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Histoire du Sahara occidental - Wikipédia

Histoire du Sahara occidental

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le Sahara occidental n'a jamais été organisé en État-nation. Territoire désertique peuplé par quelques tribus nomades, son histoire est intimement liée à celle de ses voisins, en particulier le Maroc et la Mauritanie. Après quelques tentatives infructueuses au XVe siècle, les Espagnols en font une colonie entre 1884 et 1975. La décolonisation se réalise dans de mauvaises conditions ; elle aboutit à l'annexion et l'invasion du Sahara occidental par le Maroc et la Mauritanie, et à la lutte armée d'un mouvement indépendantiste, le Front Polisario. Le Sahara occidental est aujourd'hui un territoire non-autonome, revendiqué par le Maroc et la République arabe sahraouie démocratique, son statut définitif reste en suspens depuis le cessez-le-feu de 1991.

Sommaire

[modifier] Premiers occupants

Entre –5000 et –2000 le territoire du Sahara occidental est une savane peuplée d'éléphants, de girafes et de rhinocéros. Les premiers habitants modernes y laissent des traces d'art rupestre et pariétal[1]. On a longtemps cru qu'il s'agissait des Bafours, un peuple noir agropastoral, mais des recherches archéologiques indiquent également la présence de Blancs au nord de la Mauritanie actuelle[2].

La désertification progressive à partir de –2000 (époque Holocène) assèche les lacs, et chasse les animaux et les Bafours vers le sud. Durant le 1er millénaire avant notre ère, ils sont progressivement remplacés par des nomades berbères, principalement Sanhadja, venus du nord. Quelques communautés isolées, vivant dans les oasis, ont persisté sous l'exonymie Haratin.

Quelques sites côtiers sur la façade atlantique du Maroc ont été colonisés par les Phéniciens et Carthaginois, dont Hannon le navigateur vers les VIe-Ve siècles avant notre ère ; aucune trace concluante n'en a été retrouvée au Sahara occidental. Le Périple de Hannon mentionne une « île de Cerné » (également « île d'Hern » ou « île des hérons »), qui pourrait être l'île d'Arguin (Mauritanie) ou l'île d'Herne près de Dakhla[3].

Les Romains ne dépassent pas la Maurétanie tingitane (moitié nord du Maroc). Ils sont conscients de l'existence de caravanes d'or traversant le Sahara, mais ne s'aventurent pas dans le désert. Pline l'Ancien et Ptolémée mentionnent le Draâ (Daratis) dans leurs écrits[4].

La désertification entre –300 et +300 a rendu tout contact avec le monde extérieur très difficile, jusqu'à l'introduction des dromadaires dans la région. Confrontés à un environnement hostile, les Berbères sont vraisemblablement dépendants des quelques communautés du désert et des caravanes.

[modifier] Islamisation du Sahara occidental

Voir aussi : histoire du Maroc

L'islamisation du Sahara occidental a commencé dès le VIIIe siècle, mais a longtemps été superficielle, une grande partie de la population conservant des pratiques animistes. Elle n'est pas directement le fait de la conquête arabe, ce sont les Berbères eux-mêmes qui ont propagé l'Islam vers le sud, en commerçant de plus en plus régulièrement à travers le Sahara[5]. En particulier, l'or du Sénégal est indispensable aux États arabes pour pouvoir frapper leur monnaie[6].

En 745, le gouverneur de l'Ifriqiya, Abderrahman Ibn Habib, fait construire une série de puits entre le sud du Maroc et Aoudaghost (oasis et ville marchande, au sud de la Mauritanie actuelle)[7].

Vers le IXe siècle, la conférération berbère des Zénètes (kharidjite) contrôle les oasis et centres marchands au nord du désert, dont Sijilmassa. Trois grandes tribus berbères sanhadja (malékites) contrôlent alors le désert : les Djoddala à l'ouest, près de la côte Atlantique, les Messoufa au nord, dans la vallée du Draâ et l'Anti-Atlas, et les Lemtuna au centre et au sud[8]. Une des routes caravanières les plus importantes relie Sijilmassa à l'empire du Ghana ; elle passe par Aoudaghost, devenue la plus importante ville des Lemtuna. C'est là que le sel, extrait dans le nord du désert, est échangé contre l'or du Bambouk.

Vers la fin du Xe siècle, le Ghana s'empare d'Aoudaghost, et les Lemtuna se réfugient dans l'Adrar mauritanien, tandis que d'autres Berbères se soumettent aux Ghanéens. Les Zénètes chassent au même moment les Sanhadja de Sijilmassa.

À la même époque, la dynastie des Idrissides qui régnait sur le Maroc est vaincue par les Fatimides puis les Omeyyades de Cordoue.

Au début du XIe siècle, l'émir Tarsina fonde une nouvelle confédération sanhadja à partir des Lemtuna, Djoddala et Messoufa. Tarsina est tué peu après (1023), et son gendre Yahya Ibn Ibrahim lui succède.

[modifier] Les Almoravides (1030-1147)

Voir l’article Almoravides.
Conquête almoravide (Couleur verte).
Conquête almoravide (Couleur verte).

Plusieurs versions légèrement différentes relatent l'avènement des Almoravides. Selon la plus courante, vers 1030, un chef djoddala[9], Yahya Ibn Ibrahim, se rend à la Mecque ; sur son retour, il s'arrête à Kairouan pour parfaire sa connaissance de l'Islam. Constatant de grands manques chez lui et ses hommes, il demande à ce qu'un professeur les accompagne dans le désert. En l'absence d'un candidat à Kairouan, il se rend à Sijilmassa où le religieux Abdallah Ibn Yasin, d'obédience malékite et puritain, accepte de le suivre. L'enseignement d'Ibn Yasin est rejeté par les Djoddala ; il se retire en Mauritanie (peut-être sur l'île de Tidra) où il fonde un ribāt ou couvent militaire. Vers 1050, il s'attire les faveurs du chef militaire des Lemtuna, Yahya Ibn Omar. Les Almoravides (al-Murābitūn, « ceux du ribāt ») parviennent alors à imposer leur doctrine aux Lemtuna, puis aux autres Sanhadja, puis à toute la région.

En 1053, Yahya Ibn Omar prend Sijilmassa aux Zénètes, puis Aoudaghost en 1054 (tenue par les Zénètes pour le compte de l'empire du Ghana), mais meurt peu après à Tabfarilla lors d'une révolte des Djoddala. Son frère Abu Bakr Ibn Omar prend Aghmat vers 1058, puis s'attaque aux Barghwata (dans la région actuelle de Rabat) en 1059, qui tuent Abdallah Ibn Yasin lors d'un combat.

Abu Bakr ou son cousin, Youssef Ibn Tachfin, fonde la base militaire de Marrakech en 1062-1070[10]. Au nord, Youssef Ibn Tachfin lève une nouvelle armée, puis unifie le Maroc et l'ouest de l'Algérie actuelle, tandis qu'Abu Bakr Ibn Omar retourne dans le sud mater une nouvelle rebellion des Djoddala. En 1076, Abu Bakr capture Koumbi Saleh, la capitale de l'empire du Ghana. À la fin du siècle, Youssef Ibn Tachfin conquiert Al-Andalus. À leur apogée, les Almoravides contrôlent un territoire long de 3500 km, mais ne forment pas un royaume unifié[11].

[modifier] Arabisation des Berbères (1147-1405)

La lutte des Almoravides contre les Hilaliens (des tribus arabes venues de l'est, envoyées par les Fatimides) puis leur chute en 1147 aux mains des Almohades, contribuent à désorganiser les routes caravanières de l'ouest du désert, au profit de Tombouctou plus à l'est[12]. Les Sanhadja se retrouvent ainsi isolés du Maghreb pendant un siècle. Au Maroc, les Almohades (issus des Zénètes) concentrent leur attention vers le nord et l'est.

Les arrivants suivants sont les Banu Maqtil au XIIIe siècle, des bédouins arabes venus du Yémen, d'abord en soutien aux Mérinides opposés aux Almohades. Suite à l'hostilité des Mérinides eux-mêmes, des tribus Maqtil nommées Banu Hassan quittent la vallée du Draâ et migrent vers le sud, allant jusqu'en Mauritanie. Ils entrent en conflits sporadiques avec les Sanhadja, et dominent la région à partir de 1400, en s'alliant notamment avec les Djoddala contre les Lemtuna. L'émirat des Oulad Delim recouvre le sud du Sahara occidental actuel, tandis que celui des Oudaia contrôle le nord de la Mauritanie. Les Berbères ont un statut de « seconde classe », mais peuvent obtenir tous leurs droits en se convertissant à l'Islam. L'islamisation du territoire devient vraiment complète vers cette époque, et les peuples berbères et arabes se mélangent peu à peu (à l'exception notable des Touareg, descendants presque directs des Sanhadja), donnant naissance au peuple maure. Le dialecte arabe des Banu Hassan, ou Hassaniya, est toujours parlé par les Maures et les Sahraouis.

