Empire byzantin
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Βασιλεία Ῥωμαίων |
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(Emblème de la dynastie Paléologue) Devise : Βασιλεὺς Βασιλέων |
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Chronologie | |
667 av. J.-C. | L’antique cité de Byzance (future Constantinople) est fondée. |
330 | L’empereur Constantin Ier le Grand fait de Constantinople sa capitale. |
395 | L’Empire romain est séparé définitivement entre l’Empire romain d'Orient et l’Empire romain d'Occident, après la mort de Théodose Ier. |
527 | Justinien est couronné empereur. |
532–537 |
Justinien construit la cathédrale de Sainte-Sophie (Ιερός Ναός Αγίας Σοφίας) |
533–554 | Les généraux de Justinien reconquièrent l’Afrique du Nord et l’Italie sur les Vandales et les Ostrogoths. |
568 | Perte de l’Italie suite aux invasions lombardes. |
634–641 | Les armées arabes conquièrent le Levant et l’Égypte. Dans la décennie suivante, elles prennent aussi l’Afrique du Nord puis la Sicile. |
730–787 ; 813–843 | Controverses iconoclastes. Il en résulte la perte de la plupart de territoires restant de l’Empire, y compris en Italie, à part quelques territoires dans le Sud. |
843–1025 | La dynastie macédonienne s’impose. L’Empire renaît et regagne ses territoires. Les lettrés byzantins traduisent et sauvent nombres de précieux ouvrages romains et grecs anciens. |
1002–1018 | L’empereur Basile II fait campagne tous les ans contre les Bulgares avec pour objectif d'annihiler l’État bulgare. |
1014 | Bataille de Kleidion. Les Bulgares sont définitivement défaits. Basile II devient le Bulgaroctone. |
1018 | La Bulgarie est annexée à l’Empire. La plus grande partie des Balkans est incorporée à l'empire, avec pour marche au nord le Danube. |
1025 | Mort de Basile II. Le déclin de l’Empire commence. |
1054 | Le Grand Schisme d'Orient sépare l’Église catholique romaine et l'église catholique orthodoxe de Constantinople. |
1071 | L’empereur Romain IV est battu par les Seldjoukides à la bataille de Manzikert. La plus grande part de l’Anatolie est perdue. Durant la même année, le derniers avant-postes italiens sont perdus face aux Normands. |
1081 | Établissement de la dynastie des Comnène par Alexis Ier. Le déclin s’interrompt, une nouvelle opulence liée à l’essort économique apparaît tandis que l’art et la littérature connaissent également un renouveau. Byzance est engagée dans les croisades. Par ailleurs, les Turcs s'établissent en Anatolie. |
1091 | Les armées impériales défont les Petchenègues dans le Levunium. |
1097 | Récupération de Nicée sur les Turcs avec l'aide des premiers croisés. |
1097-1176 | Les armées de l'Empire recapturent les côtes de l’Asie Mineure sur les Turcs, et poussent vers l’Anatolie ; la Principauté croisée d’Antioche devient protectorat byzantin. |
1176 | Bataille de Myriokephalon. Manuel Ier Comnène tente de capturer Konya, capital des Seldjoukides mais échoue après la destruction de ses engins de siège. Fin de la tentative de récupération des plateaux Anatoliens. |
1180 | mort de Manuel Ier. Le déclin de l’empire recommence. |
1185 | Une révolte commence et réussie en Bulgarie. Des territoires sont perdus dans les Balkans. |
1204 | Constantinople est conquise par les croisés ; l’Empire latin de Constantinople est formé. |
1261 | Constantinople est reconquise par Michel VIII Paléologue, empereur byzantin de l’empire de Nicée, |
1453 | Les Turcs ottomans conquièrent Constantinople. Mort de Constantin XI Paléologue le dernier empereur de l’Empire romain d’Orient. Fin de l’empire byzantin. |
En 395, à la mort de Théodose Ier, l'Empire romain est partagé en deux parties : l'Empire romain d'Occident qui disparaît en 476, et l'Empire romain d'Orient appelé au XVIème siècle Empire byzantin (en grec Βασιλεία Ρωμαίων / Basileía Rômaíôn: Empire Romain) qui durera jusqu'en 1453 et même jusqu'en 1461 à Trébisonde et Mistra.
