Christianisme au Maghreb
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![]() Cet article fait partie d'une série sur le Christianisme |
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[modifier] Introduction
Le christianisme s'est implanté dans les pays du Maghreb (Afrique du Nord) vers le IIIe siècle. Il a toutefois été supplanté par l'islam au VIIe siècle.
De nos jours, l'Afrique du Nord est considérée comme une terre d'islam : l'islam est ainsi religion d'État au Maroc, en Algérie, en Tunisie ainsi qu'en Libye. Le libre exercice des autres cultes y est garanti par une législation spécifique.
Bien que la proportion de chrétiens soit faible en Afrique du Nord, on y trouve des églises. Par ailleurs, il semble qu'il y ait depuis quelques années une augmentation du nombre des conversions au christianisme. Ce nombre reste toutefois très faible relativement aux populations de ces pays.
[modifier] Histoire
[modifier] Christianisme primitif[1]
L'Afrique romaine s'étendait sur les rives méditerranéennes de l'Afrique et comprenait grosso modo les parties les plus peuplées de nos jours du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie. C'est dans cette Afrique romaine, de la Maurétanie à la Numidie en passant par l'Afrique proconsulaire, que se propage le christianisme dans les premiers siècles après Jésus-Christ.
Parmi les églises d'Afrique les plus célèbres, on compte Carthage et Hippone dont saint Augustin est évêque entre 396 et 430. Saint Augustin est l'un des pères de l'Église, de même que Tertullien et saint Cyprien, qui ont vécu à Carthage au IIIe siècle.
Le donatisme est une hérésie à l'origine de laquelle se trouve le chrétien d'Afrique du Nord Donatus Magnus.
[modifier] Conquête musulmane
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La conquête de toute l'Afrique du Nord par les Omeyyades, à la fin du VIIe siècle, substitue un islam triomphant au christianisme des églises nord-africaines divisé par des luttes intestines en raison des hérésies. D'ailleurs, l'islam n'est-il pas alors lui-même perçu comme une forme d'hérésie ?
Dans le nouvel ordre musulman, les chrétiens et les juifs ont un rang de dhimmi. Cet état de fait peut pousser les chrétiens à se convertir à l'islam ou à émigrer, conduisant au cours des siècles à l'érosion, voire à l'extinction, de la présence du christianisme dans les pays d'Afrique du Nord.
Des églises chrétiennes primitives, seule l'église copte subsiste encore en Égypte. Les coptes représentent entre 6% et 10% de la population égyptienne.
[modifier] Colonisation française
Officiellement, la colonisation française n'est pas prosélyte dans les pays d'Afrique du Nord : elle n'a pas pour objectif de convertir les musulmans au catholicisme et les autorités cherchent le plus souvent à éviter les heurts entre communautés religieuses. Ainsi, au Maroc, Hubert Lyautey édicte en ce sens un certain nombre de règles toujours en vigueur. Voici toutefois ce que déclare le général Juchault de Lamoricière en 1843[2] :
« La seule chose qui nous permette d'espérer pouvoir un jour affermir nos pas en Algérie, c'est de peupler ce pays par des colons chrétiens s'adonnant à l'agriculture. »
Cependant, de nombreux missionnaires ont l'occasion, grâce à elle, de se rendre en Afrique du Nord. Charles de Foucauld en est une figure emblématique. De plus, la colonisation entraîne l'édification de quelques églises (comme Notre-Dame d'Afrique à Alger ou Saint-Vincent-de-Paul à Tunis) qui sont destinées à l'usage des colons français.
[modifier] Christianisme aux XXIe siècle
Depuis une vingtaine d'années, on assiste dans les pays d'Afrique du Nord à un regain d'intérêt à l'égard du christianisme, non pas au profit du catholicisme ou l'orthodoxie mais plutôt au profit des églises évangéliques. Ce phénomène est néanmoins à relativiser : ces conversions sont extrêmement marginales et ne concernent tout au plus que quelques milliers de personnes dans des pays où la population se compte en dizaine de millions. Pourtant, il inspire des controverses au sein des sociétés marocaines, algériennes et tunisiennes.
