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Révolution industrielle

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C'est sous la plume d'Adolphe Blanqui qu'est né le terme de Révolution industrielle pour caractériser le phénomène majeur du XIXe siècle dont les conséquences s'exprimèrent en tout point de l'économie, de la politique et de la société.
La Révolution industrielle se caractérise par le passage d'une société à dominante agraire à une société industrielle. Au pluriel, les révolutions industrielles désignent les différentes vagues successives d'industrialisation, puisque la Révolution industrielle a été un phénomène décalé dans le temps et l'espace.

Les premiers espaces à s'être industrialisés ont été la Grande-Bretagne à la fin du XVIIIe siècle puis la France au début du XIXe siècle ; on parle de pays de la première vague. L'Allemagne et les États-Unis quant à eux se sont industrialisés à partir du milieu du XIXe, le Japon à partir de 1868 puis la Russie à la fin du XIXe; on parle pour ces quatre pays de pays de la deuxième vague.

Les transformations économiques, politiques et sociales furent telles que certains, notamment les marxistes comme Paul Mantoux et d'autres comme Walt Whitman Rostow, considèrent qu'il y a eu rupture. D'autres y voient plutôt la convergence d'éléments que le contexte historique a favorisé et généralisé au XIXe siècle. Karl Polanyi expose notamment l'idée d'un siècle marqué par :

  • un équilibre politique international: absence de grandes guerres entre 1815 et 1914,
  • un équilibre monétaire: système de l'étalon-or et absence d'inflation,
  • un équilibre économique: acceptation de l'économie de marché.

Franklin Mendels parle d'une "proto-industrialisation" et P. Léon note l'existence de "nébuleuses industrielles" antérieures au XIXe. En outre, Bernard Rosier en Pierre Dockes montre que l'avènement du "factory system" fait suite à l'expérience antérieure du manufactory system. Alexander Gerschenkron note que la Révolution industrielle est surtout le résultat d'obstacles économiques, politiques et sociaux qu'opposaient les sociétés traditionnelles et surmontés par chaque Etat. Enfin, Fernand Braudel note : « Il n'y a jamais entre passé, même lointain et présent de discontinuité absolue, ou si l'on préfère de non contamination. Les expériences du passé ne cessent de se prolonger dans la vie présente ».

Industrialisation massive : panorama sur les usines de production métallurgique Carnegie dans l'Ohio.
Industrialisation massive : panorama sur les usines de production métallurgique Carnegie dans l'Ohio.

Sommaire

[modifier] Avant la Révolution industrielle

De la fin du Moyen Âge au XVIIIe siècle, l’Europe connaît plusieurs phases de croissance démographique et de prospérité économique. Cependant cette expansion est toujours rattrapée par des crises profondes : les épidémies, les guerres et les disettes. La mortalité infantile est très élevée, l'hygiène reste généralement désastreuse provoquant des déformations que ne rencontrent plus les médecins de notre époque. L'alimentation est essentiellement à base de céréales[1].

La société est féodale, et reste presque totalement agricole. Toutefois, les premières sociétés capitalistes sont apparues depuis la Renaissance, en Hollande et dans le nord de l’Italie notamment. Les techniques y ont fait des progrès importants (dans la navigation, l'imprimerie, l'horlogerie, les méthodes financières). Les foires se développent dans certaines régions d’Europe, mais l’économie de marché reste encore marginale.

Le système de l'usine est encore quasiment inexistant. Les manufactures établies par l’État, en France par exemple, constituent une activité encore marginale. Cependant certaines organisations, tel le Domestic system, annoncent celle de la Révolution industrielle. Les marchands fournissent déjà aux paysans des matières premières, parfois des outils, afin de récupérer plus tard un produit transformé qu’ils revendront dans les villes. Les paysans trouvent dans ce système un complément de revenu à leur activité agricole. Leur travail est donc déjà entre le servage et le salariat, entre l’agriculture et l’artisanat.

A l’exception, de certaines régions, comme les Flandres, l’agriculture est encore largement sous productive, et sous le joug de l’archaïsme féodal. Les champs fonctionnent selon l’assolement triennal, et sont exploités de façon collective, l’absence de clôtures permettant le mouvement du bétail d’un terrain à l’autre.

D’après les calculs d'Angus Maddison, l’Europe occidentale connaît de 1500 à 1800 un taux de croissance annuel moyen par habitant de 0,14%, taux faible mais déjà supérieur à ceux connus par les autres régions du monde (0,02%). C’est en fait dès le XIIIe siècle, que l’Europe commence à creuser un écart économique avec le reste du monde, mais cet écart reste limité[2].

Si l’Europe occidentale n’est pas beaucoup plus riche que le reste du monde, elle a déjà commencé à le dominer, les grandes compagnies de commerce ayant acquis, grâce à la supériorité des techniques maritimes, le contrôle des mers. Mais leur commerce concerne essentiellement des produits de luxe, en particulier les épices, qui s’adressent à la partie la plus riche de la population.

[modifier] Le contexte favorable, résultat d'une longue évolution

Article détaillé : Histoire du capitalisme.

[modifier] Les structures sociales, économiques et politiques

[modifier] Evolution de la société

Dès le XVIe siècle, la Réforme protestante menée par Martin Luther et Jean Calvin secoue l'Europe toute entière. Le protestantisme porte en lui les germes de ce qui constitue un « terreau » de valeurs qui révolutionnent la conception du travail et de la vie. En effet, le travail n'est pas considéré comme le châtiment expiatoire du pêché originel comme dans l'éthique catholique, il est une valeur fondamentale où chacun s'emploie à se rapprocher de Dieu[3]. Certains pays, comme la France avec la révocation de l'Édit de Nantes s'appauvriront au profit d'autres nations en chassant les protestants, leur savoir-faire et leurs capitaux.

L'évolution des idées est également marquée par la dimension prise par la bourgeoisie au sein de la société. Il est notable que l'expansion économique précoce se fait souvent dans un contexte politique déjà en partie affranchi du féodalisme. Venise est dominée par les marchands, les Provinces-Unies et l'Angleterre dispose d'un régime parlementaire.

Les changements économiques rencontrent cependant souvent des obstacles dans les classes dominantes. Par exemple, en Grande-Bretagne, la substitution de coke au charbon de bois n'était pas de l'intérêt des propriétaires des forêts, et la rareté relative du bois explique en partie l'avance de l'Angleterre sur la France. De même, la machine à vapeur pour ceux qui disposaient de la force hydraulique. En France, la noblesse et les grandes abbayes qui possédaient forêts et moulins ont plutôt recherché l'immobilisme; en fait le système était protégé par la monarchie et refusait l'innovation. Ainsi la corporation des modères à Lyon rachète tous les brevets et les compagnies concurrentes pour sauver son métier (le remorquage à la main), jusqu'en 1820.

Mais l'esprit d'innovation existait bel et bien en Angleterre. En effet le pays est très sensible aux pénuries, comme le bois, indispensable pour la marine. Il est à l'étranger, et cela implique la meilleur marine du monde. De même, l'Angleterre importe son fer de Suède et de Russie. L'innovation se révèle alors indispensable et à jouer un rôle primordial dans le processus de Révolution industrielle.

