Grand Palais (Paris)
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Le Grand Palais, monument parisien, est situé en bordure des Champs-Élysées, dans le 8e arrondissement (48° 51’ 57.96’’ N, 02° 18’ 46.78’’ E). Ses 40.000 m² abritent régulièrement salons et expositions temporaires.
Ce site est desservi par les stations de métro : Champs-Élysées - Clemenceau et Franklin D. Roosevelt. |
Sommaire
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[modifier] Historique
Le « Grand Palais des Beaux-Arts » est édifié à Paris à partir de 1897, pour l'Exposition universelle prévue du 15 avril au 12 novembre 1900, en lieu et place du vaste mais inconfortable Palais de l'Industrie de 1855. « Monument consacré par la République à la gloire de l’art français », comme l'indique l'un de ses frontons, sa vocation originelle consiste à accueillir les grandes manifestations artistiques officielles de la capitale.
Par arrêté du 12 juin 1975, la nef est classée au titre des monuments historiques. Un nouvel arrêté du 6 novembre 2000, protège le Grand Palais dans sa totalité.
[modifier] Le concours d'idées
L'établissement d'un programme est rédigé et l'organisation d'un concours d'idées entre architectes est décidée par arrêté du 22 avril 1896. Contrairement à ce qui avait été prévu pour le palais du Trocadéro ou encore l'Opéra Garnier, il n'est pas envisagé que la compétition soit internationale. Le concours ne s'adresse, ici, qu'aux seuls architectes de nationalité française.
[modifier] Les architectes lauréats
Après une suite d'épreuves très disputées, de péripéties et un âpre débat au sein des représentants des autorités, de la presse et du grand public, les architectes Henri-Adolphe-Auguste Deglane, Louis-Albert Louvet, Albert-Félix-Théophile Thomas et Charles-Louis Girault ne peuvent être départagés et sont choisis pour réaliser une synthèse de leurs propositions respectives et faire œuvre commune.
[modifier] Analyse du projet définitif
[modifier] L'axe républicain
Avant l'exposition universelle de 1900, l'amorce d'une longue perspective est déjà marquée par le Dôme, l'Église des soldats, l'Hôtel et l'Esplanade des Invalides. Mais, de l'autre côté de la Seine, le regard bute de façon malheureuse sur une des façades latérales du Palais des Arts et de l'Industrie. Longeant l'avenue des Champs-Élysées, cette imposante construction est, de plus, aperçue de biais.
Lors de la période de préparation des modalités du concours et, en particulier, du dessin des gabarits définissant l'emplacement précis de chaque bâtiment devant succéder à l'ancien palais, l'intention est d'inscrire ce projet dans une réalisation urbanistique plus large.
Il est ainsi prévu de prolonger l'axe des Invalides jusqu'au palais de l'Élysée et d'offrir, par là-même, une ossature à la future grande exposition.
L'axe républicain est né, tracé auquel se doivent d'obéir l'organisation et l'implantation des pavillons étrangers et à thème installés sur l'esplanade des Invalides comme l'ensemble formé par le Grand Palais, le Petit Palais devant lui faire face, de l'autre côté de l'avenue nouvelle ainsi créée, et le pont Alexandre-III lancé, en cette occasion, au-dessus du fleuve.
Cet axe, qui perdurera au-delà des festivités de 1900, constitue encore aujourd'hui la dernière réalisation d'envergure dans l'urbanisme parisien.
[modifier] L'architecture
Le vaisseau principal, d'une longueur de près de 240 mètres, est constitué d'un espace imposant surmonté d'une large verrière. La voûte en berceau légèrement surbaissée des nefs nord et sud et de la nef transversale (paddock), la coupole sur pendentifs et le dôme pèsent environ 9.000 tonnes d'acier, de fer et de verre. Le poids de métal utilisé, égal à environ 7.000 tonnes, équivaut à celui de la tour Eiffel. Le sommet de cet ensemble culmine à une altitude de 44 mètres.
