Forêt
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

Une forêt est une étendue plus ou moins vaste formée d'un peuplement d'arbres relativement dense. Le terme désigne aussi l'ensemble des arbres ainsi rassemblés. Une forêt de faible étendue est généralement appelée bois, bosqueteau ou bosquet selon son importance. Une large typologie de forêts existe, des forêts dites primaires, aux forêts dites urbaines.
[modifier] Définition
La définition de la forêt est complexe et donc sujette à controverses. Elle tient compte de la surface, de la densité, de la hauteur des arbres et du taux de recouvrement du sol. Pour un africain du sahel, une forêt-parc avec un taux de recouvrement de 10 % est déjà une forêt, tandis que pour un Européen (définition CEE-ONU/FAO), on ne peut parler de forêt que pour un taux de recouvrement de 20 %.
Les chiffres de surface forestière varient ainsi énormément d'une source à l'autre, tant elles dépendent de définitions variables. Ainsi, tout l'est de la Taïga russe, formé de formations basses de conifères nains, sera, selon les sources, comptabilisés ou nom en forêt, ce qui fera varier la surface forestière de + ou – 20 % !
À l'intérieur de ces formations boisées (dont de protection), on distingue les massifs boisés d'au moins 4 hectares avec une largeur moyenne de cime d'au moins 25 mètres, des boqueteaux dont la superficie est comprise entre 50 ares et 4 hectares et les bosquets dont la surface ne doit pas dépasser 50 ares. »
Du point de vue botanique, une forêt est une formation végétale, caractérisée par l'importance de la strate arborée, mais qui comporte aussi des arbustes, des plantes basses, des grimpantes et des épiphytes. Tous les arbres forestiers vivent en symbiose avec des champignons et d'autres micro-organismes, et beaucoup dépendent d'animaux pour le transport de leur pollen, de leurs graines ou de leurs propagules.
Du point de vue de l'écologie, la forêt est un écosystème complexe et riche, offrant de nombreux habitats à de nombreuses espèces et populations animales, végétales, fongiques et microbiennes entretenant entre elles, pour la plupart, des relations d'interdépendance.
Toutefois, malgré une apparente évidence, définir la forêt reste délicat : où arrêter les limites de hauteur de végétation (une plantation de jeunes pousses est-elle une forêt ?), de superficie minimale (à partir de quelle superficie passe-t-on d'un jardin boisé à un bois puis à une forêt ?), de degré de proximité ou sociabilité des arbres (un terrain portant des arbres distants de plusieurs dizaines de mètres est-il encore une forêt ?) ? ou de qualité (un boisement monospécifique d'eucalyptus ou de peupliers, pins ou sapins d'une même classe d'âge, plantés en alignements stricts est-il une forêt ou une simple sylvi-culture ?).
[modifier] Structure
La forêt est caractérisée par la grande diversité des habitats qu'elle fourni :
- verticalement, elle possède grossièrement quatre « étages » de végétation qui sont les strates muscinales (mousses), herbacées, arbustives et arborescentes, auxquels il faudrait ajouter les étages souterrains des systèmes racinaires, symbiosés aux mycéliums fongiques ;
- horizontalement, elle comporte de nombreux micro-milieux ou microstations (écosystèmes boisés distincts, au sein d'un même massif forestier) dépendant de facteur abiotiques différents. Le bois mort étant lui même un habitat essentiel et irremplaçable pour de nombreuses espèces qui contribuent au recyclage de la nécromasse et à la fertilité des forêts ;
- Les ressources alimentaires sont également abondantes : feuilles, sève élaborée, bois vivant ou mort, fleurs, fruits et graines, déchets végétaux et animaux...
[modifier] Forêt primaire et forêt secondaire
Il est courant de distinguer la forêt primaire (forêt naturelle) de la forêt secondaire (forêt entièrement façonnée par l'homme). La première est considérée comme n'ayant pas fait l'objet d'intervention humaine y ayant laissé des séquelles importantes ou observables, la dernière résultant au contraire totalement du travail des forestiers ou sylviculteurs. Moins de 10 % de la planète est encore couverte de forêts primaires, qui abritent cependant encore l'essentiel de la biodiversité terrestre. Ces forêts sont en forte régression, en raison des coupes faites pour l'élevage ou les cultures destinées à nourrir les animaux d'élevages et/ou pour gagner des terres agricoles ou pour l'exploitation du bois.
[modifier] Superficie
La forêt au sens le plus large, couvre environ 30 % des terres émergées. Selon la définition retenue, la superficie estimée de la forêt mondiale varie de 2, 4 à 6 milliards d'hectares. En France elle représente 27 % du territoire, avec des variations importantes selon les régions qui ont des explications historiques plus que biogéographiques. En Europe occidentale, avant l'intégration de pays d'Europe du nord, le pays le plus forestier était le Luxembourg, avec 34 % de taux de boisement. C'est l'ancien département des Forêts du temps de l'Empire napoléonien.
[modifier] Étymologie
Le mot « forêt » que l'on connaît a une origine mal connue.
Il proviendrait soit du francique forh-ist, terme juridique à l'époque carolingienne (751–987), soit du latin foris qui signifie « en dehors », signifiant pour certains tout milieu extérieur à la civilisation, lieu sauvage et peu accueillant ou plus probablement, il s'agit de désigner un extérieur au sens juridique : la réserve seigneuriale, destinée à la chasse.
Sous Charlemagne (747–814) l'expression silva forestis issue du latin classique forum (« forum » puis « tribunal ») signifiait « forêt royale », c'est-à-dire relevant de l'autorité et de la justice du roi. Au Moyen Âge, ce terme s'appliquait aux chasses seigneuriales ; son sens avait évolué il signifiait alors « forêt hors de l'enclos », issu du latin foris (« hors de »), zone dans laquelle il est défendu de défricher et la chasse est gardée. Le terme foresta, utilisé seul, désigne les forêts à partir de la seconde moitié du XIIe siècle en France.