[modifier] Naissance de l'entreprise

Le capitalisme ne naît pas avec la Révolution industrielle ; Fernand Braudel note que les activités du capitalisme marchand et financier sont déjà largement développées à la fin du Moyen Âge, dans des régions comme le nord de l'Italie ou les actuels Pays-Bas.

Par exemple, les grandes compagnies commerciales maritimes, comme la Compagnie anglaise des Indes orientales (1600) ou bien la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (1602), préfigurent, dès le XVIIe siècle les firmes capitalistes modernes. Elles constituent en effet les premières entités à rassembler capitaux, moyens matériels (navires), progrès technologiques (boussole, sextant, etc.) et hommes. Leurs objectifs annoncent ceux des entreprises modernes : le profit monétaire.

D'autre part, durant l'ère préindustrielle, ou "proto-industrielle" selon l'expression de l'historien Franklin Mendels, on retrouve des "nébuleuses industrielles" (P. Léon) comme en Flandres au XVIIe siècle dans lesquelles se développent des formes embryonnaires d'entreprises pour contourner les règles corporatives. C'est donc à cette époque que les premières formes juridiques d'entreprises sociétaires voient le jour ; c'est le cas de la société en commandite.

Les entreprises joueront un rôle capital durant la Révolution industrielle car elles permettent une importante concentration de capitaux servant au financement des investissements de plus en plus coûteux.

En effet, le processus de la Révolution industrielle s'est largement appuyé sur le chemin de fer. Or, la construction d'un réseau ferré, nécessaire pour l'acheminement des marchandises et leur vente, implique des investissements colossaux.

[modifier] Le libéralisme naît à l'aube de l'industrialisation

La réflexion sur le rôle de l'Etat dans l'économie s'inscrit principalement au XVIIIe siècle. Adam Smith préconise en 1776 dans sa Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations la présence d'un Etat-gendarme assurant d'une part ses prérogatives régaliennes et d'autre part des fonctions tutélaires; il ne s'agit donc pas d'un Etat minimal. Ainsi, lorsque l'Etat britannique prend en charge le gestion des routes, auparavant gérées par les paroisses puis des particuliers, à la fin du XVIIIe (turnpike road), il favorise également le transport et l'acheminement des marchandises, car en propose une gestion cohérente.

De surcroît, le siècle des Lumières a accouché d'une conception de l'Etat qui garantit les libertés individuelles. Economiquement, cet Etat défend la libre concurrence ; c'est donc en toute logique qu'il l'introduit dans la société et l'économie. Concrètement, cela se traduit en France par l'abrogation des corporations (décret d'Allarde) et l'interdiction de toute coalition (loi Le Chapelier) en 1791. En Angleterre, les Combination Act de 1799 et 1800 engagent un processus similaire. De telles mesures ont eu un impact décisif sur le processus de Révolution industrielle puisque d'après Arnold Toynbee « l'essence même de la Révolution industrielle est la substitution de la libre concurrence aux réglementations qui, depuis le Moyen Âge, étaient imposées à la production. »

De manière plus approfondie, Adam Smith préconise aussi la division du travail, source d'efficience et de dextérité et donc d'une meilleure productivité. Elle est aussi synonyme de spécialisation et donc d'interdépendance entre les acteurs économiques ; et constitue donc un facteur de généralisation du marché.

Bien que marginalement existant avant la Révolution industrielle, le marché est un moyen de régulation dont la pérennité repose sur un processus historique d'institutionnalisation (cf. Karl Polanyi).

[modifier] Les progrès scientifiques

[modifier] Trois révolutions : agricole, démographique, et industrielle

[modifier] La Révolution agricole

Les techniques agricoles n'avaient que très peu évolué entre le Moyen Âge et le XVIIIe siècle. La Révolution agricole, c'est-à-dire le bouleversement des techniques, caractérisé par des innovations, débute dans le sud de la Grande-Bretagne aux environs des années 1720. Jusque là, seules les Provinces-Unies profitaient d'une forte productivité agricole. Dès 1720 Charles Townsend expérimente un système nouveau dans la région de Norfolk : l'assolement continu se substitue à l'assolement triennal avec jachère. C'est le début d'une vague d'innovation : drainage, marnage, invention du semoir par Jethro Tull en 1731, etc.

Cependant, l'élément le plus important est le bouleversement de l'exercice de la production agricole provoqué par les mouvements d'enclosure entamé au XVe siècle. La mise en clôture des terres agricoles par les landlords marque une rupture avec le système traditionnel de l’openfield, synonyme de profits collectifs. Les enclosures permettent le remembrement agricole, l'application de nouvelles techniques et l'accroissement de la production de manière significative.

Bien que la France ait plus de retard en matière d'innovation agricole du fait d'un refus de l'agriculture « à l'anglaise », l'historien Jean-Claude Toutain note tout de même un accroissement de la production agricole en France de 20 à 30 % par décennie de 1700 à 1780. Ceci permettant de supporter la forte croissance démographique de la France au XVIIIe siècle. De même, le marché agricole se développe en France après la Révolution de 1789 qui consacre la libération de la terre, permettant selon Pierre Rosanvallon de « déterritorialiser l'économie et de construire un espace fluide structuré par la seule géographie des prix ». Ces éléments remettent en cause l'idée du conservatisme du monde rural, notamment en Europe de l'Ouest. Cependant, le monde agricole demeure traditionnel dans l'Europe méditerranéenne et centrale. La Russie, par exemple, n'abolie le servage qu'en 1861.

En Grande-Bretagne, le mouvement d'enclosure a eu des conséquences directes sur la Révolution industrielle puisqu'il pousse les yeomen, petits propriétaires britanniques privés de terre, à émigrer vers les usines pour former ce que Karl Marx appelle le prolétariat. Il en va de même pour les occupants des communaux, cottagers britanniques et brassiers français.

La Révolution agricole, débutée au début du XVIIIe siècle, se poursuit tout au long du XIXe siècle. C'est l'apparition du machinisme agricole, marqué par quelques innovations majeures comme la moissonneuse mécanique de Mac Cormick en 1824, sa moissonneuse-batteuse en 1834, la charrue de Mathieu de Dombasle en 1837, puis l'apparition des engrais artificiels grâce à la chimie (recherches de Justus Von Liebig dans les années 1840), etc.

[modifier] La transition démographique

à articuler

Le principe de la transition démographique.
Le principe de la transition démographique.

Les pays ayant connu la Révolution industrielle ont également tous connu des mutations démographiques dont la plus importante est la transition démographique, qui ne se produit pas forcément au même moment que l'industrialisation.

Cette dernière correspond à une période de déséquilibre entre les taux de natalité et les taux de mortalité. Avant que ne débute la transition démographique, le régime démographique traditionnel est celui d'une natalité et d'une mortalité fortes, et se compensant.

Les progrès humains, suscitant la raréfaction des famines et le meilleur traitement des épidémies, parfois combinés à une absence temporaire de guerre, suscite dans le premier temps de la transition une chute de la mortalité, sans que le taux de natalité en soit transformé. L'écart important alors constaté entre la mortalité et la natalité provoque une hausse importante de la population. Par la suite, des évolutions sociologiques et culturelles liées à l'évolution des modes de vie provoquent un recul de la natalité, dont le taux tend à converger vers celui de la mortalité.