Les conversions au christianisme semblent accompagnées de persécutions, ou du moins de rejet, parce qu'elles sont considérées comme des trahisons à plusieurs égards. Certains y voient le fruit de manipulations des États-Unis : selon eux, l'émergence d'une minorité chrétienne (encore toute hypothétique) légitimerait l'ingérence des États-Unis dans la politique de leur pays. D'autres pensent que c'est l'ignorance ou l'attrait d'un visa qui poussent à se convertir. Les nouveaux convertis invoquent en général 2 types de motivations : une fuite de l'islam perçu comme un carcan social et non comme une véritable foi et l'attrait du christianisme vu comme une religion de tolérance et d'amour[3].
Quelles que soient les motivations de ces conversions, certains aspects des modèles socio-religieux des pays d'Afrique du Nord sont mis en question : en particulier, la place des autres religions et leur relation avec l'islam. En outre, on peut voir dans ces conversions un effet de la mondialisation et de l'ouverture du monde qui alimente les échanges marchands mais également culturels.
[modifier] Christianisme au Maroc
La population du Maroc est estimée à 31 432 511 habitants en 2005. La religion majoritaire y est l'islam (avec 98,63% des Marocains s'en réclamant). Il semble que cette proportion ait décru par rapport aux chiffres des années 1980 où ce nombre est alors estimé à 99,5% (les 0,5% restant étant partagés entre 0,3% de Juifs et 0,2% d'autres affiliations).
D'après la World Christian Database du Centre pour l'étude du christianisme mondial[4], en comparaison aux chiffres de 1985, le christianisme est la religion dont le taux de croissance au Maroc est le plus élevé. En son sein, le catholicisme (-0,28%), l'orthodoxie (-0,94%) mais surtout l'anglicanisme (-1,71%) baissent en nombre d'adhésions. Ces confessions sont surtout le fait d'étrangers. Par contre, les chrétiens indépendants (protestants évangéliques en général) connaissent une croissance (environ 84 000 adhérents soit une augmentation de 3% en 2005) vis-à-vis des autres dénominations suivis par les protestants plus classiques (+1,41%). Ils représentent ainsi 73,11% du christianisme marocain. Si ce phénomène d'augmentation s'explique partiellement par une recrudescence de l'immigration venue d'Afrique sub-saharienne, à laquelle s'ajoute un certain nombre de conversions, entre 2000 à 2500 convertis en 2005.
Les chrétiens dits « marginaux » (Témoins de Jéhovah ou Mormons) connaissent un faible taux de croissance (+0,41%), mais globalement on remarque que les chrétiens indépendants augmentent le plus vite en nombre sur toutes les affiliations spirituelles, religieuses ou philosophiques au Maroc, pour être suivis par les athées (+2,51%), les bahaïs (+2,26%), les « non-religieux » (+1,75%) et enfin les musulmans classiques (+1,72%).
Les conversions au christianisme (dont le nombre est difficile à évaluer) sont suspectées par certains d'être soutenues par les États-Unis. Il semble que les missions d'évangélisation sont essentiellement le fait d'églises évangéliques issues des États-Unis. Car le prosélytisme est interdit au Maroc et les églises reconnues par l'État marocain, comme l'Église catholique, adoptent une position de neutralité qui motive peut-être l'intérêt des convertis envers les églises évangéliques considérées plus entreprenantes. D'ailleurs, l'article 220 du code pénal marocain stipule :
« Est puni d'un emprisonnement de 6 mois à 3 ans et d'une amende de 100 à 500 dirhams, quiconque emploie des moyens de séduction dans le but d'ébranler la foi d'un musulman ou de le convertir à une autre religion, soit en exploitant sa faiblesse ou ses besoins, soit en utilisant à ces fins des établissements d'enseignement, de santé, des asiles ou des orphelinats. En cas de condamnation, la fermeture de l'établissement qui a servi à commettre le délit peut être ordonnée, soit définitivement, soit pour une durée qui ne peut excéder 3 ans. »
[modifier] Christianisme en Algérie
Le pourcentage de chrétiens en Algérie est le plus faible des trois pays d'Afrique du Nord : moins de 0,1% (chiffres datant de 2002).
