Paul von Hindenburg
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Paul Ludwig Hans Anton von Beneckendorff und von Hindenburg, né le 2 octobre 1847 à Posen en Prusse orientale[1] et décédé le 2 août 1934 à Gut Neudeck (aujourd'hui Ogrodzieniec) était le Chef d'état-major allemand dès 1916, il devint président de la République de Weimar en 1925.
Il fut réélu à ce poste en 1932 mais à la suite du succès électoral du parti national-socialiste, il n'eut d'autre solution, en 1933, que de nommer Hitler au poste de chancelier.
[modifier] Biographie
Issu de la noblesse brandebourgeoise, Hindenburg fit carrière dans l'armée prussienne et prit sa retraite avec le grade de général d'armée le 8 juillet 1911 à l'âge de 64 ans. Rappelé en 1914, il redresse une situation difficile en battant les Russes à Tannenberg. Secondé par Erich Ludendorff, il succède à Erich von Falkenhayn à la tête de l'état-major général en août 1916. Ayant conclu un armistice avec la Roumanie, il se débarrasse de toute menace sur le front de l'est à la suite de la révolution russe de 1917. On sait aujourd'hui que ce sont ses services secrets qui ont financé Lénine. Il tenta de même d'affaiblir la résistance farouche de la petite Belgique en y développant le mouvement flamingant.
Tournant ses efforts vers la France et les Balkans, il se heurte entre autres à Foch. En 1918, voyant sa défaite proche, il incite secrètement son gouvernement à négocier un armistice. C'est ce qui lui permettra de le dénoncer après la guerre comme un coup de poignard dans le dos comploté par la gauche. Cette théorie complotiste sera très en vogue dans les milieux conservateurs hostiles à la république de Weimar (vue comme trop démocratique et trop permissive) et sera reprise par Hitler.
Aux élections présidentielles de 1925 qui suivent le décès de Friedrich Ebert, les partis de droite le choisissent comme candidat pour le deuxième tour à la place de Jarres à qui on n'accorde guère de chance. Son nom rallie nombre de protestants, choqués à l'idée qu'un catholique (le chancelier Marx) puisse devenir Chef de l'État. Paradoxalement, ce sont des protestants qui l'abandonnent en 1932, dénonçant sa collusion avec le Zentrum, tandis que des curés font prier leurs fidèles pour son succès. Il est élu à nouveau avec 53% des voix contre 36,8% à Adolf Hitler qui réalise une importante percée.
En 1930 il nomme directement Heinrich Brüning à la chancellerie sans consulter le parlement, inaugurant ainsi un régime présidentiel. Il essaie de s'opposer à l'ascension d'Hitler, ce caporal bohémien pour lequel il n'a que mépris. Il bat Hitler à l'élection présidentielle de 1932 mais il ne peut résister longtemps à l'agitation qu'entretiennent les nazis et sous la pression des milieux financiers et suite au succès du parti nazi aux élections législatives, il doit appeler Hitler à la chancellerie du Reich le 30 janvier 1933.
Comme beaucoup, il misait sur l'épreuve du pouvoir pour disqualifier rapidement cet agitateur. Cependant, il devient très vite dès lors l'otage et la caution du régime naissant et, physiquement affaibli, ne peut s'opposer aux premières mesures contre la démocratie.
Dès le 1er février 1933, le nouveau chancelier Hitler obtient du vieux maréchal Hindenburg la dissolution du parlement, le Reichstag, et le 4 février, est publié le décret-loi sur la protection de la nation allemande, restreignant les libertés d'expression en Allemagne.
Le 27 février, l'incendie du Reichstag (Parlement), par Marinus Van der Lubbe, jeune hollandais, proche du communisme de conseil, va permettre au chancelier Hitler de liquider l'opposition communiste et de gauche. 4 000 militants du KPD (parti communiste) et nombre de leaders de gauche, sont arrêtés, assassinés ou envoyés, comme premiers détenus des premiers camps de déportation d'Oranienburg et de Dachau, créés par les SA.
Aux élections de mars, le parti nazi obtient 13,75 millions de voix et 37,3% des voix, et le vieux Maréchal Hindenburg va être obligé d'entériner des dizaines de décrets organisant la mise en place de la dictature nazie :
- ouverture des premiers camps de déportation, dès le 8 mars
- loi des pleins pouvoirs au chancelier Hitler (23 mars)
- abolition des libertés fondamentales (29 mars)
- interdiction de tous les syndicats (2 mai)
La mort du maréchal Hindenburg, le 2 août 1934 est l'occasion, lors de ses grandioses funérailles nationales à Tannenberg, de montrer la puissance nazie. Hitler s'empare aussitôt de tous les pouvoirs.
À la fin de la guerre, en raison de l'avance russe, le cercueil du vieux maréchal et celui de sa femme furent retirés du monument de Tannenberg et placés à Marbourg dans l'Elisabethkirche où ils se trouvent encore.