Les Romains appelaient les forêts par le terme silva. Mais Virgile et Cicéron employaient le terme nemus signifiant « bois » en latin qui proviendrait de nemo signifiant « personne ». Ce terme apparaît souvent dans les chartes de l'époque capétienne où il désigne des zones boisées de faible importance. Salluste utilisait le terme saltuosus pour désigner un espace boisé. À l'époque romaine les saltuarii ou les silvarum custodes administraient les forêts. Aux époques mérovingienne (481–751) et carolingienne (751–987), le mot saltus est fréquemment employé pour désigner les régions de bois et de landes. Il semblerait toutefois que ce terme sous-entendait qu'elles appartenaient au fisc royal. Les mots nemus et saltus n'ont pas survécu en français.
De même, le terme « bois » apparaît à l'époque capétienne. Il dérive de la racine germanique bosc (« buisson ») dont la souche est pré-latine. Contrairement au mot forêt, il est sans connotation juridique.
On peut aussi s'intéresser au terme gaulois broglios dérivé de broga signifiant « champ ». Il devint broglius et désignait au IXe siècle un bois humide ou clos ou un bois entouré d'une haie. On le trouve aujourd'hui sous la forme « breuil », dans le dictionnaire de l'Académie française ; il forme surtout des toponymes (cf. Breuil ou le Breuil par exemple).
[modifier] Les grands types de forêts

[modifier] Classement biogéographique
Les forêt naturelles sont comme toutes les formations végétales conditionnées par un certain nombre de facteurs : la latitude, l'altitude, la nature du sol, le climat, l'action des animaux etc.
La latitude influence fortement la biodiversité dans les forêts. Celle-ci augmente d'autant plus que l'on s'éloigne des pôles et que l'on se rapproche de l'équateur.
Selon les latitudes on distingue :
- Forêt boréale ou taïga (forêt de conifères, au nord du 60e parallèle). Il est à noter que pour le Canada la taïga ne représente qu'une des nombreuses écozones de la foret boréale et que celle-ci s'étend en dessous du 60e parallèle.
- Forêt tempérée
- Forêt tempérée sempervirente
- Forêt tempérée décidue (formée d'arbres à feuilles caduques)
- Forêt tempérée de résineux
- Forêt tempérée mixte
- Forêt méditerranéenne (formée de conifères et de feuillus à feuilles persistantes, un arbre caractéristique : le chêne vert).
- Forêt tropicale
- Forêt tropicale humide (ou pluvieuse) sempervirente (toujours verte) ou semi-décidue (une partie des arbres sont à feuilles caduques)
- Forêt galerie (le long des fleuves)
- Forêt inondée (Cf. la mangrove formée de palétuviers)
- Forêt tropicale sèche décidue ou semi-décidue
- Forêt tropicale de résineux
Dans beaucoup de pays, où l'homme est implanté depuis des siècles, voire des millénaires, la forêt a perdu son caractère « naturel » à proprement parler. Les faciès actuels des forêts du Nord Ouest de l'Europe par exemple résultent en grande partie par l'influence de l'homme en terme :
- de composition : Colbert avait besoin de chênes pour la marine. Dans plusieurs pays, pour bénéficier de subventions et/ou déductions fiscales, il faut planter des essences imposées (le Fonds forestier a par exemple imposé les résineux sur de vastes surfaces après guerre en France) ;
- de superficie : en trois siècles, la superficie des forêts françaises a presque doublé (Cf. Forêt de guerre, enrésinement des Landes, enfrichement sur zones d'exode rural, plantations encouragés par le fonds forestier...). Mais dans le même temps, dans la moitié ouest du pays, le bocage et les arbres dispersés ou d'alignement reculaient très fortement ;
- de structure : les forêts françaises ont dû, très longtemps, répondre aux besoins des communautés humaines qui les entouraient : depuis l'Empire romain, les forêts ont souvent été transformées en taillis qui alimentaient les forges, fonderies, boulanges et autres industries en charbon de bois ; le bois d'œuvre provenant souvent d'arbres émondés dans le bocages et les alignements de bords de routes. Au XIXe siècle, l'institution d'un corps d'État forestier (1827) et l'utilisation de plus en plus massive de la houille, en remplacement du charbon de bois, vont permettre aux forêts françaises de glisser vers la futaie ; au XXe siècle, les terres libérées par la déprise agricole vont être plantées d'arbres, ou colonisées par des accrus spontanés, offrant respectivement des limites très géométrique à la forêt ou au contraire un faciès exubérant ;
- d'espèces : une part significative de la forêt française est encore composée d'espèces qui avaient été favorisées en réponse aux besoins des communautés humaines locales (les chênes pour leurs glandées) ou même d'impératifs économiques nationaux par exemple (des légions d'épicéas et de douglas ont été plantés par le Fonds Forestier National, au sortir de la seconde guerre mondiale, dans le contexte d'une balance commerciale déficitaire vis-à-vis des bois d'œuvre et d'industrie résineux).
[modifier] Classement patrimonial et écologique
Grâce aux approches phytosociologiques, écologiques ou de forêt modèles (au Canada), des outils d'évaluations qualitative se constituent depuis la fin du XXe siècle. Ils varient selon le contexte géographique ou social (ville, rural, milieux plus naturels). La taille et la qualité d'habitats et la présence d'espèces sont mieux pris en compte et parfois introduites dans la loi (Directive Habitat en Europe).
