Camp de concentration français
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Il a existé des camps de concentration en France avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Le seul camp de concentration nazi ayant existé sur le territoire français actuel est le Struthof[1][2][3][4], en Alsace alors sous administration allemande. Ce camp était équipé de chambre à gaz.
Sommaire |
[modifier] Avant la Seconde Guerre mondiale
Il faudrait distinguer ceux de la Première Guerre mondiale, et ceux qui furent ouverts pour regrouper les réfugiés de la guerre civile espagnole.
- Des prisonniers civils de la Première Guerre mondiale (Allemands, Autrichiens, Ottomans) furent détenus à Pontmain en Mayenne.
- Des réfugiés républicains et patriotes basques de la Guerre d'Espagne furent regroupés surtout dans le Roussillon, mais aussi jusqu'en Bretagne. On relève les noms de :
- Agde, dans l'Hérault,
- Argelès-sur-Mer, dans le Roussillon,
- Gurs dans les Basses-Pyrénées (aujourd'hui Pyrénées Atlantiques)[5].
- Moisdon-la-Rivière, et Juigné-des-Moutiers, en Loire-Atlantique, en Bretagne[6].
- Rivesaltes, en Roussillon, sera fermé en 1942. Les Juifs seront envoyés à Drancy, les Tziganes à Saliers, et les Espagnols à Gurs[7].
Soit au moins six camps dès avant 1939.
Il faudrait y ajouter :
- ceux de prisonniers allemands en 1939, parfois les mêmes que les précédents ;
- ceux de l'Empire Colonial, mal connus en Europe.
[modifier] Pendant la Seconde Guerre mondiale
Dès 1939 les camps existants se rempliront d'Allemands et d'Autrichiens, c'est-à-dire indifféremment d'opposants au régime nazi (communistes, socialistes, opposants divers, juifs allemands ou autrichiens) ou de personnes favorable au régime hitlérien, ou de combattants allemands. Ensuite, après la défaite de 1940, et la chute du régime républicain, viendront les Juifs, qui seront peu à peu livrés aux nazis.
La Troisième République et le régime de Vichy, interneront dans des camps qui s'appelleront diversement :
- Camps d'accueil ;
- Camps d'internement ;
- Camps de séjour ;
- Centres de séjour surveillés ;
- Camps de prisonniers.
Une autre catégorie apparaît sous le régime pétainiste :
- Camps de transit, signifiant généralement que les détenus devaient être déporté en Allemagne (cas de Drancy, Pithiviers, etc).
Des camps d'internement des tsiganes firent aussi leur apparition sous le régime de Vichy.
[modifier] De la concentration à l'extermination
Il n'a pas existé de camp d'extermination français en France.
Cependant, le camp du Struthof, ou Natzweiller-Struthof, en Alsace, seul camp de concentration créé par les nazis en territoire français annexé, avec celui de Schirmeck, possédait une chambre à gaz de fortune qui fut utilisée pour exterminer au moins 86 détenus (notamment juifs) dans le but de constituer une collection de squelettes intacts (ce mode d'exécution ne les altérant pas) pour le professeur nazi August Hirt.
[modifier] Liste de 49 camps
- Aincours, en Seine-et-Oise, s'emplit de communistes dès 1940[8] ;
- Les Alliers, près d'Angoulême, en Charente ;
- La Saline royale d'Arc-et-Senans dans le Doubs, pour les Tziganes[9] ;
- Avrillé-les-Ponceaux en Indre-et-Loire, au camp de la Morellerie pour les Tziganes ;
- Le Barcarès dans le Roussillon ;
- Beaune-la-Rolande dans le Loiret ;
- Besançon, dans le Doubs, dans la caserne Vauban ;
- Bourg-Lastic, dans le Puy de Dôme, qui était un ancien camp militaire, où furent détenus des Juifs sous Vichy (témoignage d'André Glucksmann qui y entra à quatre ans) ; on notera que ce camp « accueillit » des harkis dans les années 1960 et des Kurdes réfugiés d'Irak dans les années 1980 ;
- Bram dans l'Aude, de 1939 à 1940 ;
- Brens dans le Tarn, aux portes de Gaillac, de 1939 à 1940 ;
- Choiseul, à Chateaubriant, en Bretagne, en Loire-Atlantique, de 1941 à 1942[10] ;
- Compiègne en Picardie de juin 1941 à août 1944 à Royallieu. Robert Desnos (1900-1945) et Jean Moulin (1899-1943) ont transité par ce camp ;
