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Connaissance - Wikipédia

Connaissance

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La connaissance est l'état de celui qui connaît ou sait quelque chose. Ce qu'est la connaissance fait encore débat chez les philosophes : il n'y a pas de définition unique sur laquelle ils s'accordent.

On distingue traditionnellement trois types de connaissance. La connaissance propositionnelle est le fait de savoir qu'une certaine proposition est vraie, par exemple, savoir que la Terre est ronde. La connaissance objectuelle, aussi appelée acquaintance, est le fait de connaître une chose, par exemple, connaître Paris.[1] Le savoir faire est le fait d'être capable de réussir une action, par exemple, savoir faire des crêpes.[2]

La définition de la connaissance propositionnelle est celle qui a le plus attiré l'attention des philosophes. Ils s'accordent généralement sur le fait qu'une connaissance est une croyance qui est vraie, mais aussi qu'elle n'est pas seulement une croyance vraie. Une autre condition est requise: il faut qu'elle soit justifiée, ou non-accidentelle, ou fiable, ou certaine. C'est sur cette condition supplémentaire que les philosophes sont en désaccord.

Les connaissances sont acquises par une multitude de processus cognitifs: perception, apprentissage, raisonnement, mémoire, témoignage. La science est un ensemble de méthodes systématiques pour acquérir des connaissances.

La branche de la philosophie qui étudie la connaissance est appelée épistémologie ou théorie de la connaissance. La branche de la philosophie qui étudie plus particulièrement les sciences est appelée épistémologie ou philosophie des sciences.

Par extension, le terme de "connaissance" désigne également ce qui est connu, ou même, plus généralement, ce qui est tenu (à tort ou à raison) pour connu. On oppose le connu à linconnu.

Sommaire

[modifier] Définition de la connaissance

La définition de la connaissance est encore objet de débat chez les philosophes. La définition traditionnelle, comme croyance vraie et justifiée, est jugée insuffisante ou inadéquate depuis les contrexemples d'Edmund Gettier.[3] Plusieurs compléments à la définition traditionnelle, ou même de nouvelles définitions, ont été proposés depuis, mais aucun n'a réussi à s'imposer. Certains philosophes soutiennent que la notion n'est pas définissable. Cela dit, un certain nombre de points d'accord existent: que la connaissance propositionnelle doit être au moins une croyance vraie, qu'elle ne peut pas être simplement une croyance vraie, qu'elle doit en outre être non-accidentelle et/ou justifiée.

[modifier] La connaissance comme croyance vraie et justifiée

Dans le Théétète de Platon, la connaissance est définie comme "opinion droite pourvue de raison" (201d).[4] Les exégètes de Platon ne s'accordent pas sur le fait de savoir si Platon adoptait lui-même cette définition ou non.[5] Quoi qu'il en soit, elle a été retenue par la tradition philosophique ultérieure. Aujourd'hui, on préfère l'expression "croyance vraie justifiée".

Platon argumente en faveur de cette définition en montrant qu'une croyance vraie ("opinion droite") n'est pas forcément une connaissance. Il donne l'exemple de la plaidoire mensongère (Théétète, 200a-201d). Supposons qu'un avocat arrive à persuader les jurés que son client est innocent en utilisant de très mauvais arguments et des mensonges: il se peut néanmoins que son client soit véritablement innocent. Si c'est le cas, les jurés ont une opinion ou croyance (ils croient que l'accusé est innoncent), et cette croyance est vraie. Pourtant, ils ne savent pas que l'accusé est innoncent, parce qu'ils auraient pu être trompés par l'avocat. On peut ajouter un autre exemple: si vous tirez à pile ou face pour deviner s'il pleuvra demain, alors peut-être que vous tomberez juste, mais même lorsque c'est le cas, vous ne savez pas qu'il pleuvra demain, parce que c'est un simple coup de chance que votre croyance soit vraie.

