waldstein sur l'album de Beethoven, nov. 1792, reproduite In: Massin J et B, Ludwig van Beethoven, Fayard, 1967, p. 39
- ↑ Source : Extrait d'une conversation de Haydn avec Beethoven rapportée par le flûtiste Louis Drouet, In: Massin J et B, Ludwig van Beethoven, Fayard, 1967, p. 45
- ↑ Citation : « Il saisit nos oreilles, non pas nos cœurs ; c'est pourquoi il ne sera jamais pour nous un Mozart. » – un critique musical du Journal patriotique des États impériaux et royaux, oct. 1796, reproduit In: Massin J et B, Ludwig van Beethoven, Fayard, 1967, p. 64
- ↑ Source : Karl Czerny était le meilleur élève de Beethoven. Il créa notamment le Cinquième concerto pour piano
- ↑ Note : la cause de la surdité de Beethoven demeure inconnue. Les hypothèses d'une labyrinthite chronique, d'une otospongiose et d'une maladie de Paget osseuse ont été discutées sans qu'aucune puisse être confirmée a posteriori
- ↑ Note : S'il est juste de dire que le musicien était par nature impulsif et caractériel, que sa farouche volonté d'indépendance le rendait indocile voire détestable en public, il est tout aussi juste d'affirmer qu'il était généreux, loyal et souvent tendre, comme l'attestent sa correspondance et les témoignages de son époque
- ↑ Source : Extrait du Testament de Heiligenstadt de Beethoven, In: Lecompte M, Guide illustré de la musique symphonique de Beethoven, Fayard, 1995, p. 319
- ↑ Source : Mot de Beethoven à son ami Krumpholz, 1802, In: ramifications.be
- ↑ Citation : « Dans cette symphonie, Beethoven s'était proposé pour sujet Bonaparte, à l'époque où celui-ci était encore premier consul. Jusqu'alors, Beethoven en faisait un cas extraordinaire, et voyait en lui l'égal des plus grands consuls romains. » – Témoignage de Ferdinand Ries sur la genèse de la Troisième Symphonie, reproduit In: [1]
- ↑ Citation : « Ce n'est donc rien de plus qu'un homme ordinaire ! Maintenant il va fouler aux pieds tous les droits humains, il n'obéira plus qu'à son ambition ; il voudra s'élever au-dessus de tous les autres, il deviendra un tyran ! » — Réaction de Beethoven apprenant que Napoléon s'était proclamé empereur, rapportée par Ferdinand Ries, In: Massin J et B, Ludwig van Beethoven, Fayard, 1967, p. 128
- ↑ Citation : au poète Christophe Kuffner qui lui demandait laquelle de ses symphonies il préférait, Beethoven répondit : « L'Héroïque ! — J'aurais cru l'ut mineur — Non, non ! L'Héroïque ! » In: [2]
- ↑ Note : Beethoven avait esquissé une ouverture pour cet hypothétique opéra. Willem Holsbergen a tenté de reconstituer l'œuvre qui est publiée sous le numéro 454 du catalogue Biamonti
- ↑ Source : Mot envoyé par Beethoven à Lichnowsky, octobre 1806, reproduit In: www.cndp.fr
- ↑ Source : Lettre de Beethoven à Franz-Gerhard Wegeler, 16 nov. 1801, In: (en) beethoven-haus-bonn.de
- ↑ Source : Lecompte M, Guide illustré de la musique symphonique de Beethoven, Fayard, 1995, p. 131
- ↑ Note : Malgré son affiche ce concert semble avoir été un désastre artistique, l'orchestre n'ayant pas eu le temps nécessaire pour répéter et Beethoven insultant copieusement les musiciens
- ↑ Source : Rolland R, Vie de Beethoven, Paris, 1903 – musicologie.org
- ↑ Source : beethoven-haus-bonn.de – Beethoven et l'argent
- ↑ Source : Massin J et B, Ludwig van Beethoven, Fayard, 1967, pp. 232-44
- ↑ Source : Solomon M, Beethoven, Lattès, 1985, p. 185-216
- ↑ Source : uquebec.ca – Université du Québec
- ↑ Source : Rolland R, Vie de Beethoven, Paris, 1903 – musicologie.org
- ↑ Source : Lettre de Beethoven à Maria von Erdödy, reproduite In: Massin J et B, Ludwig van Beethoven, Fayard, 1967, p. 284
- ↑ Source : altamusica.com
- ↑ Citation : « Je veux donc m'abandonner patiemment à toutes les vicissitudes et placer mon entière confiance uniquement en ton immuable bonté, ô Dieu ! Tienne, immuablement tienne doit se réjouir d'être mon âme. Sois mon rocher, ô Dieu, sois ma lumière, sois éternellement mon assurance ! » – (Christian Sturm, recopié par Beethoven, 1818), In: Massin J et B, Ludwig van Beethoven, Fayard, 1967, p. 339
- ↑ Source : (en) beethoven-haus-bonn.de
- ↑ Note : Pour l'histoire de la Neuvième Symphonie, se reporter à l'analyse très complète des époux Massin, In: Massin J et B, Ludwig van Beethoven, Fayard, 1967, pp. 699-712
- ↑ Citation : « L'Angleterre tient une haute situation par sa civilisation. À Londres, tout le monde sait quelque chose et le sait bien, mais le Viennois, lui, sait parler seulement de manger et de boire ; il chante et il racle de la musique insignifiante, ou en fabrique lui-même. » – Beethoven à Johann Stumpff, In: Massin J et B, Ludwig van Beethoven, Fayard, 1967, p. 428
- ↑ Source : Massin J et B, Ludwig van Beethoven, Fayard, 1967, pp. 449-50
- ↑ (en) [3]
- ↑ Science et Vie, n° 1061, p. 20, février 2006
- ↑ Source : (en) beethoven-haus-bonn.de – Dernière lettre de Beethoven
- ↑ Source : Phrase attribuée à Schubert, In: 100musique.free.fr
- ↑ Source : (de) Sandberger A, Die Inventare der Bonner Hofkapelle, (dans Sandberger, Ausgewählte Aufsätze zur Musikgeschichte, II, Munich, Drei Masken, 1924, p.109-130) et Brandenburg S, Die kurfürstliche Musikbibliothek in Bonn und ihre Bestände im 18. Jahrhundert, BJ, 2e série, VIII (1975), p. 7-47 ; tous deux cités par Solomon dans Beethoven, Fayard, 2003, p. 80.
- ↑ Source : Rosen C, Le style classique : Haydn, Mozart, Beethoven, Gallimard, 2000, p.514-548
- ↑ Source : Vignal M, Muzio Clementi, Fayard/Mirare, 2003, p. 35 & 63
- ↑ Source : Claude Debussy, Du Goût musical, Vienne, 1910, dans : Télérama, hors-série n° 132 (2006), p. 80
- Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
[modifier] Liens externes
- Site consacré au compositeur
- Biographie, catalogue des œuvres, discographie, iconographie, documents
- Site consacré au compositeur : biographie, œuvres majeures
- Reportage photos sur Beethoven, à Vienne
- Partitions libres de Beethoven dans International Music Score Library Project
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