Confédération des XIII cantons
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Suisse
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La Confédération des XIII cantons désigne la période de l'histoire suisse entre 1513 (adhésion d'Appenzell) et la fondation de la République helvétique en 1798. Elle succède à la Confédération des VIII cantons.
Sommaire |
[modifier] De huit à treize cantons suisses
[modifier] Le convenant de Stans
À la fin des guerres de Bourgogne, bien que victorieux, les Confédérés sont profondément divisés. Après un siècle de conquêtes, les grandes villes (Zurich, Berne, Lucerne) ont considérablement étendu leurs territoires et leur puissance. Les cantons ruraux (où seul Uri peut encore envisager de s'agrandir sur le versant milanais du Gotthard) voient d'un mauvais œil la progressive domination des bourgeoisies urbaines.
Les demandes de Fribourg et Soleure, deux villes appuyées par Berne et Zurich, de rejoindre le système d'alliance déchirent les cantons. Le Confédération est sur le point d'exploser : Berne, floué du pays de Vaud en 1474, Zurich, qui avait déjà quitté le système d'alliances entre 1438 et 1450, sont prêts à en découdre.
C'est finalement un ermite, Nicolas de Flue, qui arrive à proposer un compromis : le Convenant de Stans en 1481. Fribourg et Soleure sont admis dans la Confédération.
[modifier] Les guerres de Souabe
Suite à la défaite des Bourguignons, l'empereur Maximilien réorganisa le Saint-Empire. En particulier, il instaura un tribunal impérial et un nouvel impôt, le centime impérial, en 1495. Les Confédérés refusèrent de s'y soumettre et vainquirent les troupes impériales ainsi qu'une coalition de villes du sud de l'Allemagne, lors des guerres de Souabe (décembre 1498-septembre 1499. Les batailles de Frastanz, Hard, Bruderholz, Schwaderloh, Tiengen et de Dornach, où le comte de Fürstenberg trouva la mort, furent autant de victoires confédérées. Le traité de Bâle du 24 septembre 1499 marqua l'indépendance de facto des cantons suisses vis-à-vis de l'Empire. Elle ne sera reconnue de jure qu'en 1648 lors des traités de Westphalie.
À la suite de cela, Bâle et Schaffhouse, déjà alliées, devinrent des cantons en 1501, suivi par Appenzell en 1513. La Confédération des XIII cantons était née, elle survivra jusqu'en 1798.
Voir aussi : Guerres de Souabe
[modifier] Les guerres d'Italie
Lorsque les Français se lancèrent dans les guerres d'Italie, les Suisses, et plus particulièrement les cantons d'Uri, Schwyz et Unterwald les suivirent d'autant plus facilement qu'ils essayaient de contrôler depuis près d'un siècle le Tessin, partie du duché de Milan.
Ainsi, en 1499, Uri, Schwyz et Nidwald envahirent la Riviera et la région de Bellinzone et en firent deux baillages communs à ces trois cantons. En parallèle, 5000 Confédérés se battirent au côté de Louis XII.
Mais l'évêque de Sion, le cardinal Matthieu Schiner, farouche partisan de la papauté, mit tout son poids dans le conflit. L'alliance s'inversa et les Suisses adhérèrent à la Sainte-Ligue, coalition anti-française, et participèrent à la défaite française à la bataille de Novare (1512). En récompense, ils purent occuper le reste du Tessin, les régions de Lugano et Locarno, ainsi que la vallée d'Ossola, tous trois transformés en baillages communs. L'ensemble des baillages tessinois sont désignés sous le nom générique de baillages italiens en français (baliaggi ultramontani en italien, Ennetbergische Vogteien en allemand). Les ligues grisonnes, alliées des Confédérés, reçoivent la Valteline ; enfin, Louis XII doit quitter la Lombardie.
Dès son accession au trône de France, François Ier commence par diviser les Suisses : les cantons occidentaux (Bâle, Soleure, Berne et Fribourg), n'ayant guère d'intérêts en Italie, retirent leur troupes en échanges d'avantages commerciaux avec la France.
La défaite lors de la bataille de Marignan en 1515 marque la fin de la politique d'expansion des Confédérés. Désormais, il ne participeront aux grandes batailles du continent qu'en temps que mercenaires.
Le traité de 1516 avec la France reste avantageux pour les Confédérés : bien que perdant le Val d'Ossola et quelques territoires au bord du lac Majeur, les baillages italiens sont préservés. De plus une paix perpétuelle avec la France est conclue et de nombreux avantages commerciaux sont attribués aux marchands suisses. Enfin, la location permanente de mercenaires devient une source de revenus non négligeables.
