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Histoire des Comores - Wikipédia

Histoire des Comores

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Peuplé depuis la seconde moitié du premier millénaire, les différentes îles des Comores ont suivi une histoire très voisine sans être pour autant commune. C'est la France, puissance coloniale qui unit administrativement les îles. L'histoire des îles se sépare à nouveau après 1976, après la formation de la République fédérale islamique des Comores et le maintien de Mayotte sous administration française.

Articles connexes : Grande Comore, Anjouan, Mohéli et Histoire de Mayotte.

Sommaire

[modifier] Le peuplement originel

Les premières traces de peuplement datent du VIe siècle et sont probablement des Bantous provenant de la côte africaine. Ces premiers habitants mirent en place une organisation politique et sociale proprement africaine. Entre le VIIe et le XIIe siècle on suppose que les Austronésiens qui contribuèrent au peuplement de l’île de Madagascar, sont passés par les Comores, mais ne s’y sont pas établis. Initialement, les villages étaient régis par les doyens qui sont les chefs des familles les plus influentes ou des villages, qui portaient le titre de mafé, mfaume ou mafani à Anjouan ou Mohéli (Mfalume en kiunguja). Les mafés laissent la place assez rapidement à des Mabedja qui forment une chefferie dirigeante dans chaque village.

[modifier] L’islamisation

L'islam y apparaît au XIe siècle avec l'arrivée d'une population arabo-persane de Chiraz[1], accompagnés de leurs esclaves et l'introduction del'architecture et de la charpente en construisant mosquées et habitations royales. La première mosquée de pierre fut construite à Mayotte en 1566 dans la ville de Chingoni. L’islamisation s’imposa dans toutes les Comores, d'abord sur la côte, puis beaucoup plus lentement sur les hauteurs; Par la suite, les alliances politiques et matrimoniales des Arabo-Shiraziens avec les chefs comoriens entraînèrent un changement de l'organisation politique et la création de sultanats. L’organisation sociale de ces pseudo—sultanats n’est pas fondamentalement différente des chefferies côtières du continent. Ces îles formaient avec les sultanats de Zanzibar, Kilwa, Lamou... et les villes de la côte kenyane et tanzanienne une unité de culture swahilie prospère et de renommée, vivant du commerce d'esclaves, de l'ivoire et d'autres marchandises africaines destinées aux marchés orientaux.

En 1506, une flotte d'arabo-Shirazi commandée par Mohamed ben Haïssa aborde l’archipel et en bouleverse la vie économique et sociale. Dès lors, des manuscrits en caractères arabes, notent l'arabe, le comorien ou le swahili, et permettent de reconstituer les généalogies des clans et des sultanats, au demeurant particulièrement complexes. Par la subjugation et par le jeux d'alliances, ils contribuèrent ainsi à l'établissement de nouveaux lignages matrimoniaux, surtout à la Grande Comore et à l’île d’Anjouan. Durant cette époque, le pouvoir est aux mains des nombreux sultans locaux dit batailleurs[2]. Finalement Anjouan, qu'on dit la plus arabe des îles, finit par prendre contrôle, peu ou prou, de Mohéli.

[modifier] structure sociale

Voir l’article Culture des Comores.

Les systèmes issus de cette union superposent des coutumes africaines et arabo-musulmanes mais n'étaient pas à même de fournir au détenteur du pouvoir les moyens de contrôler de grandes surfaces. Ainsi à la Grande Comore, existera plusieurs sultanats dirigés par différents sultans qui accordent une importance honorifique à l’un d’entre eux, le sultan Tibé. A Anjouan, trois lignages royaux implantés dans les trois principales villes (Mutsamudu, Ouani et Domoni) se partagent le pouvoir.