Le terme byzantin byzantin vient de Byzance, l'ancien nom de la capitale Constantinople; il a été créé par Hieronymus Wolf en 1557 pour distinguer l'histoire de la « Ρωμανία » ("Romania") du Moyen Âge de celle de la Rome Antique, la première étant dévalorisée de manière à justifier le Schisme et la IVème croisade, alors que la seconde était magnifiée en tant qu'écrin de la Papauté. Mais qu'ils fussent hellénophones (Grecs), latinophones (Valaques) ou arménophones (Arméniens), les citoyens de de la « Ρωμανία » ("Romania"), que nous appelons byzantins, se considéraient, eux, comme des Romains (en grec Ρωμαίoί ou Ρωμιοί). Les Grecs au Moyen âge ne se définisaient pas comme Έλληνες (Hellènes, mot qui ne désignait alors que les grecs antiques) et encore moins comme Βυζαντινοί (byzantins). C'est après la disparition de l'état byzantin au XVème siècle que les Grecs, toujours qualifiés de "Roumis" par les Turcs, vont se désigner à nouveau comme Έλληνες (Hellènes), tandis que Roumains et Aroumains seront désignés comme "Valaques". La culture des byzantins était autant grecque et romaine que chrétienne, et le grec était la langue de communication. Les Perses, les Arabes et les Turcs appelèrent les Byzantins « Roumis », mais les Occidentaux les appelèrent « Grecs » ou « Grégeois », et leur Empire « Imperium Graecorum » ou « Græcia ».
Au cours des mille ans séparant l'an 395 de l'an 1453, un certain nombre de valeurs et de savoirs furent conservés par les Romains: état de droit écrit gouverné par le Code justinien, empereur responsable devant le Sénat, absence de servage, collectivités agricoles libres, techniques agricoles élaborées (irrigation), architecture romane, aqueducs, eau courante, tout-à-l'égout et éclairage dans les villes, usage de bains (que nous appelons "bains turcs"), sémaphores et phares, transmission des savoirs antiques, de la philosophie grecque classique et de la médecine hippocratique dans les universités de Constantinople, Trébisonde et Mistra... Ces savoirs ont aussi été transmis aux Arabes qui a leur tour les ont communiqués à l'Occident. Mais celui-ci, aujourd'hui, ne se souvient que de l'intermédiaire arabe, et rares sont les historiens qui citent les Byzantins parmi les transmetteurs de la culture antique.
La disparition de la partie occidentale de l'empire romain et le retrait de ses légions romaines, ainsi que les menaces permanentes sur leurs frontières amenèrent les Byzantins à se doter d'une armée puissante, dont la tactique a évolué et commencé à s'élaborer de manière autonome dès le VIe siècle.
Comme empire romain, l'Empire byzantin fut un état chrétien qui, après le Schisme de Rome de 1054, resta fidèle (orthodoxe) aux dogmes du christianisme du Premier millénaire (voir plus bas "Théologie").
Sommaire |
[modifier] Histoire
- Article détaillé : Histoire de l'empire byzantin.
[modifier] Empire byzantin : héritier de l'Empire romain
En 293, l'empereur Dioclétien instaura, avec la tétrarchie, une division administrative de l'Empire romain. Cette division prit une dimension nouvelle avec Constantin Ier. En dotant l'empire d'une deuxième capitale en Orient à partir de 330, Constantin posait les bases qui allaient permettre à l'Empire romain de survivre aux invasions barbares. Ainsi, à la fin de l'Empire romain d'occident en 476, Constantinople, qui héritait de toute la moitié orientale de l'empire, devint le dernier centre politique et culturel où se perpétuaient les traditions romaines. L'Empire byzantin n'est en fait que la moitié orientale de l'Empire Romain, qui poursuit son histoire. Il serait plus approprié d'utiliser l'expression Empire Romain d'Orient pour le désigner: les empereurs se considéraient en effet toujours comme empereurs romains, et les chefs barbares qui devinrent maîtres des contrées occidentales recherchèrent et obtinrent souvent une investiture formelle de cet empereur pour asseoir leur autorité et leur prestige personnels.
