Bismuth
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Le bismuth est un élément chimique de la famille des pnictogènes, de symbole Bi et de numéro atomique 83.
Longtemps confondu avec le plomb ou l'étain, il a été identifié en 1753 par Claude Geoffroy le Jeune qui l'a séparé du plomb.
C'est un métal dont tous les sels et les vapeurs sont toxiques, peu présent dans l'Environnement (moins de 1µg/m3 dans l'air rural, environ 1 mg/kg dans les sols, l'eau de boisson en apportant 5 à 20 µg/jour). Il est réputé présent en très faible proportion dans les organismes animaux, mais sa cinétique dans l'environnement et les organismes a été peu étudiée contrairement à celle d'autres métaux lourds. On ne lui connait pas d'utilité en tant qu'oligo-élément.
C'est un sous-produit de l'extraction du plomb, du cuivre, de l'étain, de l'argent et de l'or. Les ressources en minerai exploitable en semblent limitées.
Son nom viendrait de l'allemand « Weisse Masse » (masse blanche).
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[modifier] Caractéristiques
- élément chimique lourd, de masse 209, de symbole Bi et de numéro atomique 83 appartenant au groupe des pnictogènes.
- métal blanc légèrement rosé, cristallin, fragile et relativement lourd : d = 9,780. il est obtenu à partir de son minerai (le Bismite).
- C'est le métal le plus diamagnétique et le plus mauvais conducteur de la chaleur après le mercure.
- Sa résistance électrique est très élevée. De plus elle augmente fortement avec un champ magnétique (fort effet Hall).
- Il est réputé être le moins toxique des métaux lourds, ou en tous cas celui dont les effets sont les plus rapidement réversibles.
Le bismuth possède la particularité (qu'il partage avec l'eau) d'être plus dense à l'état liquide qu'à l'état solide.
Densité liquide : > 9,8, Densité solide : 9,780 (cf. ci-dessus)
[modifier] Toxicité pour l’homme
Son mode d’action physiopathologique a été peu étudié et n’est pas encore compris, mais en 1860, plus de 100 ans avant son interdiction presque totale en France (en 1974), Antoine Bechamp (Contemporain de Pasteur, Professeur à Montpellier), dans sa Thèse de médecine (« Préparation et les caractères du sous-nitrate de bismuth ») en collaboration avec C. Saintpierre, mettait déjà en garde quant à la toxicité des sels de bismuth.
Des sels de bismuth dont le salicylate de bismuth ont été testés parentéralement aux humains contre la syphilis, avec des effets secondaires graves liés à sa toxicité (gingivostomatite avec « ligne de bismuth » (taches noires sur les gencives, haleine fétide, salivation), dégâts sur le foie, le rein, et surtout effet neurotoxiques affectant l'ensemble du système nerveux central. A la différence des autres métaux lourds, ses effets toxiques semblent disparaitre après quelques mois, mais ses effets sur l'embryon ou le foetus ne semblent pas avoir été étudiés, pas plus que ses impacts sur les ouvriers qui y ont été exposés. Ses vapeurs sont toxiques.
Antidotes : chélateurs, La D-pénicillamine et son dérivé N-acétyl sont des antidotes qui se sont montrés efficaces sur la souris intoxiquée par du citrate de bismuth par voie intrapéritoéale[1].
Le bismuth ingéré n’est quasiment pas retrouvé dans le plasma (normalement inférieure à 1 ron 10), ce qui montre qu’il est partiellement absorbé par le tube digestif.
En dépit de mises en garde datant de plus d'un siècle, le bismuth était avant 1974 utilisé à posologie élevée, sans période d'interruption, sans aucune limitation de durée. Des précautions d'emploi édictées dès avant 1910 demandaient qu’en raison de sa toxicité, le bismuth soit prescrit en cures discontinues, mais laboratoires et médecins ont encouragé son usage thérapeutique qui en 10 ans (de 1964 à1974) avait doublé atteignant 800 t/an en France.