La transition démographique est alors terminée, et laisse généralement la place à une période de stabilité marquée par une faible mortalité et une faible natalité.

La France est le premier pays à connaître la transition démographique, c'est-à-dire au XVIIIe siècle. Ainsi, la France est la nation la plus peuplée d'Europe, exception faites de la Russie, en 1800. Certains font la corrélation avec la prédominance de l'économie française à la même époque ; le PIB de la France représente 15% du PIB européen soit 1/3 de plus que le PIB du Royaume-Uni et trois fois plus que celui des États-Unis en 1820. Ensuite, le Royaume-Uni connaît à son tour la transition démographique ; sa population est multipliée par 9 entre 1500 et 1900 et passe de 6 à 21 millions d'habitants entre 1750 et 1850. Parallèlement, le Royaume-Uni est le premier pays à s'industrialiser. De même, la population des États-Unis est multipliée par 15 entre 1820 et 1950 et dans le même temps son PIB est multiplié par 14. On voit tout de même que le lien entre essor démographique et industrialisation est complexe puisque la France est le premier pays à entrer en phase de transition démographique mais c'est le Royaume-Uni qui entre le premier dans la Révolution industrielle. Le même Royaume-Uni qui entrera par la suite dans le processus de transition démographique.

[modifier] Trois bouleversements liés

Une batteuse en 1881, un exemple de lien entre industrie et agriculture
Une batteuse en 1881, un exemple de lien entre industrie et agriculture

La Révolution agricole permet de soutenir l’évolution démographique en permettant la disparition des disettes. L’accroissement de la population a cependant suscité des craintes à l’époque. Thomas Malthus soutenait par exemple que la croissance démographique suivait une loi géométrique, alors que les gains de productivité de l’agriculture suivaient une loi arithmétique, de plus à terme limité par le rendement décroissant des terres mises en culture.

La transition démographique a elle aussi eu des répercutions sur l’agriculture, elle lui a fournit des perspectives de profit. Par ailleurs, les études d’Ester Boserup montrent que l’accroissement démographique a peut-être mis la population face à des impératifs de productivité, « la nécessité étant la mère de l’invention. »

Des auteurs comme Paul Bairoch[4] et Walt Whitman Rostow considèrent la Révolution agricole comme un préalable à la Révolution industrielle. L’augmentation de la productivité agricole par tête a permis de réduire la part des travailleurs agricoles. Ces derniers étant mis au chômage se sont rendu dans les villes et on fournit à l’industrie l’importante main d’œuvre, essentielle à son expansion. L’agriculture en évolution a aussi profité d’une mécanisation croissante, qui s’est traduit par des commandes industrielles. L'augmentation du produit brut agricole augmente la rentabilité et la valeur des terres, et permet de dégager des possibilités financières pour l'investissement.

Cette thèse est à relativiser. Pour des raisons de prestige social, l’investissement foncier a, au contraire, souvent été le résultat des excédents industriels. Par ailleurs, les débuts de la révolution industrielle, dans le secteur textile notamment, n’ont pas nécessité d’importants investissements, et permettaient des taux de profit très élevés favorables à l’autofinancement de l’industrie.

[modifier] Un contexte favorable au commerce

[modifier] La constitution des marchés nationaux

[modifier] Le contexte international

Le XIXe siècle se partage entre périodes de libre-échange et d'autres de protectionnisme. Or, les thèmes du libre-échange et du protectionnisme sont également issus d'une longue réflexion historique. Déjà au XVIIe siècle le mercantilisme était une "économie au service du prince" et défendait les frontières du royaume. Le Royaume-Uni commercialiste optait alors pour des mesures protectionnistes telles le Navigation Act de Cromwell en 1651 ou bien les Corn laws en 1723. En outre, le physiocrate Vincent de Gournay lançait déjà au XVIIIe siècle : « laissez faire, laissez passer ». La physiocratie précédait ainsi les idées libérales d'Adam Smith et de David Ricardo. Ce dernier fut tout au long de sa vie un ardent défenseur de l'abrogation des corn laws. Leur abrogation par le Peel Act du 15 mai 1846 constituera, au même titre que l'abrogation du Navigation Act en 1849, un tournant fondamental du XIXe siècle.

[modifier] La première Révolution industrielle

[modifier] L'importance des brevets

à déplacer

Le brevet de la « Hebern single-rotor machine » (machine de Hebern), brevet n° 1510441 daté de 1918
Le brevet de la « Hebern single-rotor machine » (machine de Hebern), brevet n° 1510441 daté de 1918

La première véritable législation attribuant un monopole pour les inventions apparaît à Venise en 1474. Cette loi précisait que le monopole était la contrepartie de sa divulgation. Dès cette époque, le brevet a deux fonctions :

  • Protéger les inventeurs contre la concurrence,
  • Informer les innovateurs.

En Grande-Bretagne, la législation sur les brevets apparut progressivement : selon l'usage britannique, le système de brevets fut créé sans intervention du gouvernement, par une succession de décisions de justice. Sous la reine Anne, les juges de la couronne donnèrent comme condition d'obtention d'un brevet que « Le demandeur doit décrire par écrit et établir la nature de l'invention et la façon de la réaliser ». En 1718, le brevet accordé à James Puckle pour une mitrailleuse fut l'un des premiers à qui on demanda une « spécification ». Le fameux brevet d'Arkwright pour des machines de filage fut invalidé en 1785 pour absence d'une spécification adéquate, après dix ans d'existence. Par ailleurs, l'acceptation du brevet de James Watt en 1796 pour les machines à vapeur établit le principe important selon lequel un brevet peut être accordé pour l'amélioration d'une machine connue, ainsi que pour des idées et des principes - à condition qu'ils puissent être appliqués concrètement.

Joseph Schumpeter défend le concept de brevet car il est absolument indispensable par assurer une rente de monopole à l'entrepreneur-innovateur. Toutefois, le brevet est temporaire, ce qui est nécessaire d'après Joseph Schumpeter. En effet, s'il est normal de protéger et de récompenser un innovateur pendant un temps par une rente de monopole, qui peut être considérée comme un juste retour par rapport aux investissements et aux sacrifices consentis par cet innovateur, elle doit être temporaire pour encourager à innover sans cesse. Toujours selon Joseph Schumpeter, les cycles de croissance à long terme — cycle Kondratieff — s'expliquent par l'existence périodes de grappe d'innovations ou pas.

En France, la première législation sur les brevets fut créée en 1791.

[modifier] Les secteurs clés

[modifier] Le textile

rajouter la soie à Lyon (voir Histoire de la soie), et des statistiques sectorielles

Jusque vers 1750 la production était réalisée soit à domicile, soit dans des ateliers artisanaux avec quelques apprentis ; c'est le domestic system qui domine. Il s'agissait souvent d'un revenu d'appoint, pendant les temps morts de l'agriculture. Cette organisation rationnelle des familles par elles même constitue les prémisses de l'industrialisation appelée proto-industrialisation.