Sous le règne de Justinien Ier l'armée commandée par le général Bélisaire rétablit partiellement l'empire dans ses frontières occidentales, notamment en Italie en 536, ainsi que sur le pourtour méditerranéen. Mais cette restauration fut éphémère, et surtout ruineuse. À la fin du règne de Justinien, l'empire fut harcelé sur toutes ses frontières. Seul l'esprit militaire de Maurice permit de sauver ce qui pu l'être des conquêtes de Justinien. Il constitua pour cela les exarchats de Carthage en Afrique du nord et de Ravenne en Italie.
C'est aussi au milieu du Ve siècle siècle que la chrétienté se divisa entre les partisans du monophysisme (Arméniens, Syriens, Palestiniens, Egyptiens et Ethiopiens) et ceux du Nicée II qui continuaient à croire que le Christ fut à la fois Dieu et Homme. il y eut à l'époque beaucoup d'autres controverses, car l'église n'était pas monolithique et les traditions de pluralisme religieux de l'Antiquité n'avaient pas disparu dans l'Empire.
A partir de 603, les Perses lancèrent une grande offensive en Orient. Ils s'emparèrent de l'Égypte, de la Palestine et de la Syrie. Pendant ce temps, les Slaves s'installaient dans les Balkans, et une nouvelle controverse, le monothélisme, était professée à Constantinople. Mais ce nouveau débat n'allait pas séparer l'Orient et l'Occident : un pape de Rome, Honorius Ier l'adopta, un autre Martin Ier la combattit, et tous deux restent vénérés comme saints en Orient comme en Occident.
[modifier] Période médiévale
Le règne d'Héraclius est celui de la transition. Jusqu'à présent l'empire byzantin était une continuation de l'Empire romain. Avec Héraclius, l'État byzantin entre dans l'ère médiévale. Le latin, qui était encore la langue officielle, bien que parlée uniquement par l'élite et les Valaques, est définitivement abandonné au profit du grec. Les titres romains : imperator, césar, augustus, qui étaient les attributs de l'empereur byzantin sont également abandonnés. Dorénavant, les empereurs se font appeler par l'ancien titre royal hellénistique: basileus.
Les Perses sont à peine vaincus que l'Empire doit faire face à de nouveaux ennemis, plus déterminés encore. Du vivant même d'Héraclius, les Arabes ou "Sarrasins" conquièrent toutes les provinces orientales qui avaient été reprises aux Perses.
La crise la plus importante au VIIIe siècle fut la controverse des iconoclastes, quand les icônes furent interdites par Léon III. Cette crise fut temporairement résolue par l'impératrice Irène en 787 et définitivement par l'impératrice Théodora en 843. Cette controverse marqua le début de la détérioration des relations entre les papes et Byzance : les papes, en effet, ont toujours pris le parti des défenseurs des images. Toutefois la véritable cause du Schsme de Rome est politique: elle commence avec le règne de Charlemagne. C'est Charlemagne qui prit des libertés avec la doctrine chrétienne orthodoxe jusqu'alors professée dans son empire et à Rome comme partout ailleurs : en échange de sa protection cotre les Lombards, il contraignit le pape à rejeter le concile œcuménique de Nicée II et à ajouter filioque au credo. L'Empereur des Francs put dès lors massacrer en toute légitimité Saxons païens et sarrazins infidèles, mais le schisme entre Occident et Orient était en germe. Mais en 1054, lorsque le pape et le patriarche de Constantinople s'excommunièrent mutuellement, l'événement n'apparut aux contemporains que comme une péripétie: personne n'imagina schisme définitif entre ce qui fut appelé plus tard le catholicisme et l'orthodoxie.