Les progrès de l’épidémiologie ont permis en France dès 1974 d’attribuer de manière certaine à l’ingestion de bismuth médicamenteux des encéphalopathies survenant généralement en 2 phases : une phase prodromique (troubles non spécifiques de type asthénie, insomnie, céphalées perte de mémoire) précédant une phase aiguë (avec des troubles neurologiques graves rappelant les symptômes induits par d’autres métaux lourds tels que le plomb ou le mercure ; dysarthrie, ataxie, troubles de la marche, myoclonies, tremblements, désorientation, agitation, troubles de la mémoire, état confusionnel, hallucinations, convulsions. Heureusement, l’interruption de la prise de Bismuth était suivie d’une amélioration clinique en quelques jour, avec toutefois une persistance durant quelques mois d’asthénie, de problèmes de mémoire et de sommeil et/ou de céphalées.
Après environ un milliers de cas repérés, en France, et d’autres en Australie, le Ministère de la Santé a finalement interdit le bismuth dans les médicaments. Mais il est encore utilisé dans certains pays, par exemple sous forme de « sous-citrate de bismuth-colloïdal » (citrate (DENOL*) et complexe citrate de bismuth- ranitidine), uniquement autorisés contre l'ulcère gastroduodénal où il semble assez toxique pour tuer la bactérie Helicobacter pylori qui induit généralement ce type d’ulcère et qui est très résistante. Les doses de bismuth dans ce médicament sont toutefois bien plus faibles que celles prescrite avant 1974 et chaque phase de traitement ne peut aujourd'hui excéder un mois max avec entre deux traitements un arrêt minimal de deux mois.
[modifier] Utilisations
- Fusible (électricité): On utilise fréquemment comme fil fusible un alliage de bismuth et d'étain (40 % / 60 %) qui possède un point de fusion très bas.
- Fusible (protection incendie): Dans les installations d'extinction par pulvérisation d'eau (souvent appelé « sprinkler »), on utilise comme obturateur un mélange eutectique de bismuth (50 %), de cadmium (12,5 %), de plomb 25 %) et d'étain (12,5 %) qui fond à 47°C.
- Chasse: Les « plombs » (ou plus précisément les grenailles) des cartouches "sans plomb", dont chevrotines, sont un alliage de plomb, d'antimoine et d'arsenic parfois remplacé par du bismuth. Pour mettre fin à la pollution par le plomb et aux nombreuses intoxicagtions d'oiseaux, le bismuth (allié à 5 % d'étain) remplace parfois les « plombs » classiques. Ces derniers sont le plus souvent remplacé par de l'acier doux qui peut être "bismuthé"s (contre l'oxydation), d'autant que les ressources connues de Bismuth sont limitées.
- Verre, céramique: L'oxynitrate de bismuth, BiONO3, est utilisé comme pigment blanc dans le verre et dans la céramique. L'orthovanadate de bismuth BiVO4 est utilisé comme pigment vert-jaune pour le verre et la céramique. Pour l'émaillage, on utilise du borosilicate de bismuth.
- Pharmacie: Le bismuth a autrefois été utilisé dans la pharmacopée sous des formes variées contre l'ulcère gastro-duodénal et dans diverses indications digestives : diarrhée, constipation, colites. Le nitrate de bismuth basique, Bi(OH)2NO3 était utilisé pour enduire les pansements pour brûlure. De nombreuses autres utilisations anciennes étaient les pansements gastriques, des remèdes contre la diarrhée et en dermatologie. Il a été interdit en France après de nombreux problèmes d’intoxication graves lors de traitement médicaux.
- Biocides : il a été utilisé dans certains désinfectants, mais comme le mercure, il a été remplacé par des produits moins toxiques et/ou dégradables.
- Cosmétique: dans les rouges à lèvres, on utilise de l'oxychlorure de bismuth (BiOCl) ou de l'oxynitrate de bismuth (BiONO3) pour sa brillance nacrée.
- Plomberie: l'utilisation du bismuth en substitution au plomb pour les assemblages est à l'étude.
- Colorant: En peinture, l'oxyde Bi2O3 a été ou est utilisé pour obtenir du jaune. L'oxychlorure BiOCl donne un pigment blanc.
- Semi-conducteur à propriétés thermoélectriques: Bi2Te3
Il a aussi été utilisé pour ignifuger des papiers ou polymères, et comme catalyseur, dont pour la vulcanisation du caoutchouc.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Notes et références
[modifier] Liens externes
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