Michel de Swaen
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Michel de Swaen (en néerlandais : Michiel de Swaen), né le 20 janvier 1654 à Dunkerque, mort le 3 mai 1707 au même endroit, l’un des plus prestigieux poètes et dramaturges flamands des XVIIe et XVIIIe siècles. Il aura été avec Edmond de Coussemaker et Maria Petyt l'un des plus grands représentants de la culture néerlandaise en France.
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[modifier] Biographie
[modifier] Auteur néerlandophone
Les événements historiques qui se déroulent aux Pays-Bas au XVIIe siècle ont un impact important sur la vie de Michel de Swaen, né en 1654 de Pieter de Swaen et de Catharina Sint Légier.
En 1654 et 1655 paraissent deux des plus grandes œuvres de l’âge d’or néerlandais, Lucifer de Joost van den Vondel et Alle de wercken de Jacob Cats. Le XVIIe siècle constitue l’un des tournants majeurs de l’histoire des Pays-Bas. La forte immigration de Protestants fuyant les Pays-Bas espagnols (Flandre) soumis au catholicisme sonne le déclin de l’ancienne métropole néerlandophone d’Anvers au profit de la Randstad (Amsterdam-La Haye-Rotterdam-Utrecht).
En 1662, la ville néerlandophone de Dunkerque est rachetée au Royaume-Uni par Louis XIV. L'influence française met un certain temps à marquer définitivement la région et la majorité des habitants continue à parler le flamand jusqu’à la fin du XIXe siècle. Toutes les œuvres de Michiel de Swaen sont donc écrites en flamand/néerlandais. C’est d’ailleurs principalement pour cette raison qu’il est aujourd’hui encore répertorié dans de nombreuses encyclopédies néerlandaises comme dramaturge et écrivain sud-néerlandais. À juste titre, on le considère comme le cadeau d'adieu de la Flandre française à la littérature néerlandaise[1]. Son œuvre est au programme de l'enseignement de la littérature néerlandaise en Belgique et aux Pays-Bas, mais il est inconnu de la plupart des Dunkerquois[2].
Michel de Swaen s'est déjà rendu aux Pays-Bas, plus précisément à Rotterdam, où son fils s'est exilé. Il y apprécie la différence entre cette partie des Pays-Bas et celle d'où il est originaire et l'exprime notamment dans son poème Aan de Heer van Heel[2].
- Wat claegt gy, heer van Heel, wat doet gy Hollant treuren,
- Omdat een wilde Swaen syn kust verlaten heeft?
- De Swaen, met een meerder recht, tot rouwe sigh begeeft,
- Nu een soo soet verblyf niet meer hm magh gebeuren.
- O Hollant ! vreedsaem lant, waerin de vryheyt leeft,
- Wat socht ik die vergeefs by uwe nagebueren,
- Waer Frans en Castiliaen de rust en vrede schueren,
- Waar't hooft der borgery voor vreemde heeren beeft...
De: De zedighe doot van Carel den Vijfen; aen den heer Van Heel, my onbekent, over syne clacht, op myn vertrek, uyt Hollant, Michiel de Swaen
[modifier] Rederijker
Chirurgien et quincailler de profession, Michel de Swaen est aussi membre de la magistrature et de la chambre des rhétoriciens de Dunkerque (Rederijkerskammer) [3], c’est-à-dire la corporation de Carsouwe (du flamand kersouw, marguerite).
Le mot Rederijker (rhétoricien) désigne toute personne douée pour l’art de la parole. Les Rederijkers sont les membres des "chambres de rhétorique" néerlandaises et sont comparables aux Meistersingers allemands ("Maître chanteur")[4].
Le mouvement des Rederijkers naît aux XVe et XVIe siècles. La plupart des Rederijkers du XVIIe siècle sont surtout originaires de Flandre et du Brabant et sont en partie influencés par d’autres mouvements comme l’humanisme et la Contre-Réforme. Les Rederijkerskammer formaient en général la seule et dernière institution culturelle néerlandophone des Pays-Bas du Sud, après que le Français ait remplacée la langue maternelle dans l'espace public[5].
