Édouard Balladur
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
- « Balladur » redirige ici. Pour les autres significations, voir Balladur (homonymie).
Édouard Balladur est un homme politique français né le 2 mai 1929 à Izmir (Turquie). Il fut Premier ministre de la France du 29 mars 1993 au 11 mai 1995.
Sommaire |
[modifier] Origine
Aux sources de cette famille smyrniote, un certain André Balladur, qui, en compagnie de quelques parents, fuit son Nakhitchevan natal. Convertis par des missionnaires dominicains, les Balladur sont des catholiques romains et les persécutions périodiques des Perses, qui disputent alors ce pays à la Turquie, expliquent l'arrivée de la famille à Smyrne, où on ne recense plus les communautés européennes étrangères, qui prospèrent le plus souvent dans le négoce.
Tournant décisif dans la famille, en 1795, par édit du sultan Sélim III, les Balladur ont rang de « sujets francs ». La pratique est alors courante : le sultan, suivant son bon vouloir, accorde aux ambassades occidentales un certain nombre de « bérats » ou « barats ». Commerçant avec Livourne, Manchester, mais surtout Marseille, les Balladur sont des « barataires » francs, ce qui facilitera leur demande de naturalisation française en 1926. Entre-temps, la situation en Turquie change et les Jeunes Turcs voulaient à toute force récupérer le pouvoir économique dont disposaient les Grecs, les Arméniens, etc., soit tous ceux qu'on a coutume d'appeler les levantins. Tout ressortissant des communautés étrangères n'est plus persona grata dans la Turquie d'Atatürk. Quelques années plus tôt, les Arméniens ont été massacrés et le nouveau régime a convié les Grecs à un prompt et définitif départ. En 1922, un incendie ravage Smyrne jusque-là préservée des massacres : il détruit surtout les quartiers chrétiens.
Fils d'un banquier de la Banque Ottomane, Édouard Balladur naît à Smyrne, en Turquie et n'arrive en France, à Marseille, qu'à l'âge de six ans. Entre-temps la famille Balladur a évolué. Par mariages successifs, elle s'est alliée à des Arméniens, comme les Issaverdens, à des Italiens, de préférence Vénitiens, mais plus encore à des Français et en particulier des Provençaux.
[modifier] Parcours
Les parents d'Édouard Balladur débarquent à Marseille en 1935 avec leurs 5 enfants dans un appartement au 227 boulevard Chave. La famille vit bourgeoisement, malgré la baisse de niveau de vie, depuis le départ de Smyrne. À 6 ans, il entre à l'institution diocésaine Jean-Baptiste de La Salle, puis en 1942, au lycée Thiers. Il demeura très attaché, non à Marseille, mais à la Provence. Son frère, Robert Balladur sera l'un des notables de la cité phocéenne.
Il voulait être médecin, il fera ses études de droit à l'Institut d'études politiques de Paris, section service public dont il est diplômé en 1950. Une tuberculose l'éloigne des études mais, guéri, il entre à l'École nationale d'administration en 1955 et en sort dans la « botte » en 1957. (Promotion « France-Afrique »). Il a constitué à l'ENA un petit groupe de travail, avec Jérôme Monod, Pierre Verbrugghe, ancien préfet de police de Paris, Jacques Calvet, ancien PDG de Peugeot, et Jean Dromer, ancien PDG de Louis Vuitton. Après son stage de première année à la préfecture de Charente et son mémoire sur La loi Barangé et les constructions scolaires, il choisit l'option sociale en 2e année.
Il choisit alors d'entrer au Conseil d'État, aux sections Contentieux et Travaux Publics et se marie avec Marie-Josèphe Delacour, native du Jura. Édouard Balladur a quatre fils (Pierre Balladur, médecin, Jérôme Balladur, Henri Balladur, co-directeur Euro RSCG Genève, Romain Balladur). Il est Chevalier de la Légion d'honneur et Grand-Croix de l'ordre national du Mérite.
