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The Beatles - Wikipédia

The Beatles

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

The Beatles
Informations
Lieu
d'origine
Liverpool, Angleterre
Années
d'activité
19581970
Genre(s)

Pop rock

Label(s) Parlophone
Capitol Records
Apple Records
Site officiel beatles.com
Membres
Derniers
membres
en date
John Lennon
Paul McCartney
George Harrison
Ringo Starr
Anciens
membres
Stuart Sutcliffe
Pete Best
Entourage du groupe Brian Epstein
George Martin
Billy Preston
Yōko Ono

The Beatles fut un groupe de rock anglais, qui demeure, en dépit de la séparation de ses membres en 1970, l'un des groupes de rock les plus populaires au monde. En neuf ans d'existence, les Beatles firent paraître 12 albums et composèrent plus de 200 chansons[1], de 1961 à 1970.

Les chansons des Beatles ont marqué les années 1960 et les générations suivantes et leurs mélodies ont été adaptées à de nombreux styles musicaux, notamment le jazz ou le classique (symphonique). Aujourd’hui, le groupe jouit toujours d’une grande popularité, leurs chansons sont jouées et reprises dans le monde entier. Les auteurs-compositeurs John Lennon et Paul McCartney (connus en duo sous le nom de Lennon/McCartney) restent célèbres comme créateurs de standards qui ont fait l’objet de quelques milliers d’adaptations dans les décennies qui suivirent.

Les Beatles demeurent les artistes ayant vendu le plus grand nombre de disques au monde. Le dernier chiffre publié (dans les années 1980) dénombrait plus de 1 milliard de supports sonores vendus à travers la planète. Un biographe de Paul McCartney a calculé par ailleurs dans les années 1970 qu’à tout moment, l’une des 1 200 interprétations de la chanson Yesterday était jouée par une radio quelque part dans le monde[2].

Sommaire

[modifier] Membres du groupe

John Lennon a résumé les débuts du groupe ainsi :

« Il était une fois trois petits garçons nommés John, George et Paul, de leur nom de baptême. Ils décidèrent de se mettre ensemble parce qu’ils étaient du genre à se mettre ensemble. Quand ils furent ensemble, ils se demandèrent pour quoi faire, après tout. Alors il leur poussa tout à coup des guitares et ils formèrent du bruit. Au début, cela n’intéressait personne. » 

[modifier] Le cinquième Beatle

Un titre de cinquième Beatle fut attribué à un moment ou à un autre à :

  • Stuart Sutcliffe pour son rôle aux débuts du groupe, notamment à Hambourg.
  • Brian Epstein, découvreur, puis agent des Beatles.
  • George Martin, premier responsable d'une maison de disques (Parlophone, division de EMI) à croire en eux, il produisit la quasi-totalité de leurs albums et écrivit la plupart des arrangements et des instrumentations avec les Beatles. Il continua par la suite à travailler avec Paul à partir de 1981.
  • Neil Aspinall, road manager des Beatles à partir de 1963. Il est toujours à la tête de la maison de disques Apple.
  • Billy Preston, organiste, qui participa à l'enregistrement de l'album Let it Be.
  • L'artiste Klaus Voormann (dessinateur de la pochette "Revolver") qui a parfois remplacé Paul Mc Cartney pour certaines parties de basse quand ce dernier était indisponible.

Pour sa contribution extrêmement active à la musique des Beatles, dont il fut le producteur du début à la fin de leur carrière discographique, c'est sans doute George Martin qui mérite le plus ce titre symbolique...

[modifier] Les débuts

Le 6 juillet 1957, à Woolton, dans la banlieue de Liverpool John Lennon et son groupe de skiffle The Quarrymen donnent un concert pour la fête paroissiale de l'église St Peter. À la fin du concert, Ivan Vaughan, un ami commun, présente Paul McCartney à John Lennon. Paul prend alors une guitare et joue "Twenty Flight Rock" d’Eddie Cochran devant un John un peu éméché mais néanmoins très impressionné. Quelques jours plus tard, Pete Shotton, autre membre des "Quarry Men" propose à Paul de se joindre au groupe. Paul, qui n'a que 15 ans accepte.
En février 1958, sur l'insistance de Paul, et malgré les réticences de John qui le trouve vraiment trop jeune, George Harrison, intègre le groupe comme guitariste solo. À trois, ils forment les Silver Beetles et jouent dans les clubs de Liverpool, comme le Jaracanda, coffee-shop dirigé par leur manager Alan Williams ou la Casbah, qu'ils inaugurent en août 1958 et où Pete Best les rejoint comme batteur. D'autres portes s'ouvrent ensuite, dont le Cavern Jazz Club, alors que le Rock'n'Roll et le Mersey Beat, style des groupes de Liverpool devient populaire dans cette ville.
Les futurs Fab Four utilisaient déjà le mot Beatles[3] au début de 1960. Il s'agit en fait de références au groupe accompagnant Buddy Holly (The Crickets) et au film L'Équipée sauvage avec Marlon Brando, où il est question d'un gang du nom de "Beetles", d'une part et au rythme (beat) du rock'n'roll (appelé beat music) d'autre part. Les quatre adoptent définitivement cette appellation (attribuée à John Lennon et Stuart Sutcliffe) dans le courant d'avril 1960 juste après leur première période à Hambourg où ils rencontrent Klaus Voormann et Astrid Kirchherr.

Autodidactes, influencés par le rock'n'roll, (Chuck Berry, Buddy Holly, Elvis Presley, Little Richard, Gene Vincent en particulier) et le blues noir américain, ils jouent les morceaux de rock du moment à l’oreille, sans partitions.

Leur premier engagement sérieux a lieu à Hambourg en AllemagnePete Best devient leur premier batteur, Stuart Sutcliffe leur bassiste. Il décède cependant en 1962 d'une congestion cérébrale.

Pour satisfaire le public de ces clubs, les Beatles élargissent leur répertoire, donnent des concerts physiquement éprouvants, et recourent aux amphétamines. Lors d'une de ces soirées, ils croisent le batteur du groupe « Rory Storm and the Hurricanes », nommé Ringo Starr dont ils envient la notoriété.

À leur retour d’Allemagne, les Beatles ont acquis la maturité qui leur manquait, techniquement d'abord, sur scène ensuite. Après leurs trois voyages formateurs à Hambourg, en décembre 1961, Brian Epstein vient voir les Beatles au Cavern Club, le café souterrain où ils se produisent. Disquaire à l'origine, Epstein n’a jamais dirigé de formation musicale auparavant mais connaît quelques-uns des à-côtés qui mènent à la popularité d'un artiste. Il va devenir leur mentor et les propulser au rang de musiciens professionnels. Il va leur faire adopter une nouvelle tenue vestimentaire et abandonner les vêtements en cuir. Les Beatles devront maintenant jouer en complet veston, comme les professionnels, avec leur coupe de cheveux caractéristique[4], la coupe Beatles, déjà celle du personnage Moe dans les Trois Stooges[5]. Brian Epstein fait aussi le tour des maisons de disques afin de leur faire signer un contrat d’enregistrement.

Après de multiples tentatives auprès des grandes compagnies discographiques, dont un échec célèbre chez Decca[6], seul George Martin, alors producteur chez Parlophone, une division d’EMI, se montre intéressé. Mais il n’aime pas beaucoup le style de Pete Best et suggère de le remplacer pour les sessions d’enregistrement. Le groupe s'en sépare pour le remplacer par Ringo Starr (Richard Starkey) en août 1962, et restera ainsi jusqu'à leur séparation. Ils enregistrent en septembre de la même année leur premier 45-tours : Love Me Do. Il est à noter que sur la version de Love Me Do présente sur l’album Please Please Me, le batteur est Andy White, un musicien de studio tandis que sur le single publié le 5 octobre 1962, c'est la version sur laquelle Ringo Starr joue de la batterie.

À l'instigation de Brian Epstein qui met à profit sa connaissance de disquaire, les Beatles alterneront des sorties de disques isolées ("45 tours" ou "singles", deux titres) qui ne seront pas sur les albums et d’albums dont seront extraits des singles lancés plus tard, accréditant ainsi l’idée qu’acheter un album des Beatles est une valeur sûre où l’on trouve déjà les succès que les autres ne découvriront que demain.

