Histoire des Juifs en Algérie
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Les Juifs d'Algérie constituaient avant l'indépendance de l'Algérie une population de 130 000 personnes environ. Ils étaient pour la plupart d'origine nord-africaine et appartenaient à l'ensemble du judaïsme nord-africain, présent également au Maroc et en Tunisie, et qui a aujourd'hui disparu presque totalement après plus de 2000 ans d'existence. Cette population a émigré pour sa majorité en France.
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[modifier] Composition du peuplement juif
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L'Algérie comptait dès le temps des Carthaginois, mais surtout depuis les époques de Strabon et de la Kahena, un nombre important de juifs de culture arabo-berbère, qui a constitué la communauté religieuse la plus ancienne de ce pays.
Leur effectif fut par la suite renforcé, comme celui des musulmans, à la suite de la Reconquista espagnole, en 1492-93, par l'afflux de juifs et de musulmans. Les uns et les autres, chassés par les rois catholiques, se réfugièrent en Afrique du Nord.
Les rabbins espagnols, firent prévaloir progressivement leur rite, dit « sépharade » (c'est-à-dire en hébreu, « espagnol »), sur le rite local. Si bien que les Juifs d'Algérie sont de nos jours, généralement qualifiés de « sépharades », en dépit de leur origine majoritairement berbère.
Une étude d'onomastique statistique, [1] indique que 50 % des Juifs d'Afrique du Nord ont un nom d'origine arabo-berbère, 18 % d'origine hébraïque et 12,5 % d'origine latine (espagnole, italienne, portugaise).
Les Juifs d'Algérie ont donc constitué un groupe assez complexe. On peut distinguer de par leurs origines et leur statut social trois sous-groupes distincts bien que s'étant mutuellement influencés et mélangés avec le temps:
- Les toshavim (en hébreu les indigènes) de culture arabo-berbère forment la majorité du peuplement juif, de condition très modeste. Ils habitent non seulement les grands centres urbains mais aussi un grand nombre de bourgades. Il faut distinguer parmi eux les tribus juives nomades du Mzab et de l'Aurès très isolées et qui vivent dans un syncrétisme judéo-musulman ;
- Les megorashim (en hébreu "les chassés") de culture séfarade, venus de la péninsule ibérique pendant et après la Reconquista ;
- Les Juifs de Livourne ou Granas, arrivés au XVIIème siècle en provenance de la Toscane. Concentrés dans les grandes villes et ayant une situation économique aisée, ils sont très minoritaires, polyglottes, et maintiennent des relations privilégiées avec l'Europe.
Cette distinction est similaire à celle qui existait au Maroc et en Tunisie à la différence que le ladino, langue des Juifs d'Espagne ne prédomina jamais comme ce fut le cas à Tanger ou à Tétouan et que les institutions religieuses ne furent jamais divisées comme ce fut le cas en Tunisie entre grana et toshavim.
[modifier] Histoire
[modifier] Des Carthaginois à la colonisation française
L'origine des Juifs d'Algérie est très ancienne et mal connue. On estime que les premiers Juifs sont arrivés en Afrique du Nord avec les Phéniciens à l'époque de la fondation de Carthage, vers le milieu du VIIIe siècle av. J.-C.. Au IIe siècle av. J.-C., les Ptolémées transfèrent en Égypte de nombreux Juifs, dont beaucoup émigrent en Afrique du Nord. D'ailleurs, des inscriptions en araméen sur des pierres tombales du IIIe siècle avant J.-C. y sont attestées.
D'autres arrivent plus tard, notamment lors de la répression exercée par l'empereur romain Titus en Palestine après la destruction du Temple en 70 après J.-C.. Puis, à la suite d'une violente insurrection des Juifs de Cyrénaïque sous le règne de Trajan, celui-ci, après les avoir écrasés, déporte les survivants dans la province de Maurétanie (Maghreb actuel, à l'ouest de Constantine).