Platon suggère donc qu'une connaissance n'est pas une simple croyance vraie, mais une croyance vraie "pourvue de raison" (Théétète 201d). Ce que Platon entend par "raison" ici est objet de débat chez les exégètes. Mais la tradition en a retenu l'explication suivante. Une croyance est "pourvue de raison" lorsqu'elle s'appuie sur une bonne raison de croire la chose en question. Ainsi, les mensonges de l'avocat ne sont pas une bonne raison de croire que son client est innocent; de même, le fait que la pièce soit tombée sur pile n'est pas une bonne raison de croire qu'il pleuvra demain. Au contraire, croire que le client est innoncent parce qu'on l'a vu ailleurs que sur les lieux du crime au moment du crime, c'est avoir une bonne raison de croire qu'il est innoncent.

La définition traditionnelle suggère donc que lorsqu'une croyance s'appuie sur des bonnes raisons, et qu'elle est vraie, alors c'est une connaissance.[6]

Deux remarques sur cette définition traditionnelle. Tout d'abord, elle ne s'applique qu'à la connaissance propositionnelle: le fait que quelqu'un sache que telle ou telle chose est vraie. La connaissance objectuelle n'est ni une croyance, ni susceptible d'être vraie: par exemple, si je connais Pierre, cela ne correspond à aucune croyance en particulier (croire en Pierre??), ni a fortiori à une croyance vraie. De même, la définition traditionnelle ne dit rien sur la connaissance comme savoir-faire.[7].

Ensuite, la définition traditionnelle suppose que la connaissance est (au moins) une croyance vraie. (a) elle est une croyance: si Antoine ne croit pas que la Terre est ronde, alors il ne peut pas le savoir. Pour savoir quelque chose, il faut au moins croire que c'est le cas, c'est-à-dire le tenir pour vrai. (b) elle est une croyance vraie: si Antoine croit que Paris est en Belgique, alors il ne peut pas savoir que Paris est en Belgique, tout simplement parce que c'est faux. Inversement, si Antoine sait que les clefs sont dans le tiroir, alors il est vrai que les clefs sont dans le tiroir. Bien sûr, il peut arriver qu'Antoine pense à tort savoir où sont les clefs; mais dans ce cas, il ne sait pas en fait où elles sont. Ces deux points ((a) et (b)) ont été remis en cause, mais la plupart des philosophes continuent de les admettre aujourd'hui.[8]

[modifier] Le problème de Gettier

La définition traditionnelle est aujourd'hui tenue pour insuffisante à cause du problème de Gettier. Le problème de Gettier est le fait qu'il y a des croyances vraies et justifiées qui ne sont pas des connaissances. Il tire son nom d'Edmund Gettier, qui a donné les deux premiers exemples de ce genre en 1963 dans un bref article resté célèbre.[9] Voici l'un de ses exemples. J'ai deux collègues de travail, M. Illa et M. Lapas. J'ai de bonnes raisons de croire que Lapas possède une Ford: je l'ai vu en conduire une plusieurs fois pour se rendre au bureau. J'en déduis qu'il y a quelqu'un dans mon bureau qui possède une Ford. Là aussi, j'ai de bonnes raisons de le croire, puisque c'est la conséquence logique de quelque chose que j'ai de bonnes raisons de croire. Supposons qu'en fait, Lapas n'a pas de Ford (il conduit une voiture de location), mais qu'à mon insu Illa en a une (il n'en parle jamais ni ne la sort de son garage). Ma croyance est vraie, et elle est justifiée (puisque j'ai de bonnes raisons de croire qu'elle est vraie), pourtant, il est clair que je ne sais pas que quelqu'un dans mon bureau possède une Ford.

