Sérignan
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Sérignan | |
Pays | France |
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Région | Languedoc-Roussillon |
Département | Hérault |
Arrondissement | Arrondissement de Béziers |
Canton | Canton de Béziers-4 |
Code INSEE | 34299 |
Code postal | 34410 |
Maire Mandat en cours |
André Gelis 2001-2008 |
Intercommunalité | Communauté d'agglomération Béziers Méditerranée |
Latitude | 43° 16' 51" Nord |
Longitude | 03° 16' 42" Est |
Altitude | 0 m (mini) – 24 m (maxi) |
Superficie | 27,45 km2 |
Population sans doubles comptes |
6 520 hab. (2006) |
Densité | 237 hab./km2 |
Sérignan est une commune française, située dans le département de l'Hérault et la région Languedoc-Roussillon. Elle s'écrit Serinhan en Occitan.
Sommaire |
[modifier] Géographie
Sérignan est une commune située dans le Biterrois, dans la plaine languedocienne, au sud de Béziers.
Le territoire communal est bordé par Portiragnes, Villeneuve-lès-Béziers, Sauvian, Vendres et Valras-Plage et au Sud-Est par la mer Méditerranée.
Le territoire se partage en 4 secteurs :
- l’agglomération autour du Vieux Sérignan, limité au nord par l' Orb.
- le littoral composé d’une grande zone naturelle protégée par le conservatoire du littoral sur plus de 220 hectares avec un cordon dunaire unique tant par sa hauteur que sa largeur et une magnifique plage de sable fin, et d’une zone touristique où sont implantés les campings.
- Port Sérignan, sur la rive droite du fleuve Orb, est un port de plaisance. Celui-ci fait l’objet d’un grand projet d’aménagement conduit par l’architecte Jean Nouvel.
- la plaine, riche en alluvions, bénéficie d’une vocation agricole, dominée par la viticulture.
Depuis les années 70, la commune s'est couverte de nombreux lotissements. Ainsi, Sérignan a connu un net essor démographique, devenant la commune la plus peuplée du Biterrois. Le phénomène de périurbanisation est particulièrement sensible à Sérignan, avec les effets induits dans le paysage (lotissements, zone commerciale, collège, voies de communication vers Béziers) et une forte pression foncière. Les migrations pendulaires sont importantes, faisant de Sérignan un "village-dortoir" pour des populations qui travaillent majoritairement à Béziers.
Le long de la frontière de la commune avec Valras-Plage, pour profiter des retombées du tourisme estival, des campings procurent des ressources économiques non négligeables.
[modifier] Histoire
2000 ans d’histoire
1. Des vestiges et un patrimoiné hérités d’une longue histoire
Tout commence par de l’eau. Du paléolithique au néolithique la zone lagunaire de cette partie du golfe du Lion est le jouet d’une mer qui s’avance ou se retire au gré des aléas tectoniques et géologiques. Le territoire de la commune est quelque peu délaissé du fait de son insalubrité. Avec les Romains et l’arrivée de la vigne, Sérignan et ses alentours deviennent viables. Même les sables qui jadis étaient stériles deviennent alors cultivables, et par le futur d’autant plus rentables, que leurs vignes sont hors d’atteinte du phylloxéra. Les vestiges d’un pont antique sur l’Orb, dont les piles existaient encore au XIIIe siècle, témoignent du tracé d’une voie romaine qui reliait le port d'Agde à celui Narbonne, en passant par Sérignan, autre port de mer. Sérignan est donc une cité chargée d’histoire puisque ses origines remontent à la période de la République romaine au Ier siècle avant Jésus-Christ. Sa situation géographique dans le bassin méditerranéen explique son développement au cours des siècles. Très officiellement, d’après les noms des communes du diocèse de Béziers, le village évolue successivement de Sérinhanus, à Sérignanus, Sirinianus et Sirignianus. Février 1286, les troupes du roi d’Aragon anéantissent Valras et Sérignan, en représailles à l’invasion de la Catalogne par les troupes françaises un an auparavant. Seule la collégiale Notre-Dame-de-Grâce, lieu saint, fut épargnée de la destruction et des incendies. En 1412, naissance de la « commune de Sérignan » avec la signature de la « transaction » qui précise les modalités d’élection des consuls de Sérignan par le seul suffrage des habitants. Le pouvoir des consuls qui peut varier d’un lieu à un autre se constitue aux dépens de celui du seigneur et sous le regard globalement bienveillant du gouvernement royal Lieu facilitant les échanges, la ville va voir croître ses activités portuaires jusqu’à disposer d’un tribunal maritime et devenir siège d’amirauté par un édit royal en 1 630. En tant que port, son déclin définitif au XVIIIe siècle s’inscrit en parallèle avec la prospérité du port de Sète. Le fief de Sérignan d’abord inféodé à la vicomté de Béziers est cédé à la fin du Xe siècle à la cathédrale de Béziers avant d’être attribué à un seigneur « laïc », Bernard de Sérignan. La Révolution française mettra un terme à la seigneurie de Sérignan vieille de sept siècles. De ce passé, la cité a conservé des vestiges et un patrimoine architectural exceptionnel dont une magnifique collégiale, classée aux monuments historiques. Un beau livre, richement illustré par de très nombreuses photographies, a été édité par la Ville. Proposé à la vente à l’Espace Joseph Viennet, cet ouvrage présente la transformation de Sérignan depuis l’histoire ancienne jusqu’à l’époque contemporaine.
2. Les origines du nom de la Ville
Plusieurs propositions s’affrontent mais aucune n’est suffisamment convaincante pour emporter la décision. L’insalubrité des dunes et des coteaux contrariant toutes cultures vivrières, Sérignan viendrait de la contraction de sierra (serrecôte) et d’inanus (stérile). D’aucuns préconisent comme origine le patronyme d’un homme appelé Erignan ou encore Serenus, nom d’un centurion romain récompensé de ses campagnes par l’attribution d’une villa. Si elle n’a pas le mérite d’être follement originale, cette dernière suggestion s’inscrit dans la logique la plus vraisemblable. La fantaisie des scribes va faire évoluer notre cité en Serigna ou Sérinha selon les époques et les cartulaires. Très officiellement, d’après les noms des communes du diocèse de Béziers, le village évolue successivement de Sérinhanus, à Sérignagnus, Sirinianus et Sirignianus.
[modifier] Administration
Liste des maires successifs | |||
Période | Identité | Parti | Qualité |
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1965 – 1989 | Marius Castagné | ||
Depuis 1989 – | André Gélis | ||
Toutes les données ne nous sont pas encore connues. |
[modifier] Démographie
1962 | 1968 | 1975 | 1982 | 1990 | 1999 | 2006 | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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2 788 | 2 950 | 3 214 | 3 884 | 5 173 | 6 134 | 6 520 | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Nombre retenu à partir de 1962 : Population sans doubles comptes |
[modifier] Lieux et monuments
1. Un patrimoine sauvegardé
La Collégiale Notre Dame de Grâce La construction de ce monument classé s’est échelonnée du XIIe au XVe siècle. Son clocher, imposante tour de 30 mètres de haut, évoque plus le donjon guerrier que l’édifice religieux. Un mâchicoulis protégeant un beau portail aux voussures romanes renforce la première impression militaire dégagée par la façade. Comme souvent dans les églises, les vitraux de Notre-Dame-de-Grâce sont les éléments qui ont le plus souffert des outrages du temps. Beaucoup ont été remplacés au cours des siècles. Ouverte par 7 hautes fenêtres à meneaux, l’abside présente un ensemble de vitraux réalisés par les ateliers de Mauvernay et posés en 1879.