À la veille de l'expansion musulmane, outre les populations sédentaires descendant des immigrés ou déportés évoqués ci-dessus, plusieurs tribus berbères pratiquent le judaïsme, notamment les Djeraoua de l'Aurès et les Nefoussa du sud-est de l'Ifrika. Ce sont ces tribus berbères juives qui, sous la direction d'une figure légendaire, la reine guerrière Kahena, résistent le plus longtemps aux forces musulmanes, comme le rapporte notamment l'historien arabe du Moyen Âge, Ibn Khaldoun.
Après la conquête musulmane, les communautés juives sont soumises au statut de dhimmis, comme sur toutes les terres musulmanes depuis le Pacte d'Omar, au VII siècle, qui tout en leur laissant la liberté du culte, leur attribue un statut juridique très inférieur à celui des musulmans. Mais après une première période relativement tolérante, les Juifs d'Afrique du Nord sont au XIIe siècle soumis à une persécution terrible de la part des Almohades.
Dès 1165, une politique de conversion forcée s'instaure: interdiction de se marier avec des musulmans, de pratiquer le commerce à grande échelle. Il leur faut alors (au Maghreb comme en Espagne musulmane) soit pratiquer clandestinement, soit s'exiler vers l'Égypte (comme le fit le philosophe, médecin, talmudiste Maïmonide (Ben Maîmon)), ou la Palestine, ou l'Italie. De plus, ils doivent porter un vêtement particulier, de couleur jaune, sous l'Almohade Al Monsur, dès 1198. Cette tendance à marquer les Juifs d'une couleur ou d'une insigne, variable selon les pays et les époques, sera reprise en Europe dès le Moyen Âge.
À partir du règne des Almohades, de nombreux Juifs nord-africains émigrent donc vers les terres chrétiennes de l'Espagne, alors en guerre sur son propre sol avec des Almohades en pleine expansion.
À partir du XIVe siècle et jusqu'au XVIIe siècle, l'émigration s'inverse. Les communautés nord-africaines voient arriver des Juifs d'Espagne. La plus grande vague suivra l'ordre d'expulsion prononcé en mars 1492 après la prise de Grenade par les rois catholiques. Relativement peu nombreux, les Juifs d'Espagne s'installent dans les villes du littoral et fusionnent progressivement avec les Juifs autochtones. Ce sont eux qui sous la désignation de Sépharades (qui désignait à l'origine les Juifs d'Espagne), introduisent la liturgie du même nom. Finalement, ce sont toutes les communautés juives nord-africaines, et au-delà balkaniques et orientales, qui adopteront la liturgie sépharade.
Plus tard, au XVIIIe siècle, arrivent les « Juifs Francs », de Livourne (Italie), très peu nombreux mais occupant une position sociale élevée, notamment auprès du Dey d'Alger. Eux aussi sont en partie d'origine ibérique. C'est l'une de ces familles, Bacri-Busnach, qui fournit en blé les armées de la Révolution, sans parvenir à s'en faire régler le prix, sauf de façon partielle sous la Restauration. Aussi, le Dey, ne pouvant prélever sa part majoritaire sur le produit de la transaction non-réglée, convoque le consul français pour régler les dettes de la France. Cette famille se trouve alors entraînée dans le différend entre la France et la Régence d'Alger. C'est suite à ce conflit commercial que surviendront l'affaire du coup d'éventail, l'expédition d'Alger et la conquête de l'Algérie.
Pendant la période ottomane, les Juifs d'Algérie sont strictement soumis au statut de « dhimmi » qui leur assure à la fois une certaine protection mais les discrimine par rapport au musulmans.
Selon un rapport du consul des États-Unis de 1825, des mesures vexatoires sont appliquées pendant la régence d'Alger (du XVIIIe siècle jusqu'à l'invasion Française), comme l'obligation d'habiter dans un ghetto séparé (appelé mellah à Oran ou hara à Alger et Constantine), ou l'obligation de porter des vêtements distinctifs de couleurs sombres.
