Bonsaï
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Un bonsaï [bɔ̃.'zaj] (du japonais 盆栽, bonsai, parfois orthographié à tort "bonzaï") est un arbre ou une plante dans un pot. Ce mot signifie littéralement une plante (généralement un arbre ou un arbuste) cultivé sur un plateau ou dans un pot (盆 bon signifiant coupe ou plateau et 栽 sai, plante). Cet arbre est miniaturisé en taillant et ligaturant ses branches et ses feuilles. On le rempote régulièrement afin de tailler ses racines à l'intérieur et à la surface du pot (le nebari), afin d'en faire une œuvre d'art esthétique ressemblant à un arbre dans la nature. Le mot bonsai est prononcé [bon̩sai] en japonais. En français, on prononce cependant /bɔ̃.'zaj/ ou /bɔ̃.'dzaj/.
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[modifier] Historique
La culture des plantes en pots commence en Égypte il y a environ 4 000 ans, essentiellement pour des raisons pratiques, d'utilité et de mobilité. Les Grecs, Babyloniens, Perses et Indiens copièrent la technique. Les Chinois furent les premiers à cultiver des arbres en pot dans un but esthétique, à l'ère de la dynastie des Han (-206 à 220). À cette époque on ne parlait pas encore de bonsaï mais de pénjǐng 盆景 (représentation d'un paysage dans une coupe). Peu après, sous la dynastie Qin (220 - 581) apparaissent les 盆栽 pénzāi (arbre unique dans une coupe).
Pour preuve de l'existence de cet art à cet époque, des archéologues ont découvert, en 1971, dans la tombe du prince Zhang Huai décédé en 705, sous la dynastie Tang (618 à 907), une fresque peinte sur les parois de sa tombe. Celle-ci représente deux valets portant, l'un un paysage en miniature et l'autre un vase en forme de lotus contenant un arbre avec des feuilles vertes et des fruits rouges.
La codification des bonsaï la plus connue en Occident est celle du Japon.
L'art du bonsaï gagna le Japon aux environs des VIe et VIIe siècles avec les moines, qui amenèrent aussi le bouddhisme. Cet événement est confirmé par le célèbre rouleau du moine bouddhiste Honen Shonin de la période Kamakura (1192 à 1333), la représentation de petits arbres alignés dans des coupes. Or il faut savoir que les œuvres de ce moine retracent surtout la vie à la période Heian (794 à 1191). On peut donc raisonnablement en conclure que cet art apparut au Japon au plus tard en l'an 800.
Sous la dynastie Yuan (1279 à 1368), des ministres et des marchands japonais vont ramener des arbres dans leur pays. Cependant cet art ne sera réellement intégré au Japon que lorsqu'un fonctionnaire chinois, Chu Shun-sui, fuyant la domination mandchoue en 1644, emportera sa collection avec lui. Il initiera ainsi quelques Japonais à la culture des futurs arbres en pot appelés bonsaï.
Pendant longtemps les bonsaï furent réservés aux classes dominantes, féodales et religieuses, appréciant surtout les bonsaï colorés. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas et bon nombre de Japonais s'adonnent à la culture du bonsaï, renouant ainsi avec les traditions ancestrales.
La première exposition nationale de bonsaï à Tōkyō date de 1914. La culture du bonsaï n'a été reconnue comme art au Japon qu'en 1934. Depuis lors une exposition annuelle se déroule au musée d'Art de la capitale.
En Europe, le bonsaï a été introduit pour la première fois, lors de la troisième exposition universelle de Paris en 1878, puis dans une exposition privée en 1909 à Londres. La première allusion aux bonsaï a été faite par Paul Sédille dans la Gazette des Beaux-Arts de septembre 1878.
En 1902, Albert Maumené publiait le premier essai sur les bonsaï : Formation des arbres nains japonais.
En 1904, une approche un peu plus sérieuse était faite par Henri Coupin. On peut constater sur ces documents d'archives que les bonsaï avaient des formes absolument différentes des bonsaï modernes. Leur codification actuelle date d'après la dernière guerre mondiale et a été principalement répandue par John Naka.
Bien que cette forme de culture d'arbre en pot existait déjà au Moyen Âge dans nos régions (cf. les orangeraies), on n'avait encore jamais tenté de recréer la nature à si petite échelle. Il n'y a d'ailleurs que de lointains rapports entre les deux types de cultures. On ne peut pas non plus voir le bonsaï comme un art topiaire bien que les bonsaï vietnamiens principalement aient à une époque présenté des formes animalières guidées par des fils.
