Opération Barbarossa
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Nommée d'après l'empereur Frédéric Barberousse, l'opération Barbarossa (en allemand, Unternehmen Barbarossa) fut le nom de code pour l'invasion par le IIIe Reich de l'URSS pendant la Seconde Guerre mondiale. Déclenchée le 22 juin 1941, elle ouvre le front de l'Est qui devient le théâtre d'opération terrestre le plus important de la guerre et un facteur crucial dans le succès ou la défaite du Troisième Reich. Elle marque aussi un tournant dans la guerre, jusque-là, encore assez localisée et européenne. Elle va bientôt embraser le monde entier.
La Wehrmacht possède la supériorité initiale en hommes, en équipement, en aviation, (à l'exception des chars lourds) des blindés plus légers mais aussi plus rapides, elle est mieux organisée, bien mieux commandée et dispose de l'effet de surprise mais l'Armée rouge possède bien plus de réserves. Ce front va être le théâtre, de la majorité des plus grandes et des plus brutales batailles de la Seconde Guerre mondiale. Les pertes en vies humaines colossales, et les conditions de vie, effroyables pour les deux camps.
Les causes de cette attaque sont principalement idéologiques, l'aboutissement de la politique nazie étant la conquête d'un espace vital à l'Est : le Lebensraum.
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[modifier] Situation politique et diplomatique
La situation au printemps 1941 semble largement en faveur de l'Axe, et une majeure partie de l'Europe est occupée. À l'Est, Adolf Hitler a mis en place des régimes alliés de gré ou de force : Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Slovaquie. Le seul ennemi qui lui tienne invariablement tête est la Grande-Bretagne et son empire, qui résistent en grande partie grâce à la volonté d'un homme : Winston Churchill, mais elle n'a été sauvée jusque-là que par sa supériorité navale.
Hitler connaît les risques d'ouvrir un second front, mais il estime qu'il doit agir immédiatement car l'Armée rouge est désorganisée par les grandes purges et les États-Unis d'Amérique penchent de plus en plus du côté des Alliés. De plus, invaincue, la Wehrmacht, fait figure de première armée du monde en 1941. La situation semble donc favorable à la conquête du Lebensraum. Un seul ennemi encore dangereux peut empêcher cette conquête: l'U.R.S.S.. Depuis le pacte Molotov-Ribbentrop grâce auquel elles se sont partagé le territoire de la Pologne, les deux pays ont ostensiblement établi des relations amicales et commerciales, malgré l'opposition radicale des idéologies qui les dirigent.
[modifier] Préparatifs allemands
Les motivations allemandes pour attaquer sont donc doubles. Stratégique car une attaque de la part de l'URSS plus ou moins tard semble inévitable, d'où la nécessité d'une action préventive, et idéologique car à la lecture de Mein Kampf d'Adolf Hitler, la position allemande est très claire vis-à-vis de la Russie et des autres nations de l'U.R.S.S. européennes. Elles sont destinées à être le Lebensraum, l'espace vital allemand, un fois débarrassé de leurs populations actuelles. Les populations urbaines doivent être exterminées par la famine, celle rurale mise en esclavage pour fournir des surplus alimentaires destinés à l'Allemagne et à la colonisation aryenne.
L'idéologue du parti nazi Alfred Rosenberg a déjà prévu le découpage du territoire à conquérir. Quatre Reichskommissariat seront créés, à savoir : l'Ostland comprenant les pays baltes et la Biélorussie, celui d'Ukraine, le Kaukasus avec la zone autour des monts du Caucase et celui de Moskau pour le reste de la Russie européenne.
Du fait de son caractère donc éminemment politique, l'opération est principalement une création d'Hitler, l'état-major de la Wehrmacht est alors extrêmement réticent car il craint de devoir combattre sur deux fronts simultanément. Mais le Führer, auréolé du prestige des victoires en Pologne et surtout en France, croit en son génie politique et militaire et refuse de leur prêter l'oreille. Opposé lui aussi par principe à la division de ses forces sur deux fronts, qui fut à ses yeux la grande erreur du Reich lors de la Première Guerre mondiale, il finit par se convaincre lui-même que l'Angleterre à bout de souffle demandera la paix une fois l'URSS rayée de la carte car il ne veut pas différer plus longtemps sa grande conquête de l'Est. Il a tendance à surestimer ses forces, au vu des ses victoires éclairs précédentes et à sous-estimer celle de Joseph Staline, du fait des piètres performances de l'Armée rouge, au cours de la guerre d'Hiver contre la Finlande. La préparation de l'armée allemande souffrira donc de plusieurs carences qui se révèleront fatales pour la phase finale de l'opération, car la campagne sera beaucoup plus longue que les deux ou trois mois prévus.
