Histoire de la bière
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[modifier] Antiquité
[modifier] Tout commence à Sumer
L'histoire de la bière est intimement liée à celle de ses ingrédients ainsi que des avancées technologiques qui firent de cette boisson le breuvage que l'on connaît aujourd'hui. Les premières cultures de céréales, et notamment de l'orge et de l'épeautre (une variété de blé), ont été attestées en 8000 avant J.-C. en Mésopotamie. Tous les ingrédients étant disponibles à partir de cette époque là, la bière pouvait exister et l'on estime son invention/découverte à 6000 avant J.-C.. Cependant, les preuves formelles de son existence, découvertes dans la province de Sumer, remontent au IVe millénaire av. J.-C. À cette époque, la bière, alors appelée « sikaru[1]» (dont la traduction littérale est pain liquide) était à la base de l'alimentation quotidienne. On la fabriquait par cuisson de galettes à base d'épeautre et d'orge que l'on mettait à tremper dans de l'eau, afin de déclencher la fermentation nécessaire à la production d'alcool, et que l'on assaisonnait avec de la cannelle, du miel ou toutes autres épices en fonction des préférences des clients. La bière, connue des peuples de Chaldée (maintenant Irak, Koweit) et d'Assyrie (Syrie,Liban,Israël), devenue monnaie d'échange, commença sa dissemination.
[modifier] La conquête de l'Égypte
Arrivée depuis la Babylonie, la « sikaru » renommée « zythum » (dont la traduction littérale est vin d'orge) fut très appréciée des Égyptiens. Selon la légende, le brassage fut enseigné par le dieu Osiris, symbole de l'agriculture, et bénificiait de la protection d'Isis, la déesse de l'orge. Ramsès II, que l'on surnommait le pharaon brasseur, contribua positivement à l'implentation durable de la bière et à la pérénité des toutes premières brasseries. À cette époque, le moût était mis à fermenter dans des pots de terre semi-enterrés.
En plus de ses qualités nutritionnelles, la bière était également utilisée de façon médicale contre les migraines et certaines infections. Les femmes l'utilisaient comme produit de beauté pour leur peau.
[modifier] Le pourtour méditerranéen
Contrairement à ce que l'on pensait, la bière a rapidement infiltré le pourtour méditerranéen (durant le premier millénaire avant J.-C.). On en retrouve les traces en Grèce, en Ibérie, dans le sud de la Gaule et dans tout l'Empire Romain, mais on lui préféra le vin, boisson noble par excellence, partout à l'exception des contrés reculées, moins ensoleillées et moins propices à la culture de la vigne.
[modifier] L'Europe continentale
Grâce à leurs multiples expéditions, les peuples du nord de l'Europe découvrirent la bière. Appréciée pour son goût et par son degré d'alcool assez élevé, la bière ne rencontra aucune résistance de la part de la vigne et s'implanta durablement au-delà de ces latitudes aux précipitations idéales à la culture de l'orge et du houblon. C'était le temps de la cervoise[2] (ou cervesia) tant appréciée des celtes et des gaulois (qu'ils appelaient korma), par ailleurs inventeurs des tonneaux. Le brassage était une opération familliale généralement réalisée par la femme.
[modifier] Moyen Âge
[modifier] Contributions monastiques
Le Moyen Âge apporte une certaine reconnaissance à la bière et ce n'est pas le dicton « liquida non frangunt jeunum[3] » qui prouve le contraire. La tradition monastique veut que les moines assurent le gîte et le couvert aux gens de passage. À cette époque, les moines vont mener à bien de multiples expérimentations sur les techniques de fabrication et l'arômatisation de la bière. On pouvait trouver toutes sortes de goûts même les plus excentriques comme la bière à l'écorce de chêne ou la soupe de bière. C'est ainsi que Hildegarde de Bingen (1099-1179) découvrit les vertus aseptisantes et conservatrices du houblon (ainsi que son amertume) et les moines développèrent donc sa culture. C'est également à cette époque que la fermentation basse est inventée dans les monastères, toujours grâce au houblon aseptisant et aux multiples caves de ces lieux. En plus d'assurer les besoins de la communauté monastique, les surplus de production permettait de tirer des revenus supplémentaires[4]. Le succès de la bière engendre la formation de diverses guildes[5]. Ce corporatisme aura un certain poids dans la société de l'époque. Cependant, les moyens techniques de l'époque ne permettaient pas d'exporter la bière et c'est à la fin du XIIIe siècle, que l'on attribue à Gambrinus (ou Cambrinus) la diffusion de la bière hors d'Allemagne. C'est en 1259 qu'apparaît le premier brasseur de métier.
[modifier] Naissance officielle de la bière
Il faudra attendre le XVe siècle et Jean Sans Peur, duc de Bourgogne, pour voir l'utilisation du houblon prendre de l'ampleur. Ce dernier imposa en effet le houblon comme arôme principal de la bière en 1435, stabilisant un peu plus son goût. C'est également à cette époque que le nom de bière apparu pour la première fois.
[modifier] Période contemporaine
La période contemporaine, en particulier le XIXe siècle, a marqué un tournant décisif dans l'histoire de la bière.
La révolution industrielle apporta de nombreuses évolutions à la production de la bière. Jean Louis Baudelot inventa en 1856 un refroidisseur de moût grâce auquel on pourra désormais fabriquer de la bière toute l'année, Hansen identifia les levures, Watt construisit sa machine à vapeur. En 1873, Louis Pasteur préconisa l'élévation de la température pour éliminer les germes indésirables contenus dans la bière (pasteurisation). Et enfin, en 1870, Carl Von Linde (1842-1934) inventa la machine frigorifique qui permettra l'expansion de la fermentation basse, jusqu'alors cantonnée à la Bavière depuis le XVe siècle, à travers le Monde.
Toutes ces évolutions ont permis d'obtenir une bière propre, limpide, de qualité égale et l'expansion du chemin de fer assura le transport dans toutes les régions. En 1870, l'Alsace envoyait ainsi chaque jour un train entier de bière vers Paris. Les brasseurs durent s'industrialiser. Des milliers de brasseries fermèrent dans toute l'Europe, remplacées par des établissements de plus en plus gigantesques, comme à Pilsen, Milwaukee, Strasbourg, Dublin, Amsterdam. La concentration de ces brasseries crée les grands groupes que nous connaissons aujourd'hui, comme InBev, BDF, Heineken, Foster's, Guinness.
[modifier] La révolution micro brassicole
Par une combinaison de facteurs, dont la popularité croissante des bières étrangères et du brassage amateur la révolution microbrassicole prend forme partout au monde. Parfois simples passionnés de la bière, parfois habiles entrepreneurs flairant la naissance d’un nouveau marché, les microbrasseurs ont contribué à la croissance de l’intérêt porté à la bière. On ne s’intéresse plus à la bière pour ses propriétés nutritives ou désaltérantes, mais pour son goût. Les expressions « bière de dégustation », « bière artisanale » et « bière de spécialité » naissent, parmi d’autres.
Avec la révolution microbrassicole apparaissent les bistros-brasseries.
Cette nouvelle disponibilité de saveurs et d’expériences fait naître des clubs et associations. On intègre les notions de service de la bière à certaines écoles d’hôtellerie, les conférenciers et animateurs de dégustations sont de plus en plus nombreux, comme le sont les auteurs de livres sur la plus noble et la plus saine des boissons.
[modifier] Notes
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
[modifier] Liens externes
[modifier] Bibliographie
- Claude Boivin, La bière Son histoire, sa fabrication et sa dégustation, Arion Éditions, Lac Beauport (Québec), 2005. ISBN 2-923300-11-4