Pete Best, amer, sortira son propre album, Best, of the Beatles (notez la virgule !), mais celui-ci restera anecdotique. Les bizarreries des Beatles plus recherchées à l’époque sont leurs premiers albums avec Tony Sheridan sous le nom de Beat brothers, leurs chansons qu'ils interprètent en allemand, où ils se contentent de réenregistrer leur voix sur les bandes instrumentales existantes et même… des chansons sorties en 78 tours en Inde !

[modifier] La « beatlemania »

Le 5 octobre 1962 sort Love Me Do qui n’atteint que le 17e rang au palmarès britannique. Ce n’est pas encore la « beatlemania ».

Leur deuxième 45-tours, Please Please Me, dont les paroles sont ambiguës pour l’époque (« You don’t need me to show the way, girl » !) est propulsé au premier rang. Les Beatles obtiennent ainsi l’opportunité d’enregistrer un album complet, ce qu’ils feront en 585 minutes. Intitulé Please Please Me (février 1963), cet album atteint également la tête du hit parade et n’y sera remplacé que par le deuxième album des Beatles, With The Beatles. Ils seront exportés respectivement sous les noms de Meet The Beatles et The Beatles' Second Album, spécifiquement pour les États-Unis, en ayant préalablement subi divers traitements tels que le raccourcissement de la tracklist, la modification de l'ordre des pistes, ou bien celle du son (écho, stéréo, ...), etc.

Les succès se suivent : From me to you en avril, puis She loves you en août sont classés numéro 1 au hit-parade. She loves you rend les Beatles célèbres dans toute l’Europe.

Ils entreprennent des tournées mondiales, mais les maisons de disque américaines affichent leur mépris pour ce qu'ils pensent être un phénomène passager. Leur cinquième 45-tours I Want To Hold Your Hand, est leur premier N°1 sur le marché américain (1er février-14 mars 1964) et sera détrôné par She Loves You (21-28 mars), suivi de Can't buy me Love (4 avril-2 mai) ! : la « beatlemania » qui avait débuté au Royaume-Uni se propage de l’autre côté de l’Atlantique. Là-bas pourtant leurs disques seront brûlés quand John déclare en 1966 qu'ils sont plus populaires que Jésus.

Il s'en expliquera pourtant immédiatement avec vigueur, remarquant que s'il avait parlé ainsi de la télévision plutôt que des Beatles, chacun n'aurait pu qu'acquiescer. Il conclut sa conférence de presse en disant « Je ne vois pas un mot à changer à mes propos. Je peux à la rigueur vous présenter des excuses au cas où cela vous ferait plaisir ».

Les États-Unis, alors en pleine guerre du Viêt Nam, voient leurs soldats se battre et mourir, acceptent mal les propos d'un Britannique désinvolte, et pourtant ces propos ne les visaient pas particulièrement...

[modifier] Analyse du phénomène

La «beatlemania» fut un phénomène d’ampleur et à plusieurs facettes. La jeunesse prend goût à se coiffer et s’habiller à la Beatles, comme en témoignent les photos de l'époque, prises dans les rues. Par exemple, des disquaires se spécialisent sur la discographie des Beatles, et pour mieux gérer ses stocks la société EMI/Parlophone propose la présouscription des albums à suivre, même s'ils sont encore à l'état de projet. L’atmosphère hystérique des concerts rend parfois ceux-ci presque inaudibles; le premier ministre britannique remarque néanmoins que ces artistes constituent pour le pays une excellente « exportation », notamment en termes d’image : celle de jeunes gens souriants, polis, bien habillés, et pleins d’un humour très britannique lors des interviews. Ils seront décorés par la reine du Royaume-Uni, le 12 juin 1965, de la médaille de Member of the British Empire (MBE). C’est en fait la plus basse des décorations. Qu’importe ! Certains MBE, froissés, renverront par dépit leur propre croix à Sa Très Gracieuse Majesté. Les vrais honneurs arriveront beaucoup plus tard, quand Sir James Paul McCartney, ainsi que Sir Michael Jagger, des Stones seront anoblis.

Ils vont profiter des grands débuts de l’ère de la communication, donner des concerts dans des salles de plus en plus grandes, se servir de l’essor de l’industrie musicale et de la télévision avec des émissions de plus en plus regardées par un public essentiellement composé des jeunes de tous les pays : les Beatles furent les premiers à passer dans une émission diffusée en « Mondovision », dans le monde entier en juin 1967 (avec la chanson All You Need Is Love).

Depuis 1965, les Beatles ne chantaient pratiquement plus qu’en playback à la télévision et Paul s’en expliquait : « Nous faisons un très important travail de studio, corrigeant inlassablement la moindre imperfection avec une précision maniaque. Pas question d’offrir aux téléspectateurs, alors que ce son existe, un autre son déformé par les mauvais studios des plateaux de TV ». Toujours en 1965, les Beatles prennent la résolution de ne plus donner d’autographes : « Nous n’avons tout simplement pas assez de bras, et nous devons tout de même pouvoir utiliser nos guitares de temps en temps ! ».

Les Beatles ont l'intelligence de mêler à des standards du rock comme Kansas City des chansons susceptibles de plaire à la génération précédente (Till There Was You, You Really Gotta Hold on Me ; Besame Mucho restera dans les cartons). Notons que ces chansons, - y compris Besame Mucho font partie du répertoire des Beatles depuis Hambourg.[7]

Pour ne pas se faire cataloguer comme « Mods » et perdre le public des « Rockers », Brian Epstein a eu une idée : les Beatles, retrouvant un moment le cuir de leurs débuts, vont sortir un disque de quatre titres de rock pur et dur (Matchbox, I Call Your Name, Long Tall Sally, et Slow Down) qui sera le « disque des initiés » et montrera « ce que les Beatles savent vraiment faire quand ils le veulent ». Satisfaits par cet os à ronger, les rockers ne dénigreront plus les Beatles eux-mêmes, mais les fans qui achètent leurs autres disques et ne sachant pas ce qu’est la vraie musique des Beatles, qui ont montré qu’ils savaient faire bien mieux que de la pop. La présence d’un « standard de rock » deviendra pour se concilier ce public (mais aussi pour se faire plaisir) un incontournable des albums[8].

Dans le film A Hard Day’s Night, tourné en noir et blanc pour ne pas coûter trop cher, mais aussi pour masquer le fait qu’ils n’ont pas la même couleur de cheveux, et confié à Richard Lester, les Beatles orchestrent habilement leur propre légende, avec un humour très britannique. Cet humour devient délirant avec Help !, à l’été 1965 (couleurs), où les Beatles se moquent d’eux-mêmes. On va jusqu’à les comparer aux Marx Brothers, ce que John estime excessif. George Harrison, lui, noue une solide amitié avec Eric Idle et le groupe des Monty Python.

L’humour britannique reste une composante incontournable des Beatles. Quelques exemples tirés d’interviews :

« - Que craignez-vous le plus ? La bombe atomique ou les pellicules ? (ricanements)
- La bombe atomique, puisque nous avons déjà des pellicules (hurlement de rire de l’auditoire) »

« Pouvez-vous nous chanter quelque chose ?
- L’argent d’abord ! »

« Répétez-vous beaucoup ?
- Pour quoi faire ? Nous jouons déjà en concert tous les soirs, vous savez. »

« Vous jouiez autrefois des standards. Pourquoi ne le faites vous plus ?
- Parce que maintenant, nous en créons. »

« Ringo, êtes-vous des mods ou des rockers ?
- Personnellement, je suis un moqueur (sera repris dans le film A Hard Day’s Night) »

« Comment avez-vous trouvé l'Amérique ?
- En tournant à gauche au Groenland ! »

L’album Rubber Soul sera plus tard ainsi nommé pour pasticher l’expression plastic soul (âme influençable). Rubber SOLE, qui se prononce presque à l’identique, signifie semelle de caoutchouc !

John Lennon avait soigné son personnage avant-gardiste en écrivant en 1964 et 1965 deux livres de courtes nouvelles dans un style imagé et surréaliste, In His Own Write, puis A Spaniard in the Works. La critique de l’époque ne leur fait pas bon accueil, mais Christiane Rochefort traduira le premier sous le titre En flagrant délire.