La colonnade de Deglane, inspirée de celle de Claude Perrault au Louvre mais sans en avoir la grâce, dissimule prudemment, comme à la gare d'Orsay édifiée par Victor Laloux pour la même exposition, la splendide innovation de la structure métallique.
Ce type de bâtiment marque l'aboutissement de l'éclectisme, propre au « style Beaux-Arts ». Le Grand Palais constitue, à lui seul, un résumé des goûts de la « Belle époque » mais marque en même temps la fin d'une certaine conception de l'architecture où le maître d'œuvre, à la fois artiste et technicien, occupe un rôle prépondérant.
L'ouvrage est l'un des derniers jalons d'une époque antérieure à l'ère de la fée électricité. Il témoigne de ce moment des grandes structures transparentes, héritières du Crystal Palace de Londres conçu par Joseph Paxton en 1851, où l'apport en lumière naturelle est encore indispensable à tout grand rassemblement humain.
À l'origine, la construction et son fonctionnement interne sont organisés selon un axe est-ouest. La communication entre la grande nef et les autres parties du palais (salon d'honneur, aile centrale et palais d'Antin) se fait par un ample escalier de fer d'inspiration classique teintée d'Art nouveau. L'installation à demeure du Palais de la Découverte, à partir de 1937, en occupant l'espace du Palais d'Antin, s'inscrit en rupture avec le schéma des circulations intérieures et fait perdre, dès lors, une dimension au bâtiment et la raison d'être, autre qu'accessoire et décorative, du grand escalier d'honneur butant sur une paroi aveugle et une large porte, en plein-cintre, à jamais murée.
[modifier] La décoration
[modifier] Le choix des artistes
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[modifier] Le programme iconographique
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[modifier] Les peintures
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[modifier] Les sculptures
- Les quadriges en cuivre repoussé de Georges Récipon couronnent les deux entrées et leur fronton, au nord-est et sud-est, sur l'avenue nouvelle. Ces œuvres allégoriques, s'imposant au piéton à une altitude de quarante mètres, représentent :
- Du côté des Champs-Élysées : « L’Immortalité devançant le Temps » ;
- Du côté de la Seine : « L’Harmonie triomphant de la Discorde ».
[modifier] Les mosaïques
- Les frises extérieures, situées sous le péristyle de Deglane, se composent d'une longue bande aux vives couleurs rehaussées d'or utilisant la technique traditionnelle de la mosaïque.
Fractionné en plusieurs scènes, cet ouvrage, pourtant mal connu des parisiens, mesure près de soixante-quinze mètres de long. Les tesselles juxtaposées représentent les grandes civilisations de l'Histoire telles qu'imaginées au tournant du siècle. Ainsi, succède l'Égypte à la Mésopotamie, la Rome d'Auguste à la Grèce du siècle de Périclès, la Renaissance italienne et française au Moyen Âge, l'Europe industrieuse à celle des arts classique et baroque.
Les civilisations plus lointaines ne sont pas oubliées, glorifiant au passage la période alors à son apogée des grandes nations colonisatrices : l'Afrique méditerranéenne et subsaharienne, l'Orient et le sous-continent indien, l'Asie du sud-est et l'Indochine avec les khmers et les temples d'Angkor, la Cochinchine et les paysages annamites autour de la ville de Hué, l'Extrême-Orient avec des représentations de la Chine mystérieuse et du Japon (alors en vogue depuis le récent engouement des peintres impressionnistes et d'écrivains pour ce pays), des évocations des deux Amériques.
[modifier] Les céramiques émaillées
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[modifier] Les jardins et abords immédiats
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[modifier] La répartition des tâches
Les responsabilités se répartissent comme suit :
- Henri Deglane est chargé des nefs nord et sud de la grande nef et de sa partie transversale dénommée "paddock", des façades et décors qui l'entourent et plus particulièrement de l'entrée principale et des péristyles situés de part et d'autre sur la « nouvelle avenue » (future avenue Nicolas II puis Winston Churchill).