Les rues et les places typiques du Sud La rue est une vieille dame qui ne vieillit jamais. La parcourir pas à pas, le nez en l’air, peut être sources de joies, de découvertes, mais sera toujours instigateur de ce plaisir subtil réservé à l’historien qui écrit texte après texte la page d’histoire antique, en recollant les petits bouts d’images et les lambeaux mobiliers du passé. Les rues de Sérignan regorgent de cette archéologie du souvenir. Nous vous convions à en découvrir quelques trésors. Au 58, à l’entrée d’une petite impasse, on peut franchir un porche avant d’atteindre une belle porte d’époque Renaissance. Carriéra de Saint Roch, «rue Saint Roch». Dans cette rue, qui portait le nom du saint patron de Sérignan, les façades de certaines maisons abritaient dans les niches des statues du saint. (source : Ville de Sérignan)
2. Les plus belles plages du Languedoc Roussillon
Sérignan a choisi la manière douce pour maintenir dans son état naturel ce patrimoine fragile. La mise en place de ganivelles en châtaignier pour piéger le sable, la création de passerelles transdunaires pour éviter le piétinement, la conservation de la flore des dunes (oyat, camomille, chardon bleu, immortelle, blanquette…) pour stabiliser le sable ont toujours été préférées aux matières plus « dures » et plus coûteuses. Les dunes ainsi réhabilitées peuvent atteindre jusqu’à 8 mètres de hauteur, ce qui constitue un record en Languedoc-Roussillon. À l’arrière, un réseau discret de sentiers pédestres qui longe ici et là des "rondines" et des "gourgues" de salicornes et de tamaris, permet de découvrir le site exceptionnel des Orpellières et de la Grande Maïre.
3. Le domaine protégé des Orpellières
Le Domaine des Orpellières (153 ha) est situé à l’embouchure de l’Orb, sur les communes de Valras-Plage et de Sérignan. Cet espace de 150 hectares, acquis par le Conservatoire en 1980, est constitué d’une plage, d’un cordon dunaire de 2,5 kilomètres et d’une vaste zone de prés salés. Il est géré par la Commune de Sérignan.
Histoire et pratique Le site des Orpellières a fait l’objet d’une exploitation agricole jusqu’à la deuxième guerre mondiale. Ce sont principalement des vignes qui ont été cultivées grâce à un réseau hydraulique créé sur l’ensemble du domaine. Les apports d’eau douce à partir de l’Orb servaient à dessaler les terres pour permettre la culture de la vigne. Depuis l’abandon de cette exploitation et de l’apport contrôlé d’eau douce, le milieu s’est salinisé : la salicorne a colonisé une partie du site. Aujourd’hui, un équilibre naturel semble avoir été trouvé entre milieu salé et milieu doux. Les bâtiments présents sur le site servaient à l’exploitation du domaine (château d’eau, cuves…). Les abords des bâtiments avaient été enrichis de plantations (figuiers, cyprès, platanes…).
Nature et paysage Les contrastes entre le milieu dunaire et l’arrière dune sont surprenants. Le cordon dunaire est un milieu sec et doux. L’arrière dune est en dessous du niveau de la mer, donc humide et salé. La flore et la faune sont très différentes sur ces deux milieux.
La flore La salicorne (Salicornia spp.) est une espèce caractéristique des milieux humides et salés appelés enganes et situés, sur les Orpellières, dans les zones basses d’arrière-dune. La salicorne est souvent associée à la soude maritime (Suaeda maritima), à l’obione (Halimione portulacoides) et aux saladelles (Limonium spp.). Elle supporte une période de submersion hivernale allant de 4 à 9 mois mais ne doit pas être totalement immergée. Elle supporte également un assèchement estival et des salinités élevées.
Des cordons dunaires réhabilités et protégés Un diagnostic écologique réalisé en 1983 a mis en évidence la nécessité d’intervenir pour protéger et réhabiliter le cordon dunaire, qui s’érode depuis les années 1970. Ce cordon, outre ses qualités biologiques et paysagères, joue un rôle important dans l’évolution du trait de côte et sur le maintien de l’équilibre écologique de la zone humide située en arrière du cordon. Dès 1984, des actions de réhabilitation du cordon et de gestion de la fréquentation sont mises en place. Le cordon dunaire des Orpellières devient un site expérimental de recherche et d’intervention sur la réhabilitation des espaces dunaires méditerranéens. Les techniques de réhabilitation consistent à disposer des ganivelles, qui vont capter les sables apportés par la mer ou les vents et ainsi favoriser la reconstitution des dunes. Ces ganivelles ont également comme rôle de limiter la fréquentation des dunes qui contribue à leur érosion. Cette reconstitution est suivie d’une re-végétalisation. Les espèces végétales comme l’oyat permettent la fixation des dunes et jouent le même rôle de captage des sables que les ganivelles lorsque celles-ci ont disparu. Parallèlement, des actions de gestion de la fréquentation sont mises en place : creusement de fossés pour interdire la fréquentation automobile (c’était une mauvaise habitude en Languedoc-Roussillon d’aller sur la plage en voiture), aménagement d’aires de stationnement et de chemins d’accès à la plage pour les piétons. Il semble que les actions menées sur le cordon dunaire des Orpellières aient permis à celui-ci de retrouver son état de 1968, avant la période de forte érosion. Source informations : Conservatoire national du littoral.
4. Sérignan-Plage et La Maïre
La plage de Sérignan et la Maïre dans les années 50, c’était ses campings sauvages, ses bains de soleil dominicaux et ses barbecues improvisés à même le sable. Epoque bénie diront les plus nostalgiques où le soleil languedocien se levait pour tout le monde et s’offrait en partage, avec l’avènement des premiers congés payés. Heureux temps de l’insouciance pour ces vacanciers qui découvraient les rivages paisibles de la Méditerranée sous le soleil au cours des mois de juillet et d’août dans les années soixante. La beauté du site a immédiatement séduit les touristes de plus en plus nombreux, et petit à petit, l’accueil s’est organisé dans des campings et motels qui se sont implantés le long du littoral à l’abri d’un cordon dunaire exceptionnel. Sérignan-Plage, qui a su garder tout son charme, offre aujourd’hui la possibilité à plus de 20 000 touristes, d’êtres hébergés dans des installations de qualité entre l’étang naturel de la Grande Maïre et le vaste domaine des Orpellières, protégé par le Conservatoire du Littoral. (source : Ville de Sérignan)
5. L'Orb (fleuve)
Le fleuve, très capricieux, traverse dans un parcours sinueux le territoire communal du nord au sud en bordant sur son passage la vieille ville. Son débouché à la mer a varié de nombreuses fois au fil des ans et il a contribué par ses débordements successifs, à la fertilisation de la riche plaine agricole. Aujourd’hui, même si l’urbanisation est restée obérée par cette contrainte naturelle résultant des crues, le fleuve demeure un atout majeur pour Sérignan. Ainsi, la commune a engagé de nombreuses actions pour le protéger et encourager le public à découvrir ses charmes : - suppression de la décharge située au lieu-dit l’Airoule ; - construction prochaine d’une nouvelle station d’épuration afin de diminuer la nocivité des rejets ; - réalisation des berges au droit de la ville afin de maintenir la vue sur le fleuve. (source : Ville de Sérignan)
6. Le château
Le château se dressait au centre du village. On ignore à quelle date il a été construit, mais il est vraisemblable que son édification fut contemporaine de celle des remparts. Il appartenait à la famille des seigneurs de Sérignan et changea plusieurs fois de propriétaires, suivant les aléas des mariages entre grandes lignées. En 1255, il avait pour propriétaire Olivier de Termes, un seigneur qui avait participé aux croisades. De retour de Terre Sainte, accablé de dettes, le chevalier se trouve dans l’obligation de vendre une partie des châteaux qu’il possédait dans le Termenois et le diocèse de Narbonne, notamment celui de Sérignan. En 1286, lors du dramatique épisode du débarquement de l’Amiral de Loria et de ses troupes aragonaises, le château est dévasté et incendié. Reconstruit, il devient, le 5 janvier 1542, propriété de la famille Delort – fondatrice de la dynastie des seigneurs de Lort de Sérigan – par le mariage de Marguerite de Valras et de Sérignan, avec l’écuyer Martin Delort. Mais les De Lort, nantis de hautes fonctions qui les obligent à résider à Béziers ou à Paris, désertent le château qui n’est pratiquement plus habité. Au début du XVIIIème siècle, le seigneur l’abandonne à ses fermiers, qui l’utilisent non pas comme lieu de résidence, mais comme bâtiment d’exploitation agricole. En 1732, un moulin à huile est installé dans l’ancien château dont il ne reste, malheureusement, que peu de traces.
