Formicidae
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- Pour les articles homonymes, voir fourmi (homonymie).
Fourmis |
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fourmis | |||||||||
Classification classique | |||||||||
Règne | Animalia | ||||||||
Embranchement | Arthropoda | ||||||||
Sous-embr. | Hexapoda | ||||||||
Classe | Insecta | ||||||||
Sous-classe | Pterygota | ||||||||
Infra-classe | Neoptera | ||||||||
Ordre | Hymenoptera | ||||||||
Sous-ordre | Apocrita | ||||||||
Super-famille | Vespoidea | ||||||||
Famille | |||||||||
Formicidae Latreille, 1809 |
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Références | |||||||||
ITIS : (en) | |||||||||
Sous-familles de rang inférieur | |||||||||
• sous-familles Formicomorphes :
• sous-familles Myrmeciomorphes :
• sous-familles Dorylomorphes :
• sous-familles Leptanillomorphes :
• sous-familles Poneromorphes :
• sous-familles Myrmicomorphes :
• sous-familles éteintes :
• sous-famille incertae sedis :
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Les fourmis (famille des formicidés — Formicidae — ) sont des insectes sociaux formant des colonies, appelées fourmilières, parfois extrêmement complexes, contenant de quelques dizaines à plusieurs millions d'individus. Certaines espèces forment des « colonies de colonies » (ou supercolonies). Les fourmis sont classées dans l'ordre des hyménoptères, comme les guêpes et les abeilles. Les termites, parfois appelés fourmis blanches sont de l'ordre des isoptères. Elles ne sont donc pas des fourmis, bien que leur ressemblant.
Les premières fourmis connues seraient apparues à la fin du Crétacé et seraient une évolution des guêpes du jurassique. Morphologiquement, elles se distinguent des autres insectes principalement par des antennes avec un coude marqué et par un pédoncule en forme de perle formé des premiers segments abdominaux (qui sont joints au thorax chez les guêpes). À l'exception des individus reproducteurs, la plupart des fourmis sont aptères (sans ailes).
Une estimation du nombre de fourmis vivant aujourd’hui sur terre à un instant donné est environ 10 millions de milliards d'individus. Les fourmis constitueraient 1 à 2 % du nombre d'espèces d'insectes, mais près de 50% de leur biomasse. Chaque individu ne pèse que de 1 à 10 milligrammes, mais leur masse cumulée dépasserait celle de l'humanité. Environ 12 000 espèces de fourmis sont répertoriées en 2005, mais on en découvre régulièrement, essentiellement en zone tropicale et dans la canopée (qui n'est explorée que depuis quelques dizaines d'années). Seules 400 espèces sont connues en Europe, alors qu'on peut en compter jusqu'à 40 espèces différentes sur un seul mètre carré de forêt tropicale en Malaisie (668 espèces comptées sur 4 hectares à Bornéo, et 43 espèces sur un seul arbre de la forêt péruvienne amazonienne, soit presque autant que pour toute la Finlande ou les îles Britanniques). Environ huit millions d'individus ont été comptés sur un hectare d'amazonie brésilienne, soit trois à quatre fois la masse cumulée des mammifères, oiseaux, reptiles, et amphibiens vivant sur cette surface. Elles jouent un rôle majeur dans le recyclage des espèces et dans la formation et la structuration des sols. Plusieurs espèces vivent en symbiose avec des bactéries, des champignons, des animaux (papillons ou pucerons par exemple) ou avec des arbres ou des fleurs.
Elles se sont adaptées à presque tous les milieux terrestres et souterrains (on en a trouvé jusqu’au fond d’une grotte de 22 km de long en Asie du Sud est), sans toutefois avoir colonisé les milieux aquatiques et les zones polaires et glaciaires permanentes.
Les œufs sont pondus par une ou parfois plusieurs reines (bien qu'il existe des fourmis sans reine), et la plupart des individus grandissent pour devenir des femelles aptères et stériles appelées ouvrières. Périodiquement, des essaims de nouvelles reines et de mâles, généralement pourvus d'ailes, quittent la colonie pour se reproduire. Les mâles meurent ensuite rapidement, tandis que les reines survivantes, fécondées, fondent de nouvelles colonies ou, parfois, retournent dans leur fourmilière natale.