Le diocèse d'Algérie est établi en 1838 avec la conquête de l'Algérie par les troupes coloniales françaises. Cependant, tout prosélytisme auprès des musulmans est prohibé pendant longtemps et le rôle de l'Église catholique est cantonné à des actions de charité (voir l'article concernant les missions catholiques au XIXe et au XXe siècles).
Au début du XXe siècle, on estime à environ un million le nombre de catholiques en Algérie.
En 1996, Mgr Pierre Claverie, évêque d'Oran, est assassiné par des islamistes. Ce meurtre est suivi de ceux des 7 moines trappistes de Tibérine en mars de la même année et de ceux de 6 religieuses de diverses congrégations. Néanmoins, les rapports interreligieux paraissent apaisés à l'heure actuelle.
En 2002, l'ONU dénombre 10 000 catholiques et de 5 000 à 20 000 protestants dans le pays.
Les conversions au christianisme semblent plus particulièrement toucher la Kabylie, surtout dans la wilaya de Tizi-Ouzou[5]. Malgré le nombre important de musulmans et d'irréligieux[réf. nécessaire], on y compterait entre 1% et 5% de chrétiens[réf. nécessaire].
[modifier] Christianisme en Tunisie
- Le nombre de chrétiens en Tunisie représentent 1% de la population totale. Toutefois, les conversions au christianisme y seraient moins nombreuses que dans d'autres pays[6].
- Revues de presses [7],[8],[9],[10],[11],[12],[13],[14],[15]
[modifier] Voir aussi
[modifier] Références
- ↑ « Les étapes de la disparition du christianisme primitif en Afrique du Nord à partir de la conquête arabe », Clio.fr
- ↑ Algérie : données historiques et conséquences linguistiques (Université de Laval)
- ↑ Christianisme : Nouveaux chrétiens au Maghreb
- ↑ Ce centre (Center for the Study of Global Christianity) est rattaché au Séminaire universitaire Gordon-Conwell (États-Unis) d'orientation protestante (http://worldchristiandatabase.org/wcd/home.asp). La consultation des chiffres nécessite une inscription mais on peut trouver un aperçu sur le Maroc ici.
- ↑ *(fr) Sadek Lekdja, Le christianisme en Kabylie, Radio France Internationale, 7 mai 2001
- ↑ Ridha Kéfi, Ils ont choisi le christianisme, « Jeune Afrique », n°2321
- ↑ Ignacio Cembrero, « Répression religieuse : conversions interdites au Maroc », El País repris et traduit par Courrier International, 4 novembre 2006
- ↑ Antoine Nouis, Être chrétien au Maghreb, « Réforme », 9 août 2005
- ↑ Evangélisation en Kabylie : Où est le mal ?
- ↑ Abdelmohsin El Hassouni, L'église catholique choisit la neutralité, « Aujourd'hui Le Maroc », 1er septembre 2005
- ↑ Algérie : des conversions par milliers, « Aujourd'hui Le Maroc », 16 mai 2005
- ↑ Rachid Abbar, Évangélisation : offensive sur les campus, « Aujourd'hui Le Maroc », 26 mai 2005
- ↑ Smahane Bouyahia, Polémique au Maroc : les évangélistes sont-ils une menace ?, 16 mars 2005
- ↑ Ridha Kéfi, Ils ont choisi le christianisme, « Jeune Afrique », n°2321
- ↑ Mgr Henri Teissier parle de l'Église en Algérie
[modifier] Liens externes
- (fr) Ensemble de données sur les pays d'Afrique du Nord fourni par le CIDEF-AFI
- (fr) Ensemble de données fourni par Afrique espoir
- (en) Quelques données sur le nombre de chrétiens en Algérie
- Diocèse de Rabat
- Enseignement catholique au Maroc
- Aumônerie des étudiants catholiques au Maroc
- Notre-Dame de Kabylie
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