Entre-temps, le Beatles fan club travaille à chouchouter un réseau de fans à qui on concède des bonus (photos inédites, disques hors commerce offerts à Noël) fans qui contribuent à entretenir la popularité des Beatles dans l’opinion. Interviennent Brian Epstein pour la partie organisation et George Martin pour la partie musicale. Dès le début des années 1960, George Martin fait à tout hasard enregistrer un album de musique symphonique inspirée des Beatles. Un autre, plus élaboré, suivra bien plus tard pour le remplacer. Vers l’an 2000, un CD nommé Beatles Go Baroque et issu des pays de l’Est fera de même.

[modifier] La conquête de l'Amérique

Les Beatles donnent une série de concerts à l’Olympia à Paris, du 16 janvier au 4 février 1964 et sont logés à l’hôtel George V où ils apprennent qu’ils viennent de décrocher leur premier N°1 aux États-Unis : c’est I Want To Hold Your Hand. Une scène de grande joie collective s’ensuit. Trois jours après leur dernière prestation dans la salle parisienne, une foule immense est à leurs côtés à l’aéroport londonien d’Heathrow, au moment où ils s’embarquent pour le nouveau monde. De l’autre côté de l’Atlantique, c’est encore la foule (plus de 3.000 fans surexcités) qui les attend lorsqu’ils se posent sur le tarmac du John Fitzgerald Kennedy Airport de New York, le 7 février 1964. Un incroyable évènement va secouer l’Amérique moins de 48h plus tard : plus de 70 millions de personnes assistent en direct à leur première prestation télévisée, lors du Ed Sullivan Show diffusé sur CBS le 9 février. Cette audience, record absolu pour l’époque, reste encore de nos jours parmi les plus élevées de l’histoire.

Après un premier concert dans des conditions difficiles au Coliseum de Washington (la scène est au milieu de la salle, comme un ring, la batterie doit pivoter et les musiciens se retourner pour faire face à une partie ou à l’autre du public, Le matériel fonctionne mal…) et un nouveau passage dans le Ed Sullivan show en direct de Miami le 16 février, les Fab Four rentrent au pays. L’Amérique est emportée par la beatlemania, rendez-vous est pris pour une première tournée de 25 dates à travers le pays, à guichets fermés, du 19 août au 20 septembre 1964. C’est pendant cette tournée estivale des États-Unis que les Beatles rencontrent Bob Dylan, et que ce dernier leur fait essayer la Marijuana pour la première fois. Une «découverte» qui aura une importance incontestable dans l’évolution de leur musique. La légende veut que Dylan ait pris le "I can't hide" (je ne peux le cacher) de I Want To Hold Your Hand pour "I get high" (je plane) et qu'il ne se soit ainsi pas gêné pour proposer un "reefer" aux Beatles.

L’histoire d’amour entre les Beatles et l’Amérique, où ils enchaînent les N°1 en 1964 et 1965, trouve un point d'orgue le 15 août 1965 en ouverture de leur 2e tournée outre-Atlantique. Ce jour là, ils sont le premier groupe de rock à se produire dans un stade, le Shea Stadium de New York, devant 70.000 fans déchaînés et dans des conditions… pas prévues pour ce genre de spectacle dans telle une arène, sous les hurlements de la foule. Les Beatles se produisent seulement munis de leurs amplis Vox, et sont repris par la sono du stade, c'est-à-dire les haut-parleurs utilisés par les «speakers» des matches de base ball. Bref, on peut quasiment dire que ni eux ni le public n’entendra clairement une note de cette prestation historique. Les documents filmés ce jour là démontrent cependant que les Beatles arrivent à jouer, et que c’est John Lennon qui les empêche de se retrouver paralysés par l’évènement en multipliant les pitreries, comme parler charabia en agitant ses bras pour annoncer un titre en se rendant compte que personne ne peut l'entendre, ou maltraiter un clavier avec ses coudes au moment de l’interprétation de I’m down.

Les voilà abonnés aux premières places des charts américains jusqu’à la fin de leur carrière.

[modifier] Vers Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band

À l’automne 1965, ils enregistrent un album charnière dans leur carrière : Rubber Soul. Il marque une progression vers des textes plus philosophiques, plus fouillés (la poésie de Lennon, l’influence de Bob Dylan déjà présente dans You’ve Gotta Hide Your Love Away de l’album Help!), aux thèmes plus sérieux. La musique est devenue très raffinée et élaborée, les techniques d'enregistrement en studio sont en progression, le temps qui y est passé également.

La chanson Girl plaît alors à une majorité - toutes générations confondues - et consacre les Beatles comme musiciens tout court et non musiciens pour les jeunes. Innovation dans la musique rock, John Lennon est accompagné par un sitar joué par George Harrison (qui s'intéresse de plus en plus à la musique indienne) dans son titre Norwegian Wood.

In My Life est une chanson de John que l'on peut comparer à There’s a Place, car les deux titres s'apparentent à un bilan du chemin parcouru : au départ un groupe à l’harmonie vocale de qualité (sa maîtrise de la polyphonie n’a pas été étrangère à son succès et a presque relégué aux oubliettes les précédents champions américains du genre, les Four seasons), œuvrant dans la plus grande économie de moyens ; en 1965, la musique prend une bien plus grande importance que les voix, dont les fans les plus attentifs remarquent d’ailleurs qu’elles « commencent à s’altérer ». La raison ? Beaucoup de concerts cette année-là, bien sûr, mais aussi des transformations électroniques. Et en particulier un procédé inventé à la demande des Beatles : alors que c’est la complémentarité de leurs voix qui avait fait leur succès, John comme Paul préfèrent maintenant le double tracking, où chacun chante en double avec lui-même à l'unisson. Le procédé est toutefois «lent» et «fastidieux», car tout doit être fait en double. Cela dit, les harmonies vocales restent bien présentes (Drive My car, Nowhere Man, If I Needed Someone, The Word, Wait) et ils continuent à s'amuser comme des garnements en choeur, comme sur le pont de la chanson Girl de John Lennon, que McCartney et Harrison ponctuent par des "Tit tit tit tit" (sein en anglais).

Rubber Soul se caractérise par une rupture, qui est celle de la «trame 4 périodes» typique des premières chansons des Beatles : un couplet, un autre couplet, un moment d’instrumental, une reprise du second couplet. Les Beatles, qui ne veulent pas devenir victimes d’un «procédé», rendent ici l’alternance de leurs parties chantées et vocales moins prévisible. Rupture encore : la 4e plage de Rubber Soul, Nowhere Man n'est rien d'autre que le premier titre des Beatles qui n'est pas une chanson d'amour.
La technique d'écriture en tandem de John Lennon et Paul McCartney est à son apogée. Au quotidien ou quasiment, l'un amène une chanson dont la trame est plus ou moins avancée, l'autre y ajoute des paroles ou une idée musicale supplémentaire.

À l’époque, la plus sérieuse émulation pour Beatles vient d’outre-Atlantique. En effet si les Rolling Stones commencent tout juste à émerger en adoptant volontairement une attitude de mauvais garçons, ce sont les Beach Boys qui opposent les qualités les plus grandes en termes d’harmonies vocales, de recherches mélodiques et de techniques d’enregistrement. L’album Pet Sounds, conçu par Brian Wilson comme une réponse aux innovations de Rubber Soul sera d’ailleurs une source d’inspiration pour Sergent Pepper.

Le marketing, lui, n’a pas perdu ses droits. On avait laissé filtrer une information indiquant que dans cet album le batteur Ringo quittait sa batterie pour jouer de l’orgue. Lors de la sortie de l’album, tout le monde cherche la plage concernée (c’est I’m Looking Through You) dans l’espoir d’y découvrir un morceau de virtuosité du style de la Toccata en ré mineur de Bach (BWV 565). Éclat de rire ! Ringo répète en fait d’un bout à l’autre de la chanson le même accord : le côté farceur des Beatles a encore frappé.

À l’été 1966, leur album suivant Revolver est de la même veine. And Your Bird Can Sing reprend et développe des effets de guitare qui n’apparaissaient que discrètement à la fin de Ticket To Ride. John Lennon est au meilleur de sa forme et innove beaucoup avec Dr Robert, Tomorrow Never Knows, She Said, She Said et I’m Only Sleeping où le solo de guitare est passé à l'envers. Paul McCatney n'est pas en reste avec Eleanor Rigby, For No One, Here There and Everywhere et a aussi l'idée de la chanson Yellow Submarine pour Ringo Starr. Le sitar indien, qu’on avait déjà timidement entendu dans Norvegian Wood, a séduit George Harrison ; son admiration pour l’Inde, dont il ne se départira plus, devient flagrante avec Love You To. Une autre chanson de George Harrison ouvre le disque: "Taxman". La pochette est dessinée par leur ami Klaus Voormann.

