Sa Majesté des mouches
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Sa majesté des mouches (Lord of the Flies) est un roman anglais de William Golding écrit en 1954 qui montre la fragilité de la civilisation.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, un avion transportant exclusivement des enfants anglais de sexe masculin et issus de la haute société, envoyés par leurs parents en Australie pendant le Blitz, s'écrase en route sur une île déserte. Le pilote et les adultes accompagnateurs périssent. Livrés à eux-mêmes dans une nature sauvage et paradisiaque, les nombreux enfants survivants tentent de s'organiser en reproduisant les schémas sociaux qui leur ont été inculqués. Mais bien vite le vernis craque, la fragile société vole en éclats et laisse peu à peu la place à une organisation tribale, sauvage et violente bâtie autour d'un chef charismatique et d'une religion rudimentaire. Sacrifices humains, chasse à l'homme, guerres sanglantes : la civilisation disparaît au profit d'un retour à un état proche de l'animal que les enfants les plus fragiles ou les plus raisonnables paient de leur vie.
En France, ce roman est souvent considéré comme un livre pour enfant et régulièrement étudié en primaire ou au collège. Pourtant, sa violence sauvage, crue et sensuelle en fait un livre difficile et troublant. La finesse de son analyse et la qualité de son écriture en font par ailleurs une œuvre à part entière.
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[modifier] Résumé de l'histoire du livre
Deuxième guerre mondiale, un avion transportant de jeunes collégiens anglais âgés de 6 à 12 ans s'écrase sur une île apparemment déserte. Aucun adulte ne survit, et les enfants se retrouvent alors seuls dans ce monde nouveau! Ralph, rescapé presque adolescent, rencontre Porcinet, enfant fragile et obèse. Ensemble ils trouvent une conque, grand coquillage qui produit une note grave et puissante lorsqu'on souffle dedans. Le bruit attire les autres enfants rescapés qui se rassemblent tous sous le signe de la conque. Le coquillage devient dès lors un symbole d'organisation et de pouvoir. Ralph instaure une règle organisant la circulation de la parole: celui qui tient la conque détient la parole.
Survient alors Jack à la tête d'un groupe de petits chanteurs : une amitié naît vite entre les deux jeunes garcons Ralph et Jack. Le pouvoir de Ralph n'est pas contesté et Jack est nommé chef d'un groupe de chasseurs, chargé d'apporter la nourriture au groupe et les "petits" sont chargés eux sont chargés de fair du feu.
Cependant, peu à peu une rivalité apparaît entre les deux chefs et s'aggrave au fil des jours. Jack aime l'aventure et l'ivresse de la chasse, il n'apprécie pas les contraintes et les responsabilités qu'implique l'organisation dirigée par Ralph. Il finit par s'en détacher et peu à peu les enfants le rejoignent un par un : ensemble ils créent une société tribale autour de Jack qui s'arroge les pleins pouvoirs. Cependant la dépendance envers piggy,dont les lunettes permettent d'allumer le feu et qui reste fidèle à Ralph, cristallise un terrain de conflit entre les deux sociétés rivales.
En parallèle se développe un culte primaire envers une sorte de divinité sanglante symbolisée par une tête de cochon plantée sur un piquet. Jack utilise la peur d'un "monstre" entrevu en haut de la colline pour justifier l'adoration de l'idole. Seul le sage Simon aura le courage d'aller jusqu'en haut pour constater qu'il n'y a aucune bête, seulement le corps d'un parachutiste mort tombé dans les rochers. Mais lorsqu'il redescend à la nuit tombante pour donner la nouvelle, une fête orgiaque bat son plein : dans la pénombre Simon est associé au monstre, les enfants surexcités et à moitié en transe se ruent sur lui pour le rouer de coup de bâtons. Il n'y survivra pas.
Ce crime originel, auquel Ralph et Porcinet ont eux-mêmes participé dans un état second, galvanise le camp de Jack et lui donne une sorte de fondement collectif moral. S'organisant en commando, ils finissent par pourchasser les derniers fidèles de Ralph pour les emprisonner ou les ramener dans leur camp, voler les lunettes de Porcinet avant de l'assassiner puis organiser une vaste chasse à l'homme afin de tuer Ralph qui se terre dans la jungle. Jack décide alors de mettre le feu à la forêt pour faire sortir le fuyard de sa cachette : après une course poursuite où les enfants pourchassent Ralph en poussant de grands cris sauvages, ils tombent nez à nez avec un groupe de marins adultes interloqués qui viennent de débarquer sur l'île. Après un instant de flottement, les enfants s'écroulent tous en pleurs, oubliant leur liberté, leur organisation ainsi que toutes leurs rivalités.