En cas d'agression par un musulman, les juifs n'ont alors en aucun cas le droit de se défendre par la force. En cas de litige avec un musulman, ils sont jugés par un tribunal musulman, devant lequel les témoignages de juifs sont considérés comme nuls, mais où ils ont tout de même le droit de s'exprimer lors du jugement. Les juifs non respectueux de ces restrictions sont brûlés vifs à la Porte de Bab El-Oued, à l'endroit même où la France construira plus tard le principal lycée d'Alger. Le seul côté protecteur de leur statut réside dans le fait que les juifs restent soumis à leurs juridictions propres pour toutes les affaires relevant de leur seule communauté (tribunaux rabbiniques).
Il arrive aussi que des notables juifs soient exécutés par le Dey, comme le grand rabbin d'Alger, Isaac Aboulker, en 1815. Les Juifs vivent en permanence sous la menace de massacres, comme celui de 1805 dont a témoigné le consul de France Dubois-Thainville. Celui-ci a alors sauvé la vie de 200 juifs, en les abritant dans son consulat.
[modifier] La colonisation française
En 1830, à la suite de la colonisation française de l'Algérie, les israélites sont libérés du statut de dhimmis : ils reçoivent dans un premier temps l'égalité des droits avec les « indigènes » musulmans, en application de l'acte de capitulation passé entre le général de Bourmont et le Dey d'Alger, qui garantit le respect de toutes les religions.
Mais dès que les premières écoles françaises sont ouvertes, les juifs y envoient leurs enfants, ils renoncent rapidement à leurs tribunaux religieux pour ne dépendre que des tribunaux français de droit commun.
Les gouvernants français, et notamment Louis-Philippe et Napoléon III, établi l'accession des Juifs à la citoyenneté française, c'est-à-dire à l'égalité complète. Car dans le cadre d'une politique de création de colonies, l'état attribuait aux européens et aux juifs voulant rester en Algérie la nationalité française dans le but d’isoler les indigènes et faire de "l'Algérie française" un fait irréversible. Un sénatus-consulte est pris le 14 juillet 1865, sous Napoléon III, qui permet aux Juifs et musulmans « indigènes » d'Algérie qui le désirent de devenir citoyens français, ce que peu d'entre eux firent.
Après la guerre de 1870, le gouvernement de la Défense Nationale attribue d'office aux Juifs d'Algérie la citoyenneté française, mettant fin au statut civil mosaïque, par le décret Crémieux du 24 octobre 1870. Ainsi, à une époque où la position de la France est menacée dans cette colonie, y sont créés quelques 34 574[2] citoyens français de plus.
Citoyens français, les Juifs d'Algérie servent comme tous leurs compatriotes mobilisés en 1914-18 et en 1939-45, alors que les musulmans, sujets français, sont engagés en tant qu'indigènes. S'agissant du décret Crémieux, les colons, qui n'apprécient pas que la citoyenneté française puisse être attribuée à des « indigènes », s'opposent à cette première mesure de décolonisation par assimilation, en la prétextant injuste par rapport aux Musulmans. Mais aucun d'eux ne pousse cette sollicitude envers les Musulmans jusqu'à en demander l'attribution pour ces derniers. Quant à leurs groupes de pression, ils ne cessent d'appeler au soulèvement et de demander la suppression de ce décret et jusqu'à l'instauration du régime de Vichy. À l'approche de la guerre un fort courant antisémite existe parmis les pieds noirs européens, la manchette permanente du Petit Oranais titre :
« Il faut mettre le soufre, la poix, et si il se peut le feu de l'enfer aux synagogues et aux écoles juives, s'emparer de leurs capitaux et les chasser en pleine campagne comme des chiens enragés[3] »
[modifier] L'influence des Juifs et du judaïsme de la métropole
La colonisation française en Algérie s'est doublée pour les israélites de ce que Simon Schwarzfuchs appelle un "colonialisme juif" venu de métropole[4]. À partir de la conquête de l'Algérie par la France, ces derniers s'intéressent au sort de leurs coreligionnaires, et envoient sur place des émissaires qui rendent des rapports bienveillants mais souvent condescendants envers les Juifs d'Algérie[5], les montrant désireux de se rapprocher de la civilisation française bien qu'arriérés et incultes. Ce sont eux qui demandent au gouvernement que les instances consistoriales soient étendues à l'Algérie. Requête plusieurs fois refusée par le gouvernement qui ne voulait pas organiser le culte israélite puis finalement acceptée en tant qu"œuvre philanthropique digne de la France"[6]. Ainsi, par l'ordonnance royale de Saint-Cloud du 9 novembre 1845, un Consistoire central est créé à Alger ainsi que deux autres à Oran et Constantine, chapeautés par des grands rabbins originaires de France, de culture ashkénaze qui imposeront au fil du temps et non sans heurts le point de vue consistorial sécularisé aux israélites algériens et les éloigneront des traditions juives nord-africaines.