De multiples cas Gettier (exemples de croyances vraies justifiées qui ne sont pas des connaissances) ont été inventés depuis. L'un, célèbre, dû à Carl Ginet, est celui des fausses granges. Supposons que vous parcouriez un campagne parsemée de granges; vous en regardez une en particulier et on peut dire que vous croyez que c'est une grange. Votre croyance est justifiée (elle s'appuie sur ce que vous voyez), et, supposons-le, il s'agit en effet d'une grange. Mais, à votre insu, toutes les granges des environs sauf celle-ci sont des fausses granges en papier-mâché, installées là pour le tournage d'un film. Dans cette situation, vous ne savez pas que ce bâtiment est une grange, quand bien même vous avez une croyance justifiée et vraie que c'est le cas.

Plusieurs réponses ont été envisagées. Certains philosophes comme Keith Lehrer ont suggéré d'ajouter une quatrième condition: que la croyance en question ne s'appuie pas sur une croyance fausse; qu'il n'y ait pas de "défaiseur", de proposition telle que si vous l'appreniez, vous abandonneriez votre croyance (par exemple, la proposition qu'il y a des fausses granges dans les environ). D'autres comme Alvin Goldman ont suggérer de réviser la notion de justification, et de dire qu'une croyance est justifiée non pas si elle s'appuie sur de bonnes raisons, mais si elle résulte d'un processus cognitif fiable, c'est-à-dire un processus qui tend à produire des croyances vraies, comme la vision d'un homme sain. D'autres, comme Fred Dretske et Robert Nozick, ont défendue des définitions entièrement nouvelles de la connaissance, selon lesquelles une connaissance est une croyance vraie qui n'aurait pas pu être fausse. A l'opposé, Timothy williamson a récemment soutenu l'idée que la connaissance n'était pas définissable.[10]

[modifier] Autres définitions de la connaissance

Définition fondationnaliste. Aristote (Seconds Analytiques), Descartes (Règles pour la direction de l'esprit), Locke (Essai sur l'entendement humain), Hume (Traité de l'entendement humain), Kant (Critique de la raison pure) et Russell (Problèmes de philosophie, 1912, Théorie de la connaissance, 1913, Notre connaissance du monde extérieur, 1914), ont une théorie de la connaissance à deux niveaux: une connaissance est ou bien (a) une connaissance de base, ou bien (b) une connaissance inférée d'une connaissance de base. Les connaissances de bases sont les premiers principes, ceux qui ne sont pas dérivés d'autre chose. Pour Aristote, ce sont des principes très généraux qui donnent l'essence d'une chose; pour Descartes, un petit nombre de vérités saisies de façon claire, distincte et indubitable; pour Locke, les sensations; pour Hume, les impressions sensibles; pour Kant, les intuitions des sens (ou sensations) et les principes de l'entendement qui les organisent; pour Russell, les données des sens et les principes de la logique. Les connaissances dérivés sont les sciences et nos connaissances ordinaires sur le monde. Ces théories sont dites fondationnalistes: un sous-partie de nos connaissances sert de fondement à toutes nos autres connaissances.

Ces théories à deux niveaux semblent suggérer qu'il n'y a pas de définition unique de la connaissance, puisqu'une connaissance est ou bien une connaissance première ou bien une connaissance dérivée. Mais en fait, ces théories sont compatibles avec la définition traditionnelle. On peut en effet les reformuler ainsi: une connaissance est une croyance vraie et justifiée, mais il y a deux façons d'être justifié: (a) pour les croyances de base, elles sont auto-justifiées, (b) pour les croyances dérivées, elles sont justifiées parce qu'elles sont inférées d'autres croyances qui sont, elles, justifiées.

Cette reformulation permet de voir en quoi la définition présentée comme "traditonnelle" dans les sections précédentes est en effet celle adoptée, souvent implicitement, par la majorité des grands philosophes de la connaissance de Platon à Russell.

Définition comme adéquation à l'objet. D'autres définitions de la connaissance (dans la philosophie de la perception antique, chez Hegel, dans la phénoménologie) repose sur l'idée d'adéquation du sujet connaissant à l'objet.