Ibn Khaldoun laisse un dernier témoignage écrit sur les Sanhadja en tant qu'entité autonome, peu avant sa mort vers 1405.

Au sud, le Hodh et le Tagant (dont Aoudaghost) passent sous la domination de l'empire du Mali.

Au XIIIe siècle, Ibn Fatima est le premier marin à atteindre la baie du lévrier, où il s'échoue. Elle est alors sous le contrôle des Djoddala[13]. Dans un planisphère de 1320, le territoire Djoddala s'étend de l'île d'Arguin jusqu'au Seguia el-Hamra. Quelques autres navigateurs musulmans s'échouent encore au XIIIe et XIVe siècle, ils sont généralement bien accueillis par la population récemment islamisée.

[modifier] Le commerce trans-saharien vers 1400

À l'ouest du Sahara, la piste Sijilmassa-Teghazza-Aoudaghost reste la plus importante. Plus à l'est, les pistes relient l'Ifriqiya à Tombouctou et Gao. Ibn Khaldun rapporte l'existence d'une caravane annuelle de 12 000 chameaux.

Les principales cargaisons sont le sel et l'or. Le sel est extrait au nord, dont le Seguia el-Hamra et Teghazza, au nord du Mali actuel, et transporté en blocs. L'or est extrait au sud, dans le Bambouk, puis le Bouré (dans l'actuelle Guinée) et l'Akan (future Côte-de-l'Or), transporté sous forme de poussière d'or, et frappé en monnaie dans les villes du nord. Plusieurs écrivains arabes affirment qu'au Soudan, « l'or pousse comme les carottes ». Les Soudanais importent aussi des chevaux, des étoffes, du cuivre, de l'argent, des perles, des cauris, de la verrerie, des dattes et des figues, et de nombreux biens finis. Ils exportent des esclaves, des épices, des noix de kola, des peaux, ou de l'ivoire.

Les Massoufa sont réputés comme guides. D'autres tribus berbères vivent de tributs payés par les caravanes pour ne pas être attaquées, et durant la seconde moitié du XIVe siècle les nombreux raids des tribus arabes récemment arrivées dans la région contribuent à désorganiser le commerce et à favoriser Tombouctou aux dépens d'Oualata.

[modifier] Les incursions européennes (1434-1541)

[modifier] Premiers voyages

La première expédition connue vers la mer des Ténèbres, menée par Vandino et Ugolino Vivaldi, part de Gênes en 1291. Elle espère atteindre les Indes par voie maritime, mais elle disparaît sans laisser de traces.

Le Catalan Jaume Ferrer disparaît en 1346, il est mentionné sur le planisphère de Cresques (1375) comme étant parti per mar al Riu de l'Or[14]. Il s'agit vraisemblablement d'une référence au fleuve Sénégal, dont la richesse en or était connue, mais le nom Río de Oro s'applique plus tard au sud du Sahara espagnol.

Des marins dieppois auraient atteint la Guinée en 1364-1410 ; selon Mercer[15], ces expéditions sont inventées.

Vers 1400, les Européens sont parvenus aux îles Canaries et à la côte africaine adjacente ; ils connaissent le nom de Seguia el-Hamra depuis 1350. À cette époque, les Sanhdaja et les Hassinya occupent la côte, tandis qu'au sud les Djoddala passent sous la domination des Oulad Delim.

Les premiers explorateurs européens débarquent près du cap Bojador en 1405 et y attaquent une caravane ; d'autres raids se produisent mais les Européens tentent aussi de commercer. Face à une opposition locale déterminée, ils restent confinés à la côte[16].

[modifier] Implantation des Portugais

Sous l'impulsion d'Henri le Navigateur, Gil Eanes est le premier à franchir le cap Bojador en 1434, et à revenir. Entre 1434 et 1446, une cinquantaine de caravelles portugaises parviennent jusqu'au fleuve Sénégal. Les Portugais s'installent sur l'île d'Arguin (dans l'actuelle Mauritanie) en 1445, et ramènent un butin d'or et d'esclaves ; ils y établissent leur premier fort en 1448[17]. La chronique de ces expéditions est tenue par Gomes Eannes de Azurara. En 1445, João Fernandes est détenu pendant sept mois comme otage par les Sanhadja, dont il ne comprend pas initialement l'arabe hassinya ; il ramène le premier témoignage de la vie nomade aux Européens, et indique notamment que les tribus ne sont pas soumises aux royaumes du Maghreb[18]. En 1455, Henri interdit les raids de conversion chez les Sanhadja.

En 1456, suite à des affrontements entre le cap Ghir et le cap Bojador, le pape Calixte III choisit ce dernier comme ligne de partage entre Castille (au nord) et Portugal (au Sud).

Vers 1487, les Portugais ramènent de l'or et environ 1000 esclaves noirs par an ; ils les achètent aux nomades contre du blé et du tissu (on reconnaît les hommes importants à leur vêtements en étoffes européennes). Les nomades échangent eux-même des chevaux amenés du Maroc contre les esclaves, qu'ils obtiennent à bas prix ; ils utilisent aussi des cauris pour commercer entre eux. Les Portugais tiennent également plusieurs pêcheries sur la côte, où ils font sécher leurs prises[19].

[modifier] Les forts espagnols

En 1449, le roi Jean II de Castille accorde à Juán de Guzman les terres situées entre le cap Ghir (cabo de Aguer, près d'Agadir) et le cap Bojador[20], mais la première expédition castillane sur le continent ne date que de 1476. Ils érigent un fort nommé Santa Cruz de Mar Pequeña en face des Canaries. La localisation du fort n'est pas connue avec précision, il peut s'agir du Wadi Chebica, de Puerto Cansdao, ou d'Ifni[21]. Le fort est rapidement assiégé par 10 000 fantassins et 2000-3000 cavaliers, le gouverneur des petites Canaries Diego de Herrera n'envoie que 700 hommes en renfort, et le fort est abandonné. Les Castillans se limitent alors à des raids ; ainsi, vers 1480, ils attaquent la région de Taghaost (Legsabi) et ramènent 158 esclaves. La découverte de l'Amérique par Christophe Colomb en 1492 détourne rapidement l'attention des Espagnols vers ce nouveau continent.

Les Castillans reviennent en 1496 avec 34 soldats. Le 13 février 1499, les Aït Atta, une confédération berbère qui contrôlait la région de Messa, la vallée du Draâ et Icht (approximativement la région Sous-Massa-Draa actuelle), reçoivent une délégation dans leur capitale de Taghaost, se soumettent à la couronne espagnole, et envoient des ambassadeurs à la cour[22]. Le commerce croît avec l'Espagne, et celle-ci envoie aussi ses premiers exilés « aux Barbaresques ».

Cependant, la paix avec les Aït Atta ne s'applique pas aux autres tribus comme les Massa, et d'autres forts sont construits, à Taghazout, à San Miguel sur l'Oued Assaka, et au cap Bojador. Le fort de San Miguel, construit alors qu'une armée de nomades hostiles s'amasse, tombe au premier assaut, et les trois-quarts des défenseurs Espagnols sont tués. En 1502, les Espagnols tentent de construire un nouveau fort au cap Ghir, dans la zone dévolue au Portugal par le traité de Tordesillas. Avant son achèvement, ils sont contraints de l'abandonner sur ordre du roi. En 1505, avec l'accord des Massa, les Portugais construisent leur propre fort, Santa Cruz do Cabo de Aguer, à Agadir (à quelques kilomètres du cap). En 1508, afin de luter contre les pirates barbaresques, les Castillans occupent l'île de Peñón de Vélez de la Gomera en Méditerrannée, violant à nouveau le traité de Tordesillas. En réparation, lors du traité de Sintra (18 septembre 1509), ils abandonnent leur zone d'influence entre la Massa et le cap Bojador aux Portugais, ne conservant que Santa Cruz de Mar Pequeña.