La première mention à cette attaque contre l'URSS, apparaît dans la directive du Führer n°21, à l'époque la Luftwaffe n'a pas encore été mis en échec au dessus de l'Angleterre, mais la directive précise bien déjà, même avant la fin de la guerre avec l'Angleterre, elle fixe aussi la date du 15 mai 1941. Dès ce document, le plan de conquête et les objectifs à atteindre sont tracés, avec la division en deux du champ de bataille le nord et le sud des marais du Pripet. Les deux groupes d'armées au Nord doivent dans un premier temps détruire le maximum de forces soviétiques en appliquant les tactiques de la Blitzkrieg, puis prendre d'abord Léningrad et son port de guerre de Kronstadt, et seulement après la capitale Moscou. Le groupe sud lui doit progresser vers Kiev, son flanc droit couvert par l'armée roumaine et quelques divisions allemandes. Par la suite, les opérations au sud ont pour objectif, l'occupation du bassin du Donets. Le plan préparé par Hitler est axé sur la destruction des forces ennemies sur la frontière grâce à des encerclements et à la capture des grands centres économiques, il rencontre une certaine défiance de la part d'une partie de l'état-major de la Wehrmacht, plus attaché à des stratégies plus conventionnelles, où la capture de la capitale politique, objectif symbolique s'il en est, est prédominante. Même si Hitler considère ces préoccupations d'un autre temps, il concèdera quand même la poursuite simultanée des objectifs que sont Moscou et Léningrad, et dans la pratique le groupe Nord sera incapable de prendre Léningrad, seul.
Il professe aussi que le premier but à atteindre est l'anéantissement de l'Armée rouge le plus tôt possible, pour l'empêcher de se replier et d'appliquer la politique russe traditionnelle devant toute invasion majeure: la terre brûlée. Pour ce faire, la Wehrmacht doit encercler chaque fois qu'il sera possible des portions importantes des forces soviétiques, pour les détruire. Cette stratégie, bien que très payante au début de la campagne, provoquera quelques décisions que certains croiront à l'origine de l'échec de l'invasion.
Le dispositif de l'Axe est impressionnant, Hitler a mobilisé 3,2 millions d'hommes qui commencent à se déployer en février, en Prusse orientale, en Pologne, en Slovaquie et en Moldavie. Ce sont pour la plupart des troupes aguerries par les campagnes précédentes et bien équipées avec, entre autre: 3 500 chars sur les 4 300 que possède la Wehrmacht, 47 200 pièces d'artillerie et environ 3 000 avions. Cependant si ces effectifs sont impressionnants dans l'absolu, il reste qu'en comparaison de l'étendue du front qui va s'ouvrir, ils semblent insuffisants. Seulement 800 chars de plus qu'au déclenchement du Fall Weiss contre la France, et la surface du pays à conquérir, puis à tenir, est tout autre.
Au final, le plan adopté est une sorte de mélange des deux stratégies. Il prévoit une attaque sur trois axes, avec du nord au sud :
- Une poussée vers Léningrad, à travers les pays baltes, menée par les 16e et 18 e armée, ainsi que le 4e groupe blindé, regroupé dans le groupe d'armée nord commandé par le maréchal Wilhelm Ritter von Leeb et appuyé par la 1er flotte aérienne du général Alfred Keller.
- L'attaque principale menée par le groupe d'armées Centre, commandé par le maréchal Fedor von Bock, et comprenant la 2e et la 4e armée,ainsi que les 2e et 3e groupes blindés, le tout étant soutenu par la 2e flotte aérienne du général Albert Kesselring. L'objectif de ce groupe est Moscou, mais grâce à sa position centrale, il doit appuyer les deux autres mouvements et s'attacher à anéantir le maximum d'unités soviétiques.
