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Jean-Philippe Rameau - Wikipédia

Jean-Philippe Rameau

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Jean-Philippe Rameau par Joseph Aved
Jean-Philippe Rameau par Joseph Aved

Jean-Philippe Rameau est un compositeur et théoricien de la musique né à Dijon le 25 septembre 1683 et mort à Paris le 12 septembre 1764. Il est généralement considéré comme le plus grand musicien français avant Berlioz et comme le premier théoricien de l'harmonie classique.

Son œuvre lyrique, qui forme la plus grande partie de sa contribution musicale, est restée oubliée pendant presque deux siècles ; elle marque l'apogée de la « musique française classique » dont les canons s'opposèrent avec force à ceux de la musique italienne jusque tard au cours du XVIIIe siècle ; lors de la fameuse Querelle des Bouffons, Rameau se fit le champion de la tradition française contre Jean-Jacques Rousseau qui soutenait la supériorité de la musique dramatique italienne. Le succès de l'opéra italien, avec son bel canto, ses mélodies faciles, son aspect monodique et son harmonie moins chargée fut donc la cause de l'éclipse d'une musique qui bénéficie aujourd'hui du mouvement de redécouverte de la musique ancienne.

Le Rameau claveciniste n'a pas subi le même oubli : ses pièces les plus connues - le Tambourin, L'entretien des Muses, le rappel des Oiseaux, la Poule etc - sont restées au répertoire, jouées au piano pendant le XIXe comme celles de ses contemporains les plus illustres (Bach, Couperin, Scarlatti, ...)

Quant à son oeuvre théorique, malgré ses imperfections et les critiques justifiées ou non dont elle fut l'objet, elle n'a cessé d'être considérée comme un des références de l'harmonie classique.

Sommaire

[modifier] Biographie

De manière générale, la vie de Rameau est mal connue, et spécialement la première partie, celle qui précède son installation définitive à Paris vers 1722. L'homme était secret, et même sa femme ne savait rien de ses années obscures[1] d'ou la rareté des éléments biographiques dont on dispose.

[modifier] Naissance et enfance à Dijon

Statue de Jean-Philippe Rameau à Dijon
Statue de Jean-Philippe Rameau à Dijon

Il est le septième enfant d'une famille qui en compte onze (5 filles et 7 garçons). Son père, Jean Rameau, organiste à Saint-Etienne et Saint-Bénigne de Dijon, est le premier musicien de la famille. Sa mère, Claudine de Martinécourt, fille d'un notaire, est issue de la petite noblesse. Jean-Philippe est formé tout d'abord par son père, et sait ses notes avant même de savoir lire[2]. Il est élève au collège jésuite des Godrans mais n'y reste pas longtemps : bien qu'il soit intelligent et vif, rien ne l'intéresse vraiment en dehors de la musique. Ces études générales bâclées et vite interrompues se ressentiront pas la suite dans une expression écrite déficiente. Son père aurait voulu qu'il devienne magistrat : lui-même décide qu'il veut être musicien. Le dernier frère, Claude Rameau, exercera lui aussi cette profession - avec beaucoup moins de succès.

[modifier] Jeunesse errante

A dix-huit ans, son père l'envoie en Italie pour y parfaire son éducation musicale : il ne va pas plus loin que Milan et encore ne connaît-on rien de ce court séjour [3]: quelques mois plus tard, il est de retour en France. Il avouera d'ailleurs plus tard regretter de n'avoir pas séjourné plus longtemps en Italie, ou « il aurait pu perfectionner son goût ».

Jusqu'à l'âge de quarante ans, sa vie est faite de déménagements incessants et assez mal tracés : après son retour en France il aurait fait partie d'une troupe de musiciens ambulants, comme violoniste, aurait séjourné à Montpellier. En janvier 1702, on le trouve organiste intérimaire à la cathédrale d'Avignon (dans l'attente du nouveau titulaire, Jean Gilles). Dès le mois de mai qui suit, il obtient pour six ans un poste d'organiste à la cathédrale de Clermont-Ferrand.

[modifier] Premier séjour à Paris

Le contrat n'ira pas jusqu'à son terme, puisque Rameau est à Paris en 1706 comme le prouve la page de titre de son premier livre de clavecin, le désignant comme « organiste des jésuites de la rue St Jacques et des Pères de la Merci ». Selon toute vraisemblance, à cette époque, il fréquente Louis Marchand, ayant loué un appartement près de la chapelle des Cordeliers dont ce dernier est organiste titulaire[4]. D'ailleurs Marchand était précédemment - en 1703 - organiste des jésuites de la rue St Jacques, et Rameau y est donc son successeur . Enfin, le livre de pièces de clavecin, premier ouvrage de Rameau, témoigne de l'influence de son aîné[5]. En septembre 1706, il postule à la fonction d'organiste de l'église Sainte-Marie-Madeleine-en-la-Cité laissée vacante par François d'Agincourt qui est appelé à la cathédrale de Rouen. Choisi par le jury, il refuse finalement le poste, qui est alors attribué à Louis-Antoine Dornel. Il est vraisemblablement encore à Paris en juillet 1708. Il est notable que, exerçant le métier d'organiste pendant la plus grande partie de sa carrière, il ne devait laisser aucune pièce pour cet intrument.

[modifier] Retour en Province

En 1709, Rameau retourne à Dijon pour y prendre, le 27 mars, la succession de son père, à l'orgue de la cathédrale. Là aussi, le contrat est de six ans mais n'ira pas à sa fin. En juillet 1713, Rameau est à Lyon, comme organiste de l'église des Jacobins. Il fait un court séjour à Dijon lors de la mort de son père en décembre 1714, y assiste au mariage de son frère Claude en janvier 1715 et retourne à Lyon. Pas pour longtemps car il retourne à Clermont-Ferrand dès le mois d'avril, muni d'un nouveau contrat à la cathédrale, pour une durée de vingt-neuf ans. Il y restera en fait huit années, pendant lesquelles sont probablement composés ses motets et ses premières cantates ainsi que rassemblées les idées qui donnent lieu à la publication en 1722 de son Traité de l'harmonie réduite à ses principes naturels. La couverture de l'ouvrage le désigne comme « organiste de la cathédrale de Clermont ». Ce traité fondamental, qui pose Rameau comme musicien savant, il y réfléchit en fait depuis sa jeunesse.