D'autres critères seront par exemple :
- Superficie forestière par type et stade de la succession par rapport à la superficie des terres ;
- La superficie des massifs ou aires boisées d'un seul tenant (patch, pour l'écologie du paysage) ; par exemple, au Canada, un système d'évaluation qualitative des forêts accorde 3 points aux boisements de plus de 4 ha en ville et de plus de 200 ha ailleurs (sauf îles). Deux points sont accordés aux surfaces comprises entre 2 et 4 ha en ville, et à celles qui couvrent de 20 à 200 ha ailleurs (sauf îles). Les surfaces de moins de 1 ha en ville et de moins de 20 ha ailleurs n'obtenant qu'un point ;
- La superficie et la forme des cœurs forestiers (1, 2 ou 3 points sont respectivement accordés par le système évoqué ci-dessus pour les boisement dont un cœur d'au moins 4 ha est éloigné de plus de 100, 150 et 200 m de toute lisière ou bord de route) ;
- La connectivité ou la proximité avec d'autres massifs ou structures boisées (=> corridors écologiques boisés, gués…) : 1, 2 ou 3 points sont accordés respectivement lorsque la distance au boisement le plus proche est de plus de 250 m, comprise entre 100 et 250 m et de moins de 100 m (critère également retenu par la Ville de Londres) ;
- La présence ou proximité d'eau, et de systèmes hydrographiques naturels (Hydrological Linkages Criteria) : par exemple, un point est accordé si le boisement est à plus de 50 m de la berge d'un cour d'eau ou d'une étendue d'eau, deux points sont accordés si la distance est comprise entre 30 et 50 m, et trois points si l'eau est à moins de 30 m de la lisière boisée ou dans le boisement. La distance à une zone humide de type tourbière à sphaigne ou roselière vaut de même ;
- La valeur de protection des sols et lutte contre l'érosion et le ruissellement. Au dessus de 30 % de pente, la forêt est seule garante de la protection du sol. De 15 à 30 % elle joue également une fonction de protection très importante (voir illustration ci-contre) ;
- Les îles boisées, si le boisement est naturel ou « proche de la nature » sont également considérées comme de bons refuges pour certaines espèce en raison d'un moindre dérangement. Dans le cas d'îles véritables, les critères d'isolement prennent un sens positif, comme dans le cas des inselbergs.
- La forêt en aire protégée forestière (par type, stade de la succession et catégorie de protection en % la superficie forestière totale) ;
- Le taux de couvert forestier (par type) converti ou en cours de conversion à d'autres usages ;
- Superficie et pourcentage de forêts touchées par une perturbation anthropique et/ou naturelle ;
- Complexité et hétérogénéité de la structure forestière ;
- Nombre d'espèces tributaires de la forêt ;
- État de conservation des espèces tributaires de la forêt.
- Les indicateurs de la variation génétique sont exclus du présent examen car ils exigent normalement des analyses complexes de laboratoire (Namkoong et al., 1996 ; mais voir aussi Jennings et al., 2001) ;
- Présence de bois mort, âge moyen des arbres, présence de grands carnivores, de castors ou d'une grande richesse en champignons prennent ainsi des significations nouvelles, parfois opposées à celles qui étaient enseignées au siècle précédent en écoles de sylviculture.
[modifier] Classement juridique
En France il existe plusieurs sortes de forêts :
- Forêt domaniale
- Forêt communale
- Forêt privée
- Forêt de protection
En allemagne :
- Markwald
- Landesherrlichkeit
- Säkularisierung
- Privatwald
- Hauberg
- Waldinteressentenschaft
- Kommunalwald
- Kirchenwald
- Landeswald
- Bundeswald
[modifier] Gestion et exploitation des forêts
La forêt était autrefois exploitées pour le bois, le charbon de bois, la cueillette, le pâturage et la chasse. Le bois était généralement débardé à l'aide de chevaux, de bœufs, buffles ou d'éléphants en Asie. En Europe centrale, sur les pentes, il était parfois descendu coupé sur des traîneaux (schlitte). Le plus souvent, ce sont les torrents et cours d'eau qui transportaient les troncs jusqu'aux fleuves en radeaux ou par simple flottage. Autrefois, les troncs étaient coupés par les bûcherons, puis débités par des scieurs de long, avant d'être portés à dos d'homme ou par des chevaux jusqu'aux chemins. Aux époques récentes, ce sont des scieries actionnées par la force de l'eau qui ont permis la coupe de planche dans la forêt ou à proximité, avant que les camions ne transportent les arbres jusqu'à des scieries plus éloignées à partir de la seconde moitié du XXe siècle. De manière générale le nombre de bûcherons et de scieurs n'a cessé de se réduire au profit de la mécanisation.
La sylviculture moderne vise à maintenir ou augmenter le potentiel de production d'une forêt, tout en conservant un équilibre sylvo-cynégétique quand le gibier est une ressource économique majeure et que les animaux sont nombreux (En France, il est fréquent que 50 % au moins du revenu d'un propriétaire forestier vienne des produits de la chasse au grand gibier.
La régénération forestière, c'est-à-dire la reproduction des arbres se fait selon deux approches :
- par rejets (ou drageons) ; cette méthode exploite la capacité de nombreuses essences de feuillus à rejeter à partir d'une souche. Elle est surtout utilisée pour les taillis.
- par semences ; cette méthode nécessite, au moins pour certaines essences un niveau d'éclairement suffisant du sol, ce qui justifie des coupes d'éclaircies pour les uns et de larges coupes pour d'autres.
On parle de régénération naturelle quand le forestier sélectionne et conserve des arbres « semenciers » lors des coupes, afin que les graines présentes dans le sol et tombées des semenciers puissent germer et régénérer la forêt. C'est une solution efficace et peu coûteuse lorsque les essences présentes sont bien adaptées au contexte biogéographique et que les herbivores ne sont pas trop nombreux. Pour certaines essences (chêne par ex), dont les fructification ne sont pas régulières, les délais de régénération peuvent être allongés. Il y a régénération naturelle et continue avec les approches de type Prosilva, promouvant la gestion pied à pied ou en bouquets, sans coupe à blanc.