- Le groupe d'armées Sud, commandé par le maréchal Gerd von Rundstedt et comprenant la 6e, la 11e et la 17e armée ainsi que le 1er groupe blindé, appuyé par 4e flotte aérienne du général Alexander Lohr. Il doit bénéficier de plus, dès leur entrée en guerre, de l'appui non négligeable des 3e et 4e armées roumaines. Il a pour objectifs premiers la ville de Kiev, le port d'Odessa, puis les grandes villes industrielles de Kharkov, Dniepropetrovsk et Donetsk. Ses objectifs finaux étant les ports de Sebastopol en Crimée, Rostov-sur-le-Don et la grande ville de Stalingrad, clé du contrôle de la Volga.
La campagne doit au final établir, avant l'hiver, une ligne de défense qui partant de Léningrad suivrait le cours de la Volga, jusqu'à son embouchure. D'ici là, l'Allemagne comptait sur une destruction complète de l'Armée rouge, car les effectifs engagés seraient incapable de mener les tâches d'occupation du pays conquis et la tenue de ce gigantesque front, long de plusieurs milliers de kilomètres.
[modifier] Le manque de préparation soviétique
Le 22 juin surprit totalement le peuple soviétique, persuadé que l'Armée rouge était invincible et qu'Hitler était un "bon voisin". Ce jour-là, toujours par crainte de provoquer ce "bon voisin", l'Armée rouge ne fut même pas mise en alerte. Les troupes de couverture étaient mal échelonnées et la mobilisation était imparfaite.
La surprise ne fut pas totale pour le gouvernement soviétique, puisqu'il a été établi que l'espion communiste Richard Sorge et les analystes suédois menés par Beurling avertirent Staline de la date exacte du lancement de l'opération. Mais ces avertissements ne furent pas entendus. Il semble que Staline se soit entêté sur l'idée qu'Hitler n'ouvrirait jamais un second front sans en avoir fini avec l'Angleterre, ce que lui-même n'aurait jamais fait. Il refusa catégoriquement toute mesure pouvant passer pour une provocation aux yeux des Allemands, la mobilisation générale ne fut pas déclenchée, les unités sur la frontière se virent refuser les mesures les plus élémentaires de préparation au combat, comme la création de fortifications de campagne et la dispersion des matériels, et les violations de l'espace aérien par les avions de reconnaissance allemands ne furent pas combattues. Il fallut attendre fin juin pour que Staline admette la rupture du pacte par Hitler.
Or l'URSS de 1941 était loin d'être un pays faible : l'industrialisation des années 1930 lui permettait de n'être dépassée que par les États-Unis en terme de production industrielle. Ses matériels militaires étaient souvent à la pointe de l'industrie mondiale, comme par exemple les chasseurs I-16 ou le char T-26. Cependant, depuis 1939, l'industrie d'armement du pays traversait une crise de transition, les nouveaux matériels ayant beaucoup de mal à entrer en production de masse. Les décisions politiques n'étaient généralement pas étrangères à ces difficultés, comme, par exemple, la dissolutions des corps mécanisés, en 1939, qui étaient en grande partie une création du maréchal Mikhaïl Toukhatchevski, un des principaux accusés des procès de Moscou. L'Union soviétique avait une armée de 5,4 millions d'hommes, 67 000 pièces d'artillerie et 24 000 chars. Sur les 209 divisions d'infanterie de l'Armée rouge, 144 avaient la moitié de leur effectif et les autres à peine un tiers. L'aviation soviétique comptait 7 500 appareils, mais la plupart étaient obsolètes.
On a aussi souvent affirmé à tort que les effectifs de l'Armée rouge, au début de l'invasion, étaient largement supérieurs à ceux de la Wehrmacht. Cette erreur très commune est due au fait qu'on compare généralement l'effectif total de l'Armée Rouge avec celui de la Wehrmacht, engagé dans l'opération Barbarossa. Une portion importante de l'Armée rouge gardait la frontière chinoise face aux troupes japonaises et ne put être libérée qu'à la fin de l'année, la non-intervention japonaise étant alors assurée. Une autre source d'erreur sur les effectifs est liée aux différences d'effectifs entre les divisions des deux pays, la division d'infanterie allemande regroupant 16 500 hommes, et la soviétique 14 474 en théorie. Mais en l'absence d'une mobilisation générale, l'effectif réel sur le terrain était souvent inférieur à 10 000 hommes.