Tomorrow Never Knows, dernier titre de "Revolver", est un cas particulier : joué sur un seul accord, incluant des boucles sonores préparées par Paul, des bandes mises à l'envers, mixé en direct avec plusieurs magnétophones en série actionnés par autant d'ingénieurs du son, il ouvre l'ère du Rock psychédélique. Les prouesses de George Martin et des ingénieurs du son des studios EMI vont jusqu'à répondre aux demandes de John Lennon, désirant que sa voix évoque celle du Dalai Lama chantant du haut d'une montagne. Effet qu'ils élaborent en faisant passer la voix de John dans le haut-parleur tournant d'un Orgue Hammond qu'on appelle un Leslie Speaker. Le Leslie tourne sur lui-même pour donner au son de l'orgue un effet tournoyant, et il donnera à la voix de John l'air de surgir de l'au-delà. "De tous les morceaux des Beatles, c'est celui qui ne pourrait pas être reproduit : il serait impossible de remixer aujourd'hui la bande exactement comme on l'a fait à l'époque; le 'happening' des bandes en boucle, quand elles apparaissent puis disparaissent très vite dans les fluctuations du niveau sonore sur la table de mixage, tout cela était improvisé" écrira George Martin dans son livre "Summer of love, The Making of Sgt Pepper's"

[modifier] L'arrêt des tournées

Jusqu’en 1966, les Beatles enchaînent à un rythme infernal tournées, compositions, sessions d'enregistrement et sorties de «singles» et d’albums. Mais plus leur succès grandit, plus leurs prestations publiques se déroulent dans des conditions impossibles, dans des salles de plus en plus grandes alors que les moyens de sonorisation sont encore balbutiants, et surtout, sous les cris stridents de la gent féminine qui couvre complètement leur musique, au point qu’ils ne s’entendent pas jouer et se rendent compte que le public ne les entend pas non plus.

La différence entre leur production en studio, de plus en plus complexe et ce qu’ils arrivent à «sortir» sur scène devient criante. Leur répertoire scénique reste quasiment le même au fil des années, et ils constatent les dégâts dès qu’ils s’attaquent à des titres plus récents, comme par exemple Nowhere Man ou Paperback Writer.

Des évènements vont se succéder à l’été 1966 qui vont précipiter leur décision de mettre un terme définitif à ce que John Lennon considèrera comme «de foutus rites tribaux». C’est tout d’abord à Manille, aux Philippines, qu’ils passent tout près d’un véritable lynchage pour avoir malencontreusement snobé à leur arrivée une réception donnée en leur honneur par la redoutable Imelda Marcos, épouse du dictateur, la veille de leur concert le 4 juillet. Une foule hostile les attend à l’aéroport lorsqu’ils repartent, ils sont agressés, parviennent jusqu'à leur avion qui va rester bloqué sur la piste le temps que leur manager Brian Epstein aille se faire délester de la recette de leur concert.

Cette énorme frayeur les décide déjà à tout arrêter, mais il leur reste des dates estivales à honorer aux États-Unis. Là bas, ils subissent les conséquences de la tempête provoquée par les paroles de John Lennon : «Nous sommes devenus plus populaires que Jésus-Christ». Ils reçoivent des menaces, notamment du Ku Klux Klan. Ils craignent pour leur sécurité alors qu’ils se produisent dans des stades et que les conditions restent détestables. Ils n’en peuvent plus. La dernière date de cette tournée, le 29 août 1966 au Candlestick Park de San Francisco, sur une scène entourée de grillages, au milieu d'un pelouse où la chasse policière au fan déchaîné bat son plein, devient leur dernier concert tout court.

Ringo Starr :

« À Candlestick Park, on s'est sérieusement dit que tout ça devait s'arrêter. On pensait que ce concert à San Francisco pourrait bien être le dernier, mais je n'en ai été vraiment certain qu'après notre retour à Londres. John voulait laisser tomber plus que les autres. Il disait qu'il en avait assez. » 

John Lennon :

« Je suis sûr qu'on pourrait envoyer quatre mannequins de cire à notre effigie que les foules seraient satisfaites. Les concerts des Beatles n'ont plus rien à voir avec la musique. Ce sont de foutus rites tribaux. » 

George Harrison :

« C'était trop, toutes ces émeutes et ces ouragans. La Beatlemania avait prélevé sa dîme, la célébrité et le succès ne nous excitaient plus. » 

L’arrêt des tournées marquera une première fissure dans la carrière des Beatles, partant du principe qu’un groupe de rock’n’roll qui ne joue plus sur scène n’est plus vraiment un groupe. D’ailleurs, tandis que John s’exclamera «Mais qu’est-ce que je vais faire maintenant ?» (il partira en fait tourner le film How I Won the War à Almeria en Andalousie avec Richard Lester), George déclarera tout de go «Je ne suis plus un Beatle désormais».

Il faudra que Paul McCartney entraîne tout le monde dans un nouveau projet pour que ce ne soit pas la fin… mais un nouveau départ, loin des foules hystériques. Un projet qui consistera à envoyer un autre groupe, imaginaire, en tournée à leur place. Celui du Club des Cœurs Solitaires du Sergent Poivre.

[modifier] Le triomphe de Sgt. Pepper's

Adieu les tournées. A l'entrée de l'hiver 1966, les Beatles s'installent quasiment à plein temps dans les studios EMI d'Abbey Road, Ils vont en exploiter toutes les possibilités. C'est le début de la période qui sera définie comme "The studio years". Ils s’amusent à coller des bouts des chansons, à lancer des bandes de musique par terre et à les recoller au hasard, à passer des morceaux à l’envers (Rain), en accéléré, à mélanger de nombreux instruments, des violons, des instruments traditionnels ou même des orchestres. Le glissando de cordes d'A Day in the Life est clairement repris de Krzysztof Penderecki (Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima, 1960) et de Iannis Xenakis (Metastasis, 1955).

Pour répondre à leurs besoins, George Martin et son équipe doivent aller de plus en plus loin. Ils inventent ainsi le "vari speed" qui permet de faire varier la vitesse de défilement de la bande (procédé qui sera notamment utilisé sur Lucy In The Sky With Diamonds pour la voix de John Lennon) et le "reduction mixdown" : Les quatre pistes d'un magnétophone, le maximum dont ils disposent à l'époque, sont réduites en une seule sur un autre appareil identique synchronisé, et trois nouvelles pistes sont ainsi libres. On peut multiplier ce procédé. De huit jusqu'à seize pistes avant l'heure. Pour la première fois dans l'histoire du rock, un groupe va passer un peu plus de cinq mois en studio, de décembre 1966 à avril 1967, pour construire son album.

Tout cela débouche sur Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, publié le 1er juin 1967, disque qui est considéré par beaucoup comme leur chef-d'œuvre. D’autres y verront au contraire un album d’adieu (illustré par un massif fleuri où quatre Beatles tristes du musée de cire de Madame Tussaud semblent assister à leur propre enterrement, tandis que les quatre vrais Beatles, devenus musiciens de fanfare moustachus, semblent avoir changé d’identité et où une poupée annonce « Welcome the Rolling Stones ». Cet album marquera en tout cas leur carrière et toute une génération.

George Martin a voulu faire de Sgt Pepper’s un concept album, en reliant certains morceaux, bien que les chansons n’aient aucun rapport entre elles, passées les deux du début (Sgt Pepper's et With a Little Help From My Friends). Pour unifier le tout, George Martin demande aux Beatles de faire une reprise du morceau Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band comme avant dernière piste de l’album. L’idée étant de jouer cette reprise comme avant dernier morceau lors des concerts. 40 ans plus tard, Paul McCartney reprendra l’idée lors de sa tournée « Back to the US » en 2002 en jouant la reprise de Sgt Peppers Lonely Hearts Club Band en avant-dernier morceau. Quoi qu’il en soit, ce disque fera école et tout le monde (Rolling Stones, Moody Blues, Aphrodite's Child, The Clouds, The Who, The Kinks, etc.) voudra aussi sortir son concept album, quand bien même Sgt Pepper's n'en est pas vraiment un d'un point de vue strictement musical: il aura suffi que ses auteurs le disent pour que cela soit une réalité. Il n'y a en tous cas plus de plages séparées sur la version mono : les chansons y sont enchaînées à la manière d’un show, et l’album se termine par trois trouvailles :

  • La longue décroissance (47 secondes !) d’une note de piano ;
  • un sifflement à 20 000 Hz inaudible par l’homme et impossible à reproduire sur la plupart des électrophones de l’époque, mais dont John Lennon espère qu’il fera aboyer les chiens de ceux qui possèdent une bonne chaîne Hi-Fi ;
  • un jingle sans fin sur le sillon intérieur, que ne pourront découvrir que les puristes de la Hi-Fi, ceux qui refusent d’avoir une platine à arrêt automatique en fin de disque (pour les autres, le bras se lèvera avant, ou juste au début).

