Autodafé
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Un autodafé (du portugais auto da fé , qui est auto de fé aujourd'hui, venu du latin actus fidei - acte de foi) consistait, à l'origine, à brûler des livres considérés comme païens, blasphématoires ou immoraux (mesure qu'aurait pratiqué Saint Paul). Puis, au Moyen Âge, il devint la proclamation solennelle d'un jugement prononcé par la Sainte Inquisition et dont l'exécution conduisait le coupable à sa destruction, mort ou vif, par le feu.
Sommaire |
[modifier] Savonarole
Le dominicain Jérôme Savonarole a organisé un autodafé appelé bûcher des Vanités, en 1497 à Florence, où les habitants durent apporter bijoux, cosmétiques, miroirs, livres immoraux, robes trop décolletées ou richement décorées, images licencieuses, etc.
[modifier] Péninsule ibérique et Inquisition
Il importe de lever un malentendu trop souvent répandu. En aucun cas l'Inquisition et les autodafés ne concernèrent les Juifs en tant que tels. L'objet des tribunaux inquisitoriaux était très précis: il s'agissait de rechercher parmi les Juifs convertis au catholicisme (appelés "conversos", ou encore "nouveaux-chrétiens"), ceux qui ne s'étaient convertis que par intérêt (car le statut de chrétien donnait de grands avantages) tout en continuant en fait à pratiquer le judaïsme en secret. Car ces conversions de façade avaient tendance à se répandre, déclenchant l'animosité populaire (troubles de Tolède et Cordoue en 1449, de Ségovie en 1474), mais également les protestations des Juifs sincèrement convertis au christianisme, qui voient l'attitude de ceux qui sont faussement convertis jeter le discrédit sur l'ensemble des "nouveaux-chrétiens". C'est pour cette raison que l'on trouvera de nombreux Juifs convertis parmi les promoteurs de l'Inquisition.
Ainsi en 1499, l'inquisiteur Diego Rodrigues Lucero condamna à être brûlés vifs 107 juifs «convertis», convaincus d'être en réalité restés fidèles à leur ancienne religion. Ce fut un des plus meurtriers autodafés du pays. Au Portugal, il n'y eut pas d'autodafé avant 1540 (quatre ans après la création de l'Inquisition portugaise) mais durant les 40 ans qui suivirent, il y en eut environ 40, avec, précisons-le, "seulement" 170 condamnations au bûcher parmi les 2500 condamnations prononcées. Par la suite (1580), Philippe II d'Espagne envahit le Portugal: conformément à la précision apportée plus haut, le Roi garantit aux Juifs qu'ils pourraient continuer à pratiquer leur religion... Mais pour ceux qui se convertissent, qu'ils le fassent sincèrement, à moins de faire l'objet des rigueurs nécessaires! Et de fait, en vingt ans, 3200 condamnations (dont, ici encore, "seulement" 160 au bûcher) seront prononcées. Les autodafés continueront dans la Péninsule Ibérique pendant tout le Moyen Âge et jusqu'au XVIIe siècle.
L'exécution des accusés ne faisait pas partie de l'auto da fé et avait lieu à une cérémonie ultérieure, normalement à l'extérieur de la ville, où la pompe de la procession principale était absente. Les principaux éléments de la cérémonie étaient la procession, la messe, le sermon à la messe et la réconciliation des pécheurs. Il serait faux de supposer, comme il l'est souvent fait, que les exécutions étaient au centre de l'événement[1], bien que certains auteurs, tels que Voltaire dans son conte philosophique Candide, répandront l'idée contraire.
[modifier] Nazisme
Par analogie des méthodes, ce terme fut employé pour désigner la destruction par le feu que les nazis appliquèrent aux ouvrages dissidents ou dont les auteurs étaient Juifs.
Le premier autodafé nazi eut lieu le 10 mai 1933 à Berlin et fut suivi par d'autres à Brême, à Dresde, à Francfort-sur-le-Main, à Hanovre, à Munich et à Nuremberg. Furent ainsi condamnés au feu les ouvrages, entre autres, de Bertolt Brecht, d'Alfred Döblin, de Lion Feuchtwanger, de Sigmund Freud, d'Erich Kästner, d'Heinrich Mann, de Karl Marx, de Carl von Ossietzky, d'Erich Maria Remarque, de Kurt Tucholsky, de Franz Werfel, d'Arnold Zweig et de Stefan Zweig.
[modifier] Histoire récente
Plus récemment, en 1995, on a parlé d'autodafé quand le cardinal de Nairobi, Monseigneur Maurice Otunga, a brûlé, en août, des boîtes de préservatifs en compagnie de l'imam de Jamia. Le 31 août, il récidive devant 250 fidèles : aux boîtes de préservatifs viennent se joindre de petits livres sur le SIDA et les moyens de s'en protéger.
[modifier] Voir aussi
- L'Autodafé, texte de Blaise Pascal.
- Autodafé, titre français d'un romain d'Elias Canetti.
- Fahrenheit 451, roman de Ray Bradbury, adapté au cinéma par François Truffaut.
- La scène de l'autodafé (chapitre sixième) dans Candide, de Voltaire.
[modifier] Sources
- ↑ Henry Kamen, The Spanish Inquisition : An Historical Revision, 2000, Orion Publishing Group, p. 211.