L'industrie textile fut la première à être mécanisée :

La spinning-jenny de James Hargreaves, 1765
La spinning-jenny de James Hargreaves, 1765
  • 1733 : John Kay inventa la navette volante qui permet de tisser quatre fois plus vite et des tissus plus larges. Il fallait donc quatre fileurs pour un tisserand. Cette rupture d’équilibre provoqua d’autres inventions techniques,
  • 1765 : James Hargreaves breveta la « Spinning-Jenny » un rouet où l’on peut poser huit broches. Hargreaves était un ouvrier tisserand illettré. Sa machine fut détruite par des ouvriers tisseurs furieux de perdre leur travail, et il mourut dans la pauvreté,
  • 1767 : Richard Arkwright breveta la « water-frame », première fileuse mécanique basée sur le modèle de machine à filer brevetée par Lewis Paul en 1738,
  • 1779 : Samuel Crompton créa la « mule-jenny » qui mettait en œuvre 400 broches à la fois. (eau ou charbon nécessaire),
  • 1785 : Edmund Cartwright - un « clergyman » du Leicestershire inventa le premier métier à tisser mécanique,
  • 1846 : machine à coudre d'Elias Howe, qui améliore le modèle de Barthélemy Thimonnier de 1829.

Richard Arkwright achetait leurs cheveux aux paysannes pour faire des perruques. Après avoir inventé la mule-jenny, il créa en 1771 une usine à Cromfort. Il y avait de l'eau pour actionner les machines, mais peu de monde. Il fit venir des familles pauvres, dont les femmes et les enfants travaillaient sur les métiers à tisser 13 heures par jour. En 11 ans, il créa deux autres usines, employant 5000 personnes et il fut anobli. Son système fut largement copié, et en 1780 il y avait 120 usines, la plupart dans le nord-ouest de l'Angleterre.

En 1800, 80% du coton était tissé mécaniquement avec des « mule » dans le Lancashire. En 1815 : on trouvait en Angleterre 2500 métiers mécaniques contre 250 000 à bras.

La production fut concentrée dans des manufactures, utilisant une très importante main-d'œuvre dans de mauvaises conditions d'hygiène, d'éclairage, de bruit et de sécurité. L'utilisation de machines à vapeur permit d'installer ces manufactures près des villes, qui devinrent rapidement des villes industrielles. Les ouvriers devaient habiter à proximité de leur lieu de travail, car ils y allaient à pied, leurs journées de travail étaient très longues et le temps de repos trop court pour qu'il puisse être réduit par un long trajet. Notons que certaines innovations contribuent à la dégradation des conditions de vie et de travail des ouvriers (cf. Emile Zola). En effet, la machine à coudre d'Elias Howe en 1846 conduit au maintien du travail à domicile, le domestic system, mais l'intensification de l'industrialisation entraîne l'augmentation des cadences dans la filature si bien que les conditions de vie et de travail dans le textile se dégrade ; c'est le sweating system.

À la lumière des éléments cités, on comprend en partie la précocité du Royaume-Uni dans le processus de Révolution industrielle ; la majorité des innovations est britannique.

[modifier] La vapeur

Au Ier siècle de l'ère chrétienne Héron d'Alexandrie construisit l'Éolipyle, sorte de jouet à vapeur fonctionnant comme une turbine à réaction. Il faudra attendre d'autres inventeurs, comme Denis Papin pour montrer que la vapeur sous pression pouvait actionner un piston dans un cylindre. En fait, au départ, la notion de travail associé à cette machine est totalement absente et il faudra attendre les travaux de Nicolas Léonard Sadi Carnot et la naissance de la thermodynamique pour formaliser ce concept. C'est précisément cette notion qui, attachée aux machines développées au moment de la révolution industrielle, avec en parallèle l'utilisation d'énergie fossile, feront basculer le système technique vers la civilisation thermo-industrielle.

La première machine fonctionnant à vapeur à être utilisée industriellement fut celle du capitaine Thomas Savery en 1698. Elle servit à pomper l'eau d'exhaure dans les mines de Cornouailles. Bien que simpliste et gourmande en charbon, elle sauva de nombreuses mines de la ruine.

Moteur atmosphérique à vapeur de Newcomen
Moteur atmosphérique à vapeur de Newcomen

La première véritable machine à vapeur, celle dont toutes les machines alternatives descendent, fut celle inventée et construite par un forgeron du Devon : Thomas Newcomen en 1712. Elle fut construite comme machine de pompage pour une mine de charbon située près de Dudley Castle, dans le Staffordshire. Très fiable, cette machine fonctionnait au rythme lent de douze coups par minute, et consommait aussi beaucoup de charbon. La machine à vapeur de Newcomen ne pouvait servir qu'à pomper de l'eau, d'autre part sa consommation de charbon était très élevée. En effet, pendant son fonctionnement on envoyait dans le cylindre successivement de la vapeur, qui le réchauffait, puis de l'eau froide, qui le refroidissait : le charbon servait surtout à réchauffer le métal du cylindre.

En 1764, frappé par la déperdition d'énergie de la machine de Newcomen, James Watt imagina de ne plus condenser la vapeur dans le cylindre, mais dans un condenseur séparé. Il en déposa le brevet en 1769. L'application industrielle commença à partir de 1775, après que James Watt se fut associé avec Matthew Boulton, propriétaire de la manufacture de Soho, près de Birmingham. Leur démarche de commercialisation était elle-même innovante : ils passaient un contrat avec un client équipé d'une machine Newcomen, et finançaient le remplacement par une machine de Watt. Les deux associés se payaient en prenant pour eux une part des économies de charbon réalisées par le client, grâce au bon rendement énergétique de la machine de Watt.

Machine à vapeur de Watt
Machine à vapeur de Watt

Watt breveta plusieurs autres inventions comme la machine rotative et surtout la machine à double effet (1783) dans laquelle le cylindre reçoit la vapeur alternativement par le bas et par le haut, ainsi qu'un régulateur centrifuge ou à boules (1788) assurant une vitesse constante au moteur. La machine à vapeur pouvait remplacer les roues de moulin, pour l'entraînement des équipements industriels.

Le développement fut rapide, et 496 machines à vapeur Boulton et Watt étaient en service en Grande Bretagne en 1800. Les brevets de Watt tombèrent dans le domaine public vers 1800. Le développement de la machine à vapeur fut l'une des raisons de la précocité britannique. En 1830 le Royaume-Uni possède 15 000 machines à vapeur, la France 3000 et la Prusse 1000. La France restera à la traîne dans ce domaine : en 1880 elle ne possède que 500 000 chevaux-vapeur installés contre 2 millions pour le Royaume-Uni et 1,6 million pour l’Allemagne.

[modifier] Métallurgie

En 1708 Abraham Darby, un Quaker qui exploitait une fonderie de cuivre, s'installa à Coalbrookdale dans les gorges de la Severn. Il avait l'intention de réaliser ce qu'aucun maître de forge n'avait réussi jusque là : faire de la fonte en utilisant du coke au lieu du charbon de bois, plus coûteux. Il loua un vieux haut fourneau fonctionnant au charbon de bois au seigneur du lieu.