[modifier] Victoire des Marocains

Les tribus de la vallée du Draâ, exaspérées par les offensives des Européens, décident de reprendre leur territoire par la force. En 1511, ils attaquent le fort portugais d'Agadir, sans succès. En 1516, ils subjuguent les Massa et les Ait bou Aita, et prennent Taghaost. En 1517, ils prennent et rasent Santa Cruz de Mar Pequeña, mais les Espagnols reconstruisent le fort quelques jours plus tard. En 1524, un nouvel assaut les chasse définitivement[23] ; il s'agit de la dernière incursion espagnole au Sahara occidental avant 1884[24]. En 1541, le fort portugais de Santa Cruz do Cabo de Aguer est détruit à son tour. En 1554, ils finissent par chasser les Wattassides du pouvoir, et fondent la dynastie des Saadiens.

[modifier] Arguin (1541-1728)

Les Européens évitent largement le Maroc et le Sahara occidental par la suite, et se concentrent sur des côtes plus propices, à partir du Sénégal. Après l'annexion du Portugal par l'Espagne, la Hollande en guerre avec celle-ci s'empare du fort d'Arguin en 1638, et contrôle l'île jusqu'en 1678 (les Anglais l'occupent quelque temps en 1665). La France s'empare alors de l'île, mais l'abandonne rapidement. En 1685, Frédéric Guillaume Ier de Brandebourg conquiert la place. Ses successeurs cèdent ces comptoirs aux Hollandais, en 1717. Les Français et les Hollandais se disputent l'île jusqu'en 1728, où elle passe sous le contrôle de chefs tribaux mauritaniens.

[modifier] La domination marocaine (1541-1884)

[modifier] Les Saadiens

Conquêtes des Saadiens
Conquêtes des Saadiens

Avec l'avènement de la dynastie marocaine des Saadiens, l'ascendant marocain devient effectif sur le Sahara Occidental. Au sud, ils avancent jusqu'à Tombouctou et au Sénégal. En 1591, à la bataille de Tondibi, les troupes d'Ahmed al-Mansur Saadi, commandées par Djouder, un eunuque espagnol converti, remportent une victoire décisive sur l'empire Songhaï, auquel les Touareg (berbères du centre du désert, descendants non-arabisés des Sanhadja) payaient jusqu'alors tribut. L'apogée marocaine ne dure pas : après la mort d'al-Mansur en 1603, ses fils se déchirent le Maroc ; le pays se désintègre en une multitude de fiefs, tandis que les Européens se créent de nouvelles enclaves au nord[25]. Vers 1632, Tombouctou et Gao déclarent leur indépendance, et les nomades reprennent le contrôle du désert[26].

En 1644, les Sanhadja se révoltent contre les Hassaniya du désert, dont descendent aussi les Saadiens, et déclenchent la guerre de Charr Boubba. Menés par un émir lemtuna, Nasr ad-Din, ils sont battus dans le Trarza, au sud-ouest de la Mauritanie. En 1674, la région est de nouveau sous contrôle arabe.

[modifier] Les Alaouites

Moulay Ismail
Moulay Ismail

L'Alaouite Moulay Ismail mène ensuite plusieurs expéditions dans le désert afin de reprendre le contrôle des routes caravanières, et il consolide la souveraineté marocaine. Il nomme les gouverneurs de Taghaza (où se trouvent les mines de sel), Touat, Shinqit et Semara. En 1724, il envoie ses troupes noires, les Abid al-Bukhari, aider l'émir du Trarza à attaquer le poste français de Saint-Joseph sur le Sénégal. Ce renouveau d'activité marocaine dans le désert forme la base historique à la revendication du Maroc sur le territoire du Sahara occidental[27].

Après la mort de Moulay Ismail en 1727, le contrôle marocain redevient plus incertain[28]. Ainsi, le 28 mai 1767, le sultan Mohammed III du Maroc signe le traité de Marrakech[29] avec Charles III d'Espagne, dans lequel il reconnaît que « S. M. Impériale se réserve de délibérer sur le comptoir que S. M. Catholique veut fonder au sud du fleuve Noun, car elle ne peut prendre la responsabilité des accidents et des malheurs, sa domination ne s’étendant pas jusque là... De Santa Cruz vers le Nord, S. M. Impériale accorde aux Canariens et aux Espagnols la pêche sans y autoriser aucune autre nation.[30] » La version en arabe du traité n'implique pas une renonciation de souveraineté aussi nette[31].

Lors du traité de Meknès de 1799, signé lui aussi avec l'Espagne, le Maroc indique que l'Oued Noun lui-même (anciennement Assaka) n'est pas sous sa souveraineté[32]. Cependant, vers la fin du siècle, l'investiture de l'émir de la confédération Trarza revient au sultan du Maroc.

[modifier] Retour de l'Espagne (1859)

En 1859, l'Espagne déclenche la guerre d'Afrique contre le Maroc, et impose ses conditions en 1860 dans le traité de Tétouan. Elle obtient une enclave autour de l'endroit où se trouvait le fort de Santa Cruz de Mar Pequeña se trouvait, mais ne peut indiquer avec précision sa localisation. En 1878, l'expédition du Blasco de Garay trouve des ruines à l'embouchure de l'oued Noun et obtient la permission des chefs locaux pour y construire un port de pêche. Le sultan Moulay Hassan propose alors d'installer le port à Ifni, hors de la zone sous traité[33], mais l'hostilité des populations locales empêche les Espagnols de prendre possession du territoire. Il ne parviendront à s'imposer qu'en 1934.

[modifier] Donald MacKenzie

À la fin du XIXe siècle, le sud du Maroc est toujours bilad al-siba, zone insoumise au pouvoir royal[34]. En 1879, l'Écossais Donald MacKenzie obtient l'accord d'un chef du Souss, Mahammad Bayruk, pour établir un comptoir près de Cap Juby, ainsi qu'une bande de trois kilomètres sur douze[35]. Port Victoria, géré par la North-West Africa Company de MacKenzie, espère capter une partie du commerce caravanier.

Le sultan Moulay Hassan du Maroc, craignant de perdre ce commerce avec le Sahara et de voir MacKenzie armer les tribus du sud, offre de l'argent à celui-ci pour partir, mais MacKenzie refuse.

En 1880, le sultan envoie une expédition pour mettre à sac le comptoir, mais elle ne cause que des dégâts mineurs. MacKenzie cherche alors à étendre sa compagnie, et prend contact avec l'émir de l'Adrar mauritanien. L'expédition suivante du Maroc a lieu en 1882, afin de soumettre les tribus du Souss et de déloger MacKenzie. Elle se solde par un échec, et jusqu'à 6 000 des 20 000 soldats seraient morts de soif[36].

En 1884, la perspective de voir MacKenzie établir un nouveau comptoir dans le Río de Oro décide les Espagnols à prendre les devants et débarquer eux-même. Ils tentent également de l'empêcher d'utiliser ses entrepôts aux Canaries, mais la pression britannique les en dissuade.

En 1888, le Maroc fait assassiner le gérant du comptoir de Cap Juby ; sous pression britannique, il est contraint de payer 5000 livres en compensation. Des combats sporadiques ont lieu entre les Izarguien, alliés de MacKenzie, et les troupes marocaines. Les Français s'inquiètent à leur tour que des armes destinées à leurs ennemis soient importées via Cap Juby.

En 1893, le Maroc organise une nouvelle expédition dans le Tafilalet (où se trouvait l'ancienne Sijilmassa). Quinze à trente mille soldats vont de Fès à Marrakech via les oasis du Tafilalet. Ils y reçoivent des témoignages de soumission (et des arriérés d'impôts) des chefs locaux, et permettent de réaffirmer l'autorité du sultan sur la région[37].

[modifier] Le traité anglo-marocain de 1895 et les frontières du Maroc

Peu avant 1895, le gouvernement britannique tente d'obtenir l'indépendance de jure de la région du Cap Juby, afin d'éviter un nouveau conflit avec le sultan, mais ne parvient pas à un accord. Il décide alors de vendre l'entreprise au sultan pour 50 000 livres, théoriquement afin de transformer l'enclave en port franc. Le traité anglo-marocain du 13 Mars 1895 stipule que : « ...Aucune Puissance ne pourra émettre des prétentions sur les territoires allant de l'Oued Draâ au Cap Bojador et appelés Tarfaya comme il est dit plus haut et à l'intérieur parce que ces territoires appartiennent au Maroc. »

Le texte du traité fait partie des pièces apportées par le Maroc à la Cour internationale de justice en 1975 pour étayer sa revendication de souveraineté sur ces territoires. Cependant, la correspondance diplomatique britannique de l'époque indique à plusieurs reprises que la région du Cap Juby ne fait pas partie du Maroc, qui pour les britanniques s'arrête au Draâ. Ainsi, le traité représente un accord de la part de la Grande-Bretagne de ne pas contester les prétentions futures du sultan au sud, et non une reconnaissance de sa souveraineté existante sur ces territoires[38].

