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Nicolae Ceauşescu

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Nicolae Ceauşescu
Nicolae Ceauşescu
Nicolae Ceaucescu en 1978
Nationalité Roumaine
Parti(s) Parti des Travailleurs de Roumanie
Parti communiste roumain
Plus haut poste en Roumanie Président de la République
mars 1965
25 décembre 1989
Prédécesseur Gheorghe Gheorghiu-Dej
Successeur Ion Iliescu
Naissance 26 janvier 1918
Scorniceşti, Roumanie
Décès 25 décembre 1989
Târgovişte
Profession Cordonnier
Carrière non renseignée

Nicolae Andruţă Ceauşescu était un homme d'État roumain, né le 26 janvier 1918 à Scorniceşti, mort le 25 décembre 1989 à Târgovişte.

Sommaire

[modifier] Jeunesse

Il part à Bucarest en 1929 à 11 ans et apprend le métier de cordonnier. La légende veut qu'il ait adhéré au parti communiste de Roumanie dès 1932 et ait été arrêté l'année suivante pour activités séditieuses au cours d'une grève. Il est de nouveau arrêté en 1934, après avoir collecté des signatures pour une pétition s'insurgeant contre un procès fait à des cheminots. La fiche de police qui le concerne contiendrait les appréciations suivantes : « dangereux agitateur communiste » et « activiste de la propagande communiste et anti-fasciste ». Après sa libération, il entre dans la clandestinité, avant d'être arrêté une troisième fois en 1936 et condamné à deux ans de prison pour ses activités anti-fascistes, peine qu'il purge à la prison de Doftana.

En 1939, il fait la connaissance d'Elena Petrescu, qui devient son épouse en 1946 et qui va connaître la même ascension et la même chute finale. Son influence et son rôle grandissent avec les années.

En 1940, nouvelle arrestation et nouvel emprisonnement. En 1943, il est transféré au camp de concentration de Târgu Jiu, où il fait la connaissance de Gheorghe Gheorghiu-Dej, dont il devient le protégé.

[modifier] Ascension vers le pouvoir

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, alors que la Roumanie tombe dans l'aire d'influence soviétique, il devient secrétaire de l'union des jeunesses communistes (1944-1945).

En 1947, après la prise du pouvoir par les communistes et l'abolition de la monarchie, il devient successivement ministre de l'agriculture, puis ministre délégué aux forces armées sous la férule de Gheorghe Gheorghiu-Dej.

En 1952, quelques mois après que le parti ait été purgé de sa faction moscovite dirigée par Ana Pauker, il est nommé au comité central du parti communiste.

En 1954, il est promu au bureau politique, et son influence s'accroît jusqu'à faire de lui le « numéro deux » du parti.

[modifier] Exercice du pouvoir

[modifier] Le successeur de Gheorghe Gheorghiu-Dej à la tête de l'état

En mars 1965, trois jours après la mort de Gheorghiu-Dej, il est coopté comme premier secrétaire du parti des travailleurs de Roumanie. L'une de ses premières décisions est de rebaptiser le parti en parti communiste roumain et de déclarer que son pays, plutôt qu'une « république populaire », sera désormais la « République socialiste de Roumanie ».

En 1967, il consolide sa position en se faisant élire, en plus, comme président du conseil d'état.

Sa popularité dans les milieux de gauche européens est alors assez importante, en raison de sa politique indépendante, qui rejette le suivisme jusque-là observé à l'égard des dirigeants soviétiques. Tout en restant formellement membre du Pacte de Varsovie, la Roumanie cesse de participer à toutes les opérations militaires de l'alliance, et Ceauşescu va jusqu'à condamner l'invasion de la Tchécoslovaquie en 1968 par les troupes du Pacte, invasion consécutive au Printemps de Prague.

[modifier] Le culte de la personnalité

Comme la plupart des dictateurs, Ceauşescu institue en sa faveur un culte de la personnalité omniprésent, se faisant désigner sous les titres de Conducător (qui correspond en français à conducteur, en allemand à führer, en italien à duce...) et même de « geniul din Carpaţi » (littéralement : le génie des Carpates), ou encore en se faisant fabriquer un sceptre comme un roi. L'historiographie roumaine de l'époque communiste le comparait d'ailleurs régulièrement avec les grands héros nationaux du passé.