Une autre source de faiblesse était la qualité de l'encadrement, décimé par les grandes purges de la fin des années 1930. Beaucoup d'officiers parmi les plus compétents avaient été démis et bien souvent exécutés ou déportés en Sibérie. Les officiers en place en 1941 avaient d'abord été choisis pour leur fidélité politique au régime et non pour leur compétence militaire. S'ajoutant aux consignes de modération vis-à-vis des préparatifs des Allemands, leur incompétence favorisa la désorganisation et le déploiement hasardeux des unités chargées de la défense de la frontière occidentale. Les troupes étaient, en effet, pour la plupart placées très près de la frontière et s'appuyaient sur une ligne de fortification encore en cours de réalisation, la Ligne Molotov.
[modifier] Déroulement
[modifier] L'attaque initiale
Les conditions étaient donc très favorables pour l'Allemagne nazie. Le dimanche 22 juin 1941, 148 divisions rassemblaient 3,2 millions d'hommes, 3 350 chars, 4 184 pièces d'artillerie, 600 000 véhicules, 600 000 chevaux, qui franchirent la frontière et attaquèrent les premières lignes soviétiques. L'attaque terrestre fut précédée par la plus gigantesque attaque aérienne préventive de tous les temps, menée par la majorité des 2 770 avions engagés en appui de ce front. Cette attaque commença à 3 h 40 et visa 66 aérodromes soviétiques. Elle eut des résultats remarquables, qui permirent à la Luftwaffe de jouir d'une maîtrise absolue du ciel soviétique pendant plusieurs semaines. Les bombardiers allemands trouvèrent les avions soviétiques alignés ailes contre ailes à leur base, généralement sans camouflage ni protection. La plupart du temps, l'alerte n'avait même pas été donnée et peu d'avions de chasse purent décoller. Les pertes des VVS furent terribles : le soir, 1 489 appareils avaient été détruits au sol et 389 autres abattus en vol ; la Luftwaffe ne perdit qu'environ 63 avions le 22 et 150 sur les deux premiers jours de l'offensive.
À 4 h 15, l'artillerie allemande se mit à pilonner les positions avancées des troupes soviétiques sur la frontière et, à 4 h 45, les premières unités terrestre franchirent celle-ci. La surprise chez les Soviétiques fut totale, la Stavka avait bien émis un ordre qui avertit les unités frontalière de l'imminence de la guerre, mais la plupart des unités ne l'avaient pas reçu. La première opération fut menée sur le front central, par un coup de main d'un corps franc de la 3e panzerdivision, qui s'empara du pont de Koden, sur le Bug. Dans la matinée, un pont de bateaux fut lancé à Drohizyn, 80 km plus au nord, la tête de pont ainsi créée était aussi appuyée par l'emploi de 80 chars Pz-III submersibles. La résistance des Soviétiques fut assez décousue sur la plus grande partie du front. Elle fut acharnée sur quelques points, comme la citadelle de Brest-Litovsk défendue par les 6e et 42e division de tirailleurs, qui résistèrent jusqu'à la fin juillet, bien qu'ayant été attaquée dès le matin du 22 juin. Sans appui d'aucune sorte, les soldats soviétiques étaient complètement encerclés et sans espoir de secours puisque la nouvelle ligne de front était à 400 kilomètres plus à l'est. Ils continuèrent à se battre en dépit de la disproportion des forces et de l'emploi d'artillerie de siège lourde par les Allemands comme les mortiers de 620 mm, infligeant des pertes très sensibles aux unités d'infanterie allemandes chargées de les réduire et les retardèrent, les empêchant d'aider les groupes blindés avancés dans la réduction de la poche de Minsk.