Michel de Swaen se voit attribuer en 1687 le titre de Prince de la rhétorique de Dunkerque. Accompagné des membres de la chambre des rhétoriciens de Dunkerque, Michel de Swaen est en 1688 l’hôte de la chambre des rhétoriciens de Furnes (Veurne, Flandre-Occidentale, Belgique) Kruys-Broeders. De plus Michel de Swaen entretient de nombreuses amitiés en Flandre avec des rhétoriciens de Dixmude, Ypres et les environs.
[modifier] Œuvre
[modifier] Histoire
Bien que maintes fois sollicité par ses amis rhétoriciens, Michel de Swaen refuse que la plupart de ses œuvres soient imprimées. Seule sa traduction d’Andronicus de Campistron sera imprimée avec son consentement en 1700. Pourtant sa traduction du Cid de Corneille a été imprimée sans son autorisation à Dunkerque en 1694. La plupart de ses œuvres ont été imprimées après sa mort à Bruges ou à Gand. Nombre d'entre elles seront plus tard conservées à l'abbaye de Saint Winoc à Bergues jusqu'à ce que cette dernière soit détruite lors de la Révolution. On déplore que seule une infime partie des œuvres ait été sauvée des flammes.
Michel de Swaen s’intéresse à l’histoire européenne et écrit un drame historique de zedighe doot van Carel den Vijfden. Ses textes consacrés à Charles Quint montrent son sentiment d’appartenance aux Pays-Bas ainsi que ses convictions religieuses, Charles Quint y étant représenté tel un héros chrétien. Son œuvre principale De gecroondse leerse qu’il définit lui-même comme étant un clucht-spel (farce, comédie satyrique) est basée sur une anecdote concernant Charles Quint. De gecroondse leerse fut un grand succès et est parfois encore representé de nos jours.
Si Michel de Swaen est tout d’abord consideré en tant que Rederijker, il aura été très influencé par les humanistes Joost van den Vondel et Jacob Cats. Son œuvre Catharina a largement été influencée par Maegdhen de Joost van den Vondel. Michel de Swaen fût d’ailleurs appelé plus tard le Vondel de Dunkerque par Guido Gezelle.
Bien longtemps avant la création de la Taalunie, institution prônant une union linguistique du néerlandais pour les Pays-Bas, la Belgique et le Suriname, Michel de Swaen s'efforce d'écrire dans un néerlandais compréhensible de tous et tente d’éviter l’usage du flamand local.
Malgré son fort attachement à la langue et la culture néerlandaises, Michiel de Swaen s'interesse aussi à des textes classiques français et latins. Ainsi il traduit Le Cid de Pierre Corneille (traduction qu'il remet d'ailleurs aux mains de Barentin, intendant de Louis XIV) et Andronicus de Campistron vers le néerlandais. De plus certaines de ses œuvres rédigées en néerlandais sont légèrement influencées par le classicisme, comme De gecroonde leerse, découpé en cinq parties et rédigé en alexandrins[6].
De Swaen participe aussi à la compétition de Rederijkers à Bruges. Frustré de n’avoir remporté que le deuxième prix, Michel de Swaen nie les exigences de ce concours en essayant d’élaborer la théorie d’une nouvelle poetica néerlandaise sur le modèle de celle d’Aristote dans son œuvre Neder-duitsche digtkonde of rym-konst.
[modifier] Œuvres
- 1688 : De gecroonde leerse
- 1688 : De Menschwording
- 1694 : Le Cid
- 1694 : Het leven en de dood van Jesus Christus
- 1700 : Andronicus
- 1702 : Catharina
- 1702 : Mauritius
- vers 1702 : Neder-duitsche digtkonde of rym-konst
- vers 1704 : De zedighe doot van Carel den Vijfden
[modifier] Œuvres principales
[modifier] Catharina
Catharina est une tragédie chrétienne mettant en scène Sainte Catherine d'Alexandrie et ayant pour thème principal le conflit entre paganisme et christianisme. La martyre Catherine d'Alexandrie sera executée sous les ordres de l'Empereur romain Maxence. Cette œuvre de de Swaen occupe une place intéressante dans la littérature néerlandaise, le genre à laquelle elle appartient étant pratiquement absent dans le nord des Pays-Bas dominé par le protestantisme[5].