7. La Maison du Tourisme
En saillie sur la place du marché, qui constitue comme une sorte d’écrin pour ce magnifique bâtiment, la Maison du Tourisme ne manque pas d’attirer le regard du flâneur en quête d’architecture historique.
Le passé de ce bel immeuble est resté longtemps méconnu chez beaucoup de Sérignanais qui dataient l’édifice du XVIIIème siècle. En fait, l’histoire ancienne de l’édifice est, comme souvent, plus complexe qu’il n’y paraît… Il semblerait que l’actuelle Maison du Tourisme présente des éléments hétéroclites de plusieurs époques, marquant, telles des strates géologiques, l’Histoire de la cité, du XV siècle à nos jours.
L’ouvrage de Maurice et Albert Fabre de 1883 évoque la mairie comme un monument “ moderne ”, bâti en 1837 en remplacement des anciennes halles datant certainement du XVème siècle. Cependant la réhabilitation de 1993 allait mettre à jour dans une pièce du 2ème étage une plaque de cheminée gravée de l’année 1666. Par ailleurs certains éléments du bâtiment évoquent eux aussi l’époque fin renaissance, tel le beffroi et ses balustres Richelieu, autant d’indices qui pourraient permettre de dater cet immeuble du XVème ou XVI ème siècle ! Enfin, derniers éléments du puzzle, la lecture des registres des délibérations nous apprend que par une décision du 3 mai 1810, les édiles de l’époque décidaient de surélever le bâtiment de la halle contiguë à la tour de l’horloge pour y aménager bureaux, salles de réunion et archives. Pour l’anecdote, la dépense liée à cette construction devait être couverte par la démolition des portes de la ville et la récupération des pierres de ces édifices ainsi que par la vente de l’emprise foncière des fossés d’enceinte du village médiéval, assortie d’une autorisation d’y édifier des habitations. Il semble bien qu’en 1825, lorsque Amelin (auteur de “ voyages autour du département de l’Hérault ”) réalisa des dessins de Sérignan, le “ nouvel Hôtel de Ville ” n’était pas encore bâti. Seul un marché couvert existait à cette époque, bâtiment à la toiture élancée et recouverte de tuiles en forme d’écaille. C’est vraisemblablement ce marché qui constituât la base de la nouvelle construction. Il semblerait que cette partie puisse être datée du XIVeme siècle. Une ancienne délibération nous indique en effet qu’en 1384 Pierre Bedos, notaire, et deux consuls de Sérignan, firent élever sur la place près du château, trois arceaux sur lesquels fut établie la Maison consulaire. Cependant, il est possible que ces mêmes arceaux furent reconstruits au XVIIIème siècle, comme peut le laisser penser l’inscription latine de la plaque située au dessus de la porte intérieure de l’Office de tourisme. Sur cette plaque est inscrit : « Nous avons vu ici un vieil édifice qui, plus tard détruit de fond en comble, se dresse plus beau que l’ancien. Les portes de la ville sont restaurées, les temples même ont leur beauté et pour longtemps les soldats l’auront pour demeure Si vous désirez savoir qui a construit cet édifice, voici les noms ci-dessous : Guilhem Roque, Gabrial Rascas, Petrus Tindel, Thomas Labade, Jacob Gauthier, scribe. Année du Seigneur 1733 ». On sait par ailleurs qu’à proximité immédiate de ces halles se trouvait un carcan, aujourd’hui disparu.
C’est donc bien à partir de la première partie du XIXème siècle que cette grande bâtisse de quatre niveaux abrita les services de la mairie et ce jusqu’en 1986. Jusqu’à cette date, seuls étaient occupés les étages, le rez de chaussée continuant à constituer un petit marché couvert entouré de piliers en pierre de taille supportant des arcs en plein cintre. Le premier étage, abritait la salle du conseil, le secrétariat et le bureau du maire, le second étage accueillait le bureau du secrétaire général et la comptabilité, enfin le dernier étage était réservé au logement du policier municipal.
Après le déménagement des services administratifs dans l’immeuble “ Viennet ” et en raison de l’état de vétusté de l’immeuble, la commune menait en 1992-1993 une réhabilitation lourde qui, outre la fermeture des arcades par des châssis vitrés, comprenait également un ravalement, une réfection complète de la toiture, la pose de réseaux électriques et de chauffage aux normes et le changement de toutes les menuiseries intérieures et extérieures : un bâtiment flambant neuf qui cependant a conservé tout son caractère historique.
Outre les éléments architecturaux décrits plus hauts, l’observateur attentif décèlera une multitude de détails intéressants, tels ces pierres de tailles numérotés selon l’ordre d’assemblage et marquées vraisemblablement du signe distinctif de chaque compagnon ayant œuvré à l’édifice.
Depuis lors, la Maison du Tourisme remplit brillamment ses nouvelles fonctions qui, outre l’office du tourisme du rez-de-chaussée, présente au premier étage une magnifique salle de gymnastique et de danse équipée de vestiaires et de sanitaires, et au second étage un vaste espace utilisable pour la pratique de la gymnastique et l’organisation de réunions.
8. L'Hôtel de Ville
Cette majestueuse maison de maître, typiquement provençale, était la propriété de la famille Viennet jusqu’en 1985, date à laquelle la commune l’a acquise pour y installer l’Hôtel de Ville. De 1727 à 1840, la maison est la propriété de la famille Brousse qui s’illustre tout au long de l’histoire de Sérignan. Des membres de cette famille occupent les charges de 1er consul, 2e consul et maire. Certains sont également avocats. Le 11 mai 1812, Marguerite Adélaïde Brousse apporte la maison en dot lors de son mariage avec Louis-Barthélémy Viennet. A leur mort, la maison restera la propriété de la famille Viennet. Elle est habitée par Joseph, petit fils de Louis Viennet qui fut député de l’Hérault en 1871, et arrière- neveu de l’académicien, pair de France, Jean-Pierre -Guillaume Viennet. C’est en 1923 que Joseph confie à Louis Garros, architecte à Bordeaux, la restauration de l’immeuble. Le jardin d’agrément, le potager et le vignoble sont réaménagés autour de la maison, avec une superficie de 5 hectares. Joseph Viennet décède le 9 septembre 1950 et c’est vers 1959 que son épouse, Marguerite Viennet, propose à son fils Guy, domicilié jusqu’alors dans une maison familiale à Béziers, de s’installer à la propriété, avec sa femme Denise (petite fille de Gustave Fayet) et ses deux enfants, Jean et Luc. La vie dans la maison est intense et agréable. Des personnalités sont régulièrement accueillies : préfets, sous-préfets, académiciens, responsables des Monuments Historiques, ainsi que de nombreux artistes comme Manitas de Platas, ami de la famille, qui vient animer le mariage de Jean. La maison, une bâtisse imposante de 800 m2, domine par son caractère l’ensemble des bâtiments de la propriété transformée en centre administratif et culturel. La façade est agrémentée de huit belles colonnes qui soutiennent la terrasse, d’un ensemble d’auvents sur les ouvertures principales, et de corniches formées par de triples rangées de tuiles. A l’intérieur, les magnifiques cheminées ainsi que les tentures murales ont été conservées. Au rez-de-chaussée, le grand salon a été transformé en deux bureaux, ceux du maire et du Secrétaire Général. Le salon de musique a cédé la place au secrétariat du maire et au service du personnel. La salle à manger est devenue le bureau de l’urbanisme. L’état civil et la comptabilité occupent l’emplacement des cuisines, de la buanderie et de la chaufferie. Au premier étage, les chambres et l’appartement ont été transformés afin d’aménager la salle du conseil municipal, la salle des commissions, les bureaux des adjoints au maire, du service social, du Secrétaire Général adjoint et de la dactylographie. Au second étage, les chambres des enfants et du personnel ont disparu pour être remplacées par le bureau du service communication, les archives, et l’appartement du concierge. Aujourd’hui Hôtel de Ville accessible à tous les administrés, cette maison et l’ensemble architectural qui l’entoure, ont conservé l’authenticité et la beauté des propriétés languedociennes.
