Dwight David Eisenhower
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Dwight David Eisenhower (1890 - 1969), surnommé « Ike », est le trente-quatrième président des États-Unis d'Amérique. Il est élu pour deux mandats de 1953 à 1961. Il a été précédemment général d’armée, Commandant en chef des forces alliées en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale.
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N° d’ordre | 34e président des États-Unis d'Amérique |
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Mandat | 20 janvier 1953 20 janvier 1961 |
Date et lieu de naissance |
14 octobre 1890 à Denison, Texas |
Date et lieu de décès |
28 mars 1969 |
Profession | Militaire |
Parti politique | Républicain |
Vice-président | Richard M. Nixon |
Processus électoral Résultats des élections Liste des Vice-présidents |
Sommaire |
[modifier] Biographie
Dwight D. Eisenhower naît le 14 octobre 1890 à Denison, dans l'État du Texas. Ses parents sont descendants d’immigrants originaires de Forbach installés aux États-Unis depuis le XVIIIe siècle. À 19 ans il obtient son diplôme de fin d’études secondaires et commence à travailler dans une laiterie car ses parents n’ont pas les ressources financières nécessaires pour l’envoyer à l’université. Son éducation est fondée sur les valeurs familiales de religion et de respect. C’est aussi à l’école qu’il aurait reçu le surnom de « Ike ».
[modifier] Carrière militaire
En 1911, Dwight Eisenhower, est admis à l’Académie militaire de West Point où il ne se distingue pas particulièrement par ses résultats scolaires. Sorti dans la moyenne de sa promotion ses premières affectations sont sans réel intérêt. Il est affecté à San Antonio où il se marie avec Mamie Doud.
Au Camp Meade, près de Washington, en 1920, promu au grade de major, il rejoint l’Infantry Tank School où il retrouve un officier du corps blindé : le colonel Georges S. Patton, par ailleurs grand joueur de bridge. Ensemble ils publient, comme de Gaulle, des articles préconisant l’utilisation des chars afin d’éviter une nouvelle guerre de tranchées. Ses idées ne sont pas appréciées par ses supérieurs et il est même menacé de passer en Cour martiale.
Il est ensuite affecté dans la zone du canal de Panama sous les ordres du général Fox Conner qui reconnaît sa valeur et l’inscrit à l’école de formation aux fonctions d’État-major d’où il sort premier de sa promotion ce qui lui vaut des affectations importantes auprès du général John Pershing puis du général Douglas MacArthur. En 1933, il accompagne ce dernier à Manille alors qu’il est conseiller militaire auprès du gouvernement philippin.
En 1939, Dwight Eisenhower revient aux États-Unis avec le grade de lieutenant-colonel. Il est chargé de l’entraînement des troupes et se distingue particulièrement par sa stratégie pendant les manœuvres auxquelles participent plus de 400 000 hommes. Il est promu au grade de général de brigade et retourne à Washington quelques jours après l’attaque sur Pearl Harbor pour être affecté à l’état-major sous les ordres du général Patton. On lui confie alors des missions d’importance bien qu’il n’ait aucune expérience en opérations ; il commande le débarquement de novembre 1942 en Afrique du Nord, l’opération Torch, où confronté aux divergences entre Britanniques et Américains, il fait preuve de tout son talent de conciliateur et de négociateur pour rapprocher les vues plutôt que de les opposer. Cette opération est aussi, en dépit du manque de moyens matériels, un précieux enseignement pour les débarquements qui ont suivi.
En 1942-1943, Dwight Eisenhower est chargé de l’invasion de la Sicile et de l’Italie, ce qui lui vaut l’obtention de sa quatrième étoile.
Lors de la conférence interalliée de Téhéran de novembre 1943, il a été décidé qu’un second front allié serait ouvert à l’Ouest. Les Américains fournissant la majorité des hommes et du matériel, le chef de l’opération serait donc américain. Le président Roosevelt ne pouvant se passer de son conseiller militaire, le général George Marshall, c’est tout naturellement qu’Eisenhower est choisi pour cette mission.
