Opération Husky
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
10 juillet 1943 - L'opération Husky, nom de code pour le débarquement des troupes britanniques, américaines et canadiennes en Sicile, est déclenchée. L'ouverture d'un "Second front", si souvent réclamée par Staline à ses alliés occidentaux, est devenue réalité.
Sommaire |
[modifier] Contexte
La victoire en novembre 1942 d’El Alamein des troupes du général Bernard Montgomery contre l’Afrikakorps du maréchal Erwin Rommel représente le premier enrayement de la machine de guerre allemande : en obligeant les forces de l’Axe à se replier, les alliés peuvent s’engager dans l’opération Torch destinée à prendre définitivement pied sur le théâtre Méditerranéen.
Le 13 mai 1943, la campagne de Tunisie est terminée : les Alliés sont maîtres de l’Afrique du Nord et peuvent donc entreprendre de nouvelles opérations : l’objectif que les Alliés ont à présent dans le collimateur est la Sicile.
Ce choix se justifie principalement par deux arguments :
- La réussite de l’opération donnerait le contrôle aux Alliés de la majeure partie de la Méditerranée et de l’ensemble des atouts stratégiques correspondants.
- Prendre pied en Sicile menacera directement le couple Hitler-Mussolini et l’obligera à détourner une partie non négligeable de ses troupes au détriment du front de l’est : la conséquence, simple à entrevoir, est que l’Armée rouge va pouvoir disposer de plus d’amplitude pour tenter de desserrer l’étau Allemand.
[modifier] Planification
Du point de vue du commandement, le débarquement en Sicile était considéré comme une opération hasardeuse et risquée en raison de deux paramètres majeurs :
- Le comportement de la mer combiné au fait que de multiples plages se trouvaient inaccessibles en raisons des nombreux hauts-fonds rendaient tout débarquement amphibie très complexe.
- Les défenses de l’Axe profitaient intelligemment du relief montagneux et très accidenté : entrer à l’intérieur des terres s’annonçait donc plutôt périlleux.
De ce fait, les Alliés s'attendent à rencontrer une forte résistance. En effet, l'île est défendue par la VIe Armée italienne du général Alfredo Guzzoni, qui compte plus de 200 000 hommes, et par deux divisions allemandes motorisées, les 15e et 90e Panzerdivisions de grenadiers commandées par le général Hans Hube..
Le plan allié, sous le commandement du général d’armée Harold Alexander se décompose en trois principaux mouvements :
- Débarquement amphibie de la VIIe armée US sous le commandement du général George Patton au Sud-Sud-Ouest de l'île : Licata, Gela et Scoglitti.
-
- 1re division d'infanterie américaine
- 2e division blindée américaine
- 3e division d'infanterie américaine
- 9e division d'infanterie américaine
- 45e division d'infanterie américaine
- 82e division aéroportée américaine
-
- Parachutages de la 82e Airborne (505e et 504e régiments), commandée par le colonel James Gavin en avant des divers points de débarquement : c'est la seconde opération pour la 82e qui, après avoir été reformée en 1942, vient de participer à la campagne d'Afrique du Nord
- Débarquement amphibie de la VIIIe armée britannique commandée par Montgomery au Sud de Lentini.
- 1re division d'infanterie canadienne
- 1re division d'infanterie aéroportée britannique (attaque par planeur Waco et Horsa)
- 5e division d'infanterie britannique
- 51e division d'infanterie britannique
- 50e division d'infanterie britannique
Pour permettre et appuyer les deux forces de débarquement, deux groupes navals sont mis sur pied :
- La Eastern Naval Task Force britannique comprenant 795 bâtiments et 715 embarcations de débarquement.
- La Western Naval Task Force américaine comprenant 580 bâtiments et 1 124 embarcations de débarquement.
Au total, les troupes impliquées par le débarquement de Sicile (160 000 hommes) seront supérieures en nombre à celles du premier jour du débarquement de Normandie en 1944 (150 000 hommes)..