Quelques écrits suggèrent une reconnaissance étrangère de la souveraineté du Maroc sur le Río de Oro, comme une lettre de l'ambassadeur de France à Tanger, en date du 10 Novembre 1898 inclut le passage : « La presse espagnole mène grand bruit autour de nouvelles récemment reçues de Rio de Oro et d'après lesquelles un nombre considérable de marocains -quatre ou cinq mille- s'approcheraient avec une attitude agressive de ladite factorie. » Cependant, la convention franco-espagnole de 1904 indique que « le gouvernement de la République française reconnaît que l'Espagne possède à compter de ce jour toute liberté d'action au regard des territoires compris entre 26 degrés et 27 degrés 40 minutes de latitude nord et le 11e méridien ouest de Paris, qui sont en dehors des limites du Maroc[39]. » Plus généralement, aucun texte officiel de l'époque n'atteste une reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental au moment de la colonisation espagnole[40].

En 1910, Cap Juby est aux mains des Izraguien, qui commercent alors avec les Canaries.

[modifier] Le Sahara espagnol (1884-1975)

Le Sahara occidental (Sahara espagnol), colonie espagnole
Le Sahara occidental (Sahara espagnol), colonie espagnole

Depuis le XVIIIe siècle, des pêcheurs espagnols des Canaries viennent près des côtes du Sahara occidental, où les poissons abondent. À la fin du XIXe siècle, plusieurs sociétés africanistes se forment, afin d'explorer et d'exploiter ce territoire encore largement inconnu. Par ailleurs, l'avancée des Britanniques et des Français dans la région pousse les Espagnols à être les premiers à le revendiquer.

[modifier] Établissement du protectorat

En 1881, la Sociedad Pesquerías Canario-Africanas construit un débarcadère sur la pointe Durnford, à l'emplacement de Villa Cisneros[41]. En janvier 1884, Emilio Bonelli y Hernando de la Sociedad Española de Africanistas y Colonistas signe un traité avec des chefs sahraouis qui cèdent la péninsule de Río de Oro à l'Espagne, mais celle-ci n'en prend pas possession.

Le 28 novembre, Emilio Bonelli signe un autre traité avec trois représentants des Oulad bou Sbaa (Sba), qui autorise l'établissement de comptoirs : Villa Cisneros (à Río de Oro, actuelle Dakhla), Puerto Badía (à Angra da Cintra), et Medina Gatell (à La Guera, actuelle Lagouira).

Le 26 décembre 1884, l'Espagne proclame un protectorat nommé Río de Oro sur la côte allant du cap Bojador au cap Blanc (Bahia del Oeste), ostensiblement à la demande de la population locale. Le protectorat permet également de fermer la porte à Donald MacKenzie, qui cherchait à établir de nouveaux comptoirs sur cette côte. La conférence de Berlin entérine la revendication espagnole le mois suivant. Villa Cisneros est le chef-lieu administratif, et Bonelli y fait construire un fort avec des ouvriers des Canaries.

Le 6 avril 1887, le protectorat espagnol est étendu au Seguia el-Hamra au nord, ainsi qu'à 240 km à l'intérieur des terres[42], où commence l'émirat d'Adrar. Il est alors placé sous l'autorité du gouverneur-général des Canaries, qui nomme un sous-gouverneur.

En mars 1887, Villa Cisneros est attaquée et pillée par les Oulad Delim, puis à nouveau en mars 1892 et en novembre 1894. Le 2 mars 1895, les Espagnols signent un accord avec le cheikh Ould Laroussi des Oulad Delim[43]. Toutefois, en mars 1898, une bande d'Oulad Delim attaque à nouveau Villa Cisneros, tue plusieurs employés de la Compagnie commerciale hispano-africaine (Compañia Mercantil Hispano-Africana), et pille les stocks tandis que les Espagnols fuient en bateau jusqu'aux Canaries.

Le 27 juin 1900, la France et l'Espagne signent le traité de Paris qui définit la frontière entre le Río de Oro (espagnol) et la Mauritanie (française)[44]. Le 4 octobre 1904, la convention de Paris fixe les frontières du Saguia el-Hamra et de Cap Juby (maroc espagnol du Sud[45]). Le 27 novembre 1912, après l'établissement du protectorat français sur le Maroc, la convention de Madrid confirme ces frontières, et fixe celles de l'enclave d'Ifni, où les Espagnols ne sont toujours pas parvenus à s'imposer.

[modifier] Ma El Ainin

Les Espagnols ne s'aventurent pas en masse à l'intérieur des terres et évitent ainsi l'affrontement avec les nomades. Ce sont les Français, beaucoup plus agressifs, qui avancent en Mauritanie après avoir colonisé l'Algérie et la Tunisie, et qui provoquent le soulèvement d'une partie des nomades.

Vers 1895, le chef religieux Ma El Ainin, construit un ribat à Smara, jusque là simple point d'eau et carrefour caravanier, d'où il lance un appel à la guerre sainte contre les colonisateurs. Armé et financé par le sultan du Maroc contre la reconnaissance de la souveraineté de celui-ci sur le Sahara occidental et la Mauritanie, Ma El Ainin s'empare du comptoir de Donald MacKenzie à Cap Juby la même année. Vers 1905, il envoie un de ses fils dans l'Adrar mauritanien, afin d'y mener la résistance contre les Français, et il est peut-être à l'origine de l'assassinat à Tidjikdja de Xavier Coppolani, le commissaire français de Mauritanie (12 mai 1905). La mort de Coppolani désorganise l'avancée française, mais ne l'arrête pas. En 1907, Henri Gouraud, qui vient de soumettre une rébellion au Soudan français (Mali), est nommé commissaire, et reprend l'offensive. Ma El Ainin se rend au Maroc pour obtenir des armes, il choisit alors traiter avec Abd al-Hafid, opposé aux Français et frère du Moulay Abd al-Aziz, lui-même collaborateur. Les affrontements en 1908-09 tournent cependant à l'avantage de Gouraud, Ma El Ainin est contraint de quiter Smara (toujours inachevée) et s'installe à Tiznit où il se proclame Mahdi. Le 23 juin 1910, le général Moinier bat une armée de 6000 marocains et insoumis de l'Adrar à Tadla, ce qui met un terme aux ambitions de Ma El Ainin. Il meurt le 23 octobre 1910 à Tiznit[46].

En mai 1911, Abd al-Hafid renverse Abd al-Aziz. Il se retrouve assiégé par des tribus berbères à Fès et est contraint de demander aux Français de l'aider, ce qui conduit à l'établissement du protectorat en 1912.

[modifier] Victoire des Français

Ahmed el-Hiba, un des fils de Ma El Hainin, se proclame Mahdi et sultan à Tiznit en 1912. Il étend son pouvoir au Sahara occidental tandis que ses frères s'emparent d'Agadir et Taroudant ; en août, le « Sultan Bleu » fait une entrée triomphale à Marrakech à la tête de 10 000 hommes, mais il est battu à Sidi Othmane. En 1913, une colonne française part de Mauritanie, arrive à Smara, et détruit partiellement la ville. En représailles, des troupes nomades menées par Agdaf, un autre des fils de Ma El Ainin, tuent quarante français dans le sud.

Pendant la Première Guerre mondiale, les Allemands et les Turcs tentent d'armer les nomades contre les Français. Un sous-marin allemand livre des armes en 1916, mais l'équipage est capturé peu après à Cap Juby par les Espagnols. En 1916, bénéficiant de la neutralité d'El Hiba et des Français à son égard, le colonel Francisco Bens chasse les Sahraouis de Cap Juby, qui devient Villa Bens. El Hiba est repoussé dans l'Anti-Atlas, où il meurt en 1918 ; son frère Merebbi Rebbu prend la tête de la résistance. Les Français soumettent le Souss, puis le Rif ; vers 1929 la résistance est confinée au désert côtier du Saguia el-Hamra.

En 1932, la neutralité relative de l'Espagne dans la guerilla entre Français et Sahraouis prend fin lorsqu'un détachement de méharistes Oulad Delim déserte avec ses armes.

En 1934, les Français battent les Reguibat et s'emparent de Tindouf, réalisant la jonction avec les troupes de l'Adrar, et encerclant les derniers résistants sahraouis. Les Espagnols achèvent alors la prise de contrôle de leur territoire, par l'intermédiaire d'auxiliaires recrutés parmi les nomades (Tercio Africanos), en occupant les localités de l'intérieur dont Smara, ainsi qu'Ifni.