[modifier] Carrière politique
Il dirige ensuite le cabinet de la RTF (Radio Télévision Française). En 1964 il entre dans le cabinet du Premier ministre Georges Pompidou et est de conseiller lors des accords de Grenelle qui suivent mai 68. Georges Pompidou, élu président, le nomme en 1969 secrétaire général adjoint de l'Élysée puis secrétaire général en 1974. En 1967, il participe au conseil d'administration de l'ORTF. Un an plus tard, il participe au conseil d'administration de l'Office national des forêts et devient Président de la Société pour la construction et l'exploitation du Tunnel du Mont-Blanc.
En 1974, il retourne au Conseil d'État, suite à l'élection de Valéry Giscard d'Estaing. En 1977, il est à la tête d'une filiale de la Compagnie générale d'électricité (CGE, future Alcatel) : la Générale de service informatique (GSI). En 1980, il devient PDG d'une autre filiale : la Compagnie européenne d'accumulateurs.
En mars 1986, il se présente sous l'étiquette du RPR et est élu député de Paris. Jacques Chirac, qui devient Premier ministre de la première cohabitation, le nomme ministre d'État et ministre de l'Économie, des Finances et de la Privatisation. Pendant deux ans il met en place une politique libérale inspirée de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher : les privatisations augmentent, l'Etat intervient de moins en moins dans le marché, la libéralisation des marchandises, des biens et des personnes est de plus en plus facilitée .... Il quitte ce poste en mai 1988 avant d'être réélu député.
[modifier] Édouard Balladur, Premier ministre (1993-1995)
Après la victoire « bleu horizon » de la droite en mars 1993, il devient Premier ministre et Jacques Chirac prépare l'élection présidentielle de 1995. Le 23 mars, François Mitterrand nomme Édouard Balladur premier ministre ; c'est le début de la seconde cohabitation. Édouard Balladur continue ce qu'il avait entrepris en 1986 suite à la ratification du traité de Maastricht en 1992 qui met en place la libre circulation des marchandises, des capitaux et des personnes sur le territoire de l'Union européenne. Il devient alors un européen convaincu en prônant la coopération entre les états membres de l'Union européenne dans plusieurs domaines même si cela restreint la souveraineté des états membres dans ces domaines ; l'Europe apporterait selon Balladur l'accès à la démocratie dans les anciens pays du bloc de l'Est . De ce fait des centristes pro-européens le soutiennent comme François Bayrou ou François Léotard.
Jacques Chirac qui avait rejeté en bloc la construction européenne en 1978 lors de l'appel de Cochin en fustigeant le parti de "l'étranger" (l'UDF) se sent trahi par Édouard Balladur . C'est alors la fin d'une amitié de 30 ans. Les chiraquiens déclarent qu’Édouard Balladur a trahi le gaullisme (qui mettait en avant le concept du souverainisme dans les politiques européennes) et comparent Matignon comme une "succursale" du patronat français. A partir de 1993, Jacques Chirac se démarque du libéralisme et revendique une fibre sociale.
Bénéficiant d'une importante popularité, Édouard Balladur décide de se présenter contre Jacques Chirac à l'élection présidentielle de 1995, soutenu par une partie des dirigeants du RPR, dont Nicolas Sarkozy et Charles Pasqua. Il est cependant éliminé au premier tour et Jacques Chirac est élu président, battant Lionel Jospin au second tour. Il quitte alors son poste de Premier ministre et retrouve son siège de député.
[modifier] Carrière politique depuis 1995
Conseiller de Paris, Édouard Balladur se retire en cours de procédure des primaires pour l'élection du maire de Paris. Il est élu député le 16 juin 2002, pour la XIIe législature (2002-2007), dans la 12e circonscription de Paris. Il fait partie du groupe UMP et est le président de la Commission des affaires étrangères après avoir été battu par Jean-Louis Debré lors de l'élection du président de l'Assemblée nationale. Il ne se représentera pas aux législatives de 2007 et laisse la place à Philippe Goujon, son suppléant.
En 2006, il publie un livre "laissons de Gaulle en paix" dans lequel il révèle son admiration pour De Gaulle mais aussi la justification de sa politique en 1993. En effet, il explique que De Gaulle est mort en 1970 et que le monde a changé depuis (fin de la guerre froide au début des années 1990), de ce fait personne ne peut imaginer qu'aurait fait De Gaulle à la place de Balladur : selon Balladur il aurait pu faire aussi une politique libérale et pro-européenne.
