Avion ravitailleur
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Un avion ravitailleur est un avion utilisé pour le réapprovisionnement en vol en carburant d'autres avions.
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[modifier] Origine
Le ravitaillement permet d'augmenter l'autonomie des avions, et est particulièrement utile pour les petits avions comme les chasseurs : en effet, pour de simple raisons géométriques, un petit avion est plus pénalisé par le poids de sa structure et par l'aérodynamique, et ne peut donc pas avoir la même autonomie qu'un avion de grande taille.
Les premiers essais de ravitaillement remontent aux années 1920, cependant il s'agissait plus d'un exercice "sportif" destiné à établir des records que d'une procédure opérationnelle. L'exercice consistait à lancer un tuyau que le pilote de l'avion à ravitailler introduisait lui même dans l'ouverture de ravitaillement normale de son avion. Il s'agissait donc d'une manœuvre relativement dangereuse. En 1923, un biplan DH-4B britannique vola pendant 37 heures d'affilée grâce à plusieurs répétitions de cette opération.
En 1935, les frères Key inventent un procédé plus sûr, ancêtre des systèmes actuel. Le ravitaillement au vol était au point en 1940, mais curieusement, aucun des belligérants ne s'en est servi. Pourtant, il aurait permis de résoudre l'un des plus gros problèmes des forces alliées : l'absence de chasseurs disposant d'une allonge suffisante pour escorter les bombardiers stratégiques dans leurs missions. Une solution à ce problème fut envisagée à la fin de la guerre, sous la forme de chasseurs "parasite", comme le XF-85 Goblin emportés par un bombardier B-36 qui fut testé en vol en 1948. Mais à ce moment, les décideurs militaires songèrent enfin au ravitaillement en vol comme solution beaucoup plus sûre.
En 1949, plusieurs ravitaillements en vols permirent à un Boeing B-50 Superfortress d'effectuer le premier tour du monde en vol continu d'un avion. À cette époque, le ravitaillement en vol est accepté par les États-Majors comme une solution vitale, dans le contexte de la guerre froide, pour les bombardiers stratégiques.
Le plus impressionnant scénario de ravitaillement en vol fut sans doute celui des chasseurs-bombardiers anglais pendant le conflit des Malouines. Ne disposant pas de base entre l'Angleterre et les îles Malouines, ils franchissaient la totalité de la distance en se ravitalliant deux fois en cours auprès de ravitailleurs qui tournaient sur les zones de ravitaillement au milieu de l'Océan Atlantique.
[modifier] Généralités
Le ravitaillement en vol est une nécessité pour les vols très longs liés à certaines missions :
- L'augmentation du rayon d'action (par exemple, pour permettre à des avions de chasse de rejoindre un théâtre d'opération à grande distance, ou à des bombardiers stratégiques d'atteindre leur cible).
- Le maintien en vol de certains avions au dessus de territoires hostiles (patrouille ou missions d'intelligence électronique par exemple).
- Le convoyage d'un continent à l'autre.
Il existe deux systèmes concurrents :
- L'avion ravitailleur possède une perche rigide rétractable commandée par un opérateur (boom and receptacle) qui vient s'encastrer dans un raccord femelle de l'appareil ravitaillé. Ce système est en vigueur dans l'armée de l'air américaine.
- L'avion ravitailleur possède un ou plusieurs tuyaux souples (enroulés dans une nacelle au repos) terminés par une sorte d'entonnoir stabilisé aérodynamiquement dans lequel l'avion ravitaillé vient placer sa propre perche de ravitaillement escamotable. Ce système (appelé tuyau et panier ou probe and drogue) est utilisé entre autres par l'Armée de l'Air française.
Les avions ravitailleurs sont la plupart du temps des gros-porteurs, puisqu'ils doivent pouvoir emporter un grand volume de carburant sur une grande distance. En revanche, il reste un avion des "arrières", auquel on ne demande pas de savoir opérer sur des terrains rustiques. En conséquence, la grande majorité des ravitailleurs moyens ou lourds sont dérivés d'avions de lignes civils. D'autres furent conçus à partir de bombardiers ou d'avions de transport militaires.
Une autre possibilité est d'équiper un avion plus léger, de type chasseur-bombardier en général, de réservoirs supplémentaires et d'un système de ravitaillement. C'est en fait la seule solution pour les avions embarqués à bord de porte-avions et opérant en pleine mer, hors de portés des ravitailleurs basés à terre. Des exemples de ce type sont le Grumman A-6 Intruder (dont une version spécialisée dans ce rôle a été construite, mais dont la version de base est déjà capable) ou le F-18 Hornet. On parle de buddy refuelling quand l'avion ravitailleur et l'avion ravitaillé sont de même type.