[modifier] Installation définitive à Paris

Rameau est de retour à Paris, et cette fois de manière définitive, à partir de 1722 ou au plus tard du début 1723, dans des conditions restées obscures. On ne sait pas ou il habite tout d'abord : il publie en 1724 son second livre de pièces de clavecin, qui ne porte pas l'adresse du compositeur. Ce qui est certain, c'est que son activité musicale se tourne vers la Foire, et qu'il va collaborer avec Alexis Piron, poête dijonnais établi depuis quelque temps à Paris, et qui écrit des comédies ou opéras comiques pour les foires de Saint-Germain (de février au dimanche des Rameaux) et Saint-Laurent (de fin juillet à l'Assomption). Il écrit ainsi de la musique, dont il ne reste presque rien, pour l'Endriague (1723), l'Enlèvement d'Arlequin (1726), la robe de dissension (1726). Lorsqu'il sera un compositeur établi et célèbre, Rameau composera encore de la musique pour ces spectacles populaires : les Courses de Tempé (1734), les Jardins de l'Hymen (1744) et le Procureur dupé sans le savoir (vers 1758).[6]. C'est pour la Comédie Italienne qu'il écrit une pièce qui deviendra célèbre, Les Sauvages, à l'occasion de l'exhibition d'authentiques « sauvages » Indiens d'Amérique du Nord (écrite pour le clavecin et publiée dans son troisième livre en 1728, cette danse rythmée sera ensuite reprise dans le dernier acte des Indes galantes, dont l'action se déroule dans une forêt de Louisiane). C'est d'ailleurs à la foire qu'il rencontre Louis Fuzelier qui en sera le librettiste.

L'église Saint-Germain l'Auxerrois ou eurent lieu le mariage de Rameau et le baptême de ses premiers enfants (le beffroi est postérieur)
L'église Saint-Germain l'Auxerrois ou eurent lieu le mariage de Rameau et le baptême de ses premiers enfants (le beffroi est postérieur)

Le 25 février 1726, il épouse à l'église de Saint-Germain l'Auxerrois la jeune Marie-Louise Mangot qui a dix-neuf ans (lui-même en a quarante-deux). L'épouse est d'une famille de musiciens lyonnais ; elle est une bonne musicienne et chanteuse, participera à l'exécution de certaines oeuvres de son mari et lui donnera deux fils et deux filles. Malgré la différence d'âge et le caractère difficile du musicien, il semble que le ménage ait mené une vie heureuse[7]. Son premier fils, Claude-François est baptisé le 8 août 1727 en cette même église de Saint-Germina l'Auxerrois. Le parrain est son plus jeune frère, Claude.

Pendant ces premières années parisiennes, Rameau poursuit ses études avec la publication du Nouveau système de musique théorique (1726), compose sa dernière cantate : le Berger fidèle (1727), publie son troisième et dernier livre de clavecin (1728), concourt sans succès au poste d'organiste de l'église Saint-Paul (c'est Louis-Claude Daquin qui lui est préféré), enfin songe à se faire un nom au théâtre lyrique en recherchant un librettiste susceptible de collaborer avec lui.

Antoine Houdar de la Motte aurait pu être ce librettiste. Poète établi, il connaît le succès depuis de nombreuses années dans sa collaboration avec André Campra, André-Cardinal Destouches, Marin Marais. Rameau lui adresse, le 25 octobre 1727, une lettre restée célèbre par laquelle il tente de lui faire valoir ses qualités de compositeur propre à traduire fidèlement dans sa musique ce que le librettiste exprime dans son texte. Houdar de la Motte semble ne jamais avoir répondu à l'offre, considérant probablement que Rameau (alors âgé de quarante quatre ans) a une réputation de savant théoricien, mais n'a encore produit aucune composition musicale d'envergure : un quémandeur parmi d'autres ? Comment deviner que ce théoricien abstrait, peu sociable, sec et cassant, sans emploi stable, déjà âgé, qui n'a presque rien composé à une époque ou l'on compose jeune, vite et beaucoup, deviendra dans quelques années le musicien officiel du royaume, le « dieu de la danse », la gloire incontestée de la musique française ?

[modifier] Au service de la Pouplinière

C'est selon toute vraisemblance par l'entremise de Piron que Rameau entre en relation avec le fermier général Alexandre Le Riche de la Pouplinière, l'un des hommes les plus riches (sic) de France, amateur d'art qui entretient autour de lui un cénacle d'artistes dont il fera bientôt partie. Les circonstances de la rencontre entre Rameau et son mécène ne sont pas connues, même si l'on suppose que celle-ci doit avoir lieu avant l'exil de La Pouplinière en Provence à la suite d'une aventure galante, exil qui doit durer de 1727 à 1731. Piron est dijonnais comme Rameau qui lui a fourni la musique de quelques pièces pour la Foire ; il a travaillé en tant que secrétaire de Pierre Durey d'Harnoncourt, alors receveur des finances à Dijon. Or ce dernier est ami intime et compagnon de plaisirs de la Pouplinière : il lui a présenté Piron et celui-ci lui parle sans doute de Rameau que sa musique et surtout ses traités commencent à sortir de l'anonymat[8].

Cette rencontre détermine la vie de Rameau pour plus de vingt années et va lui permettre d'entrer en contact avec plusieurs de ses futurs librettistes, y compris Voltaire ainsi que sa future « bête-noire » en la personne de Jean-Jacques Rousseau, le philosophe qui se piquera de vouloir lui en remontrer en matière de musique. En ce qui concerne Voltaire, tout au début il a une opinion assez négative de Rameau, qu'il juge pédant, méticuleux à l'extrême et, pour tout dire, ennuyeux. Cependant, il ne tarde pas à être subjugué par sa musique et, pour saluer son double talent de savant théoricien et de compositeur de haut vol, lui invente le surnom d'« Euclide-Orphée »[9].