[modifier] Déroulement
L'opération "Husky", a été précédée par une manœuvre d'intoxication conduite par les services secrets alliés. Au large des côtes espagnoles, le corps d'un homme vêtu d'un uniforme d'officier des services spéciaux britanniques est découvert porteur d'une mallette renfermant des documents indiquant que le prochain débarquement allié pourrait avoir lieu en mer Égée au large de la Grèce et qu'un éventuel débarquement en Sicile, suite pourtant logique des débarquements en Afrique du Nord, ne serait qu'un leurre. Cette information est transmise par la police espagnole aux services d'espionnage nazis qui mordent à l'appât. Les Allemands envoient une division blindée en Grèce et négligent la défense de la Sicile.

La logistique du débarquement allié en Sicile est d'une complexité inouïe : les troupes américaines ont leurs bases de départ en Afrique du Nord et même aux États-Unis, les troupes britanniques, en Tunisie et en Égypte, et la 1re Division canadienne, au Royaume-Uni.
[modifier] Débarquement
Les Alliés ont réuni des forces et des moyens considérables : 160 000 hommes, une couverture aérienne de 4 000 avions, 3 200 navires, des barges de débarquement d'un type nouveau permettent d'amener hommes et matériel directement sur les plages - ce qui présente l'avantage de ne pas avoir à s'emparer initialement de ports toujours puissamment défendus.
Les hommes qui débarquent le premier jour sont pour moitié américains, sous le commandement du général Patton, pour l'autre moitié, britanniques et canadiens, sous le commandement du général Montgomery. L'opération est dirigée par le général britannique Alexander, adjoint d'Eisenhower. Les forces canadiennes, composées de la 1re Division canadienne et de la 1re Brigade canadienne de chars sont rattachées à la 8e Armée britannique. Elles sont commandées par le major-général Crerar. La météo exécrable perturbe en premier lieu les troupes aéroportées : le vent, combiné à la DCA ennemie, provoque de grosses difficultés de navigation pour les avions de transport et de remorquage qui peinent à atteindre leurs cibles. Les 3 400 parachutistes de la 82e airborne se retrouvent dispersés en petits groupes, autour d’une zone de 80 kilomètres de diamètre. Même constat d'échec pour les planeurs britanniques dont 70 sur les 144 de départ s'écraseront balayés par le vent ou touchés par la DCA (47 d’entre eux échoueront en mer). Toutefois, cet effet de dispersion provoque la confusion chez l’ennemi : les informations sur la présence et les mouvements des troupes alliées semblent contradictoires et complexes à décrypter par les Italiens : les hommes du colonel James Gavin réussiront, dans l’ensemble, à se rendre maître des points vitaux identifiés par le haut commandement.
Les Américains de Patton débarquent sur la côte sud-ouest de la Sicile, les Britanniques sur la côte sud-est, près de Syracuse. Les Canadiens, au centre du dispositif, débarquent dans la presqu'île de Pachino sur huit kilomètres de plage avec pour mission de s'emparer de l'aérodrome voisin. Malgré la présence de bunkers, de nids de mitrailleuses et d'une batterie de défense côtière, ils ne rencontrent tout d'abord que peu de résistance. Les soldats italiens s'enfuient à leur approche ou sont fait prisonniers. Une très bonne surprise pour les alliés : la relative faiblesse de la Luftwaffe malgré la disponibilité de 800 appareils et pilotes expérimentés.
[modifier] Progression
Les Américains, par contre, doivent réagir à une sérieuse contre-offensive allemande de la puissante division blindée Hermann Goering contre leur tête-de-pont de Gela. Les Britanniques progressent rapidement le long de la côte, vers Syracuse et Catane, en direction de Messine. Les 90 000 Allemands qui occupent la partie ouest de l'île, menacés d'encerclement, se replient méthodiquement vers le carrefour stratégique routier d'Enna. Leur tactique consiste à établir une série de points d'appui de retardement afin d'évacuer vers la péninsule italienne le maximum de leurs hommes et de leur matériel, avant que le piège ne se referme sur eux. Montgomery lance les 1re et 2e Brigades canadiennes vers le centre de l'île dans une opération coup-de-poing pour les prendre de vitesse et leur couper la route.