[modifier] Densité de nids
Elle varie fortement selon l'espèce et l'environnement, étant notamment lié à la disponibilité en nourriture. On trouve jusqu’à 300 nids Anoplolepis gracilipes (invasive) par hectares aux Seychelles, chacun contenant plus de 10 millions d’individus. Une espèce de fourmi des bois a construit une colonie de 45 000 nids sur 1250 ha au Japon, abritant plus d’1 million de reines et 306 millions d’ouvrières.
[modifier] Développement
Les fourmis se développent par métamorphose complète, en passant par trois stades successifs : œuf, larve, nymphe (parfois pupe ou cocon, principalement chez les formicinae) puis adulte (sans croissance à l'état adulte). La larve, privée de pattes, est particulièrement dépendante des adultes. Les différences morphologiques majeures entre les reines et les ouvrières, et entre les différentes castes d'ouvrières quand elles existent, sont induites par le régime alimentaire au stade larvaire. Quant au sexe des individus, il est génétiquement déterminé : si l'œuf est fécondé, l'individu est alors XX, et diploïde l'œuf donnera une femelle (ouvrière ou reine), s'il ne l'est pas, l'individu est X0, et haploïde et forme un mâle.
Les fourmis pratiquent la trophallaxie, le processus alimentaire au cours duquel une fourmi régurgite une partie de la nourriture qu'elle a ingérée dans son jabot social pour la restituer à une autre fourmi. Les larves et les pupes doivent être maintenues à température constante pour assurer leur développement et sont souvent déplacées parmi les diverses chambres de couvée de la fourmilière.
Une nouvelle ouvrière passe les premiers jours de sa vie adulte à s'occuper de la reine et des jeunes. Ensuite, elle participe à la construction et au maintien du nid, puis à son approvisionnement et à sa défense. Ces changements sont assez brusques et définissent des castes temporelles.
Chez certaines fourmis, il existe également des castes physiques. Selon leur taille, les ouvrières sont mineures, moyennes ou majeures, ces dernières participant à l'approvisionnement plus tôt. Souvent les fourmis les plus grandes sont disproportionnées : tête plus grande et mandibules plus fortes. Chez quelques espèces, les ouvrières moyennes ont disparu, et il existe une grande différence physique entre les petites et les géantes, appelées parfois soldats bien que leur rôle défensif ne soit pas nécessairement prépondérant.
[modifier] Comportement
[modifier] Communication
La communication entre les fourmis se fait surtout au moyen de produits chimiques volatiles appelés phéromones, émises par diverses glandes, parfois dans une substance lipophile qui recouvre naturellement tout le corps de la fourmi. Comme d'autres insectes, les fourmis sentent avec leurs antennes. Celles-ci sont assez mobiles, ayant — comme mentionné plus haut — une articulation coudée après un premier segment allongé (le scape), leur permettant d'identifier aussi bien la direction que l'intensité des odeurs. Ce système d'orientation olfactif est combiné avec des composantes visuelles (points de repère, position du soleil), capacité à mesurer la distance parcourue.
L'utilisation principale des phéromones réside dans la définition et le repérage de « pistes » olfactives destinées à guider les fourmis vers des sources de nourriture (voir ci-dessous). Les phéromones sont aussi mélangées avec la nourriture échangée par trophallaxie, informant chacune sur la santé et la nutrition de ses congénères. Les fourmis peuvent aussi détecter à quel groupe de travail (par exemple le fourragement ou la maintenance de nid) l'une ou l'autre appartient. De même, une fourmi écrasée ou attaquée produira une phéromone d'alerte dont la concentration élevée provoque une frénésie agressive chez les fourmis à proximité ou dont une concentration plus faible suffit à les attirer. Dans certains cas, les phéromones peuvent être utilisées pour tromper les ennemis, ou même à influencer le développement des individus. Ainsi, la reine produit une phéromone spéciale en l'absence de laquelle les ouvrières commenceront à élever de nouvelles reines.
Certaines fourmis émettent des sons, on parle alors de stridulations (friction de la râpe, formée d'un alignement de côtes, de stries, de dents, d'épines, et du grattoir, qui consiste en une saillie ou un bord vif, qui produit la stridulation, un peu comme le ferait un clou grattant sur une lime ou l'ongle passant sur les dents d'un peigne).
[modifier] Comportement collectif
Les fourmis attaquent et se défendent en mordant et, pour certaines espèces, en projetant de l'acide formique (fomicinae) qui fait fondre la chitine des insectes, ou d'autres substances pouvant engluer un adversaire, ou encore en piquant à l'aide d'un aiguillon (qui chez quelques espèces reste piqué avec la glande à venin dans la peau de la victime).