![L’empire byzantin en 1025](../../../upload/thumb/5/55/Carte-empire_de_basile_II.png/300px-Carte-empire_de_basile_II.png)
Le Saint Empire romain germanique en Occident eut pourtant une impératrice grecque, Théophano qui fit rayonner les arts de Byzance en Occident : la séparation des deux Églises ne semblait pas encore inéluctable.
L'Empire atteignit son sommet sous les empereurs macédoniens aux IXe, Xe et XIe siècles. Pendant ces années, l'empereur Basile II Bulgaroctone (le tueur de Bulgares) vainquit les Bulgares en 1014, et s'allia avec l'État kiévien, nouvelle puissance russe et orthodoxe du nord.
Au XIe siècle, l'Empire fut pris en tenaille entre deux mondes hostiles, l'un catholique, à l'ouest, incarné par les Normands qui conquirent la Sicile et l'Italie du Sud, l'autre musulman, à l'est, incarné par les Turcs Selçuks ou Seldjoukides qui conquirent l'Asie mineure, suite à la bataille de Manzikert.
[modifier] L’Empire face aux menaces
En 1081, Alexis Ier usurpa le trône. Pendant son règne, les croisades commencèrent, prétendant aider l'Empire contre les Seldjoukides. L'opposition entre les Croisés et les Byzantins dura tout le XIIe siècle et culmina avec la prise de Constantinople par les Croisés et les Vénitiens en 1204 qui marqua une rupture douloureuse entre Église d'Orient et celle Église d'Occident, et inaugura en Occident neuf siècles de dénigrement ou d'occultation de la civilisation byzantine (non seulement dans les cercles catholiques pour lesquels les Grecs sont des schismatiques, mais aussi chez Hieronymus Wolf, Voltaire, Thouvenel et beaucoup d'autres...)
![L’empire byzantin en 1265](../../../upload/shared/thumb/9/9f/ByzantineEmpire1265.svg/300px-ByzantineEmpire1265.svg.png)
Plusieurs hiérarques byzantins se constituèrent des états indépendants sur les territoires qui avaient échappé aux occidentaux : Despotat d'Épire, Empire de Trébizonde, Empire de Nicée cependant que les croisés établirent l'Empire latin de Constantinople qui dura jusqu'à la reconquête de la ville en 1261 par Michel VIII Paléologue parti de Nicée.
Au cours des deux siècles suivants, l'Empire, difficilement rétabli après avoir été systématiquement pillé par les Vénitiens et les Croisés, fut attaqué constamment par l'Empire ottoman. L'Europe catholique n'était pas disposée à aider les Byzantins, bien au contraire les Génois et les Vénitiens n'ont eu de cesse de profiter des difficultés de cet empire. Les Ottomans conquirent l'empire morceau par morceau jusqu'à s'emparer finalement de Constantinople en 1453. Trébizonde et Mistra tombent en 1461.
Avec la chute de Constantinople, l'Empire romain disparut définitivement, mais il eut de nombreux héritiers (voir plus bas "L'héritage de Byzance").
[modifier] Le commerce
Constantinople, porte de l'Orient, fut longtemps la ville la plus peuplée d'Europe, dépassant un million d'habitants quand Rome, Paris et Londres n'en groupaient pas même 100.000 à elles trois. C'était le carrefour commercial où passaient tous les produits d'autres pays, et était donc une ville très convoitée. Son luxe et sa propreté éblouissaient les Vikings (qui n'ont pu y entrer que comme mercenaires) et les occidentaux. Flotte et armée en imposaient à tous les chefs étrangers en visite. La ville n'avait jamais été prise avant 1204 (et même là, c'est par traîtrise que les Croisés y entrèrent). C'est par la capitale de l'empire byzantin que passait la mythique route de la soie. Et bien avant sa découverte en occident, le commerce de la soie et des pourpres faisait de Constantinople une des trois villes les plus importantes d'Orient avec Bagdad et Alexandrie. Avant 603, l'Empire avait même un comptoir dans l'océan Indien: c'était l'île de Dioscoride (aujourd'hui Socotra), et ses dromons (vaisseaux long-courriers) abordaient couramment les côtes occidentales de l'Inde et les côtes orientales de l'Afrique, ramenant or, pierres précieuses, ivoire et épices (mais pas esclaves, comme on l'a faussement affirmé: la traite orientale ne débute qu'au IXème siècle, bien après).