[modifier] L'assimilation
La population juive a été beaucoup plus perméable aux influences françaises que les musulmans. À partir de 1860-70, la jeunesse s'habille majoritairement à l'européenne[7]; les prénoms aussi évoluent: les prénoms français remplacent les prénoms hébraïques ou arabes qui sont désormais portés en deuxième position. L'usage du français remplace celui de l'arabe comme langue courante chez les Juifs comme en témoignent deux personnalités juives algériennes venues d'horizons très différents, le journaliste Jean Daniel et le rabbin Léon Ashkénasi :
« Je ne porte pas les stigmates d'une arabité particulière. Mes amis arabes parlaient français. Je n'ai pas appris l'arabe et je le regrette. Et il était déconseillé de le faire. Au temps de mon enfance, la présence française est très forte et de nombreux musulmans en sont imprégnés[8]. »
« Je me souviens que quand j'étais tout enfant j'assistais aux études de mon père et de mon grand-père. Ils étudiaient en judéo-arabe, parce que la langue de mon grand-père était le judéo-arabe [...]Le grand mystère c'est que mon père m'a enseigné en français. Comment a-t-il traduit? Je ne sais pas parce qu'il était d'une génération qui n'a pas du tout reçu de la métropoles les moyens d'une formulation. Ce travail c'est notre génération qui a été obligé de la faire.[...] Le grand-père avait appris en arabe et le père avait enseigné au fils en français. Comment cela s'est-il fait ? je crois que c'est mystérieux mais cela s'est fait[9]. »
Cette assimilation au modèle français, bien que plus marquée qu'en Tunisie ou au Maroc, n'est cependant pas aussi poussée que celle s'opérant chez les Juifs de métropole. Ainsi, très peu de mariages mixtes sont contractés, et les Juifs restent un groupe distinct au sein de la population, bénéficiant de la citoyenneté française en Algérie. De même, la pratique religieuse des Juifs algériens est resté globalement plus importante que celle des Juifs de l'hexagone de la même époque.
[modifier] La Seconde guerre mondiale
La défaite française de 1940 et l'instauration du régime de Vichy qui s'ensuit est resté comme une période très douloureuse pour les Juifs d'Algérie. Soixante-dix ans après leur accession à la citoyenneté française, ils sont déchus collectivement de leur nationalité.
[modifier] La révocation du Décret Crémieux
La décision d'abroger le décret Crémieux est prise le 7 octobre 1940 par Vichy. Le 30, les lois sur le statut des Juifs d'essence antisémite s'appliquent en métropole comme en Algérie. Les Juifs d'Afrique du Nord ne subissent pas l'action génocidaire des nazis qui dévaste les communautés juives d'Europe mais ils sont cependant mis au ban de la société française d'Algérie pendant la durée des hostilités et certains d'entre eux sont internés dans des camp de travail dans le sud algérien.