On suppose que, dès 1731, Rameau dirige l'orchestre privé, de très grande qualité, financé par la Pouplinière. Il conservera ce poste (ou lui succèderont Gossec puis Stamitz) pendant 22 ans[10]. Il est également professeur de clavecin de Thérèse Deshayes, à partir de 1737 la maîtresse de la Pouplinière qui l'épousera en 1740. Mme de la Pouplinière est d'une famille d'artistes[11], bonne musicienne elle-même, et d'un goût plus sûr que son mari. Elle se révélera comme l'une des meilleures alliées de Rameau avant sa séparation d'avec son mari, en 1748 - l'un comme l'autre étant fort volage.

En 1732, les Rameau ont un deuxième enfant, Marie-Louise, qui est baptisée le 15 novembre.

Rameau anime en musique les fêtes données par la Pouplinière dans ses hôtels particuliers, rue Neuve des Petits-Champs puis à partir de 1739, rue de Richelieu ; également celles organisées par certains des amis du fermier-général, par exemple en 1733 pour le mariage de la fille du financier Samuel Bernard, Bonne Félicité, avec Mathieu-François Molé : il tient à cette occasion l'orgue de l'église Saint-Eustache, les claviers lui ayant été prêtés par son titulaire Forqueray[12] et reçoit 1200 livres du riche banquier pour sa prestation.

1733 : Rameau a cinquante ans. Théoricien rendu célèbre par ses traités sur l'harmonie, c'est aussi un musicien de talent apprécié à l'orgue, au clavecin, au violon, à la direction d'orchestre. Cependant, son œuvre de compositeur se limite à quelques motets et cantates et à trois recueils de pièces de clavecin dont les deux derniers sont remarqués pour leur aspect novateur. À cette époque, ses contemporains sensiblement du même âge Vivaldi - de cinq ans son aîné, qui mourra en 1741, Bach et Haendel ont déjà composé l'essentiel d'une œuvre très importante. Rameau présente un cas très particulier dans l'histoire de la musique baroque : ce « compositeur débutant » quinquagénaire possède un métier accompli qui ne s'est pas encore manifesté sur son terrain de prédilection, la scène lyrique, où il éclipsera bientôt tous ses contemporains.

[modifier] Enfin le succès : Hippolyte et Aricie

Article détaillé : Hippolyte et Aricie.

L'abbé Simon-Joseph Pellegrin (religieux suspendu a divinis par l'archevêque de Paris pour s'être trop investi dans le monde du théâtre) fréquente la maison de la Pouplinière. Il y fait la connaissance de Rameau alors qu'il a déjà écrit, depuis 1714, plusieurs livrets d'opéras ou d'opéras-ballets. Il va lui fournir celui d'une tragédie en musique, Hippolyte et Aricie, qui installe d'emblée le compositeur au firmament de la scène lyrique en France. Sur ce livret, dont l'action s'inspire librement de la Phèdre de Jean Racine et au-delà, des tragédies de Sénèque[13] et Euripide[14], Rameau met en œuvre les réflexions de presque toute une vie quant au rendu par la musique de toutes les situations théâtrales, des passions et des sentiments humains, comme il a tenté de le faire valoir, en vain, à Houdar de la Motte. Bien sûr, Hippolyte et Aricie sacrifie aussi aux exigences particulières de la tragédie en musique qui donne une place importante aux chœurs, danses et aux effets de machinerie. Paradoxalement, la pièce associe une musique très savante et moderne à une forme de spectacle lyrique qui a connu ses grandes heures à la fin du siècle précédent mais que l'on considère alors comme surannée.

La pièce est montée en privé chez la Pouplinière dès le printemps 1733. Après les répétitions à l'Académie Royale de Musique à partir de juillet, la première représentation a lieu le 1er octobre. La pièce déconcerte tout d'abord mais finalement, c'est un triomphe. Conforme à la tradition de Lully quant à la structure (un prologue et cinq actes), elle dépasse musicalement tout ce qui s'était fait jusque-là dans ce domaine. Le vieux compositeur André Campra, qui assiste à la représentation estime d’ailleurs qu’il y a « assez de musique dans cet opéra pour en faire dix », ajoutant que « cet homme (Rameau) les éclipserait tous ». Rameau doit d’ailleurs retravailler la version initiale, car les chanteurs ne parviennent pas à interpréter correctement certains de ses airs, et notamment le « second trio des Parques » dont l’audace rythmique et harmonique est inouïe pour l'époque. La pièce, donc, ne laisse personne indifférent : Rameau est en même temps encensé par ceux que ravissent la beauté, la science et l'originalité de sa musique et critiqué par les nostalgiques du style de Lully, qui proclament que l'on dévoie la véritable musique française au profit d'un italianisme de mauvais aloi. Avec 32 représentations en 1733, cette œuvre installe définitivement Rameau à la première place de la musique française ; elle sera reprise trois fois à l'Académie Royale du vivant du compositeur.

[modifier] Première carrière lyrique (1733-1739)

Pendant les sept années de 1733 à 1739, Rameau donne toute la mesure de son génie et semble vouloir rattraper le temps perdu en composant ses œuvres les plus emblématiques : trois tragédies lyriques (après Hippolyte et Aricie, Castor et Pollux en 1737 puis Dardanus en 1739) et deux opéras-ballets (Les Indes galantes en 1735 et Les Fêtes d'Hébé en 1739). Ce qui ne l'empêche pas de poursuivre ses travaux théoriques : en 1737 son traité sur la Génération Harmonqiue vient compléter le traité de 1722. Alors que celui-ci était le fruit de réflexions cartésiennes et mathématiques, le nouveau livre fait une place importante aux considérations de nature physique, Rameau ayant pris connaissance des travaux du savant acousticien Joseph Sauveur qui étayent et confirment sur le plan expérimental ses propres considérations théoriques antérieures.

