Français de Belgique
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Le français de Belgique est une variante régionale du français. Il est différent du wallon qui est une langue d'oïl, au même titre que le picard (également parlé en Belgique) ou le normand. Le français de Belgique se différencie peu de celui de France ou de Suisse (voir Français de Suisse). Il se caractérise par des belgicismes, des wallonismes, des termes bruxellois ou brusseleir et se distingue avant tout par l'accent.
Sommaire |
[modifier] Les belgicismes
Ce sont des faits de langue propres au français de Belgique. On les retrouve dans toutes les régions francophones du pays. Certains se retrouvent dans d'autres régions francophones (Québec, Suisse,...) : septante (soixante-dix), nonante (quatre-vingts dix), à tantôt (à tout à l'heure). On retrouve également des termes wallons qui se sont répandus aux autres régions, comme avoir facile (n'avoir aucune difficulté), ou des emprunts au néerlandais et à d'autres langues germaniques : une dringuelle (des étrennes, du néerlandais Drinkgeld et de l'allemand Trinkgeld, pourboire).
[modifier] Exemples
Outre les exemples cités plus haut :
- manique : Le Mari : « Ouille, je m'ai brûlé à la casserole de carbonnades. » Sa femme : « M'enfin chou, je t'avais dit de prendre les maniques. »
- rawette : petite quantité, souvent excédentaire. Une définition plus complète serait superfétatoire. Je vous la mets quand même ?
- avoir bon : prendre plaisir à faire quelque chose
- avoir difficile : avoir des difficultés (wallon)
- s'abaisser : Se pencher « hé chou, fais un peu attention, quand tu t'abaisses , on voit ton début. »
- (faire) blinquer : (faire) briller (du néerlandais blinken) (Bruxelles)
- aller à la toilette : aller aux toilettes
- aller à la cour : aller aux toilettes
- postposer : reporter dans le temps. « Je voudrais postposer ce rendez-vous. »
- boutroule : Le nombril
- dame de cour : préposée aux toilettes (la célèbre madame pipi)
- nenni hein ! : non ! (cette expression ne constitue pas vraiment un archaïsme, mais est une expression régionale de Liège, encore largement usitée)
- oufti ! : ça alors ! [exclamation vive] (wallon liégeois)
- heure de fourche : heure entre deux activités prévues officiellement (exemple : entre deux heures de cours)
- savoir : pouvoir (« Je ne saurai pas venir chez vous ce soir » pour je ne pourrai pas.)
- torchon : serpillière
- loque à reloqueter : serpillière (Bruxelles)
- essuie : serviette de bain
- avoir de bon : avoir en réserve, en droit : « J'en ai encore 5 de bon. »
- auto-scooter : Tellement ancré dans les belgicismes qu'on se demande quel est le mot labellisé. Autotamponneuse?
- lumer : s'allumer
- clignoteur : « lumière qui lume puis qui lume plus. » Les français parlent de « clignotant ».
- klouch : « juste un klouch de sauce », une cuillère de sauce (Bruxelles)
- non, peut-être ? : « oui, évidemment » (Bruxelles)
- queue (faire la) : Sujet d'empoigne entre français et Belges. Les premiers font la file, les autres la queue. Mais les uns et les autres se retrouvent quand il s'agit d'enguirlander le resquilleur : « À la queue comme tout le monde ! »
- chicon : endive
- un kot: appartement destiné aux étudiants. Verbe: kotter
- un abri-bus: une aubette
Ces belgicismes peuvent également se retrouver dans la grammaire :
- jouer football : jouer au football (de construction syntaxique germanique : voetbal spelen en néerlandais, similaire en allemand).
Précisons encore que l'emploi des belgicismes n'est pas toujours généralisé : le terme oufti est plus spécifiquement liégeois et jouer football est surtout utilisé dans les régions influencées par les parlers germaniques (comme les cantons de l'est).
[modifier] Des faux belgicismes
L'usage actuel en France de certains termes ne se fait qu'à partir des années 1960 et est en fait un parisianisme, c'est à dire des acceptions de termes d'origine parisienne qui se sont répandues dans le reste de la France grâce à la radio et à la télévision.
- déjeuner : petit déjeuner (déjeuner signifie "sortir du jeûne", donc plus logique pour le premier repas de la journée qui, en Belgique, n'est pas "petit" puisqu'on y mange fromage, charcuterie...)
- dîner : le repas de midi, qui vient du latin vulgaire "disjunare", "rompre le jeûne" et qui signifiait au XIe siècle "prendre le repas du matin".
- septante, nonante, Ces formes existaient aussi en France. L'Académie française a adopté définitivement le système vicésimal pour 70, 80, 90 au XVIIe siècle. Ils étaient encore utilisés dans toute la France dans les années 1920.
[modifier] Les wallonismes
Ce sont des faits de langues propres au français de Wallonie. Ce sont, soit des mots wallons passés tels quels, ou transformés, dans la langue française régionale (chien de corotte, de Tchin d' corote, littéralement un chien de gouttière, c'est-à-dire un chien bâtard), ou des expressions wallonnes traduites littéralement (avoir facile de aveûr åjhey, ne pas avoir de difficultés)
[modifier] Faits de langue propres au français de Bruxelles
Faits de langues propres au français de Bruxelles-Capitale, appelé le "bruxellois". Ces expressions et tournures viennent de l'histoire même de Bruxelles. Avant le milieu du XIXe siècle, la ville était d'expression flamande (le Brabançon). Il en reste l'utilisation du diminutif flamand -ke (Marieke pour Marie, le manneken-pis (littéralement le petit homme qui pisse) ou néerlandais -je (ketje, p'tit gars), l'utilisation d'un vocabulaire flamand (un ket, un gars, une pintje, un verre de bière), ou la traduction littérale d'expressions flamandes (le célèbre une fois, traduction littérale du mot néerlandais eens (kom eens hier! : viens un peu ici !)).