- Coudrecieux, dans la Sarthe pour les Tziganes ;
- Douadic, dans l'Indre ;
- Drancy, camp créé par le gouvernement français en 1939 pour y détenir des communistes, suspects en raison du Pacte germano-soviétique, et où l'État français de Pétain enverra la gendarmerie française convoyer des Juifs dès 1941; la gestion directe du camp était réglée par les Nazis (les gendarmes faisaient office de gardes); il comprenait 3 annexes parisiennes: le camp Austerlitz, le camp Lévitan, le camp Bassano ;
- Fort-Barraux, dans l'Isère[11] ;
- Gurs (Pyrénées-Atlantiques), camp créé en 1939 pour les réfugiés espagnols, utilisé ensuite pour détenir des Allemands en 1939-1940, puis comme camp de concentration après l'armistice ;
- Jargeau, destiné aux Tziganes, près d'Orléans ;
- Lalande, dans l'Yonne ;
- Linas-Montlhéry dans la Seine-et-Oise, pour les Tziganes ;
- Marolles, dans le Loir-et-Cher ;
- Masseube, dans la Gers ;
- Les Mazures dans les Ardennes où de juillet 1942 à janvier 1944, un Judenlager a été ouvert ;
- Mérignac ;
- Meslay-du-Maine, en Mayenne, de 1939 à 1940 ;
- Les Milles près d'Aix-en-Provence dans les Bouches-du-Rhône, qui fut le plus grand camp d'internement du Sud-Est de la France. De ce camp de transit furent déportés 2 500 juifs en août 1942[12] ;
- Montceau-les-Mines ;
- Nexon, dans la Haute-Vienne ;
- Noé - Mauzac Haute-Garonne ;
- Montreuil-Bellay, dans le Maine-et-Loire, l'un des camps créés pour les Tziganes ou Roms ;
- Les Tourelles, à Paris ;
- Pithiviers ;
- Poitiers, dans la Vienne, pour les Tziganes ;
- Port-Louis, dans le Morbihan, dans la citadelle ;
- Recebedou, en Haute-Garonne, dans la banlieue toulousaine[13] ;
- Rieucros, en Lozère ;
- Rivesaltes, dans les Pyrénées Orientales[14] ;
- Fort de Romainville, dans la région parisienne : En 1940, le fort fut investi par l’armée allemande et transformé en prison. De là, des résistants et des otages furent dirigés vers les camps. 3900 femmes et 3100 hommes furent internés avant d’être déportés vers Auschwitz, Ravensbrück, Buchenwald et Dachau. 152 personnes furent fusillées dans l’enceinte du Fort. Certains s’en évadèrent comme Pierre Georges, dit « colonel Fabien ». De sa cellule, Danièle Casanova encouragea ses compagnes à tenir tête à leurs tortionnaires[15] ;
- Rouillé ;
- Royallieu, à Compiègne ;
- Saint-Cyprien dans le Roussillon, qui hébergeait 90 000 réfugiés en mars 1939, fermé officiellement pour « raisons sanitaires » le 19 décembre 1940 et ses occupants transférés à Gurs[16] ;
- Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes, dans l'Yonne, pour les Tziganes ;
- Saint-Paul d'Eyjeaux, dans la Haute-Vienne ;
- Saint-Sulpice-la-Pointe[17] ;
- Saliers, camp de concentration destiné aux tsiganes dans les Bouches-du-Rhône, près d'Arles ;
- Schirmeck en Alsace non-annexée par l'Allemagne ;
- Septfonds ;
- Thil en Meurthe-et-Moselle ;
- Toulboubou , à Pontivy, Morbihan;
- Vernet dans l'Ariège qui dès 1939 sert à regrouper 12 000 combattants espagnols, « hébergera » des harkis ;
- Vittel, dans les Vosges, qui « accueillait » des possesseurs de passeports américains ou britanniques;
- Voves, en Eure-et-Loir ;
- Woippy en Moselle, créé en 1943.
Soit au moins 49 camps.
- « L'ouverture rapide de nouveaux camps sera créatrice d'emplois et la gendarmerie ne cessera d'embaucher à cette époque », Maurice Rajsfus, Drancy, un camp de concentration très ordinaire, Cherche Midi éditeur.
On ajoutera :
- Struthof, ou Natzweiller-Struthof, en Alsace, seul camp de concentration créé par les nazis en territoire français annexé.
[modifier] Camps dans l'Empire colonial français
Dans l'empire colonial, l' Etat français crée en Algérie et au Maroc des camps de travail pour les Juifs ou travailleurs étrangers à :
-en Algérie:
- Abadla,
- Ain el Ourak
- Bechar,
- Berguent
- Bogari
- Djelfa
- Djenien Bou Rezg
- El Aricha
- Kenadsa
- Mecheria
- Meridja
- près d' Oran, le camp de Bossuet, au Telagh.