La régénération artificielle correspond à la situation où des plants proviennent de semis faits en pépinière, ou de grageonnages extérieurs à la parcelle, à partir de graines ou arbres sélectionnés (provenance certifiée), au risque de perte de résilience et de biodiversité, voire d'introduction de pathogènes non présents dans la forêt. C'est un mode de régénération adapté à la mécanisation de la gestion forestière, qui a été fortement développé au XXe siècle dans les pays du nord, mais aussi en Australie et dans certaines forêts tropicales. Les bénéfices à long terme de cette méthode sont discutés, notamment pour d'éventuelles conséquences sanitaires, paysagères et environnementales sur la forêt.
Les méthodes d'exploitation traditionnelles en forêts tempérées sont les suivantes :
- Taillis simple : on coupe les rejets régulièrement (l'ensemble des rejets issus d'une souche s'appelle une cépée), ce qui produit des arbres de petites dimensions, utilisable comme bois de feu (ou piquets pour le châtaignier et l'acacia), utilisé principalement aujourd'hui pour le chauffage, mais qui alimentait autrefois des industries comme la verrerie, la porcelaine et la sidérurgie.
- Taillis sous futaie : c'est une forêt exploitée principalement en taillis, mais pour fournir aussi du bois d'œuvre, on laisse venir des arbres de franc-pied, c'est-à-dire issus de semis, d'âges divers.
- Futaie régulière : dans ce type de forêt tous les arbres sont issus de semis et ont le même âge, ce qui donne à l'âge adulte des Futaies « cathédrales ». Ce type de traitement est relativement moderne, et date en France de l'époque de Colbert qui voulut développer la production de bois pour la charpente de marine et notamment les mâts. Un exemple célèbre est la futaie de chênes de Tronçais dans l'Allier.
- Futaie jardinée : c'est une futaie dans laquelle on trouve des arbres à tous les stades de développement. On l'exploite en prélevant régulièrement une partie des arbres considérés comme mûrs, mais en conservant en permanence la protection du couvert forestier. C'est la méthode traditionnelle, qui a été le mieux conservée en montagne parce qu'elle protège les sols, le micro-climat forestier et limite au mieux l'érosion et les glissements de terrain. C'est aussi le principe sylvicole de Prosilva qui lui adjoint une dimension biodiversité (la futaie est hétérogène et mélangée, en essences et en classes d'âge, en conservant des arbres morts et sénescents, considérés nécessaires à l'équilibre écologique forestier).
Selon le traitement utilisé, et selon les essences, le temps de « révolution », c'est-à-dire le délai écoulé entre le semis et la coupe, est variable mais généralement long, de 60 à 100 ans pour les résineux (le grandis peut être coupé à partir de 40 ans), de 150 ans et plus pour les feuillus (80-100 ans pour le chêne rouge d'Amérique). La sylviculture est une affaire de plusieurs générations ; seule la populiculture (peupliers) avec une durée de révolution d'environ 20 ans se rapproche de l'agriculture.
Une très petite part des forêts ne sont pas gérées pour la production de bois (ex : réserves naturelles, réserve biologique intégrale, Parcs nationaux, forêts de protection, forêts urbaines, ou font l'objet d'une gestion restauratoire à fin de protection de la ressource en eau ou des sols).
[modifier] Fonctions reconnues de la forêt

La forêt remplit trois fonctions essentielles : écologique, économique et sociale.
[modifier] Fonction écologique
- Réservoir de biodiversité et d'habitats, ainsi que de ressources génétiques et phytopharmaceutiques, elles sont pour cette raison étudiées et parfois classées en réserves biologiques, naturelles, parcs nationaux, etc.).
- Fonctions écopaysagères : « noyaux » ou « noeuds » du réseau écologique, et parfois corridor biologique pour la forêt galerie, les forêts linéaires, les mangroves, et les haies vives qui peuvent s'y rattacher.
- Protection contre certains risques naturels (avalanches, inondations, sécheresse, désertification et éléments de résilience écologique…).
- Qualité de l'air : outre que la forêt produit une partie significative de l'oxygène de l'air sur les continents, elle a une capacité extraordinaire à fixer les poussières (comme certains polluants non dégradables), grâce notamment aux mousses, aux lichens, à la rosée et aux sols.
- Protection des sols (lutte contre l'érosion) : la forêt est un lieu de restauration du sol si elle n'est pas surexploitée.
- cf. forêt des Landes en France ou la ceinture verte du sud algérien.
- Fonction macro et micro climatique, grâce à l'évapotranspiration et à la protection de la canopée qui atténuent considérablement les chocs thermiques, et la déshydratation due au vent.
- Puits de carbone, par fixation du gaz carbonique dans le bois et le sol, au moins pour les forêts tempérées non soumises aux incendies et pour les forêts tropicales en phase de croissance.
- cf. les plantations faites en Amazonie qualifiées de « puits de carbone ».
- Fonction aménitaire.
- Les lisières forestières naturelles, éminemment complexes, ont des fonctions écotoniales importantes, notamment pour les forêts rivulaires et les mangroves.
[modifier] Fonction économique
[modifier] Production de bois
- Bois de chauffage, la plus importante utilisation de par le monde (après la destruction de la forêt pour étendre les terres agricoles ou d'élevage);
- Bois d'industrie : bois de trituration (pâte à papier), déroulage placage, panneaux de fibres, emballage;
- Bois d'œuvre : charpente, bois de mine, traverses de chemin de fer, ameublement;
- Dérivés du bois.
[modifier] Produits non forestiers
- Champignons;
- Gibiers;
- Fruits des bois;
- Plantes médicinales et tinctoriales;
- Tourisme lié à la forêt.
- Fruits
[modifier] Fonctions sociales, symboliques et culturelles
Il y a 8000 ans environ qu'avec l'aide du feu, nos ancêtres ont commencé à déforester l’hémisphère nord (en commençant par la Chine) pourtant la forêt est restée présente dans de nombreux contes, mythes et légendes, dans presque toutes les civilisations.