Pendant ce temps, malgré quelques contre-attaques soviétiques, les unités mécanisées du groupe d'armée centre purent franchir le Bug, et s'enfoncèrent dans les arrières des unités de l'Armée rouge. Les deux groupes blindés du centre menèrent alors, à partir du 26 juin, deux percées parallèles, pour finalement converger sur Minsk, le 9 juillet, créant la poche connue sous le nom de Minsk-Bialystok, où plus de 300 000 soldats soviétiques et d'énormes quantités de blindés et de matériels furent enfermés. Relevés par l'infanterie des 2e, 4e et 9e, les blindés allemands continuèrent leur progression en direction de Smolensk. Ils franchirent la Bérézina le 28 juin, ayant parcouru 650 kilomètres depuis la frontière.
Au Nord, le groupe d'armée de Leeb progressa très rapidement en particulier, grâce à l'attaque très en profondeur du 56e corps d'armée motorisé du général Erich von Manstein, qui s'empara du pont d'Ariogala situé à 80 kilomètres dans la profondeur du dispositif soviétique, dès 19 h 00, le 22 juin et renouvela l'exploit le 26, avec celui Dunaburg, lui à 350 kilomètres de la frontière, malgré une contre-attaque des chars du 3e corps mécanisé soviétique contre la 6e Panzerdivision au village de Rossiény. La bataille de chars qui résulta de la rencontre des forces blindées, fit rage pendant deux jours, l'Armée rouge y a engagé une centaine de chars de type KV-1 et KV-2, ce qui provoqua une crise dans l'armée allemande, car ce char lourd était invulnérable aux canons des chars et aux armes antichar allemands, l'usage de pièces d'artillerie de 88 et 105 mm employées en tir direct permit néanmoins aux Allemands d'endiguer l'attaque soviétique. Mais l'alerte avait été chaude. L'offensive marqua un temps d'arrêt, car Hitler et son état-major préférèrent que les blindés attendent l'infanterie avant de poursuivre leur progression vers Léningrad.
Le groupe d'armée sud connut pour sa part une progression bien plus difficile. Dans ce secteur était massé le plus gros des chars de l'Armée rouge, dont de nombreux KV-1 et T-34. Bien que manquant complètement de coordinations, les contre-attaques blindées coûtèrent cher aux Allemands. De plus la Roumanie n'intervint qu'à partir du mois de juillet. Le 28 juillet, la situation empira brusquement pour les Soviétiques quand le 1er groupe blindé et la 17e armée firent leur jonction, à l'est d'Uman enfermant dans une poche, la majeure partie des 6e et 12e armées soviétiques. Les troupes encerclées résistèrent jusqu'au 8 août, mais elles furent contraintes à la reddition et les pertes furent terribles pour l'Armée rouge, avec environ 200 000 tués et 100 000 prisonniers.
[modifier] La bataille de Smolensk
Le 10 juillet, le groupe d'armées centre a commencé une opération d'encerclement contre les troupes défendant Smolensk; le Dniepr est atteint et franchi le 11 juillet ; Smolensk tombe le 16, les troupes soviétiques étant coupées de leurs arrières. Mais cette fois, la réduction de la poche formée va se révéler problématique, et les troupes continuent à résister malgré leur isolement ; suite à une forte contre-attaque, l'encerclement est même rompu temporairement. Les combats vont durer jusqu'au 10 septembre, l'Armée rouge ramenant constamment de nouvelles troupes fraîches, certes ses pertes sont là aussi très importantes, mais la progression allemande est enrayée et obligée de lutter pied à pied contre des troupes déterminées, l'armée allemande subit elle aussi une véritable hécatombe, près de 250 000 hommes. Cette bataille du chaudron de Smolensk porte un coup très dur, même si coûteux, à la progression vers l'est.