[modifier] Le maintien de la législation anti-juive à la Libération
Le 8 novembre 1942, lors de l'opération Torch, 377 résistants français mal armés, (dont 80% sont juifs) sous la conduite de José Aboulker[10], arrêtent les généraux de Vichy et neutralisent pendant 15 heures le XIXe corps d'armée vichyste d'Alger. Ainsi permettent-ils aux Alliés de débarquer, d'encercler Alger, et de s'en emparer le jour même, alors qu'à Oran et au Maroc, les Français et les Alliés s'entre-tuent pendant trois jours. Grâce à leur action, la part de la résistance française est prépondérante dans le succès de l'opération Torch. La venue des alliés ne se traduit pas pour autant par la fin de la législation antisémite. Sous Darlan, elle est maintenue malgré la promesse du général américain Eisenhower de la supprimer. Puis après son assassinat, c'est sous la direction du général Giraud qu'elle est prolongée.
Giraud nomme gouverneur de l'Algérie Marcel Peyrouton, ancien ministre de Vichy, celui-là même qui avait décidé l'abrogation du décret Crémieux. Ce dernier freine le retour à la normale pour les Juifs d'Algérie. Le [[numérus clausus ]] est abandonné à la mi-février 1943 et 3500 fonctionnaires juifs licenciés sont par la suite réintégrés. Mais le 14 mars, il annonce que toute la législation vichyste est dénuée de toute valeur légale et dans un même mouvement réabroge le décret Crémieux arguant du fait que ce décret mécontente les musulmans, argument critiqué par Ferhat Abbas leader des algériens musulmans qui déclare ne pas vouloir de l'égalité par le bas[11]. Le philosophe Jacques Derrida témoigne de cette période difficile pour les Juifs :
« Les enfants juifs sont expulsés de l'école. Bureau du surveillant général: tu vas rentrer chez toi, tes parents t'expliqueront. Puis les alliés débarquent, c'est la période du gouvernement général (de Gaulle-Giraud) : les lois raciales maintenues près de six mois sous un gouvernement "libre". Les copains qui ne vous connaissent plus, les injures, le lycée avec les enseignants expulsés sans un murmure de protestation des collègues[12]. »
[modifier] Le rétablissement du décret Crémieux
Leur citoyenneté française est officiellement rendue aux Juifs d'Algérie, le 20 octobre 1943, presque un an après le débarquement allié, après que De Gaulle ait prit la présidence exclusive du Comité français de la Libération nationale d'Alger et affirmé son autorité sur tout l'empire en guerre.
Par la suite, on voit des figures juives comme le professeur Aboulker, grand mutilé de la Première Guerre mondiale, exiger que les Juifs figurent dans les unités combattantes comme les autres citoyens français, ce que le général Giraud avait exclu. Quant aux jeunes Juifs, ils s'engagent massivement dans les unités de choc, comme les Corps Francs d'Afrique. Ainsi, le rabbin Léon Ashkénazi devient aumônier au sein de la Légion Étrangère.
[modifier] La guerre d'Algérie
- Article détaillé : Guerre d'Algérie.
Les Juifs subissent une série d'exactions de la part des musulmans tout au long de la guerre d'Algérie, se traduisant par des assassinats et des attentats touchant les dirigeants mais aussi l'ensemble de la communauté juive, la profanation et la destruction de synagogues[13].
La plupart des Juifs adoptent une attitude neutre et attentiste durant le conflit, attachés à l'Algérie française mais défiants envers l'OAS dont beaucoup de membres avaient été vichystes durant l'Occupation. Certains sont partisans du maintien de la présence française comme les autres Pieds-Noirs en Algérie et d'autres, tel Jean Daniel, prennent une part active dans la lutte anticolonialiste.
La mort de Cheikh Raymond Leyris (beau-père d'Enrico Macias), musicien de Maalouf et apprécié tant des juifs que des musulmans, assassiné par un Algérien musulman le 22 juin 1961, constitue un tournant symbolique pour nombre de Juifs d'Algérie[14]. Tant et si bien que, dans leur majorité ils préférent, comme les autres Français, s'installer en métropole lors de l'indépendance de l'Algérie en 1962.
