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Politique linguistique de la France

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Depuis 1992, le français est l'unique langue officielle en France.[1] La politique linguistique de la France repose donc sur le monolinguisme d'État.

Sommaire

[modifier] Normalisation et codification de la langue française

Voir les articles diversité culturelle et Langues régionales de France.

La France moderne s'est constituée (cf. Formation territoriale de la France) à partir de l'agrégration au domaine royal de divers territoires, certains issus du partage de l'empire carolingien, d'autres non.

Il en est résulté un assemblage de régions parlant diverses langues soit romanes (langues d'oïl, langues d'oc, corse) soit d'autres origines (alsacien, breton, flamand, francique).

[modifier] Epoque prélittéraire

Issue du latin dit « vulgaire » (c'est-à-dire du latin parlé par le peuple à la distinction de celui dit « classique », qui n'était jamais plus que la langue littéraire et celle d'une élite restreinte), le français a subi quantité de changements vocaliques et consonantiques surtout pendant l'époque prélittéraire (IIIe siècle au VIIIe siècle environ).

Ces changements ont distingué la langue latine de la langue parlée du peuple à tel point qu'au VIIIe siècle, on prend conscience du fait qu'il s'est développé une nouvelle langue, d'abord appelée rustica lingua romana (langue romane rustique). Mais ce n'est qu'avec le début de la littérature en langue populaire que le besoin d'une normalisation de cette nouvelle langue s'impose.

[modifier] Le Moyen Age

Au début de l'époque littéraire, dès le XIe siècle, c'est le clergé qui produit de la littérature sacrale. C'est donc dans les écritoires (scriptoria) des monastères que se développent différentes traditions d'écriture de l'ancien français, les scriptae, conventions plus ou moins fixées d'orthographe qui transcrivent la langue orale. Celles-ci se fondent sur l'alphabet connu du latin, mais celui-ci ne peut fournir nombre de sons qu'a développé l'ancien français. Les scripteurs doivent inventer en combinant plusieurs lettres (il, ill, li, ili pour rendre le l mouillé) ou en attribuant une polyvalence à certaines (u étant toujours prononcé /y/, la lettre o rend désormais souvent les sons /u/).

Le problème majeur était depuis toujours de se faire comprendre par autant de lecteurs que possible (la partie alphabétisée de la population, il faut le rappeler, était cependant infime à l'époque et se limitait surtout à quelques clercs).

Certains traits dialectaux entrent dans les scriptae dès le début, mais le dialecte central de l'Ile de France tend dès le XIIe siècle à prévaloir. Du moment que le roi choisit Paris pour résidence permanente, la ville devient définitivement le centre de la puissance et aussi du commerce. Désormais, le dialecte francilien s'impose de plus en plus comme langue de communication, de commerce, de politique et de religion.

[modifier] La Renaissance

A partir du XIVe siècle, on parle de moyen français: la langue a encore subi des changements morphologiques importants qui la rapprochent de beaucoup du français moderne.

Avec le développement de la littérature et surtout avec la nouvelle technique d'impression de Gutenberg, les écrits se multiplient, et en même temps la discussion sur la qualité de la langue française commence parmi les lettrés.

[modifier] L'Ancien Régime

Un cercle de poètes, la Pléiade, et parmi eux surtout Ronsard, Du Bellay et Peletier du Mans, se lancent dans le débat pour enrichir le français par le moyen d'emprunts à d'autres dialectes (entre outres). Rabelais et Montaigne ridiculisent dans leur littérature l'abondance d'italianismes qui sont entrés dans la langue dû à l'influence de Catherine de Médicis, épouse du roi Henri II de France.

En même temps commence la lutte officielle contre les langues régionales et les dialectes parlés sur le territoire de France. En 1490, Charles VIII dispose par l'ordonnance de Moulins que la langue de la juridiction sera désormais la « langue maternelle ou franceoise » et non le latin. Cette disposition sera confirmée par une ordonnance de Louis XII en juin 1510 :

« Ordonnons (…) que doresnavant tous les proces criminels et lesdites enquestes, en quelque maniere que ce soit, seront faites en vulgaire et langage du pais (…) autrement ne seront d'aucun effet ni valeur » 

François Ier confirmera ce texte en 1531 pour le Languedoc. Mais cette décision sera rendue caduque (ou confirmée) par la promulgation de l'ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539 qui remplace l'usage du latin par celui de la « langue maternelle franceoise ». Désormais, les autres langues du pays ne sont donc plus admises.

