Nerva (empereur romain)
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Nerva (latin :IMPERATOR•NERVA•CAESAR•AVGVSTVS•GERMANICVS) (8 novembre 30 – 25 janvier 98) fut empereur romain du 18 septembre 96 au 25 janvier 98. Bien que son règne fût extrêmement court, il eut le mérite de fonder ce qu'on appelle communément la dynastie des Antonins, en choisissant comme successeur l’excellent général, Trajan.
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[modifier] Ses débuts
Nerva naît en 30 à Narnia en Ombrie. Sa famille entre au Sénat romain sous Auguste. Son père est un juriste renommé, et sa fortune est grande.
Nerva suit un cursus honorum classique : il est questeur, ensuite préteur sous Néron, puis consul en 71 avec Titus comme collègue. En 90, il partage cette fois le consulat avec Domitien. Les historiens ne rapportent pas qu’il ait exercé un quelconque gouvernement dans une province romaine.
En l'an 65, selon ce que rapporte Tacite (Annales, XV), il participe à la répression de la conjuration de Pison ourdie contre Néron et reçoit en récompense les ornements du triomphe, votés sur ordre par le Sénat. Ses images triomphales sont alors placées sur le forum et sa statue au Palatin, conjointement à celles du préfet du prétoire Tigellin.
En 93, il connait une brève disgrâce et s'exile à Tarente. Il réussit néanmoins à traverser sans problème le règne despotique de Domitien ; c'est un homme cultivé et modéré, dépourvu d’expérience militaire et de santé fragile - ainsi, il vomit fréquemment ce qu’il mange.
[modifier] Son accession à l’Empire
Nerva était informé du complot contre Domitien monté par des sénateurs et le préfet du prétoire Petronius Secundus. Ceci explique la rapidité avec laquelle le Sénat le proclame le 18 septembre 96, au soir même de l’assassinat de Domitien. Dans la foulée le Sénat décrète la damnatio memoriae de Domitien, lançant un mouvement de réaction suivi avec enthousiasme par la classe politique et la population romaine. Le nom de Domitien est martelé sur toutes les inscriptions publiques. Commence une purge des collaborateurs de Domitien, et une vague de procès contre les dénonciateurs qui ont suscité et profité des condamnations exercées par Domitien.
L’accession de Nerva suscite toutefois quelques oppositions sporadiques dans l’armée : la XXIe légion se mutine sur le Rhin ; la VIIe légion s’agite en Pannonie, avant d’être ramenée au calme par le philosophe Dion de Pruse, qui se trouvait exilé dans cette province. Plus menaçante est l’hostilité des gardes prétoriens, qui n'ont pas apprécié l'assassinat de Domitien, qui les avait comblés de faveurs.
[modifier] Son œuvre
Sénateur par son rang, et modéré par caractère, Nerva met fin à l’absolutisme de Domitien, et fait le serment que sous son règne, aucun sénateur ne sera condamné à mort. Ce serment sera répété par ses successeurs. Il rappelle les personnalités exilées par Domitien, tout en faisant bientôt cesser les procès contre les partisans de Domitien, avant qu’ils ne dégénèrent en répression incontrôlée.
L'empereur réussit à calmer les cohortes prétoriennes qui auraient voulu qu’on décerne des honneurs divins au défunt empereur. Un donativum, distribution d'argent aux soldats devenue traditionnelle, leur est octroyé.
Les émissions monétaires de Nerva saluent le changement de régime : les revers des monnaies vantent la LIBERTAS PVBLICA (liberté publique), l’AEQVITAS AVGVSTI (l’équité d’Auguste), la PROVIDENTIA SENATVS (Providence du sénat), et aussi CONCORDIA EXERCITVVM (la concorde des armées), apparemment un appel nécessaire.
Nerva parvint à assainir les finances impériales mises à mal par les dépenses de construction et de guerre de Domitien, tout en promulguant quelques allègements fiscaux catégoriels :
- il forme une commission de cinq sénateurs chargés des économies sur les dépenses publiques, et charge un préteur d’arbitrer les litiges entre le fisc et les contribuables.
- il allège les charges des villes italiennes en mettant au compte de l’Etat l’entretien des relais de la poste publique (cursus publicus).
- il dispense de l’impôt sur les successions directes les nouveaux citoyens qui viennent d’acquérir la citoyenneté romaine.