Définitions restrictives. Plusieurs philosophes ont réservé le nom de connaissance à des états epistémique exceptionnels. Par exemple, Platon appelle "connaissance" (ou "science", epistèmè) la saisie intuitive des Formes ou Idées des choses. De même, pour Aristote, il n'y a de "connaissance"/"science" (epistèmè) que du général. Si ces définitions restrictives peuvent servir à caractériser la science ou à désigner un état cognitif exceptionnel visé par le philosophe, elles reviennent à fortement distinguer le substantif "connaissance" des emplois courants des verbes "savoir" ou "connaître" : par exemple, savoir où et quand on est né, savoir qu'il a plu trois fois la semaine dernière, savoir qu'il y a une table et deux chaises devant soi, connaître mon voisin Robert, etc. Notons enfin qu'en français, le substantif qui s'applique volontiers à un état épistémique éminent est peut-être "le savoir" plutôt que "la connaissance".

[modifier] Débats philosophiques autour de la connaissance

[modifier] Réalisme et anti-réalisme

[modifier] Internalisme et Externalisme

[modifier] Fondationnalisme et Cohérentisme

[modifier] Contextualisme et Invariantisme

[modifier] Connaissance(s) et société(s)

Article détaillé : Société de la connaissance.

[modifier] La société des hommes comme communauté de connaissances

La Connaissance, au singulier et avec majuscule, a un parfum d'académisme qui renvoie à la question sociale qui se profile derrière elle. Y a-t-il une Connaissance, comme une sorte de Corpus des savoirs reconnus et acceptés, ceux que l'on enseigne à l'école ? Y a-t-il des connaissances, une nébuleuse de savoirs plus informelle, moins officielle, moins « avérée », mais aussi plus étendue ? Y a-t-il une bonne et une mauvaise Connaissance ?

Par ailleurs, quand on pose la question d'un savoir partagé, d'un savoir social, il importe de définir par qui il est partagé et quelles sont éventuellement les limites de ce partage social.

Si l'on peut dire que le langage est ce qui fait l'homme et ce qui le distingue de l'animal (les expressions faciales, les mimiques, le sourire… pouvant être considérés comme un proto-langage que le chimpanzé, notre plus proche « cousin », partage assez bien avec nous), c'est aussi qu'il a grandement contribué à permettre l'élaboration des connaissances et leur partage entre les êtres humains.

Une société humaine peut donc être assimilée à un grand organisme connaissant qui met en commun les expériences de ses individus par le biais du langage qui défie à la fois l'espace et le temps : il permet la transmission de connaissances et d'expériences d'individus éloignés dans l'espace ou dans le temps.

Et par ce biais, il permet sa « capitalisation ».

Les connaissances sont indéniablement pour le petit d'homme un acquis qui lui est en grande partie transmis, comme héritage commun d'un groupe social, et constitue une somme d'expériences qui ne remplacera certes jamais celles de l'individu mais se combineront à elles efficacement et seront à même de les démultiplier.

Les briques des connaissances nouvelles viennent s'ajouter à l'édifice patiemment construit…

Il est important de souligner qu'il n'est pas besoin pour cela de l'écriture. Parce que sa prééminence actuelle nous aveugle, nous oublions que l'essentiel de la transmission et de la communication s'est faite, dans l'histoire de l'humanité, par la parole, par l'oralité. Et par la mémoire. Il n'est en rien évident que "Au commencement était le Verbe..." désignât un quelconque "livre sacré" ou les "tables de la Loi"... Pauvres infirmes de la mémoire que nous sommes devenus, nous avons du mal à accepter l'idée que des livres ne fassent que compiler des récits mythiques transmis oralement auparavant. Il nous faut imaginer un auteur unique, un Homère par exemple, pour l'Iliade et l'Odyssée.

Ceux qui connaissent les traditions orales, celles de l'Afrique noire d'où tout écrit est absent, mais aussi celles de l'Europe et de France malheureusement en grande partie perdues, d'ailleurs en partie à cause de l'écrit, savent que l'oral et la mémoire sont peut-être plus puissants pour transmettre par delà l'espace et par delà le temps que toute écriture et tout support matériel périssable.