L’album fait date dans l’histoire de la musique pop-rock : jamais un groupe n’avait disposé d’autant de temps, de moyens et de liberté pour enregistrer un album. Les Beatles exploitent donc pleinement cette opportunité et George Martin joue bien sûr un rôle clé dans l’exploration de nouvelles techniques.

La pochette, très soignée, et débordante de couleurs, a nécessité une centaine de lettres aux personnalités vivantes représentées afin d’obtenir leur accord. Trois personnages en sont retirés in extremis : Hitler et Gandhi, au motif qu’ils indisposeraient le public britannique et au grand désespoir du très provocateur John. Et un troisième personnage, l'acteur Leo Gorcey, qui voulait bien figurer sur la pochette, mais à condition d’être rétribué. On juge plus simple de le faire disparaître. Cette pochette est elle aussi un événement. C’est la première fois qu’autant de soin est apporté au conditionnement du disque. Jusqu’ici, les pochettes se résumaient le plus souvent à une photo de l’artiste ; à partir de Sergent Pepper, la conception de la pochette deviendra un élément clé (à la fois marketing et artistique) de la production d’un disque.

L’année suivante, Frank Zappa parodie la pochette avec l’album We’re Only In It For The Money des The Mothers Of Invention. Un autre pastiche est réalisé pour The Rutles, une émission d’Eric Idle des Monty Python qui entreprend de caricaturer la carrière des Beatles à la manière du fameux groupe d’humoristes, avec la bénédiction - et en partie le financement - de son ami George Harrison, plus le concours de Paul Frederic Simon et Mick Jagger, qui y jouent leur propre rôle. Les pastiches des chansons des Beatles créées pour l’émission sont autant de clins d'œil aux tics musicaux de leurs modèles (Ouch! imité de Help!, Cheese and Onions qui a des accents d’A day in the life, Piggy in the Middle évoquant I am the walrus, Doubleback Alley qui est le cousin de Penny lane, etc.)

Les Bidochons pasticheront aussi cette pochette pour leur album The Beadochons. Toutefois, ce n’est pas elle qui sera le plus pastichée, mais celle d'Abbey road. Même Paul McCartney s’y mettra.

[modifier] Mort de Brian Epstein, premier "échec"

1967, année du triomphe de Sgt Pepper's et du single All You Need Is Love est aussi celle du décès de Brian Epstein retrouvé sans vie dans sa maison, à 32 ans, suite à une overdose le 27 août. Les Beatles apprennent sa mort au retour d'une première rencontre avec le Maharishi Mahesh Yogi (un gourou auquel s'est attaché George Harrison) à Bangor, au Pays de Galles, où chacun s'est vu délivrer un mantra. La disparition de leur manager les laisse totalement désemparés et marque une nouvelle fissure dans leur carrière. C'est également à la même époque que Paul McCartney prend clairement les rênes du groupe, un rôle laissé vacant par John Lennon dont l'égo se dissout sous l'effet du LSD. Bourreau de travail ("workaholic"), Paul sera dès lors à l'origine de la plupart des projets, la majorité des N°1 des Beatles seront son œuvre, et il n'aura de cesse de lutter contre la démobilisation progressive des autres membres du groupe.

L'année se termine par l'éreintement critique de leur film Magical Mystery Tour, considéré à sa sortie (en fait, une diffusion télévisée sur la BBC à Noël) comme leur premier véritable échec. La bande-son, publiée sur un format "double EP" (6 titres) contient toutefois de nouvelles perles, comme I am the Walrus de John Lennon et The Fool on the Hill de Paul McCartney. Magical Mystery Tour connaitra une deuxième vie en tant qu'album dans lequel on retrouvera compilés en face B les 45 tours publiés la même année comme les superbes et indissociables Strawberry Fields Forever (Lennon)/Penny Lane (McCartney) traitant tous deux de la nostalgie de leur enfance à Liverpool, ainsi que All You Need Is Love et Hello Goodbye.

[modifier] L'Inde, Yoko et l'Album Blanc

Début 1968, les Beatles partent avec leurs épouses et amis dans le nord de l'Inde, à Rishikesh, rejoindre le Maharishi Mahesh Yogi, afin de recevoir son enseignement et apprendre la Méditation transcendantale. Ils y passent huit semaines, et y vivent une extraordinaire période créative, composant 48 chansons qui rempliront jusqu'à leurs albums solos après leur séparation.

Alors que Ringo comparera l'ashram de Rishikesh aux camps de vacances de son enfance, que Paul dira s'être "trompé" sur le compte du Maharishi et que John repartira très fâché contre lui, le considérant comme un imposteur (ce qu'il dira dans sa chanson Sexy Sadie), seul George lui reste fidèle. Cet hiver là, John Lennon se rapproche de l'artiste d'avant-garde japonaise Yoko Ono dont il ne se séparera plus, délaissant son épouse Cynthia. Dans les bacs, en mars, sort un nouveau tube, le 45 tours Lady Madonna écrit par Paul. En mai, ils entrent en studio pour enregistrer le double Album Blanc (dont le titre est tout simplement The Beatles) à partir du matériel majoritairement composé en Inde.

Selon leur habitude (publier des titres sur 45 tours qui ne sont pas inclus dans les albums), les Beatles sortent en août le single Hey Jude/Revolution enregistré durant les séances de l'Album Blanc, et qui connaitra de nouveau un grand succès. Malgré la longueur tout à fait inhabituelle de Hey Jude: 7 minutes ! Ces sessions à Abbey Road sont tendues, la présence de Yoko Ono dans le studio aux cotés de John indispose fortement ses camarades. Chacun enregistre souvent séparément et se sert des autres comme "musiciens de studio" sur ses propres compositions. D'ailleurs, avant de coucher sur bande le titre qui ouvrira cet album, Back In The USSR, Ringo Starr prend la mouche et, sur une mauvaise blague de McCartney quitte le groupe. Malgré cela, les fab four enregistrent àt rois avec le bassiste (Mc Cartney) à la batterie et le guitariste (Harrison) à la basse.

Ce qu'en dira Ringo témoigne bien de l'atmosphère qui régnait lors de ces sessions : "Je suis parti parce que j'éprouvais deux sentiments. Celui de ne pas très bien jouer, celui que les trois autres étaient vraiment heureux et que j'étais un étranger. Je suis allé voir John. (...) Je lui ai dit : "Je quitte le groupe parce que je ne joue pas bien. Parce que j'ai l'impression de ne pas être aimé, d'être exclu. Alors que vous êtes tellement proches tous les trois. John m'a répondu : "Je croyais que c'était vous trois qui étiez très liés"! Je suis ensuite allé voir Paul et je lui ai dit la même chose. Paul m'a répondu "Je croyais que c'était vous trois !" Je n'ai pas pris la peine d'aller voir George, j'ai dit : "Je pars en vacances." J'ai pris les gosses et je suis parti pour la Sardaigne".

Lorsque Ringo Starr revient de Sardaigne, il découvre sa batterie couverte de fleurs dans le studio d'Abbey Road. Ils se resserrent dans un tout petit espace pour enregistrer en direct le Yer Blues de John Lennon, se déchaînent en interprétant Helter Skelter de Paul McCartney : on entend Ringo hurler "J'ai des ampoules aux doigts !" ("I've got blisters on my fingers") à la fin du morceau. La tension retombe également lorsque George Harrison invite Eric Clapton pour jouer le solo de guitare sur son titre While My Guitar Gently Weeps.

