Valaques
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Le mot Valaques désigne en français les habitants de:
- ce que les historiens nomment des "Romanies populaires": des communautés latinophones restées sans couverture politique Romaine après le retrait des légions face aux Germains: il y en eut de nombreuses entre la Mer du Nord (île de Walcheren aux Pays-Bas) à la Mer Noire (pays "valaques", c'est-à-dire roumanophones) en passant par les Ardennes (Wallons), les Vosges et le Jura suisse (Welsches), les Alpes (Walchenthal, Walchengau, Walchensee), les Carpates (Moravsko Valašsko en Moravie tchèque, Vlachfölds en Hongrie), les monts Dinariques (Romania Planina, Vlašina, Vlašic en Bosnie) et les Balkans (Vlahina, Vlashina, Vlachoklissoura). Les habitants de ces Valachies se nommaient eux-mêmes Romans, Romanches, Ladini, Friulani, Istriani, Dinari, Armâni ou Români: ces deux derniers termes ont donné les mots modernes "Aroumains" et "Roumains", qui ont remplacé le terme antérieur "Valaques" devenu archaïque et parfois péjoratif.
- la Valachie Blanche - en Mésie le long du bas-Danube du Ve siècle au VIIème siècle.
- la Valachie Noire ("Morlaques", ou Mavro-valaques) - en Dalmatie au VIIIème siècle.
- la Grande Valachie ("Megali Valacheia") - en Macédoine et Thessalie au IXème siècle.
- la Valachie Assénide ("regnum Valachorum") dans l'actuelle Bulgarie (appelée "second royaume Bulgare") aux XIIème et XIIIe siècles.
- la principauté de Transylvanie ou "Valachie intérieure" au XIIème siècle, issue de la réorganisation des "Vlachfölds" roumains de Hongrie, qui a fusionné avec le Royaume de Hongrie en 1867 avant de devenir roumaine en 1918.
- la principauté de Valachie ou "Hongro-Valachie" au XIVème siècle, issue de l'émigration des chefs des "Vlachfölds" de Hongrie vers le Danube, qui a fusionné avec la principauté de Moldavie pour former la Roumanie en 1859.
- la principauté de Moldavie ou "Bogdano-Valachie" au XIVème siècle, qui a fusionné avec la principauté de Valachie pour former la Roumanie en 1859.
- la région de Valachie en Roumanie actuelle, (en roumain : Ţara Românească), composée de l'Olténie et de la Munténie.
A l'instar des habitants des autres romanies populaires issues de la désagrégation de l'Empire romain, les Valaques se nommaient eux-mêmes romani, români, rumâni, rumâri, armâni ou arumâni.
Leurs voisins hongrois les nommaient Olah, tandis qu'ils nommaient les Italiens: Olasz.
Le mot français: Valaques a pour équivalents dans d'autres langues les mots Wallachians (Angl.), Walachen (All.), Wlachs, Wallachs, Olahs (Hongr.), Ulahs, Vlah(i), Vlaques, Vlachs, Blahs, Valacchi (Ital.), Tsintsares, Sarakatsanes, Koutso-Vlaques, qui tous devraient être traduits en français par: Valaques romanophones. Il désigne plus spécifiquement les Roumains (populations de langue romane du bassin danubien) et les Aroumains (populations de langue romane des Balkans), de religion orthodoxe restée conforme à la théologie et au droit canon de l'église du premier millénaire. Aujourd'hui, selon la convention du "politiquement correct" qui stipule que l'on doit appeler les peuples par un ethnonyme non-péjoratif issu du nom qu'ils se donnent eux-mêmes et correspondant à la langue qu'ils emploient, les Valaques du nord du Danube et de Dobrogée, comme les Moldaves ou les Transylvains, doivent être appelés Roumains, et ceux du sud du Danube: Aroumains.
Valaques est un exonyme, et dérive du nom Walha qui voulait dire étranger pour les Germains, et notamment pour les Goths lorsqu'ils sont entrés en contact avec le monde romain.
En ex-Yougoslavie, le terme français Valaques concerne 6 ethnies :
- les Istroromuni, Istriens ou Istro-roumains en Croatie
- les Karavlasi, Dalmates, Mavro-Vlaques ou Valaques Noirs en Serbie, Dalmatie et Bosnie
- les Cincari ou Tsintsars en Macédoine et en Serbie
- les Vlasi ou Valaques en Serbie
- les Serbes :
- en Bosnie-Herzégovine, ils sont appelés Vlasi par les Bosniaques musulmans et les Croates
- ceux qui parlent un dialecte roman (vlashki) sont appelés Vlasi par les autres Serbes.
- les Roms : dont les membres d'une de leurs communautées en Serbie parlent vlashki et se nomment Vlasi.
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[modifier] Étymologie
L'origine de ce mot est Walha, nom par lequel les Goths désignaient les non-germains, et qui en allemand moderne a donné Welsch, terme souvent péjoratif par lequel les Allemands désignent les populations de langue romane encore aujourd'hui.
Le lien avec les langues indo-européennes est fait à travers wala, en sanskrit, qui représente l'homme, et par manushiam en hindi qui signifie homme, et qui a donné manouche.
Signalons aussi que *walha a donné en français gaulois, à travers le francique *walhisk.