Ces excès conduisirent le peintre Salvador Dalí à envoyer un télégramme de félicitations au conducător. Le quotidien du parti communiste Scînteia, sans percevoir l'ironie de la démarche du peintre surréaliste, publia le texte du message dans ses colonnes, croyant y voir un témoignage de la gloire universelle du leader roumain.

Le népotisme, habituel dans de nombreux régimes autocratiques, est également une caractéristique de l'époque Ceauşescu, son épouse Elena, prétendûment chercheur universitaire de haut niveau, étant aussi promue à des fonctions ministérielles, tandis que d'autres membres de leurs familles respectives se voient octroyer de multiples avantages matériels et honorifiques.

En 1974, Ceauşescu ajoute à sa moisson de titres officiels celui de président de la République. Il continue à jouer sur la scène internationale un rôle farouchement indépendant de celui du « grand frère » soviétique, donnant par exemple son aval à la participation de la Roumanie aux Jeux Olympiques d'été de 1984 à Los Angeles, qui sont pourtant boycottés par l'immense majorité des pays du bloc soviétique.

[modifier] La particularité des relations internationales de la Roumanie sous Ceauşescu

La Roumanie est le premier des pays de l'Est à entretenir des relations officielles avec la Communauté économique européenne : un accord incluant la Roumanie dans le système de préférences généralisées de la Communauté est signé en 1974 et un autre, sur les produits industriels, en 1980. Cependant, Ceauşescu se refuse à mettre en œuvre la moindre réforme d'inspiration libérale. Suivant en cela la position de Gheorghe Gheorghiu-Dej, il se tient obstinément à une vision stalinienne, ce qui explique la politique de distanciation prise avec les dirigeants soviétiques, à mesure que progresse la déstalinisation chez les membres du pacte de Varsovie. Ceauşescu maintient voire accroît la mainmise de la Securitate sur la liberté de parole dans les médias, et ne tolère aucune opposition interne, même la plus minime.

[modifier] La transformation du régime

Le régime de Ceauşescu a subi une évolution particulière. Lors de son accession au pouvoir en 1965, le dirigeant roumain mène une politique qui contraste avec celle de son prédécesseur Gheorghiu-Dej : une modeste libéralisation s'amorce dans le domaine politique alors que le népotisme et le clientélisme sont des phénomènes bien moins présents qu'ultérieurement. Les résultats économiques sont indéniables et les rapports diplomatiques avec des puissances occidentales favorisent un climat international moins tendu. Cependant, le régime se transforme progressivement pour laisser place à une autocratie de plus en plus prégnante. Le début des années 1970 peut être considéré comme le tournant du régime.

En 1971, Ceauşescu se rend en visite officielle en république populaire de Chine puis en Corée du Nord. Il manifeste un grand intérêt pour l'idée de la transformation nationale totale telle que développée dans le programme politique du parti des ouvriers coréens ou telle que l'avait mise en œuvre la Chine durant la Révolution culturelle. Peu après son retour en Roumanie, il commence à imiter la dictature nord-coréenne, influencé par la « philosophie du Juche » du président Kim Il-sung, faisant traduire en roumain, et largement distribuer dans le pays, divers ouvrages consacrés au Juche et à la création idéologique de l'Homme nouveau roumain façonné à la fois par le communisme et l'héritage national.

[modifier] La systématisation

En 1972, Ceauşescu institue un programme de systématisation. Conçue comme une manière de construire une société socialiste multilatéralement développée, cette ambitieuse politique se traduit par de nombreux bouleversements dans toute la Roumanie, et en particulier par la démolition systématique de nombreux villages, avec déplacement de la population dans des petites structures urbaines, souvent sans même attendre l'achèvement des programmes de construction.

La systématisation est la plus visible à Bucarest même, où un bon cinquième de la vieille ville est rasé pour être reconstruit selon ses vues. De nombreux trésors historiques et bâtiments classés disparaissent ainsi, avec l'aide du tremblement de terre de 1977. Un palais du peuple, deuxième bâtiment du monde par sa superficie après le Pentagone, est ainsi édifié en lieu et place d'un quartier ancien de Bucarest.

