Prologue de l'évangile selon Jean
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
![]() |
Cet article est une ébauche à compléter concernant la religion, vous pouvez partager vos connaissances en le modifiant. |
Les dix-huit premiers versets de l'évangile selon Jean - ou Saint Jean - constituent une sorte de poème appelé Prologue. Fondement d'un certain nombre de dogmes, sa traduction, son interprétation voire son attribution ont animé et animent toujours des débats passionnés.
Sommaire |
[modifier] Le texte
En voici la traduction, selon la Traduction œcuménique de la Bible. Jn 1 1
1 Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu. 2 Il était au commencement tourné vers Dieu. 3 Tout fut par lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans lui. 4 En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes, 5 et la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point comprise.
6 Il y eut un homme, envoyé de Dieu; son nom était Jean. 7 Il vint en témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient par lui. 8 Il n'était pas la lumière, mais il devait rendre témoignage à la lumière, 9 le Verbe était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme. 10 Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l'a pas reconnu. 11 Il est venu dans son propre bien et les siens ne l'ont pas accueilli. 12 Mais à ceux qui l'ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. 13 Ceux-là ne sont pas nés du sang, ni d'un vouloir de chair ni d'un vouloir d'homme, mais de Dieu.
14 Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire, cette gloire que, Fils unique plein de grâce et de vérité, il tient du Père. 15 Jean lui rend témoignage et proclame: «Voici celui dont j'ai dit: après moi vient un homme qui m'a devancé, parce que, avant moi, il était». 16 De sa plénitude en effet, tous, nous avons reçu, et grâce sur grâce. 17 Si la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. 18 Personne n'a jamais vu Dieu; Dieu Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l'a dévoilé.
[modifier] Commentaire
Ce prologue, écrit dans un langage poétique très solennel, répond au début du Livre de la Genèse : « Au commencement Dieu créa le Ciel et la Terre ».
A ce commencement ultime, répond le retour final du Fils à la droite du Père (Jn 1,18), dans la gloire. On retrouve quelque analogie dans la Sagesse personnifiée qui était au commencement « avec Dieu » lors de la création du monde et qui habita chez les hommes lorsque la Loi fut révélée à Moïse[1].
[modifier] Étude du prologue par les pères de l'Église
Saint Augustin dans les Homélies sur l'Evangile de Jean va s'attacher à démontrer la fausseté des théories ariennes en montrant que c'est Dieu-Trinité qui crée le monde : car « le Verbe était Dieu ». Pour celui-ci, Le terme verbe, traduit mieux le grec λόγος (logos) que le terme raison (ratio), car le verbe signifie le rapport entre Dieu et les créatures (Livre des 83 questions).
Selon Saint Basile, le Verbe dont il est question ici, n'est pas humain (puisque l'homme est la dernière des créature), mais est le Fils unique (hom. sur ces par.).
Pour Jean Chrysostome, cette idée de Verbe permet de détruire l'idée d'un rapport charnel entre Dieu et le Fils Unique, engendré de manière incorruptible.
saint Thomas d'Aquin s'est, lui aussi, longuement penché sur ce passage de l'évangile de saint Jean, en particulier Catena in Ioannem.
[modifier] Particularité du texte
Le regard « dans le principe » de ce Prologue est très différent du « livre des générations » qu'offre saint Matthieu au début de son Evangile. C'est pour cette raison que, parmi les Quatre vivants montré dans l'Apocalypse, c'est l'ange à figure humaine qui est lié symboliquement avec Matthieu, tandis que Jean est l'aigle, au vol élevé et surtout, seul animal qui puisse regarder, disait-on, le soleil en face sans être ébloui.
La messe « tridentine » se conclut par la lecture du « dernier évangile », qui n'est autre que ce Prologue johannique. Au moment où le prêtre prononce « Et Verbum caro factum est », le prêtre et les fidèles font une génuflexion. Cette lecture a été supprimée dans la réforme liturgique du rite romain par Paul VI en 1970.
[modifier] controverse sur l'origine du texte
Il est généralement admis[réf. nécessaire] que cet évangile a été rédigé directement en grec sémitique, dit koinè. Quelques-uns penchent pour l'araméen[réf. nécessaire]. D'autres, enfin, prétendent démontrer qu'il a été conçu en hébreu, dont Bernard Dubourg.
[modifier] La thèse de Dubourg
Celui-ci écrit : " Le « commencement », le « verbe » et le « dieu » dont il est question ici ne sont nullement ceux de Platon, d'Aristote, des Stoïciens, de Philon ou de Plotin ; ils ne doivent rien à Héraclite ou aux Mystères et à leurs synchrétismes ; ils ne sont que le résultat, à la fois littéral et somme toute dérisoire, d'une transposition en langue indo-européenne d'un original originalement hébraïque" (IDJ, t. 1, p. 169). On donnera plus loin certains de ses arguments.