Chez la plupart des espèces, la colonie a une organisation sociale complexe et est capable d'accomplir des tâches difficiles (exploiter au mieux une source de nourriture, par exemple). Cette organisation apparaît grâce aux nombreuses interactions entre fourmis, et n'est pas dirigée -- contrairement à une idée répandue -- par la reine. On parle alors d'intelligence collective, pour décrire la manière dont ce comportement collectif complexe apparaît, grâce à des règles individuelles relativement simples.
Dans les colonies de fourmis, le « comportement global » n'est donc pas programmé chez les individus, on dit qu'il émerge de l'enchaînement d'un grand nombre d'interactions locales entre les individus et leur environnement.
Un exemple classique de comportement collectif auto-organisé est l'exploitation des pistes de phéromones. Une fourmi seule n'a pas l'intelligence nécessaire pour choisir ce plus court chemin dans un environnement complexe. De fait, c'est la colonie dans son ensemble (du moins, les individus impliqués dans le fourragement) qui va choisir ce chemin.
En 1980, Jean-Louis Deneubourg a pu vérifier expérimentalement qu'une colonie de fourmis (de l'espèce Lasius niger) disposant de deux chemins de longueurs différentes pour rallier une source de nourriture, choisissait plus souvent le chemin le plus court. Il décrit ainsi ce phénomène [1] :
- « (...) un « éclaireur », qui découvre par hasard une source de nourriture, rentre au nid en traçant une piste chimique. Cette piste stimule les ouvrières à sortir du nid et les guide jusqu’à la source de nourriture. Après s’y être alimentées, les fourmis ainsi recrutées rentrent au nid en renforçant à leur tour la piste chimique. Cette communication attire vers la source de nourriture une population de plus en plus nombreuse. Un individu qui découvre une source de nourriture y « attire » en quelques minutes n congénères (par exemple 5); chacun de ceux-ci y attirent à leur tour n congénères (25), et ainsi de suite. »
On connaît depuis d'autres exemples de ce type, comme la construction du nid, la répartition du couvain dans celui-ci, l'entassement des cadavres de la colonie, l'organisation en « supercolonies », etc.
[modifier] Relations de coopération et de prédation
- Des pucerons sécrètent un liquide sucré appelé le miellat. Normalement il tombe au sol, mais certaines fourmis s'en nourrissent. Les fourmis tiennent à distance les prédateurs des pucerons et les transportent aux meilleurs emplacements pour se nourrir. Certaines les accueillent au sein même de la fourmilière, pour les espèces se nourrissant sur les racines des plantes. Les fourmis sont donc les seuls animaux connus à posséder, tout comme l'homme, des animaux domestiques [réf. nécessaire].
- Des chenilles myrmécophiles ou aimant la fourmi (généralement bleues, cuivrées, ou aux poils rayés) sont mises en pâture comme du bétail par les fourmis le jour, et sont ramenées à l'intérieur du nid des fourmis la nuit. Ces chenilles ont une glande qui sécrète le miellat quand les fourmis les massent [réf. nécessaire].
- Quelques chenilles myrmécophages (se nourrissant de fourmis) sécrètent une phéromone qui fait que les fourmis prennent la larve pour une des leurs. Les chenilles sont alors emportées dans le nid où elles peuvent se nourrir de larves de fourmi [réf. nécessaire].
- D'autres espèces de chenilles sécrètent une phéromone les faisant passer pour des larves de fourmi. Elles peuvent ainsi se développer en étant protégées et nourries par la colonie. C'est une forme de parasitisme [réf. nécessaire].
[modifier] Résistance
Les fourmis produisent naturellement, notamment pour protéger leurs œufs et leurs cultures de champignons des insecticides, des fongicides, des bactéricides, des virucides et une batterie de molécules complexes dont les fonctions ne sont pas toutes connues. Elles font partie des premières espèces pionnières et montrent des capacités étonnantes de terrassement, de colonisation et de résilience écologique, et même de résistance à la radioactivité.