- Albert Louvet, auteur du plan, se voit confier la responsabilité d'édifier la partie centrale dont le "Salon d'honneur" et, en coordination avec Deglane, le grand escalier d'honneur et le décor peint et sculpté du mur de fond de la nef transversale.
- Albert Thomas doit mener à bien la construction de l'aile ouest, dite "Palais d'Antin" et des élévations correspondantes sur l'avenue d'Antin (future avenue Victor-Emmanuel III, aujourd'hui avenue Franklin D. Roosevelt).
- Quant à Charles Girault, il est désigné pour la mise au point définitive des plans et la coordination générale des travaux. Il doit assurer, en même temps, la maîtrise d'œuvre du Petit Palais (actuel musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris).
[modifier] Le déroulement du chantier
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[modifier] La cérémonie d'inauguration
L'inauguration du Grand Palais a lieu avec tout le faste propre à la IIIe République. Une plaque de l'un des frontons d'angle porte encore, gravé dans la pierre, le témoignage de l'événement.
La cérémonie se tient le 1er mai 1900, en présence d'Émile Loubet, président de la République, de Pierre Waldeck-Rousseau, alors président du Conseil et ministre de l'Intérieur et des Cultes, de Georges Leygues, ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts, d'Alexandre Millerand, ministre du Commerce, de l'Industrie, des Postes et Télécommunications et, enfin, d'Alfred Picard, commissaire général de l'Exposition universelle.
[modifier] Un siècle de salons et d'expositions
[modifier] Les salons artistiques
Les salons consacrés aux beaux-arts connaissent leur âge d'or pendant les trente premières années de fonctionnement du palais. Avec l'avènement du Front populaire en 1936, ces présentations, considérées par certains comme l'expression d'un art réservé à une élite bourgeoise, perdent progressivement de leur prestige et voient leur surfaces réduites d'une manière considérable avec l'installation définitive du Palais de la découverte l'année suivante.
Après la guerre, on leur préfère les salons techniques et commerciaux, plus rentables. Les salons artistiques perdurent encore un moment avant de voir leur espace d'exposition diminuer comme peau de chagrin et d'être relégués dans des endroits moins nobles et moins visibles du Grand Palais.
À partir de 1947, l'édifice perd sa fonction de Palais des Beaux-Arts, ce pour quoi il a été construit.
- Le Salon des artistes français (1901) ;
- Le Salon des Artistes indépendants (1901) ;
- Le Salon de la Société nationale des Beaux-Arts (1901) ;
- Le Salon des Orientalistes (1901) ;
- Le Salon des peintres, graveurs et lithographes (1901) ;
- Le Salon de l'Union des Femmes peintres et sculpteurs (1901) ;
- Le Salon d'automne (1903 à 1993) ;
- Le Salon des Arts décoratifs (1925) ;
- Le Salon Art Paris (2006).
[modifier] Les salons techniques
Ce type de manifestations se raréfie au Grand Palais à partir des années 1960. Devenu trop petit, on lui préfère le tout nouveau Palais du CNIT ou le parc des expositions de la Porte de Versailles.
- Le Salon de l'Automobile (1901 à 1961) ;
- Le Salon des Machines agricoles et horticoles ;
- L'Exposition Internationale de la Locomotion Aérienne (1909) à (1952), fait ses débuts au sein du Salon de l'Automobile.
En prenant son indépendance cette exposition prend le nom de « Salon de l'Aéronautique » puis celui de « Salon de l'Industrie aéronautique » avant de partir pour l'aérogare du Bourget.
[modifier] Les salons commerciaux
Ces expositions quittent également le Grand Palais par manque de surfaces disponibles.