- il abolit l’application du fiscus judaïcus aux prosélytes qu’avait promulguée Domitien. Cette taxe individuelle versée par chaque juif pour l’entretien du Temple de Jérusalem était collectée au profit de Rome depuis la destruction du Temple. Domitien l’avait généralisée vers 92 aux prosélytes qui suivaient les mœurs juives sans en observer tous les rites. Cela avait donné lieu à des abus humiliants de la part de certains percepteurs, voulant vérifier la judaïté de contribuables potentiels.
Nerva soutient l’activité agricole italienne défaillante : de grands domaines sont divisés et distribués à des pauvres. Il envisage un système de prêts aux cultivateurs modestes, dont les intérêts financeraient les fils de famille pauvres. Trajan reprendra ce projet inabouti.
A Rome, Nerva se borne à achever la construction du forum transitorium commencée sous Domitien, et constituant un passage d’accès (comme son nom l’indique) aux différents fora : serré entre d’une part le forum de César et le forum d’Auguste, d’autre part le forum de la Paix, il s’ouvre sur le vieux forum romanum. Ce forum transitorium sera aussi appelé forum de Nerva.
[modifier] Sa succession
Fin 97, Nerva remplace Petronius Secundus au poste de préfet du prétoire par Casperius Aelianus, qui a déjà exercé cette fonction sous Domitien. C’est un choix aventureux : Casperius Aelianus réclame avec ses soldats la tête des assassins de Domitien. Nerva cède et laisse massacrer Petronius Secundus et Parthenius. L'empereur est ensuite forcé de prononcer un discours public de remerciement de cette initiative. Ce coup de force laisse craindre une crise similaire à celle de 69, qui vit l’assassinat de l’empereur Galba par les prétoriens (voir l’année des quatre empereurs).
Mais Nerva prend une initiative judicieuse : le 28 octobre 97, il adopte solennellement Trajan, légat de la Germanie supérieure, général de la puissante Armée du Rhin et militaire à la compétence éprouvée. Le Sénat ratifie en accordant à Trajan le titre de César, la puissance tribunicienne et l’imperium majus. Les prétoriens se souviennent aussi des événements de 69, et savent qu’ils ne feront pas le poids face aux légions. Pris de court, ils doivent s'incliner.
Une victoire de Trajan sur les Germains hausse encore son prestige. Il reçoit le titre de Germanicus, qu’il partage avec Nerva.
Le 1er janvier 98, Nerva inaugure le consulat avec Trajan et décède peu après, le 25 janvier 98, après seize mois d’un règne bref, mais riche en initiatives heureuses : la succession est parfaitement organisée, l’accès au titre impérial s’ouvre aux provinciaux, et une longue période de gouvernement en collaboration avec les sénateurs commence. Ses mesures de soutien économique seront poursuivies par ses successeurs.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Lien connexe
[modifier] Sources
- Les empereurs romains, de François Zosso et Christian Zingg, 1995
- Histoire générale de l’Empire romain, Paul Petit, Editions du Seuil, 1974
[modifier] Noms et titres
[modifier] Noms successifs
- 30, naît MARCVS•COCCEIVS•NERVA
- 96, accède à l'Empire : IMPERATOR•NERVA•CAESAR•AVGVSTVS
- 97, il prend le titre de Germanicus : IMPERATOR•NERVA•CAESAR•AVGVSTVS•GERMANICVS
[modifier] Titres et magistratures
- Consul en 71, 90, 97, 98
- Pater patriae en 96
- Pontifex maximus en 96
- Acclamé Imperator en 96 et 97
- Détient la puissance tribunicienne à partir de 96, renouvelée le 18 septembre 96, le 18 septembre 97 et le 10 décembre 97.
[modifier] Titulature à sa mort
À sa mort en 98 sa titulature était :
- IMPERATOR•NERVA•CAESAR•AVGVSTVS•GERMANICVS, PONTIFEX•MAXIMVS, TRIBVNICIAE•POTESTATIS•II, IMPERATOR•II, CONSVL•IV, PATER•PATRIAE
Note : Nerva a été divinisé par le Sénat.
Les empereurs romains | ||
Antonins | ||
Précédé par : Domitien (81 - 96) |
Nerva (96 - 98) | Suivi de : Trajan (98 - 117) ) |
Série Rome antique |
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