Publié le 30 novembre 1968, The Beatles est salué comme une grande réussite, et connait un immense succès commercial. Le public est cependant déconcerté par Revolution 9 un long (près de 9 minutes) collage sonore expérimental réalisé par John et Yoko. George Martin supplie John de retirer ce titre du disque, sans succès. Dans le genre expérimental, Lennon et Ono font encore plus fort en publiant le même mois Two Virgins où tous deux apparaissent nus sur la pochette.

[modifier] 1969 : La fin

[modifier] "Get Back"

En janvier 1969, les Beatles se retrouvent autour d'un nouveau projet initié par Paul McCartney : filmer et enregistrer des répétitions pour aboutir à une prestation live, revenir aux origines et bannir tout ajout en studio. Les séances du projet "Get Back" (ainsi nommé d'après la chanson éponyme, qui aurait dû donner son titre à l'album en préparation) se passent mal, les tensions qui s'étaient fait jour lors des sessions de l'Album Blanc renaissent dans les froids studios de Twickenham à des heures matinales et la présence constante de Yoko Ono, à la limite de l'ingérence, n'arrange pas l'ambiance... tout comme le dirigisme de Paul. Après Ringo, c'est George qui quitte le groupe, excédé, le 10 janvier, puis revient 12 jours plus tard. Son ressentiment, sa frustration de rester en tant que compositeur à l'ombre du tandem Lennon/McCartney et de se voir fréquemment refuser des chansons qu'il aimerait voir placées sur les disques, ne cesse de grandir.

Les Beatles se rabattent ensuite sur leur propre studio au 3, Saville Row où est situé le siège de leur compagnie Apple, s'adjoignent Billy Preston au clavier à l'incitative de George Harrison et finissent par donner leur ultime prestation publique sur le toit de leur immeuble, le 30 janvier 1969, qui sera interrompue au bout de 42 minutes par la police suite à des plaintes pour cause de vacarme. De ce mois de janvier 1969 sortira le film "Let It Be", chronique de la dissolution d'un groupe (on y voit notamment George Harrison interpeller Paul McCartney : "OK, bon, je m'en fous. Je jouerai ce que tu veux que je joues, ou je ne jouerai pas du tout si tu ne veux pas que je joues. Quoi que ce soit qui te fasse plaisir, je le ferai"), et des kilomètres de bandes qui seront dans un premier temps rangées au placard, tant les membres du groupe s'en montrent insatisfaits.

[modifier] "Abbey Road"

Avec l'idée de ne pas rester sur cet échec, l'été venu, Paul McCartney contacte George Martin en lui proposant de faire un disque ""comme avant" ("As we used to do")."Comme vous étiez ? ("as you used to be?") Avec John ? John est d’accord ?" demande le producteur. "Oui, il est d'accord" répond le bassiste. Cependant, John Lennon ratera le début des sessions, le temps d'être soigné après un accident de voiture.

Une partie des chansons répétées en janvier pour le projet Get Back sont retravaillées pour aboutir à l'album Abbey Road, aux couleurs très mélancoliques. Quoi de plus simple que de donner à leur dernière collaboration le nom de la rue (ils se feront photographier sur le passage piéton, le 8 août, pour la pochette du disque) où sont situés les studios dans lesquels ils ont enregistré l'immense majorité de leurs chansons depuis sept ans ?

Ce sera leur premier (et dernier) album entièrement réalisé en huit pistes, et également, un des premiers dans l'histoire du rock où l'on entend du synthétiseur, un Moog en l'occurrence, acquis par George Harrison auprès de son créateur, Robert Moog.

Les harmonies polyphoniques qui avaient rendus les Beatles célèbres sont de retour, et contribueront au succès d’Abbey Road, sorti le 26 septembre 1969 (c’est leur album le plus vendu après Sgt Pepper's). Leur sommet dans ce domaine est sans doute constitué par Because, titre que John Lennon a composé en entendant Yoko Ono jouer la sonate au clair de lune de Beethoven et en lui demandant de refaire les notes à l'envers. Sur "Because", les trois voix de John, Paul et George se superposent... 3 fois, soit une poignante harmonie à 9 voix que l'on a pu entendre "a capella" sur le disque Anthology III sorti en 1996, et de nouveau sur Love en 2006.

La particularité d' Abbey Road est d'être constitué en partie de collages entre elles de chansons ébauchées et inachevées. L’habitude fut prise de dire que la face A de l’album, qui s'ouvre sur Come Together et se referme sur I Want You de John Lennon, reflète principalement son influence, et la face B, qui contient le fameux "Medley" long de 16 minutes, celle de McCartney. Même si George Harrison se montre très inspiré avec Here Comes The Sun et surtout Something qui sera son premier et son seul N°1 avec les Beatles... Le "Medley", qui contient en son sein trois bouts de chansons de Lennon (Sun King, Mean Mister Mustard et Polythen Pam) sera entièrement "fabriqué" par George Martin et Paul McCartney.

Le 20 août 1969, les Beatles complètent l'enregistrement du titre de John Lennon I Want You (She's so heavy) : c'est la dernière fois qu'ils sont réunis tous les quatre en studio.

Même si le succès est toujours présent, même si cet ultime collaboration sera "heureuse" selon les acteurs (car tous savent que c'est la dernière fois) le plaisir de jouer ensemble ne les attire plus. Les Beatles disent ici pour de bon adieu aux Beatles, en montrant une dernière fois l'aspect miraculeux de leur association. L’avant-dernière plage — qui aurait dû être la dernière — s’intitule The End et se termine par la fameuse phrase "And in the end, the love you take is equal to the love you make" (à la fin, tu prends autant d'amour que tu en as donné). La dernière plage du dernier disque des Beatles est minuscule (Her Majesty) et parle d’une manière peu commune de la reine d'Angleterre. Elle se situait à l'origine au cœur du Medley, entre Mean Mister Mustard et Polythen Pam, Paul McCartney avait demandé à l'ingénieur du son en service de la retirer. Mais ce dernier, à des fins de sauvegarde (la consigne était qu'aucun des enregistrements des Beatles ne devait être jeté à la poubelle) la placera en fin de bande, après un blanc, derrière The End, coupée net, et en l'entendant ainsi positionnée, Paul donnera son accord.

[modifier] "Paul is dead"

Paul McCartney est par ailleurs, au même moment, l'objet d'une incroyable rumeur, qui voudrait qu'il se soit tué dans un accident de voiture en 1965 et aurait depuis lors été remplacé par un sosie. Pour les partisans de cette thèse, tout est bon pour l'accréditer en 1969.

quelques exemples :

  • Les mots mystérieux de John Lennon à la fin de Strawberry Fields. On l'entendrait dire "I Buried Paul" ("J'ai enterré Paul") alors qu'il prononce en fait "Cranberry Sauce" ("confiture d'airelles").
  • La phrase "He blew his mind out in a car" ("Il s'est éclaté la cervelle dans un accident de voiture") dans A Day in the Life.
  • La pochette d'Abbey Road fourmille d'indices pour étayer le postulat délirant : Paul traverse le passage piéton pieds nus (comme les morts que l'on enterre en Inde), la Volkswagen blanche que l'on voit est immatriculée "LMW 28 IF" soit "Living-MacCartney-Was 28 years old-If" ("McCartney vivant aurait eu 28 ans"), il tient sa cigarette de la main droite alors qu'il est gaucher etc., etc.
  • sur la pochette de Sgt. Pepper's, sur le côté gauche, tous les Beatles sont habillés en noir, comme pour un enterrement, sauf McCartney, qui porte une chemise blanche, et est le seul à sourire. Au verso de la pochette, ses trois camarades sont de face et lui, de dos.
  • Revolution... Number 9 comme les 9 lettres de McCartney, et l'on entendrait nettement dans ce long collage sonore, œuvre de John Lennon et Yoko Ono, le bruit d'un accident de voiture...

La liste des indices est donc longue, et non exhaustive dans ce chapitre. Le canular, comme le tintamarre médiatique, est énorme ! Paul McCartney finit par prendre l'affaire en mains pour apporter un cinglant démenti. Malgré tout, Il existe encore presque 40 ans plus tard des gens qui tentent de faire perdurer ce mythe. On trouve par exemple des dossiers sur internet avec analyses photographiques à l'appui!