Laissons là ce débat, mais rappelons toutefois que l'Europe celtique n'utilisait pas l'écriture. Ce sont les moines irlandais qui ont compilé sa tradition orale vers 600 après J.C. bien longtemps après l'apogée de cette civilisation. L'écrit n'était utilisé que par les druides et pour des pratiques rituelles et magiques : quelques signes sur des plaques de métal. Les druides possédaient pourtant un savoir "encyclopédique" considérable. On sait qu'ils avaient des connaissances approfondies en mathématiques, en astronomie,... Tout ce savoir était transmis oralement au cours d'une période d'apprentissage qui durait près de 20 ans !

Mais revenons à notre question du partage de la Connaissance ou, du moins, des connaissances.

Face à une vision idéale d'une communauté des hommes où les connaissances s'accumuleraient et s'échangeraient librement, il en va en fait tout autrement et sans doute depuis bien longtemps. Ce partage, ou non partage, semble obéir à certaines "règles". Quelles sont-elles et pourquoi ?

[modifier] Valeur de la connaissance

  • "Savoir que l'on ne sait pas est supérieur; ne pas connaître la connaissance, une maladie." Lao-tseu, Tao-te-king, chap.71

On parle aujourd'hui d'économie de la connaissance et on décrit notre société comme caractérisée par le développement de cette économie.

Toutefois, il semble que toute l'histoire de l'humanité puisse être décrite comme une accumulation de connaissances et d'expériences et la mondialisation actuelle, dont l'internet est sans doute dans ce domaine l'élément le plus important, est essentiellement un accroissement des échanges de ces connaissances.

La question de l'économie qui lui est liée pourrait paraître secondaire si l'on n'était obligé de reconnaître la valeur de la connaissance qui en fait un bien marchand, et peut-être aujourd'hui l'un des premiers.

Mais on peut postuler que de tout temps la connaissance a eu de la valeur pour les hommes, bien avant le développement de sociétés marchandes.

Et les nombreux mythes et paraboles philosophiques qui établissent un parallèle entre un trésor et un savoir sont là pour nous le rappeler. La valeur monétaire n'est qu'une mesure. L'or un symbole. La vraie valeur est dans le savoir lui-même. C'est en particulier vrai lorsqu'il s'agit de la propre connaissance de soi, le perfectionnement de l'homme par lui-même et c'est le sens le plus probable des quêtes « philosophales » des alchimistes ou des chevaliers du Graal.

Cette question de la valeur de la connaissance est donc une première « règle ». Elle nous apparaît à nous d'autant plus évidente que nous avons mis en place des systèmes de protection de celle-ci : droits d'auteurs, brevets, copyrights... Ils en sont la traduction dans une société marchande. Mais ils ne doivent pas nous faire oublier ce qu'est la valeur intrinsèque, l'utilité...

Quittons cette fois le domaine philosophique pour revenir à la société et aux connaissances plus « pratiques » du domaine des sciences et des techniques. Pour fabriquer un outil, chasser, coudre des peaux ensemble... il a fallu expérimenter, essayer, recommencer, apprendre. Le fruit de ces expériences est la connaissance, le savoir, le savoir-faire... Mais encore avant cela, une des premières connaissances, et des plus utiles, a certainement été la connaissance par l'homme de son environnement. À tel point que la question reste posée des relations entre l'inné et l'acquis, entre d'une part les instincts, et de façon plus large les « connaissances » inscrites dans l'être biologique (sans doute par le biais des mécanismes de l'évolution), et d'autre part les savoirs transmis et appris. Avons-nous d'instinct peur du loup ? Cette connaissance-ci, essentielle, conditionne donc la survie de l'homme, sa capacité à se nourrir, à s'abriter, à éviter les pièges de la nature, les animaux dangereux, les plantes empoisonnées...

Il est donc peu utile d'insister encore sur la valeur de la connaissance même en dehors de tout système marchand.