À la tête du SHAEF (Supreme Headquarter Allied Expeditionary Force), Eisenhower planifie l’Opération Overlord et commande la plus importante force d’invasion de tous les temps. Souvent remis en cause par les Britanniques mais soutenu par Marshall, Eisenhower, par son calme, sa finesse psychologique répond parfaitement aux caractères forts que sont Montgomery, Patton et le général de Gaulle. Face à l’opiniâtreté du Général qui défend la souveraineté politique de la France, Eisenhower renonce à la mise en place de l’AMGOT et autorise même la 2e DB du général Leclerc à entrer dans Paris en août 1944. Moins d’un an plus tard, Eisenhower atteint le but fixé : obtenir la capitulation sans condition de l’Allemagne.
Au lendemain de la guerre, Eisenhower succède à Marshall à la tête de l’état-major de l’armée, poste qu’il quitte en 1948 pour devenir président de l’Université de Columbia. Il garde toutefois le contact avec l’état-major où il intervient en tant que conseiller. En 1950 le président Truman le nomme commandant suprême de l’OTAN.
[modifier] Campagne électorale
D. Eisenhower ne s’était jamais intéressé à la politique au point de n’avoir jamais même voté. Le président Truman, qui doute de pouvoir être réélu en 1948, lui offre alors une opportunité incroyable, celle d’être le candidat du Parti démocrate à la présidence avec Truman comme candidat à la vice-présidence. D. Eisenhower refuse et Truman est réélu de justesse.
Pour les élections de 1952, c’est le Parti républicain qui cette fois propose à D. Eisenhower de devenir candidat. Il entame une campagne électorale qui le conduisit à travers quarante-cinq États. Ses discours cherchent à rassurer les Américains et sa stratégie consiste à ne jamais mentionner le nom de son adversaire, mais à attaquer le bilan de son prédécesseur. Sa plate-forme tourne autour de trois thèmes : mettre fin à la corruption qui règne à Washington, en terminer avec la guerre de Corée et faire face à la subversion communiste.
La campagne électorale ne se passe toutefois pas sans heurts. D. Eisenhower a choisi comme candidat à la vice-présidence Richard M. Nixon, qui est accusé d’avoir détourné des fonds à son profit. Il s’en tira grâce à un discours très émotionnel où il jura que, quelque en soient les conséquences, il ne forcerait pas sa fille à abandonner son chiot, un cadeau reçu pendant la campagne. D. Eisenhower, de son côté, a quelques ennuis en raison du soutien du Sénateur McCarthy, qui affirme que de nombreux postes gouvernementaux sont infiltrés par les communistes.
D. Eisenhower fut élu avec une majorité confortable de 55% et son mandat débute en janvier 1953.
[modifier] Présidence
[modifier] 1953
- 20 janvier : Installation de Dwight D. Eisenhower en tant que trente-quatrième président des États-Unis d’Amérique.
- 1er avril : création du ministère de la santé, de l’éducation et de l’assistance sociale.
- 22 mai : Eisenhower signe la loi « sur les terres submergées » qui donne au gouvernement fédéral l’autorité sur les ressources économiques des eaux territoriales. C’est cette loi qui permet au gouvernement, et non aux États, d’attribuer des concessions d’exploitation de plates-formes pétrolières.
- 26 juillet : Eisenhower annonce la conclusion d’un armistice en Corée et la partition du pays en deux zones séparées par le 38e parallèle.
- 1er août : Eisenhower propose l’élargissement de la loi sur l’assurance maladie.
- 7 août : Eisenhower signe une loi permettant d’admettre 241 000 réfugiés en plus du quota normal d’immigration.
- 8 octobre : Eisenhower annonce que l’URSS a fait détonner une bombe H.
- 8 décembre : Eisenhower, dans un discours prononcé aux Nations unies, fait des propositions sur l’utilisation du nucléaire à des fins pacifiques ce qui donna naissance à l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique (AIEA) basée à Vienne.
[modifier] 1954
- 23 avril – 17 juin : le sénateur McCarthy préside la commission destinée à éliminer les sympathisants communistes des forces armées.
- avril – 21 juillet : les États-Unis refusent d’intervenir dans le conflit vietnamien. La France se rend à Dien-Bien-Phu le 7 mai et la conférence de Genève entérine la partition du pays en deux zones.
- 13 mai : Eisenhower signe un accord américano-canadien pour ouvrir une voie maritime entre la région des Grands Lacs et l’océan Atlantique en passant par le Saint-Laurent. Elle fut inaugurée le 25 avril 1959.