Aux États-Unis, lors de et après la Seconde Guerre mondiale, des bonsaï sont importés massivement du Japon. À partir de 1965, les bonsaï seront importés en grande quantité en Europe par Gerritt Lodder aux Pays-Bas puis par P. Lesniewicz en Allemagne. Il faudra attendre quelques années pour voir le bonsaï faire une apparition timide en France, où il connaîtra un engouement marqué, au milieu des années 1980.
[modifier] Classification
[modifier] Les dimensions
Les bonsaï sont habituellement regroupés en trois catégories concernant leur dimensions, de nombreux noms japonais distinguent avec précision les différents paliers, mais on compte souvent « le nombre de mains » qu’il faut pour porter le bonsaï, ainsi :
- Mame ou Shôhin : bonsaï à une main, de 5 à 15 cm, souvent très fascinant pour l’amateur, on parle souvent de “mini-bonsaï”. Cette taille restreint de manière importante le nombre de variétés qui sont susceptible d’être travaillé en mame, de trop grandes feuilles qui seraient difficilement réductible donneraient à l’arbre une disproportion inesthétique (quelques variétés répandues : Buxus, Lonicera nitida, Acer palmatum, Pinus pentaphylla, Ulmus parvifolia, Juniperus chinensis, et Serissa, Carmona, Portulacaria).
La culture est plus délicate que pour un arbre plus grand, le pot à bonsaï étant de petite taille, la terre va s’assécher très rapidement et demande un soin constant, en été par exemple où il nécessite plusieurs arrosages par jour.
- Kotate-mochi ou Komono : bonsaï à deux mains, de 15 à 60 cm jusqu’à 30 cm, puis chùmono jusqu’à 60 cm est sans doute le plus répandu chez les amateurs, sa taille permet de travailler avec beaucoup plus de finesse la structure et la ramification de l’arbre et ainsi donne plus de liberté créatrice au bonsailliste. À peu près toutes les variétés conviennent à cette catégorie.
- Ômono: bonsaï à quatre mains (il faut en effet deux personnes pour porter ces grands bonsaï), de 60 cm à 1.20 m voire plus, était autrefois au Japon un signe de la prospérité du propriétaire, aujourd’hui, il reste un bonsaï imposant et souvent vénérable par son âge.
[modifier] Les styles
Les bonsaï que l’on voit dans la grande distribution, de par leur mode de production possèdent un défaut majeur (outre les grosses plaies bien souvent indélébiles) : ils se ressemblent tous et ainsi nous aurions du mal à parler d’Art à propos de végétaux cultivés de manière non pas individuelle mais de masse. Pourtant il existe une classification de styles fondamentale que tout créateur de bonsaï ne peut ignorer (on peut tout de même transgresser les règles comme dans tout Art mais qu’après son assimilation).
Bien souvent un bonsaï fait partie de plusieurs styles distincts, il n’existe aucune loi rigide dans la création d’un bonsaï du point de vue esthétique.
La création des styles renvoie constamment aux formes des arbres dans la nature, les professionnels conseillent d’ailleurs de ne pas s’inspirer d’autres bonsaï pour leur création, mais directement des arbres dans la nature.
Ainsi le bonsaï ne cherche pas le mimétisme avec la nature, mais l’évocation en miniature de la puissance de l’arbre, il doit posséder l'essence d’un grand arbre.
Les styles ne sont pas classés par ordres d'importance, cela étant sujet à controverse, néanmoins, les premiers styles sont les plus courants.
- Chokkan
- Tronc droit formel. Très apprécié des puristes, la ligne que dessine le tronc est difficile à obtenir, il doit en effet être conique tout en restant parfaitement droit.
- Tachiki (ou Moyogi)
- Tronc droit informel. Le tronc révèle quelques courbes, il est parfois le résultat d’un Chokkan raté, néanmoins, l’arbre peut être très esthétique.
- Shakan
- Tronc incliné, comme penché par le vent.
- Kengai
- Tronc en cascade, il retombe en dessous du pot. De nombreux arbres poussant à flanc de montagnes donnent l’impression de “tomber dans le vide”.
- Han-Kengai
- Tronc en semi cascade, en général, le sommet de l’arbre le plus bas ne dépasse pas le bord du pot. On voit dans certains cas un autre sommet qui monte mais reste cependant assez bas.