Les hélicoptères peuvent également être ravitaillés en vol, certains modèles disposent à cet effet d'une longue perche située au bas du fuselage et allant suffisamment loin devant l'appareil pour éviter que les pales du rotor principal n'interfèrent avec la tuyauterie du ravitailleur.
[modifier] Exemples d'avions ravitailleurs
Voici quelques appareils utilisés ou en projet :
Aux États-Unis :
- KC-135 Stratotanker, un avion ancien de taille moyenne proche du Boeing 707 civil.
- KC-10A, dérivé du Douglas DC-10 civil, de très grandes capacités.
- KC-17, aussi gros que le KC-10 et possédant la capacité d'opérer sur terrain rustique.
- Certaines versions du C-130 Hercules ont une capacité limitée de ravitaillement.
- Le KA-6D, version spécialisée du A-6 Intruder, est un ravitailleur léger embarqué sur les porte-avions de l'US Navy
En France :
- 12 KC-135 achetés aux États-Unis
- Les C-160 Transall peuvent ravitailler, mais avec une capacité très limitée
- À terme viendra un nouveau ravitailleur sur base d'Airbus A330
- L'A400M aura une certaine capacité de ravitaillement
En Russie
- Iliouchine 78 (dérivé de l'Iliouchine Il-76)
- Tupolev 16
En Allemagne
- Airbus A310 MRTT
- Transall
Au Royaume-Uni
- Tristar
- VC-10
- L'Airbus A330 MRTT remplacera ces deux modèles
Dans les autres pays :
- Nombre d'États utilisent des Boeing 707 d'origine civile, reconvertis pour ce rôle : Brésil, Iran, Israël, Venezuela, Australie, Afrique du Sud...
- Le Japon et l'Italie ont commandé des Boeing 767 spécialisés.
- L'Iran utilise des Boeing 747, achetés avant la révolution islamique. Ce sont les plus gros ravitailleurs du monde. Le 747 avait été envisagé comme ravitailleurs par les Américains, mais jugé trop gros.
- Les Pays-Bas disposent de deux DC-10 modifiés en ravitailleurs.
[modifier] Le marché actuel
Boeing s'appuie sur son importante expérience dans le domaine (le KC-135 est généralement considéré comme le ravitailleur le plus réussi jamais produit). Son principal produit actuel est une version du 767. Il s'agit d'un remplaçant honnête pour les KC-135 (qui ont plus de 40 ans) et, même si le contrat connait de nombreuses péripéties (il a été annulé par le Congrès, car jugé bien trop favorable au constructeur), il finira sans doute par être adopté par l'US Air Force. Il a déjà été vendu au Japon et à l'Italie. Un ravitailleur basé sur 777 est envisagé comme solution alternative, beaucoup plus lourde.
Airbus est parvenu récemment à s'imposer comme une alternative crédible. Son produit phare s'appelle le MRTT : MultiRole Tanker Transporter. Il s'agit d'une modification d'Airbus à large fuselage (A310 ou A330). L'avion se veut polyvalent : plutôt que d'acheter des ravitailleurs purs, qui servent très peu lorsqu'aucune opération militaire n'est en cours, la plupart des armées de l'air préfèrent des avions pouvant aussi servir au transport stratégique, aux voyages officiels, à l'évacuation sanitaire (rapatrier des blessés après un accident ou un attentat à l'étranger), etc. Le 767 possède une telle polyvalence, mais les Airbus ont l'avantage d'un fuselage plus large. Le 310 MRTT, réalisé à partir de cellules d'occasion, offre une solution bon marché, bien dimensionnée pour remplacer les 707 servant dans nombre de pays. Il a été vendu au Canada et à l'Allemagne. Le 330 MRTT est un avion plus grand, avec une capacité supérieure, mais beaucoup plus coûteux. Le Royaume-Uni, l'Arabie saoudite et l'Australie l'ont choisi. À terme, la France devrait en avoir une quinzaine.
Des pays pourraient choisir de ne s'adresser à aucun des deux constructeurs, et plutôt de faire transformer des avions de lignes d'occasion par de tierces compagnies. Bien des gros porteurs de première génération (Tristar, DC-10, A300, voir 747-100) sont maintenant retirés des lignes aériennes et disponibles sur le marché de l'occasion à bon prix. Des compagnies de sous-traitances aéronautiques peuvent les convertir en ravitailleurs. L'inconvénient de cette solution est que les avions ont déjà beaucoup d'heures de vol, et ne serviront donc pas aussi longtemps.
Par ailleurs, Iliouchine produit une version ravitailleurs de l'Il-76, le Il-78. Bien que la conception de la cellule soit ancienne, cet avion est maintenant disponible avec des moteurs modernes et a des performances honorables. L'Inde et la Chine en utilisent et ont récemment acquis de nouveaux exemplaires.
[modifier] Liens externes
Buddy refuelling automatique entre deux F/A-18 (info) | |
Vidéo (50s) de la NASA | |
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