- Le Salon des Arts ménagers, ancien Salon des Appareils ménagers (de 1926 à 1960, avec une interruption de 1940 à 1947) ;
- Le Salon de l'Habitat ;
- Le Salon de la Qualité française ;
- Le Salon de la France d'Outre-mer (en 1939 et 1940) ;
- Le Salon de l'Enfance ;
- La Foire de Paris ;
- La Foire Internationale d'Art Contemporain (FIAC) ;
- Le Salon du Livre (de 1981 à 1991) ;
- Le Salon de la musique classique et du jazz (Musicora).
[modifier] Les événements ponctuels
- Les concours et présentations du « Salon de la Société hippique » (de 1900 à 1937) ;
- Les expositions des colonies ;
- Les concerts, spectacles de cirque ou de music-hall, floralies, congrès, défilés de mode et soirées diverses.
[modifier] Le Palais de la Découverte
Le Palais de la découverte de l'exposition universelle de 1937 est installé dans l'aile ouest (ex-Palais d'Antin). Conçu à l'origine comme une présentation temporaire, il réussi, après maintes péripéties (fin de l'exposition de 1937, création de la Cité des sciences et de l'industrie à La Villette, fermeture du Grand Palais en 1993), à se maintenir dans les lieux et devenir un musée à part entière.
Il constitue aujourd'hui une véritable institution dont la popularité ne s'est jamais démentie.
[modifier] Les Galeries nationales
En 1964, Reynolds Arnould transforme une partie de l'aile nord du Grand Palais, à la demande d'André Malraux alors ministre des Affaires culturelles, en Galeries nationales destinées à recevoir de grandes expositions temporaires. Sont ainsi présentées en 1966, une rétrospective du peintre Pablo Picasso et une importante présentation d’art africain.
Devant le succès rencontré, l'État renonce à la démolition du Grand Palais, un temps envisagée, à l'instar du futur Musée d'Orsay.
[modifier] Des réutilisations surprenantes
Au cours du XXe siècle, le Grand Palais est, tantôt témoin des drames de l'Histoire, tantôt victime de réutilisations souvent malvenues.
- Au début de la Grande guerre, le grand palais est utilisé comme casernement pour les troupes coloniales s'apprêtant à partir au front. Il devient rapidement hôpital de fortune pour les blessés de la Marine ne pouvant trouver de place dans les hôpitaux bondés de la capitale.
- Durant la Seconde Guerre mondiale, le grand vaisseau est réquisitionné par les allemands pour y abriter des véhicules militaires. En août 1944, la nef est bombardée et un incendie se déclare, sans grandes conséquences, dans une partie de l'édifice ; les pompiers sont toutefois gênés dans leur travail par le sauvetage des animaux d'un cirque qui a élu domicile sous la grande verrière. Ils doivent aussi protéger les œuvres envoyées pour une exposition par des artistes mobilisés ou prisonniers.
Par la suite, plusieurs institutions et services s'installent au cœur du Grand Palais sans provoquer de réaction particulière de la part de son ministère de tutelle :
- Le commissariat de police du VIIIe arrondissement, chargé de la surveillance du Palais de l'Elysée et de ses abords ;
- Un bureau de douane ;
- Des ateliers d'architecture décentralisés de l'École nationale supérieure des beaux-arts devenus, après 1968, une Unité pédagogique d'architecture ;
- L'UER d'études germaniques et slaves, antenne de l'université Paris-IV ;
- Un restaurant universitaire ;
- La Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) d'Île-de-France ;
- Une partie des bureaux de la Mission du patrimoine photographique ;
- Divers bureaux et appartements de fonction ;
- Un parc de stationnement automobile en sous-sol.
[modifier] Fermeture et renaissance
[modifier] Les mesures conservatoires
L'alerte est donnée en juin 1993 après le détachement d'un élément de rivetage depuis une hauteur de près de trente-cinq mètres lors d'une exposition consacrée au design.
Le ministre de la Culture d'alors, Jacques Toubon, prend la décision de fermer « provisoirement » le lieu en novembre de la même année en raison du danger que représente la chute de nouveaux rivets sur le public.