[modifier] Animations - Fêtes - Evénements
Un centre-ville très animé, de janvier à décembre
Le marché trois fois par semaine.
La grande foire à la brocante, le 2e samedi du mois.
Le marché aux livres de collection et aux cartes postales anciennes le 3e dimanche du mois.
Le marché aux fleurs.
Le Carnaval, le 1er samedi d’avril.
Le festival de la BD et de l’album jeunesse, à la Pentecôte.
Le festival de théâtre amateur, en juin.
Des fêtes dédiées aux enfants, comme le Goûter des Monstres (31 octobre) et le passage du Père Noël fin décembre.
La Foire aux gras et aux produits régionaux, début décembre.
Un été particulièrement actif
Une programmation culturelle d’été avec une trentaine de concerts de qualité.
La Grande Féria traditionnelle à la mi-juillet (lâchers de taureaux, bodégas...)
L’éléction de Miss Sérignan, fin juillet.
La fête traditionnelle de la Saint Roch (défilé de cavaliers et cyclistes, bénédiction des animaux) le 16 août.
La fête de la Ville en août.
Les journées du patrimoine, moment fort de la fin de saison, avec visites guidées du centre historique, de La Collégiale Notre Dame de Grâce et de la cave coopérative.
Un office de tourisme ouvert 7 jours sur 7 pendant la belle saison.
[modifier] Economie
Une offre large de commerces et de services
Aujourd’hui, la ville bénéficie d’un tissu économique fondé sur la diversité de l’offre de commerces et de services. L’implantation d’un hypermarché en bordure de la route de Valras-Plage a provoqué un essor certain. Ce magasin est la plus grande entreprise sérignanaise par son chiffre d’affaires et le nombre de ses employés qui varie entre 80 et 100 personnes. Si son ouverture a provoqué une inquiétude légitime chez les commerçants du centre-ville, on doit reconnaître que cela a permis d’amener plus de clients sur Sérignan, et surtout d’éviter la concurrence des zones commerciales de Béziers, qui se sont énormément développées ces dernières années. On ne peut évoquer le commerce à Sérignan sans citer l’activité la plus représentative de la cité, qui reste son marché. Trois fois par semaine, sur la Promenade, le chaland peut y trouver des maraîchers, des charcutiers, des bouchers, des rôtisseries, des accessoires divers, des livres, des épices, des textiles, etc. Lors de ces trois matinées, les places de stationnement sont recherchées car si les Sérignanais sont nombreux à s’y rendre, ils ne sont pas les seuls. Beaucoup de personnes des communes voisines viennent y faire leurs achats ainsi que des milliers de touristes en été.
Le corps des artisans est fortement représenté avec des entreprises de maçonnerie, de plomberie, d’électricité, de peinture en bâtiment, d’ébénisterie…
L’implantation de nombreux services de santé améliore considérablement les conditions de vie de la population et participe à la bonne image de la ville. On compte ainsi plusieurs médecins, un ophtalmologiste, des infirmières, des kinésithérapeutes, un orthophoniste, un vétérinaire, plusieurs pharmacies, un laboratoire d’analyses médicales, des opticiens…
Des entreprises d’envergure nationale
Le dynamisme de Sérignan est également lié à l’activité de plusieurs entreprises importantes, soit par leur chiffre d’affaire, soit par leur capacité à employer de nombreuses personnes. Ainsi la zone de Bellegarde a vu l’émergence en quelques années de grandes surfaces aux enseignes telles qu’Hyper U, Lidl, Aldi et M.Bricolage. De nouvelles sociétés franchisées viennent d’ouvrir leurs portes en 2006 : Défi Mode, Du + au -, Chauss’Expo. Dans les grandes entreprises, citons les établissements Mégnint, fondés en 1923, spécialisés dans le matériel de construction et de bricolage, l’entreprise Sérignan Construction qui intervient dans les travaux publics, l’entreprise Barascud, qui regroupe les cheminées Brisach et les cuisines Mobalpa. Enfin, une entreprise spécialisée dans la vente et l’entretien de bateaux, la société Polymer, lauréate de plusieurs distinctions, fait de Sérignan un lieu de référence dans le monde du nautisme de plaisance.
Le tourisme, première activité de la ville
Sérignan, par la proximité et la qualité de son cordon littoral, a depuis longtemps une vocation touristique. La grande plage de sable fin qui s’enfonce doucement dans la mer a séduit les Biterrois dans les premiers temps du tourisme balnéaire. Ce développement a été particulièrement important sur la rive droite de l’Orb, qui deviendra par la suite la commune de Valras-Plage. Sur la rive gauche, le grau de la Maïre -jusque-là domaine des pêcheurs- a attiré également de nombreux baigneurs, alors que la vigne occupait encore une part importante du sol à l’arrière du cordon dunaire.
Les années soixante ont connu le début d’un tourisme organisé, avec la mise en place des premiers campings destinés à l’accueil des populations venues de loin. Pour installer ces établissements, des forages dans la nappe Astienne furent nécessaires afin de pouvoir disposer d’eau potable. Parallèlement, fut mis en place un système original et écologique d’épuration des eaux usées, qui autorisa le développement d’une végétation rare sur ce secteur, en éliminant tout rejet à la mer. Les précurseurs du tourisme balnéaire sérignanais ont arraché des pieds de vigne pour gagner de l’espace et accueillir une clientèle internationale. Ainsi, alors que les grands projets immobiliers prenaient corps sur le littoral héraultais, sous l’impulsion de la Mission d’Aménagement, Sérignan et Sérignan-Plage poursuivaient leur développement à travers les campings.
Dans les années soixante-dix, à la demande d’un groupe de naturistes et après un vaste débat au sein de la commune, ainsi que parmi les membres de la paroisse allait naître un complexe naturiste en bord de mer.
Aujourd’hui, Sérignan, offre sur ses rives droite et gauche, plus de 5 000 emplacements de campings, ce qui représente une capacité d’accueil de près de 60 000 personnes réparties sur une vingtaine d’établissements. Ceux-ci sont dotés d’infrastructures modernes : parcs de locatifs, piscines avec toboggans, tennis, restaurant, bar, supérettes… et accueillent une clientèle internationale. Mais d’autres formes d’hébergement touristique se sont également développées, pour répondre à la demande croissante de la clientèle. Ainsi, Sérignan compte-t-elle aujourd’hui de nombreux motels, meublés, colonies de vacances, restaurants… De même, un certain nombre de vacanciers ont acquis ou fait construire des maisons sur la commune afin d’y établir leur résidence secondaire. D’autres, afin de bénéficier du climat particulièrement ensoleillé, ont pris la résolution d’y demeurer à l’année, contribuant ainsi au développement de la commune. La municipalité, en collaboration avec les professionnels du tourisme, a contribué pour sa part à cette croissance, en dotant la commune d’infrastructures nécessaires à l’accueil des vacanciers : office du tourisme installé dans les locaux de l’ancienne mairie, postes de secours sur la plage ... De plus, de nombreuses animations : festivals, concerts, expositions, fête du cheval, Saint Roch et féria sont proposées aux visiteurs saisonniers, afin de diversifier l’offre culturelle déjà riche proposée dans le secteur.
Dans les prochaines années, le développement de Port Sérignan, un projet de station balnéaire de nouvelle génération imaginée par l’architecte mondialement connu Jean Nouvel, donnera un nouvel élan au développement touristique à Sérignan.