La valeur spirituelle et culturelle de la forêt réelle ou mythique n’est pas contestée. Le nom de Brocéliande en évoque encore les druides et la magie. Nemeton était le mot celte qui signifiait à la fois sanctuaire, et forêt . Bien après qu'on ait oublié la Forêt de Dodone des grecs , on continue de comparer les piliers des cathédrales gothiques aux troncs d'une forêt dont les branches seraient les arcs qui soutiennent la voute. Au Siècle dernier, de nombreux bûcherons allemands murmuraient une petite prière d'excuse à l'arbre qu'ils allaient couper. En Inde, les sannyâsâ se retirent et se recueillent en forêt, comme le faisaient certains ermites européens. En chine, les sommets boisés abritaient presque toujours un temple. Au Japon, la forêt que reflètent ou symbolisent en miniature certains jardins est sacrée, comme l'indique le Torii qui marque parfois son entrée, comme celle d'un temple. L'arbre de vie est omniprésent dans les mythes fondateurs des pays forestiers, mais aussi des pays déforestés, avec un arbre de la connaissance à connotation ambiguë dans la bible. La forêt est souvent symboliquement interprétée comme reliant ciel et terre, par les branches, les troncs et ses racines. La forêt est aussi le domaine de l'Homme sauvage, présent dans de nombreux mythes d'Europe de l'Ouest ou d'Asie ; l'homme sauvage qui est comme l'arbre présent dans l'héraldique européenne La forêt fait également peur ; lieu de Nature où l'on se perd, lieu où l'on perd les enfants, où l’on rencontre le loup, où des dieux, les esprits et les animaux sauvages vivent, où la nuit se fait plus noire, dernier refuge des loups et des ours pourchassés. C'est le lieux où les hors-la loi, bons (Robin des bois) ou méchants se cachaient, bien que parfois exclusivement réservées aux chasses royales. En Europe, à partir du siècle des lumières et du modèle royal français, on s'est employé à les humaniser, à les nommer et à les fragmenter pour mieux les maîtriser en les quadrillant d'allées et de layons, puis on les a planté et « rationnellement » géré. C'est enfin localement un lieu de mémoire avec les forêts royales, la forêt de guerre). C'est enfin et surtout le lieu de vie des peuples de la forêt, amérindiens, africains, et d'Asie du sud-est notamment, là où ils ont survécu. Lieu séculaire de l'initiation, refuge des esprits, lieu de vie et d'aventure pour de nombreux peuples... lieux aménitaire de détente et de découverte de la nature pour d'autres, la forêt est reconnue pour toutes ces fonctions par certaines lois nationales et par l'écosociolabels FSC).
La plupart des populations et élus se disent très attachées à l'idée de protection d'arbres remarquables, de la forêt et/ou de forêt qui protège, pour des raisons bien plus large que pour les services qu'elle rend comme espace de détente et de loisirs ou comme lieu de cueillette familiale de fruits et champignons.
[modifier] Forêt nourricière et cynégétique

Les forêts sont un lieu traditionnel de chasse, aux grands animaux surtout. La production d'aliments est encore une fonction essentielle, voire tout à fait vitale pour les peuples autochtones qui vivent en forêt et de la forêt. Ils y trouvent des matériaux, des plantes comestibles, fruits, médicaments, poissons, oiseaux, reptiles, insectes et « viande de brousse » qui reste localement la 1ère source de protéine dans de nombreux pays tropicaux. Cette ressource est souvent menacée par une exploitation anarchique.
Dans les pays riches et tempérés, la chasse reste également importante, les revenus cynégétiques approchant ou dépassent souvent 50 % du revenu forestier global dans des pays tels que la France. Mais le « grand gibier » quand il est trop abondant, notamment suite à un agrainage important et à la disparition de ses prédateurs naturels, peut provoquer des dégâts assez important pour freinent ou bloquer la régénération forestière.
Une vraie gestion cynégétique demanderait aussi de prendre en compte les problèmes sanitaire (peste porcine, CWD, maladies véhiculées par les tiques, apparition du SIDA ou de virus hémoragiques, type Ebola, etc), notamment en l'absence de prédateurs. Plus localement, des problèmes nouveaux sont posé avec la contamination du gibier (sanglier notamment) par des toxiques issus de séquelles de guerre ou retombés avec les pluies qui ont lessivé le nuage de Tchernobyl. Les forêts tropicales produisent l'essentiel de la viande de brousse, avec des pressions de chasses qui ont raréfié ou fait disparaître le gibier sur de vastes zones. La question de la pollution par le plomb de chasse, liée à la toxicité des munitions (grenaille et balles) s'y pose moins que dans les zones humides, mais elle semble pouvoir avoir été sous-estimée.
[modifier] Ennemis de la forêt
[modifier] Ennemis naturels
Ce sont surtout les insectes ravageurs, tels la chenille processionnaire du pin ou celle du chêne, mais aussi les insectes qui vivent dans le bois ou sous l'écorce, et certains champignons, parfois très dangereux comme ceux de la graphiose de l'orme ou de la maladie de l'encre du châtaignier. Souvent, ces attaques, véritables épidémies, sont favorisées par l'affaiblissement des arbres pour diverses causes, sécheresse, tempêtes...
Les mammifères aussi peuvent être nuisibles, les rongeurs (mulots), les lapins et surtout les animaux qui constituent le grand gibier : cerfs, daims, chevreuils, qui broutent les jeunes pousses et rongent les écorces. En forêt méditerranéenne, les chèvres sont un ennemi redoutable des arbres.
D'un point de vue historique, l'Homme lui même a une relation ambiguë à la forêt et notamment à la forêt primaire, tantôt protecteur, tantôt destructeur, et ce depuis plusieurs milliers d'années. La forêt primaire continue à reculer et à Rio comme à Johannesburg, les élus présents n'ont pas réussi à valider le projet d'une convention mondiale pour la forêt, qui n'est restée qu'une déclaration d'intention, dont la valeur et la portée juridique sont bien plus faible que celles des conventions sur la biodiversité ou le climat.