Libéral, bien que son gouvernement de cohabitation sous la présidence de François Mitterrand ait fait adopter une loi sur le durcissement des conditions d'accès à la retraite pour les salariés du secteur privé, il est proche des réformateurs et soutient activement Nicolas Sarkozy au sein de l'UMP et les projets européens.
[modifier] Fonctions gouvernementales
- 20/03/1986 - 10/05/1988 : ministre d'État, ministre de l'Économie, des Finances et de la Privatisation
- 29/03/1993 - 11/05/1995 : Premier ministre
[modifier] Mandats électifs
- Conseiller municipal/général (Paris)
- Conseiller régional
- 16/03/1998 - 08/04/1998 : Membre du conseil régional d'Île-de-France
- Député
[modifier] Anecdotes
Quelques surnoms "humoristiques" à son encontre :
- Sa courtoise suffisance, par Le Canard enchaîné, et dessiné sur une chaise à porteurs,
- Ballamou, Ballamou 1er, Balladurdur, le grand Ballamouchi, Doudou toujours par Le Canard enchaîné,
- L'étrangleur ottoman, par François Mitterrand,
- Le cardinal, par ses collaborateurs.
- Couille molle, par Les Guignols de l'Info
Concernant sa vie privée, Édouard Balladur est connu pour son amour des chiens. Un de ces chiens était nommé Iris, un scottish terrier, une chienne aux poils blonds. C'est aussi un lettré, qui apprécie notamment Louis-Ferdinand Céline.
[modifier] Bibliographie
- L’Arbre de mai, Paris, Atelier Marcel Jullian, 1979.(ISBN 225918930X)
- Je crois en l'homme plus qu'en l'État, Paris, Flammarion, 1987.
- Passion et longueur de temps, Paris, Fayard, 1989, séries de dialogues avec Jean-Pierre Elkabbach.
- Douze lettres aux Français trop tranquilles, Paris, Fayard, 1990.(ISBN 2213025975)
- Des Modes et des convictions, Paris, Fayard, 1992.(ISBN 2213028680)
- Dictionnaire de la réforme, Paris, Fayard, 1992.(ISBN 2213030189)
- Deux ans à Matignon, Paris, Plon, 1995.
- Caractère de la France, Paris, Plon, 1997.
- L’Avenir de la différence, Paris, Plon, 1999.
- Renaissance de la droite, Paris, Plon, 2000.
- Les Aventuriers de l'histoire, Paris, Plon, 2001.
- Jeanne d'Arc et la France, le mythe du sauveur, Paris, Fayard, 2003.
- La fin de l'illusion jacobine, Paris, Fayard, 2005.(ISBN 9 78213 623337)
- Machiavel en démocratie. Mécanique du pouvoir, Paris, Fayard, 2006 (dans le style de Baltasar Gracián).
- L'Europe autrement, Paris, Fayard, 2006.
- Laissons de Gaulle en paix !, Paris, Fayard, 2006.
[modifier] Sur Édouard Balladur
- Balladur. Claire Chazal. Flammarion (1993) (ISBN 2080667599)
- Balladur, immobile à grands pas. Éric Zemmour. Grasset (1995) (ISBN 2246489717)
[modifier] Voir aussi
[modifier] Lien interne
[modifier] Lien externe
Précédé par | Édouard Balladur | Suivi par |
Pierre Beregovoy | Premier ministre 1993-1995 |
Alain Juppé |
Pierre Beregovoy | Ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie 1986-1988 |
Pierre Beregovoy |
Michel Jobert | Secrétaire général de la présidence de la République 1973-1974 |
Claude Pierre-Brossolette |
|
|
Catégories : Personnalité de la Cinquième République • Personnalité du Rassemblement pour la République • Ancien élève de Sciences Po • Énarque • Gaullisme • Premier ministre français • Député de Paris • Conseiller de Paris • Ministre français des Finances • Secrétaire général de la présidence de la République française • Candidat à l'élection présidentielle française de 1995 • Chevalier de la Légion d'honneur • Naissance en 1929