Joséphin Péladan
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Joséphin Péladan, est un écrivain et occultiste français né à Lyon le 28 mars 1858 et mort à Neuilly-sur-Seine le 27 juin 1918. Il s'était approprié comme surnom : Le Sâr.
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[modifier] Biographie
Issu d'une honorable famille de cultivateurs et de commerçants, Joséphin Péladan est le fils de Louis-Adrien Péladan, journaliste à La France littéraire, fondateur de La Semaine religieuse, mystique exalté et confus, et de Joséphine Vaquier. Son frère aîné, Adrien, qui deviendra médecin et érudit, lui farcit très tôt la tête de toutes sortes de connaissances et, dès l'enfance, il voyage, à Avignon ou à Nîmes. Il manifeste un esprit indépendant qui lui vaut d'être renvoyé du lycée pour avoir traité un professeur d'athée, puis du petit séminaire de Nîmes.
Il entre comme employé au crédit Faillelle à Paris. Il voyage à Rome et à Florence où il se prend de passion pour le Quattrocento et pour Léonard de Vinci. De retour à Paris, il publie une nouvelle, Le Chemin de Damas, et entre à L'Artiste d'Arsène Houssaye. Il rencontre Léon Bloy et Paul Bourget et enthousiasme Jules Barbey d'Aurevilly qui préface son roman Le Vice suprême (1884), livre étrange pétri de romantisme et d'occultisme, qui met en scène la lutte de forces secrètes qui s'acharnent à détruire l'humanité et prend résolument le contre-pied du naturalisme de Zola « ce porc-zola, ce pourceau qui est en même temps un âne ».
Ce manifeste ouvre les portes des cénacles littéraires au jeune auteur de vingt-six ans. Son originalité plaît mais son exaltation fait sourire. Jean Lorrain le surnomme « le pélican blanc ». Plus tard on l'appellera « le Mage d'Épinal », « Platon du Terrail » ou « le Sâr pédalant ». Rodolphe Salis alla jusqu'à oser un très cruel « Artaxerfesse » qui lui valut des poursuites de l'intéressé. Il se fâche avec Léon Bloy, passe deux jours en prison pour avoir négligé de régulariser sa situation militaire et se met à publier un très grand nombre de textes.
En 1888, il publie son livre le plus connu, Istar, se parant du titre de « Sâr » et du prénom babylonien « Mérodack ». Il se décrit « drapé d'un burnous noir en poil de chameau filamenté de fils d'or, en velours vieux bleu, botté de daim, et, comme Absalon, chevelu [...] la barbe ointe d'huile de cèdre. » Sans fausse modestie, il affirme : « J'ai conquis, à force de talents, peut-être de génie, le droit de ma pensée pleine, entière, et devant tous. J'ai six mille nuits durant valeureusement aimé la langue française ; je puis tout dire en français. J'y suis burgrave sans vasselage. »
Quand il se prend de passion pour Wagner, il débarque à Bayreuth vêtu d'un habit blanc, d'une tunique bleu ciel, d'un jabot de dentelle et de bottes de daim, avec un parapluie retenu au côté par un baudrier. Si la veuve de Wagner refuse de le recevoir en cet équipage, cela ne l'empêche pas de publier les opéras de Wagner en français avec ses annotations « en matière de thérapeutique pour désintoxiquer la France de son matérialisme ».
En 1888, Péladan est le co-fondateur avec Stanislas de Guaita de l' Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix. Parmi les membres de l'Ordre, on peut relever quelques noms passés à la posterité : Papus, Erik Satie et Claude Debussy. Prétextant un refus de la magie opérative, il se sépare du groupe en 1891 pour fonder l' Ordre de la Rose-Croix Catholique et esthétique du Temple et du Graal. L'année suivante, il organise le premier Salon de la Rose-Croix du 10 mars au 10 avril 1892 à la célèbre galerie parisienne Durand-Ruel : « ce jour, l'Idéal eut son temple et ses chevaliers, et nous, Macchabées du Beau, nous allâmes apporter à Notre-Dame, aux pieds de notre Suzerain Jésus, l'hommage du temple et l'agenouillement des Rose-Croix. » C'est un très grand succès. Soixante artistes y participent et vingt mille Parisiens viennent voir, au son du prélude de Parsifal joué aux trompettes. Plusieurs Salons de la Rose-Croix seront encore organisés par la suite.