[modifier] Accidents climatiques
Les périodes de sécheresse, comme 1976, ou de forte canicule (2003) peuvent provoquer le dessèchement des feuilles qui tombent alors prématurément. On peut constater aussi des brûlures de l'écorce exposée au soleil (hêtres).
Les effets peuvent se faire sentir des années après. La sécheresse aggrave le plus souvent les effets d'autres agents, tels les incendies ou les insectes ravageurs. Ainsi, en 1976, les incendies accentués par la sécheresse brûlèrent plus de 800 km² en France.
En période hivernale, le gel n'est généralement pas à redouter, sauf les cas extrêmes, comme en 1956 en France ou en 1985, lorsque 30 000 pins maritimes landais gelèrent. Les gelées tardives, sont, elles, nuisibles pour les jeunes plants. La neige peut être dangereuse dans certaines conditions, lorsqu'elle forme des manchons autour des branches, qui finissent par casser sous le poids accumulé.
Les tempêtes, comme celle de décembre 1999 en Europe de l'Ouest, provoquent le déracinement et l'abattage des arbres, qui forment les « chablis » ou leur cassure par le milieu du tronc, laissant en place les « chandeliers » et au sol les « volis ». En France, la tempête de 1999 a ainsi abattu 146 millions de m³ de bois.
[modifier] Action de l'homme

[modifier] La déforestation

Elle est ancienne en Europe, où les grands défrichements datent de l'Antiquité (dans les régions méditerranéennes) et du Moyen Âge, mais continuent pour faire place à certains équipements, autoroute, urbanisation, réservoirs hydro-électriques, aménagements pour les sports d'hiver, etc. À l'heure actuelle, ce sont surtout les forêts tropicales qui soufrent de ce phénomène de déforestation, soit pour des raisons de développement économique, comme en Amazonie, en Asie du sud-est ou en Sibérie, soit par surexploitation des ressources en bois tropicaux.
En 2006, bien qu’il n’y ait toujours pas de convention internationale sur la Forêt (le principal échec de Rio), plus de 100 pays avaient institué un programme forestier national, incluant généralement un volet protection (bien que les programmes portent encore essentiellement sur le développement de l’exploitation du bois) et parfois un volet conservation (ou restauration) des sols, de l’eau, de la diversité biologique et d’autres richesses et services environnementaux. Ces programmes quand ils existent sont peu respectés dans les pays très pauvres ou ceux subissant des troubles civils ou afflux de réfugiés de pays voisins.
Il resterait en 2006 environ 4 milliards d’hectares plus ou moins boisés sur la planète, soit environ 30 % des superficies émergées. De 1990 à 2005, 3 % de la forêt a disparu, (- 0,2 % par an) selon la FAO. De 2000 à 2005, 57 pays ont annoncé signalé un accroissement de leur taux de boisement (mais s’agit souvent de plantations industrielles (eucalyptus, peupliers, résineux, palmiers à huile) de peu d’intérêt pour la biodiversité). 83 pays ont reconnu que leur forêt reculait. La perte nette serait de 7,3 millions d’ha/an (soit 20 000 hectares/jour). Les 10 pays les plus riches en forêts représentent à eux seuls 80 % des forêts primaires de la terre, dont l’Indonésie, le Mexique, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Brésil. Ce sont aussi ceux qui ont subi la déforestation la plus intense et rapide de 2000 à 2005, en dépit de plantations de forêts secondaires commerciales. L’Asie de l’Est qui avait perdu la plupart de ses forêt a enregistré le principal accroissement suite aux centaines de millions d’arbres plantés en Chine (mais ce sont de jeunes boisements et non des forêts au sens écologique du terme) et ces accroissements ne compensent pas les taux élevés de déforestation d’autres zones. Globalement la déforestation s’est encore accélérée en Asie du Sud-Est entre 2000 et 2005. C’est cependant en Afrique et en Amérique latine/Caraïbes que la forêt recule le plus ; l’Afrique représente encore 16 % de la superficie boisée totale, mais elle a perdu plus de 9 % de ses forêts entre 1990 et 2005, pendant que l’Europe et l’Amérique du Nord en important massivement des bois exotiques ont pu accroître leurs superficies forestières dans le même temps.
La déforestation est aussi une cause d'apparition et de diffusion de maladies émergentes.
[modifier] La pollution
Les polluants liés à l'activité humaine sont nombreux : anhydride sulfureux qui provoque les fameuses « pluies acides » auxquelles fut attribué le dépérissement des forêts constaté en Europe dans les années 1970-80, mais qui devait beaucoup aussi à la sécheresse et aux pesticides véhiculés par l'air et/ou solubilisés par les pluies, les oxydes d'azote, l'acide fluorhydrique, émis localement par certaines industries notamment dans certaines vallées alpines, les particules émises par la combustion du charbon et des carburants pétroliers, l'ozone... avec aussi en montagne et dans les zones froides le sel de déneigement. Par ailleurs les mousses et les lichens piègent très efficacement les particules de l'air, dont ils se nourrissent. Par ce biais, ils fixent hélas aussi les métaux lourds de plus en plus présents dans l'air, ainsi que d'autres polluants (au point d'en mourir parfois, ce qui en fait, selon la sensibilité de espèces de bons bio-indicateurs). Les champignons qui font la richesse du sol forestier se montrent également capable de bioconcentrer de nombreux polluants (métaux lourds dont plomb, cadmium et mercure, mais aussi radionucléides, qui peuvent ensuite être concentrés par la chaîne alimentaire). La forêt a de tous temps également été un lieu privilégié pour la chasse ; Les munitions au plomb (grenaille et balles) y ont été dispersées par de milliers de tonnes chaque année, souvent tirées aux mêmes endroits ; près des points d'eau, des berges de fleuves, sur les lieux d'agrainage, sur les layons ou cloisonnements ou à partir de postes de tir aménagés. Les sols forestiers sont souvent naturellement légèrement acide à très acides en zones tropicale ou boréales, ce qui facilite la dispersion et biodisponibilité de ce plomb enrichi d'arsenic et d'antimoine, ainsi que du mercure qui a longtemps été utilisé par les amorces. Dans certains pays, des boues de station d'épuration sont régulièrement dispersées en forêts, parfois sous forme de pulvérisation, ce qui peut contribuer à la dispersion de certains contaminants. Avec les premières expérimentations d'arbres OGM (peupliers essentiellement, testés par exemple en France et au Canada en milieu non-confinés), certains craignent une rapide pollution génétique et un impact sur la faune et le sol forestier via la toxine BT émise par ces arbres, leurs racines ou leurs pollens, ou dans certains cas en raison de l'utilisation encouragée de désherbants.