Un tel système doit tenir compte des avis d’un Grand Conseil (Mandjelissa) qui réunit les principaux grands notables. Le sultan est aussi secondé par des vizirs qui sont des relais du pouvoir dans certaines régions. On trouve aussi sur le plan local d’autres agents administratifs: naïbs (assimilables à des chefs de canton), chefs de la police, collecteurs d’impôts, chefs de village (nommés par le sultan) et chefs religieux. C’est de cette époque que datent les documents écrits et les manuscrits en langue arabe, en swahili ou en comorien, le tout présenté en alphabet arabe.

[modifier] Les invasions Malgaches

A partir du XVIe siècle, les Malgaches Sakalavas effectuent des raids dans les îles et raflent des esclaves. Les Comoriens étaient eux mêmes esclavagistes, traficant pour le monde arabe et européen. Les Malgaches finissent par s'installer dans les îles et plus fermement à Mayotte. On parle encore malgache à Mayotte pour cette raison.

Durant cette période, au cours de l'exploration systématique de toute cette région, les Portugais abordèrent les îles de la Lune (K'm'r en arabe signifie lune) en 1505. En 1529, les Français, par l'intermédiaire d'un frère de Parmentier, visitèrent ces îles ainsi que la côte nord de Madagascar. Ces îles forment pendant plusieurs siècles une escale sur la côte est de l'afrique pour les européens et les pirates (voir Combat d'Anjouan). La relation entre ces Européens et les souverains locaux était un rapport de force. Une tradition rapporte ainsi qu'un chef de la Grande Comore fut obligé de se soustraire ,par la fuite, à la tyrannie des Portugais en se réfugiant avec une partie des siens à Mayotte. Anjouan est soumise, elle, à un seul pouvoir durant ce siècle.

Au XVIIe siècle, l’archipel devient un point de relâche pour les navires européens, Hollandais, Anglais ou Français, en route pour le Golfe Persique, les Indes ou l’Extrême-Orient. Anjouan devient également populaire pour les pirates et corsaires qui pillent les navires occidentaux qui doivent passer le Cap de Bonne Espérance. Le Combat d'Anjouan fait référence à ces événements.

A partir d'une date inconnue, Mohéli s'est trouvée soumise au sultanat d'Anjouan jusqu'en 1830. En 1830, des migrants de Madagascar conduits par Ramanetaka, qui plus tard changea son nom en Abderemane, prirent l'île et établirent le sultanat de Mohéli.

Ces raids, restés dans les récits populaires, ont eu lieu jusq'au XVIIIe siècle. Des chiffres précisent le nombre des envahisseurs à plusieurs dizaines de miliers d'hommes. Domoni sur Anjouan est détruite en 1780. Ces raids furent facilités par le fait que les îles n'avaient pas de pouvoir central fort (sauf pour Anjouan).

[modifier] La main mise coloniale

Drapeaux de la Grande Comore 1886 - 1891
Drapeaux de la Grande Comore 1886 - 1891
Article connexe : Idéologie coloniale française.

Le sultan d'Anjouan Abdallah Ier se rend, en 1816, sur l’île Bourbon pour solliciter la protection de Louis XVIII. Les divisions internes et la menace malgache ont permis aux puissances coloniales (France, Portugal, Angleterre, l'Allemagne qui rivalisaient pour imposer leur hégémonie dans cette zone stratégique contrôlant le commerce vers l'Orient) d'intervenir dans les affaires politiques des souverains locaux. Le 25 avril 1841, suite à la signature d'un traité, Mayotte devient protectorat français et le sultan Adrian Tsouli, qui avait conquis l'île 9 ans plut tôt, reçoit, alors qu'il était en train de perdre le pouvoir réel, en compensation une somme d'argent[3] et les paiements des frais de scolarité de ses enfants à La Réunion. La France, trouve avec cet accord, qui constitue une véritable vente forcée pourtant présentée comme un accord commercial, un port stratégiquement important. Le roi Louis-Philippe entérina cette acquisition en 1843. L’esclavage y est aboli dès 1846.