Dès 1733, Rameau et Voltaire envisagent de collaborer sur un opéra sacré intitulé Samson : l'abbé Pellegrin a connu son plus grand succès en 1732 avec un Jephté mis en musique par Montéclair, ouvrant ainsi ce qui paraît une voie nouvelle. Voltaire peine à composer son livret : la veine religieuse n'est pas vraiment la sienne ; les contretemps surviennent avec son exil de 1734 ; Rameau lui-même, enthousiaste au début, se lasse d'attendre ne semble plus très motivé ; pourtant des répétitions partielles ont lieu. Cependant, le mélange des genres, entre le récit biblique et l'opéra qui appelle les intrigues galantes, n'est pas du goût de tous, notamment des autorités religieuses. En 1736, la censure interdit l'ouvrage, qui ne sera jamais terminé, ni bien sûr, représenté. Le livret en reste, édité par Voltaire quelques années plus tard et la musique de Rameau est vraisemblablement réutilisée dans d'autres œuvres, sans qu'on sache l'identifier.

Qu'importe puisque 1735 voit la naissance d'un nouveau chef-d'œuvre, l'opéra-ballet les Indes galantes, probablement l'œuvre scénique la plus connue, également le sommet du genre, en un prologue et quatre entrées, sur un livret de Louis Fuzelier. Le coup d'essai de Rameau dans le domaine de la tragédie en musique a été un coup de maître : il en est de même dans celui, plus léger, de l'opéra-ballet mis au point par André Campra en 1697 avec le Carnaval de Venise et l'Europe galante. La similitude des titres ne laisse place à aucune surprise : Rameau exploite la même veine à succès mais recherche un peu plus d'exotisme dans des Indes très approximatives qui se trouvent en fait en Turquie, en Perse, au Pérou ou chez les Indiens d'Amérique du Nord. L'intrigue ténue de ces petits drames sert surtout à introduire un « grand spectacle » ou les costumes somptueux, les décors, les machineries, et surtout la danse tiennent un rôle essentiel. Les Indes Galantes symbolisent l'époque insouciante, raffinée, vouée aux plaisirs et à la galanterie de Louis XV et de sa cour. L'oeuvre est créée à l'Académie Royale de Musique le 23 août 1735 et connaît un succès croissant. Elle comprend un prologue et deux entrées. A la troisième représentation, l'entrée des Fleurs est ajoutée, puis vite remaniée suite aux critiques ; la quatrième entrée Les Sauvages est finalement ajoutée le 10 mars 1736 : Rameau y réutilise la danse des Indiens d'Amérique qu'il a composée plusieurs années auparavant puis transcrite en pièce de clavecin dans son troisème livre. Les Indes Galantes seront reprises, en totalité ou partiellement de nombreuses fois du vivant du compositeur.

Le 24 octobre 1737 est créée la deuxième tragédie lyrique, Castor et Pollux sur un livret de Gentil-Bernard, lui aussi rencontré chez la Pouplinière. De l'avis général, le livret narrant les aventures des divins jumeaux amoureux de la même femme est un des meilleurs qu'ait traités le compositeur (même si le talent de Gentil-Bernard ne mérite pas l'appréciarion dithyrambique de Voltaire à son égard[15]). L'œuvre possède a une musique admirable quoique moins audacieuse que celle d' Hippolyte et Aricie - Rameau n'écrira d'ailleurs plus jamais d'airs comparables, en hardiesse, au second trio des Parques ou au monumental air de Thésée « Puissant maître des flots ». Mais l'œuvre se termine par un extraordinaire divertissement, la Fête de l'Univers, après que les héros sont installés au séjour des Immortels.

Coup sur coup en 1739, c'est la création des Fêtes d'Hébé (second opéra-ballet sur un livret d'Antoine Gautier de Montdorge, le 25 mai) et de Dardanus (troisième tragédie lyrique sur un livret de Charles-Antoine Leclerc de La Bruère, le 19 novembre). Si la musique de Rameau est toujours plus somptueuse, les livrets se font de plus en plus indigents : ils devront être rapidement remaniées afin d'en cacher les défauts les plus criants.

Les Fêtes d'Hébé connaissent un succès immédiat mais l'abbé Pellegrin est appelé pour améliorer le livret ( particulièrement la deuxième entrée) après quelques représentations. La troisième entrée (la Danse) est particulièrement appréciée avec son caractère pastoral envoûtant - Rameau y réutilise, en l'orchestrant, le fameux Tambourin du second livre de clavecin qui contraste avec une des plus admirables musettes qu'il ait composées, tour à tour jouée, chantée et en choeur.

Quant à Dardanus, peut-être musicalement la plus riche des œuvres de Rameau, la pièce est initialemnt mal reçue par le public, du fait de l'invraisemblance du livret et de la naïveté de certaines scènes : modifié après quelques représentations, l'opéra sera quasiment réécrit, dans ses trois derniers actes, pour une reprise en 1744 : il s'agit presque d'une oeuvre différente.

[modifier] Sept années de silence

Après ces quelques années ou il produit chef-d'œuvre après chef-d'œuvre, Rameau disparaît mystérieusement pour six années de la scène lyrique et même presque de la scène musicale.

On ne connaît pas la raison de ce soudain silence (peut-être un désaccord avec les autorités de l'Académie Royale de Musique)[16] ; probablement Rameau se consacre-t'il à sa fonction de chef d'orchestre de la Pouplinière. Sans doute a-t'il déjà abandonné toute fonction d'organiste (certainement au plus tard en 1738 pour l'église Sainte-Croix de la Bretonnerie). Aucun écrit théorique non plus ; seules restent de ces quelques années les Pièces de clavecin en concert, unique production de Rameau dans le domaine de la musique de chambre, issues probablement des concerts organisées chez le fermier-général. Reprenant une formule pratiquée avec succès par Mondonville quelques années auparavant, les pièces en concert se démarquent des sonates à trois en ce que le clavecin ne se contente pas d'assurer la basse continue en accompagnement des instruments mélodiques (violon, flûte, viole) mais « concerte » à égalité avec eux. Rameau assure d'ailleurs qu'interprétées au clavecin seul, ces pièces sont tout aussi satisfaisantes.

Son troisième enfant, Alexandre, naît en 1740. Son parrain est la Pouplinière mais l'enfant mourra avant 1745. La dernière fille, Marie-Alexandrine naît en 1744. À partir de cette même année, Rameau et sa famille ont un appartement dans le palais du fermier général rue de Richelieu ; ils en disposent pendant douze ans, en conservant probablement leur appartement de la rue saint-Honoré.