[modifier] Le siècle classique

Le XVIIe siècle marque un point important non seulement pour la littérature, mais aussi pour l'évolution de la langue française. L'orthographe du français n'étant toujours pas fixé, le débat sur la qualité de la langue française n'ayant pas cessé depuis la Renaissance, le besoin d'une codification est ressenti de plus en plus fortement.

D'un cercle d'abord quasi-secret de lettrés naît l'Académie française. Elle est fondée officiellement en 1635 par le cardinal de Richelieu. Sa tâche est désormais de donner des règles à la langue française, de la rendre claire, pure et raisonnable afin de la rendre compréhensible par tous. Elle devra fournir les références nécessaires à la langue française : un dictionnaire répertoriant les mots de la langue française (dont la première édition fut accompli en 1694), une grammaire qui fut critiquée sévèrement à sa publication tardive en 1932, en outre une poétique et une rhétorique qui n'ont jamais vu le jour.

En même temps, Vaugelas se préoccupe du bon usage de la langue française. Celui-ci est, selon lui, à chercher à la façon de parler « comme la plus saine partie de la Cour » et à la façon d'écrire « comme la plus saine partie des autheurs du temps ». Il fonde les bases du français classique qui s'oriente aux courtisans et auteurs estimés raisonnables, au détriment de toutes les variations linguistiques présentes parmi le peuple.

[modifier] La Révolution française

À la veille de la révolution française apparaît l'idée selon laquelle le français est une langue élue. C'est notamment l'idéologie propagée par Antoine Rivarol dans son livre De l'universalité de la langue française.

Au début, la révolution française se montre tout aussi conciliante que le précédent régime. Durant les premières années, les décrets révolutionnaires sont traduits. Cependant, progressivement apparaît un courant de pensée selon lequel la diversité culturelle et linguistique doit être détruite au nom de l'unification de la nation (cf. jacobinisme).

L'abbé Grégoire écrit un Rapport sur la nécessité et les moyens d'anéantir le patois, et d'universaliser l'usage de la langue française.

Barrère écrit en 1794 dans un rapport au comité de salut public :

« Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton ; l'émigration et haine de la République parlent allemand… La Contre-révolution parle l'italien et le fanatisme parle basque. Cassons ces instruments de dommage et d'erreurs. » 

Puis, le décret du 2 Thermidor (20 juillet 1794) sanctionna la terreur linguistique. À partir de ce moment, les patois locaux furent pourchassés. Cette loi linguistique donna, au surplus, une bonne idée des intentions des dirigeants révolutionnaires :

« Article 1. À compter du jour de la publication de la présente loi, nul acte public ne pourra, dans quelque partie que ce soit du territoire de la République, être écrit qu'en langue française.
Article 2. Après le mois qui suivra la publication de la présente loi, il ne pourra être enregistré aucun acte, même sous seing privé, s'il n'est écrit en langue française.
Article 3. Tout fonctionnaire ou officier public, tout agent du Gouvernement qui, à dater du jour de la publication de la présente loi, dressera, écrira ou souscrira, dans l'exercice de ses fonctions, des procès-verbaux, jugements, contrats ou autres actes généralement quelconques conçus en idiomes ou langues autres que la française, sera traduit devant le tribunal de police correctionnelle de sa résidence, condamné à six mois d'emprisonnement, et destitué.
Article 4. La même peine aura lieu contre tout receveur du droit d'enregistrement qui, après le mois de la publication de la présente loi, enregistrera des actes, même sous seing privé, écrits en idiomes ou langues autres que le français. » 

[modifier] XIXe siècle et début du XXe siècle

Au cours du XIXe siècle, les langues régionales, bien que méprisées (les qualificatifs dépréciatifs tels que patois, idiomes… sont généralement employés) ne sont pas combattues. Ce n'est cependant que bien après l'établissement de la Troisième République qu'une politique de nivellement linguistique se met en place. La scolarisation obligatoire rejette l'enseignement des langues régionales, même en tant qu'outil d'enseignement dans les zones monolingues autres qu'en français.

[modifier] Politique d'assimilation

Depuis la fin du XIXe siècle et la politique de francisation de la Troisième République, on assiste à l'émergence de revendications pour la protection des langues régionales de France. En 1902, le gouvernement d'Émile Combes lutte par décret contre « l'usage abusif du breton ».