[modifier] De gecroonde leerse
Un jour Jacquelijn épouse du cordonnier Teunis se rend au marché où elle achète un chapon pour la fête devant avoir lieu le soir même chez sa famille. L'Empereur Charles Quint, en retrait, observe toute la scène. Attiré par l'appétissant chapon, il ordonne son domestique de suivre Jacquelijn, qui lui indique par la suite où elle habite. Charles Quint décide alors de s'y rendre seul. Afin d'être invité l'Empereur offre le vin pour tous. Un jour plus tard le cordonnier Teunis reçoit une convocation de l'Empereur. Terrorisé, le pauvre Teunis se rend à sa cour et reconnait le généreux invité de la veille. Charles Quint le nomme alors cordonnier officiel de la cour impériale. De gecroonde leerse (La botte couronnée) est la seule farce de de Swaen et l'une des œuvres principale de la littérature flamande. Elle sera interprétée avec succès en Flandre, aux Pays-Bas ainsi qu'en Afrique du Sud.
Représentations de De gecroonde leerse :
- Janvier 1942. Régisseur : Frits van Dijk. Lieu : Stadsschouwburg Amsterdam, Amsterdam, Pays-Bas.
- Août 1948. Régisseur : Antoon Uyterhoeven. Lieu : Bell Hoboken, Anvers, Belgique.
- 1976. Lieu : Parike, Belgique.
- Mars 1982. Régisseur : Vic Moeremans. Lieu : Zaal Kring, Alost, Belgique.
- Septembre 1982. Lieu : Cultureel Centrum Berchem, Anvers, Belgique.
Remarque : De gecroonde leerse est disponible dans son intégralité sur la DBNL : De gecroonde leerse.
[modifier] Het leven en de dood van onsen saligmaker Jesus Christus
[modifier] De zedighe doot van Carel den Vijfden
Remarque : De zedighe doot van Carel den Vijfden est elle aussi disponible sur la DBNL : De zedighe doot van Carel den Vijfden.
[modifier] Divers
Le Cercle Michel de Swaen porte son nom.
À Dunkerque on trouve :
- le Collège Michel de Swaen
- la rue Michel de Swaen
À Coudekerque-Branche on trouve :
- le Square Michel de Swaen
[modifier] Voir aussi
- Liste d'auteurs néerlandais
- Liste d'auteurs flamands
- Liste de poètes de langue néerlandaise
- Littérature néerlandaise
- Pays-Bas du sud
[modifier] Liens externes
- (nl) Bibliothèque digitale des lettres néerlandaises
- (en) Literature and Place
- (nl) Page de l’université de Groningue
- (nl) Internetboekhandel
[modifier] Bibliographie
- M. Sabbe, Het leven en de werken van Michel de Swaen (1904)
- C. Huysmans, Het geheim van een mysteriespel, in Versl. en Meded. Kon. Vl. Acad. (1926)
- W.J.C. Buitendijk, Het calvinisme in de spiegel van de Zuidnederlandse literatuur der contrareformatie (1942)
- E. Rombauts, in Geschiedenis van de letterk. der Nederlanden, dl. v (1952)
- J. Vanderheyden, Michel de Swaens Digtkonde
- A. Dacier et P. Corneille, Een bronnenonderzoek, in Versl. en Meded. Kon. Vl. Acad. (1954)
- R. Seys, in Twintig eeuwen Vlaanderen, 13 (1976)
- G. Landry et Georges de Verrewaere, Histoire secrète de la Flandre et de l'Artois (1982)
- Robert Noote, La vie et l'œuvre de Michel de Swaen (1994)
[modifier] Sources
[modifier] Notes
- ↑ Gérard Landry et Georges de Verrewaere, Histoire secrète de la Flandre et de l'Artois, 1982.
- ↑ 2,0 2,1 Landry et de Verrewaere, op. cit., p. 269.
- ↑ Anne-Laure van Bruaene "Repertorium van rederijkerskamers in de Zuidelijke Nederlanden en Luik 1400-1650"
- ↑ "Rederijkers", in Dictionnary of Literary Terms & Literary Theory, 1999
- ↑ 5,0 5,1 Ralf Grüttemeier et Maria-Theresia Leuker, Niederländische Literaturgeschichte, 2006, p.52
- ↑ G.J. van Bork et P.J. Verkruijsse "De Nederlandse en Vlaamse auteurs, 1985, p.554"
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