Plus encore que le commerce de la soie, c'est celui des épices qui vaut à Constantinople de devenir le centre de gravité économique du bassin méditerranéen. Les visiteurs y découvraient des fruits inconnus tels les abricots, les pêches ou les oranges, et des oiseaux exotiques tels les paons ou les pintades (et non les dindes comme on le dit souvent par erreur: le dindon est américain, de même que le maïs et la tomate). Mais cette prospérité même excite les convoitises, et 1204 les Vénitiens détournent la quatrième croisade sur Constantinople. A la fin de l'occupation occidentale en 1261, l'empire byzantin qui n'a pas pu reconstituer sa grande flotte de jadis, est endetté auprès des républiques maritimes italiennes, et les concessions commerciales accordées aux Génois, aux Vénitiens et aux Pisans finissent par appauvrir la ville qui ne profite plus du commerce avec l'Asie.
[modifier] Culture byzantine
[modifier] Théologie
Les Byzantins ont hérité des Grecs de l'Antiquité un goût prononcé pour les questions idéologiques. Leur sens du paradoxe comme seule réalité pouvant rendre compte de l'infinie complexité du monde et de l'infini mystère de Dieu, leur permettait de réfléchir sur "l'économie de la Trinité". Les controverses religieuses traverseront l'histoire et la société byzantines et elles passionneront également les foules. L'iconoclasme ou le monothélisme ont beaucoup agité les esprits et ont eu un impact non négligeable dans la politique intérieure byzantine. Ces controverses auraient pu contribuer à resserrer les relations entre l'Orient et l'Occident dans la mesure où la papauté est restée longtemps fidèle à l'orthodoxie. Théodore Stoudite fait appel à l'aide du pape lors du second iconoclasme. On peut dire qu'historiquement, les Occidentaux ont été Orthodoxes avant de devenir Catholiques. Mais lorsque la papauté a cessé d'être un lien doctrinal et culturel entre l'Orient et l'Occident, lorsque les papes furent recrutés dans un Saint Empire Germanique coupé de Byzance, l'Europe s'est acheminée progressivement vers la séparation définitive des deux Églises en 1054.
Après le Schisme de Rome de 1054, l'Empire byzantin resta fidèle (orthodoxe) aux dogmes du christianisme du Premier millénaire (voir plus bas "Théologie"). Après le Schisme, la partie occidentale de l'Eglise, sous l'obédience de Rome, changea certains dogmes et le droit canon: le pape, refusant le concile œcuménique de Nicée II, se proclama chef unique de l'église universelle (catholique), imposa le célibat des prêtres, promulgua l'existence d'un Purgatoire et ajouta le filioque au credo. Cet ajout aura des conséquences historiques énormes: il impliquait que le Saint-Esprit découlant aussi du Christ, et pas seulement du Père, seules les âmes catholiques pouvaient être sauvées. Cela légitimera la mise en place de l'Inquisition et une politique expansionniste de conversions forcées ou de massacres de mécréants, d'hérétiques ou de schismatiques. Cette politique débuta par la IVème croisade qui s'en prit non aux infidèles, mais à Constantinople, et culminera avec la colonisation de l'Amérique du Sud. Côté catholique, on se considère (en dépit de ces changements doctrinaux) comme les uniques héritiers de l'église primitive, et ce sont les Orthodoxes qui sont considérés comme schismatiques; le Schisme de Rome est d'ailleurs appelé Grand Schisme d'Orient.