Sérignan offre ainsi aux vacanciers, le double attrait d’une ville authentique et préservée, qui vit toute l’année, à proximité d’un bord de mer non urbanisé soucieux du respect de l’environnement. C’est dans cet esprit que le Conservatoire du littoral a fait l’acquisition des terrains des Orpellières, sauvegardant ainsi le front de mer de toute urbanisation future. D’un point de vue économique le tourisme constitue la principale richesse de la commune.
[modifier] Personnalités liées à la commune
[modifier] Jean Gau(1902-1979) : La passion de la mer
On ne peut évoquer l’histoire des navigateurs solitaires sans parler de Jean Gau, enfant de Sérignan, qui a marqué la navigation à voile de ses nombreuses péripéties survenues pendant des traversées océanes. Né à Sérignan le 18 février 1902, Jean Gau a grandi avec la passion de la mer. Déjà, très jeune, les études l’importunent. Il préfère aller admirer l’horizon qui se confond avec la mer. Très tôt attiré par les flots - davantage que par les vignes - Jean Gau réalisa ses débuts dans l’Atlantique, par une traversée de Valras à New York. Son fidèle compagnon “l’Atom”, qui prît la suite de son premier bateau “L’Onda”, l’accompagna une grande partie de sa carrière, des îles polynésiennes aux Caraïbes, en passant par l’Amérique du sud et en finissant malheureusement par couler, lors d’une tempête mémorable sur les récifs de Bizerte en Tunisie. Ce naufrage mettra un terme à la vie aventureuse du marin, recueilli par miracle sur cette côte déserte par un berger, et ramené à la civilisation à dos d’âne, au bord de l’épuisement. Cette dernière aventure, en 1973, clôt les pérégrinations maritimes d’un homme d’exception sur près de 50 ans. C’est la fin d’une course passionnante et effrénée autour du globe. Jean Gau aimait braver la mer, sa compagne, et ne se dérobait pas aux combats qu’elle lui imposait à travers des vents parfois supérieurs à 50 nœuds, des lames hautes de 10 mètres, comme lors d’un passage dantesque du Cap Horn, qu’il relate de façon enthousiaste et dramatique. A chaque fois il jouait sa vie, car la navigation solitaire a ceci d’impitoyable qu’elle ne laisse aucun répit au marin. Obligé de surveiller les lames qui déferlent sur le pont, le navigateur peut être emporté à tout moment, s’il se laisse aller à l’assoupissement où s’il aperçoit trop tard un cargo qui croise sa route. Jean Gau fit, lors de sa carrière, dix fois la traversée de l’Atlantique et deux fois le tour du monde. A New York, il travaillait dans un restaurant pour payer ses bateaux et ses traversées. Dès qu’il avait réuni les sommes nécessaires, il levait l’ancre et jetait les amarres pour un nouveau voyage. Aussi a-t-il navigué sur toutes les mers du monde, heureux de retrouver au gré du hasard, des amis dans les clubs nautiques lors de ses nombreuses escales.
Son aventure est jalonnée de rencontres, de découvertes, de moments vrais et forts comme seuls des exploits hors du commun peuvent en procurer. De nature modeste, Jean Gau n’aimait pas se vanter de ses traversées, qui s’apparentaient davantage à des quêtes personnelles qu’à des croisières. Pourtant, ses amis appréciaient ses capacités et sa grande expérience de la mer. Ils n’hésitaient pas à le questionner sur tel problème technique ou sur telle passe permettant d’accéder à un îlot sauvage. Ces admirateurs, attentifs à ses pérégrinations, l’accueillaient toujours en héros, que ce soit aux Antilles, en Polynésie ou sur la Costa del Sol, au large de laquelle il croisait fréquemment pour regagner son village natal : Sérignan. La narration de ses aventures est parue dans un ouvrage appartenant à une célèbre collection sur les navigateurs solitaires. On y retrouve, racontés par le navigateur lui-même, ses combats épiques contre les éléments déchaînés et ses exaltants répits, lorsque sain et sauf, il touche enfin terre dans des endroits paradisiaques. Jean Gau, figure emblématique de la voile solitaire la plus traditionnelle, reste un exemple pour bon nombre de navigateurs. Son ingéniosité et sa modestie naturelle ont contribué, au delà de ses exploits maritimes, à le rendre très populaire dans les années 50/60. Il s’éteint à Pézenas le 14 février 1979, à l’âge de 77 ans.
Aujourd’hui encore, son nom reste gravé dans la mémoire collective de la voile solitaire et dans celle de son village de Sérignan, où il aimait aborder pour retrouver ses vieux amis.
Ouvrage de référence : Jean Gau par Jean Bussière, éditions Emon, collection Navigateurs insolites.
Jean Gau
J Je veux chanter Jean Gau célèbre phénomène
E Enfant de Sérignan, dans l’onde son domaine
A Affrontant la tempête à la terrible voix
N Narguant les Océans dans sa coque de noix
G Gau si petit et si grand entre le ciel et l’eau
A Audacieux, tout seul dans son frêle bateau
U Unique dans le monde et géant des flots
Pataqué
[modifier] Saint Guillaume Courtet
Guillaume Courtet est probablement depuis le XVIIe siècle le plus populaire des Sérignanais dans sa commune. Cet esprit brillant a choisi très tôt le témoignage total de sa foi en Jésus-Christ. Après tout un itinéraire de prédicateur et de professeur de théologie en Languedoc, en Europe, en Asie, il débarquera clandestinement au Japon et c’est sur une colline de Nagasaki en 1637, qu’il deviendra le premier martyr français au Japon. Au fil des siècles, ses compatriotes lui sont restés très attachés contribuant ainsi au succès, en 1987, d’une cause canonique qui doit tant au chanoine Joseph Estournet.
L’enfant de Sérignan
C’est à la fin des « guerres de religion » que Sérignan a vu naître et grandir Guillaume Courtet. Le registre des baptêmes manque pour l’année de sa naissance mais tous les documents ultérieurs permettent de la situer en 1590 (ou à la fin de 1589) , huit années avant la signature de l’édit de Nantes par Henri IV.
Son père Jehan Cortet (devenu « Courtet » pour garder la prononciation occitane lors de la francisation de la langue au XVIe siècle ?) semble être deuxième consul de Sérignan en 1581. De son mariage avec Barbe Malaure sont issus au moins quatre enfants : Antoine, Marguerite, Guillaume et Alix.
Probablement élève de l’école des chanoines de Sérignan, on peut lui supposer une jeune enfance heureuse au sein d’une famille plutôt aisée. Une plaque, dans la « carriera dels salanquiers » indique l’emplacement de sa maison natale. Ses historiens ont relaté une précoce vocation pour les missions lointaines. Ses propres écrits le confirmeront.
Guillaume a douze ans lorsque sa mère décède. L’année suivante, en 1603, il est choisi comme parrain au baptême d’un fils de Lort, famille seigneuriale de Sérignan depuis un demi siècle. Cela semble témoigner de la bonne réputation dont il jouissait dans sa ville natale. Il est alors élève à Béziers, vraisemblablement au collège des jésuites.
Itinéraire en Languedoc
À 15 ans, Guillaume part à l’université de Toulouse pour des études de philosophie et de théologie. Il est déjà décidé à devenir religieux dominicain. À 17 ans, le 15 août 1607, il est admis au noviciat du couvent d’Albi. Et c’est le 15 août 1608 qu’il y prononce ses voeux de « frère prêcheur », plus précisément, dans la toute jeune congrégation de saint Louis qu’a formée Sébastien Michaëlis.
Guillaume retourne alors à Toulouse continuer ses études et se préparer au sacerdoce. Comme à Albi, sa vie exemplaire et ses dispositions intellectuelles vont le faire remarquer de ses supérieurs. À 22 ans, il est nommé « lecteur » de théologie et commence ainsi une activité d’enseignement qu’il poursuivra toute sa vie dans divers pays. Son père est décédé l’année précédente en 1611.
Guillaume est ordonné prêtre en 1614. Dans les années qui suivent, souvent accompagné de ses novices, il a une intense activité de formateur notamment à Toulouse et à Bordeaux.
