Gentilé
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Un gentilé ou ethnonyme est le mot désignant les habitants d’un lieu, d'un pays, d'un continent, d'une région, d'une province, ou une identité nationale ou ethnique, etc. Il est parfois très différent du toponyme qui est un nom propre (invariable en français).
Le gentilé est la dénomination des habitants d’un lieu par rapport à ce lieu. Pour les populations migrantes comme les Rroms (encore dits Roms ou Tsiganes) par exemple on emploiera donc un terme tel que ethnonyme ou ethnique de préférence à celui de gentilé, puisqu’il est difficile de leur attacher un lieu géographique significatif et que le terme désigne plutôt une origine ethnique.
Donc :
- un gentilé est synonyme de nom d’habitants et
- un ethnonyme est synonyme de nom de peuple.
On trouve aussi un ethnique pour un gentilé ou un ethnonyme, ce terme étant aussi utilisé comme adjectif : « nom ethnique », « adjectif ethnique » ou « appellation ethnique » (chez André Rolland de Denus).
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[modifier] Usage des gentilés
Rappelons que selon les conventions typographiques du français :
- le nom d’habitant ou gentilé (qui est un substantif) prend la majuscule,
- l’adjectif correspondant au gentilé prend la minuscule,
- le nom de langue (ou glottonyme) prend aussi la minuscule.
Exemples :
- « Les Français ont répandu partout le bon goût français. »
- « J’apprends le français. »
- « Né Breton, je parle le breton ; je l’enseigne dans une école bretonne.»
Cela permet même de distinguer :
- « Un savant allemand » qui est un savant de nationalité allemande.
- « Un savant Allemand », c’est-à-dire un Allemand qui sait beaucoup de choses : dans ce cas on fait la liaison (c’est-à-dire que l’on prononce, mais légèrement, le t de l’adjectif savant).
L’adjectif est identique au gentilé à la majuscule près ; le cas suivant, où le gentilé diffère de l'adjectif non seulement par sa majuscule initiale, mais aussi par sa terminaison -esse propre aux substantifs féminins, est peut-être unique :
- « Les Suissesses ne portent que des montres suisses. »
Nota bene :
On évitera de suivre, dans l’usage courant, les écrivains et autres fins connaisseurs de la langue française qui doutent qu’il faille mettre une majuscule aux gentilés et écrivent parfois : « Les français ont répandu partout le bon goût français. »
On prendra garde aux adjectifs composés en tête de phrase ou de titre (ils ne prennent qu’une seule majuscule) comme dans l’exemple:
- « Tarn-et-garonnaise est mon âme, tarn-et-garonnais est mon cœur, s’écria le Tarn-et-Garonnais en songeant à son Tarn-et-Garonne natal. »
Souvent on peut utiliser l’adjectif aussi bien que le gentilé: « Je suis français » est tout aussi correct que « Je suis Français ».
Ces règles peuvent différer selon les langues :
- L’anglais emploie la majuscule dans les trois cas.
- L’espagnol emploie la minuscule dans les trois cas (recommandations de l’Académie royale espagnole).
L’usage a pu, du reste, changer dans le temps et l’on peut observer des chassés-croisés entre le russe et le français à propos des majuscules.
Il arrive que le gentilé perde sa majuscule lorsqu’il finit par désigner simplement un type humain :
- suisse (suisse d’église par exemple) parce que l’on recrutait souvent des gardes en Suisse autrefois ;
- les lesbiennes ne se confondent pas exactement avec les habitantes de Lesbos ;
- sybarite fait référence aux habitants de l’antique Sybaris,
- en 1938 les Français se divisèrent en munichois partisans des accords de Munich et anti-munichois ;
- depuis 1945, la classe politique française se répartit entre atlantistes plaçant leur confiance dans l’OTAN et européens (avec minuscule) partisans de la construction européenne.
Pour les villes-centres, on prendra l’exemple suivant : un habitant d’Orléans est un Orléanais, la région dont Orléans est le centre s’appelle l’Orléanais (à comprendre pays orléanais): les habitants de l’Orléanais sont aussi appelés les Orléanais tout comme ceux de la seule Orléans ; le français n’a jamais développé de surcomposés du type *-aisien ou *-oisien.
Les cas où le gentilé ou l’adjectif correspondant désigne autre chose qu’un type humain ne pose guère de difficulté pratique et prend aussi la minuscule :
- danois (ou dogue allemand) désigne une race de chien ;
- (exemple : « Le danois du Danois aboyait sans cesse. »)
- percheron désigne une race de cheval ;
- le parmesan est un fromage...
Un gentilé peut devenir un anthroponyme. Par exemple, il vint un moment où la reine Marie-Antoinette d'Autriche ne fut plus que « l’Autrichienne » pour ses sujets. L'une des cinq composantes du nom arabe traditionnel, la nisba, généralise le procédé : Abdelkader l’Algérien par exemple ; ou encore Abou Moussab Al-Zarqaoui.