[modifier] Seconde carrière lyrique

Rameau réapparaît sur la scène lyrique en 1745 et va, cette année-là, quasiment la monopoliser :

  • La Princesse de Navarre est représentée à Versailles le 23 février à l'occasion du mariage du Dauphin ;
  • Platée est créée à Versailles le 31 mars. C'est le chef-d'œuvre de Rameau dans le registre comique ;
  • Les Fêtes de Polymnie sont créées à Paris le 12 octobre ;
  • Le Temple de la Gloire est représenté à Versailles le 27 novembre ;
  • enfin, Les Fêtes de Ramire est représenté à Versailles le 22 décembre.

Le rythme va ensuite se ralentir, mais Rameau va produire pour la scène, de façon plus ou moins régulière, jusqu'à la fin de sa vie, et sans abandonner ses recherches théoriques :

  • 1747 : Les Fêtes de l'Hymen et de l'Amour ; cette même année, Rameau compose sa dernière oeuvre pour le clavecin, une pièce isolée, La Dauphine ;
  • 1748 : Zaïs, Pygmalion, Les Surprises de l'Amour ;
  • 1749 : Naïs, Zoroastre ;
  • 1750 : Traité Démonstration du Principê de l'Harmonie ;
  • 1751 : La Guirlande, Acanthe et Céphise.

Rameau approche des soixante-dix ans : cette activité prodigieuse qui laisse peu de place à la concurrence en agace plus d'un et jouera certainement un rôle dans les attaques que Rameau subira pendant la fameuse Guerre des Bouffons. Mais l'âge ne l'a rendu ni plus souple, ni moins attaché à ses idées ...

Pour comprendre la survenance de la Guerre des Bouffons, il faut se souvenir que vers 1750, la France est, musicalement parlant, très isolée du reste de l'Europe acquis depuis longtemps à la suprématie de la musique italienne. En Allemagne, en Autriche, en Angleterre, aux Pays-Bas, dans la péninsule ibérique, la musique italienne a balayé ou tout au moins s'est assimilée les traditions locales. Seule la France fait encore figure de bastion résistant à cette hégémonie. Le symbole de cette résistance est la tragédie en musique de Lully - à présent symbolisée par le vieux Rameau - cependant que l'attrait de la musique italienne se fait sentir depuis longtemps[17] dans la pratique de la musique instrumentale.

[modifier] La Guerre des Bouffons

Article détaillé : Querelle des Bouffons.
Jean-Philippe Rameau
Jean-Philippe Rameau

Le 1er août 1752, une troupe itinérante italienne s'installe à l'Académie royale de musique pour y donner des représentations d'intermezzi et d'opéras bouffes. Ils débutent avec la représentation de La Serva padrona de Pergolèse. La même œuvre avait déjà été donnée à Paris en 1746, mais sans attirer l'attention le moins du monde. Cette fois, c'est un scandale qui commence : l'intrusion dans le temple de la musique française de ces « bouffons » va diviser l'intelligentsia musicale parisienne en deux clans. Entre partisans de la tragédie lyrique, royale représentante du style français, et sympathisants de l'opéra-bouffe, truculent défenseur de la musique italienne, va naître une véritable querelle pamphlétaire qui animera les cercles musicaux de la capitale française jusqu'en 1754.

Tragédies lyriques, pastorales héroïques, actes de ballet vont se succéder, presque sans interruption, jusqu’à sa mort. Rameau changea très souvent de librettiste, ne parvenant jamais à en trouver un qui pût produire un texte de qualité équivalente à sa musique. Il est vrai qu’il était très exigeant, peu commode de caractère et, semble-t-il, assez pingre.

Rameau est l'un des acteurs principaux de la « Guerre des Bouffons » qui l'opposera à Jean-Jacques Rousseau dans la confrontation de la « tragédie lyrique » selon la tradition française de Jean-Baptiste Lully et de l’opéra-bouffe importé d’Italie à cette époque. Les deux hommes s’étaient côtoyés lors d’une collaboration musicale ratée, qui avait passablement énervé Rameau et humilié Rousseau, piètre musicien malgré ses prétentions. Ils devaient en conserver des rapports très aigris ; pour Rameau, c’est l'harmonie qui est inscrite dans l’instinct de l’Homme, et dans la nature même des sons, et non la mélodie comme l’affirme Jean-Jacques Rousseau, et c’est bien l’harmonie qui régit la musique, la mélodie n’étant qu’une émanation de l’harmonie.

Son œuvre de théoricien (Traité de l’harmonie réduite à ses principes naturels) est importante et fonde la théorie moderne des accords et de l’harmonie. Elle est antérieure à sa carrière de compositeur lyrique. Pour sa double qualité de théoricien et de mélodiste, Rameau avait reçu le surnom d’Euclide-Orphée.

C'est un de ses neveux qui a inspiré Le neveu de Rameau de Denis Diderot.

[modifier] Personnalité de Rameau

De même que sa biographie est imprécise et parcellaire, la vie personnelle et familiale de Rameau est d'une opacité presque complète : chez ce musicien et théoricien de génie, tout disparaît derrière l'oeuvre musicale et théorique. Encore la musique de Rameau, parfois si gracieuse et entrainante, est-elle en parfaite opposition avec l'aspect extérieur de l'homme et avec ce que l'on sait de son caractère.

Toute sa vie il ne s'est intéressé qu'à la musique, avec passion et, parfois, emportement voire agressivité ; celle-ci occupait toutes ses pensées ; Philippe Beaussant parle d'un monomaniaque. C'est Piron qui explique que « Toute son âme et son esprit étaient dans son clavecin ; quand il l'avait fermé, il n'y avait plus personne au logis »[18].

Au physique, Rameau était grand et surtout très maigre[19] : les croquis qu'on en a, notamment un de Carmontelle qui le montre devant son clavecin, nous dépeignent une sorte d'échalas aux jambes interminables. Il avait « une grosse voix ». Son élocution était difficile, à l'instar de son expression écrite qui n'a jamais été fluide.