- Bankan
- Tronc tortueux s’enroulant sur lui-même en torsade. C’est l’image populaire que les gens se font du bonsaï, en France du moins : “un arbre qui souffre”, il est vrai qu’il s’inspire des arbres qui ont eu des difficultés dans leur croissance.
- Bunjingi, style du “lettré”
- Ce style se distingue fortement par rapport aux autres, le tronc mince reste dénudé sur une grande partie avant de montrer quelques masses de feuillages uniquement dans la partie aérienne. L’ensemble donne une impression de légèreté et une grande élégance. Dans nos régions on peut le comparer aux pins sylvestres ou au pins laricio (pin de Corse).
- Hôkidachi
- En forme de balai, le tronc droit distribue tout le feuillage à partir du même point (situé au tiers ou à la moitié de l’arbre). Le feuillage se répand de part et d’autre dessinant un rond ou un ovale. Le Zelkova carpinifolia (ou Zelkova serrata) est l'arbre représentatif de ce style dans la nature, ainsi on le traite souvent ainsi en bonsaï, sa ramification fine met en valeur ce style en hiver.
- Fukinagashi
- Battu par le vent, à la différence du Shakan, les branches et le tronc expriment un même mouvement.
- Neagari
- Les racines sont exposées au dessus du niveau de terre.
- Sekijojû
- Les racines enserrent la roche avant de plonger dans la terre.
- Ishitsuki
- L'arbre (ou les arbres) est plantés dans la roche (celle-ci contient de la terre).
- Sabamiki
- Tronc fendu et déchiré.
- Sharimiki
- Tronc écorcé à la façon des arbres soumis à des catastrophes naturelles.
- Nejikan
- Le tronc partiellement tortueux, parfois enroulé sur lui-même comme le fait le grenadier dans certains cas.
- Takozukuri
- Le tronc et les branches sont sinueux.
- Bonkei ou Saikei
- paysages miniatures
[modifier] Troncs multiples
Nom donné en fonction du nombre de troncs : 1 : Tankan, 2 : Sokan, 3 : Sankan, 5 : Gokan, 7 : Nanakan, 9 : Kyukan, + de 9 : Tsukami-Yose. Les spécificités sont :
- Kabudachi
- Tronc groupés sur une racine.
- Kôrabuki
- Troncs groupés sur une souche en forme de carapace de tortue.
- Nestsunagari
- Plusieurs troncs sortent d’une racine sinueuse. Les ormes créent souvent cet aspect dans la nature.
- Ikadabuki
- Tronc en radeau, l’arbre, couché par terre crée de nouveaux troncs avec ses branches.
[modifier] Plantations de groupes
Nom donné en fonction du nombre d’arbres : 2 : Soju, 3 : Sambon Yose, 5 : Gohon Yose, 7 : Nanahon Yose, 9 : Kyuhon Yose , + de 9 : Yose-ue.
[modifier] Âge des bonsaï
Les bonsaï peuvent atteindre un âge très vénérable. Le plus vieux bonsaï connu serait un Pinus parviflora datant de l'an 1500 et toujours visible au Takagi Bonsai Museum de Tōkyō.
Au fil des années, les techniques ont évolué, ce qui permet à l'amateur de changer la hauteur et la direction de la croissance de l'arbre, et dans certains cas de nanifier le feuillage de la même façon que l'arbre. Aujourd'hui, la culture des bonsaï est un art : de la sculpture vivante. Il y a certaines formes classiques et traditionnelles que l'on peut trouver et suivre, mais la règle de base pour les bonsaï personnels est « si tu aimes ce à quoi il ressemble, c'est un beau bonsaï ».
[modifier] Bonsaï business
Il existe deux filières de production distinctes pour les bonsaï :
- la production de masse en provenance d'Asie qui alimente les supermarchés européens en petits arbres à très bas prix (entre 5 et 30 euros). Les anglo-saxons les surnomment péjorativement « MallSaï », c'est à dire « Bonsaï de supermarché » ;
- la production provenant de quelques pépinières de luxe ou d'artisans locaux où les arbres sont nettement plus chers mais nettement plus beaux également. Les amateurs fortunés peuvent débourser jusqu'à plusieurs dizaines de milliers d'euros dans un bel arbre.
[modifier] Exposition
Chaque année a lieu à Tokyo la Kokufu Bonsai Ten, où sont exposés les plus beaux bonsaï du monde. Lors de ce genre d'exposition, les bonsaï sont souvent présentés associés à un kusamono. Dans de nombreux pays, les fédérations nationales organisent un congrès annuel ou les amateurs comme les professionnels peuvent venir présenter leurs œuvres.