[modifier] La connaissance comme avantage et pouvoir

La deuxième « règle », corollaire de la première, et non moins importante c'est que, par conséquent, la connaissance constitue un avantage. Il peut rapidement en dériver un pouvoir réservé aux groupes ou personnes ayant seuls l'accès à certaines connaissances.

Là encore, nos sociétés techniciennes en font la pleine démonstration. Mais on peut penser que même les savoirs les plus simples peuvent donner lieu à l'expression d'un pouvoir.

Pour que cela soit, il suffit que la connaissance ne circule pas librement entre tous, soit qu'elle ne puisse pas, soit qu'on l'en empêche...

Sans doute les « pouvoirs magiques » apparaissent tels à ceux qui n'en partagent pas la connaissance mais sans doute aussi le pouvoir sur les autres que leur possession confère pousse à ce qu'ils soient « jalousement gardés » et qu'ils restent « magiques » le plus possible. C'est du moins une interprétation possible.

Sans préjuger qu'il ne puisse y en avoir d'autre, c'est le modèle qui a prévalu dans nos sociétés occidentales, en particulier sous l'influence du christianisme. Mais celui-ci n'a certainement fait que reprendre des situations pré-existantes, et on sait le pouvoir des druides dans la société celte, et des chamanes dans d'autres régions du monde.

L'expression finale de cette organisation sociale est l'"alliance sacrée" entre la connaissance et la force physique, celle du druide et du chef guerrier, celle de Clovis qui se fait baptiser par la puissante Église chrétienne.

La connaissance est donc un enjeu de pouvoir.

Partager et transmettre la connaissance obéit donc à cette règle. Non seulement il peut ne pas apparaître opportun de le faire avec tous, pour conserver l'avantage qui assure un pouvoir, mais sa transmission à certains seulement peut devenir le moyen de maintenir ou d'accroître cet avantage.

On peut y voir l'origine des groupes sociaux et des classes, dans les sociétés traditionnelles, comme dans les sociétés industrielles.

[modifier] Connaissance et démocratie

On comprend donc l'enjeu qu'a pu constituer, et constitue toujours, la connaissance et son partage, par le biais de l'éducation et des systèmes scolaires, pour l'évolution démocratique des sociétés modernes. Il est d'ailleurs multiple dans la mesure où l'ambition démocratique peut à la fois nécessiter un niveau suffisant d' « instruction » des citoyens pour qu'ils soient à même de débattre du projet politique commun et une « égalité des chances » qui est censée passer par l'égalité de l'accès au savoir, et elle en est effectivement sans aucun doute le préalable.

Mais la connaissance n'est pas un corpus figé à un moment donné. Nous savons bien à nos dépends qu'il est nécessaire d'actualiser régulièrement ses connaissances dans un monde où les savoirs évoluent rapidement. Dans le monde du travail, cela fait la part belle à la formation continue. Mais il y a de nombreuses formes et source de remise en question des connaissances. Et d'abord, l'idée que tout est discutable, et la quasi disparition de l'autorité du "savant" par la mise à disposition du plus grand nombre d'informations autrefois réservées à un petit groupe privilégié.

L'internet est indéniablement la source principale de cette révolution dans l'accès à la connaissance. Certes, des barrières restent. D'autres, notamment commerciales, se mettent en place (copyright, droits d'auteurs etc.). Mais à côté, se développent des projets ouverts, visant au partage le plus large possible de la connaissance : éléments libres de droit ou en diffusion autorisée sous certaines conditions... Le projet de Wikipedia rentre dans cette catégorie et participe également de l'idée que l'enrichissement des connaissances n'est pas l'apanage d'un groupe autorisé et bien défini (experts, professeurs d'Université, chercheurs...).

Outre l'accès à la connaissance, en position de consommateur, le projet démocratique sollicite également le droit pour tout un chacun d'apporter sa pierre à l'édifice, sa vision propre. C'est évidemment, d'un certain côté, le triomphe de l'individu. Mais les règles, qui seules autorisent le fonctionnement de cette connaissance partagée, en fondent aussi la dimension collective.