L'homme était à la fois secret, solsitaire, bougon, imbu de lui-même (plus fier d'ailleurs en tant que théoricien que musicien) et cassant avec ses contradicteurs, s'emportant facilement. On peine à l'imaginer évoluant au milieu des beaux esprits - dont Voltaire, avec lequel il avait une certaine ressemblance physique - qui fréquentaient la demeure de la Pouplinière : sa musique était sa meilleure ambassadrice à défaut de qualités plus mondaines.

Ses « ennemis » - comprendre : ceux qui ne partageaient pas ses idées en matière de musique ou de théorie acoustique - amplifiaient ses défauts, par exemple sa prétendue avarice. En fait, il semble que son souci de l'économie soit la conséquence d'une longue carrière obscure, aux revenus minimes et incertains, plus qu'un trait de caractère car il savait être généreux : on sait qu'il a aidé son neveu Jean-François venu à Paris, son jeune collègue dijonnais Claude Balbastre également « monté » à Paris, bien doté sa fille Marie-Louise en 1750 lorqu'elle entra en religion chez les Visitandines, payé de façon très ponctuelle une pension à une de ses sœurs devenue infirme[20].

L'aisance financière lui était venue sur le tard, avec le succès de ses œuvres lyriques et l'attribution d'une pension par le roi (quelques mois avant sa mort, il fut même anobli). Mais il n'en avait pas pour autant changé de train de vie, conservant ses vêtements élimés, son unique paire de chaussures, son mobilier vétuste ; à sa mort, dans l'appartement de dix pièces qu'il occupait rue des Bons-Enfants avec son épouse et son fils, il n'avait à sa disposition qu'un clavecin à un seul clavier, en mauvais état [21]; mais on trouva dans ses affaires un sac contenant 1691 louis d'or[22].

Un trait de caractère que l'on retrouve d'ailleurs chez d'autres membres de sa famille est une certaine instabilité : il s'est fixé à Paris vers l'âge de quarante ans après une phase d'errance et avoir tenu de nombreux postes dans des villes variées : Avignon, peut-être Montpellier, Clermont-Ferrand, Paris, Dijon, Lyon, à nouveau Clermont-Ferrand puis Paris. Même dans la capitale, il a souvent changé de domicile, tour à tour rue des Petits-Champs (1726), rue des Deux-Boules (1727), rue de Richelieu (1731), rue du Chantre (1732), rue des Bons-Enfants (1733), rue Saint-Thomas du Louvre (1744), rue Saint-Honoré (1745), rue de Richelieu chez la Pouplinière (1746), enfin à nouveau rue des Bons-Enfants (1752)[23]. La cause de ces déménagements successifs n'est pas connue.

[modifier] La famille de Rameau

Avec son épouse Marie-Louise Mangot, Rameau a quatre enfants :

  1. Claude, né en 1727. Son père lui achètera une charge de valet de chambre du roi ; il se mariera en 1772 et aura un fils en 1773.
  2. Marie-Louise, née en 1732, qui entrera en religion chez les Visitandines à Montargis en 1751 (le père la dotera généreusement mais n'assistera pas à la cérémonie).
  3. Alexandre, né en 1740 et mort avant 1745.
  4. Marie-Alexandrine, née en 1744 (Rameau est alors âgé de 61 ans). Elle se mariera en 1764, deux mois après la mort de son père, avec François de Gaultier, d'ou descendance.[24].

Après la mort de Rameau son épouse quitte l'appartement de la Rue des Bons-Enfants à Paris et va vivre à Andrésy chez son gendre ; elle y meurt en 1785.

Les prénoms des deux derniers enfant sont un hommage au fermier-général Alexandre de la Pouplinière, mécène de Rameau grâce auquel celui-ci a pu commencer sa carrière de compositeur lyrique.

[modifier] Oubli et renouveau

Buste de Rameau par le sculpteur Jean-Jacques Caffieri
Buste de Rameau par le sculpteur Jean-Jacques Caffieri

Même si son nom a conservé un grand prestige après sa mort, son œuvre lyrique a été oubliée et ignorée pendant près de 140 ans. On révérait Rameau comme l'un des plus grands musiciens français, on interprétait au piano certaines de ses pièces pour le clavecin – entre autres le fameux « tambourin » – mais il ne serait jamais venu à l’idée de personne de remonter l’une de ses œuvres scéniques jusqu’au début du XXe siècle quand la Schola Cantorum dirigée par Charles Bordes représenta pour la première fois l’acte de ballet la guirlande, œuvre charmante et sans trop de prétention.

Ce fut le départ d’un renouveau progressif, et Rameau reparut au répertoire d'abord avec difficulté, puis avec de plus en plus de succès au cours du siècle passé. Jean Malignon, dans son livre daté de la fin des années 1950, témoigne de ce que personne, à cette époque, ne connaît Rameau pour en avoir entendu les compositions essentielles. En outre, il apparaissait plus qu'improbable que, par exemple, ses tragédies lyriques pussent un jour être reprises sur scène.

Cependant, l'œuvre de Rameau a bénéficié à plein du retour en faveur de la musique ancienne. La majeure partie de son œuvre lyrique, jadis réputée injouable, dispose à présent d’une discographie de qualité par les ensembles baroques les plus prestigieux. Toutes ses grandes œuvres ont été reprises, et jouissent toujours d’un grand succès, notamment Les Indes galantes. La première (sic) représentation de sa dernière tragédie lyrique, les Boréades, a même eu lieu en 1982 au festival d'Aix-en-Provence (les répétitions avaient été interrompues par la mort du compositeur en 1764).

[modifier] Citations

  • « De jour en jour j'acquiers du goût, mais je n'ai plus de génie…citation nécessaire » .
  • « L'imagination est usée dans ma vieille tête, et on n'est pas sage quand on veut travailler à cet âge aux arts qui sont entièrement d'imagination…citation nécessaire »
  • « Le besoin de comprendre - si rare chez les artistes - est inné chez Rameau. N'est-ce pas pour y satisfaire qu'il écrivait un Traité de l'harmonie, où il prétend restaurer les droits de la raison et veut faire régner dans la musique l'ordre et la clarté de la géométrie… il ne doute pas un instant de la vérité du vieux dogme des Pythagoriciens… la musique entière doit être réduite à une combinaison de nombres ; elle est l'arithmétique du son, comme l'optique est la géométrie de la lumière. On voit qu'il en reproduit les termes, mais il y trace le chemin par lequel passera toute l'harmonie moderne ; et lui-même ». Claude Debussy

[modifier] Son œuvre

[modifier] Musique

La production musicale de Rameau comporte quatre ensemble distincts d'importance très inégale : quelques cantates, quelques motets à grand chœur, des pièces de clavecin soliste ou en concert, enfin la musique lyrique à laquelle il consacre pratiquement de manière exclusive les trente dernières annés de sa carrière.