- Article connexe : pluie acide.
[modifier] Les séquelles de guerre
De tous temps, les forêts ont été stratégiques du point de vue militaire. Elles sont servi de réserve de bois de marine et charpente, mais surtout d'abri ou de cible à toutes les armées, maquis et résistances, des millions de réfugiés s'y protégeant encore aujourd'hui dans les pays en conflits. Parfois on les a pillées ou détruites dans le cadre de la stratégie de la « terre brûlée ». Au Vietnam et Laos, le défoliant, le Napalm et les munitions à sous-munitions ont laissé des traces encore persistantes (dioxines, métaux lourds, sols dégradés, mines actives, etc.). Le bois mitraillé des forêt françaises a perdu de sa valeur technique et financière, mais il peut aussi avoir été pollué par le plomb ou d'autres métaux lourds. Au XXe siècle, notamment en France dans la Zone rouge, de vastes forêts dite « de guerre » ont été artificiellement plantées sur des sites agricoles rendus incultivables par les séquelles de guerre et localement en Allemagne ou en France sur des sites gravement pollués par des d'accidents liés à la production d'usines d'armement ou d'usine produisant en amont les toxiques chimiques ou les métaux utilisés dans les munitions (plomb, cadmium, zinc, cuivre, mercure, etc.). Des forêts comme celle de Verdun contiennent encore des quantités considérables de munitions non explosées, dont certaines chimiques (chargées de « gaz de combats »).
[modifier] Feux de forêt
- Article détaillé : Feu de forêt.

Ils sont le plus souvent allumés par l'homme, volontairement (pyromanes, bergers...) ou involontairement (négligence). Le fire-stick farming, souvent employé par les aborigènes australien, a profondement[1] a modifier la faune et flore d'Australie. Cette pratique consistait à brûler de vastes terres pour faciliter la chasse a entrainer la disparition de sa mégafaune... Malgré des moyens de surveillance et de lutte de plus en plus performant, leur nombre et leur gravité ne cesse de croître en zone tropicale (Indonésie, Brésil..) mais aussi en Europe et en Amérique du Nord ou Australie. Prenant des proportions catastrophiques dans certaines régions (notamment autour de la Méditerranée), ils conduisent à la mise en place de moyens de lutte très importants, dont l'efficacité est variable. Toutes les essences forestières sont combustibles, mais certaines riches en produits volatils favorisent le combustion et l'extension de l'incendie, d'autres résistent mieux (grâce à des phénomènes de protection comme la création de liège), ou se régénèrent plus vite.
En France, en moyenne 200 km² de forêt brûlent annuellement (pour les années 2000). Certains estiment que les incendies ne sont pas une menace sérieuse pour les forêts mais plutôt un problème économique ; outre le manque à gagner en produits d'exploitation (bois d'œuvre et bois de chauffage), la prévention et la lutte contre les incendies coûtent en moyenne 125 millions d'euros par an. Néanmoins des incendies à répétition sur des zones déjà écologiquement morcelées peuvent amorcer de graves phénomènes d'érosion et de dégradation des sols. Certaines espèces (tortue terrestre par exemple en ont beaucoup souffert).
Il est difficile de tirer un bilan de l'action de l'Homme sur les forêts : il ne se résume pas à des actions néfastes, car si les États n'ont pas enrayé la déforestation ni pu s'accorder pour rédiger et signer une convention internationale pour la protection des forêts à Rio en 1992 ou à Johannesburg en 2003, de nombreux programmes locaux d'études et de restauration de forêts existent dans le monde, dont les forêts modèles canadiennes.
En Europe de l'Ouest, la forme et la superficie des forêts européennes contemporaines résultent essentiellement de l'action de l'homme, et il est couramment admis chez les forestiers qu'elles sont gérées de manière durable. Contrairement à une idée répandue, la surface de la forêt française, après avoir fortement diminué jusqu'à la fin du moyen âge a réaugmenté, y compris depuis les années 1900 (d'environ + 30 %), mais souvent grâce à des plantations commerciales de résineux et peupliers, moins riches au niveau biodiversité et avec un recul des zones humides. Le gain en superficie n'a pas freiné ou compensé le recul des oiseaux, insectes, lichens et fleurs typiquement forestières, ni le recul massif du bocage et des arbres épars depuis les années 1950. Les arbres tendent par ailleurs à être exploités de plus en plus jeunes et les plantations sont génétiquement peu variées. Hormis localement, suite aux tempêtes, le gros bois mort reste trop rare pour permettre la survie de nombreuses espèces d'invertébrés saproxylophages.
[modifier] Forêt et oxygène
Une métaphore qualifie souvent la forêt de « poumon de la planète ». En dépit des fonctions nombreuses et essentielle voire « vitales » qu'elle remplit, la forêt ne peut être directement comparée à un poumon (le poumon ne produit pas d'oxygène et c'est le plancton qui produit l'essentiel de l'oxygène planétaire disponible dans l'air et solubilisé dans l'eau). Néanmoins, la forêt a des fonctions essentielles micro- et macro-climatique et pour la qualité de l'atmosphère, en terme d'équilibre thermo-hygrométrique et de pureté de l'air notamment. D'un certain point de vue, un peu à la manière du poumon, mais à une autre échelle, elle est une sorte d'écotone complexe et fonctionnel entre l'atmosphère et le sol, lié au cycle du carbone notamment, mais aussi à tous les cycles biogéochimiques importants.