[modifier] Après 1962
À partir d'avril 1962, la presque totalité des 130 000 Juifs est rapatriée en France, 25 000 restent en Algérie mais l'on n'y compte plus que 1000 Juifs en 1971, 200 en 1982. Les derniers partent suite à la guerre civile algérienne[15]. On peut constater que c'est le seul cas au XXème siècle où l'émigration de Juifs des pays musulmans ne s'est pas produite majoritairement vers Israël où 4000 Juifs d'Algérie font cependant leur aliyah en 1962. Partis comme la majorité des Français d'Algérie en catastrophe peu avant l'indépendance, ils bénéficient comme les autres rapatriés de la « solidarité nationale ». Ils se fondent dans un premier temps dans la masse des Pieds-Noirs auxquels ils s'identifient et ce n'est que peu à peu que leur identité spécifique resurgit. La communauté juive de la métropole font jouer la solidarité communautaire en leur direction.
En 1975, la Grande synagogue d'Oran est transformée en mosquée.
En 1999, Abdelaziz Bouteflika a rendu un hommage appuyé aux Juifs constantinois, à l'occasion du 2500ème anniversaire de cette ville[16]. En 2000, la tournée qu'Enrico Macias devait faire sur sa terre natale a été annulée suites à des pressions internes et malgré l'invitation officielle de la présidence[17]. En 2005, deux événements marquent l'actualité:
- la tenue d'un colloque des Juifs de Constantine à Jérusalem provoque une rumeur selon laquelle ils auraient fait une demande d'indemnisation à l'Algérie suite à leur départ en 1962, information démentie par les autorités d'Alger[18] ;
- la visite à Tlemcen de 130 Juifs originaires de cette ville, fait sans précédent depuis l'indépendance, est vécue dans l'émotion tant du côté des juifs algériens que de celui des musulmans algériens[19].
[modifier] Personnalités juives originaires d'Algérie
- José Aboulker, neuro-chirurgien, résistant
- Paul Amar, journaliste
- Alexandre Arcady, metteur en scène
- Léon Ashkénasi, rabbin
- Yvan Attal, metteur en scène, acteur
- Jacques Attali, économiste, écrivain
- Baruj Benacerraf, immunologiste, prix Nobel (1980) (mère algérienne)
- Paul Benacerraf, philosophe (mère algérienne)
- Pierre Bénichou, journaliste
- Jean Benguigui, acteur
- Eric Benhamou, pdg de 3COM
- Georges-Marc Benamou, journaliste
- Simon ben Semah Duran, second Grand Rabbin d'Algérie (né à Majorque, décédé en 1412 à Alger)
- Isaac ben Chechet, talmudiste médiéval
- Richard Berry, acteur
- Blond-Blond, chanteur
- Lili Boniche, musicien
- Patrick Bruel, chanteur, acteu
- Alain Chabat, comédien, réalisateur, scénariste et producteur de cinéma
- André Chouraqui, écrivain
- Hélène Cixous, écrivain
- Robert Cohen, boxeur
- Annie Cohen-Solal, biographe de Jean-Paul Sartre
- Claude Cohen-Tannoudji, physicien, prix Nobel (1997)
- Jean Daniel, journaliste
- Jacques Derrida, philosophe
- Gérard Darmon, acteur
- Julien Dray, homme politique
- Alphonse Halimi, boxeur
- Roger Hanin, acteur et metteur en scène
- Claude Lelouch, metteur en scène
- Daniel Lévi, musicien
- Raymond Leyris, musicien
- Enrico Macias, chanteur
- Reinette L'oranaise, musicienne
- Patrick Timsit, acteur
- Michaël Youn, acteur, présentateur TV et radio (par son père)
[modifier] Notes et références
- ↑ Réalisée en 1936 par le rabbin Eisenbeth, cité par Jean Despois (L'Afrique du Nord, PUF, 1964)
- ↑ Richard Ayoun,Le monde sépharade, Tome 1 Histoire, Éditions du Seuil, Paris, 2006, p.607.