[modifier] 1955
- 16 mars : Eisenhower déclare que les États-Unis sont prêts à utiliser l’arme atomique en cas de conflit avec la Chine communiste.
- 21 juillet : Eisenhower participe à la première conférence des grandes puissances, États-Unis, France, Royaume-Uni et URSS à Genève. Il propose un droit de survol des installations militaires afin de promouvoir une confiance réciproque.
- 24 septembre : Eisenhower est victime d’une crise cardiaque.
[modifier] 1956
- 29 février : Eisenhower annonce sa candidature à un second mandat présidentiel. Il tente en vain de convaincre Richard Nixon, son vice-président, de renoncer à être candidat.
- 31 mai : Eisenhower approuve le survol du territoire de l’URSS par des avions-espion U-2.
- 29 juin : Eisenhower signe une loi permettant au gouvernement fédéral de créer un réseau d’autoroute entre les États. En principe ce réseau est destiné à la défense nationale.
- 1er novembre : Eisenhower met fin à la loi qui oblige les afro-américians à laisser leur place aux blancs.
- 6 novembre : Eisenhower bat le candidat démocrate Adlai Stevenson avec plus de 9 millions de voix d’avance. Les démocrates restent majoritaires au sein du Congrès.
[modifier] 1957
- 5 janvier : Eisenhower définit sa politique vis à vis du Moyen-Orient : la « Eisenhower Doctrine » accordant un soutien économique aux États opposés à l’expansion des régimes communistes.
- 20 janvier : Installation de David D. Eisenhower pour un second mandat.
- 9 septembre : Eisenhower signe une loi sur les « droits civiques », la première depuis la loi d’émancipation signée par Lincoln.
- 25 novembre : Eisenhower est victime d’une deuxième crise cardiaque
[modifier] 1958
- 31 janvier : les États-Unis lancent leur premier satellite Explorer 1.
- 2 avril : Eisenhower propose une agence civile spatiale ; il signa la loi créant la NASA le 29 juillet suivant.
[modifier] 1959
- 3 janvier : l’Alaska devient le quarante-neuvième État de l’Union.
- 21 août : Hawaii devient le cinquantième État de l’Union.
- 15 – 27 septembre : le président Khrouchtchev effectue une visite officielle aux États-Unis.
[modifier] 1960
- 1er mai : un avion-espion U2 est abattu alors qu’il survole l’URSS entraînant l’annulation de la réunion des grandes puissances prévue à Paris deux semaines plus tard.
- 8 novembre : John F. Kennedy, candidat du Parti démocrate gagne les élections présidentielles contre le vice-président Richard Nixon.
[modifier] 1961
- 17 janvier : Allocution de fin de mandat du président. Ce discours resta célèbre en raison de la mise en garde formulée par Eisenhower contre le "complexe militaro-industriel".
[modifier] Politique extérieure
Sur le plan extérieur, une politique de fermeté est appliquée afin de faire reculer la zone d’influence soviétique ; pour Eisenhower, il n’est pas question d’envisager une quelconque croisade armée mais surtout d’être dissuasif. Ceci se traduit par le lancement d’un programme de dissuasion nucléaire, en principe destiné à éviter une nouvelle confrontation.
La mort de Staline en 1953 modifie les relations Est-Ouest et l’heure est à la détente. Eisenhower met fin à la guerre de Corée et refuse de s’engager militairement aux côtés de la France en Indochine. La conséquence en est l’indépendance du Cambodge, du Laos et la séparation du Viêt Nam en deux parties qui entraîna, pour les États-Unis une guerre longue et difficile. L’heure est plutôt aux actions clandestines orchestrées par la CIA telles que le renversement du gouvernement gauchiste du Premier ministre d’Iran Mohammed Mossadegh en août 1953 et la prise du pouvoir par le Shah Mohammed Reza Pahlavi, celui du gouvernement de Jacobo Arbenz Guzman au Guatemala en juin 1954 et la tentative échouée en Indonésie en 1958. En 1956, l’intervention soviétique à Budapest et la crise de Suez rappellent que la guerre froide est loin d’être terminée.
En 1957, le lancement par l’URSS du satellite Spoutnik surprend le monde occidental. Eisenhower renforce alors la politique de défense et accélère le développement des missiles intercontinentaux et engage le pays dans un programme spatial très ambitieux.