Voir aussi : les Guerres d'Italie
[modifier] Réforme à Zurich
La Réforme fut introduite en Suisse par Ulrich Zwingli, curé de Zurich. Adepte d'une réforme plus radical que celle de Martin Luther, il la prêcha dès 1521. Imprégné de l'humanisme d'Érasme, il prône la lecture des évangiles et rejette tant la hiérarchie que l'ensemble des rites non décrits dans le Nouveau Testament. Le conflit ouvert se déclare en février 1522 où, durant le carême, quelques amis mangent de la viande ; il prend leur parti. En janvier 1523, le Conseil de la ville organise la première dispute de Zurich entre Zwingli et des représentants de l'évêché de Constance, dont fait partie la ville. Zwingli, brillant orateur, l'emporte et la Ville reconnaît les réformes prônées par ce dernier. La réforme se radicalisant, des actes iconoclastes furent commis contre des crucifix et d'autres images de saints, une seconde dispute fut organisée en 1525 : la messe fut supprimée, une commémoration de la Cène la remplaçant, les couvents zurichois furent dissous et le mariage dépendit d'un tribunal civil.
La Réforme à Zurich dut lutter contre le catholicisme rural, mais également contre les anabaptistes, adeptes de la Réforme radicale et rejettant le baptême des enfants.
La nouvelle foi se répendait depuis 1522 dans d'autres régions de Suisse. Voyant en cela une politique zurichoise pour accroître sa puissance au sein de la Confédération les cantons ruraux, en particulier de Suisse centrale, demandèrent un arbitrage fédérale. Ils organisèrent en 1526, la Dispute de Baden où les théologiens des deux bords débattirent : le catholicisme l'emporta, mais comme ni Zwingli qui ne s'y était pas rendu, ni Zurich, partisan de la compétence cantonale en matière religieuse, ne reconnurent le résultat, le concept d'une Confédération unie sur le plan religieux ne devenait plus qu'un rêve pieux.
[modifier] Les guerres de Kappel
La Réforme continuait à progresser : Berne (1528), Bâle (1529), Saint-Gall et Schaffhouse rejoinrent les rangs des protestants.
Si la souveraineté cantonale en matière religieuse n'était plus guère contestée, le problème des bailliages communs, régis par chaque canton selon le principe du tournus, était ouvert. Le conflit dégénéra en une guerre ouverte : la première guerre de Kappel, première guerre de religion en Europe, eut lieu en 1529. Le landamman de Glaris, en proposant un compromis, la première paix de Kappel, évita le bataille alors que les deux armées se faisaient face. La légende a retenu l'épisode de la Soupe au lait de Kappel.
Mais les problèmes n'étaient pas résolu pour autant ; de plus Zurich avaient des visées sur les bailliages de Thurgovie et du Toggenbourg. Le conflit était ravivé et le canton imposa, durant l'été 1531, de fermer ses marchés aux Waldstaetten, qui réagirent en se préparant à un conflit ouvert. La deuxième guerre de Kappel eut bientôt lieu et les protestants furent vaincus lors de la bataille éponyme, où Zwingli perdit la vie.
La deuxième paix de Kappel favorisa les catholiques dans les bailliages communs, mais reconnaissait un statu quo religieux aux niveaux des cantons.
[modifier] Nouvelles conquêtes
Berne fit progresser la réforme en 1536 en envahissant le pays de Vaud ; le Valais, catholique, réagit en occupant le Chablais au sud d'Aigle, mais également tout le sud du lac Léman jusqu'à Thonon, où ils rencontrèrent les troupes genevoises, qui avaient conquis le sud du lac à Évian.
En 1541, Jean Calvin fit basculer Genève dans le camp des Réformés et renouvela son alliance avec Berne.
La paix fut signée avec la Savoie et en 1569 les territoires du sud du Léman, aux mains des Genevois et des Valaisans, furent rendues au duc.
Le catholicisme n'est pas resté immuable : le concile de Trente (1545-1563) le restructura profondément. Les cantons catholiques appliquèrent ses réformes sous l'impulsion de l'archevêque de Milan, Charles Borromée et la formation des prêtres, la surveillance du clergé fut instituée de manière régulière. Différents collèges de Jésuites furent fondés et permirent une meilleure formation du peuple et du clergé.
La réforme devait se structurer ; en effet, elle devait se battre non seulement contre le catholicisme mais également contre les anabaptistes et les luthériens qui divergeaient notamment sur la Sainte Cène. Pour parvenir à ce but, deux actes furent établis: la Première confession de foi helvétique (Confessio Helvetica) en 1536 et la Deuxième confession de foi helvétique (Confessio Helvetica Posterior) en 1566.