Durant la période dure (fin du XIXe siècle — 1950) de lutte contre les langues dites régionales, l'usage du symbole était utilisé afin de punir les enfants coupables de s'exprimer dans une langue autre que le français, fût-elle leur langue maternelle.

L'État a imposé cette politique dans le cadre de sa lutte contre ce qu'il appelle le cléricalisme. Or la position de l'église a toujours été d'une part pragmatique (employer les langues vernaculaires) et d'autre part, a toujours recherché l'appui ou la neutralité du pouvoir. En matière de langue régionale, l'église a donc suivi les usages gouvernementaux et le symbole fut donc employé dans les écoles libres comme dans les écoles publiques.

Le monolinguisme recule progressivement au profit d'un bilinguisme avec le français. Lorsque les campagnes sont révolutionnées par le passage de la paysannerie traditionnelle à l'industrie agroalimentaire, de nombreuses régions françaises voient s'opérer un basculement linguistique vers le français. Le passage d'une civilisation paysanne traditionnelle à une civilisation « moderne » largement influencée par les villes (bien que les modes vestimentaires étaient par endroit déjà sous l'influence des villes) s'accompagne du basculement vers le français. Dans de nombreuses régions, on constate la coexistence de la génération des arrières grands-parents monolingues, des grands-parents bilingues mais dont la langue maternelle n'était pas le français, celle des parents bilingues passifs et enfin celle des enfants monolingues francophones. L'influence des JAC (Jeunesse agricole chrétienne) est notable en Bretagne.

[modifier] Réactions

Depuis les années 1950, quelques timides mesures ont été prises en faveur des langues régionales : la loi Deixonne en 1951 qui autorise l'enseignement des langues régionales à l'école. Cependant l'UNESCO ne peut que constater que leur avenir reste menacé.

Voir notamment l'article de Philippe Blanchet: Enseigner les langues de France ?

Depuis les années 1970, en réaction, se sont développées dans plusieurs régions des écoles associatives afin de sauver la diversité culturelle :

Des classes bilingues existent aussi au sein de l'Éducation nationale (notamment, l'association Div Yezh – Deux Langues – promeut l'enseignement bilingue français-breton). Mais les moyens qui y sont consacrés sont très limités, ce qui conduit parfois à des situations intenables voire scandaleuses (classes sur quatre niveaux, intégration forcée à des classes monolingues, etc.) malgré les demandes pressantes des parents et des directeurs d'école. La bonne volonté des responsables de l'Éducation nationale ne peut pas être formellement mise en doute – mais on peut tout de même pointer leurs erreurs flagrantes de gestion (la majorité des élèves de CP se retrouveront l'année suivante en CE1, etc.).

Voir notamment :

[modifier] La seconde moitié du XXe siècle

L'influence de la politique linguistique de l'État d'éradication des langues minoritaires est limitée par d'autres facteurs :

  • Certaines langues régionales se sont nettement mieux maintenues que d'autres, notamment les langues transfrontalières qui bénéficient du soutien ou du rayonnement linguistique du voisin. L'histoire de l'Alsace-Lorraine lui a permis de ne pas subir la période dure de francisation, tandis qu'une fois réunie à la France, certains compromis ont été faits eu égard aux privilèges dont elle bénéficiait lorsqu'elle était allemande.
  • Le prestige d'une langue auprès de ses locuteurs joue ; il est en partie lié aux politiques linguistiques en vigueur (dévalorisation systématique des langues minoritaires), au prestige d'une « langue-mère » voisine dans le cas des langues frontalières ou transfrontalières (basque, corse, alsacien). Le cas des langues d'oïl très dévalorisées, non reconnues comme langues différentes du français et traitées de « patois » est significatif en ce sens. Pour le linguiste Claude Hagège, « la honte de sa propre langue, le prestige d’une langue étrangère, expliquent la mort des langues. C’est évident pour le breton. Déjà au XVIe siècle l’aristocratie bretonne avait abandonné le breton, considérant que le français avait davantage de prestige. »

Cependant, cette politique d'acculturation brutale a des conséquences encore maintenant. Ceci est notamment mis en lumière par des études comme celles de Philippe Carrer pour la Bretagne (voir ethnopsychiatrie).