[modifier] Les motets

Rameau a été pendant plus de quarante ans organiste professionnel au service d'institutions religieuses, paroissiales ou conventuelles : pour autant sa production en termes de musique sacrée est des plus réduites - sans parler de l'œuvre d'orgue, inexistante.

A l'évidence, ce n'était pas son terrain de prédilection, tout au plus un gagne-pain appréciable. Les rares compositions religieuses de ce musicien de génie sont cependant remarquables et se comparent favorablement à celles des spécialistes du genre.

Les œuvres qui peuvent lui être attribuées avec certitude ou presque sont au nombre de quatre :

  • Deus noster refugium (vers 1713-1715)[25] ;
  • Quam dilecta (vers 1713-1715)[26] ;
  • In convertendo (sans doute avant 1720)[27] ;
  • Laboravi (dans son Traité de l'harmonie, 1722).

D'autres motets sont d'attribution douteuse : Diligam te et Inclina Domine.

[modifier] Les cantates

Au début du XVIIIe la cantate est un genre qui remporte un grand succès : la cantate française - à bien distinguer de la cantate italienne ou germanique - est « inventée » en 1706 par le poète Jean-Baptiste Rousseau[28] et aussitôt adoptée par plusieurs musiciens de renom tels Bernier, Montéclair, Campra, Clérambault ...

Les cantates sont pour Rameau le premier contact avec la musique lyrique, nécessitant des moyens réduits et donc accessibles à un musicien encore inconnu. Les musicologues ne peuvent que supputer leurs dates et circonstances de composition, et leur librettistes restent inconnus.

Les cantates attribuées à Rameau et parvenues jusqu'à nous sont au nombre de six (les dates sont des estimations):

  • Aquilon et Orithie (entre 1715 et 1720)[29] ;
  • Thétis (d°) ;
  • L'impatience (d°) ;
  • Les amants trahis (vers 1720) ;
  • Orphée (d°);
  • Le Berger Fidèle (1728).

Son premier biographe Hugues Maret évoque deux cantates composées à Clermont-Ferrand et aujourd'hui perdues : Médée et L'Absence. Enfin, une Cantate pour le jour de la saint-Louis lui est attribuée.

[modifier] La musique instrumentale

Rameau est, avec François Couperin, l'un des deux maîtres de file de l'École française de clavecin au XVIIIe siècle. Les deux musiciens se démarquent nettement de la première génération de clavecinistes, qui ont coulé leurs compositions dans le moule relativement figé de la suite classique. Celle-ci atteint son apogée pendant la décennie 1700-1710 avec les parutions successives des recueils de Louis Marchand, Gaspard Le Roux, Louis-Nicolas Clérambault, Jean-François Dandrieu, Elisabeth Jacquet, Charles Dieupart, Nicolas Siret.

Mais les deux hommes ont un style très différent et en aucun cas, Rameau ne peut être considéré comme l'héritier de son aîné. Ils semblent s'ignorer (Couperin est un des musiciens officiels de la Cour alors que Rameau n'est encore qu'un inconnu : la gloire lui viendra l'année même de la mort de Couperin. D'ailleurs Rameau publie son premier livre dès 1706 alors que François Couperin, qui a quinze ans de plus, attendra 1713 pour faire éditer ses premiers ordres. Eu égard au volume respectif de leurs contributions, la musique de Rameau présente peut-être des aspects plus variés : elle nous présente des pièces dans la pure tradition de la suite française, des pièces imitatives (Le Rappel des Oiseaux, la Poule) et de caractère (Les tendres Plaintes, L'entretien des Muses), des morceaux de pure virtuosité à la Scarlatti (Les Tourbillons, Les trois Mains), des pièces ou se découvrent les recherches du théoricien et du novateur en matière d'interprétation (L'Enharmonique, Les Cyclopes), dont l'influence sur Daquin, Royer, Duphly est manifeste. Les pièces sont groupées, traditionnellement, par tonalité, mais y voir la structure de la suite nécessite une bonne dose d'autopersuasion.

Les trois recueils de Rameau paraissent respectivement en 1706, 1724 et 1728. Après cette date, il ne composera plus qu'une pièce isolée pour clavecin seul, en 1747 : La Dauphine et quelques transcriptions.

Voir l’article Premier livre de pièces de clavecin (Rameau).
Voir l’article [[Deuxième livre de pièces de clavecin (Rameau)[30]]].
Voir l’article Nouvelles suites de pièces de clavecin (Rameau).

[31]

[modifier] La Dauphine

[modifier] Transcriptions

Rameau a transcrit pour clavecin seul cinq des pièces en concert.

(partition sur le site du Projet Mutopia)

voir aussi : École française de clavecin

[modifier] Tragédies lyriques

[modifier] Comédies lyriques

  • La Princesse de Navarre ;
  • Platée ;
  • Les Paladins.

[modifier] Opéras-ballets

[modifier] Pastorales héroïques

  • Zaïs ;
  • Naïs  ;
  • Acanthe et Céphise ;
  • Daphnis et Eglé ;
  • Lysis et Délie (musique perdue).

[modifier] Actes de ballet


NB: Le célèbre Hymne à la Nuit, remis à l'honneur par le film Les Choristes n'est pas de Rameau. Il s'agit d'une adaptation pour choeurs réalisée par Joseph Noyon et E. Sciortino d'un choeur de prêtresses présent dans l'Acte 1 d' Hippolyte et Aricie.

