Václav Klaus
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Václav Klaus (prononcé "Vaatslav Klaos"), né le 19 juin 1941, est le second Président et un ex-Premier ministre d'une République Tchèque libérée du joug communiste en 1989. Il fut l'un des hommes politiques les plus marquants de cette période, en particulier après la scission d'avec la Slovaquie (1993); reflétant son électorat, il en reste un des plus populaires.
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[modifier] Enfance et études
Klaus, né à Prague, dans le quartier de Vinohrady, sort diplômé de l'École supérieure d'économie de Prague en 1963, et poursuit ses études en Italie (1966) et aux États-Unis (1969). Il rentre ensuite, volontairement, en pleine "normalisation" communiste consécutive à l'occupation soviétique de 1968, à l'Institut d'économie de l'Académie des Sciences tchécoslovaque (institut d'état), qu'il quitte pour rentrer à la Banque d'État de Tchécoslovaquie en 1970, plus particulièrement chargé du secteur stratégique des devises "dures". Il rejoint en 1987 l'Institut des prédictions de l'Académie des Sciences de Tchécoslovaquie, institut d'état aux tendances politiques prétendument "réformatrices". En 1995 son alma mater (l'école supérieure d'économie de Prague) lui décerne le titre de Professeur de Finance, que ses nombreux admirateurs lui prodiguent profusément.
Il n'est néanmoins pas inutile de rappeler que seuls les personnes (au minimum) "approuvées" par le régime communiste pouvaient, avant 1989, obtenir l'accès aux études (surtout à l'étranger) ou aux professions sensibles, à fortiori à celle d'économiste spécialisé dans les devises dures.
[modifier] Carrière politique
Václav Klaus entre en politique peu après la Révolution de velours que connut la Tchécoslovaquie en 1989. En tant que membre - très récent - du Forum civique, qui manquait cruellement de technocrates aux relations tentaculaires, il est nommé ministre fédéral des finances de la Tchécoslovaquie. En avril 1991, il devient membre fondateur du Parti démocratique civique (ODS, Občanská demokratická strana), le plus puissant et le plus à droite des partis issus du Forum Civique d'une part, et de l'ancienne élite communiste reconvertie dans les affaires, de l'autre. Il restera président de l'ODS jusqu'à l'automne 2002.
En juin 1992, l'ODS gagne les élections en République tchèque avec un programme réformateur alors qu'en Slovaquie c'est le parti nationaliste HZDS (Hnutie za demokratické Slovensko, mouvement pour une Slovaquie démocratique) de Vladimír Mečiar, ancien boxeur et membre important de la StB. La Fédération entre la République tchèque et la Slovaquie ne survit pas aux divergences politiques et les deux chefs de gouvernements s'accordent, sans consultation populaire, sur la fin de la Fédération et le partage de ses avoirs. Klaus et Mečiar créent un gouvernement fédéral provisoire qui doit se charger de diviser le pays, ce qui survient, malgré l'opposition farouche du président de l'époque Vaclav Havel, au premier janvier 1993.
Klaus reste à son poste de Premier ministre dans la nouvelle Tchéquie après la scission du pays et se voit réélu en 1996, même si l'ODS subit une perte d'influence au Parlement et que le gouvernement éprouve de plus en plus de difficultés à régler les problèmes économiques. À l'automne 1997, Klaus et son gouvernement doivent démissionner, officiellement suite au scandale du financement de l'ODS.
L'enthousiasme affiché de Václav Klaus pour l'économie de marché théorisée par Friedrich Hayek ou Milton Friedman, son admiration dithyrambique pour l'application qu'en ont fait Margaret Thatcher, Ronald Reagan ou George H. W. Bush est souvent critiquée même par les tenants de cette idéologie, qui "regrettent" entre autres son manque d'intérêt pour la mise en place d'un cadre légal, notamment en ce qui concerne la lutte contre la corruption: parmi les nombreuses citations de Klaus, l'on relèvera ainsi l'exemplaire "je ne connais pas d'argent qui soit sale".
L'ODS perd les élections législatives en 1998 et Miloš Zeman, président du parti social-démocrate tchèque (ČSSD) remplace Klaus au poste de Premier ministre. Le ČSSD est cependant minoritaire, et, pour gouverner, doit passer un "accord d'opposition" (sic) avec l'ODS. Klaus devient ainsi président de la Chambre basse du Parlement (Poslanecká sněmovna), et les opérations "mains propres" précédemment promises par Zeman passent à la trappe..