Péladan avait avant tout la religion de la beauté, qu'il enveloppait des volutes d'encens d'un mysticisme oriental. Il ambitionnait d'extirper la laideur du monde moderne, où elle s'incarnait à ses yeux dans le judaïsme affairiste et le laïcisme maçonnique.
Il s'essaye au théâtre avec Babylone (1895), Le Prince de Byzance (1896) puis Le Fils des étoiles (1898) et une trilogie, La Prométhéide, qui se voulait la suite du Prométhée d'Eschyle. Ces ennuyeuses tragédies mêlant peinture, musique, Babylone et Jésus-Christ dans une ambition de théâtre total avant la lettre, n'ont guère de succès. Il produit d'innombrables plaquettes de critique d'art, contribuant à faire connaître en France l'œuvre de Léonard de Vinci, publiant un opuscule très fin intitulé De l'androgyne, mais noircissant aussi des centaines de pages d'élucubrations oiseuses.
En définitive, Péladan renonce à ses outrances vestimentaires et vit dans la vénération de sa seconde femme; Christiane Taylor, vivant péniblement de critiques d'art « que l'ancienne ironie des badauds empêchait de remarquer » (Henry Bordeaux). En 1908, il reçoit le prix Charles Blanc de l'Académie française. Il meurt en 1918 presqu'oublié.
[modifier] Œuvres
- La philosophie de LEONARD DE VINCI d'après ses manuscrits, Essai, Stalker Editeur (2007)
- Le Vice suprême, roman, 1884
- Curieuse, 1885
- L'Initiation sentimentale, 1887
- Isthar, 1888
- Comment on devient mage, 1891
- Babylone, tragédie, 1895
- Le Prince de Byzance, tragédie, 1896
- Œdipe et le Sphinx, tragédie en prose, 1903
- Sémiramis, tragédie en prose, 1904
- La Dernière Leçon de Léonard de Vinci, essai, 1904
- La Clé de Rabelais, 1905
- De Parsifal à don Quichotte, essai, 1906
- La Doctrine de Dante, 1908
[modifier] Péladan vu par ses contemporains
« Péladan, dont le savoir était plus brillant que solide, ne tarda pas à se dérober aux discussions qui le mettaient sur la sellette. (...) Il était alors grisé par le succès de son Vice Suprème et par la curiosité qu'il éveillait dans les salons, où il s'attachait à faire sensation. Le titre de Mage ne lui suffisant plus, il se promut Sâr, ce qui signifie Roi en assyrien. »[1]
« Il était parfumé des sept parfums correspondant aux sept planètes, mais où dominait impérieusement l'eucalyptus. Un large col de dentelles sans cravate entourait son cou, mais s'échancrait assez pour recevoir un gros bouquet de violettes; ses gants de peau grise avaient des baguettes mauves à rehauts d'or. »[2]
[modifier] Références
- ↑ Oswald Wirth, Stanislas de Guaita, Ed. du Symbolisme, Paris, 1935, pp.27-28.
- ↑ Michel de Lézinier, Avec Huysmans - Promenades et souvenirs, Paris, Delpeuch, 1928, p.172)
[modifier] Bibliographie
- Christophe Beaufils, Joséphin Péladan, 1858-1918. Essai sur une maladie du lyrisme, éd. Jérôme Millon, 1993
- E. Bertholet, La Pensée et les secrets du Sâr Joséphin Péladan, 3 vol., Paris, 1955
- E. Dautinne, L’Œuvre et la pensée de Péladan, Bruxelles, 1948
- R. L. Doyon, La Douloureuse Aventure de Péladan, Paris, 1946
- C. Leblanc, Wagnérisme et Création en France : 1883-1889, Paris, Champion, 2005.
- Revue des Études Péladanes, juin 1975 à décembre 1978, 15 numéros, la revue interne de l' Organe Officiel de la Société Joséphin Péladan, Paris, Président J-P. Bonnerot. Étant interne cette revue reste très difficile à trouver. À classer dans la rubrique collection...