Malgré le régime totalitaire, la politique d'indépendance vis-à-vis de l'Union soviétique conforte les intérêts des puissances occidentales. Ceauşescu obtient de nombreux prêts des institutions financières occidentales, prêts censés financer des programmes de développement économique, mais qui déséquilibrent gravement les finances du pays. Dans les années 1980, Ceauşescu ordonne l'exportation d'une grande partie de la production industrielle et agricole, afin de rembourser les dettes du pays. Ce qui n'était jusque là que des inconvénients domestiques courants dans les régimes des pays de l'Est se transforme pour de nombreux Roumains en un combat quotidien pour la survie.

[modifier] Renforcement du nationalisme

La symbolique identitaire d'ordre national occupe une place stratégique dans le régime du Conducator : elle permet de légitimer le pouvoir en s'appuyant sur des personnages historiques comme Étienne le Grand, prince médiéval de Moldavie, Burebista, roi des Daces, ou encore Alexandre Ier le Bon, prince médiéval de Valachie, sans oublier le fameux Vlad III l'Empaleur, prince médiéval de Valachie, à l'origine du mythe de Dracula.

Ceauşescu évoque même les origines daces de la population de la Roumanie pour régler le problème des Hongrois de Transylvanie, source de tension avec la Hongrie voisine. Le nationalisme se fait en réalité le plus fort à partir de 1977 alors que la crise économique se profile à l'horizon et que le régime est mis sous pression. En réalité, la valorisation de l'identité roumaine par le Conducator se réalise sous forme de festivals, de discours fleuves sur l'histoire du pays ou encore de célébrations de dates commémoratives comme le 2050ème anniversaire du premier état dace soi-disant "centralisé", en 1980.

[modifier] Déclin

La politique sociale mise en œuvre par Ceauşescu contribua à aggraver une situation relativement précaire. Omnubilé par une volonté d'augmenter l'effectif de la population roumaine, Ceauşescu se lança dans une politique nataliste contraignante, interdisant en 1966 par le décret 770, aussi bien l'avortement que la contraception et imposant de sévères restrictions aux modalités du divorce. La population augmenta en effet, mais au prix de l'abandon de milliers d'enfants par leurs familles incapables de subvenir à leurs besoins et placés dans des orphelinats d'État, mal gérés et où sévissait une mortalité infantile surélevée due aux manques chroniques de soins et de médicaments. Ceauşescu se « distingua » également en refusant de reconnaître l'existence de malades du SIDA au sein de la population roumaine, en interdisant les tests de dépistage avant les collectes de sang, et en laissant utiliser, lors de transfusions sanguines faites sur des orphelins, des aiguilles non stérilisées, causant ainsi une forte contamination des enfants orphelins par le virus.

[modifier] Chute du régime de Ceauşescu

En 1978, le lieutenant général Ion Mihai Pacepa, vétéran de la Securitate (les services secrets roumains), fit défection et se réfugia aux États-Unis, portant un coup sévère au régime, contraignant Ceauşescu à revoir toute l'« architecture » de la Securitate. En 1986, Pacepa devait révéler, dans son livre Red Horizons: Chronicles of a Communist Spy Chief[1], divers détails sur le régime de Ceauşescu, tels sa collaboration avec des terroristes arabes, ses entreprises d'espionnage industriel aux États-Unis et ses efforts constants et élaborés pour obtenir le soutien des pays occidentaux.