[modifier] Terrassement
Les ouvrières de l’espèce Atta d’un seul nid peuvent mobiliser et répartir sur 100 mètres carrés jusqu’à 40 tonnes de terre. Certaines espèces jouent un rôle au moins aussi important que celui des lombrics pour les couches superficielles du sol ; ce sont de 400 à 800 kg de sol qui sont creusés, mobilisés, transportés, maçonnés pour construire un nid climatisé dans le désert, et 2,1 tonnes en Argentine par Camponotus punctulatus. De nombreuses espèces décolmatent et acidifient le sol rendant mobilisable des nutriments autrement moins biodisponibles azote, potassium, phosphore, enfouissent de la matière organique, et remontent en surface un sol fragmenté en petites particules propice à la croissance des graines. Les fourmis contribuent à la fois à homogénéiser et aérer le sol, à l'enrichir en surface et en profondeur, tout en diversifiant les habitats en fonction de la proximité de la fourmilière.
[modifier] Fonctions écologiques
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Les fourmis jouent un rôle pédologique majeur, elles protègent certains arbres de parasites (la fourmi rousse des bois Formica polyctena est protégée par la loi dans plusieurs pays à juste titre, puisqu’elle consommerait 14 500 t d’insectes par an, rien que dans les forêts alpines d’Italie, conservant des «« îlots verts » » autour de leurs nids lors des épisodes de défoliation), D’autres espèces cultivent des parasites des plantes (pucerons ou cochenilles dont elles exploitent le miellat) Elles protègent aussi certaines espèces qui leur fournissent abri ou nourritures. Elles contribuent à disperser et à faire germer de nombreuses graines (près de 100 % des graines d’une euphorbe méditerranéenne sont transportées par 3 ou 4 espèces de fourmis qui consomment l’élaiösome charnu et gras de la graine en rejetant le reste, sans affecter sa capacité germinative. Dans un même environnement, une prairie avec fourmilières est plus productive que celle qui en est dépourvue. De nombreuses épiphytes dépendent des fourmis ou sont favorisées par leur présence. Pour les attirer, ces épiphytes leur offrent du nectar et/ou un abri en échange d’une protection contre divers prédateurs et parfois d’une aide à la dispersion des graines (certaines fourmis (Crematogaster ou Camponotus) végétalisent leurs nids et fabriquent des jardins suspendus en incorporant des graines d’épiphytes dans les parois de leurs nids faits de fibres ou pulpe de bois mâchées) Elles défendent activement leurs jardins et en tirent un nectar extrafloral, un abri supplémentaire et peut-être une protection microclimatique.
Certaines espèces causent cependant des dégâts à certaines plantes cultivées par l’élevage des pucerons et cochenilles. Des espèces introduites et très invasives ne sont pas combattues par les fourmis locales du pays d’arrivée (elles ne les reconnaissent pas comme dangereuses). C’est une cause de régression de la biodiversité, par régression ou disparition d’espèces de fourmis concurrentes ou d’espèces d’autres règnes.
[modifier] Fonctions agronomiques ou pour l’agrosylviculture
Certaines espèces de fourmis tisserandes sont depuis longtemps introduites dans les cultures fruitières pour défendre les fruits d’attaques d’insectes, des fourmis du genre Ectatomma à petits effectifs mais à nids nombreux (11 000 nids/ha comptabilisés dans les plantations de café ou cacao au Chiapas (Mexique) patrouillent en permanence et mangeraient annuellement 16 millions de proies pour E tuberculatum et 15 fois plus (260 millions) pour E ruidum. Des fourmis de feu Solenopsis invicta défendent la canne à sucre de certains parasites majeurs, comme la petite fourmi de feu Wasmannia auropunctata protège les cocotiers des punaises, mais ces espèces sont souvent invasives et provoquent des piqûres très douloureuses.
[modifier] Fonction sanitaire
Les fourmis jouent un rôle majeur de nécrophage, même en pleine ville et en zone tempérée pour des oiseaux, rats, souris et autres petits animaux morts par exemple. En nettoyant rapidement les cadavres dont elles ne laissent souvent que les os, cuticules dures ou arrêtes elles empêchent la libération dans l'environnement de nombreux propagules de microbes pathogènes.
On estime que 90 % au moins des cadavres d’insectes, dans la nature finissent dans des fourmilières, avant d'être recyclés dans le sol.
Les fourmis se nettoient sans cesse et s'enduisent, elles, leurs reines ainsi que leurs oeufs de molécules bactéricides, virucides et antifongiques. Les fourmis chargées d'éliminer les cadavres du nid, les excréments et autres déchets sont souvent des ouvrières en fin de vie ou des individus qui restent dans les endroits consacrés aux déchets et n'ont plus de contacts directs avec les autres fourmis. Certaines espèces s'enduisent de bactéries filamenteuses "amies" qui repoussent d'autres bactéries, pathogènes. Cependant, leurs élevages de pucerons peuvent induire l'infestation des plantes par des champignons, via le miellat ou les piqûres faites dans les feuilles.