Le charbon a été exploité très tôt en Grande-Bretagne. On considère que les moines de Newbattle Abbey ont créé la première mine de charbon d'Écosse au XIIIe siècle, et les mines écossaises produisaient 400 000 tonnes en 1700, 2 000 000 tonnes en 1800. Le coke était fabriqué, exactement comme le charbon de bois, par une combustion incomplète dans des meules. Charbon et coke étaient utilisés à la place du bois, pour le chauffage domestique ou industriel (verreries, tuileries, poteries). La difficulté venait de la teneur en soufre élevée des cokes, rendant la fonte impropre à l'utilisation. Après une année d'expérimentations, en sélectionnant des cokes peu chargés en soufre, il réussit à produire une fonte utilisable. Celle-ci était encore de qualité médiocre et ne permettait pas d'obtenir du fer. Mais elle était assez bonne pour fabriquer des marmites de cuisine bon marché, des taques de cheminée et d'autres produits analogues. Abraham Darby en vendit dans toute l'Europe, et cela dura 40 ans, jusqu'en 1750.

En 1750, le fils d'Abraham Darby - Abraham Darby II - réussit à obtenir du fer à partir de la fonte au coke, ce qui permit une baisse du prix du fer. En 1779, le petit-fils Abraham Darby III construisit le premier pont métallique, Iron Bridge, sur la Severn, en un lieu nommé depuis Ironbridge. Il fallut trois mois à son haut fourneau pour produire les 384 tonnes de fonte nécessaires. Ironbridge est considéré comme le berceau de la révolution industrielle. La société Darby cessa son activité en 1818, victime de la crise qui suivit la fin des guerres contre la France et de la concurrence.

Le premier pont métallique réalisé en France fut le pont d'Austerlitz, en 1807 (reconstruit en 1854 à cause de nombreuses fissures).

 Représentation d'un atelier avec deux convertisseurs Bessemer avec leur forme caractéristique en cornue.
Représentation d'un atelier avec deux convertisseurs Bessemer avec leur forme caractéristique en cornue.

La fonte, produite par le haut fourneau, est du fer contenant un pourcentage élevé de carbone. En enlevant le carbone, on obtient du fer. Et on obtient de l'acier en ajoutant un peu de carbone au fer.

Le premier mode de fabrication de l'acier, déjà connu dans l'antiquité, fut celui de la cémentation, un processus qui visait à chauffer des barres de fer à l'aide de charbon de bois dans un four fermé de sorte que la surface du fer acquière une importante teneur en carbone. La méthode dite au creuset initialement développée afin de retirer les scories de l'acier issues de la cémentation, permet de fondre ensemble le fer et d'autres substances dans un récipient (le creuset) composé d'argile réfractaire et de graphite. C'est par cette méthode qu'étaient fabriqués les couteaux de Damas et les épées de Tolède, par exemple. L'acier ainsi obtenu revenait à un prix élevé.

En 1784, Henri Cort inventa le procédé du puddlage pour obtenir du fer à partir de la fonte - procédé très bien décrit par Jules Verne dans son roman Les 500 millions de la Begum. La tour Eiffel est faite en fer puddlé. Mais pour l'acier, on en restait au creuset. Il fallait de plus en plus d'acier avec le développement de la Révolution industrielle : rails de chemin de fer, éléments de machines à vapeur, pièces de machines textiles, coques de bateaux etc. Ce fut l’Anglais Henry Bessemer qui trouva la solution, avec son convertisseur breveté en 1856. C'est une cornue de grande taille, à parois réfractaires, que l'on remplit de fonte en fusion. On envoie alors par le fond de l'air comprimé, qui fait brûler le carbone en produisant un spectaculaire jaillissement d'étincelles. Après 20 minutes, le convertisseur contient du fer ; on y introduit alors une quantité précise de carbone qui, après quelques minutes de mélange, donne l'acier correspondant aux spécifications. Il ne reste plus qu'à incliner le convertisseur sur ses pivots pour le vider dans une lingotière. Ce procédé permettait de convertir en une demi-heure 10 tonnes de fonte en autant d’acier ; consécutivement le prix de l'acier doux passa de 50£ la tonne à 3£.

[modifier] Le gaz

à résumer énormément, tout à fait secondair

L'existence d'un « air inflammable » est connue depuis longtemps, mais ce n'est qu'au XVIIe siècle, en Angleterre, qu'on commença à s'y intéresser et à faire diverses expériences. Les Philosophical transactions de la société Royale de Londres rapportent plusieurs témoignages dont le plus ancien date de 1659. Ils font état de vapeurs inflammables liées à la présence de houille.

En 1609, le chimiste flamand Van Helmont qui baptise l'air inflammable qu'il a obtenu d'esprit, ou ghost, terme qui est à l'origine du mot « gaz ».

Clayton, doyen de Kildare, ayant repéré en 1739 une fosse où l'eau brûle comme de l'eau-de-vie, fait creuser jusqu'à une couche de charbon. Mettant un peu de ce charbon dans une cornue chauffée sur un feu, il constate l'apparition d'eau, puis d'une huile noire, et enfin d'un gaz, qu'il nomme « esprit de houille ». Ce gaz brûle et Clayton le conserve dans des vessies pour le montrer à ses relations, et le faire brûler en perçant la vessie avec une aiguille. C'est la première distillation de la houille pour obtenir du gaz.

Après 1750, le développement de l'aérostation stimule les recherches pour fabriquer un gaz, semblable à l'hydrogène et pouvant être utilisé dans les aérostats.

Trois hommes permettront le passage au stade industriel : l'ingénieur anglais William Murdoch, l'ingénieur français Philippe Lebon et le Germano-tchèque Winzler.

Murdoch met au point en 1792 un appareil permettant d'éclairer sa maison et ses bureaux, ainsi qu'une petite machine à vapeur fonctionnant au gaz avec laquelle il se rend quotidiennement aux mines qu'il exploite à Redruth, en Cornouailles. Il installe en 1798 l'éclairage au gaz d'un bâtiment de la fonderie Soho, à Birmingham - ou par coïncidence James Watt expérimente ses premières machines à vapeur. En 1803, toute l'usine de Soho est éclairée au gaz. Il commence à créer les technologies qui seront largement utilisées par la suite : cornue horizontale à section elliptique, gazomètre etc.

Lebon effectue des essais de distillation de sciure de bois qui l'amènent à déposer un brevet d'invention en 1799 « sur les nouveaux moyens d'employer les combustibles plus utilement et à la chaleur et à la lumière et d'en recueillir les divers produits ». En 1801, il passe aussi à la houille. Pour convaincre l'opinion, il loue l'hôtel de Seignelay, y installe un appareil de distillation, un réseau de distribution du gaz desservant des luminaires éclairant les appartements, la cour et le jardin. Malheureusement Lebon est assassiné en 1804.