Le régime de Ceauşescu s'effondra après avoir ordonné aux forces armées et à la Securitate d'ouvrir le feu sur les manifestants anti-communistes dans la ville de Timişoara le 17 décembre 1989. Les manifestations faisaient suite à la tentative d'expulsion, par le régime, du pasteur hongrois László Tőkés, la rébellion qui se propagea à Bucarest, probablement aiguillonnée par la décision peu opportune de Ceauşescu d'y organiser le 21 décembre 1989 un rassemblement de masse, censé confirmer le soutien populaire au régime. La manifestation, diffusée en direct à la télévision, se transforma en une démonstration massive de protestation contre le régime. Huit minutes après le début du discours de Ceauşescu la foule crie « Timişoara » et Ceauşescu interrompt son discours avec inquiétude alors que la transmission télévisée est coupée. Le lendemain les manifestants envahissent le palais présidentiel où habitent les Ceauşescu. Ceux-ci rejoignent un hélicoptère sur le toit du palais pour s'enfuir avec deux conseillers et trois hommes d'équipage dans le but de rejoindre un palais de province et de reconstituer les forces encore fidèles au régime. Les manifestants s'attaquent ensuite à la chaîne de télévision publique et à 13h parviennent à en prendre le contrôle. Les forces armées fraternisèrent spontanément avec les manifestants.

Selon la version officielle ultérieure, Nicolae et Elena Ceauşescu prirent la fuite du palais présidentiel en hélicoptère, prétendument en prenant en otage son pilote, menacé à l'aide d'une arme à feu. À cause de manque de carburant, le pilote posa l'hélicoptère dans la campagne, à proximité des bâtiments d'une ferme. S'en serait suivie une fuite erratique du couple présidentiel, au cours de laquelle il aurait notamment été pris en chasse par des citoyens insurgés tentant de les arrêter, avant de parvenir à trouver un répit de courte durée dans une école. Ils auraient finalement été retenus prisonniers pendant plusieurs heures dans une voiture de police, les policiers restant dans l'expectative et écoutant la radio pour deviner dans quel sens le vent allait tourner, avant d'être livrés aux forces armées.

Selon d'autres hypothèses, le général Stanculescu aurait œuvré pour des puissances étrangères (la CIA et le KGB voulant tous deux se débarrasser du dirigeant) et le détournement de l'hélicoptère présidentiel ne serait pas dû au hasard.

Le 25 décembre 1989[2], à la suite d'un procès expéditif de 55 minutes rendu par un tribunal auto-proclamé (une cour martiale de complaisance), réunie en secret dans une école de Târgovişte à 50 km de Bucarest, Nicolae Ceauşescu et Elena Petrescu, coupables de génocide, étaient condamnés à mort et aussitôt fusillés dans la base militaire de Târgovişte. Le soir même les images des corps exécutés du couple Ceauşescu sont diffusées à la télévision. Ils sont enterrés dans un cimetière de Bucarest dans une tombe sans nom.

De tous les pays de l'Est ayant renversé le régime communiste après la chute du mur de Berlin au cours de l'automne et l'hiver 1989-1990, la Roumanie fut le seul où cette métamorphose se fit dans le sang : 1 104 morts (dont à Bucarest 564, Timişoara 93, Sibiu 90, Braşov 66, Cluj-Napoca 26) et 3 321 blessés (dont Bucarest 1 761).

En 1990, Ion Iliescu, dignitaire du régime communiste reconverti dans la démocratie « à l'occidentale », remporta la première élection présidentielle de l'ère post-communiste.

Nicolae Ceauşescu et Elena Petrescu avaient eu trois enfants : un fils, Valentin, né en 1947, une fille, Zoia (1949-2006), et un fils plus jeune, Nicu (1951-1996).

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources

Katherine Verdery, National Ideology under socialism. Identity and cultural politics in Ceausescu's Romania, 1990.

  1. publié en France en 1988, sous le titre Horizons rouges (Paris : Presses de la Cité. 323 p.)
  2. http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&id_notice=CAB02036560 Journal télévisé d'Antenne 2 du 26 décembre 1989 qui relate l'exécution des Ceausescu (Archive INA)


Précédé par:
Gheorghe Gheorghiu-Dej
Secrétaire général du Parti communiste roumain
1965–1989
Suivi par :
aucun


éditer Chefs d'État de Roumanie Armes de la Roumanie
Rép. pop. de Roumanie (1947 - 1965) Constantin Parhon | Petru Groza | Ion Gheorghe Maurer | Gheorghe Gheorghiu-Dej
Rép. soc. de Roumanie (1965 - 1989) Nicolae Ceauşescu
Roumanie (depuis 1989) Ion Iliescu | Emil Constantinescu | Ion Iliescu | Traian Băsescu



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