[modifier] Domination espagnole

Le mode de vie des Sahraouis change peu sous l'administration espagnole : ils restent pasteurs nomades, avec leurs propres traditions, dont des assemblées coutumières (djemaa) et une justice propre (droit musulman et orf coutumier). La présence espagnole elle-même se limite à quelques villes, où se fait le commerce avec les nomades.

La ville d'El Aaiún (Laâyoune) est fondée en 1940 après la découverte d'une nappe phréatique importante.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Espagnols entreprennent la première campagne d'exploration scientifique du Sahara occidental, les Estudios Saharianos, et améliorent l'infrastructure économique et sociale du territoire[47].

En 1947, l'Espagne fonde l’Afrique occidentale espagnole (África Occidental Española), qui comprend Ifni, la bande de Tarfaya, le Seguia el-Hamra et le Río de Oro.

À partir des années 1950, plusieurs sécheresses poussent une partie de la population nomade à se sédentariser dans les zones urbaines, ce qui les amène au contact des Espagnols, et provoque de nouvelles tensions liées au statut colonial.

[modifier] Début de la décolonisation

Le « Grand Maroc »
Le « Grand Maroc »

Le Maroc gagne son indépendance en 1956. Sous l'impulsion de nationalistes comme Allal Al-Fassi et son parti de l'Istiqlal, il entreprend alors de reconstituer son intégrité territoriale avec l'objectif d'un « Grand Maroc » rassemblant toutes les terres conquises par les Almoravides au XIe siècle. Il revendique ainsi tous les territoires encore contrôlés par les Espagnols et une partie des territoires contrôlés par les Français (une portion du Sahara autour de Tindouf, ainsi que la Mauritanie jusqu'à Saint-Louis du Sénégal, mais pas le Mali, qu'Al-Fassi revendique sans soutien[48]). Il s'oppose à l'indépendance de la Mauritanie en 1960, puis à son admission à l'ONU l'année suivante, et ne la reconnaît qu'en 1969[49]. Après la guerre des sables de 1963, il renonce également à Tindouf[50]. Le Sahara espagnol devient alors la principale revendication marocaine.

En 1957, Moktar Ould Daddah, le futur fondateur de la Mauritanie, déclare : « En un mot nous nous réclamons de cette même civilisation de désert dont nous sommes si justement fiers. Je convie donc nos frères du Sahara espagnol à songer à cette grande Mauritanie économique et spirituelle.[51] », et lance ainsi l'idée d'une Grande Mauritanie.

La découverte d'immenses gisements de phosphate à Boukraa par Manuel Alia Medina à partir de 1947, et surtout dans les années 1960, rend soudainement le Sahara occidental économiquement viable (les premières exportations ne commencent qu'en mai 1973). Il attire alors la convoitise de ses voisins : le Maroc, outre l'idée d'un « Grand Maroc », espère contrôler le principal concurrent potentiel de ses propres dépôts de phosphate, la Mauritanie souhaite de trouver des ressources naturelles supplémentaires, et l'Algérie veut contrer le Maroc et s'assurer un accès direct à l'océan Atlantique. De son côté, l'Espagne franquiste n'a plus aucune inclination à décoloniser cette terre devenue riche. Enfin, les Sahraouis eux-mêmes, qui n'ont jamais formé de nation, découvrent que le désert contient bien plus que le pâturage et l'eau pour leurs troupeaux, et conçoivent un nationalisme de toutes pièces[52].

[modifier] La guerre d'Ifni

En 1956, le Maroc crée une armée de libération du Maroc du sud, composée principalement de tribus sahraouies afin de lutter contre l'occupation espagnole à l'enclave de Sidi Ifni et au Sahara Occidental. La guerre d'Ifni débute en octobre 1957. Après plusieurs succès, l'armée de libération est repoussée, puis détruite en février 1958 par une action conjointe franco-espagnoles nommée « opération ouragan » (partie espagnole) et « opération écouvillon » (partie française).

[modifier] Réformes espagnoles

Le Sahara espagnol est créé le 12 janvier 1958 en rassemblant les territoires de Río de Oro et Saguia el-Hamra. La même année, l'Espagne cède la bande de Tarfaya au Maroc, et dissout l'Afrique occidentale espagnole ; le Saguia el-Hamra et le Río de Oro deviennent des provinces espagnoles de plein droit, élisant leurs représentants aux Cortes Generales (qui n'ont pratiquement aucun pouvoir sous Franco), tandis qu'Ifni obtient un conseil municipal. Le 19 avril 1961, El Aaiún devient la capitale du Sahara espagnol. En 1962, l'Espagne lance un nouveau plan de modernisation économique. Les premières élections municipales ont lieu en 1963, puis tous les deux ans. En 1967, l'Espagne met en place une assemblée territoriale, la Jemaa (ou Yemaa), qui n'a elle non plus pratiquement aucun pouvoir[53].

[modifier] Le droit à l'autodétermination

Dès 1963, le Sahara espagnol était inscrit à la demande du Maroc sur la liste des territoires non-autonomes. Le Maroc est alors convaincu que les Sahraouis souhaitent massivement rejoindre le royaume.

Le 17 décembre 1965, dans sa résolution 2072[54], l'Assemblée générale de l'ONU invite l'Espagne à prendre immédiatement les mesures nécessaires pour la libération de la domination coloniale des territoires d'Ifni et du Sahara espagnol, et à engager à cette fin des négociations sur les problèmes relatifs à la souveraineté que posent ces deux territoires. L'Espagne et le Portugal votent contre la résolution, tandis que la France, l'Afrique du Sud, le Royaume-Uni et les États-Unis s'abstiennent.

Dès lors, cette question est inscrite chaque année à l'ordre du jour de la quatrième commission de décolonisation et fait l'objet de sept résolutions supplémentaires de l'Assemblée générale entre 1966 et 1973, enjoignant l'Espagne à mettre en œuvre de ce droit à l'autodétermination. Depuis lors, l'ONU a toujours confirmé sa position en faveur de l'autodétermination de la population sahraouie[55].

Des recommandations du même type émanent depuis des années du Conseil du Sécurité des Nations Unies, de l'OUA, du mouvement des non alignés, du Parlement européen, invitant toutes les parties, y compris l'Algérie, à coopérer pleinement avec les Nations Unies afin de progresser vers une solution politique consensuelle de leur différend régional.

En 1969, l'Espagne restitue la région d'Ifni au Maroc.

[modifier] Fondation des mouvements indépendantistes

Après l'écrasement des soulèvements de 1957-58, il faut attendre plusieurs années avant la reconstitution de nouveaux mouvements, d'abord pacifistes, puis plus enclins à obtenir l'indépendance par la force.

Le premier mouvement indépendantiste, le Frente de Liberacíon del Sahara bajo Dominacíon Española est fondé en 1966, mais il n'entreprend aucune action[56].

En 1967, Mohammed Bassiri fonde le Harakat Tahrir Saqia al-Hamra wa Wadi al-Dhahab (mouvement de libération du Seguia el-Hamra et Oued ed-Dahab), précurseur pacifique du Polisario[57]. Le 17 juin 1970, des manifestants conduits par Mohammed Bassiri amènent une pétition au gouverneur général du Sahara espagnol, à Laâyoune. Alors que la manifestation se disperse, la police tente d'arrêter les meneurs ; les manifestants résistent, le gouvernement fait intervenir les Tercio Africanos qui tire sur la foule, faisant 11 morts. Des centaines de personnes sont arrêtées dans les jours suivants, dont Bassiri, qui disparaît en prison, vraisemblablement assassiné ou torturé à mort.

En 1971, Edouardo Moha fonde le Mouvement de résistance des hommes bleus (Morehob), qui revendique l'indépendance immédiate et refuse tout référendum. Très actif pendant plusieurs mois, le mouvement est progressivement « récupéré » par le Maroc.

Le même année, El-Ouali Moustapha Sayed, un Sahraoui alors étudiant en droit, et d'autres étudiants à Rabat, commencent à envisager la possibilité de libérer le Sahara occidental par la force, en refusant toute ingérence marocaine. En 1973, les autorités marocaines interviennent pour dissoudre son groupe, et Sayed fuit dans le désert. Le 10 mai 1973, le Frente Popular de Liberación de Saguía el Hamra y Río de Oro ou Front Polisario est fondé à Aïn Bentili (Mauritanie), afin de contraindre l'Espagne par la force de renoncer à la colonisation, mais aussi en opposition au rattachement avec le Maroc et la Mauritanie. El-Ouali Moustapha Sayed est élu secrétaire général. Le 20 mai, lors du raid de Khanga, le Polisario s'empare d'un poste militaire et saisit des armes[58].