[modifier] "Let it Be" - la conclusion

Une fois les sessions du disque Abbey Road achevées, et alors que le single "Come Together"/"Something" va occuper partout la tête des hit-parades (tandis que le 33 tours restera 17 semaines N°1 en Angleterre à partir du 4 octobre), John Lennon annonce aux autres Beatles qu'il quitte définitivement le groupe lors d'une réunion le 20 septembre 1969. Ils conviennent que cette nouvelle doit rester secrète, compte tenu des enjeux commerciaux. Les Beatles se sont sévèrement disputés autour du nom de leur nouveau manager, entre Allen Klein, soutenu par Lennon, Harrison et Starr, et Lee Eastman, avocat père de Linda, la femme de Paul. Klein, que Paul déteste, sera leur dernier manager.

La toute dernière session d'enregistrement des Beatles (sans Lennon) a lieu le 3 janvier 1970 avec le titre de George Harrison "I Me Mine". En mars, sur une idée de John Lennon, les bandes enregistrées en janvier 1969, ce qui deviendra le disque "Let It Be", sont confiées au producteur américain Phil Spector, lequel ajoute chœurs féminins, arrangements de cordes, effets sonores à ces chansons qui devaient rester "brutes". En entendant le résultat sur son titre "The Long and Winding Road", Paul McCartney, qui n'a pas été consulté, pique une énorme colère.

Le 10 avril 1970, concomitamment à la sortie de "Let It Be" produit par Spector, Paul McCartney sort son premier album solo, McCartney, et annonce à travers un communiqué de presse inséré dans la pochette de son disque solo qu'il ne fait plus partie du groupe. Il rompt donc lui même le secret et s'attribue la séparation, ce qui aura le don d'outrer ses camarades. «Je n’avais pas l’intention que ce communiqué signifie que je quittais le groupe. C’est un gros malentendu. Quand j’ai vu les unes des journaux, j’ai juste pensé "Christ, qu’ai-je fait ?" Et maintenant, on y est. Je n’ai pas quitté les Beatles. Les Beatles ont quitté les Beatles, mais personne ne veut être celui qui dira que la fête est terminée», se justifie-t-il à chaud.
«Oui, j’étais dans les Beatles. Oui, nous avons fait des grands disques ensemble. Oui, j’aime ces gars. Mais c’est la fin de l’histoire», explique Ringo Starr.

«J'ai fondé les Beatles et je les ai dissous» dira plus tard John Lennon.

[modifier] Après la séparation

Lennon, McCartney et Harrison avaient dans leurs cartons un nombre impressionnant de chansons composées, pour certaines ébauchées et répétées en groupe, voir même enregistrées, depuis le séjour en Inde et les sessions de l'Album Blanc , et non incluses dans les disques des Beatles… En 1970 et 1971, George Harrison sort un triple album, All Things Must Pass puis organise le 1er août 1971 au Madison Square Garden de New York le tout premier concert rock de charité, en faveur du Bengladesh avec Bob Dylan, Eric Clapton, Ravi Shankar, Billy Preston et l'ami Ringo Starr, encore un triple album (live) à la clé. Paul McCartney commercialise son premier disque solo au titre éponyme, puis Ram avant de fonder les Wings. John Lennon sort des singles engagés (Give Peace a Chance, Instant karma, Power to the People), un Live peace in Toronto, suivi de John Lennon/Plastic Ono Band, puis le très célèbre Imagine. Succès pour tous, à commencer par George qui signe le premier hit post-Beatles, My Sweet Lord.

De son côté, John règle ses comptes avec Paul dans l’album Imagine avec le titre How do you sleep? (comment dors-tu ?) où il dit, à propos de son ex-ami: «The only thing you done was yesterday» (La seule chose que tu as faite c’était hier, jeu de mots entre «hier» et le titre de la chanson N°1 en 1965) et «Those freaks was right when they said you was dead» (ces maboules avaient raison de dire que tu étais mort).

Paul, lui, estime juste d’intenter un procès à ses trois camarades afin de mettre un terme définitif à l’entité juridique Beatles, et surtout, dans son esprit, à empêcher le toujours manager du groupe, Allen Klein, de faire main basse sur l’argent qui continue à couler à flots. Il répond aussi à John dans le premier disque des Wings, Wild Life, fin 1971 avec la chanson Dear Friend: «are you afraid or is it true ?» (as-tu peur ou est-ce vrai ?)

Curieusement, lorsqu’il s’agira pour Paul et John de jouer, chacun de son côté, au jeu du «qui a fait quoi ?» sur les plus de 200 titres cosignés Lennon/McCartney, ils se montreront globalement d’accord, à de très rares exceptions près, entre ce qui est à 100% de l’un, à 100% de l’autre, à 50-50, à 60-40 ou à 80-20.

Périodiquement, et parfois à coups de millions de dollars, il sera demandé aux Beatles de se reformer. Ce qui apparaît impossible dans un premier temps devient plus envisageable dès lors que les différends, principalement entre John Lennon et Paul McCartney sont aplanis. Mais John Lennon, revenu à son métier de musicien après cinq années de retrait de la vie publique, est assassiné à 40 ans, le 8 décembre 1980 par Mark David Chapman, un déséquilibré à qui il avait signé un autographe quelques heures plus tôt, au pied de son appartement du Dakota Building à New York. Dès lors, George Harrison aura ce trait d’humour : «Les Beatles ne se reformeront pas tant que John Lennon sera mort» . Le plus jeune des Beatles décède à Los Angeles d’un cancer généralisé à 58 ans, le 29 novembre 2001.

[modifier] Une popularité jamais démentie

Pour les quatre décennies qui suivent leur séparation, les Beatles restent un groupe très populaire. En 1973, sortent les deux fameuses compilations, la «Rouge» (1962-1966) et la «Bleue» (1967-1970). Sur les pochettes de ces double-albums, les Beatles posent en 1963 dans les étages des locaux d’EMI (même image que sur leur premier disque, Please Please Me), et sont dans la même position en 1969 : c’est la photo qui avait été prise pour l’album Get Back en préparation au début de l’année… Les compilations rouge et bleue, qui atteignent des sommets en terme de ventes, permettent à toute une génération, celle qui succède aux «baby boomers» et était encore un peu trop jeune pour vivre la beatlemania, de découvrir leur musique à travers un choix de titres très judicieux. Il en ira exactement de même en 2000 avec une autre compilation, One où figurent les 27 chansons des Beatles ayant atteint la première place des ventes entre 1963 et 1970, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.

Entre-temps, seront publiés (en 1988), deux disques que l’on peut considérer comme indispensables pour qui voudrait posséder la discographie complète des Beatles : les Past Masters, 1 et 2. Là, sont recensés toutes les faces A et B des 45 tours publiés entre les albums et qui n’y figuraient donc pas. Cela va de From me to you et She Loves You à Don’t let me down et The ballad of John and Yoko en passant par I feel fine, Day Tripper, We can work it out, Paperback Writer, Rain, Hey Jude ou Revolution...

Il y aura également un album live «At the Hollywood Bowl», produit par George Martin, enregistré lors de concerts donnés à Los Angeles en 1964 et 1965, puis une compilation des prestations des Beatles sur la radio nationale britannique, «live At The BBC» en 1994.

Mais le projet le plus important de ces années post-Beatles porte le nom d’Anthology. Il réunit Paul McCartney, George Harrison, Ringo Starr (qu’on surnommera pour le coup les «Threetles») et leur producteur George Martin de 1994 à 1996 pour trois double-albums, un film (en fait, une série télévisée disponible aujourd'hui en coffret DVD) et un livre (traduit en français en 2000).
Chaque double album, publié chronologiquement, propose des versions alternatives de leurs chansons, des «live» (au début), des documents sonores rares, des prises différentes, des essais, des expériences (comme n’entendre que les violons d’Eleanor Rigby, ou que les voix de Because), sans oublier… deux nouvelles chansons des Beatles. Il s’agit au départ d’enregistrements sur cassette de John Lennon au milieu des années 70 (durant sa période de retrait de toute activité publique), Real Love et Free as a bird que Yoko Ono confiera aux autres Beatles survivants pour qu’ils y ajoutent leurs voix et leurs instruments, le tout produit par Jeff Lynne.

[modifier] Le nettoyage posthume

Enfin, Paul McCartney prend sa revanche en 2003 avec le disque Let It Be… naked (c'est à dire nu) qu’il fait publier avec l’accord donné juste avant sa mort de George Harrison et celui de Yoko Ono. Débarrassé de toute la production de Phil Spector, permettant donc d’entendre ces chansons enregistrées en direct sans aucun ajout en studio, ce CD s’accorde avec le projet original. L'ordre des morceaux est modifié par rapport au Let It Be de 1970 et Don't Let Me Down de John Lennon y est inclus. Pour dramatiser l’objectif à la fois de retour aux sources et de simplicité voulue, sa pochette reprend les négatifs des photos de Let It Be et en 'noir et blanc'.

