Le Corbusier
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Charles-Édouard Jeanneret-Gris, connu sous le pseudonyme de Le Corbusier (diminutif Corbu), est un urbaniste, décorateur, peintre, architecte suisse romand naturalisé français (6 octobre 1887 à La Chaux-de-Fonds - 27 août 1965 à Roquebrune-Cap-Martin).
C'est l'un des principaux représentants de ce que l'on appelle de nos jours le mouvement moderne (également nommé mouvement international ou style international) avec Ludwig Mies van der Rohe, Walter Gropius et Theo van Doesburg. Il a également œuvré dans les domaines de l'urbanisme et du design. Il est connu pour être l'inventeur de l'Unité d'habitation, comme solution aux problèmes de logements de l'après-guerre.
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[modifier] Biographie
En 1900, il entamera une formation de graveur-ciseleur à l'École d'Art de La Chaux-de-Fonds (son père était horloger). Son professeur de dessin, Charles L'Eplattenier, le dirigera vers l'architecture en 1904 et le poussa à réaliser sa première villa à l'âge de dix-sept ans. Il apprend la technique du béton auprès de l'architecte Auguste Perret à Paris. Avec Amédée Ozenfant, il fonde en 1920 le purisme, courant artistique héritier du cubisme, ainsi défini dans leur revue L'Esprit nouveau (dans laquelle il produit de nombreux articles manifestes sur l'homme moderne) : « Les œuvres sont rendues lisibles par des formes simples et dépouillées, organisées en constructions ordonnées, génératrices d'harmonie. » Dans cette même revue, il publie notamment Crime et Ornement, écrit en 1908 par l'architecte Adolf Loos, un des précurseurs du modernisme.
Le Corbusier ouvre un atelier d'architecture à Paris et lance une ligne de meubles.
En 1922 il s'associe en tant qu'architecte avec son cousin architecte designer Pierre Jeanneret. En 1925, à l'Exposition internationale des Arts décoratifs (Expositions universelles de Paris) il construit un pavillon manifeste de son art, le Pavillon de l'Esprit nouveau. En 1928, il organise le Congrès international d'architecture moderne (CIAM).
À la suite de la crise économique de 1929 et jusqu'en 1945, Le Corbusier va se concentrer sur les problèmes de la concentration urbaine. Aménagement du front de mer d'Alger en 1960, étude d'urbanisation de Rio de Janeiro… Tous ses projets sont fortement critiqués. Reste de cette période ses réalisations, comme la cité-refuge de l'Armée du Salut de 1929, le Pavillon Suisse de la Cité internationale universitaire de Paris (1930-1932) ou encore, en collaboration avec l'architecte brésilien Oscar Niemeyer ou le ministère de l'éducation nationale à Rio de Janeiro (1936-1943).
« Là où naît l'ordre, naît le bien-être. » Les choix de Le Corbusier en architecture sont ceux qui définissent le purisme : simplicité des formes, organisation, rigueur. Cette vision est mêlée d'utopie, le bonheur étant l'une des clés de ses réflexions sur l'urbanisme. Son « langage » architectural s'applique aussi bien au logement économique qu'à la villa de luxe. En 1927, Le Corbusier définit « l'architecture moderne » selon cinq piliers (ce sont les cinq points de l'architecture moderne) :
- plan libre ;
- façade libre de toutes décoration;
- pilotis ;
- toit terrasse ;
- fenêtres en bandeaux.
En 1933 au congrès du Congrès international d'architecture moderne (CIAM) d'Athènes, il affirme : « Les matériaux de l'urbanisme sont le soleil, l'espace, les arbres, l'acier et le ciment armé, dans cet ordre et dans cette hiérarchie. »
Le docteur P. Winter lui déclare : « notre rôle et le vôtre, aujourd'hui est de restituer la nature à l'Homme, de l'y intégrer. »
En 1938 et ce jusqu'en 1965, il n'eût de cesse de s'intéresser au projet de La Sainte Baume, qui lui servit de brainstorming toute sa vie. Le projet utopique d'alors était de réconcilier les Français et les pays autour de la France, et de relever l'âme et l'esprit et la raison des gens pour leur redonner goût et espoir après toutes ces année de guerre.
Déjà en 1938 il écrivait un livre avec comme titre : Des canons, des munitions ? Merci ! Des logis... SVP.
Son amitié avec Édouard Trouin, urbaniste, géomètre depuis 5 générations, fut très prolifique.