[modifier] Forêts et puits de carbone
Le bilan en carbone d'un écosystème forestier est très difficile à estimer, et il varie considérablement selon les zones biogéographiques, les époques, l'histoire du site, le stade de croissance de la forêt, les risques d'incendie, de sécheresse et d'inondation, et de nombreux autres facteurs tels que l'action d'insectes défoliateurs ou d'autres parasites des arbres. Bien entendu, le devenir des arbres est un autre facteur à considérer : bois de chauffage, papier-cellulose, bois d'œuvre, ou bois mort auront des impacts très différents en terme d'émission de dioxyde de carbone.
De plus, certaines forêts peuvent, au moins provisoirement avoir un bilan nul (forêt tropicale mature) ou négatif (en zone d'incendies récurrents, ou en début de phase de croissance), tout en contribuant indirectement à enrichir les cours d'eau en nutriments (phosphore, potassium, calcium, fer, etc. et par les phénomènes d'acidification, humification, décolmatation et minéralisation et structuration des sols) en offrant ainsi une source constante de nutriments pour le plancton marin en aval, plancton qui produit 80 % de l'oxygène que nous respirons et qui constitue un important puits de carbone.
En théorie, la photosynthèse consomme du dioxyde de carbone et produit du dioxygène et de la matière organique. De l'oxygène est consommé lors de la respiration des plantes elles-mêmes, des animaux de la forêt et de la biomasse cachée du sol forestier, ainsi que par les incendies naturels et moindrement par l'oxydation naturelle des éléments chimiques rendus disponibles par le processus de formation des sols.
En phase de croissance, après une dizaine d'année de bilan négatif s'il s'agit d'une régénération à partir d'un sol nu, la biomasse augmente régulièrement, principalement sous forme de cellulose et de lignine. Elle stocke aussi du carbone sous forme de nécromasse et de biomasse animale, microbienne et fongique. En zone tropicale, la plupart des forêts poussent sur des sols pauvres et acides où l'humus ne se forme pas et où la nécromasse est rapidement recyclée ou minéralisée. La forêt tropicale en croissance stocke du carbone, mais elle finit (après plusieurs siècles, voire plus de 1000 ans)par arriver à un équilibre entre production primaire et décomposition du bois mort. À ce stade la forêt semble produire autant d'oxygène que ce qu'elle consomme. De plus, les émissions de méthane liées à la fermentation de bois immergés ou issus de l'activité des termites complexifient encore les calculs des émissions de gaz à effet de serre. En zone tempérée ou froide, il en va autrement avec respectivement les sols forestiers (incluant les tourbières associées à certaines forêts) et les pergélisols qui, en zone circumpolaire, peuvent stocker des quantités considérables de carbone (sous forme d'hydrate de méthane).
Enfin, le devenir et la durée de vie du méthane émis par les écosystèmes forestiers ne sont pas encore bien compris. Il pourrait avoir été surestimé ou sous-estimé.
[modifier] La forêt recèle des trésors
Un quart de la France vit à l'ombre des arbres. Certains sont millénaires. Ils ont connu la Gaule chevelue, les cultes des anciens. Citadins et ruraux les vénèrent de nouveau. Partout dans le monde, il devient délicat de gérer les forêts en coupant du bois. Pour les artistes, les scientifiques et les touristes, elles recèlent des trésors. Mais qui paiera pour les garder debout ?
[modifier] Bibliographie
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- CLEMENT V, De la marche frontière aux pays de bois, forêts, sociétés paysannes et territoires en Vieille-Castille, Madrid, Casa de Velázquez, 2002, 374p.
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- HOUZARD G., Les massifs forestiers de Basse-Normandie, Brix, Andaines, Ecouves, Thèse de doctorat d’Etat, Caen, université de Caen, 1980.
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- PLAISANCE G., Les forêts de Bourgogne, leur histoire, leur utilité, leur place dans la vie de tous les jours. Roanne, Ed. Horvath, 1988, 233 p.
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- SIMON L., Les Paysages végétaux, Paris, Armand Colin, 1998, 95 p.
- SOMME M., « La forêt de Nieppe et son exploitation au XVe siècle », Hommes et terres du Nord n°2-3, Lille, Institut de géographie, Faculté des lettres de Lille, 1986, pp 177-181.
- VAN DER LINDEN H., « La forêt charbonnière », Revue belge de Philologie et d’Histoire n°2 avril 1923, Bruxelles, Editions de l’Université, 1923, pp 203-204.
- VERDEAUX F., La forêt-monde en question, Paris, Institut de recherche pour le développement (IRD), coll. « Autrepart », 1999, 182 – [16] p.
- VIERS G., Géographie des forêts, Paris, PUF, 1970, 222 p.
[modifier] Notes
- ↑ Prideaux, G.J. et al. 2007. An arid-adapted middle Pleistocene vertebrate fauna from south-central Australia. Nature 445:422-425
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens internes
- Forêt par pays
- Essence forestière
- Gestion prosilva
- Sylviculture
- Les insectes dans le milieu forestier
- Forêt boréale et forêt amazonienne, les plus grandes forêts vierges au monde
- Agro-sylviculture
[modifier] Liens externes
- (fr) Article Unasylva sur les indicateurs de la biodiversité dans les inventaires forestiers nationaux
- (fr) Portail FAO de téléchargement de tous les numéros de la revue Unasylva
- (fr) Ressources naturelles * Canada
- (fr) L'information et l'actualité de la forêt dans tous les domaines
- (en) Rapport sur les types de forêts et de gestions en Europe, 2006, avec cartes (European forest types, 8826 KB).
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