Winzer popularise par des conférences les réalisations des Anglais et de Lebon, et crée en 1804 à Londres une société par actions pour l'éclairage au gaz. Malgré la violente opposition des fabricants de chandelles, il réunit un capital de 50.000£ avec lequel il réalise le premier éclairage d'une voie publique : celle de Pall Mall à Londres. En 1810, il crée la première compagnie du gaz : la London and Westminster chartered gaz light and coke compagnie. Mais, mauvais gestionnaire, il échoue. Il part alors à Paris et crée une société d'éclairage au gaz qui éclaire en 1817 le passage des panoramas, les quartiers du Luxembourg et de l'odéon. Là aussi, il doit renoncer à cause de ses piètres qualités de gestionnaire mais le mouvement était lancé. Il ne s'arrêtera plus : dès 1830, les techniques de fabrication et de distribution du gaz sont suffisamment au point pour que le gaz se répande un peu partout. Éclairage public et privé, chauffage des appartements, de l'eau des salles de bain, réchauds et cuisinières, fers à repasser, casques sèche-cheveux, nombreuses applications dans l'artisanat et l'industrie…

[modifier] La suprématie de la Grande-Bretagne

En Europe, au XVIIe siècle, l’Angleterre est une exception à plus d’un titre. Elle fait exception sur le plan culturel. Depuis le traité de Westphalie de 1648, qui stabilise la situation en Europe, en consolidant la France, l’Europe du Nord est stable sur le plan religieux, l’anglicanisme s’impose et se rapproche du protestantisme. Cette partie du monde se détache. Le parlementarisme anglais émerge. Les conceptions économiques des britanniques prennent une évolution radicale avec le libéralisme d’Adam Smith, qui reconnaît la valeur économique de l’individu, avec des droits. Le système des corporations, immobile, disparaît, avec l’apparition des brevets. Mais l’Angleterre étant une île, elle s'impose une politique maritime ambitieuse. Au XVIIIe siècle, le Royaume-Uni possède une grande flotte maritime, un grand capital technique et économique. L’affrontement franco-anglais est à son paroxysme. Les Anglais dominent la mer, malgré les grands efforts français. L'avance anglaise est technique (chronomètre de marine), la richesse française se dilue dans sa puissance démographique (un Européen sur cinq est alors Français).

C’est dans ce contexte que naît la Révolution industrielle. Sa précocité en Angleterre pose la question de ses origines. Plusieurs facteurs sont avancés : l'empire colonial, la spécialisation industrielle précoce, et la puissance financière.

Empire colonial britannique en 1897
Empire colonial britannique en 1897

[modifier] L'Empire britannique

L'Empire colonial britannique est le plus vaste du monde au XIXe siècle avec environ 33 millions de km² pour une population représentant environ le quart de la population mondiale totale d'alors c'est-à-dire 500 millions d'habitants. Il s'agit d'un Empire bien plus vaste que celui de la France, tant en superficie (10 millions de km²) qu'en nombre d'habitants (50 millions).

Adoptant une stratégie coloniale différente des autres nations, notamment de la France, le Royaume-Uni opte très tôt pour le libre-échange avec ses colonies mais également avec les autres nations. Dès 1786, par exemple, la Grande-Bretagne et la France signe des accords commerciaux rendant la circulation des grains quasiment libre et interdit l'exportation de machine anglaise et l'émigration d'ouvriers qualifiés britannique. Toutefois le traité le plus important entre les deux nations est celui de 1860. De tels accords sont soient négociés, comme dans l'exemple précédent, soient obtenus par la force, comme pour l'installation de concessions à Shanghaï en 1842. On s'achemine dès lors de plus en plus vers la fin d'une politique d'obédience mercantiliste que l'abrogation des corn laws sanctionne définitivement en 1846. La Grande-Bretagne verse alors dans un libre-échange de conception free trade et non, comme c'est le cas de nos jours, de conception fair trade. Toutefois la Grande Dépression de 1873-1896 pousse à un retour vers des politiques teintées de protectionnisme, donc en repli sur le comerce avec les colonies.

[modifier] La spécialisation industrielle précoce

La dotation factorielle de la Grande-Bretagne est un élément constitutif de sa précocité et de sa supériorité au début de la Révolution industrielle.

L'agriculture est sacrifiée au profit de l’industrie ; la part de l'activité agricole dans le PIB de la Grande-Bretagne passe de 20% en 1850 à 6% en 1906. Si en valeur absolue les données restent stables, en revanche en valeur relative on voit bien la proportion prise par l'activité industrielle. D'autre part, une telle diminution relative de l'agriculture peut s'expliquer par les effets du libre-échange et le commerce avec les pays "émergents" comme les États-Unis.

L'agriculture sacrifiée, les efforts tournés vers l'industrie, la domination industrielle de la Grande-Bretagne est assurée, au moins pendant une grande partie du XIXe siècle. Ainsi, la production industrielle s'accroît fortement, notamment dans les productions de charbon (qui augmente de 100% entre 1830 et 1845), textile et sidérurgique dans lesquelles se spécialise la Grande-Bretagne. Cette domination s'appuie notamment sur une main-d'œuvre, abondante grâce à l'essor démographique, acquise aux nouvelles méthodes notamment organisationnelles avec la division du travail selon les conceptions d'Adam Smith. Elle s'appuie en outre sur la disponibilité des matières premières, fer et charbon, sur les colonies et sur de nombreuses innovations (cf. 2.4).

On note cependant que l'hégémonie britannique est de plus en plus contestée dans la seconde partie du XIXe siècle, surtout par les États-Unis et l'Allemagne qui s'industrialisent à toute vitesse et rattrapent la Grande-Bretagne. Celui se traduit par une érosion de la balance commerciale dont le déficit passe de 11 millions de £ en 1820 à 140 millions en 1820. Toutefois, la suprématie financière se substitue à l'hégémonie industrielle et permet de compenser le déficit commercial grâce à des excédents colossaux.

[modifier] La suprématie financière

La Grande-Bretagne a dominé incontestablement durant toute la première moitié du XIXe siècle. En conséquence, la City, place financière de Londres, est incontournable dans le domaine financier; c'est la place la plus importante en terme de transaction, incontournable pour les reconnaissances de dettes, pour émettre des actions, emprunter etc. Cette situation est d'autant plus forte que la Grande-Bretagne dispose du plus vaste Empire colonial et est le plus important investisseur à l'étranger. De plus, on y côte une majorité de matières premières, malgré la concurrence de la bourse de Chicago, et la monnaie de référence pour les échanges internationaux demeure la livre sterling. La suprématie financière de la Grande-Bretagne est accentuée sous le règne de la reine Victoria Ire (1837-1901).

[modifier] La singularité du cas de la France

On parle en effet de singularité pour le processus de Révolution industrielle car elle ne correspond pas aux modèles établis. Notamment, on considère que la Révolution industrielle fait exception par l'absence d'une phase de take-off (décollage) selon les critères établis par W.W. Rostow. Selon ce dernier toute société suit un processus de croissance en cinq étapes qu'il définit dans Les Etapes de la croissance économique, 1960, dont une est primordiale ; celle du take-off. Cela correspond à un investissement total représentant 10% du PIB total, l'existence de secteurs moteurs, et à un cadre politique et social favorable. La France ne suit pas ce modèle ; le début de la Révolution industrielle en France se caractérise, selon Maurice Lévy-Leboyer, par :

  • un contexte historique marqué par les guerres révolutionnaires et napoléoniennes (1789-1815),
  • un développement industriel, malgré tout, aux côtés de la Grande-Bretagne (1815-1860),
  • un ralentissement économique (1860-1905),
  • une forte reprise à partir de 1905.