De 1946 à 1952, Le Corbusier construit la Cité radieuse de Marseille, une résidence sous forme de barre sur pilotis (en forme de piètements évasés à l'aspect brutal), qui constitue une innovation importante dans la conception architecturale des résidences d'habitations. Dans cet immeuble, il a tenté d'appliquer ses principes d'architecture pour une nouvelle forme de cité en créant un village vertical, composé de 360 appartements en duplex séparés par des rues intérieures.
Édifiée entre 1945 et 1952 et située sur le boulevard Michelet de Marseille, près du Stade Vélodrome, cette barre est l'une des cinq unités d'habitation construites par Le Corbusier au cours de sa carrière. Essentiellement composée de logements, elle comprend également dans ses étages centraux des bureaux et divers services commerciaux (épicerie, boulangerie, café, hôtel / restaurant, librairie spécialisée, etc.). Le toit terrasse de l'unité, libre d'accès au public, est occupé par des équipements publics : une école maternelle, un gymnase, une piste d'athlétisme, une petite piscine et un auditorium en plein air.
En 1950, à 63 ans il se lance dans l'aventure de la reconstruction de la chapelle Notre-Dame du Haut à Ronchamp en Franche-Comté, détruite par les bombardements de septembre 1944. C'était son premier projet d'un bâtiment culturel, bien qu'il ait travaillé en 1929 sur les plans de l'église de Tremblay-lès-Gonesses : « Je n'avais rien fait de religieux, mais quand je me suis trouvé devant ces quatre horizons, je n'ai pu hésiter ». Athée, il disait avoir des ancêtres cathares. Il participera à l'édification de deux autres bâtiments cultuels : le couvent de Sainte-Marie de la Tourette à Éveux près de Lyon de 1957 à 1959, et l'église Saint-Pierre de Firminy à Firminy, près de Saint-Étienne dans la Loire.
Le Corbusier a consigné ses théories et ses recherches dans 35 ouvrages écrits entre 1912 et 1966. Ses pairs le considéraient comme un visionnaire mais un piètre bâtisseur. Le Corbusier s'en défendait : « En architecture, je ne serai jamais l'un de vos concurrents, puisque j'ai renoncé (…) à pratiquer l'architecture de manière générale et que je me suis réservé certains problèmes qui mettent en jeu exclusivement des questions de plastique. » Il va cependant appliquer ses principes à l'échelle d'une ville quand les autorités indiennes, dans les années 1950, lui confient les plans de Chandigarh, nouvelle capitale du Penjab. Il dessine de nombreux bâtiments pour cette ville indienne (palais de Justice, palais du Capitole, Secrétariat et palais de l'Assemblée). Il y fait une synthèse entre les théories novatrices de ses débuts et l’utilisation de nouvelles formes.
En 1952, le bâtisseur d'édifices gigantesques, se fait construire à Roquebrune-Cap-Martin, un cabanon-baraque à bardage de croûte de pin « sur un bout de rocher battu par les flots ». Il a beaucoup œuvré pour faire connaître son cousin Louis Soutter, qui est maintenant reconnu comme un grand artiste suisse et dont il possédait plusieurs centaines de dessins. Il était lié d'amitié avec l'artiste breton Joseph Savina.
Il est mort à l'âge de 77 ans, au Cap-Martin, au cours d'une baignade en Méditerranée.
Il figure sur le billet de 10 francs suisses mis en circulation le 8 avril 1997, où il est représenté avec les lunettes aux grands verres ronds, cerclés de noir, qu'il portait habituellement.
[modifier] Un architecte organique ?
Cela l’aurait sans doute choqué lui-même, mais aujourd'hui, par certaines de ses réalisations, Le Corbusier est considéré comme un des précurseurs de l'architecture organique, du moins en partie.
Au delà de ses réalisations purement fonctionnelles et reproductibles, Le Corbusier réalisa également des bâtiments faisant preuve d'une sensibilité allant au delà de la qualité purement technique et sortant du projet moderne, ce qui ne fut d'ailleurs pas sans problème.
Principalement religieuses (Notre Dame de Ronchamp, couvent de La Tourette, Église Saint-Pierre), ces réalisations sont plus que des « machines à habiter », et offrent au visiteur une composition plastique dont la forme, toujours basée sur un jeu mathématique (le modulor), témoigne en plus d'une approche plus sensible de l'architecture, faisait appel aux émotions d'avantage que dans ses réalisations plus strictement modernes.