[modifier] Versets 1-2
Au commencement était le Verbe ; le Verbe était avec Dieu, il était Dieu. Il était avec Dieu au Commencement."
Ces versets rappellent évidemment le premier verset de la Genèse : "Au commencement Dieu créa le Ciel et la Terre".
« Au commencement » est la traduction la plus commune du premier mot de la Torah, Bereshit, rendu par le En arkhe grec, puis par le In principio latin. Mais Bereshit signifie aussi « dans le principe », « en offrande première », « en tête et en compte » et « en premier choix ».
Bernard Dubourg propose une version hébraïque de Jean 1, 1 et 2, qui se déduirait par procédés midrashiques (Gematria, Notarikon et Temura) du verset Genèse 1,1. En particulier la valeur guématrique est commune et égale à 2701, soit 1+2+...+73, soit encore 37 fois 73, ce qui a diverses significations midrashiques. Par exemple, on peut noter que 37 est la guématrie par rang de hokmah, la sagesse ; et 73, sa guématrie classique ; ce qui signifie — pour le moins — que la Sagesse était présente « au commencement ».
[modifier] Le Verbe s'est fait Chair (verset 14)
S. AUG. (De la Trin., 15, 11) :
- « De même que notre Verbe ou notre parole devient en quelque sorte la voix du corps en s'unissant à elle pour se manifester aux sens des hommes, ainsi le Verbe de Dieu s'est fait chair, en s'unissant à elle pour se manifester aussi aux hommes ; notre parole devient voix, mais elle n'est pas changée en voix ; ainsi le Verbe de Dieu s'est fait chair, mais loin de nous la pensée qu'il ait été changé en chair. Il s'est uni à la chair, mais il ne s'est pas transformé en chair, il s'est fait chair comme notre parole se fait voix. »
Pour la Translittération de l'alphabet hébreu utilisée dans ce paragraphe, voir Guématries remarquables.
Le Logos traduit ici Davar (DBR). Or ce Davar, qui signifie aussi bien "Parole" que "Chose", a pour gématrie par rang 26, comme YHWH, et pour gématrie classique 206.
En hébreu, le davar, DBR, le Verbe, et la Chair bassar, BSR, s'échangent par gématrie et temura combinées : DBR, valeur 26 devient, par transformation "AT-BS" At-Bash, QSG, valeur 19 + 21 + 3 = 43. Et BSR, valeur 43, devient SBG, valeur 21 + 2 + 3 = 26. Une traduction "Le Verbe est la Chair" rendrait mieux cette correspondance que le traditionnel "s'est fait Chair".
La Kabbale autorise la suppression des zéros dans les calculs gématriques. Alors davar DBR s'identifie à YHWH; bassar, BSR, s'identifie alors par sa gématrie classique réduite par suppression du zéro à 52 à ben, BN, le Fils, aussi bien qu' à mashia'h, MSYE, le Messie; et la somme de davar et bassar, 708, se réduit alors à 78, qui est la gématrie classique de lehem, LEM, le pain - c'est-à-dire le corps du Christ -, et la gématrie par rang de ruah qadès, RWE QDS, (20 + 6 + 8 + 19 + 4 + 21), le Saint-Esprit.
La somme des gématries classiques de davar et bassar, DBR et BSR, 206+502=708, est aussi la "gématrie mystique" ( voir Gematria) de Beny Elohim, BNY ALHYM, (62 +646), les Fils de Dieu, entre autres.
[modifier] Annexes
[modifier] Notes et références
Certaines informations sont issues de l'article Prologue de Saint-Jean dans sa version du 6 décembre 2005, sur WikiKto
- ↑ cf. en particulier Siracide 24 et Sagesse 9
[modifier] Bibliographie
- Thomas d'Aquin, Commentaire sur l'Évangile de saint Jean, I, Le Prologue – La vie apostolique du Christ,Préface par M.-D. Philippe, o.p. – Traduction et notes sous sa direction
- Thomas d'Aquin ,Catena in Ioannem (Chaîne d'or sur l'Évangile selon Saint Jean) Catena in Joannem sur le site docteur angélique
- Maître Eckhart, Le Commentaire de l'Évangile selon Jean : Le Prologue, chap. 1, 1-18
- Bernard Dubourg, Recherche sous Jean I, 1-2 (paru dans L'Infini, Paris, Denoël, 1985, et repris dans L'Invention de Jésus I, publié par les éditions Gallimard, dans la collection L'Infini)