En 1587, les cantons catholiques s'allièrent à l'Espagne qui possédait alors le duché de Milan. Après que les cantons catholiques refusèrent deux fois l'entrée de Genève dans la Confédération, la Savoie tenta une dernière fois de récupérer Genève, en 1602, lors de l'Escalade. Enfin, durant les Guerres de religion françaises de nombreux mercenaires catholiques, sous la direction de Ludwyg Pfyffer prirent le chemin de la France.
Malgré tout cela, la Confédération survécut; on y voit trois raisons: tout d'abord, les cantons tiraient d'importants revenus des bailliages communs et avaient donc intérêt à s'entendre; les différents voisins, bien que de même confession, étaient bien plus puissants, et les alliances paraissaient dangereuses; enfin, un certain sentiment national commençait à apparaître.
[modifier] La guerre de Trente Ans et les traités de Westphalie
Le début du XVIIe siècle est marqué par une guerre qui déchira l'Europe : la guerre de Trente Ans (1618-1648). Bien que des combats eurent lieu dans le Sundgau frontalier, la Suisse fut épargnée par les combats. Seuls les Grisons, lieu de passage entre le nord de l'Italie (espagnol) et l'Allemagne vit une série de conflits : les troubles des Grisons. Ils perdirent d'ailleurs le Vintschgau en 1618.
La neutralité de la Suisse en cette période de troubles ne pouvait qu'être qu'armée ; les Confédérés organisèrent leur troupes lors du Défensional de Wil (1647) et le bourgmestre de Bâle, Johann Rudolf Wettstein, participant aux négociations, permit à ce que l'indépendance et la neutralité de la Suisse soient reconnus par les traités de Westphalie mettant un terme au conflit en 1648.
[modifier] Les guerres de Villmergen
Le début du XVIIe siècle voit s'approfondir le fossé entre les cantons et leurs sujets, la tendance absolutiste des corporations en étant responsable pour une bonne part. Les sujets s'opposent farouchement à une uniformisation du droit qui leur est désavantageuse. La crise économique induite par la guerre de Trente Ans exarcerba les crises qui débouchèrent sur la soulèvement de Wädenswil, réprimé par Zurich en 1646 et sur la guerre des Paysans en 1653, réprimée par Berne et Lucerne.
Un conflit similaire eu lieu en 1656, mais, couplé à des éléments confessionnels, il déboucha sur une véritable guerre de religion : la première guerre de Villmergen, qui vut une nouvelle victoire des catholiques.
L'influence de la France, alors première puissance européenne, grandit encore : le traité des mercenaires fut renouvelé en 1663, la France, outre quelques avantages économiques, garantissant les frontières de la Confédération, assurait une partie de sa diplomatie et de sa défense. Lors de la révocation de l'Édit de Nantes en 1685 de nombreux protestants s'installèrent dans le jura suisse et à Genève, faisant de cette dernière une véritable Rome protestante et important avec eux l'horlogerie et fondant par la suite le système bancaire helvétique.
L'agitation populaire continuait et le Toggenbourg se souleva en 1707 contre l'abbé de Saint-Gall.
Finalement, une nouvelle guerre confessionnelle eut lieu : la deuxième guerre de Villmergen. Les protestants, devenus majoritaires, l'emportèrent et la Paix d'Aarau (1712) corrigea la deuxième paix de Kappel en faveur de ceux-ci. Les bailliages des Freie Ämter sont divisés en deux les Freie Ämter supérieurs et inférieurs. Les cantons catholiques sont exclus de la gestion des bailliages de Baden et des Freie Ämter inférieurs alors que Berne est admis dans celui des Freie Ämter supérieurs, de la Thurgovie, du Rheintal et de Sargans.
[modifier] Mouvements sociaux du XVIIIe siècle
Les conflits entre sujets et cantons souverains continuèrent tout au long du XVIIIe siècle. Ainsi de 1719 à 1722, le soulèvement de Werdenberg eut lieu contre Glaris. En 1723, c'est le major Abraham Davel qui tente de soulever les Vaudois contre les Bernois ; dénoncé par ses concitoyens, il fut décapité à Vidy.
En 1749, c'est la conjuration Henzi contre le patriciat bernois, en 1755 le soulèvement Livin contre Uri et en 1781 le soulèvement Chenaux contre Fribourg.
Mais ce ne sont que des soulèvements ponctuels afin d'obtenir ou de maintenir des droits particuliers. Mis à part la tentative de Davel, aucune n'a véritablement de caractère révolutionnaire.
Le statu quo reste donc en place, et les tentatives de l'évêché de Bâle de rejoindre la Confédération restent infructueuses. De même, l'incorporation de la principauté prussienne de Neuchâtel, ainsi que Genève et Vaud, dans la zone de neutralité reconnue par la France n'ont guère de succès.
[modifier] Voir aussi
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