Le Corbusier est connu aussi pour sa technique architecturale que l'on retrouve à la villa Savoye. Les dalles sont supportées par des piliers en réseaux et ainsi les façades sont libérées de leurs murs. L'organisation intérieure suit l'idée de plan libre : les divisions de l'espace ne sont pas soumises à des impératifs de structure du bâtiment. Les murs de façade deviennent « murs rideaux ». Les ouvertures ainsi que les parties pleines sont implantées librement et organisent la façade. Les fenêtres dans les angles des bâtiments en est une des expressions favorites.
[modifier] Constructions clés
- 1912 : Maison blanche, La Chaux-de-Fonds, Suisse
- 1916 : Villa Schwob (appelée aussi Villa Turque), La Chaux-de-Fonds, Suisse
- 1923 : Villa Le Lac, Corseaux-Vevey, Suisse
- 1929 - 1931 : Villa Savoye, Poissy, France
- 1946 - 1952 : Cité radieuse de Marseille (Unité d'habitation), Marseille, France
- 1948 - 1951 : Usine Claude & Duval à Saint-Dié, sa seule création à vocation industrielle
- 1950 - 1955 : Chapelle Notre Dame du Haut, Ronchamp, Haute-Saône
- 1951 : Le Palais des Filateurs, Villa Sarabhai et Villa Shodan, Ahmedabad, Inde
- 1953 - 1955 : Cité Radieuse de Rezé (non identique mais sur le modèle et le même principe de celle de Marseille), appelée aussi Maison Radieuse, Rezé, Loire-Atlantique Site
- 1952-1959 : Bâtiments à Chandigarh, Inde
- 1957 : Unité d'Habitation de Berlin, Berlin, Charlottenburg
- 1959 : Couvent de La Tourette, Éveux, Rhône Site
- 1959 : Musée national d'art occidental de Tokyo, Tokyo Site
- 1960 : Cité Radieuse de Briey (non identique mais sur le modèle et le même principe de celle de Marseille), Briey, Meurthe-et-Moselle
- 1961 : Ecluse de Kembs-Niffer
- 1961-1963 : Carpenter Center for the Visual Arts, Harvard, Cambridge, Massachusetts
- 1963 : National Mosque de Kuala Lumpur (Masjid Negara), Kuala Lumpur, Malaisie
- 1964 -1969 Firminy-Vert
- 1964 : Unité d'habitation de Firminy-Vert (réalisé sur le modèle mais un autre principe architectural de celle de Marseille)
- 1966 : Stade de Firminy-Vert
- 1965 : Maison de la culture de Firminy-Vert (nom actuel de l'édifice : Espace Le Corbusier)
- 1969 : Église Saint-Pierre de Firminy (ultime œuvre de l'architecte)
[modifier] Autres constructions
- À Paris :
- Maison Planeix, 26 boulevard Masséna, XIIIe arrondissement de Paris : une mise en œuvre des théories de Le Corbusier sur l'unité d'habitation calculée sur les mesures du corps humain de 1927
- Armée du Salut, rue du Chevaleret, XIIIe arrondissement de Paris de 1934
- Pavillon du Brésil et Maison de la Suisse (construction sur pilotis dans l'esprit des Cités radieuses) à la Cité internationale universitaire de Paris (XIVe arrondissement de Paris).
- Villas La Roche et Jeanneret, 8-10 square du Docteur Blanche, XVIe arrondissement de 1924.
- En province :
- Les habitations de la Cité Frugès à Pessac (Gironde)
- Les maisons Jaoul (A et B), Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)
[modifier] Collaborateurs
Amédée Ozenfant, Pierre Jeanneret, Charlotte Perriand, Guy Rottier, Marc Emery, Jean-Louis Véret, Iannis Xenakis (entre 1947 et 1960), Fernand Gardien, Rogelio Salmona, German Samper, Jacques Michel, Serge Micheloni, André Wogenscky, José Oubrérie, Roger Aujame, Guillermo Jullian de la Fuente, N.N Sharma, Balkrishna Vithaldas Doshi (entre 1951 et 1954), M. Ducret, Jean de Maisonseul,Badovici, Jean Petit, Édouard Trouin, Albert Einstein, etc.