[modifier] Le contexte historique

Les débuts de la Révolution industrielle en France sont marqués par les troubles consécutifs aux guerres révolutionnaires et napoléoniennes dont le coût est humain mais également économique ; la France perd son dynamisme démographique. D'autre part, le Blocus continental mis en place par Napoléon Ier en 1806 provoque une perte de débouchés pour les grands ports français, comme Bordeaux, Marseille ou Nantes qui perdent de leur activité et de leur population, partie vers les régions industrielles du Nord-Est. C'est ainsi que le Blocus continental a favorisé une spécialisation industrielle et inversé les pôles de l'industrie en France. Il a de plus accentué la spécialisation commerciale française vers le commerce continental.

De la Révolution, la France a également hérité des valeurs du Siècle des Lumière. Ainsi, à la fois teintée de libéralisme et de conception plus "social", la France adoptera une voie intermédiaire entre le libéralisme britannique et le protectionnisme allemand.

[modifier] L'importance de l’État

Dès la fin de la Révolution, le pouvoir en place s'empresse de "libérer les forces" du marché par la suppression des corporations (décret d'Allarde, 1791) et l'interdiction de toute coalition (loi Le Chapelier, 1791). Par ailleurs, la France se dote sous le Consulat d'une monnaie, la "franc germinal" et d'une Banque centrale ; la Banque de France. Cette association permet à la France de retrouver des bases monétaires stables et un système centralisé. Celui-ci a en effet permis de juguler les troubles monétaires, naît des troubles révolutionnaire ; l'émission trop abondante d'assignats ayant crée de l'inflation. En outre, le franc germinal se caractérise par une stabilité tout au long du XIXe siècle. Si la France se dote d'un système monétaire centralisé, c'est qu'elle a hérité de son Histoire sa tradition jacobine, autrement dit centralisatrice. La tendance s'est même accentuée après la Révolution puisque le pouvoir en place s'est employé à ébranler les régionalismes par le biais d’une division administrative organisée en départements.

De surcroît, la France procède à de nombreuses réformes comme la création des lycées permettant la formation d'une élite. Mais la réforme majeure à retenir est celle de l'instauration du Code Civil par Napoléon en 1804. En effet, il encadre le droit de propriété privée, élément essentiel dans le processus de Révolution industrielle. Mais il permet également de se servir de la propriété privée en définissant le droit contractuel ; la propriété privée est un bien cessible est permet donc l'accumulation. Attention toutefois, cela ne signifie pas que la propriété n'était pas cessible sous l'Ancien régime mais que la propriété n'avait aucune fonction d'accumulation, elle était un symbole social. Elle demeure ce symbole au XIXe siècle mais ajoute la notion d'accumulation.

[modifier] Une puissance agricole et industrielle

De plus, par le biais de lois, l'Etat se joint à la croissance économique non seulement en la favorisant mais également en la supportant. On peut citer par exemple la loi Guizot de 1842 qui favorise l'extension du chemin de fer dont on connaît l'importance dans le processus de Révolution industrielle, les grands travaux — travaux du baron Haussmann à Paris, assainissement de zones marécageuses comme les Landes et la Sologne —, le plan Freycinet (1879-1882) pour relancer l'activité économique par le chemin de fer et l'amélioration des infrastructures etc. L'Empire colonial français contribue également à soutenir l'industrialisation.

L’État est parfois à l'origine de négociations favorisant le libre-échange, parfois à l'origine de mesures protectionnistes ; on retrouve là encore la voie intermédiaire choisie par la France, ni tout à fait libérale, ni totalement protectionniste. Dans le premier cas, il établit des accords commerciaux, comme celui de 1786 et plus encore celui de 1860 qui limite les droits sur les produits industriels dans la limite de 25%. Dans le second cas, il prend des mesures protectionnistes comme l'adoption de la loi Méline en 1892 permettant d'augmenter les droits de douane sur les céréales et la viande en cas de surproduction.

L'agriculture conserve une place bien plus importante dans l'économie française que dans l'économie britannique à la même époque. Son importance est telle en France qu'il suffit que l'agriculture prospère pour que l'ensemble de l'économie s'en trouve améliorée. Au contraire, une agriculture qui n'est pas prospère conduit à l'amplification des mouvements de crises. L'agriculture est dominée en France par des petits propriétaires, ce qui explique en partie le comportement "malthusien" de la France au XIXe siècle ; faire moins d'enfants permet d'éviter l'émiettement du patrimoine familial.

La France est également une puissance industrielle, néanmoins derrière la Grande-Bretagne. Les changements sont plus progressifs qu'en Grande-Bretagne, expression d'un "malthusianisme" caractéristique ; concentration d'entreprises et production de masse sont plus tardives. De plus, l'industrie est dominée par une petite bourgeoisie qui privilégie un marché intérieur peu dynamique.

[modifier] La puissance financière

Bien que largement derrière la puissance financière de la Grande-Bretagne, la France représente un poids n'en demeure pas moins important. En effet, la France dispose du plus important stock d'or privé et représente le principal marché financier des gouvernements européens. Les liens entre banques et industries demeurent cependant faibles et marquent une différence avec la Grande-Bretagne. En effet, la France reste frileuse à ce genre de pratique après l'expérience du système de Law. En outre, l'activité bancaire, notamment à la fin du siècle, se caractérise par une prudence que traduit la doctrine Germain consacrant le cloisonnement des fonctions de la banque. Ainsi se développe en France une catégorie de rentiers ; phénomène mis en lumière dans l'œuvre de Balzac.

[modifier] La deuxième vague d'industrialisation

[modifier] Les secteurs clés

[modifier] La sidérurgie

[modifier] La chimiothérapie

[modifier] Les industries mécaniques

[modifier] De nouvelles énergies

[modifier] Les États-Unis

[modifier] Le territoire

L'expansion du territoire des États-Unis tout au long du XIXe siècle contribue à développer l'industrie des chemins de fer. Ainsi, les États-Unis achètent la Louisiane à la France et la Floride à l'Espagne en 1803. Les États-Unis achètent également le Nouveau-Mexique et la Californie au Mexique après la guerre de 1848 et la Texas, indépendant, décide son rattachement à l'Union en 1845. De plus, la forte démographie dans l'Oregon entraîne une augmentation de la population américaine par rapport à la population britannique et l'Oregon de devenir un État américain en 1845. Une fois conquises, ces territoires font l'objet d'un politique de peuplement. Ainsi, la grande ordonnance du Nord-Ouest en 1789 permet l'attribution de terres et le Homestead Act de 1862 donne gratuitement des terres aux colons.

Ce déplacement de la frontière vers l'Ouest contribue fortement à développer les chemins de fer. Dès 1869 la liaison San Francisco-New York est achevée est relie les côtes Est et Ouest en moins de 7 jours contre 6 mois auparavant. En 1870, le réseau ferré américain représente 85.100 kms, en 1913, 420.000 kms soit le tiers du réseau mondial. On comprend qu'un tel développement a eu des conséquences directes sur l'économie américaine et sur son industrialisation grâce à des effets d'entraînement sur l'activité industrielle. Par exemple, l'extension du chemin de fer entraîne le dynamisme des activités sidérurgiques. De plus, le financement de ces travaux colossaux entraîne le développement des activités boursières. Enfin, on peut noter l'incidence sur l'urbanisation, or on connaît les liens étroits entre urbanisation et industrialisation.