En 1866, la France établit un protectorat sur Anjouan, et utilise même la marine pour s'imposer face au sultan Saidi Abdallah bin Salim réticent. Le 24 juin, le Sultan de Grande Comore qui a réussi à unifier l'île, grâce aux français, accepte, sous la pression, de passer sous protectorat Français. Il fut ensuite exilé pour ne plus revenir, ses espoirs fondés sur le sultanat de toutes les Comores furent donc déçus. Mohéli est également placée sous protectorat cette même année. Même si les îles gardent une certaine indépendance du fait de la rivalité des grande puissance[4], elles sont bien soumises et les sultans locaux n'ont pas les moyens de s'y opposer. A partir de 1892, le pouvoir sur les îles des Comores est exercé par les Résidents subordonnés aux gouverneurs de Mayotte, qui peu a peu prirent le pouvoir. Les exploitations coloniales possédaient près de la moitié de la Grande Comore, 40% d'Anjouan, 20% de Mohéli. Les îles deviennent alors colonie de «Mayotte et dépendances». Alors que la main-d'œuvre devenait de plus en plus chère à la Réunion, les Comores, oubliées par l'administration centrale, offraient aux colons et aux sociétés coloniales (comme la Bambao) des perspectives et une main-d'œuvre peu chère dans les plantations de plantes à parfums et de vanille. Durant cette période, les colons dépossédaient entièrement les paysans comoriens de leurs terres, et employaient ceux-ci dans les plantations coloniales à titre d'«engagés». La langue officielle devenant le français, l'enseignement passe de l'arabe au français. L'usage du swahili continuant pour le commerce.

En 1904 le ratachement juridique officiel se fait entre les îles. Il fut suivi, le 9 avril 1908, d’un second décret rattachant officieusement Mayotte et ses dépendances à Madagascar.

[modifier] Le rattachement à Madacascar

Après plusieurs exactions et abus, désirant néanmoins poursuivre la colonisation, la France est résolue à faire surveiller les résidents par les Administrateurs de Mayotte. Pour ce faire la colonie de «Mayotte et dépendances» est rattachée par la loi du 25 juillet 1912 à la colonie de Madagascar. Peu à peu, les terres seront rétrocédées aux Comoriens. Une révolte importante a lieu en 1915 en Grande Comore. La France envoie des gardes malgaches, puis un détachement de tirailleurs sénégalais, et dans le même temps demande à son administration de s'appuyer sur les notables locaux pour ramener la paix. Peu à peu, le mouvement s'effrite, et l'administration exile certains meneurs. En 1940 à Anjouan, éclate une grève lorsque l'administration fait savoir qu'elle va réquisitionner la main d'œuvre pour les exploitations coloniales. Des violences éclatent lorsque la grève échoue, les notables finissent par appeler au calme. Du 6 juin 1940 à 1942, l'administration coloniale est exercée par le régime de Vichy. Après 1942 celui-ci échu, comme celui de Madagascar, au Royaume Uni jusqu'au 13 octobre 1946.

[modifier] De 1946 à l'indépendance

Les Comores obtinrent en 1946 une autonomie administrative vis à vis de Madagascar et Dzaoudzi fut choisie comme capitale du nouveau territoire. À partir de 1946, les Comores furent représentées directement au Parlement français pour la première fois en tant que tel et acquérirent une certaine autonomie administrative grâce notamment à l'action du député Said Mohamed Cheikh. Les Comores obtiennent également un Conseiller de la République (Jacques Grimaldi), et un Conseiller à l'Union française (Georges Boussenot). Un Conseil général, assemblée locale, est mis en place dans l'archipel pour représenter la population et discuter des problèmes locaux, mais le véritable pouvoir est toujours détenu par l'administrateur supérieur de la République Française. Le 15 juin 1953, plusieurs politiques comoriens osent sans y croire faire une déclaration commune demandant l’indépendance. En 1958, l’Assemblée territoriale des Comores choisit le statut de Territoires d'outre-mer, et en application de la loi-cadre, on crée le Conseil de gouvernement, organe exécutif toujours présidé par l'administrateur supérieur, entouré par des ministres désignés par le Conseil régional. Le poste de vice-président du Conseil de gouvernement, confié à Mohamed Ahmed est symbolique. Certains politiciens reprochent à la France de ne pas traiter les Comores comme les autres TOM.