Aux élections de juin 2002, l'ODS est encore battu. Après avoir tergiversé, Klaus démissionne de son poste de président de l'ODS, probablement "aidé" par les caciques d'un parti qui vient d'essuyer plusieurs défaites consécutives. En contrepartie, Klaus est élu à l'unanimité président d'honneur de l'ODS .
Après plus de cinq années passées dans l'opposition, Klaus est élu Président de la République tchèque par les deux Chambres du Parlement (et non au suffrage universel) le 28 février 2003, remplacant à ce poste Václav Havel qui fut l'un de ses plus ardents opposants depuis la scission de 1993. Cette élection fut particulièrement révelatrice car l'ODS ne disposait pas des voix suffisantes pour faire élire Klaus: mais après deux tours infructueux, Klaus reçut 142 voix sur 281. Le CSSD, majoritaire, miné par les rivalités, ne trouvait pas de candidat commun; avec l'aide du groupe communiste, qu'Havel avait ostracisé, de quelques dissidents du ČSSD et même d'éléments des chrétiens-démocrates de la KDU-ČSL, Klaus rassembla les voix nécessaires pour être élu.
[modifier] Critiques
Václav Klaus reste l'objet de nombreuses critiques; parmi les plus répandues, l'on peut citer son arrogance, son application ostentatoirement rigide de certains dogmes économiques, sa constante et active tolérance de la corruption, ses liens très étroits avec de nombreux anciens du Stb comme par exemple Vaclav Junek (actif en France dans les années 1980 avant de devenir membre du comité central du parti communiste), ainsi qu'un passé aux nombreuses zones d'ombre. Les positions plus qu'ambivalentes du Klaus d'après 1989 sur le communisme, à la fois dans l'histoire nationale et comme parti actuel, font également l'objet de critiques, et ce notamment de la part de la petite minorité de Tchèques que constitue les anciens dissidents. Le président a ainsi publié à ce propos des articles louant la « zone grise » de la majorité de la population (lui valant ainsi l'estime reconnaissante de celle-ci) et ses liens avec le communisme, tout en condamnant les dissidents comme Havel pour leur "condescendance"; dans un autre article, Václav Klaus se déclare « non communiste » mais pas anti-communiste, qualificatif qu'il rejette comme "facile et superficiel". Cela ne l'empêchera pas, chaque fois que cela lui sera utile, de dénoncer l'appartenance passée au parti communiste tchécoslovaque de certains de ces adversaires politiques, comme Pavel Telicka.[réf. nécessaire]
Ce dernier et les partisans de l'intégration européenne reprochent à Václav Klaus ses envolées europhobes et sa recherche de la satisfaction facile de l'électorat, ce aux dépens d'un projet à long terme pour la République tchèque. Václav Klaus a particulièrement marqué sa différence lors de l'adhésion de la République tchèque à l'Union européenne le 1er mai 2004 en bannissant le drapeau européen du château présidentiel. Il a également multiplié les déclarations contre la Constitution européenne.
Les déclarations de Klaus qualifiant de "centre de réhabilitation par le travail" un camp de concentration tchèque - actuellement le site d'une porcherie - destiné, pendant la Seconde Guerre mondiale, à la population tzigane ("Roma"), ou ses propos dérogatoires sur les organisations non-gouvernementales, continuent à alimenter la polémique. Du côté de ses partisans, à savoir la même majorité mentionnée plus haut, on juge au contraire que Klaus est l'un des rares hommes politiques tchèques de la décennie passée à posséder les capacités intellectuelles et le "dévouement" nécessaire pour en faire un homme d'État.
La popularité de Klaus dans les sondages d'opinion connut une croissance supplémentaire pendant le premier semestre de 2003, non seulement grâce aux prises de position mentionnées ci-dessus, mais aussi à cause de son opposition affichée à l'invasion de l'Irak et de ses critiques virulentes envers l'intégration européenne.
[modifier] Vie personnelle
Václav Klaus est marié à Livia Klausová, une économiste siègeant au directoire de nombreuses sociétés souvent privatisées par le gouvernement de son mari après la "révolution de velours"; il a deux fils.
Pour l'anecdote: Klaus fut le premier à rompre la tradition de la Coupe Stanley remportée par les vainqueurs du championnat de hockey sur glace professionnel de la NHL en Amérique du Nord, très suivi en république tchèque. Selon cette tradition, seuls les joueurs ayant gagné cette coupe peuvent la brandir, mais le 26 juillet 2004, des joueurs tchèques de l'équipe des Tampa Bay Lightning apportèrent la Coupe au château présidentiel de Prague.