- ↑ cités dans Les trois exils, Juifs d'Algérie, p.78.
- ↑ Cité par Bernard Cohen et Richard Ayoun in Les Juifs d'Algérie, 2000 ans d'histoire, Paris, J-C Lattès, 1982, p.125.
- ↑ Les trois exils juifs d'Algérie p.43.
- ↑ p.44.
- ↑ Le monde sépharade" Tome 1 p.604
- ↑ Jean Daniel, Cet étranger qui me ressemble, Paris, Grasset, 2005, p.24.
- ↑ Léon Ashkénazi, La parole et l'écrit , Tome 1 p.457 (Transcription d'un entretien diffusé sur RCJ en juin 1993.)
- ↑ Les trois exils juifs d'Algérie p.218.
- ↑ faits rapportés dans Les trois exils, juifs d'Algérie, p.97
- ↑ Jacques Derrida, La Contre-Allée, Paris, La Quinzaine littéraire, 1999, p. 87-88.
- ↑ Moïse Rahmani, Réfugiés juifs des pays arabes, Éditions luc Pire, p.26-27
- ↑ Les trois exils Juifs d'Algérie",p.135
- ↑ chiffres donnés dans Les trois exils juifs d'Algérie p.219
- ↑ "Il y a lieu de signaler que les habitants juifs et ils étaient nombreux ont joué un rôle dans la préservation du patrimoine commun ; coutumes vêtements, arts culinaires et vie artistique" (Bouteflika dans son allocution du 5 Juillet 1999)
- ↑ voir l'article d'El Watan
- ↑ «Du côté des autorités algériennes, on dément formellement que les Juifs d'Algérie aient présenté la moindre demande de réparation. Une telle requête n'aurait d'ailleurs aucun sens, précise-t-on à la présidence de la République Algérienne." Le Monde le 29 juin 2005.
- ↑ Voir l'article de l'Arche
[modifier] Bibliographie
- (fr) Émile Félix Gauthier, Genséric, roi des Vandales, Payot, Paris, 1935.
- (fr) Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, Traduction du Baron de Slane, Tomes I, II, II et IV, Alger, 1852-1856. (ISBN 2705336397).
- (fr) Émile Félix Gauthier, Les siècles obscurs du Mahgreb, Paris, Payot 1927.
- (fr) Meriam Demnati, Lucien-Samir Oulahbib, Masri Feki et Moïse Rahmani, A l'ombre de l'Islam. Minorités et minorisés, Filipson Ed., Bruxelles, 2005, (ISBN 2930387106).
- (fr) Diego de Haedo, Histoire des rois d'Alger (Topographia e Historia general de Argel, Valladolid, 1612), Traduction d'H.D. de Grammont, Bouchène, Paris, 1998, (ISBN 26912946050).
- (fr) Dermenjian Geneviève, La crise anti-juive oranaise (1895-1905), l'antisémitisme dans l'Algérie coloniale, Paris, l'harmattan, 1986, (ISBN 2-85802-673-4).
- (fr) Benjamin Stora et Dermenjian Geneviève , Les Juifs d'Algérie dans le regard des militaires et des juifs de France à l'époque de la conquête (1830-1855), Revue Historique, CCLXXXIV/2, pp. 332-339.
- (fr) Benjamin Stora Les trois exils Juifs d'Algérie, Stock, 1996, (ISBN 2234058635).
- (fr) Richard Ayoun & Bernard Cohen, "les juifs d'Algérie, 2000 ans d'histoire" publié par les éditions Rahma, Alger, 1994.
[modifier] Liens externes
- Français, Juifs, Musulmans ... en Algérie de 1830 à 1962
- Les Juifs de Constantine
- Lettre aux israélites d'Algérie
- zlabia.com site de la diaspora juive algérienne
- Torat Emet le site du judaïsme nord Africain Cours et enregistrements du Rav Zécharia Zermati sur le judaïsme algérien
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