[modifier] La bataille de Kiev, les poches de Bryansk et Vyazma
À la mi-septembre, l'Armée rouge, suite aux terribles pertes qu'elle a subies a été forcée de se replier sur une ligne de défense derrière la Divna et le Dniepr. Les armées allemandes ont regagné leur liberté de mouvement avec la fin de la bataille autour de Smolensk. Les généraux poussent pour une attaque en direction de Moscou, maintenant à 400 kilomètres les forces de l'armée rouge semblent incapables de résister à un mouvement dans cette direction. Mais Hitler n'est pas de leur avis, il veut s'emparer de la région industrielle du Donbass et voit aussi la possibilité d'en finir avec les forces armées soviétiques qui défendent l'Ukraine. Les arguments avancés par Hitler pour soutenir une avancée blindée vers le Sud furent que les lignes d'approvisionnement de l'armée Centre seraient exposées sur un flanc de plus de 800km, si l'offensive continuait vers Moscou. Conséquemment, il a ordonné au 2e groupe blindé de se porter vers le sud pour rejoindre le 1er du groupe sud qui remonte après avoir traversé le Dniepr. Lorsque les deux pointes blindées allemandes se rejoignent à Lokhvitsa, un gigantesque encerclement est réalisé autour de la région de Kiev et des marais du Pripet, dans lequel 665 000 soldats soviétiques sont pris au piège, Kiev tombe le 19 septembre et le reste de la poche suit dans le mois. (C'est tout de même le plus vaste encerclement de l'Histoire)
La route du Dombass est ouverte pour le groupe d'armées sud, qui atteindra Rostov-sur-le-Don le 21 novembre, mais les divisions blindées et motorisées de la Wehrmacht sont très éprouvées par ces deux féroces batailles de la fin de l'été, et ce n'est que le 30 septembre que la progression peut reprendre en direction de Moscou. La saison des boues caractéristique de ces régions, la rapoutsita, rendant les routes impraticables, provoque alors un arrêt des opérations mobiles pendant près de 15 jours, obligeant à attendre les première gelées pour reprendre le mouvement.
Au Nord, les troupes allemandes, arrivent devant les premières lignes de défense de Léningrad, au début du mois de septembre. La prise de ville, dont la défense est organisée par Joukov, s'avère vite impossible, les Allemands s'abstenant d'un assaut direct, décident de l'investir progressivement pour l'affamer, avec l'aide des Finlandais, mais la ville malgré des pertes humaines colossales, résistera en fait jusqu'à son dégagement en 1944, au cours du siège le plus long de l'histoire moderne.
[modifier] L'échec de Barbarossa, déclenchement de l'opération Taïfun
Si la Wehrmacht trouve un pays las du soviétisme[1], Les einsatzgruppen massacrent les juifs (600 000 morts) et multiplient les atrocités. Ainsi la population devient de plus en plus hostile à un envahisseur et non un libérateur ; des groupes de partisans se constituent déjà. Staline en appelle à toute la Russie et ordonne la « politique de la terre brûlée ». Les troupes allemandes traversent des régions affreusement pauvres et désertes, et l'étendue des espaces soviétiques fait perdre tout son sens à la Blitzkrieg. Les lignes de communications de la Wehrmacht s'allongent désespérément, ce qui ralentit fortement sa vitesse.
Début septembre, les Allemands, bloqués par les boues, tiennent plusieurs conseils de guerre pour prévoir la suite des opérations, dont la conférence d'Orcha, à laquelle participe Hitler. Il est déjà évident que malgré les très lourdes pertes infligées à l'Armée rouge, celle-ci n'a pas été détruite sur les frontières. Sa combativité loin de s'écrouler, semble même s'accroître. Si les premières villes capturées avaient semblé accueillir favorablement l'envahisseur allemand, du fait de la lassitude face à la dureté du régime stalinien et aux problèmes de nationalités, les exactions, commises entre autres par les einsatzgruppen, transforment rapidement cet état des choses.
Assez rapidement des groupes de partisans se forment sur les arrières de la Wehrmacht, obligeant celle-ci à consacrer un partie importante de ses forces au maintien de ses routes de ravitaillement. De plus les territoires où le combat se déroule dorénavant sont russes, et la population en majorité, se regroupe derrière Staline, qui d'ailleurs commence à utiliser des thèmes de propagande, axés sur le nationalisme russe. Par ailleurs les exactions des Allemands et le but avoué de réduire les Slaves en esclavage retournent vite les populations. Il y a également le sort peu enviable réservé aux prisonniers de guerre qui ont fini par filtrer, et même les opposants au régime commencent à penser qu'il s'agit d'une lutte à mort où ils n'ont pas le choix du camp. Les Allemands éprouveront en effet des difficultés croissantes à capturer des prisonniers, les soldats russes préférant lutter jusqu'à la mort plutôt que de mourir de faim dans un camp pour prisonniers soviétiques. Du côté de l'armée allemande, la situation n'est pas brillante. Les pertes bien que très loin d'atteindre celle des Russes sont sensibles (700 000 morts à l'approche de Moscou).