[modifier] Historique
Le terme gentilé est attesté en français dès 1752 et vient du latin gentile nomen qui correspond au nom de famille chez les Romains (par exemple Julius dans : Caius Julius Caesar, nom latin de Jules César). L’Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot indique (en 1757) : « GENTILÉ, s. m. [...] Le gentilé d’un seul homme peut être de trois manières & de trois sortes de dénominations : le gentilé, par exemple, du peintre Jean Rothénamer est Allemand, Bavarois et Munichien ; Allemand signifie qu’il est d’Allemagne; Bavarois, qu’il est du cercle de Bavière ; & Munichien [on dit Munichois aujourd’hui], qu’il est de Munich. » Le mot gentilé est inconnu du TLFi mais bien documenté dans les divers dictionnaires Robert.
Le terme gentilé :
- paraît un peu désuet aujourd’hui en France,
- mais a été recommandé par l’Office de la Langue française (devenu l’Office québécois de la langue française ou OQLF depuis lors) du Québec le 5 février 1982 (comme équivalent de l’anglais name of inhabitants ou gentilic).
[modifier] Étude de la formation des gentilés
Si la science des toponymes ou noms de lieux est la toponymie, la science des anthroponymes ou noms de personnes est l’anthroponymie, il n’existe pas de terme consacré pour celles des gentilés, ce qui correspond peut-être à un manque d’intérêt. André Rolland de Denus fait figure de « précurseur » dans l’étude des gentilés. Parmi les grands ancêtres, on citera Étienne de Byzance et ses Ethnika.
Un gentilé est souvent cité au masculin pluriel. Plutôt que de recourir à des parenthèses pour signaler les différences de nombre et de genre (parenthèses qui défigurent les mots et sont d’une interprétation parfois difficiles par un collégien ou un étranger), on procédera par énumération dans l’ordre suivant :
Les suffixes formateurs de gentilés les plus courants sont en français :
- -ain(e)(s) ou -in(e)(s) surtout pour les villes et quartiers.
- -ais(e)(s) pour les villes (Bayonne : Bayonnais) mais aussi pour les pays (Taiwan : Taïwanais, France : Français)
- -ien(ne)(s) ou -éen(ne)(s) surtout pour les pays (Italie : Italiens, Malaisie : Malaisiens), mais aussi Paris : Parisiens, Calais : Calaisiens, Savoie : Savoisiens, Savoyens, mais aussi Savoyards
- -ois(e)(s) est un peu vieilli en France, et s'utilise surtout pour les villes (Amiens : Amiénois, Blois : Blésois) et villages les plus anciens. Il est très vigoureux au Québec, où il représente plus de la moitié des gentilés
D’autres suffixes plus rares sont rencontrés :
- -ard(e)(s) ou -art(e)(s) : vieilli, et parfois employé de façon irrespectueuse ou argotique au lieu d’un autre suffixe usuel
- -asque(s) : emprunté aux langues celto-ligures (Tendasque, Monégasques, Ézasques ....)
- -eau(x) / -elle(s)
- -èque(s) / -tèque(s) : peut-être emprunté par l'espagnol à des langues méso-américaines (par exemple : Olmèque, Chichimèque, Aztèque, Mixtèque, etc.; mais aussi : habitant du Guatemala : Guatémaltèque)
- -eux / -euse(s) : parfois argotique
- -ic(s) / -ique(s) : un peu savant, mais consacré dans certains gentilés d’usage courant.
- -iche(s) : le plus souvent populaire et argotique au lieu d’un autre suffixe usuel, en référence au gentilé correspondant en anglais (un Angliche)
- -iste(s) (par exemple : habitant de la ville de Douarnenez : Douarnenistes)
- -(i)ot(e)(s) ou -(i)at(e)(s), le i étant supprimé s’il suit un autre i semi-voyelle
- -on(ne)(s) ou -an(e)(s)
- -ou(se)(s) : suffixe vieilli, conservé par l’usage historique.
- -toque(s) ou -loque(s) : le plus souvent populaire et argotique
- -uche(s) : assez rare et toujours argotique (un Libanuche, un Albanuche)
Quand le toponyme se termine par le suffixe -ie, le plus souvent, ce suffixe est souvent supprimé si le gentilé obtenu se termine par un des suffixes ci-dessus, ou converti en -ien(ne)(s) si cela crée une ambiguïté de sens.
Les gentilés correspondant à des toponymes composés sont le plus souvent irrégulier en français, souvent assez éloigné du toponyme (même s’il peut rester une origine historique commune) comme pour les Trifluviens de Trois-Rivières. Il n’y a pas de règle établie pour leur formation, même pour les toponymes courant commençant par Saint- ou Sainte- (cet élément n’est souvent pas représenté dans le gentilé), mais l’article initial préfixant certains toponymes est pratiquement toujours ignoré dans le gentilé (par exemple, La Rochelle : Rochelais).
Les racines de toponymes contenant des prénoms (souvent très anciens et internationaux) sont souvent dérivés en gentilés français à l’aide d’anciennes racines latines, grecques ou issues d’autres langues. Les gentilés français issus de toponymes composés sont le plus souvent contractés en un terme non composé, après élimination des articles internes et réduction des autres racines.
[modifier] Voir aussi
- Liste de gentilés pour la liste de tous les gentilés du monde en partant des États.
- Gentilés de France