Note: 600 militants, communistes ou responsables syndicaux pour la plupart, anarchistes aussi, avaient été déportés sans jugement particulier. Parmi eux, figuraient les 27 députés communistes dont Florimond Bonte a retracé « le Chemin de l’honneur », qui avaient été condamnés à cinq ans de prison en avril 1940 par un tribunal militaire. Les députés avaient été enfermés au bagne de Maison Carrée, les autres dans des camps du Sud algérois, notamment à Djelfa, ou du Sud oranais.[18] ;
-au Maroc:
-en Tunisie:
- Gafsa
- Lekef
[modifier] Après la Seconde Guerre mondiale

Des camps ont existé, pendant les guerres d'Indochine et d'Algérie, généralement appelés camps de regroupements.
La documentation à ce sujet est pour l'instant difficile d'accès.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Camp de concentration
- Liste des camps de concentration nazis
- Déportation
- Shoah, Solution finale
- Épuration polit., IIIe République, IVe République, Régime de Vichy
- Collaboration policière sous le régime de Vichy
[modifier] Bibliographie
- La SNCF sous l'Occupation allemande, Institut du temps présent, CNRS, 1996
- Maurice Rajsfus, Drancy, un camp de concentration très ordinaire, 1941-1944, Le Cherche-midi éditeur, 2005 (ISBN 2862744352)
- Madeleine Steinberg, « Les camps de Besançon et de Vittel », dans Le Monde Juif, no 137, janvier-mars 1990
- Thomas Fontaine, Les oubliés de Romainville. Un camp allemand en France (1940-1944), Taillandier, 2005
- Anne Grynberg, Les camps de la honte, Les internés juifs des camps français 1939-1944, La Découverte, 1991, réédit. 1999, (ISBN 270713046X)
- Laurette Alexis-Monet, Les miradors de Vichy, préface de Pierre Vidal-Naquet, Les Editions de Paris Max Chaleil, 1994, 2001, (ISBN 2842610144)
- Annette Wieviorka, L'expression 'camp de concentration' au XXe siècle, Vingtième siècle. Revue d'histoire, n° 54, 1997.
- Denis Peschanski, La France des camps - L'internement (1938-1946). Gallimard - Mars 2002. "Entre le décret du 12 novembre 1938, qui permit d'interner les «indésirables étrangers» dans des centres spécialisés, et la libération du dernier interné en 1946, six cent mille hommes, femmes et enfants ont été enfermés dans les camps français. Denis Peschanski fait ici l'histoire d'un phénomène à la fois durable et massif, que de rares ouvrages pionniers n'avaient abordé que partiellement. La France des camps, à partir d'une cartographie précise, dessine la géographie inattendue d'un archipel. Deux cents camps, avec leurs bâtiments, leurs aménagements, une administration, des ministères de tutelle aux gardiens, des rapports socio-économiques avec leur région, une société internée, des solidarités, une entraide officielle et non officielle, dont la description concrète est permise par des archives abondantes, auxquelles s'ajoutent les témoignages poignants des internés eux-mêmes.
- Denis Peschanski, La France des camps (1938-1946), thèse, janvier 2001.
[modifier] Sources, notes et références
- ↑ Reportage de RFI du 26 janvier 2005
- ↑ Documentaire de Monique Seeman et Alain Jomy, France 3 (2004-2005)
- ↑ Article sur Mémoire 78
- ↑ François Amoudruz, Le Struthof, le seul camp de concentration en France ", Historiens et Géographes - Bulletin de l'Association des Professeurs d'Histoire et de Géographie, n° 347, février 1995.
- ↑ voir [1]
- ↑ voir [2] et [3]
- ↑ Voir [4]
- ↑ [5]. Il faut rappeler que les communistes ont été internés dès 1940, en période de guerre, à cause du Pacte germano-soviétique qui en faisaient des "alliés" de l'ennemi. Les communistes furent à nouveau internés, cette fois-ci par le gouvernement du Maréchal Pétain ou par les autorités occupantes après l'invasion de l'URSS par l'Allemagne nazie
- ↑ [6]
- ↑ [7]
- ↑ [8]
[pdf]
- ↑ Listes des internés du camp des Milles 1941
- ↑ Liste des internés transférés à Drancy
- ↑ Liste des internés transférés à DSrancy
- ↑ Source site de Mémoire et espoir de la Résistance
- ↑ Liste des internés transférés à Gurs
- ↑ [9]
- ↑ L'Humanité, 24 août 1994,[10]