La pose de filets accrochés sous la verrière (voir photographie ci-contre) et la convocation d'experts pour pallier cette situation ne suffisent pas pour maintenir l'ouverture au public. Seuls et après de nécessaires travaux de sécurité, les Galeries nationales et le Palais de la Découverte sont à nouveaux disponibles. L'utilisation de la nef s'interrompt pendant douze longues années.
[modifier] Les pathologies rencontrées
Des désordres se manifestent tout au long du XXe siècle et depuis le début même du chantier, dans la zone sud de la grande nef. En cours de construction, ces imprévus sont d'autant plus graves qu'il n'est pas question de repousser la date de livraison du Grand Palais.
Le comportement des maçonneries et de la charpente métallique provient de plusieurs facteurs :
- Les fondations de l'édifice, pour partie constituées de pieux battus en chêne soutenant des massifs de pierre ou de béton de chaux, sont soumises à des variations et un abaissement progressif de la nappe phréatique. Dû à des campagnes de travaux de réaménagements successives de la voirie et du quai en bordure de Seine, ce phénomène provoque un délavage puis un pourrissement des têtes de poteaux mis en contact avec l'oxygène de l'air. L'affaissement contraint les concepteurs à augmenter d'abord le nombre des pieux pour ensuite rectifier légèrement les maçonneries et le profil de la charpente dans lesquels se répercutent les mouvements du sol. Près de trois mille quatre-cents poteaux sont finalement installés mais tous sont loin d'atteindre le « bon sol ». Cette couche géologique stable se situe, au sud, à une profondeur de quinze mètres.
- La nature alluvionnaire du terrain et sa tendance naturelle à glisser vers le lit de la Seine.
- Les accrochages réalisés directement sur la structure métallique, au gré de réalisations d'imposants décors ou d'expositions, tel le Salon de l'Aéronautique où ballons et avions sont parfois présentés en suspension. A lieu ainsi un vieillissement prématuré de plusieurs éléments métalliques.
- L'utilisation du Grand Palais pour des présentations hippiques a pour conséquence une altération du pied de plusieurs piliers en raison de l'acidité du sol absorbant l'urine des chevaux.
- L'emploi majeur de lamelles rivetées en acier dans la conception de la structure métallique au lieu d'éléments en fer comme pour la tour Eiffel. Ce matériau est, à l'époque du chantier, moins souple et se dilate moins que celui fabriqué aujourd'hui (rappelons que cet assemblage de plus de deux-cents mètres ne comporte aucun joint de dilatation).
- Les déformations de membrures et autres éléments dues aux tassements différentiels et ensuite au poids de la coupole du dôme.
- Les premières fissures apparaissant, les fuites d'eau à travers la verrière provoquant une lente corrosion du métal.
Au cours des études précédant les récents travaux de reprise en sous-œuvre, les calculs évaluent l'affaissement des massifs de fondations de l'aile sud à près de 14 cm et une variation de hauteur, dans la partie métallique de l'ouvrage, à 7 cm. Ces valeurs, d'apparence négligeable, ont été suffisantes pour provoquer des dégâts structurels considérables.
[modifier] Les premiers travaux de confortation
Des remblaiements ou injections de matériaux de natures diverses ont commencé très tôt et se sont poursuivis à différentes périodes de la vie du monument pour combler les vides entre le niveau bas de l'édifice et celui du sol continuant à s'affaisser. En 1940, les troupes d'occupation allemandes installent véhicules et matériels divers dans la nef. S'apercevant de la fragilité des lieux, elles décident d'injecter plusieurs tonnes d'un coulis de béton dans le sous-sol, stabilisant un temps le terrain et les structures mais alourdissant l'ensemble dans sa partie méridionale. Ainsi, les désordres iront en s'accélérant jusqu'à cette fameuse année 1993.