Pour contrer le Polisario, Hassan II encourage en 1974 la fondation du Front de libération et de l'unité (FLU), pro-marocain[59].

Enfin, en février 1975, les Espagnols autorisent un Partido de la Union Nacional Sahraoui afin de conserver un lien avec l'Espagne, mais son dirigeant, Khalihenna Ould Rachid, se rallie rapidement au Maroc[60].

[modifier] L'avis de la Cour internationale de justice

Le 21 août 1974, l'Espagne annonce la tenue d'un référendum d'autodétermination pour le début de 1975. Le roi du Maroc Hassan II déclare alors s'opposer y compris par la force à tout référendum qui pourrait aboutir à l'indépendance du territoire contesté ; le 17 septembre, il propose l'arbitrage de la Cour internationale de justice[61]. L'Espagne effectue un recensement de la population du Sahara espagnol en 1974, afin de déterminer la liste des participants au scrutin d'autodétermination.

Le 13 décembre 1974, l'Assemblée générale de l'ONU adopte la résolution 3292[62]. Elle réaffirme le droit à l'autodétermination du Sahara espagnol, demande à la Cour internationale de Justice d'émettre un avis consultatif sur le statut et les liens juridiques du territoire, et mandate une mission de visite dans le territoire.

La mission se déroule en mai-juin 1975, elle visite le Sahara occidental et les pays limitrophes. Elle présente son rapport à l'ONU le 15 octobre, elle conclut à un « consensus écrasant parmi les Sahraouis vivant sur le territoire en faveur de l'indépendance et en opposition à l'intégration avec tout pays voisin[63] ». Les dirigeants de la mission constatent également un soutien massif de la population en faveur du Front Polisario.

Le 16 octobre 1975, la Cour internationale de Justice rend son avis : elle reconnaît que le territoire du Sahara occidental n'était pas terra nullius avant la colonisation par l'Espagne, et qu'il avait des liens juridiques d'allégeance avec le Maroc et la Mauritanie. Cependant, elle ne constate aucun lien de souveraineté territoriale. Elle conclut que ces liens ne sont pas de nature à entraver « l'application du principe d'autodétermination grâce à l'expression libre et authentique de la volonté des populations du territoire »[64].

[modifier] La Marche Verte et la fin du mandat espagnol

Le lendemain de l'avis de la Cour internationale de Justice, Hassan II annonce l'organisation d'une « marche verte », pour laquelle la logistique est déjà en place[65], afin d'« expulser les infidèles colonialistes du sol marocain » et d'incorporer le Sahara occidental au Maroc. L'appel à la Marche connaît un énorme succès : 500 000 Marocains affluent à Tarfaya près de la frontière, et un système de quotas et de tirages au sort détermine ceux qui pourront la franchir. Début novembre, 350 000 civils organisés en marche pacifique, brandissant le drapeau marocain et le Coran, franchissent la frontière afin d'appuyer la revendication territoriale marocaine ; ils sont appuyés par quelques 20 000 soldats marocains tandis que les Espagnols se sont repliés dix kilomètres au sud. Le 6, le conseil de sécurité des Nations unies approuve la résolution 380 qui « demande au Maroc de retirer immédiatement du territoire du Sahara occidental tous les participants à la marche[66] ». Le 9 novembre, Hassan II ordonne aux marcheurs de faire demi-tour. La Marche Verte permet à Hassan II de consolider son pouvoir autour du sentiment nationaliste marocain[67].

Le 14 novembre 1975, alors que Franco agonise, le gouvernement espagnol signe les accords de Madrid avec le Maroc et la Mauritanie. Le territoire est divisé : les deux-tiers nord pour le Maroc, le tiers sud pour la Mauritanie. L'Espagne obtient des concessions pour le phosphate de Bou Craa et la pêche. La population sahraouie n'est pas consultée, et le Front Polisario s'oppose violemment aux accords. L'Algérie est également exclue des accords, principalement parce qu'elle souhaitait empêcher l'Espagne de poursuivre l'exploitation du phosphate de Bou Craa[68] ; cette décision rapproche encore plus l'Algérie et le Polisario.

Le 10 décembre, l'Assemblée générale de l'ONU adopte la résolution 3458, qui approuve le rapport de la mission de visite et les conclusions de la Cour internationale de justice, notamment la mise en place d'un référendum sur l'autodétermination, et prie toutes les parties concernées « de mettre fin à toute action unilatérale ou autre qui outrepasserait les décisions de l'Assemblée générale relatives au territoire[69] ».

[modifier] La guerre du Sahara occidental (1975-1991)

[modifier] Invasion du Maroc et de la Mauritanie (1975-1976)

Le 11 décembre 1975, les troupes marocaines occupent Laâyoune. Le 20 décembre, les troupes mauritaniennes occupent Tichla et Lagouira. Le 9 janvier, les dernières troupes espagnoles quittent Laâyoune, tandis que les troupes marocaines arrivent à Dakhla (Villa Cisneros). Le 12 janvier, elles sont rejointes par les troupes mauritaniennes, et les derniers soldats espagnols quittent le territoire.

Les troupes d'occupation commettent de nombreuses exactions contre les civils sahraouis : en février, la Fédération internationale des droits de l'homme confirme les accusations de répression, torture et les assassinats de civils ; l'utilisation de napalm contre des civils est quant à elle confirmée par le Comité international de la Croix-Rouge en janvier et par une équipe de médecins suisses en mai[70]. Les forces algériennes s'avancent jusqu'à Amgala, où a lieu un affrontement avec l'armée marocaine. Après la victoire de celle-ci, les Marocains stoppent leur poursuite avant la frontière algérienne et évitent l'extension du conflit.

Le 26 février 1976, l'Espagne informe l'ONU de l'abandon de son mandat d'administration du territoire, au profit du Maroc et de la Mauritanie. L'ONU considère toujours à ce moment l'Espagne comme puissance administrante de jure, et le Maroc et la Mauritanie comme puissances occupantes[71]. Cette distinction de droit international n'autorise pas le Maroc à exploiter le phosphate de Bou Craa. Le lendemain, le Polisario proclame la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à Bir Lehlou. El-Ouali Moustapha Sayed est le premier président de la RASD. Le 6 mars, l'Algérie reconnaît la RASD, ce qui provoque la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc.

[modifier] Succès du Polisario (1976-1980)

Rassemblement de troupes du Front du Polisario.
Rassemblement de troupes du Front du Polisario.

Le Polisario concentre initialement ses efforts contre la Mauritanie, l'armée de celle-ci étant nettement plus faible que celle du Maroc. Mené par El Ouali puis Lahbib Ayoub, armé par l'Algérie et la Libye, il adopte des tactiques de guerilla qui montrent rapidement leur efficacité.

En janvier 1976, les troupes du Polisario attaquent la bande transporteuse de phosphate entre Bou Craa et Laâyoune et interrompt la production de phosphate pendant plusieurs années[72].

L'armée de l'air marocaine bombarde plusieurs camps sahraouis[73], ce qui provoque l'exode de milliers de sahraouis dans les camps de réfugiés de la région de Tindouf, en Algérie.

Le Polisario prend Amgala qui avait été abandonnée par les Algériens, et selon le Maroc se livre à des « massacres » sur les troupes marocaines.

El-Ouali Moustapha Sayed meurt le 9 juin 1976 lors d'un raid sur Nouakchott, la capitale mauritanienne. En mai 1977, Lahbib Ayoub attaque la cité minière de Zouerate.

Entre 1976-1978, le Polisario parvient à former des colonnes d'une centaine de véhicules blindés, équipés avec des armes soviétiques. Il chasse les Marocains d'Amgala, et effectue des raids en plein Maroc, jusqu'à 240 kilomètres de la frontière[74].

La position de la Mauritanie est fragilisée par la présence de nombreux nationalistes sahraouis, et des milliers de soldats sahraouis mauritaniens désertent et rejoignent le Polisario. En 1978, 60% du budget et consacré à l'armée, et le pays est au bord de la cessation de paiements[75]. Le 10 juillet 1978, après un coup d'État en Mauritanie et l'établissement d'un Comité militaire de redressement national (CMRN), le Polisario annonce un cessez-le-feu avec ce pays. Les négociations ne progressent pas, un second coup d'État donne naissance au Comité militaire de salut national (CMSN), et le Polisario rompt le cessez-le-feu en juillet 1979.

