Précarité
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La précarité peut se définir comme une très forte incertitude quant aux chances de pouvoir récupérer ou conserver une situation acceptable dans un avenir proche.
C'est une notion fortement subjective et relative, puisqu'elle est définie par rapport à ce qu'on peut considérer comme une "situation acceptable". Ainsi, selon la situation, plein emploi ou non, selon le code du travail en vigueur, mais aussi selon le type de société, de modèle social ou de culture la notion de précarité sera différente.
En France, un arrété de 1992 a défini 5 catégories de personnes en situation de précarité : chômeurs, bénéficiaires du RMI, titulaires d'un contrat emploi solidarité, personnes sans domicile fixe, jeunes âgés de 16 à 25 ans exclus du milieu scolaire et engagés dans un processus d'insertion professionnelle.
Sommaire |
[modifier] Contexte politique
[modifier] En France
Une certaine aversion au risque et une résistance au changement sont souvent[réf. nécessaire] désignés comme étant à l'origine de la position centrale donnée au thème de la précarité, tout comme ils peuvent l'être du principe de précaution, installé au sommet de la hiérarchie de la norme juridique, par son introduction, en 2005, dans le préambule de la Constitution.
À l'inverse, cette place donnée au thème de la précarité peut aussi s'inscrire dans la tradition humaniste française qui entend défendre des conditions de vie satisfaisantes, humaines plutôt qu'économiques.[réf. nécessaire]
Ces deux points de vues ont ainsi été mobilisés de manière concurrente dans l'analyse qui a été faite du mouvement anti-CPE, comme l'a souligné notamment le sociologue Richard Sennett[1].
[modifier] La situation
[modifier] En France
Légalement le contrat "standard" est le CDI[réf. nécessaire] ; la précarité est donc surtout évoquée à propos des contrats qui offrent moins de garanties, par exemple des contrats à durée déterminée (CDD) ou d'intérim, au terme desquels le salarié peut se retrouver en situation de chômage.
D'autres situations remettent en cause la continuité de l'emploi, y compris dans le cadre de contrats à durée indéterminée, et peuvent entraîner un sentiment de précarité :
- la mauvaise santé économique de son entreprise,
- le risque de décisions de l'employeur pouvant entraîner des fermetures de site, déplacement d'atelier...
- les situations peu protégées comme celles des travailleurs indépendants ou des responsables de petites entreprises dont le revenu est directement lié aux aléas de la demande de leurs clients,
- les changements d'objectifs de l'employeur sans remise en cause de la continuité de l'emploi, c'est alors la nature de l'emploi qui est précaire (cas des fonctionnaires soumis aux aléas politiques),
- l'instabilité des lieux d'affectation (personnels non titulaires de postes).
À l'instar du salaire, la précarisation de l'emploi peut constituer une variable d'ajustement de l'économie[réf. nécessaire]. À ce titre, les travailleurs peu qualifiés peuvent être les plus touchés par la précarité[réf. nécessaire]. À une plus petite échelle, les employeurs ont recours aux contrats précaires pour :
- accompagner les fluctuations économiques, en reportant les aléas de la demande sur les salariés, tout en évitant les contraintes liées au licenciement de salariés sous contrat à durée indéterminée [réf. nécessaire] ;
- éviter d'atteindre un effectif de salariés en contrat à durée indéterminée, situation qui peut amener une augmentation des exigences règlementaires applicables, ou dépasser des quotas d'emploi statutaires [réf. nécessaire] ;
- diverses autres raisons comme la substitution des périodes de congés par des périodes de chômage (cas de certaines compagnies aériennes qui utilisaient des hôtesses en CDD renouvelés quelques semaines après leur interruptioncitation nécessaire).
[modifier] Luttes sociales
[modifier] En France
Les revendications des travailleurs s'estimant en situation de précarité tendent à s'amplifier[réf. nécessaire].
Alors que la précarisation des conditions de travail était considérée par les syndicats comme un obstacle pour les revendications des salariés, des grèves longues et médiatisées ont mobilisé dans les années 2000-2003 des travailleurs précaires de différents secteurs tels que le commerce, la restauration rapide et le nettoyage : grève d’un an d’une trentaine de femmes de ménage africaines d’Arcade, sous-traitant du groupe hôtelier Accor, deux longues grèves, de quatre mois et d’un an, dans un restaurant McDonald's parisien en 2001-2002 et 2003-2004, grève de plusieurs mois de cuisiniers sri-lankais et africains etc.