[modifier] L'actuelle campagne de restauration
[modifier] La maîtrise d'ouvrage
La maîtrise d'ouvrage est assurée par la Direction de l'architecture et du patrimoine (DAPA) du ministère de la Culture et de la Communication. Le mandat de maîtrise d'ouvrage est attribué à l'Établissement public de maîtrise d'ouvrage des travaux culturels (ÉMOC).
[modifier] Les maîtres d'œuvre
La maîtrise d'œuvre est assurée par Alain-Charles Perrot, architecte en chef des monuments historiques (et architecte mandataire), ainsi que par Jean-Loup Roubert, deuxième premier Grand Prix de Rome en 1962, conservateur du Grand Palais et architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux.
[modifier] Les entreprises
[modifier] Intervenants en phase I
- Lot 1 - Gros-œuvre, fondations :
- Mandataire : Soletanche Bachy.
- Spie SCGPM.
- Spie Fondations.
- SMET TS.
- Lot 2 - Charpente métallique, verrières :
- Eiffel (SPR/Dutemple – VMT).
- Lot 3 - Couverture, métallerie :
- Mandataire : SA Toitures Petit & Fils.
- Galozzi entreprises.
- Miege et Piollet Entreprise SA.
- Van Mullem.
- Lot 4 - Pierre de taille :
- Quelin.
- Restauration des quadriges de Récipon :
- Ateliers d’œuvre de Forge et Socra SNC : ferronnerie d’art, serrurerie, métallerie et restauration de la statuaire en cuivre
- Entreprise Degaine : maçonnerie, pierre de taille.
- Entreprise Mills : échafaudage.
[modifier] Intervenants en phase II
- Fondations :
- Solétanche Bachy / SPIE Fondations
- Façades :
- Organisation de chantier / Échafaudage : Layher.
- Nettoyage des maçonneries à la nacelle (micro-sablage, gommage) : Thomann-Hanry.
- Nettoyage des maçonneries avec échafaudage : Seccobat.
- Nettoyage des maçonneries sculptées : Quelin.
- Restauration des maçonneries / Pierre de taille : Lefèvre.
- Restauration des sculptures en métal.
- Restauration des mosaïques et des céramiques : Socra.
- Restauration du plafond stuc et de sa structure : SOE – Stuc et Staff / Atelier Bouvier.
- Restauration des menuiseries en ferronnerie décoratives et des ouvrages métalliques courants : Ateliers Saint-Jacques.
- Couverture en plomb et en zinc des bandeaux : Petit & fils / Miege et Piollet.
[modifier] Programmation du chantier
Les travaux se déroulent en deux phases :
- Première phase (Novembre 2001 – Août 2004) : reprise en sous-œuvre d'une partie des fondations accompagnée d'une dépose, remise en état et repose, de 2001 à 2004, des deux quadriges en cuivre repoussé et de leur armature en fer de Récipon.
- Deuxième phase (depuis 2002 jusqu'à fin 2007) : réparation des murs et autres maçonneries fissurées, de la verrière et des couvertures déformées ou vétustes avec, depuis 2005, un ravalement des façades, une restauration de la grande frise extérieure en mosaïques et une seconde et dernière campagne de consolidations des fondations.
(Cette dernière phase devrait prendre du retard en raison d'un report, en février 2006, des crédits alloués à la restauration des extérieurs).
Le budget prévisionnel de ce chantier atteint 101,36 millions d'euros (dont 72,3 pour la première phase). Le financement est assuré grâce à l'État par l'intermédiaire du Ministère de la Culture.
[modifier] Quelques chiffres
- Les fondations :
Huit mille neuf-cents mètres carrés de parois moulées exécutées avec près de six mille six-cents mètres cube de béton, deux mille colonnes de jet grouting mises en place avec environ dix mille tonnes de ciment.
- La grande nef :
Longueur de deux-cents mètres, largeur de cinquante mètres (de cent mètres entre l'entrée principale et le mur de fond du paddock), hauteur de trente-cinq mètres sous la charpente, quarante-cinq mètres de hauteur sous la coupole, soixante mètres jusqu'au campanile. La surface au sol atteint une superficie de treize mille cinq-cents mètres carrés.