En 1961, les îles obtinnent une autonomie interne très importante. Saïd Mohammed Cheikh devient Président du Conseil de Gouvernement, premier personnage du Territoire, avant le haut-commissaire de la République. C'est à un autochtone, premier élu sur une liste présentée à l'assemblée L'éducation est très largement négligée depuis le début de la colonisation, on ouvre cependant le premier lycée en 1963 à Moroni; un second suivra à Mutsamudu en 1970. Il s'efforce de faire élargir les compétences territoriales, surtout à partir de 1968. Cette période d'autonomie est marquée par un certain développement économique et social. Le réseau routier commence à être bitumé et les politiciens les plus autonomistes, après les événement de 1968 réclament l'indépendance ce qui aboutit au "Accords de juin 1973". En 1966, Saïd Mohamed Cheick fera transférer la capitale des Comores de Dzaoudzi à Moroni, ce qui provoquera la méfiance des élus de Mayotte envers les indépendantistes.

[modifier] La déclaration d'indépendance

Après les indépendances des années 1960 des pays africains, un certain nombre d'intellectuels, grands Comoriens, pour la plupart, largement influencés par les idées zanzibarites, commencèrent à réclamer l'indépendance. D'un commun accord, dans un objectif d'indépendance concerté, la France proposa un référendum en 1973. En décembre 1974, Mayotte ne s'exprime pas comme les trois autres îles (65% pour le maintien , 35% contre le maintien[5]). Plusieurs explications sont données pour expliquer ce choix :

  • La craintes des anjouanais de se sentir marginalisés dans un système politique dominé par la Grande Comore
  • La crainte de voir le droit des femmes diminué, épisode des mamies chatouilleuses
  • La population est à près de 50% d'origine malgache, utilisant le malgache comme langue première, et est relativement moins islamisée (pratique animiste sakalave).

La France quant a elle, estime stratégiquement important de garder pied sur une de ces l'îles pour contrôler le canal du Mozambique. Une unité de la légion étrangère continue a y être stationnée.

Devant la volonté de la France de traiter Mayotte d'une façon particulière, l'indépendance fut déclarée unilatéralement par la République Fédérale Islamique des Comores, le 6 juillet 1975, par la voix de l'anjouanais Ahmed Abdallah. En 1976 un autre référendum confirme le vote de Mayotte. Les périodes historiques suivantes qui divergent d'une façon importante, sont relatées dans l'histoire du pays indépendant situé aux Comores et l'Histoire de Mayotte

[modifier] Notes

  1. La chronique de Kilwa, un sultanat formé en 975 et dirigé par un prine perse de Chiraz, fait remonter la venue des premiers Arabo-Shirazi au XIe siècle à Anjouan
  2. titre d’un ouvrage d'Urbain FAUREC publié en 1942
  3. 5000 Francs de l'époque
  4. en 1890, un accord de partage l’île de Zanzibar pour le Royaume-Uni et les Comores et Madagascar pour la France
  5. Ministère de l'Outre Mer (Mayotte)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Histoire de la révolution comorienne: Décolonisation, idéologie et séisme social de Emmanuel Nirina Vérin, L'Harmattan, 3 mai 2000 (ISBN 9782738477521)
  • Comores : quatre îles entre pirates et planteurs, Jean Martin, T.1/T.2 L’Harmattan, 1984-2000. (ISBN 9782858022953)
  • Etat français et colons aux Comores (1912-1946), Mahmoud Ibrahime, L'Harmattan, 1997 (ISBN 978-2738451385)
  • Mayotte, les Comores et la France, Jean Fasquel, L'Harmattan, 2000, (ISBN 9782738407764)

[modifier] Lien interne

[modifier] Voir aussi

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