L'Église byzantine connut une autre controverse d'importance en 1338-1351. Un moine grec calabrais, Barlaam, reproche aux hésychastes du Mont Athos de prétendre voir et sentir Dieu dans leur chair. Grégoire Palamas défend les hésychastes en se référant à la Transfiguration du Christ et sa doctrine est reconnue comme celle qui est anciennement confessée par l'Église. Par cette dernière victoire doctrinale, Byzance déclinante a essaimé dans toute l'Europe orientale un grand dynamisme monastique et des écoles hymnographiques et iconographiques de grande qualité. (Voir concile, orthodoxe).
[modifier] La littérature byzantine
- Article détaillé : Littérature byzantine.
Les Byzantins se sont également fortement appuyés sur la littérature grecque dans leurs œuvres, rédigées pour la plupart dans la koinè, langue grecque commune de l'époque hellénistique, devenue depuis langue littéraire. Les genres littéraires les plus prisés sont l'histoire, la rhétorique ou encore les récits d'imagination. A cela il faut ajouter leur cartographie étonamment précise pour l'époque, comme le montre le Grand Atlas découvert à Istanbul en 1924 et exposé au Musée Topkapi.
[modifier] Les courses de chars
Sans doute plus encore qu'à Rome, les jeux, en particulier les courses de chars, passionnent les constantinopolitains. Au point que la rivalité entre les principales écuries, les Bleus et les Verts, prend une dimension politique.
[modifier] Arts
- Article détaillé : Art byzantin.
[modifier] L'héritage de Byzance
L'Empire romain d'Orient a contribué à sédentariser et à christianiser les peuples slaves venus de l'est de l'Europe. Byzance a ainsi eu, pour les actuels pays d'Europe de l'Est, autant d'influence que Rome sur ceux d'Europe occidentale. Les Byzantins ont en effet donné à ces peuples un alphabet cyrillique adapté à leurs langues, un modèle politique qui permettra à certains d'entre eux (Russie) de rivaliser avec Byzance elle-même, et une religion qui est encore la leur aujourd'hui.
C'est également les Byzantins qui nous ont transmis, en lui faisant traverser les âges obscurs qui ont suivi la chute de l'empire d'occident, l'héritage le plus universel de l'empire romain, à savoir la codification du droit, grace au corpus juris civilis ou code de Justinien. C'est encore eux qui ont perpétué l'usage du grec et sauvegardé les anciennes bibliothèques grecques recélant les trésors que l'on sait.
Les Arabes et les Turcs ont été fortement influencés sur les plans technique, intellectuel, architectural, musical et culinaire.
En Italie les réfugiés byzantins facilitèrent la transmission du savoir et de la philosophie antiques, transmission qui suscita la Renaissance du XVe siècle au XVIIe siècle.
Les Grecs, naturellement, s'enorgueillissent d'avoir continué la civilisation byzantine même sous la férule Ottomane, et cela dans Constantinople même où une université grecque et un séminaire du Patriarcat ont fonctionné jusqu'en 1924. Aujourd'hui, le dernier héritier de l'Empire dans son ancienne capitale est le patriarche de Constantinople.
Les Egyptiens chrétiens (Coptes), les Ethiopiens, les Arméniens, bien que monophysites, se rattachent également à la tradition byzantine, de même que les Arabes orthodoxes de Syrie, du Liban et de Palestine. Les Roumains, les Bulgares, les Serbes, les Ukrainiens, les Biélorusses, les Russes et les Géorgiens ont choisi la forme Orthodoxe du christianisme, qui les rattache également à Byzance; d'ailleurs, à la chute de Constantinople, Moscou s'est proclamée la Troisième Rome. Les familles impériales byzantines (Canatacuzènes, Paléologues,...) donnèrent des souverains aux Principautés roumaines.
Venise regorge de trésors pris à l'Empire et son architecture est d'inspiration byzantine. Et ce n'est qu'en 1936 que la poste turque cessa définitivement d'acheminer les lettres portant la mention "Constantinople".
[modifier] Voir aussi
- Histoire de l'empire byzantin
- Histoire de l'Empire ottoman
- Division de l'empire romain
- L'empire latin de Constantinople
- Liste des empereurs byzantins
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