C’est vraisemblablement le succès de ses activités qui conduira l’ordre à lui confier en 1624 la charge de prieur du grand couvent d’Avignon. Il quitte alors Toulouse avec plusieurs de ses « disciples » pour cet important ministère. En deux années de priorat, le couvent accueillera 10 nouveaux arrivants.
L’Europe, du nord au sud
Deux ans plus tard, Guillaume est nommé « commissaire » de l’ordre en Europe du Nord avec une mission difficile (qui lui vaudra bien des inimitiés et même une « humiliation fâcheuse » ) de propagation de la réforme de Michaëlis. C’est de cette période que date sa merveilleuse lettre du 30 août 1628 récemment retrouvée . Dans cet écrit, il communique un grand nombre d’informations sur la mission qu’il accomplit et, au passage, nous laisse un clair témoignage de sa vocation : Il « désire ... demander » au Supérieur Général d’être envoyé vers des pays où il sait qu’il courra les plus grands risques ( « les supplices auxquels je me veux exposer » ). Ceci est signé neuf années avant son martyr et il affirme dans cette même lettre qu’il a « toujours » eu ce désir.
La route sera longue. En ces temps, seuls l’Espagne et le Portugal peuvent organiser des missions lointaines. Avec l’accord de ses supérieurs Guillaume va changer de congrégation et arriver à Madrid en 1628. Il va devoir également changer de nom et devient le « Padre Thomas de santo Domingo ». Il attendra cinq ans de plus avant de pouvoir s’embarquer vers l’orient. Ces années espagnoles seront surtout pour lui marquées par la préparation (physique, intellectuelle et spirituelle) de sa mission au Japon et une charge d’enseignement de la théologie. Il y est aussi confesseur de l’ambassadeur de France et conseiller spirituel de la Reine d’Espagne (Isabelle, fille d’Henri IV).
Le clandestin du Japon
À la fin de 1634, Guillaume est enfin autorisé avec une vingtaine d’autres religieux à s’embarquer pour les Philippines via le Mexique. Ils arrivent à Manille le 24 juin 1635. Et là tout en préparant intensément sa mission au Japon, il est à nouveau professeur de théologie.
Partir pour le Japon n’était pas simple. Le christianisme y avait été très bien accueilli avec l’arrivée de saint François Xavier le 15 août 1549. Quarante années plus tard, on y comptait 200 000 fidèles lorsque commencèrent les persécutions.
Après les 26 premiers martyrs crucifiés en 1597, c’est une véritable politique d’élimination totale du christianisme qui se met en place. Elle s’accompagnera d’une fermeture quasi complète du pays. Cette persécution durera deux siècles et demi et fera peut-être deux cent mille martyrs. Ponctuellement, les appels de détresse des chrétiens japonais demandant des prêtres parvenaient toutefois à Manille. Le départ du groupe du père Courtet fut probablement accéléré pour répondre à ces appels.
Le débarquement au Japon se devait évidemment d’être clandestin. Le départ de Manille le fut aussi car interdit par le gouverneur espagnol qui craignait des représailles japonaises : il fit détruire la première embarcation construite par les pères. Mais le 10 juin 1636, Guillaume Courtet, trois autres prêtres et deux laïques réussissent à s’embarquer en secret sur une jonque rachetée à un japonais. Les trois prêtres sont Miguel Aozaraza et Antonio Gonzalez (espagnols) et Vincente Shiwozuka de la Cruz (japonais). Un des deux chrétiens laïques est Lorenzo Ruiz, père de trois enfants, qui fuit (vraisemblablement innocent) la justice espagnole. L’autre est « Lazarre » de Kyoto, un lépreux japonais expulsé de son pays en raison de sa maladie et de sa religion.
Au sortir de la baie, une bourrasque mit à mal ce navire dont l’équipage avait probablement été recruté hâtivement. Il dut relâcher dans une île pour réparer les avaries et repartir quelques jours après.
C’est un mois plus tard , le 10 juillet 1636, que le père Courtet et ses 5 compagnons débarquèrent le plus discrètement possible sur une île de l’archipel de Liou-Kiou. La mission dont le détail est mal connu dura moins d’un mois et demi. Malgré les précautions des chrétiens locaux, le groupe fut repéré et arrêté. Emprisonnés à Kagoshima, ils vont rester enfermés durant un an dans l’attente du procès avant d’être transférés à Nagasaki en septembre 1637.
Le but du voyage
L’horreur et la durée des tortures infligées durant deux semaines pour tenter d’obtenir une apostasie publique sont difficiles à évoquer. Guillaume eut à subir le supplice de l’eau (ingurgitée et régurgitée de force de multiples fois), celui des alênes (grosses aiguilles enfoncées entre chair et ongle dans tous les doigts des mains), ceux de la potence et de la fosse asphyxiante. Guillaume résista sans faillir. Au matin du 27 septembre 1637, il fut retiré vivant de la fosse. Désespérant d’atteindre leur but, les juges firent décapiter les trois qui survivaient. Le père Courtet mourut vraisemblablement le dernier. Son corps, comme celui de ses cinq compagnons, fut aussitôt brûlé et les cendres dispersées sur la mer.
Les témoins ne manquaient pas à ces supplices publics. En 1650 les dominicains de Manille établirent un mémoire contenant une liste de 104 témoins portugais (le port de Nagasaki entretenait encore des échanges commerciaux avec l’occident). Ce sont ces témoins qui ont rap-porté le récit des tortures. C’est aussi grâce à eux que nous connaissons certaines des paroles des martyrs.
Le père Courtet lui-même, au milieu des tourments, précisa la motivation des missionnaires. Il nous est en effet rapporté que les bourreaux s’étonnant qu’ils soient venus au Japon alors qu’ils ne pouvaient pas ignorer le sort qui les attendait, « le P. Guillaume ayant entendu, conjura les assistans de dire de sa part aux juges qu’ils n’estoient pas si ennemis de la vie que le désir de mourir les eusse conduit au Japon ; que le but de leur voyage n’estoit pas d’y laisser la vie mais d’y prescher l’Évangile de Jésus-Christ vray Dieu » .
Sérignan et son martyr à travers les siècles
Le martyre de la fin septembre 1637 n’a probablement été connu en Languedoc que plus d’un an après (la nouvelle n’est parvenue à Manille que le 27 décembre 1637). Mais celle de son départ pour le Japon y avait vraisemblablement préparé ses proches. Elle est en tout cas connue en 1641 lorsque les étudiants en théologie du couvent dominicain de Béziers lui dédient leur thèse. Le souvenir et la vénération de Guillaume se sont exprimés de bien des manières dans sa ville natale au cours du siècle qui a suivi son martyre. La croix devant l’entrée de l’église semble avoir été érigée en son honneur . À défaut de documents écrits, une étude récente sur la fréquence de son prénom semble l’attester. Celle-ci, comparée à celle de 6 autres paroisses du diocèse de Béziers, a augmenté significativement de 70% chez les mariés à Sérignan entre 1666 et 1760. Cela laisse supposer un quasi doublement de cette fréquence chez les baptisés des trois générations qui ont suivi l’annonce du martyre (une proportion notable des mariés n’ayant pas été baptisée à Sérignan). Cette même étude montre qu’au bout d’un siècle la fréquence du prénom Guillaume dans sa ville est revenue se fondre avec celles des autres paroisses. Cette moindre référence n’est pas significative d’oubli. Mais le souvenir s’est probablement réduit à un cercle plus restreint de fidèles sérignanais. Le bouleversement de la révolution n’a pu qu’y rajouter. Parallèlement le souvenir et la vénération se transmettaient dans différentes branches de sa famille comme en témoignent les tableaux qu’elles en firent exécuter durant les siècles suivants et dont le dernier en date semble être celui réalisé par le peintre Roudès en 1856, connu sous l’appellation du « portrait en mandarin ».