Il est à noter ici que l'on reconnaîtra toujours l'imitateur du français de Belgique à cette manie de placer le célèbre "Une Fois" en fin de phrase : L'authentique "belgicain", lui, l'utilisera à bon escient dans le corps de la proposition comme facteur diminutif, une sorte d'expression proche de la politesse en cherchant à réduire l'impact de la demande formulée. "Tu veux bien une fois me passer le sel, steplaît ?" ne pourrait en effet se traduire que par "Excusez moi, voudriez… etc."
Le tutoiement est encore très courant à Bruxelles (mais se rencontre également relativement fréquemment en Wallonie). L'explication est probablement à aller chercher dans le néerlandais (en contact permanent avec les Français de Belgique). La 2ème personne de politesse "U" n'y est effectivement utilisée que dans des circonstances très formalisées et c'est plutôt la forme commune "je" (volontiers rapprochée du "tu" français) qui l'emporte. L'usage spécifique du tutoiement wallon a sans doute également une influence.
Autre expression bruxelloise célèbre et populaire : "Non peut-être ?!", signifiant "Oui sûrement".
Expression témoignant d'un ral-le-bol généralisé et bilingue : "Trop is te veel" (Trop c'est trop).
Cette dernière expression tire probablement son origine de l’habitude répandue (et étonnante pour les étrangers) de mêler les deux langues dans les inscriptions bilingues sur les affiches, devanture des magasins ou même dans la signalisation officielle, sans clairement les différencier. Les mots ou chiffres qui s’écrivent de la même manière en français et en néerlandais ne sont pas répétés. Sur les plaques des rues, par exemple, lorsque le nom de celles-ci est un nom propre il est écrit une seule fois. On peut donc lire : Boulevard Anspach Laan. Certains mots hybrides sont parfois créés de cette manière, comme le nom du KunstenFESTIVALdesArts (kunsten étant en néerlandais la traduction du mot arts).
[modifier] Les accents
On retrouve principalement trois grandes familles d'accents, l'accent bruxellois, l'accent picard et les accents wallons..
L'accent bruxellois est le plus célèbre, c'est le fameux accent belge des histoires belges. C'est en fait du français prononcé avec un accent flamand plus ou moins prononcé. Bien que tombant en désuétude, il s'entend encore, employé sauf comme le chantait le grand Jacques comme Brel à la télévision ou chez les comiques français. Cet accent "authentique", qui fait simplement penser à un néerlandophone s'exprimant en français, peut encore s'entendre dans l'un ou l'autre quartier spécifique ou couche sociale particulière ; pour ne pas les nommer : les marolles, le béguinage, le quartier du Meyboom (ou plutôt ce qu'il en reste) ; les corps professionnels bilingues (pompiers, policiers,…)
L'accent picard est le même que celui que l'on retrouve dans le nord de la France. En Belgique, on le retrouve dans la partie occidentale du Hainaut (Mouscron, Ath et Tournai). Certains puristes le considèrent, à tort ou à raison, comme « le français le plus pur et authentique ».
On peut distinguer différents accents wallons : l'accent carolorégien (Charleroi), l'accent namurois, l'accent ardennais et l'accent liégeois. Ce dernier est de loin le plus prononcé (la palme d'or revenant probablement à la ville de Dison près de Verviers, à l'est de Liège).
Les Wallons ont tendance à ne pas prononcer la dernière syllabe : prente pour prendre et tîk pour tigre. Ils ont tendance à faire traîner les voyelles : Liyéche pour Liège. Un « i » précédé d'une consonne et suivi d'une voyelle se prononce « ch » ou « j » : Tcherè pour Thierry et Didjé pour Didier. Les finales sont toujours assourdies, comme en russe et en breton, « d » se prononce « t », « b » se prononce « p » (une grande table devient une grant' tâp').
Le « i » se prononce entre le « i » français et le « è » français. "Huit" (8) est généralement prononcé "houit". (ceci étant très stigmatisé)
En fin de mot, [En] et [Em] sont souvent prononcés [E~n] et [E~m] respectivement. (Vu que de nombreux ordinateurs ont du mal à afficher correctement certains caractères de l'IPA, j'ai utilisé la notation SAMPA) Ainsi peine se prononce pain-ne, même se prononce main-me, etc.
Dans certains mots où les Français prononcent le "w" comme un "v", les Belches ;-) prononcent le "w" à l'anglaise. Aussi entend-on ouagon pour wagon, ouébère pour weber, ouécé pour WC, vé-oué pour VW, etc.
[modifier] Quelques exemples de prononciation en Wallonie
- Le tîîîk est tout mééék : Le tigre est tout maigre (attention au son long du tîk : avec un son long, c'est un tigre tandis qu'avec un son court, c'est un tic.)
- Tu veux du suc´ en poût´ sur ta gauf´ : Tu veux du sucre en poudre sur ta gaufre ? (Fonctionne aussi avec suc´ impalpâp´.)
- Nos miniss´ (voire minèss´) boiff´ trop d´bjère : Nos ministres boivent trop de bière.
[modifier] Liens externes
- VALIBEL - Centre de recherche sur les variétés linguistiques du français en Belgique - Université catholique de Louvain
- [1] , un site amusant qui détaille de nombreuses expressions typiquement belges (bruxelloises)!
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