[modifier] Analyse
L'analyse sociologique, anthropologique et philosophique que William Golding illustre finement dans ce roman est sombre et pessimiste : la civilisation n'est qu'un vernis qui ne tient pas à grand chose ; dès que les humains sont livrés à eux-mêmes, leur liberté prend le visage de la sauvagerie, de la superstition et de la violence. L'auteur assène un ultime coup de massue à la fin du roman lorsque les enfants, finalement retrouvés par l'équipage d'un navire de guerre croisant dans les parages, s'écroulent en pleurs : il montre ainsi que l'homme fuit sa propre liberté, qu'il s'empresse de mettre entre les mains d'une entité supérieure dès qu'il en a la possibilité.
[modifier] Analyse symbolique
Par ailleurs, le roman peut être analysé sous un angle symbolique, chaque personnage représentant des forces ou des idées sociologiques différentes :
Ralph, le personnage principal et le plus vieil enfant de l'île avec Jack les deux chefs de chaque clans, presque adolescent, qui tente d'organiser le groupe en utilisant un symbole fort de communication et de rassemblement (la conque) peut représenter les tentatives humaines de rassemblement en des sociétés égalitaires comme la démocratie.
Jack, le fougueux chef du choeur d'enfants qui prend peu à peu le contrôle du groupe, représente le pouvoir guerrier, brutal et violent mais charismatique et aventureux par opposition au côté contraignant de l'organisation démocratique.
Roger, le second de Jack dans la nouvelle hiérarchie, représente la cruauté brute et inquiétante, le plaisir d'infliger la douleur ou de tuer, le fascisme grandissant à l'ombre du pouvoir guerrier.
Porcinet, l'obèse intellectuel, fragile et asthmatique dont les lunettes sont utilisées pour faire le feu représente le savoir et la connaissance, mais aussi la dépendance et la faiblesse. Méprisé par le pouvoir guerrier, il lui est pourtant vital : le feu qu'il est capable de créer est le symbole du pouvoir par excellence. L'instrument de ce pouvoir, les lunettes, finit par être volé par Jack et leur propriétaire sauvagement assassiné par Roger.
Simon, l'enfant courageux qui n'hésite pas à défier ses peurs représente la sagesse et la vérité - il sera le premier tué parmi les enfants, sacrifié en une fête orgiaque sanglante sur l'autel des superstitions qu'il était justement sur le point de détruire en apportant la vérité.
Les jumeaux Sam et Eric ainsi que les autres enfants du groupe, ballottés entre les deux pouvoirs qui s'affrontent, peuvent représenter le peuple qui se débrouille comme il peut pour survivre.
Tout ce petit monde gravite autour d'une tête de cochon en décomposition (qui attire les mouches, d'où le titre de l'œuvre) plantée sur une pique par Jack et idolâtrée comme une divinité qui cristallise les peurs des enfants face à une nature mystérieuse et inquiétante.
[modifier] Adaptations
- Sa Majesté des mouches (Lord of the Flies), film anglais de Peter Brook sorti en 1963.
- Sa Majesté des mouches (Lord of the Flies), film américain de Harry Hook sorti en 1990.
[modifier] Inspirations et réferences
Encore actuellement, cette nouvelle inspire nombre de séries.
Notamment :
- L'épisode "Les petits sauvages" de la série Les Simpsons.
- L'épisode "Le Mot en « M »" de la série South Park.
- L'épisode "Sa majesté des Pizzas" de la série "Les Weekenders".
- Le livre a ostensiblement inspiré le film Battle Royale et le réality show "Survivor"
- Le groupe Iron Maiden a sorti une chanson qui s'intitule "Lord of the Flies".
- Dans un épisode de la série Lost, Charlie dit, en parlant des rescapés de la queue de l'avion "Ils se sont faits un trip "Sa majesté des mouches" en réference à la violence de leur comportement comparée à la relative paix de leur campement. Sawyer y fait également référence dans la saison 1 en appelant Hurley "Porcinet" (une fois seulement) et en citant lui aussi le roman lorsqu'il capture Jin dans l'épisode 17.
- Cette nouvelle a aussi été le livre de chevet de Tom Hanks alors qu'il abordait le tournage de "Seul au monde"
- Le livre "Sa majesté des clones", la version science-fiction de l'œuvre originale. De Jean-Pierre Hubert.
[modifier] Informations diverses
[modifier] Incohérences
- Porcinet est décrit comme étant myope, or les lunettes de correction de la myopie sont concaves et dispersent donc les rayons lumineux au lieu de les concentrer. Par conséquent, il est techniquement impossible d'allumer un feu de cette façon. Cette erreur a été reproduite dans les deux films adaptés de l'œuvre.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
[modifier] Liens externes
[modifier] Sources
[modifier] Notes et références
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