[modifier] Espèces utilisées
On pense souvent que les bonsaï sont obtenus à partir d'arbres spécifiques à cet art. Il est vrai que certains arbres sont plus couramment utilisés, notamment les essences d'arbres à petites feuilles à l'état naturel (qui seront donc plus simple à nanifier par la suite que d'autres) mais un bonsaï peut être créé à partir de n'importe quelle essence d'arbre ou de buisson. Les essences les plus classiques sont les pins noirs japonais (Pinus thunbergii), les pins à cinq aiguilles (Pinus pentaphylla ou Pinus parviflora au Japon), les genévriers (Juniperus chinensis var. Sargentii), les ormes de Chine et les érables japonais.
En général, on utilise des variétés à petites feuilles, fleurs et fruits. À noter que si certaines techniques permettent de réduire la taille des feuilles, celle des fleurs et des fruits n'est jamais modifiable.
[modifier] Espèces rustiques les plus courantes
- Acer buergerianum - érable de Bürger
- Acer campestre - érable champêtre
- Acer ginnala - érable du fleuve Amour
- Acer palmatum - érable du Japon
- Alnus - aulne
- Berberis vulgaris - épine-vinette
- Buxus - buis
- Carpinus betulus - charme ou charmille dans certaines pépinières
- Cedrus - cèdre
- Chaenomeles japonica - cognassier du Japon
- Chaenomeles speciosa
- Chamaecyparis - faux cyprès
- Cotoneaster - cotonéaster
- Crataegus laevigata - aubépine
- Cryptomeria japonica - cèdre du Japon
- Cupressus - cyprès
- Enkianthus
- Euonymus europaeus - fusain
- Fraxinus - frêne
- Ginkgo biloba
- Gleditsia triacanthos - février épineux
- Hedera helix - lierre
- Ilex crenata - houx japonais
- Juniperus chinensis - genévrier de Chine
- Juniperus procubens
- Juniperus sabina - genévrier sabine
- Lagerstroemia indica - lilas des Indes
- Larix decidua - mélèze
- Ligustrum - troène
- Liquidambar styraciflua - copalme d'Amérique
- Lonicera - chèvrefeuille
- Malus - pommier, variétés à petits fruits
- Metasequoia - métaséquoïa
- Nothofagus
- Olea europaea - olivier
- Parthenocissus triscupidata - lierre japonais
- Pinus - pin
- Potentilla fruticosa - potentille ligneuse
- Pseudocydonia sinensis - cognassier de Chine
- Pyracantha - buisson ardent
- Punica granatum - grenadier
- Quercus robur - chêne pédonculé
- Quercus ilex - chêne vert
- Stewartia
- Tamarix - tamaris
- Taxus baccata - if
- Ulmus pumila - orme de Sibérie
- Ulmus elegantissima
- Ulmus minor - orme à petites feuilles
- Ulmus parvifolia - orme de Chine
- Wisteria - glycine
- Zelkova serrata - zelkova du Japon
- Zelkova carpinifolia - orme du Caucase
- Zelkova nire
[modifier] Bonsaï d'orangerie
Ces bonsaï requièrent une protection hors gel en hiver.
- Bougainvillea - bougainvillée
- Ilex serrata - houx denté
- Murraya paniculata - buis de Chine
- Nandina domestica - bambou de la félicité
- Operculicarya decaryi - faux poivrier du Japon
- Sageretia theezans
- Serissa
- Rhododendron indicum - azalée
- Zanthoxylum piperitum - poivrier du Sichuan
[modifier] Espèces pour le débutant, vraiment rustiques
De même que le jardinier pressé peuple son jardin de ce qui pousse chez son voisin, de même le néophyte s'intéressera aux espèces autochtones ou endémiques. La possibilité d'une culture en pot est un critère de même poids, qui s'évaluera dans la nature à la forme et à la profondeur (!) des racines et très rapidement une fois placé en pots. Commencer dans des grands pots.
[modifier] Bonsaï de serre chaude
Ces arbres requièrent un local où la température ne descend pas en dessous de 10 °C en hiver.
- Crassula
- Carmona
- Eugenia cauliflora ou Syzygium ou encore Myrciaria - prunier de Java
- Ficus benjamina - figuier pleureur
- Ficus retusa - figuier tropical
- Podocarpus
- Portulacaria
[modifier] Photographies
[modifier] Voir aussi
- Culture des bonsaï
- Suiseki
- Catégorie Bonsaïs de l'annuaire dmoz.
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