Le terrain très accidenté de la Sicile que les Allemands savent parfaitement utiliser, oblige, au prix d'efforts inouïs et de lourdes pertes, à s'emparer de villes et de villages escarpés puissamment fortifiés. Les ponts sont détruits, les routes minées, truffées de pièges, maintenues sous le feu des mitrailleuses, des mortiers et des canons allemands. Dans ces conditions, les unités mécanisées voient leurs moyens d'intervention fortement réduits et l'infanterie canadienne doit livrer l'assaut à travers ravins, rochers et montagnes. Les Canadiens progressent grâce à une succession de coups-de-main que les Allemands qualifieront "d'Indianer Krieg", une guerre à l'indienne, dans laquelle l'infanterie canadienne va se révéler particulièrement efficace.
Les 1re et 2e Brigades avancent vers leur objectif commun: la ville d'Agira. La 1re Brigade, à gauche, nettoie le secteur de Leonforte, pendant que la 2e Brigade, à droite, enlève Assoro en avant d'Agira, au prix de lourdes pertes. Le 24 juillet, le Royal Regiment of Canada et le régiment de chars de Trois-Rivières se lancent à l'assaut du village escarpé de Nissoria qui défend l'entrée d'Agira. Ils sont durement repoussés et ce n'est qu'à la suite d'un barrage d'artillerie intense que les positions allemandes sont neutralisées, par l'infanterie des régiments Princess Patricia, Seaforth Highlanders et d'Edmonton, qui entreront dans la ville le 28 septembre, après trois jours de violents combats au cours desquels ils ont dû conquérir une à une les hauteurs qui dominent la ville.
Début août, le 22e Royal Régiment fonce sur Adrano, au pied de l'Etna, et pénètre dans ses faubourgs pour constater que les Allemands viennent d'abandonner la ville. Après quatre semaines de combats impitoyables, toujours à la pointe du combat, les Canadiens sont mis en réserve afin de préparer leur débarquement dans la péninsule italienne. Ils n'entreront donc pas en vainqueurs dans Messine, qu'Américains et Britanniques libèrent le 16 août. 200 000 italiens ont été fait prisonniers, mais le gros des troupes allemandes a réussi à passer en Italie et a échappé au piège.
[modifier] Conclusion de la campagne
A l’instar du débarquement en Normandie, la météo aura joué un rôle majeur : bien que toutes les troupes stationnées en Sicile aient reçu un message d'alerte, les Italiens présents sur les côtes n'ont pas voulu croire qu'un débarquement aurait lieu par un temps aussi mauvais.
Après 38 jours de combats, la prise de Messine et la jonction entre les troupes britanniques et americaines marquèrent la fin de la campagne de Sicile. Le renfort de trois divisions allemandes venues prêter main forte aux italiens ne réussirent qu'à ralentir l'avancée alliée : les jeux étaient faits et la campagne d'Italie allait devenir la prochaine étape de la libération de l'Europe.
Signalons aussi, le rôle non-négligeable de la mafia sicilienne acquise aux Américains par les bons offices du parrain Lucky Luciano en échange d'un allègement de sa détention. Ses services inclurent donc des contacts avec le parrain de Palerme, Calogero Vizzini. Grace à ces "alliés", des renseignements précieux furent obtenus et même des coups de forces ponctuels contre des points stratégiques.
[modifier] Sources
- Jacques Teyssier, Documentariste, Texte rédigé sous la supervision de M. Serge Bernier - Dr. Histoire - Directeur Histoire et patrimoine - Ministère de la Défense nationale - Ottawa
[modifier] Liens externes
Opérations combinées de la Seconde Guerre mondiale |
---|
Théâtre européen Bataille de Narvik • Bataille de Crète • Opération Biting • Débarquement de Dieppe • Opération Chariot • Opération Husky • Opération Shingle • Opération Overlord • Opération Anvil Dragoon • Opération Market Garden Théâtres africain et du Moyen-Orient Théâtre asiatique |
|
|
|