Les forces de la Wehrmacht ne sont plus assez nombreuses pour couvrir toute l'étendue du front, le matériel après des centaines de kilomètres est usé et en mauvais état, le ravitaillement rencontre de nombreux problèmes, comme la différence d'écartement des voies de chemin de fer soviétiques avec celle d'Europe occidentale.
A la suite des différentes consultations, il s'avère que seul le groupe central est prêt à reprendre la progression quand les routes seront de nouveau praticables. Malgré l'aide des Finlandais, le groupe nord est incapable de mener un action de vive force contre Léningrad, il arrive tout juste à maintenir un encerclement partiel et précaire, qui laisse passer le ravitaillement pour la ville par le lac Ladoga. Le groupe sud est soumis à une forte pression soviétique et a été obligé de passer à la défensive, voire de céder du terrain comme à Rostov-sur-le-Don.
Devant l'échec inéluctable de Barbarossa, on prépare une opération de rechange pour essayer d'en finir avant l'hiver, l'opération Taïfun (typhon). Pour ce faire, on regroupe tout ce qui peut encore être utilisé comme forces mobiles et aériennes, sur ce but unique. Hitler adopte malgré ses idées antérieures, le concept qui veut que la prise de la capitale ennemie devrait briser sa volonté de résistance. Les objectifs initiaux de Barbarossa (la ligne Arkhangelsk-Kouïbychev) sont abandonnés, ce qui rendra impossible la destruction de l'industrie de guerre soviétique mise à l'abri, au prix d'un effort titanesque, derrière l'Oural. Sa production va bientôt reprendre à plein régime. De plus, Staline a enfin reçu l'assurance, par les renseignements fournis par le réseau Orchestre rouge de Richard Sorge, que la politique d'expansion japonaise n'a plus que des visées vers le Sud-Est asiatique, les troupes expérimentées et inactives, qui gardent la frontière orientale, vont enfin pouvoir être rapatriées et utilisées.
La bataille de Moscou, qui va s'engager, risque donc d'être plus disputée que les précédentes. Hitler donnant même l'ordre le 14 octobre 1941 d'un double enveloppement de Moscou, avec pour objectif de jonction à Noginsk. Même si au moment de la rédaction du plan, le 30 septembre 1941, l'opération était réalisable, au début du décembre l'armée allemande est exténuée, le temps est devenu hostile (-30 ºC) et les troupes sibériennes(40 divisions) fraîchement arrivées entameront une contre-offensive généralisée sur toute l'armée centrale.
[modifier] Collaboration avec l'occupant
Prés de 2 millions de soviétiques se rangèrent du côté des allemands (baltes, ukrainiens, russes, quelques polonais entre autres) durant l'occupation de leur territoire. En 1943, certaines divisions allemandes comptaient plus de 20 % d'auxiliaires Russes (les Hiwis). Il y eut 2 divisions SS russes, les 2 divisions de l'armée Vlassov et le 15° SS Kosaken-Kavalerie-Korps constitué de Cosaques du Don.
Une grande partie agissait par nationalisme, les pays baltes et l'est de la Pologne ayant été annexés par l'URSS en 1939.
Exemple parmi d'autres du soutien qu'eut l'Allemagne de la population locales en URSS, à certains endroits; les milices pro germaniques étaient assez efficaces pour rendre inutiles une politique de représailles.
Tel était le cas du district administratif autonome de Lokot; dans la région d'Orel-Koursk, au sud de Briansk, avec 1 700 000 habitants; ce district fut défendu par une milice intégralement russe en 1942-1943.