La situation des langues minoritaires dans d'autres états qui pratiquent une politique linguistique différente peut donner un point de comparaison :

  • politique proche de celle de la France – pas de statut officiel des langues minoritaires : Algérie, Pologne, Grèce ;
  • politique différente de celle de la France : Royaume-Uni, Canada, Suisse, Belgique, Espagne ;
  • le cas de la Turquie mérite une mention spéciale car si la conception de l'État-nation a été repris de la France et a inspiré une politique linguistique d'assimilation tout à fait similaire à celle de la France du XXe siècle, la situation historique y a dégénéré en un terrorisme et une répression également féroces (voir Kurdistan et kurde).

Récemment, la France a durci sa législation contre les langues régionales.

L'article 2 de la Constitution de la cinquième République française a été modifié en 1992 (lors d'un congrès réuni afin d'amender la constitution pour la rendre compatible avec le traité de Maastricht. La mention « La langue de la République est le français » y a été alors ajoutée.

La loi n° 94-665 du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française dite « loi Toubon » qui affirme le caractère obligatoire de l'enseignement en français et étend l'obligation d'employer le français dans les contrats privés, les messages transmis par les médias, les communications scientifiques, etc. Cette loi prévoit des dispositions particulières pour les langues régionales, mais rend de fait illégal tout enseignement monolingue hormis en français et s'interdit de financer les enseignements dans une autre langue, y compris celles traditionnellement parlées sur son territoire.

Le Conseil de l'Europe a adopté en 1992 la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires qui consacre « le droit imprescriptible de pratiquer une langue régionale dans la vie privée et publique ». En 1999, la France la signe, comme tous les pays de l'Union européenne, mais sans la ratifier, à cause de son aspect anticonstitutionnel. La ratification lie juridiquement l'État contractant, la signature est une simple reconnaissance des objectifs généraux de la charte ; il n'y a donc aucune évolution de la situation des langues minoritaires en France, si ce n'est un vieillissement des locuteurs qui devrait amener les plus fragiles d'entre elles à « mourir » avant la fin du XXIe siècle, après une existence pour certaines plus que millénaire. La France est l'un des rares États d'Europe à ne pas avoir ratifié cette charte.

[modifier] L'unification linguistique dans l'imaginaire

Une phrase a marqué l'imaginaire collectif, qui a été longtemps affichée dans certaines écoles primaires : « Il est interdit de cracher par terre et de parler breton », phrase qui juxtapose deux interdictions de nature différente, illustrant bien la nature des moyens employés pour parvenir à réaliser un linguicide en Bretagne.

Un telle affiche est visible au « Musée Rural de l'Éducation de Bothoa » à Saint-Nicolas-du-Pélem dans les Côtes-d'Armor. La rareté des exemplaires restants ont amené certains à émettre le doute sur sa réelle existence, ainsi Fañch Broudig concluait à une extrapolation :

« Autant le principe édicté en 1897 par l'Inspecteur d'Académie du Finistère, Dosimont, selon lequel pas un mot de breton ne devait être prononcé ni en classe ni dans les cours de récréation est couramment référencé, autant il est difficile de retrouver trace de l'interdiction « de cracher par terre et de parler breton »… Sous réserve d'inventaire complémentaire, il faut considérer que la phrase que l'on brandit désormais comme un contre-slogan est, historiquement, une extrapolation. » 

Cependant, si cette phrase n'a pas existé telle quelle, elle a bel et bien existé sous forme paraphrasée. Le même auteur cite le « Règlement pour les écoles primaires élémentaires de l'arrondissement de Lorient », adopté et arrêté par le Comité supérieur de l'arrondissement, en 1836 et approuvé par le recteur en 1842, qui dispose : « Art. 21. Il est défendu aux élèves de parler breton, même pendant la récréation et de proférer aucune parole grossière. Aucun livre breton ne devra être admis ni toléré. » S'exprimer en breton et parler « grossièrement » font l'objet de la même prohibition [2].