Avec l'implication de syndicats comme SUD ou la CNT, ces mouvements ont aussi bénéficié de l'appui de comités de soutien particulièrement actifs regroupant des militants syndicalistes, membres de partis politiques, d'associations comme ATTAC etc.
Les principales organisations militantes agissant dans la lutte contre la précarité en France sont AC ! et le réseau Stop précarité.
[modifier] Précarité relationnelle
La précarité relationnelle est un état d'instabilité des relations, entre individus, au sein de la société, se traduisant par un appauvrissement des interactions sociales, voire à l'isolement social.
[modifier] Au sein de la famille
La cellule familiale, pilier de la société dans la plupart des traditions religieuses du monde (judéo-chrétiennes, musulmanes, etc.), est aujourd'hui questionnée par les nouveaux modes de vies induites dans les sociétés occidentales. La disparition progressive des contraintes culturelles, religieuses, et morales, a redéfini le sens de la cellule familiale.
Plusieurs points expliquent cette nouvelle distance relationnelle :
- La nette augmentation des divorces
- L'augmentation du nombre de familles monoparentales
- L'éloignement entre les individus d'une même famille (soit intergénérationnelle avec le développement des maisons de retraites, soit au sein des couples (métiers nécessitants de fréquents déplacements éloignant le couple), ou encore l'éloignement imposé par la scolarité (surtout pour les études supérieures).
Voir aussi : Zygmunt Bauman, La société liquide
[modifier] Entre individus
La société paysanne du début du XXe siècle était notamment marquée par deux phénomènes :
- Peu de différences sociales entre les individus
- Une exigence de solidarité entre paysans, marqué par les exigences du climat (période des vendanges, moissons, hiver). Ces périodes demandaient une collaboration entre les individus, et donc des liens affectifs, et des notions morales comme le respect de la parole donnée.
Actuellement, la diversification importante des activités industrielles, commerciales et tertiaires, a changé la société. Le travail en commun est différent, les différences sociales ont évolué, la société n'est plus conditionnée par le climat, et même de moins en moins par l'alternance jour-nuit. L'attachement a un lieu géographique s'est réduit et il est devenu rare qu'une personne ne déménage qu'une seule fois de sa vie. Ces nouvelles données entraînent une certaine précarité des relations humaines.
[modifier] Précarité des conditions de vie
Les urbains qui n'ont pas accès à la location, pour des raisons financières, ou liées à des différences culturelles entre bailleurs et locataires, sont souvent réduits à trouver des logements alternatifs, temporaires, parfois peu salubres.
Voir aussi : cabanisation, bidonville, sonacotra, squat, expulsion, SDF
[modifier] Effets de la précarité
On prête à la précarité de nombreux effets négatifs, pouvant avoir un impact global sur le corps social :
- dégradation des conditions de travail (un travailleur en situation précaire n'est pas en position de force pour défendre ses droits)
- difficultés à développer une vie sociale (quitter le domicile parental, fonder une famille...)
- révolte sociale (les salariés en situation précaire votent plus facilement pour des partis extrémistes)
- dégradation de la santé physique ou mentale : la plupart des indicateurs de comportement et de santé sont altérés dans toutes les catégories de populations classées en situations de précarité (par rapport à celles qui ne le sont pas).
Des enquêtes américaines, ont établi que les facteurs suivants (dont l'origine peut être la précarité) sont des facteurs de risque pour la santé :
- l'absence d'estime de soi,
- le sentiment de dévalorisation personnelle
- le manque d'autonomie dans son travail,
- le sentiment de ne pas utiliser toutes ses compétences,
- le sentiment de ne pas recevoir l'estime que l'on pense mériter,
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens internes
- Chômage
- Travailleur pauvre
- Stagiaire
- CDD, CDI
- Contrat Première Embauche (CPE)
- Intérim
- Délocalisation
- Euromayday
- Précariat
- Récupération informelle des déchets
- Collectif Agir ensemble contre le chômage
[modifier] Liens externes
- Santé et précarité (étude québécoise)
- Inégalités de santé et comportements : comparaison d'une population de 704 128 personnes en situation de précarité à une population de 516 607 personnes non précaires (étude française)
- Pour une autre vision du chômage et de la précarité (étude française)
- [pdf] Mobilisation de précaires du commerce, de la restauration rapide, du nettoyage : quelques leçons communes