La version fait découvrir que les Beatles n’avaient à cette époque rien perdu de leur cohésion initiale, et avaient même, pour peu que le mixage fût bien fait, un son qui ne cédait rien en qualité et en simplicité à celui de leurs tout premiers albums. Le résultat fera dire à un critique américain, à propos de Phil Spector qui se débat au même moment avec la justice dans une accusation de meurtre : «Après avoir entendu cet album Let it be… naked, je me rends compte que Spector s’était rendu coupable de bien plus grave que le meurtre dont on l’accuse».

Pour finir, et une fois de plus sous la houlette de George Martin, aidé cette fois par son fils Giles, le disque Love sort en novembre 2006. Il s’agit d’un patchwork de la musique des Beatles, fait de titres remixés et de «mash-up» (plusieurs chansons emmêlées) préparé au départ pour le spectacle donné actuellement par le Cirque du Soleil au Mirage de Las Vegas.

De plus, la remasterisation maintes fois repoussée de tous les albums des Beatles est enfin annoncée pour l'année 2007. Georges Martin supervisera l'opération. Les 12 albums studios se verront enfin dépoussiérés et "améliorés" par rapport à l'austère réédition CD de 1987.

[modifier] Influences musicales

La principale influence musicale des Beatles semble être Elvis Presley, en particulier à leurs débuts. D'autres artistes de rock'n'roll, en particulier Buddy Holly, Chuck Berry, Eddie Cochran puis les premiers rockers britanniques, notamment Cliff Richard et les Shadows, ont également marqué le groupe débutant. Du point de vue des harmonies vocales, ce sont les Everly Brothers et les artistes de Motown qui ont inspiré les Fab four. La poésie de Bob Dylan, les recherches mélodiques des Beach Boys, la musique folk galloise ou encore la musique indienne sont autant d'influences qui ont contribué à l'élaboration du langage musical des Beatles. À leur tour, les Beatles deviendront une pierre de touche dans l'univers de la musique populaire occidentale.

Les Beatles se sont essayés à presque tous les styles possibles et ont ouvert des portes que d’autres ont franchies ensuite :

  • du Rock 'n' roll avec Back in the USSR (une parodie de California Girls des Beach Boys);
  • du hard rock avec Helter Skelter ;
  • de la musique psychédélique avec Lucy in the sky with Diamonds (qui, affirmera John, ne fait pas référence au LSD mais à un dessin de son fils Julian) ; c’est à cette chanson que pensait l’anthropologue Yves Coppens lorsqu’il baptisa le squelette préhistorique Lucy… mais surtout avec l'inédit What's The New Mary Jane, paru à titre « posthume » dans l'album Anthology, qui va encore plus loin dans la recherche sonore ;
  • de la pure pop britannique avec Penny Lane… mais qui utilise tout de même des trompettes de Bach ;
  • du classique encore avec Blackbird inspiré encore une fois de Bach ;
  • des orchestres et des arrangements musicaux sophistiqués avec A Day in the Life ;
  • des comptines avec Ob-la-di Ob-la-da, All Together Now ou Yellow Submarine ;
  • de la soul avec Don’t Let me Down ;
  • du boléro cubain avec And I Love Her ;
  • de la musique de bastringue à tendance jazz avec When I’m Sixty Four ;
  • du ragtime avec Martha My Dear;
  • du blues pur avec Yer Blues ;
  • du country avec Act Naturally et What goes on
  • du blues-rock avec Revolution ;
  • du jazz avec Honey Pie ;
  • des ballades folk traditionnelles (et vaguement country) avec Rocky Raccoon ;
  • des arrangements « classiques » avec Eleanor Rigby (sextuor à cordes), She's Leaving Home, Yesterday, ou encore le solo de piano de In My Life, accéléré au mixage lui donnant des allures de clavecin (et rappelant très clairement Bach à nouveau), tous ces arrangements où transparaît la culture classique de George Martin ;
  • des collages sonores (avec l’influence de Yoko Ono sur le groupe, bien que Paul se soit déjà essayé aux collages bien avant l'apparition de Yoko Ono dans la vie de Lennon) avec Revolution 9 ;
  • de la musique expérimentale basée sur la musique indienne avec Tomorrow Never Knows (qui contient également selon les opinions la première rythmique techno de l'histoire de la musique .

Dick Row, le directeur artistique de Decca qui a refusé les Beatles, a rattrapé son erreur en faisant signer The Rolling Stones.

[modifier] Notes

  1. Soit en moyenne un album tous les 9 mois.
  2. Voir la liste Nombres d'albums et singles vendus.
  3. mot-valise formé sur beat - en français « rythme » - et sur beetle - « scarabée »
  4. initiée par Astrid Kirchherr, compagne de Sutcliffe
  5. Les Trois Stooges
  6. Dick Row, le directeur artistique (A&R) de Decca qui a refusé les Beatles sera surnommé dans le milieu "The man who turned down the Beatles"
  7. Voir l'album de 1962 Live at the Star-Club Hamburg
  8. E.P. - Long Tall Sally

[modifier] Filmographie

À noter : la production d'un film d'animation, Yellow submarine, en 1968. Les quatre Beatles apparaissent dans une brève séquence de clôture du film.

The Beatles fut également le titre d'un dessin animé faisant intervenir les quatre Beatles dans leur précédent look (sans moustaches ni lunettes) et diffusé aux États-Unis. Les voix des personnages n'avaient plus rien en commun avec celles des Beatles, leur accent de Liverpool ayant été considéré comme difficilement compréhensible par le public américain.

[modifier] Chansons consacrées aux Beatles

[modifier] Voir aussi

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Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur The Beatles.

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[modifier] Bibliographie

En français
  • The Beatles, The Beatles Anthology, 2000, Seuil.
  • Jacques Volcouve et Pierre Merle, "Revolution... Les Beatles". 1998 Editions Fayard.
  • Brigitte Labbé et Michel Puech, Les Beatles, Milan jeunesse, coll. « De vie en vie », n° 16, 2005. Illustrations de Jean-Pierre Joblin. 58 p., 18 cm. ISBN 2-7459-1632-7
  • Daniel Lesueur, Les Beatles, la discographie définitive. 1997, Alternatives & Parallèles.
  • Jean-Louis Polard et François Jouffa, Le Dictionnaire des Beatles. 2000, Le Castor Astral.
  • Eric Krasker, Les Beatles - Enquête sur un mythe : 1960 / 1962, Éd. Seguier, coll. Empreinte.
  • Jean-Claude Hocquet et Eric Krasker, La France et les Beatles - Vol. 1, Éd. Seguier
  • Peter Brown et Steven Gaines, Yesterday les Beatles, 1984, Robert Laffont
  • Albert Goldman, Une vie avec les Beatles, 1989
  • Dominique Grandfils "Paul McCartney Morceaux Choisis", 2006
En anglais
  • 1982 : The Beatles Down Under - Australia 64, Ed.Wild & Wolley.
  • 1984 : The Beatles conquer America (Virgin books) albums de photos de Dezo Hoffmann
  • 2000 : Mania days de Curt Gunther (Genesis Publications)
The Beatles
John Lennon | Paul McCartney | George Harrison | Ringo Starr
Pete Best | Stuart Sutcliffe
Management
Brian Epstein | Allen Klein | Apple Records
Production
George Martin | Geoff Emerick | Norman Smith | Phil Spector | Abbey Road Studios | Jeff Lynne
Albums studio officiels
Please Please Me (1963) | With the Beatles (1963) | A Hard Day's Night (1964) | Beatles for Sale (1964) | Help! (1965) | Rubber Soul (1965) | Revolver (1966)  | Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (1967) | Magical Mystery Tour (1967) | The Beatles (The White Album) (1968) | Yellow Submarine (1969) | Abbey Road (1969) | Let It Be (1970)
Filmographie
A Hard Day's Night (1964) | Help! (1965) | Magical Mystery Tour (1967) | Yellow Submarine (1968) | Let It Be (1970)
Voir aussi
Beatlemania | Apple Corps | Yoko Ono


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