Ici la base de la collaboration était de nature politique (anti communisme) et la milice de Lokot créée par le général Rudolf Schmidt de la IIe Armée Panzer conjointement avec un ingénieur Russe (remplacée plus tard par le fameux Bronislaw Kaminski), était connue sous le nom de Russkaya Osvoboditelnya Narodnaya Armiya (Armée de libération russe).
Un élément capital des transactions fut que les SS avaient interdiction d'opérer dans toute cette région où les Allemands acceptèrent de s'abstenir de toute action de représailles du fait des activités de la guérilla qui se poursuivaient toujours.
De tels arrangements, bien que généralement moins formels, étaient monnaie courante dans les régions occupées par les Allemands; Ils trouvaient des avocats fervents parmi les officiers de la Wehrmacht. Les SS s'y opposaient de façon tout aussi véhémente, car ils refusaient d'armer des "sous hommes", mais par la suite, la situation ayant empiré et le besoin d'effectifs se faisant sentir, les SS furent amenés à changer leurs attitudes.
Ils s'opposaient toujours à la création de milices mais seulement parce qu'ils voulaient recruter tous les hommes disponibles pour leurs nombreuses unités "ethniques".
[modifier] Voir aussi
[modifier] Références
- ↑ Voir URSS de Staline
[modifier] Bibliographie
- (en) John Erickson, The Road to Stalingrad. 2003, first 1975.
- (en) David Glantz, Barbarossa: Hitler's invasion of Russia, 1941, Stroud: Tempus, 2001. (ISBN 075241979X)
- (en) David Glantz, Stumbling Colossus: The Red Army on the Eve of World War, Lawrence, Kansas: University Press of Kansas, 1998. (ISBN 0700608796)
- (en) David Glantz, Colossus Reborn: the Red Army at War, 1941-1943, Kansas: University Press of Kansas, 2005. (ISBN 0700613536)
- (en) Gabriel Gorodetsky, Grand Delusion: Stalin and the German Invasion of Russia, Yale Press, 1999.
- (en) Joachim Hoffmann, Stalin's War of Extermination, 1995 (German: "Stalins Vernichtungskrieg"; an account by a German revisionist who favours the argument that Hitler anticipated a Soviet attack, commonly used by the Nazis to justify "Operation Barbarossa")
- (en) Robert Kershaw, War Without Garlands: Operation Barbarossa, 1941/42, Shepperton: Ian Allan, 2000. (ISBN 071102734X)
- (en) Robert Kirchubel, Operation Barbarossa 1941 (1): Army Group South, Osprey, 2003. (ISBN 1841766976)
- (en) Robert Kirchubel, Operation Barbarossa 1941 (2): Army Group North, Osprey, 2005. (ISBN 184176857X)
- (en) David Murphy, What Stalin Knew: The Enigma of Barbarossa, Yale Press: 2005. (ISBN 0300107803)
- (en) Constantine Pleshakov, Stalin's Folly: The Tragic First Ten Days of World War Two on the Eastern Front, Houghton Mifflin: 2005. (ISBN 0618367012)
- (en) Laurence Rees, War of the Century: When Hitler Fought Stalin, New Press, 2000. (ISBN 1565845994)
- (en) Albert Weeks, Stalin's Other War: Soviet Grand Strategy, 1939-1941 Rowman & Littlefield Publishers, Inc, 2002. (ISBN 0742521915)
[modifier] Liens internes
- Front de l'Est
- Étapes marquantes de la Seconde Guerre mondiale :
- avant : Campagne des Balkans
- opération Barbarossa : bataille de Smolensk - bataille de Kiev
- après : Siège de Léningrad | bataille de Moscou
- Chronologie
[modifier] Liens externes
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1939: • Campagne de Pologne • Guerre d'Hiver
1940: • Campagne de Norvège • Bataille de France • Bataille d'Angleterre 1941: • Invasion de l'Union Soviétique • Bataille de Moscou • Attaque sur Pearl Harbor 1942: Bataille de Midway • Bataille de Stalingrad • Seconde bataille d'El Alamein 1943: Bataille de Koursk • Bataille de Guadalcanal • Campagne d'Italie 1944: Bataille du golfe de Leyte • Bataille de Normandie • Opération Bagration 1945: Bataille d'Okinawa • Bataille de Berlin • Bombardements atomiques |
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