[modifier] Autres fonction
L’industrie, pharmaceutique notamment s’intéresse aux nombreuses substances synthétisées par les fourmis. Des fourmilières reconstituées et circulant dans des salles et couloirs de plastique sont utilisés comme moyen pédagogique. La fourmi en tant qu’individu ou société intéresse également les cybernéticiens ou les scientifiques qui travaillent sur l’autoorganisation.
[modifier] Menaces
Certaines pollutions, dont celles par les pesticides affectent de nombreuses espèces, mais c’est surtout l’introduction d’autres espèces de fourmis, invasives, et la destruction de leurs habitats (forêts, prairies, bocage qui sont les premières menaces). Leurs prédateurs naturels sont nombreux, des mouches parasites, aux mammifères tels que le pangolin ou le tamanoir qui sont des consommateurs spécialisés, de nombreux animaux les consomment épisodiquement, le faisan ou l'ours brun en Europe, ou encore les chimpanzés, qui savent utiliser des brindilles pour aller les chercher dans leur nid, sans jamais mettre en péril les espèces, semble-t-il.
[modifier] Types
Parmi les 11 800 espèces connues environ (on estime à plus de 20 000 le nombre total d'espèces), la plus grande (3 cm de long) est Dinoponera quadriceps chez laquelle la reproduction d'une ouvrière aboutit, invariablement, à la mort en pleine action de son soupirant : encore accouplée, elle lui sectionne l'abdomen. Puis retourne au nid, toujours munie des pièces génitales de sa brève rencontre, ce qui la rend non réceptive aux avances des autres mâles.
Toutes sortes de comportements sont observés chez les fourmis, le nomadisme en est l'un des plus remarquable. Les fourmis légionnaires (driver ants, en anglais) d'Amérique du Sud et d'Afrique, respectivement. Celles-ci ne forment pas de nid permanent, mais alternent plutôt entre des étapes de vie nomade et des étapes où les ouvrières forment un nid provisoire (le bivouac) à partir de leurs propres corps. La plupart des fourmis forment des colonies stationnaires, creusant d'habitude dans le sol ou une cavité. Les colonies se reproduisent par des vols nuptiaux comme décrit plus haut, ou par la fission (un groupe d'ouvrières creuse simplement un nouveau trou et élève de nouvelles reines). Les membres de différentes colonies sont identifiés par l'odeur et habituellement les intrus sont attaqués, avec des exceptions notables. D'autres méthodes de développement de nouvelles colonies ont été observées :
- Quelques fourmis sont esclavagistes, comme les Formica sanguinea, et pillent le couvain des autres espèces en faisant de véritables raids dans les colonies d'autres fourmis, s'emparent de pupes, cocons et nymphes qui sont traitées comme le couvain génétiquement parent, nourries, choyées, protégées.
- Une fois nées, les ouvrières esclaves ne se rendent compte de rien, et pensent être dans leur fourmilière d'origine. Elles se mettent donc tout naturellement au travail.
- Il arrive parfois qu'une reine d'une autre espèce soit prise en esclavage, la fourmilière disposera donc pendant une vingtaine d'années d'esclaves à profusion.
- Quelques espèces, comme les fourmis amazones (Polyergus rufescens), sont devenues complètement dépendantes de telles esclaves, au point d'être incapables de s'alimenter sans leur aide.
- Quelques fourmis, appelées pot de miel, ont des ouvrières spécialisées appelées replètes qui stockent simplement l'alimentation pour le reste de la colonie ; elles sont généralement immobilisées par leurs abdomens considérablement gonflés. En Afrique, Amérique et Australie où elles vivent, on les considère comme un mets délicieux.
- Les fourmis tisserandes (Oecophylla) construisent leur nid dans des arbres en attachant des feuilles ensemble, d'abord en les joignant par un pont d'ouvrières puis en les collant ensemble avec de la soie produite par des larves.
- Les coupeuses de feuilles (Atta) se nourrissent, pour une part importante, d'un champignon symbiotique qui se développe uniquement dans leurs colonies. Elles récoltent continuellement des feuilles dans lesquelles elles découpent de petits morceaux qui servent à cultiver le champignon. Les castes de ces fourmis sont organisées autour de la découpe des feuilles et en fonction de la taille des morceaux dont elles sont chargées.