Il est probable que nous ayons à redéfinir notre vision de la connaissance, de sa production et de son partage dans les sociétés démocratiques et que cela puisse même être le fondement d'une nouvelle démocratie, plus aboutie, où chaque citoyen ait accès à la parole pour construire le projet social.

[modifier] Connaissance tacite vs connaissance explicite

En psychologie cognitive, on distingue deux grands types de connaissances :

Les connaissances tacites sont les connaissances qui appartiennent au monde des objets mentaux, des représentations mentales. Elles regroupent les compétences innées ou acquises, le savoir-faire et l'expérience. Elles sont généralement difficiles à « formaliser » par opposition aux connaissances explicites.

Les connaissances explicites, par opposition aux connaissances tacites, sont les connaissances clairement articulées au niveau d'un document écrit, ou d'un système informatique. Ces connaissances sont transférables physiquement, car elles apparaissent sous une forme tangible (dossier papier ou électronique).

Par ailleurs, en gestion des connaissances, on fait aussi la distinction entre l'information, donnée brute, et la connaissance, qui est l'appropriation et l'interprétation des informations par les hommes (Jean-Yves Prax).

Dans les entreprises, la connaissance correspond au capital d'expertise que détiennent les hommes dans les différents domaines (marketing, R&D, achats, commercial, juridique...) qui constituent le cœur de métier de l'entreprise. Cette connaissance doit être gérée pour améliorer l'efficacité globale des entreprises.

Article détaillé : Gestion des connaissances.

Les anglo-saxons appellent cette discipline le knowledge management (KM).

[modifier] Notes

  1. Bertrand Russell, Problèmes de philosophie, chap. 5.
  2. Ryle, Gilbert. Le concept d'esprit
  3. Dutant & Engel (eds), Philosophie de la connaissance, Paris, Vrin, 2005, introduction à la partie I.
  4. Platon, Théétète, 201d; voir aussi Ménon, 98a2; Phédon, 76b5-6 et 97d-99d2; Le Banquet 202a5-9; République 534b3-7; and Timée 51e5.
  5. Voir Timothy Chappell, Plato on knowledge in the Theaetetus, Stanford Encyclopedia of Philosophy.
  6. Voir notamment Chisholm, Perceiving : A Philosophical Study, Ithaca, NY, 1957, p. 16, qui définit la connaissance ainsi: "S accepte que p (C); S a des données adéquates pour croire que p (J); p est vrai (V)", et A. J. Ayer, The Problem of Knowledge, Londres, 1952, p. 34, qui définit la connaissance ainsi: "p est vrai (V); S est sûr que P (C); S a le droit d'être sûr que p (J)". Dans chacune des deux définitions, on retrouve les éléments classiques: (C) la croyance, (V) la vérité, et (J) la justification.
  7. Sur la notion de savoir-faire, voir G. Ryle, La notion d'esprit, 1949, trad. fr. Payot 2005.
  8. La condition de vérité est rejetée chez certains pragmatistes (Richard Rorty) et dans la tradition de la sociologie des sciences (Barry Barnes et David Bloor).
  9. Edmund L. Gettier, “Is Justified True Belief Knowledge ?”, Analysis, 23, 1963, p. 121-123
  10. Voir les articles de Keith Lehrer, Alvin Goldman, Robert Nozick et Timothy Williamson dans Dutant & Engel (eds), Philosophie de la connaissance, Vrin, Paris 2005, et Timothy Williamson, Knowledge and its limits, Oxford University Press, 2000.


[modifier] Voir aussi

Aspects spécifiques

[modifier] Bibliographie

  • Aristote, Seconds Analytiques.
  • Julien Dutant, Pascal Engel (eds.) Philosophie de la connaissance, Vrin, Paris, 2005. [1]
  • Platon, Théétète.
  • Russell, Problèmes de philosophie, 1912, trad. F. Rivenc, Payot, 1989.

[modifier] Liens externes

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