La Mauritanie cède dans les jours suivants et accepte les conditions du Polisario : traité de paix, retrait des troupes, renoncement à toute revendication sur le tiers du Sahara occidental obtenu lors des accords de Madrid, et reconnaissance du Polisario comme seul représentant du peuple sahraoui. Le Maroc est outré, et annexe immédiatement la portion sud du territoire. Un coup d'État lancé en 1981 contre le CMSN échoue ; la Mauritanie soupçonne qu'il était appuyé par le Maroc et rompt ses relations diplomatiques[76].

En janvier 1979, le Polisario attaque la ville marocaine de Tan-Tan et la presse marocaine parle de « catastrophe nationale »[77]. En août, il attaque Dakhla, où les Marocains ne cèdent pas, mais le mois suivant il fait 1500 victimes à Lebouiarat et s'empare d'armes lourdes. En octobre, une attaque sur Smara est repoussée à l'aide de Mirage F1 achetés aux Français, et le Polisario s'empare de Mahbès, sur la route entre Smara et l'Algérie.

En mars 1980, le Polisario inflige une sévère défaite aux forces armées marocaines dans le Djebel Ouarkziz, et les pousse à adopter une nouvelle stratégie[78].

[modifier] Construction du mur marocain et enlisement du conflit (1980-1987)

Étapes de construction du mur marocain
Étapes de construction du mur marocain

En 1980, le Maroc entreprend la construction du « mur marocain », en commençant par la région Laâyoune-Smara-Bou Craa, qui concentre l'essentiel de l'activité économique. Le mur est constitué de bermes (remblais) de sable et de pierre d'environ trois mètres de haut ; des tranchées de plusieurs mètres sont creusées en plusieurs endroits en contrebas, de façon à minimiser le risque d’une incursion adverse. Tout le long du mur, des unités de surveillance se relaient aux unités d’intervention, équipées de radars et protégées de barbelés.

Construit en six étapes, jusqu'en 1987, il comporte cinq « brèches » censées assurer le droit de poursuite pour les troupes marocaines. Chaque mur est censé sécuriser la zone qui le sépare de l’Atlantique. D’une longueur totale d'environ 2700 km, le mur de défense est surveillé par plus de 90 000 hommes. Une bande de plusieurs centaines de mètres de champs de mines en interdit l’accès.

Le mur réduit fortement la capacité d'incursion des forces du Polisario, mais son coût grêve le budget du Maroc, malgré l'aide de l'Arabie saoudite et des États-Unis.

[modifier] Négociations pour un cessez-le-feu (1984-1991)

Carcasse d'un bombardier marocain abattu par les Sahrawis (Tifariti)
Carcasse d'un bombardier marocain abattu par les Sahrawis (Tifariti)

En 1982, lors d'un entretien avec le président algérien Chadli Bendjedid, Hassan II lui aurait déclaré « laissez-moi le timbre et le drapeau, tout le reste est négociable[79] ». La même année, les diplomates du Polisario, appuyés par la diplomatie algérienne, obtiennent l'admission de la République arabe sahraouie démocratique dans l'Organisation de l'unité africaine, ce qui provoque le départ du Maroc en 1985. Au cours des années 1980, la RASD est reconnue par 75 États, principalement africains. Les camps de réfugiés de Tindouf hébergent son gouvernement en exil.

En 1984, l'OUA adopte la résolution AHG104, qui réaffirme le droit des sahraouis à l'autodétermination, et appelle à des négociations directes entre le Maroc et le Polisario, un cessez-le-feu, et un référendum. En août, le Maroc signe le traité d'Oujda avec la Libye, par lequel celle-ci s'engage à ne plus soutenir le Polisario. En septembre, à l'Assemblée générale de l'ONU, Hassan II s'engage en faveur du référendum d'autodétermination[80]. En décembre, l'Assemblée générale de l'ONU reprend le plan de paix de l'OUA à son compte.

Le secrétaire général de l'ONU, Javier Pérez de Cuéllar, s'implique directement à partir de 1986. Chaque partie expose ses positions dans un questionnaire : le Maroc refuse des négociations directes préalables à une médiation de l'ONU, mais accepte le principe d'un référendum supervisé par celle-ci. Le Polisario souhaite lui aussi un référendum supervisé par l'ONU, mais également une administration directe du territoire par l'ONU, une force de sécurité conjointe de l'ONU et de l'OUA, et le retrait des forces armées marocaines ainsi que des colons marocains avant la tenue du référendum[81].

En 1987 se tient une nouvelle réunion entre Hassan II et Chadli Bendjedid à Akid Lofti (près de la frontière algéro-marocaine), et l'année suivante le Maroc et l'Algérie reprennent leurs relations diplomatiques.

En août 1988, l'ONU présente au Maroc et au Polisario son plan de règlement du conflit. Les propositions de l'ONU sont acceptées « en principe » par les deux parties, mais sont accompagnées de commentaires contradictoires adressés directement à Pérez de Cuéllar et Issa Diallo. Ces commentaires ne sont pas communiqués à la commission chargée de la mise en œuvre du plan[82].

En janvier 1989, une délégation du Polisario est reçue par Hassan II à Marrakech, sans résultat. Peu après, Hassan II déclare que « le Maroc ne cèderait pas un pouce de son territoire[83] », et en octobre, qu'« il n'y a rien à négocier, car le Sahara occidental est un territoire marocain[84] ». La dernière offensive significative du Polisario a lieu en octobre-novembre, contre le Mur.

L'affrontement armé direct entre l'armée marocaine et l'armée du Polisario dure jusqu'en septembre 1991, date d'un cessez-le-feu organisé par l'ONU et faisant partie du plan de règlement.

[modifier] Le cessez-le-feu et l'impasse (1991-)

Sahara Occidental, frontière des territoire contrôlés par le Polisario et le Maroc, près de Tifariti.
Sahara Occidental, frontière des territoire contrôlés par le Polisario et le Maroc, près de Tifariti.

Au début des années 1990, à partir des propositions conjointes de l'OUA et de l'ONU, s'établit une dynamique de paix. Mais, même après l'établissement d'un cessez-le-feu durable, la perspective d'un référendum est toujours aussi éloignée.

[modifier] Établissement et obstacles

Le Conseil de sécurité donne son accord à l'établissement de la « Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental » (MINURSO) le 19 avril 1991 (résolution 690[85]), et le cessez-le-feu entre en vigueur le 6 septembre.

L'application de la résolution rencontre rapidement des obstacles, dont le plus important est l'identification des électeurs pouvant participer au référendum. Le Polisario souhaite limiter l'inscription aux résidents identifiés lors du recensement de 1974 et à leurs descendants, ce qui favoriserait un résultat pro-indépendance. Le Maroc souhaite que les Sahraouis installés au Maroc ainsi que les Marocains installés au Sahara occidental puissent également se prononcer, ce qui favoriserait un résultat pro-intégration.

[modifier] Les plans Baker

L'arrivée de Kofi Annan au Secrétariat général en janvier 1997 permet de relancer le processus de paix. Kofi Annan nomme James Baker, ancien Secrétaire d'État américain, comme envoyé personnel pour le Sahara occidental. Baker visite la région du 23 au 28 avril 1997, puis parvient à réunir Sahraouis et Marocains à Houston du 14 au 16 septembre, et à leur faire signer les accords de Houston, qui prévoient la tenue du référendum en 1998. L'identification des électeurs reprend le 3 décembre, mais bute à nouveau sur le statut de plusieurs tribus nomades. Le référendum est repoussé à décembre 1999. En 1999, la commission d'identification rejette la plupart des demandes individuelles d'inscription de ces tribus, ce qui provoque la colère du Maroc. Le Polisario, quant à lui, évoque la possibilité d'une reprise des hostilités si le référendum est continuellement repoussé.

En 2000, James Baker propose un nouveau plan, qui est rejeté par les deux parties, mais le Polisario libère cependant 201 prisonniers marocains, « à titre humanitaire ».

Baker propose un nouveau plan en 2003, qui prévoit l'établissement d'une Autorité du Sahara occidental pour cinq ans, puis la tenue du référendum, auquel les colons marocains participeraient, et auquel la nouvelle option d'une « autonomie permanente » figurerait. Le plan est approuvé unanimement par le Conseil de sécurité, mais refusé par le Maroc car il compromet son intégrité territoriale. Suite à ce refus, Baker démissionne en juin 2004.

[modifier] Évolution du statut de la RASD et du Maroc

La RASD perd progressivement sa reconnaissance internationale dans les années 1990, de nombreux pays préférant suspendre ou abandonner celle-ci, en attendant le résultat du scrutin d'autodétermination. En 2006, une cinquantaine de pays reconnaissent encore la RASD.