[modifier] Disciples
Kunio Maekawa, André Wogenscky
[modifier] Publications
[modifier] Sous le nom Charles-Édouard Jeanneret-Gris
- Étude sur le mouvement d'art décoratif en Allemagne, La Chaux-de-Fonds 1912
- La peinture moderne', avec Amédée Ozenfant, Paris 1925
[modifier] Sous le nom Le Corbusier
- Après le cubisme, avec Amédée Ozenfant, Paris 1918
- Vers une architecture, Paris 1923
- Urbanisme, Paris 1924
- L'art décoratif aujourd'hui, Paris 1925
- Almanach d'architecture moderne, Paris 1925
- Architecture d'époque machiniste, Paris 1926
- Requête adressée à la Société des Nations, avec Pierre Jeanneret, Paris 1928
- Une maison, un palais, Paris 1928
- Précisions sur un état présent de l'architecture et de l'urbanisme, Paris 1930
- Clavier de couleur Salubra, Bâle 1931
- Requête à Monsieur le président du Conseil de la Société des Nations, avec Pierre Jeanneret, Paris 1931
- Croisade ou le crépuscule des académies, Paris 1933
- La ville radieuse, Boulogne, 1935
- Aircraft, Londres - New York 1935
- Quand les cathédrales étaient blanches, Paris 1937
- Les tendances de l'architecture rationaliste en rapport avec la peinture et la sculpture, Rome 1937
- Îlot insalubre n°6, avec Pierre Jeanneret, Paris 1938
- Des canons, des munitions ? Merci, des logis SVP, Boulogne 1938
- Destin de Paris, Paris - Clermont-Ferrand 1941
- Sur les quatre routes, Paris 1941
- La maison des hommes, avec François de Pierrefeu, Paris 1942
- Les constructions murondins, Paris - Clermont-Ferrand 1942
- La Charte d'Athènes, Paris 1943 (adaptation pour la publication)
- Les trois établissements humains, Paris 1945
- Propos d'urbanisme, Paris 1946
- Manière de penser l'urbanisme, Boulogne, 1946
- U.N. headquarters, New York 1947
- New world of space, New York, 1948
- Grille C.I.A.M. d'urbanisme : mise en application de la Charte d'Athènes, Boulogne 1948
- Le modulor, Boulogne 1950
- Les problèmes de la normalisation : rapport présenté au Conseil économique, in La charte de l'habitat, vol.1, Paris 1950
- L'unité d'habitation de Marseille, Souillac - Mulhouse 1950
- Poésie sur Alger, Paris 1950
- Une petite maison, Zurich 1954
- Le Modulor II (La parole est aux usagers), Boulogne 1955
- Architecture du bonheur, l'urbanisme est une clef, Paris 1955
- Le Poème de l'angle droit, Paris 1955
- Les plans de paris : 1956 - 1922, Paris 1956
- Von der Poesie des Bauens, Zurich 1957
- Entretien avec les étudiants des écoles d'architecture, Paris 1958
- Second clavier des couleurs, Bâle 1959
- L'atelier de la recherche patiente, Paris 1960
- Orsay Paris 1961, Paris 1961
- Le voyage d'Orient, Paris 1966
- Mises au point, Paris 1966
- Les maternelles vous parlent, Paris 1968
[modifier] Citations
- « L'architecture est un jeu savant correct et magnifique des volumes assemblés dans la lumière. » Vers une architecture, 1923
- Selon Salvador Dali : « Le Corbusier est masochiste et protestant (…) l'inventeur de l'architecture d'autopunition. »
« Les architectes sont désenchantés et inoccupés, hâbleurs ou moroses. C'est qu'ils n'auront bientôt plus rien à faire. Nous n'avons plus d'argent pour échafauder des souvenirs historiques.
Nous avons besoin de nous laver.
Les ingénieurs y pourvoiront et ils bâtiront. » Le Corbusier, Seconde préface à Vers une Architecture, 1925
À la question de M Percival Goodman en décembre 1935 à Lafayette, « Croyez-vous que l'avenir de l'Architecture se trouve dans la standardisation du dessin et de la production ? » Le Corbusier répondit : « La terminologie n'est plus exacte, aujourd'hui. Le mot « architecture », s'entend aujourd'hui plutôt comme une notion que comme un fait matériel ; « architecture » : mettre en ordre, mettre dans l'ordre... supérieur- matériellement et spirituellement, etc. », extrait de Quand les cathédrales étaient blanches, Plon 1937.
- « Je compose avec la lumière »
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Architecture, Architectes célèbres.
- Fondation Le Corbusier, Villa Savoye, Villa Paul Poiret, Villa Le Lac
- Patrimoine Le Corbusier de Firminy-Vert
- Charlotte Perriand
- Congrès international d'architecture moderne
[modifier] Liens externes
- (fr) Fondation Le Corbusier, site officiel
- (fr) Le Corbusier sur ARCHIGUIDE
- (fr) Obsèques de Le Corbusier (Télévision suisse romande)
- (fr) Fiche sur le Corbusier (par Sébastien Chauvin)
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