Le vénérable de Lacordaire et de Tarniquet
C’est vers le milieu du XIX° siècle (époque propice à la redécouverte des racines et du pa-trimoine) que semble rejaillir la popularité du père Courtet. Plusieurs personnes vont y contri-buer. Le père Lacordaire gardait une vénération privilégiée pour Guillaume : une gravure de son martyre était au-dessus de son prie-Dieu à Sorèze. Son décès en 1861 l’empêchera d’écrire la biographie de son frère de robe dont il souhaitait vivement la canonisation.
Le contexte aida aussi à ranimer la cause. L’Église dès 1831 essaya de renvoyer des missionnaires au Japon. Une première tentative réussit en 1844. Quelques années plus tard le Japon se rouvre (sous la pression internationale) aux échanges avec l’extérieur. On y redécouvre alors l’existence d’une communauté chrétienne qui avait vécu deux siècles et demi dans la clandestinité, sans prêtre, et qui avait su conserver et transmettre l’essentiel du message évangélique. Une mission est ouverte en 1859 . Conjointement Pie IX, en 1862, canonisa les 26 premiers martyrs du Japon de 1597 et, en 1867, béatifia 205 autres de 1617.
C’est dans ce contexte que Jules Courtet (né en 1812), ancien sous-préfet et auteur d’ouvrages variés, publie en 1868, à Avignon, une monographie remarquablement documentée sur la vie du « vénérable » père Courtet.
En 1890, le chanoine Tarniquet, curé de Sérignan, redécouvre l’histoire de Guillaume en compulsant les archives de sa paroisse pour écrire une notice sur la collégiale. Il reçoit de son évêque l’exemplaire de la « photographie » (de la gravure) provenant de la cellule du père Lacordaire. Il entreprend alors, la rédaction de ce qui va devenir un véritable livre . Et à la mi novembre 1891, c’est Monseigneur de Cabrières, l’évêque de Montpellier, qui vient à Sérignan présider un triduum solennel, trois jours de conférences et de célébrations, dans une collégiale pavoisée et relatés en détail dans un ouvrage de l’abbé Bérail .
La statue qui se trouve toujours sur la place de l’église (aujourd’hui baptisée place St-Guillaume Courtet) a été érigée en 1894, à l’initiative du chanoine Tarniquet et avec la participation des paroissiens et des familles du martyr. Le fut de la statue est un élément récupéré sur le tombeau de la famille de Lort (sur les photos d’époque leur blason est encore reconnaissable mais il n’en subsiste plus que la trace aujourd’hui.) Il semble qu’à ce premier regain ait succédé une nouvelle tiédeur dans les manifestations solennelles en l’honneur du père Courtet. Les difficultés entre l’Église et l’État à la charnière des XIXe et XXe siècles ont pu y contribuer : la statue érigée en 1894 n’est elle pas encore cent ans plus tard dressée sur une minuscule parcelle privée de 10 ares ?
Le bienheureux du père Estournet
Après les deux grands conflits mondiaux, la cause canonique de Guillaume va repartir. Joseph Estournet vient d’être nommé curé de Sérignan et il va être, entre autres belles œuvres, le grand artisan de la béatification. Comme son lointain prédécesseur Tarniquet, Joseph Estournet ne connaissait pas le martyr de son compatriote lorsqu’il prit en charge la paroisse de Sérignan. Comme il l’a écrit : «La statue dressée sur le parvis de l’église avait bien attiré mon attention, mes paroissiens fidèles me transmettaient leur fierté de compter un martyr parmi leurs compatriotes ! En ce temps-là j’étais plus préoccupé d’évangéliser mes paroissiens de la terre que ceux qui n’avaient pas besoin de mon ministère, je le croyais » .
Mais par un dimanche d’été 1950 trois membres d’une famille, dont un tout jeune, vinrent le solliciter avec enthousiasme. « [Ils] crurent devoir s’excuser de n’être pas mes paroissiens. [...] Quand mes visiteurs prirent congé, j’avais changé ma conviction » . Et Joseph Estournet se lança dans l’entreprise, créa une association, l’APAPEC (Association des Parents et Amis du Père Courtet) réveilla un peu les différentes familles et entreprit, aidé de « l’équipe sérigna-naise » et de parents, l’immense travail d’accompagnement de la cause canonique. Ce dossier rassemblait en effet au Vatican 16 martyrs du Japon entre les années 1633 et 1637. Ces martyrs étaient originaires de cinq pays différents (Espagne, France, Italie, Philippines, Japon) et, contrairement à Sérignan, la plupart des paroisses avaient oublié jusqu’à l’existence de leur martyr. Le père Estournet parcourut ainsi la planète pour faire renaître ou ranimer les souvenirs, rechercher des documents,... Un ouvrage relatera peut-être un jour toute cette aventure peu connue aux dimensions multiples dans laquelle l’infatigable curé de Sérignan fut entouré de collaborateurs compétents, dévoués et généreux. Un des premiers événements publics marquants à Sérignan fut à la Toussaint 1963, la visite de Monseigneur Yamaguchi, évêque de Nagasaki. Après plus de trente ans d’efforts, le père Estournet connut enfin le succès de son entreprise : le 18 février 1982, accompagné de son évêque et d’une vingtaine de fidèles il était au côté du pape Jean-Paul II, à Manille, pour la béatification de Guillaume et de ses compagnons martyrs, devant une foule bigarrée de plusieurs millions de personnes.
Un saint de Sérignan pour tous
La cause qui avait duré plus de trois siècles et demi ne s’arrêta pas en chemin et c’est seu-lement cinq années plus tard que le chanoine Estournet concélébra avec le pape Jean-Paul II sur la place St-Pierre-de-Rome pour la canonisation : C’était le 18 octobre 1987. Plusieurs centaines de sérignanais et de parents avaient fait le voyage, guidés par le chanoine Estournet et Monseigneur Boffet, évêque de Montpellier, accompagnés de nombreux ecclésiastiques du diocèse sans oublier les représentants des différentes autorités locales et nationales.
Le premier martyr français au Japon est ainsi devenu le premier dominicain français dont la sainteté ait été proclamée par l’Église. La fête liturgique des 16 martyrs (Guillaume, ses cinq compagnons de voyage et de supplice et dix autres martyrs du Japon des années 1633 et 1634) a été fixée au 28 septembre.
Joseph Estournet nous a quittés en 1993. Mais, par ses dernières dispositions il laissait la porte ouverte sur l’avenir : Le « Centre St-Guillaume Courtet » qu’il avait intensément souhaité a été édifié en 1996 et inauguré le 14 septembre 1997 par Monseigneur Jean-Pierre Ricard, évêque de Montpellier. C’est un espace d’exposition, d‘information, de formation, de recherche, de diffusion et d’échanges autour de la vie et de la spiritualité de St Guillaume Courtet et de ses compagnons. Il est situé à deux pas de la collégiale et animé par l’APAPEC Des liens se tissent entre les paroisses des différents martyrs pourtant fort éloignées sur la planète à travers la similitude de l’aventure (et souvent de la démarche personnelle) de leur saint. Des demandes de jumelage sont formulées. Celui qui signait ses lettres « Frère Guillaume Courtet » y est certainement favorable.
Henri Reboul ( 6 décembre 1998)
[modifier] Pierre Jean Olivi(1248 – 1298)
Pierre de Jean Olivi est l’une des figures les plus marquantes, tant de l’histoire intellectuelle occidentale que de l’histoire religieuse du Languedoc dans la deuxième moitié du XIIIème siècle.
Né à Sérignan en 1248 ou 49, entré à l’âge de 12 ans chez les Franciscains de Béziers, il a étudié à l’Université de Paris dans les années 1267-72, au moment de l’effervescence intellectuelle provoquée par la redécouverte de l’ensemble des œuvres d’ Aristote et la présence de Thomas d’Aquin et de Bonaventure. De retour en Languedoc, Olivi enseigne comme « lecteur » dans différents couvents : il est sans doute à Narbonne en 1278-79 et à Montpellier en 1283, c’est là qu’il est atteint par la censure d’une vingtaine de thèses erronées qu’on lui impute : cette condamnation, plus politique que doctrinale, vise d’abord à mettre au pas un esprit trop indépendant, et ruine ses espoirs de carrière universitaire à Paris. Après avoir été suspendu d’enseignement pendant 4 ans (et sans doute assigné au couvent de Nîmes), il est réhabilité en 1287 et nommé « lecteur » dans le prestigieux couvent de Florence (peu après, Dante y a suivi les cours d’un disciple d’Olivi). Il revient à Montpellier en 1289, puis est à nouveau nommé à Narbonne (sans doute dès 1292) où il enseigne jusqu’à sa mort, le vendredi 14 mars 1298.