En 2002, l'ONU qualifie pour la première fois le Maroc de « puissance administrante »[86], ce qui l'autoriserait à exploiter les ressources naturelles du territoire[87], mais cette qualification n'est pas portée sur liste officielle des territoires non-autonomes tenue par l'ONU.

[modifier] Développements récents

En août 2003, le diplomate péruvien Alvaro de Soto est nommé par l'ONU au poste de Représentant spécial pour le Sahara occidental. En 2005 Kofi Annan nomme Peter van Walsum et Frasesco Bastagli en qualité respectivement d’envoyé personnel et de représentant spécial au Sahara occidental.

Le Maroc œuvre actuellement pour une solution politique avec une large autonomie dans le territoire dans le cadre d'une souveraineté marocaine afin de dépasser le blocage actuel, et a créé le Conseil royal consultatif des affaires sahariennes (CORCAS) dans ce sens.

Depuis mai 2005, des manifestations et émeutes, surnommées « intifada pour l'indépendance » par le Polisario, ont lieu dans plusieurs villes du Sahara occidental, principalement à Laâyoune. Plusieurs journalistes étrangers ont été expulsés après avoir interviewé des manifestants. Le 14 décembre 2005, 14 militants sahraouis sont condamnés à des peines de prison. Amnesty International et Human Rights Watch[88] ont exprimé de vives réserves sur les conditions de ces procès, et Amnesty International a demandé une enquête sur les accusations de torture de prisonniers[89].

[modifier] Sources

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article en anglais : « History of Western Sahara. »
  • Tony Hodges, Sahara occidental : origines et enjeux d'une guerre du désert, lire en ligne
  • Dominique Lagarde, Mohamed Larhdaf Eddah, Baya Gacemi, Sahara : le conflit ensablé, L'Express, 18 octobre 2001, lire en ligne
  • Cour internationale de justice, Avis consultatif du 16 octobre 1975 sur le Sahara occidental
  • (en) Anna Theofilopoulou, The United Nations and Western Sahara: a Never-ending Affair, United Stated Institute of Peace, Special Report 166, juillet 2006 lire en ligne
  • (en) Dr. Robert Winslow, Chronologie du Sahara occidental, dans A Comparative Criminology Tour of the World, San Diego State University
  • (en) History: Detailed Chronology sur wsahara.net (site pro-Polisario)
  • (en) Erik Jensen, Western Sahara: Anatomy of a Stalemate, Rienner, 2005, ISBN 1-58826-325-3
  • (en) Virginia Thompson et Richard Adloff, The Western Saharans, Croom Helm, 1980, ISBN 0-7099-0369-3
  • (en) John Mercer, The Cycle of Invasion and Unification in the Western Sahara, African Affairs, Vol. 75, No. 301 (Octobre 1976), pages 498-510
  • (en) John Mercer, Spanish Sahara, George Allen & Unwin Ltd, Londres, 1976, ISBN 0-04-966013-6
  • (en) Bob Hilkens, Spanish Sahara, lire en ligne
  • (en) Faten Aggad, Western Sahara: understanding the conflict and its deadlock, conférence annuelle de l'African Studies Association of Australia and the Pacific (AFSAAP), 2004 lire en ligne
  • (en) C. R. Pennell, Morocco since 1830, New York University Press, New York, 2000, ISBN 0-8147-6676-5
  • (en) C. R. Pennell, Morocco: From Empire to independence, Oneworld, Oxford, 2003, ISBN 1-85168-303-8
  • (en) Nehemia Levtzion, The early states of the Western Sudan to 1500, in History of West Africa, tome I, Longman Group, 1971, ISBN 0-231-03628-0
  • (en) Humphrey Fisher, The Western and Central Sudan, in The Cambridge History of Islam, volume 2, Cambridge University Press, 1970, ISBN 0521076013

[modifier] Notes et références

  1. Voir François Soleilhavoup, L'art rupestre du Sahara occidental :un patrimoine culturel à inventorier à protéger
  2. Hodges
  3. Mercer, pages 69-70
  4. (en) Lyudmila M. Filatova, Dmitri A. Gusev1, et Sergey K. Stafeyev, Ptolemy’s West Africa Reconstructed lire en ligne
  5. Mercer, page 72
  6. Hodges
  7. Hodges
  8. Pennll, page 39
  9. Pennell (page 40)
  10. Pennell cite Abu Bakr, en 1070
  11. Hodges
  12. Mercer, page 74
  13. Mercer, page 77
  14. Mercer, page 77
  15. Mercer, page 77
  16. Jensen, page 23
  17. Mercer, page 80
  18. Mercer, page 81
  19. Mercer, page 82
  20. Texte original : http://americaversus.iespana.es/trascrip/1463.htm
  21. Mercer, page 84
  22. Mercer, page 86
  23. Mercer, page 87
  24. Jensen, page 23
  25. Pennell, page 88
  26. Mercer, page 93
  27. Pennell, page 105
  28. Jensen, page 22
  29. Un autre traité de Marrakech est signé la même année avec la France
  30. Mercer, page 96 ; voir aussi http://freesahara.unblog.fr/2007/01/18/traite-de-marrakech/
  31. CIJ, § 109
  32. Mercer, page 97 ; voir aussi http://www.wsahara.net/meknes.html et CIJ, § 110
  33. Mercer, pages 103-104
  34. Les historiens de l'époque coloniale font une distinction nette entre bilad al-makhzan (territoires arabes respectant le sultan) et bilad al-siba (territoires berbères échappant à son autorité), qui n'est acceptée qu'avec beaucoup de nuance par les historiens modernes (Pennell 2000, page 28)
  35. Pennell (2000), page 101
  36. Mercer, p. 104-105. D'après Pennell (2000, p. 105), c'est l'expédition de 1886 qui déloge MacKenzie et contraint le Maroc à lui payer une compensation, sous pression britannique.
  37. Pennell (2000), page 105
  38. CIJ, § 120
  39. CIJ, § 125, traduit depuis l'anglais
  40. CIJ, § 128
  41. Hilkens
  42. Thompson et Adloff, page 105
  43. Histoire du Sahara occidental, Villa Cisneros
  44. Jensen, page 24
  45. Traduction de South Spanish Morocco
  46. Mercer, pages 110-114
  47. Thompson et Adloff, page 107
  48. Pennell (2000), page 302
  49. http://web.mit.edu/cascon/cases/case_mom.html
  50. Jensen, page 25
  51. Texte sur http://www.sahara-occidental.com/pages/informer/histoire/chap06/page7.htm
  52. Thompson et Adloff, pages 103-104
  53. Pennell (2000), page 335
  54. Texte de la résolution 2072 (XX) (ONU)
  55. Theofilopoulou, page 3
  56. Pennell (2000), page 336
  57. Pennell (2000), page 336
  58. Voir El-Khanga raid (site pro-Polisario)
  59. Mercer, page 505
  60. Jensen, pages 26-27
  61. Theofilopoulou, page 3
  62. Texte de la résolution 3292 (XXIX) (ONU)
  63. Cité dans SOI 2003, United Nations Security Council, page 35 lire en ligne
  64. Voir sommaire de l'avis consultatif du 16 octobre 1975 (CIJ)
  65. Jensen, page 27
  66. Texte de la résolution 380 (ONU)
  67. Lagarde
  68. (en) Conflict in the Western Sahara, Library of Congress
  69. Texte de la résolution 3458 (XXX) (ONU)
  70. BBC, service arabe, cité par Mercer, page 506
  71. Winslow
  72. Winslow
  73. wsahara.net
  74. Pennell (2000), page 342
  75. Pennell (2000), page 342
  76. (en) Chronologie de la Mauritanie (BBC News)
  77. Pennell (2000), page 342
  78. Pennell (2000), page 366
  79. Jensen, page 33
  80. Jensen, page 33
  81. New York Times, 1er juillet 1986, cité par Jensen, page 34
  82. Theofilopoulou, page 3
  83. AFP, 16 janvier 1989
  84. West Africa, numéro du 2-8 octobre 1989
  85. Texte de la résolution 690 (ONU)
  86. (en) Rapport S/2002/178 du secrétaire général concernant la situation au Sahara occidental (ONU)
  87. (en) UN deems Morocco as Western Sahara's administrative power, The Guardian (Australie), 13 juin 2003
  88. http://hrw.org/english/docs/2005/12/10/morocc12183.htm
  89. Résolution du Parlement européen sur les drois de l'homme au Sahara occidental
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