[modifier] Politique linguistique coloniale de la France

[modifier] Au temps du colonialisme

Louis-Jean Calvet a consacré un livre sur ce sujet (« Linguistique et colonialisme »). Voici un court résumé de sa thèse :

« L'étude des langues a toujours proposé, au bout du compte, une certaine vision des communautés linguistiques et de leurs rapports. Cette vision a pu être utilisée pour justifier l'entreprise coloniale. Les sciences humaines sont en effet enfermées dans un carcan séculier : qu'elles le veuillent ou non, elles parlent de nous, de nos conflits, de nos luttes. Et la traduction qu'elles en donnent est souvent, qu'elles le veuillent ou non, utilisée au profit de certains, dans ces conflits et dans ces luttes. D'un certain point de vue, la linguistique a été jusqu'à l'aube de notre siècle une manière de nier la langue des autres peuples, cette négation, avec d'autres, constituant le fondement idéologique de notre « supériorité », de la supériorité de l'Occident chrétien sur les peuples « exotiques » que nous allions asservir joyeusement. Le phénomène n'a d'ailleurs pas disparu avec la « décolonisation ». » 

Louis-Jean Calvet le montre très clairement à travers un certain nombre de comportements, non seulement outre-mer, mais à l'intérieur même de l'hexagone où les langues régionales demeurent les victimes d'un impérialisme linguistique dont l'un des masques les plus récents est peut-être celui de la francophonie. Une linguistique consciente de ces implications politiques ne peut être que militante. C'est aux linguistes concernés, dans leurs pays respectifs, dans leurs régions, qu'ils appartient d'assumer cette prise en charge, ce combat pour la défense et l'épanouissement de leur langue et de leur culture propres.

Le site suivant donne un éclairage sur la situation linguistique (liée à la situation sociale, bien entendu) à Tunis pendant le protectorat français : http://revel.unice.fr/urmis/document.html?id=4

[modifier] Le néocolonialisme linguistique

Lors de la création de l'Empire colonial français, le français devint la langue obligatoirement enseignée dans toutes les colonies. Il est en priorité enseigné aux enfants de l'élite locale ou des chefs de tribus. Lors des indépendances, et surtout en Afrique subsaharienne, cette élite formée en français maintiendra la langue coloniale comme langue officielle.

Cependant, lors de la phase post-coloniale, l'État n'est plus le seul responsable de la « colonialisation » linguistique : les compagnies multi-nationales ont aussi leur part dans l'utilisation soit de la langue française, soit – et de plus en plus – de la langue anglaise.

Les sites suivant donnent des éclairages complémentaires sur la situation linguistique « néocoloniale » :

[modifier] Promotion du français à l'étranger

[modifier] Place du français à l'étranger

Voir l’article Français (langue officielle).

La France tente de promouvoir le français à l'étranger, notamment dans les organisations internationales (il s'agit de l'une des langues officielles de certaines organisations internationales : l'Organisation mondiale du commerce, l'ONU, l'OTAN, l'Union africaine, l'Union européenne, l'Union européenne de radio-télévision, l'Agence spatiale européenne, la Cour internationale de justice, la Cour pénale internationale, le Comité international olympique, la FINA, la FIFA, la FIA, l'Agence mondiale antidopage, le Secrétariat international de l'eau, l'Organisation hydrographique internationale, l'Association internationale de science politique, le Bureau international des poids et mesures, l'Union postale universelle et Interpol).

[modifier] Politique de la France concernant le français à l'étranger

[modifier] Principes généraux de la politique de la France concernant le français à l'étranger

Voir l’article Impérialisme culturel.

L'État français soutient le français à l'étranger (francophonie, cf. ci-dessus). Dans ce cadre, il n'hésite pas à pratiquer l'ingérence dans les affaires intérieures des autres États. Ainsi, lors d'une visite officielle au Canada en 1967, le président de la république française Charles de Gaule proclame « Vive le Québec libre ! » et compare la situation avec l'occupation allemande en 1939-1945 (« sur mon chemin, j'ai vu une atmosphère qui m'a rappelé celle de la Libération »), encourageant ainsi les séparatistes, ce qui provoque un incident diplomatique avec le Canada et l'annulation de la suite de la visite officielle.

L'État français subventionne des établissements français par immersion à l'étranger. Certains pensent que cette politique d'éducation est contradictoire avec les mesures restrictives adoptées vis-à-vis des écoles en langues minoritaires en France même (refus de l'intégration des écoles DIWAN dans l'Éducation nationale qui pratiquent la technique d'immersion, c'est-à-dire un enseignement bilingue à parité horaire dispensé pour moitié en breton et pour moitié en français…). D'autres expliquent qu'il est normal que la République française promeuve le français dans et à l'extérieur du territoire, dans le respect des législations locales en vigueur.

[modifier] La francophonie et la politique linguistique de la France

Voir l’article Francophonie.