1960 marque la rupture du dialogue avec Khrouchtchev en raison de l’affaire du U2 abattu sur le territoire soviétique. Cette même année, John F. Kennedy devient le nouveau président des États-Unis : l’heure du changement est arrivée.
[modifier] Politique intérieure
Sur le plan intérieur les mandats du président Eisenhower se caractérisent par une relative prospérité et la relance de l’économie de consommation après les années de guerre. C’est à lui que l’on doit les quelques 65 000 km d’autoroutes reliant les États entre eux qui ont un impact certain sur le mode de vie des Américains. On lui doit aussi certaines avancées dans le domaine social avec l’extension de l’assurance maladie, la retraite à 62 ans pour les femmes et l’accroissement des droits syndicaux.
L’un des problèmes les plus irritants était causé par le Sénateur McCarthy et sa lutte contre les supposées infiltrations communistes au sein du gouvernement. Bien qu’il n’ait jamais pu obtenir la moindre inculpation, il était aux yeux de certains Américains un rempart auto-proclamé contre l’avancée communiste. Eisenhower ne chercha jamais à le confronter directement mais il réussit à obtenir un vote de censure à son encontre en 1954 en utilisant à son avantage un nouveau moyen d’expression : la télévision. Julius et Ethel Rosenberg, accusés d’espionnage au profit de l’URSS et exécutés le 19 juin 1953 furent, indirectement, les victimes de la paranoïa anticommuniste.
[modifier] Immigration, droits civiques et minorités
La Seconde guerre mondiale et les impératifs de production ont permis aux minorités, les noirs en particulier, d’évaluer leur rôle dans la société américaine. Les revendications égalitaires commencent à apparaître en particulier dans le domaine de l’éducation. En mai 1954 une décision de la Cour suprême interdit la ségrégation dans les écoles publiques et en octobre 1955 une étudiante noire est admise dans une université d’un État du sud, l’Alabama. Les grands mouvements populaires commencent en décembre 1955 à Montgomery, Alabama et virent l’arrivée d’un organisateur charismatique Martin Luther King. Le vote des droits civiques ne se fit pas sans difficulté, un sénateur utilisa même son droit de parole pour faire un discours de vingt-quatre heures et vingt-sept minutes, un record, afin de retarder le vote du Sénat et Eisenhower dut faire intervenir l’armée pour obliger certaines écoles à s’ouvrir aux élèves noirs.
[modifier] Gouvernement fédéral et pouvoirs des états
La présidence d’Eisenhower marque un certain accroissement du pouvoir fédéral qui, par exemple, assoit son autorité sur les eaux territoriales. La création d’un ministère de l’éducation, de la santé et de l’assistance sociale permet de financer des projets fédéraux mais n’enlève que peu d’autorité aux États comme on peut le voir dans les difficultés du gouvernement à imposer la déségrégation dans les écoles.
[modifier] Retraite
En retraite, Eisenhower reste très sollicité et écrit ses mémoires. Il meurt le 28 mars 1969 au Walter Reed Army Hospital de Washington. Les dignitaires de 78 pays ainsi que des milliers d’anonymes rendirent hommage à cet homme exceptionnel qui avait marqué l’histoire du monde pendant près d’un quart de siècle.
[modifier] Anecdotes
D. Eisenhower vécut assez longtemps après la fin de son mandat pour voir l’élection de son vice-président Richard M. Nixon à la présidence et pour assister au mariage entre son petit-fils et Julie Nixon, fille du président.
D. Eisenhower a laissé des documents concernant la Seconde Guerre mondiale dans une fosse au cimetière américain de Colleville-sur-Mer. Elle ne sera ouverte selon ses souhaits qu'au matin du 6 juin 2044, date du 100e anniversaire du débarquement en Normandie.
[modifier] Famille
Son fils John (né en 1922) a été un diplomate américain, il occupa notamment des postes d’ambassadeur.
[modifier] Liens externes
- (en) Discours de fin de mandat
- Traduction française 2006 du discours d'adieu d'Eisenhower - complet -
- Autre traduction française du discours
- (en) Archives audio.
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1789 : Washington |
1841 : Tyler |
1877 : Hayes |
1913 : Wilson |
1969 : Nixon |
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