- La charpente métallique :
Poids au-dessus de la nef : six mille tonnes d’acier (six-cents tonnes remplacées pendant la première phase des travaux) soit un total de huit mille cinq-cents en comptant le Palais d’Antin. Nombre de rivets changés : environ quinze mille. Surface repeinte : cent-dix mille mètres carrés. Poids de la nouvelle peinture : soixante tonnes pour trois couches réalisées, soit pratiquement l'équivalent de deux mille pots de trente kilos.
- Les différents vitrages :
Surface remplacée : treize mille cinq-cents mètres carrés pour la grande nef (seize mille mètres carrés avec les verrières latérales). Charge de vitrage neuf pour la nef, le paddock et les verrières proche des deux quadriges : deux-cents quatre-vingts tonnes de verre feuilleté (non-compris soixante-cinq tonnes de double vitrage pour les galeries latérales situées en périphérie).
- Les couvertures et les ouvrages de métallerie :
Linéaires remplacés : sept-cents cinquante mètres de chéneaux en plomb et cent-dix mètres en zinc, mille deux-cents mètres d'ornements en zinc estampé. Surface des terrassons en zinc : cinq mille deux-cents mètres carrés.
(Source : ÉMOC).
[modifier] Petite histoire du vert "Réséda"
Avant même le commencement des premiers travaux de réhabilitation de la nef du Grand-Palais, s'est très vite posée la question du choix de la couleur à donner à la structure métallique, voire si la restitution de l'état initial était possible. Le temps ayant fait son œuvre, de nombreuses couches de peinture ont recouvert l'ensemble des éléments. La couleur visible en 2001 était proche du gris.
L'option de la restitution ne peut être envisagée qu'après de minutieuses études et analyses :
- L'observation, après dépose des plaques rivetées portant le nom des entreprises ayant participé au chantier. Jamais enlevées, elles révèlent une teinte proche du vert clair.
- L'analyse physico-chimique de prélèvements. Réalisés par le Laboratoire de recherche des monuments historiques (ou LRMH) de Champs-sur-Marne et à l'aide, entre autres procédés, de la microscopie électronique à balayage, les examens permettent de définir le nombre de campagnes de remise en peinture, les différents composants et pigments utilisés dans les diverses couches, surtout la plus ancienne et, pour terminer, l'évolution de celle-ci en présence d'une exposition prolongée aux ultraviolets.
- La recherche du produit d'origine en fonction des premiers résultats. La chance est au rendez-vous car le fabricant ayant fourni la peinture en 1900 a toujours pignon sur rue. Il s'agit de l'entreprise Ripolin qui possède encore des archives sur l'époque concernée. Le nuancier correspondant est vite retrouvé et l'on découvre le nom de la couleur utilisée, un vert “Réséda” dont il existe trois nuances : pâle, moyen et foncé. Les analyses précédentes correspondent sans hésitation possible à l'utilisation du “vert réséda pâle”.
Ainsi aujourd'hui, nous pouvons observer la charpente métallique peinte avec une couleur rigoureusement identique à celle employée lors de l'achèvement de sa construction à la fin du XIXe siècle.
Cette peinture, si l'on en croit un récent communiqué de presse du ministère de la Culture, serait susceptible d'obtenir le label « Vert Grand Palais », à l'image du désormais célèbre « Marron Tour-Eiffel ».