La Francophonie est représentée par un certain nombre d'organisations coordonnées par l'Organisation internationale de la francophonie (OIF).

Les États et gouvernements membres de l'OIF ont choisi de structurer le périmètre des interventions de l'organisation autour de quatre missions : • la promotion de la langue française et de la diversité culturelle et linguistique ; • la promotion de la paix, de la démocratie et des droits de l'homme ; • l'appui à l'éducation, la formation, l'enseignement supérieur et la recherche ; • le développement de la coopération au service du développement durable et de la solidarité.

La Francophonie mêle donc des objectifs culturels et des objectifs politiques. Ce qui génère nombre de confusions et nourrit des soupçons d'impérialisme linguistique.

C'était le cas dès l'origine du mot « francophonie » inventé par Onésime Reclus. Celui-ci développe dans son livre « Un grand destin commence », un hymne à la conquête coloniale, concevant une véritable doctrine de l'impérialisme français. C'est aussi l'origine de la conception française de l'État (une nation, une langue, un peuple) :

« La langue fait le peuple « Dès qu'une langue a “coagulé” un peuple, tous les éléments “raciaux” de ce peuple se subordonnent à cette langue. C'est dans ce sens qu'on a dit : la langue fait le peuple (lingua gentem facit). » » 

L'objectif de la Francophonie concernant la promotion de la langue française et de la diversité culturelle et linguistique se décline en deux points :

  • étendre la place du français dans le monde et notamment défendre sa position dans les anciennes colonie d'Afrique ;
  • lutter contre la prédominance de l'anglais.

Pour répondre à l'accusation d'impérialisme culturel, les responsables de la francophonie utilisent le concept de langue partenaire.

« Respectueuse de la diversité culturelle et linguistique, l'OIF de la Francophonie favorise le plurilinguisme au sein de l'espace francophone par le développement équilibré du français et des langues partenaires, particulièrement les langues africaines transfrontalières, vecteurs d'expression, de développement, d'éducation, de formation et d'information. » 

Les langues partenaires ne sont pas définies précisément mais concernent les langues locales des pays africains :

« Dans le contexte plurilingue de nombreux États en Afrique francophone, les langues nationales sont indispensables dans de nombreux domaines : éducation de base, santé publique, environnement, culture… L'OIF soutient ces langues, qu'elles soient de portée nationale ou transfrontalière, pour rendre plus aisée leur utilisation concrète, à l'oral comme à l'écrit, notamment en appuyant l'édition d'ouvrages dans ces langues. … En Afrique où le français, langue d'enseignement, voisine avec les langues maternelles des élèves, l'OIF favorise la prise en compte dans les systèmes éducatifs africains d'une articulation entre ces langues et le français. Une alphabétisation ignorant ces langues et l'influence qu'elles exercent sur les capacités d'apprentissage des élèves, serait en effet vouée à l'échec. » 

[modifier] Défense et promotion de la diversité culturelle

Le Ministère français de la Culture déclare souvent mener une action vigoureuse pour la « défense de la diversité culturelle » : il entend par là la défense du cinéma français et de ses intérêts économiques face au cinéma hollywoodien.

Il ne s'agit aucunement d'appliquer cette défense à la diversité culturelle et linguistique qui existe en France. Les défenseurs des langues minoritaires en France y voient une contradiction – d'ailleurs difficilement assumée par certains (voir le concept de « langue partenaire » introduite par les organismes en charge de la francophonie).

Pour les tenants de la conception française de l'État (un État, une nation, un peuple), l'unité culturelle première étant la Nation, la défense de la diversité linguistique s'entend alors au niveau européen et mondial, et ne saurait être retenu comme argument en faveur de revendications régionalistes.

[modifier] Notes et références

  1. Voir la Constitution de la Ve République, modification de 1992, titre I, art. 2: « La langue de la République est le français. » (http://www.legifrance.gouv.fr/html/constitution/constitution2.htm)
  2. Fañch Broudig, « La pratique du breton de l'Ancien Régime à nos jours », chapitre 17, ISBN 2868471285

[modifier] Bibliographie

L'analyse de l'intervention de l'État en France dans le domaine de la langue, montre comment une volonté politique se traduit en action et comment ont été gérés, depuis ces dernières décennies, les influences et les enjeux parfois contradictoires.
(Le texte se limite à la politique mise en œuvre en France depuis les années 1960.)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

Autres langues
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