De son vivant, Olivi a exercé une influence considérable sur les Franciscains de Languedoc et des groupes de Laïcs (les Béguins) qui les entouraient, et suscité des inimités tout aussi fortes. Dès l’année qui suivit sa mort, la lecture de ses œuvres était de nouveau interdite (certains frères sont morts en prison pour avoir refusé de rendre ses livres) et l’archevêque de Narbonne, Gilles Aycelin, prit des mesures contre les Béguins.
Pourtant, le culte d’Olivi se développait : sa tombe, dans le couvent franciscain de Narbonne attirait en pèlerinage des foules importantes, des miracles s’y produisaient (la fameuse Dame Prous Boneta y reçut une illumination) et le 14 mars était célébré dans toute la région. Grâce à l’intervention du célèbre médecin Arnaud de Villeneuve (qui fut sans doute ami d’Olivi) auprès du Pape, un compromis fut trouvé en 1312, les couvents de Narbonne et Béziers étant laissés aux Franciscains « spirituels » qui se réclamaient d’Olivi. Mais en 1317, le Pape Jean XXII intervint plus violemment. Les spirituels étaient cités à Avignon, en dépit d’un appel des consuls de Narbonne qui tentèrent de retarder l’échéance, et quatre d’entre eux furent brûlés à Marseille. Pour mettre fin au culte populaire, le corps d’Olivi fut exhumé en secret (on ne sait toujours pas ce qu’il est advenu) et l’inquisition s’attaqua aux Béguins (dont la propre nièce d’Olivi qui vivait à Sauvian) qui protégeaient les spirituels en fuite.
L’œuvre d’Olivi, actuellement en pleine redécouverte, constitue une contribution de premier ordre à la grande scolastique. Au point de vue philosophique, il s’agit de l’une des premières discussions méthodiques des thèses de Thomas d’Aquin, qui a aboutit à des positions souvent originales. La reformulation Olivienne des questionnements traditionnels de l’école franciscaine a revêtu une importance décisive dans les décennies suivantes, malgré l’interdit pesant sur la lecture de ses œuvres (notamment pour Jean Duns Scot, Guillaume d’Ockham, Pierre Auriol, Durand de Saint Pourçain) mais l’on retrouve également certains de ses thèmes spécifiques chez les Jésuites Espagnols et jusque chez Descartes. L’un des ressorts paradoxal de sa démarche, vise à défendre la vérité révélée contre les erreurs des philosophes, en attaquant ces derniers sur leur propre terrain, et en réclamant, en ce domaine, une très large liberté d’enquête.
Son "Traité des contrats" qui analyse la moralité des actes marchands en établissant notamment une distinction entre « argent » et « capital » constitue l’ouvrage le plus marquant en ce domaine de tout le Moyen Age.
Mais les deux aspects de son œuvre qui ont suscité la ferveur et les attaques concernent la pauvreté Franciscaine et l’interprétation de l’Apocalypse.
Sur le premier point, Olivi soutient que les franciscains, outre l’abandon de toute propriété, sont liés par leur vœu à un « usage pauvre » des biens dont ils disposent. Cette notion visait plus un certain esprit que des prescriptions déterminées, mais les spirituels l’ont interprété de façon bien plus rigide, et se sont battus pour ne posséder, par exemple, ni grenier à provisions, ni manteau supplémentaire pour l’hiver.
Sur le second point, s’inspirant de Joachim de Flore, Olivi est l’un des premiers à envisager, après un premier combat contre l’Antéchrist, une période de paix et de compréhension spirituelle de 600 ans. Certain de ce schéma d’ensemble et des persécutions et tentations qu’auraient à surmonter les Franciscains, Olivi s’est retenu d’identifier avec précision les événements contemporains, et a maintenu comme principes l’obéissance au Pape et l’unité de l’ordre franciscain. Au contraire, les spirituels ont vu la main de l’Antéchrist chez leurs adversaires, et ont tragiquement interprété les persécutions qu’ils subissaient comme signe de leur élection .
Si l’on ne sait presque rien de la famille d’Olivi et de son milieu d’origine, l’importance de son ancrage local ne fait aucun doute. C’est dans le contexte d’une région marquée par la répression du catharisme, hostile aux Dominicains mais accueillante aux Franciscains, qu’il faut comprendre ce personnage aussi fascinant que complexe Bernard Delicieux, qui fut sans doute l’élève d’Olivi, puis son successeurs comme lecteur à Narbonne, confronté à un regain de catharisme à Carcassonne, Albi et Castres, s’est opposé à l’inquisition Dominicaine, en cherchant à réintégrer dans l’église, de façon plus souple, les élites locales déviantes. En bas Languedoc, c’est le courant de spiritualité exigeante dans lequel s’inscrit Olivi, qui a sans doute prévenu l’émergence de ce « second catharisme » en fournissant une expression à ces aspirations diffuses. Et, n’eut été la répression sanglante du mouvement qui se réclama de lui, il s’en est fallu de peu qu’il ne devienne l’un des saints les plus intensément vénérés du Languedoc.
Le colloque, organisé à Narbonne et à Sérignan en 1998 autour de la date précise du septième centenaire de sa mort, se proposait d’examiner l’ensemble des aspects de son œuvre, et du surprenant accueil populaire qui lui a été réservé, et de chercher à en saisir la cohérence. Plus que d’une simple célébration, il s’agissait de faire le point sur les travaux en cours et de coordonner une recherche foisonnante, autour d’une personnage dont l’importance et l’originalité ne cessent de s’affirmer.
Note : seule la forme latine de son nom est attestée : Petrus Joannis Olivi. Diverses reconstitutions de son nom en Français ont été proposées : Pierre de Jean Olieu, Déjean Olieu, Janolieu, etc…La dimension internationale du colloque nous a incité à conserver la forme latine, adoptée depuis un siècle par la communauté des chercheurs.
Bibliographie :
Parmi les ouvrages disponibles en Français, il faut mentionner en premier lieu la traduction du livre de David Burr, l'’istoire de Pierre Olivi, Franciscain persécuté. Le Cerf –Editions Universitaires de Fribourg (coll. Vestigia 22) 1997 (édition originale Philadelphie 1976). François-Xavier Putallaz, Insolente liberté. Controverses et condamnations au XIIIème siècle, ch. 4, « Pierre de Jean Olivi ou la liberté exaltée ». Le Cerf - Editions Universitaires de Fribourg (coll. Vestigia 15) 1995. Raoul Manselli, Spirituels et Béguins du Midi, trad J. Duvernoy, Toulouse. Privat 1981 (éditions originale, Rome 1959). Franciscains d’Oc. Les Spirituels, 1280-1324 (Cahiers de Fanjeaux, 10) Toulouse Privat 1975. Jean Louis Biget, « Autour de Bernard Délicieux. Franciscains et société en Languedoc entre 1295 et 1330 » in Mouvements Franciscains et société française. XIIIème-XXème siècle. André Vauchez dir. Paris. Beauchesne, 1984 pp75-93.
[modifier] Richard Gasquet
Joueur de tennis français.
[modifier] Liens externes
- Site officiel de la ville
- Le blog des fêtes de la Ville (photos, vidéos, annonces)
- Sérignan sur le site de l'Institut géographique national
- Sérignan sur le site de l'Insee
- Sérignan sur le site du Quid
- Localisation de Sérignan sur une carte de France et communes limitrophes
- Plan de Sérignan sur Mapquest