- Les fourmis charpentières (certaines espèces du genre Camponotus) font leurs nids en creusant le bois. Elles varient en taille (polymorphisme), elles mesurent, en général, plus d'un centimètre, elles comptent parmi les plus grandes espèces d'Europe.
- À noter qu'une espèce est protégée en France, Formica du groupe rufa (fourmi rousse). Leur présence au sein d'une forêt, protège les arbres du développement d'insectes ravageurs. Une colonie mature capture, en été, pas moins de 1kg d'insectes par jour et autant de miellat! La fourmilière de ces dernières constitue un dôme de brindilles pouvant atteindre plus d'un mètre de haut, souvent en lisière de forêt ou de clairière. Le dôme permet une parfaite régulation de la température et une exposition optimale aux rayonnements solaires, favorisant ainsi une croissance rapide du couvain. Fait, notable, certaines espèces de Fourmis rousses peuvent s'associer en de gigantesques colonies interconnectées, composées de milliers de nids repartis sur plusieurs hectares (Formica yessensis, dont une supercolonie, au Japon, comporte 45 000 nids sur 300 hectares, soit 306 millions d'ouvrières et un million de reines). L'utilisation de feuilles de résineux ou de particules de résines contribue à la désinfection du nid.
Concernant la reproduction, la petite fourmi de feu ou fourmi électrique (Wasmannia auropunctata), a la possibilité assez exceptionnelle d'avoir deux modes de multiplication : la reproduction ou la multiplication asexuée par clonage.
Il existe aussi des fourmis sans reine tel Dinoponera quadriceps. Le privilège de la reproduction est le fruit d'une organisation hiérarchique, où la gamergate, individu dominant de la colonie, occupe cette place centrale. Son privilège reproductif pourra être remis en cause par des rivales au cours de joutes phéromonales et d'agressions ritualisées.
[modifier] La fourmi et l'homme
Les rapports entre humains et fourmis sont très variables. D'une part, les fourmis ont souvent été utilisées dans des fables et des histoires enfantines pour représenter l'acharnement au travail et l'effort coopératif. Elles peuvent aussi être perçues comme utiles pour nettoyer des insectes parasites et aérer le sol. D'autre part, elles peuvent devenir sources de nuisances mineures ou parasites elles-mêmes quand elles envahissent les maisons, les cours, les jardins et les champs. La fourmi Tetraponera colonise un arbre creux le Barteria surnommé au Gabon l'arbre de l'adultère. On y attachait les femmes adultères dans le temps. La morsure d'une fourmi étant aussi douloureuse que celle d'une guêpe mais moins durable.
Avec la mondialisation des échanges commerciaux et des transports, plusieurs espèces sont devenues invasives. Une certaine espèce, appelée fourmi tueuse, a tendance à attaquer des animaux beaucoup plus grands qu'elle dans sa quête de nourriture ou dans la défense de ses nids. Les attaques sur l'homme sont rares, mais les piqûres et les morsures peuvent être très douloureuses et incapacitantes si elles sont répétées, avec un choc anaphylactique possible pour quelques espèces dangereuses. Les fourmis peuvent aussi être source de problème lorsqu'elles sont introduites dans des zones géographiques où elles ne sont pas indigènes (comme Linepithema humile, la fourmi d'Argentine, formant la supercolonie qui va des côtes italiennes aux côtes espagnoles en passant par la France, soit plus de 6 000 km, et exterminant les espèces indigènes). Les fourmis de feu peuvent par exemple attaquer et tuer de jeunes alligators du Missisipi au sortir de l’œuf.
Atta colombica, au Panama. Ouvrières à la découpe |
Atta colombica, au Panama. Ouvrières au transport |
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[modifier] Bibliographie
- Heikko Bellmann (1999). Guide des abeilles, bourdons, guêpes et fourmis d'Europe. Delachaux et Niestlé (Lausanne), coll. Les compagnons du naturaliste : 336 p.
- Daniel Cherix (1986). Les Fourmis des bois. Payot (Lausanne), collection Atlas visuels, série Comment vivent-ils ? : n.f.
- Bert Hölldobler et Edward O. Wilson (1994) Voyage chez les fourmis,, Seuil (Paris), coll. Science ouverte : 247 pages.