[modifier] Le nouveau vitrage de la verrière
La restauration de la charpente va conduire également à celle de la verrière et de son tramage devenu peu esthétique. Au cours de l'étude préalable, l'architecte Alain-Charles Perrot suggère que soit restituée la trame initiale et la largeur des carreaux de verre, dénaturée au cours d'une campagne de remise en état. De plus, la constitution des vitres ne correspond plus aux règles de sécurité exigées aujourd'hui. Le verre armé est alors remplacé par un verre feuilleté de conception contemporaine qui possède deux qualités primordiales :
- Il permet au personnel d'entretien et de maintenance de circuler sur les passerelles extérieures sans danger. Le verre armé, bien que renforcé par un grillage n'empêche pas un homme de traverser la verrière et de faire une chute mortelle. Le nouveau verre évite cet inconvénient majeur sans augmentation notable de poids. Il est, de surcroît, d'un entretien plus aisé.
- Débarrassé du grillage interne et des défauts de finition de l'ancien matériau, le verre feuilleté bien que plus épais (9 mm) est nettement plus transparent. L'aspect d'ensemble des verrières de la grande nef et l'atmosphère qui règnent à l'intérieur de l'édifice en sont transformés. Si cette transparence ne correspond pas tout à fait à l'état d'origine, on ne peut nier l'amélioration apportée lors de l'utilisation des espaces d'expositions. Les reflets visibles de l'extérieur sont aussi modifiés. Les traitements appliqués à la surface du verre apportent une touche finale "hi-tech" et transforment la perception que l'on peut avoir en se promenant dans les proches environs du Grand Palais.
Les profilés supportant le poids des nouveaux vitrages sont également de section plus fine. L'aluminium, en remplaçant l'acier, diminue ainsi le poids de cette structure secondaire.
[modifier] Réouverture et avenir du Grand Palais
En chantier depuis 2002, la grande nef est ouverte exceptionnellement pendant deux semaines au grand public, à l'occasion des Journées européennes du patrimoine 2005.
L'achèvement de la restauration est attendu pour l'année 2007.
[modifier] Événements culturels en cours ou à venir
- « Les Nouveaux Réalistes », du 28 mars au 2 juillet 2007 (Galeries nationales) ;
- « L'Empire des Gupta. L'Âge d'or de la civilisation de l'Inde », du 4 avril au 25 juin 2007 (Galeries nationales).
[modifier] La réutilisation du palais à partir de 2007
L'actuel ministre de la Culture et de la Communication, Renaud Donnedieu de Vabres, a souhaité la mise en place d'une structure baptisée « Établissement public du Grand Palais », plutôt que de voir confier la gestion et la programmation du lieu à des organismes privés.
Le Grand Palais bénéficie ainsi du statut d'établissement public industriel et commercial (Epic), depuis le 1er janvier 2007.
[modifier] Sources bibliographiques et iconographiques
[modifier] Bibliographie
- Notes et documents personnels
- Gilles Plum, Le Grand Palais, l'aventure du Palais des Beaux-Arts, éd. Réunion des Musées Nationaux, distribution Le Seuil, Paris, 1993
- « Grand Palais : les sommets de la restauration », in Atrium construction, no 11, Paris, juin/juillet 2004
- Jean Monneret, Le Grand Palais, regard de Jean Monneret, éd. Réunion des musées nationaux, Paris, 2006 (ISBN 2711851915)
- Bernard Marrey, Le Grand Palais. Sa construction, son histoire, éd. Picard, Paris, 2006 (ISBN 2708407767)
[modifier] Iconographie
[modifier] Filmographie
- Conférence vidéo de 52’ sur la restauration du Grand Palais, donnée par Alain-Charles Perrot, le 21 octobre 2004 (en libre consultation et en téléchargement sur le site de l'« Université de tous les savoirs » : http://www.utls.fr).
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Petit Palais
- Pont Alexandre III
- Avenue des Champs-Élysées
- Prix de Rome
- Monument historique
- Ministère de la Culture
[modifier] Liens externes
- Le site officiel du Grand Palais
- Conférence de presse pour la réouverture du Grand Palais
- Site de l'ÉMOC (Établissement public de maîtrise d'ouvrage des travaux culturels)
- Le Grand Palais sur le site Structurae
- Le site officiel des Galeries nationales du Grand Palais
- Le site officiel du Palais de la Découverte
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