[modifier] Histoire
La première mention des populations de langue romane des Balkans est faite en 579 par Theophanos et Theophylacte Simocatta dans la chronique d'une bataille contre les tribus des Avars, les romanophones combattant dans les rangs de l'armée romaine d'orient dite Byzantine. La deuxième mention écrite est celle du Byzantin Kedrenos en 976 qui est le premier à employer le terme de Valaques quand il raconte l'assassinat par les ceux-ci du frère du tsar bulgare Samuel.
Sous la forme Volokhs ou Bolohovènes, le terme a été aussi utilisé par les peuples slaves pour désigner les populations situées au sud de leurs frontières, lors de leur arrivée dans la région.
Ensuite, le terme est clairement et officiellement utilisé par le pape Innocent III en 1205 dans une correspondance avec le roi Caloian du Regnum Valachorum, premier état roumain fondé en 1186 sur le Bas-Danube, et remplacé en 1261 par des tzarats bulgares au sud du Danube (Trnovo, Vidin et Okhrid), par l'empire Byzantin sur les côtes de la Mer Noire, et par des banats roumains vassaux de la Hongrie au nord du Danube (Severin, Arges).
Pour distinguer les Valaques du nord du Danube et ceux du sud du Danube, les premiers Turcs les appellaient kara-iflak (du nom de la couleur noire qui pour eux désignait le nord: c'est aussi l'origine du nom de mer Noire pour le Pont Euxin), et ak-iflak, "ak" désignant le blanc, donc le sud.
Au Moyen Âge, le mot Vlah est utilisé aussi par les Croates catholiques pour désigner leurs voisins orthodoxes. À l'époque les Grecs utilisaient le mot "vlahos" avec un sens péjoratif et il n'est pas rare d'entendre aujourd'hui en Grèce des histoires où le personnage du Vlahos joue le rôle du simplet. Toutefois, en Grèce, c'est aussi un nom de famille répandu.
Vlahos est utilisé également par les Grecs pour désigner les Aroumains.
[modifier] Significations
Dans chaque pays, ce nom a changé de sens et signifie "berger", témoignant de l'occupation principale des nombreux Valaques de Grèce et de Serbie de l'époque.
En Albanie, le sens du mot s'est complètement inversé et c'est "çoban" qui signifie "valaque" (en roumain, c'est cioban qui signifie berger).
On retrouve le terme vlah dans les langues européennes avec les sens suivants:
- berger (albanais)
- cheval
- italien (en polonais, tchèque, slovène, hongrois - Olasz)
- un émigrant serbe (péjoratif, en solvène)
- roumain (ukrainien, serbe, croate, bosniaque, russe moderne)
- n'importe quelle personne parlant une langue romane (en russe ancien)
- habitant de l'ancienne principauté de Valachie
- nouveau venu ou "homme venu depuis une terre d'origine" ou "un chrétien orthodoxe" (péjoratif, en croate)
- n'importe quel non-musulman ou 'catholique (péjoratif, en bosniaque)
Plus précisément :
- olah, olahok en hongrois : roumain
- olász, olászok en hongrois : Italien ; Olászország : Italie
- valach en tchèque : habitant de Valachie, Valašsko (en Moravie), paresseux
- valach en russe : roumain, valaque
- vlah en bulgare : roumain, berger
- vlach en tchèque : italien
- vlah en macédonien : berger
- vlakhos en grec : roumain
- wloch en polonais : italien
- woloch en polonais : originaire de Roumanie
- vlashki en serbe : dialecte roman de l'est de la Serbie
- vlah en serbe : serbe de langue vlashki; habitant de Valachie
- vlah en croate : serbe (péjoratif); habitant de Valachie
- vlah en bosniaque : serbe (péjoratif); habitant de Valachie
- vlashka en serbe, croate et bosniaque : poux
[modifier] Liens internes
[modifier] Liens externes
- Wallachians, Walloons, Welschen etc.
- Studies on the Vlachs by Asterios Koukoudis
- Trâ Armânami.org Association des Francais Aroumains, Paris
- Association de Valaques, Veria
- Les Aroumains en Grèce
[modifier] Bibliographie
- Mihnea Berindei et Gilles Veinstein : L'empire Ottoman et les pays roumains. EHESS, Paris, 1987
- Dimitrie Cantemir : Chronique de l'ancienneté des Romano-Moldo-Valaques (1708, réédité Bucarest 1901).
- Georges Castellan : Histoire des Balkans. Fayard, Paris 1991.
- Georges Castellan : Histoire des Roumains. P.U.F., Paris (plusieurs rééditions).
- Dejan Dimitrijevic : Les Valaques et la serbité. CNRS-IDEMEC, Aix-en-Provence, 2003.
- Catherine Durandin : Histoire des Roumains. Fayard, Paris. ISBN 2-213-59425-2.
- Jean-François Gossiaux : Valaques et/ou Aroumains en Bulgarie. CNRS-IDEMEC, Aix, 2003.
- Nicolae Iorga : Histoire des (A)roumains de la péninsule des Balkans. Université de Bucarest, 1919.
- Jules Michelet : Légendes démocratiques du nord. P.U.F. Paris, 1968.
- Karl Sanfeld : Linguistique balkanique. Klincksieck, Paris, 1930.
- Gilles de Rapper et Pierre Sintès : Valaques, Aroumains, Sarakatsanes. CNRS-IDEMEC, Aix, 2003.
- Nicolae Trifon : Les Aroumains. Un peuple qui s'en va. Paris. ISBN 2-909899-26-8.
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