- Julian Huxley (1955). Les Voies de l'instinct : fourmis et termites. À la Baconnière (Neuchâtel), coll. Observation et synthèse : 104 p.
- Pierre Jolivet (1986), Les Fourmis et les Plantes. Un exemple de coévolution. Éditions Boudée (Paris) : 254 pages.
- Pierre-André Latreille (1989). Histoire des fourmis de la France. Cité des sciences et de l’industrie (Paris) : 64 p.
- Luc Passera (1987). L’organisation sociale des Fourmis. Privat (Toulouse), coll. Bios : 280 p.
- Luc Passera et Serge Aron (2005): Les fourmis: comportement, organisation sociale et évolution. Les Presses scientifiques du CNRC, Ottawa, Canada. 480 pp.
- Luc Passera La véritable histoire des fourmis. Fayart (France) le temps des science. Oct 2006 ISBN 2-213-62886-6 33-60-3086-2/01
- Albert Raigner (1952). Vie et Mœurs des fourmis. Payot (Lausanne), coll. Bibliothèque scientifique, 11 : 223 p.
- Laurent Keller et Elisabeth Gordon (2006): La vie des fourmis. Odile Jacob, 303 p.
[modifier] Aspects culturels
La fourmi est souvent symbole d'un être travailleur, agressif et vindicatif. Les fourmis sont parfois utilisées comme un remède contre la paresse (comme au Maroc). Dans certaines régions africaines, les fourmis sont les messagers des dieux. On dit souvent que des morsures de fourmi ont des propriétés curatives. Quelques religions amérindiennes, comme la mythologie Hopi, reconnaissent des fourmis comme des ancêtres. Les morsures de fourmi sont utilisées comme test d'endurance et de courage dans les cérémonies d'initiation de certaines cultures africaines et amérindiennes[1].
La fourmi a été le thème d'un certain nombre de créations culturelles :
- des fables : La Cigale et la Fourmi de Jean de La Fontaine ;
- des romans : Les Fourmis de Bernard Werber ;
- des films de science-fiction : Les fourmis géantes, Quand la Marabunta gronde ;
- des téléfilms : Marabunta : l'invasion souteraine ;
- des films de fictions : La citadelle assiègée, racontant l'assaut de fourmis magnans sur la citadelle des termites.
- des films d'animation : 1001 pattes du studio Pixar, Fourmiz du studio DreamWorks et Lucas, fourmi malgré lui des studios Warner Bros.
- des jeux vidéo : Les Fourmis et son extension Les Guerres de l'Ouest (Microids inspiré de Bernard Werber) ainsi que le jeu de gestion Sim Ant de Maxis.
Voir aussi : liste des fourmis de fiction.
[modifier] Voir aussi
- Edward Osborne Wilson, entomologiste et sociobiologiste, célèbre pour son travail sur les fourmis ;
- eusocialité, nom donné au mode de vie des insectes sociaux tels les fourmis
- Wasmannia auropunctata, ou Petite fourmi de feu : espèce très agressive commençant son invasion du monde.
- Fourmi de feu rouge, ou Grande fourmi de feu, Solenopsis invicta : espèce tout aussi envahissante et encore plus agressive.
- Myrmécologie : l'étude des fourmis.
- Plantes myrmécophiles.
- Animaux myrmécomorphistes.
- Bernard Werber, romancier français, auteur notamment d'une série d'ouvrages de fiction à succès qui utilisent le thème des fourmis : Les Fourmis
- Les algorithmes de colonies de fourmis sont des métaheuristiques inspirées par le comportement des fourmis réelles.
- Fourmi de Langton, automate cellulaire au comportement imprévisible.
- Fourmi grand galop
- Douve du foie : parasite du foie du mouton se servant de la fourmi
[modifier] Liens externes
- Référence Fauna Europaea : Formicidae (en)
- Référence AnimalDiversityWeb : Formicidae (en)
- Référence ITIS : Formicidae (fr)
- Référence NCBI Taxonomy : Formicidae (en)
- Les fourmis, site pédagogique, utilisé par l'éducation nationale française.
- Section française de l’Union Internationale pour l’Étude des Insectes Sociaux, informations scientifique, articles de presses, portraits de chercheurs, bibliographie.
- myrmecos.net, base de données photographiques sur les espèces de formicidae.
Cet article a été reconnu article de qualité le 5 janvier 2005 (comparer avec la version actuelle). Pour toute information complémentaire, consulter sa page de discussion et le vote l'ayant promu. |