[modifier] Traités

Traité de l'harmonie
Traité de l'harmonie
  • Traité de l'harmonie réduite à ses principes naturels, Paris (1722)
  • Nouveau système de musique théorique, Paris (1726)
  • Dissertation sur les différentes mthodes d'accompagnement, Paris (1732)
  • Génération harmonique, Paris (1737)
  • Démonstration du principe de l'harmonie, Paris (1750)
  • Observations sur notre instinct pour la musique et sur son principe, Paris (1754)
  • Erreurs sur la musique dans l'Encyclopédie, Paris (1755)
  • Code de musique pratique, Paris (1760)

[modifier] Les librettistes de Rameau

Contrairement à Lully qui collabora étroitement avec Philippe Quinault pour la très grande majorité de ses œuvres lyriques, Rameau n'a que très rarement travaillé avec le même librettiste. Rameau était très exigeant, de mauvais caractère et ne put entretenir de longues collaborations avec ses différents librettistes, à l'exception de Louis de Cahusac.

Encore aucun d'entre eux n'a-t-il pu produire de texte qui soit à la hauteur de la musique ; les intrigues sont souvent alambiquées et d'une naïveté et/ou d'une invraisemblance déconcertantes - mais c'était la loi du genre et probablement aussi ce qui fait une partie du charme - mais les vers n'étaient pas des mieux tournés.

Lorsqu'il cherchait à produire sa première tragédie lyrique, Rameau avait sollicité en vain Antoine Houdar de la Motte, lequel avait fourni des intrigues à André Campra, par exemple ; il semble bien que celui-ci n'ait jamais répondu à la lettre que lui envoya Rameau et que l'on retrouva dans ses papiers après sa mort[32].

À la différence de Jean-Jacques Rousseau, qui n'aimait pas particulièrement la musique de Rameau, Voltaire l'appréciait beaucoup. Il fut même le librettiste de la comédie lyrique La Princesse de Navarre qui fut représentée à Versailles, en présence du roi Louis XV, pour la cérémonie de mariage du Dauphin, le 23 février 1745. Par la suite, Rousseau se rétracta de ses avis. En effet, c'est en écoutant Platée, nouvelle comédie lyrique représentée pour le même mariage, le 31 mars 1745, qu'il trouva la musique si belle qu'il dit n'en avoir jamais entendue de si mélodieuse et si extraordinaire.

[modifier] Notes et références

  1. Ph. Beaussant, Rameau de A à Z, page 21
  2. Ph. Beaussant, Rameau de A à Z, page 13. Le fait n'est pas inhabituel à cette époque et se retrouve chez beaucoup de musiciens de père en fils, cf. Mozart
  3. Girdlestone, Rameau his life and work page 3
  4. Girdlestone, Rameau his life and work page 4
  5. Norbert Dufourcq, Le clavecin, page 87
  6. Ph. Beaussant, Rameau de A à Z, pages 151 à 153
  7. Ph. Girdlestone, Rameau his life and work, page 8
  8. Girdlestone, Rameau his life and work page 11
  9. Ph Beaussant, Rameau de A à Z, page 137
  10. Girdlestone, Rameau his life and work page 475
  11. Par sa mère Mimi Dancourt, elle est la petite-fille de Florent Carton Dancourt (Girdlestone, Rameau his life and work page 475)
  12. Il ne faut pas confondre ce Forqueray, organiste, avec les deux célèbres violistes du même nom et d'ailleurs apparentés (Girdlestone, Rameau his life and work pages 476 et 601)
  13. voir la Phèdre de Sénèque
  14. voir Hippolyte porte-couronne
  15. Girdlestone, Rameau his life and work, page 197
  16. Ph. Beaussant, Rameau de A à Z, page 18
  17. Voir François Couperin avec ses « Goûts réunis  » et « l'Apothéose de Correlli » de 1724
  18. Jean Malignon, Rameau page 16
  19. Girdlestone, Rameau his life and work, page 513
  20. Girdlestone, Rameau his life and work, page 507
  21. Comparer à l'inventaire après décès de François Couperin (un grand clavecin, trois épinettes, un cabinet d'orgue) ou de Louis Marchand (trois clavecins et sept épinettes)
  22. Girdlestone, Rameau his life and work, page 508
  23. Girdlestone, Rameau his life and work, pages 593-594
  24. Girdlestone, Rameau his life and work, page 513
  25. Ph Beaussant, Rameau de A à Z page 120 mais 1716 même livre page 367
  26. Ph Beaussant, Rameau de A à Z page 120 mais 1720 même livre page 368
  27. Ph Beaussant, Rameau de A à Z page 120 mais 1718 même livre page 368
  28. Ph. Beaussant, Rameau de A à Z , page 80
  29. Dates proposées par Ph. Beaussant, Rameau de A à Z , page 82
  30. Le titre exact est « Pièces de clavecin avec une méthode pour la mécanique des doigts »
  31. Le titre exact est « Nouvelles suites de pièces de clavecin »
  32. Cette lettre fut publiée dans le Mercure de france après la mort de Rameau. Ph. Beaussant, Rameau de A à Z, page 179

[modifier] Sources

  • Rameau, Jean Malignon, Le Seuil, Paris, 1960. ISBN 2-02-000238-8 Témoignage d'une époque qui redécouvre Rameau…
  • Rameau de A à Z, Philippe Beaussant, Fayard, Paris, 1983. ISBN 2-213-01277-6 Tout sur Rameau et son œuvre sous la forme d'un dictionnaire.
    NB C'est en fait un ouvrage collectif de 23 musicologues sous la direction de Philippe Beaussant, d'ou un certain manque d'homogénéité voire quelques incohérences (cf datation des motets)
  • (en) Jean-Philippe Rameau, his life and work, Cuthbert Girdlestone, Dover Publications, 1969. ISBN 0-486-26200-6 L'ouvrage de Girdlestone est considéré comme le plus complet et le mieux documenté sur ce compositeur généralement méconnu.

[modifier] Bibliographie

  • (fr) Jean-Philippe Rameau, sa vie, son œuvre, Cuthbert Girdlestone, Desclée De Brouwer, 1983. ISBN 2-220-02439-3
  • Jean-Philippe Rameau, Splendeur et naufrage de l'esthétique du plaisir à l'âge classique, Catherine Kintzler, Minerve, Paris, 1988. ISBN 2-86931-030-7

[modifier] Liens externes


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