Par ailleurs, il s'agit d'un territoire riche en matières premières. Citons notamment la présence de pétrole dont l'exploitation a permis aux États-Unis de prendre part très largement dans la deuxième Révolution industrielle. En effet, il est souvent considéré que le premier puits de pétrole a été creusé sous la direction d’Edwin Drake à Titusville, Pennsylvanie en 1859. Cela préfigure la domination américaine dans le domaine de la production pétrolière. On retiendra l'hégémonie de la Standard Oil de John D. Rockefeller dont le monopole sera incontestable jusqu'à ce que la compagnie tombe sous la juridiction du Sherman Antitrust Act où elle à été divisé en plusieurs compagnies de moindre taille. Ajoutons en guise de remarque que plusieurs de ces petites compagnies grossiront au point de devenir les plus grosses compagnies pétrolières actuelles comme Exxon Mobil.

Raffinerie de la Standard Oil à Cleveland, Ohio, 1899
Raffinerie de la Standard Oil à Cleveland, Ohio, 1899

C'est de plus un territoire qui contribue au développement et à la puissance de l'agriculture américaine. En effet, l'agriculture bénéficie de vastes territoires exploités grâce aux progrès de la mécanisation; la première moissonneuse mécanique est inventée par Mac Cormick en 1831. De plus, l'agriculture peut s'appuyer sur la diversité du territoire américain ; le Sud se spécialise ainsi dans la culture et l'Ouest dans l'élevage; productions facilement acheminées vers les ports d'exportation par les infrastructures et notamment le chemin de fer. En outre, la main-d'œuvre bon marché que constitue l'esclavage est un élément déterminant de la puissance agricole américaine au point que l'historien Robert Fogel le considère comme élément déterminant de la prospérité du Sud. Sur le plan extérieur, l'agriculture bénéficie des avantages du libre-échange, notamment de l'abolition des corn laws en 1846.

Appliquée aux nouvelles méthodes de production, cette diversification des activités contribue à établir la puissance des États-Unis notamment lors de la deuxième Révolution industrielle. L'industrialisation, débutée au milieu du XIXe siècle devait alors être le facteur de la puissance américaine.

[modifier] La démographie

Les États-Unis connaissent un essor démographique tout à fait remarquable. Cet essor est entretenu d'une part par la croissance naturelle et d'autre part par d'important flux migratoires. La population des Etats-Unis croît de 25% par décennie entre 1860 et 1890 si bien qu'en 1880 les Etats-Unis comptent 50 millions d'habitants et en 1918 100 millions. L'immigration nourrit largement la croissance démographique ; les flux migratoires ont apporté 36 millions de personnes entre 1820 et 1920.

De surcroît, la majorité des flux migratoires provient du Royaume-Uni et d'Irlande mais également des pays scandinaves. Ainsi, les immigrés qui débarquent aux États-Unis sont souvent de religion protestante. Rappelons ici toute l'importance de l'éthique protestante en nous basant sur les travaux de Max Weber. En outre, on peut baser l'analyse de l'industrialisation américaine à partir des caractéristiques de la société américaine ; il s'agit d'une société méritocratique comme l'analyse Alexis de Tocqueville dans De la démocratie en Amérique, 1835-1840.

[modifier] Le tournant de la Guerre de Sécession

Avant la guerre de Sécession (1861-1865) la montée en puissance des Etats-Unis s'appuie surtout sur ses activités agricoles à tel point que l'agriculture demeure l'activité principale jusqu'en 1880; en 1890 l'agriculture représente encore 75% des exportations américaines. Mais la Guerre de Sécession change quelque peu la donne. En effet, la Guerre de Sécession n'est pas qu'une guerre politique qui s'inscrit seulement dans la question de l'esclavagisme. Elle est également une guerre issue des rivalités économiques entre le Sud — conservateur, agricole et favorable au libre-échange — et le Nord — ouvert aux idées nouvellement venues d'Europe, en cours d'industrialisation rapide et favorable au protectionnisme selon la pensée d'Alexander Hamilton, de la théorie du protectionnisme éducateur de Friedrich List et de celles de Henry C. Carey. Par conséquent, la victoire du Nord consacre l'évolution de l'industrialisation dont le financement est en partie favorisé par l'inflation durant la guerre.

[modifier] L'Allemagne

L'industrialisation de l'Allemagne débute au même moment qu'aux États-Unis c'est-à-dire au milieu du XIXe siècle. Elle dispose également d'un important potentiel industriel, agricole et humain.

[modifier] L'unification allemande pour s'industrialiser

La particularité de l'Allemagne, c'est qu'elle n'existe pas au début du siècle. À la suite du Congrès de Vienne en 1815, la Confédération allemande regroupe 39 États dont l'unité se construit autour de la langue mais également du Zollverein à partir de 1834. Le Zollverein est une union douanière qui met en place une zone de libre-échange à l'intérieur et qui établit des tarifs extérieurs commun (TEC) à l'extérieur. De plus en 1857, le thaler prussien devient la monnaie de la zone puis est remplacé par le Mark en 1871. Parallélement la Reichbank voit le jour en 1875. L'Allemagne adopte de ce point de vue une position protectionniste qui contraste avec la position britannique.

[modifier] La puissance industrielle

Il faut tout d'abord souligner le démarrage de l'industrialisation est lent à cause de la disparité entre bassins industriels ; ceux de l'Est sont bien moins performants que ceux de l'Ouest comme la Ruhr. De plus, l'Allemagne présente un retard technologique qui le rend dépendante de la Grande-Bretagne mais aussi de la France. Notons l'importance que revêt l'annexion de l'Alsace et de la Moselle qui permit à l'Allemagne par la même occasion de se doter d'un potentiel industriel supplémentaire.

Toutefois la montée en puissance de l'industrialisation est appuyée d'une part par la tradition marchande du Nord de l'Allemagne et par le soutien qu'apporte l'État. En effet, il existe une réelle tradition dans le domaine du commerce grâce aux ports du Nord, hérités de l'activité portuaire de la Hanse dès le XIIIe siècle.

Mais il faut surtout souligner le rôle primordial de l'Etat. En effet, celui-ci à favoriser l'extension du chemin de fer car cela était nécessaire pour l'unification de la Confédération allemande. Il a en outre favorisé la constitution de grandes entreprises — les konzerns — et permet leur développement par le biais de mesures protectionnistes. De plus, l'Etat allemand supporte la formation professionnelle.

Notons, à titre de remarque, que l'Allemagne est le premier pays à se doter d'une forme de protection sociale. En effet, la très forte concentration ouvrière émanant de l'industrialisation commence à soulever des critiques quant aux conditions de vie et de travail. C'est donc dans le but de contrer le marxisme qu’Otto von Bismark décide de mettre en place les premières lois sociales. Dès 1883 une assurance maladie est créée, suivie en 1884 d'une protection contre les accidents du travail et enfin en 1889, création d'une assurance vieillesse.

Ces éléments permettent à l'Allemagne de s'industrialiser rapidement à partir des années 1850 et plus encore après 1870 où les konzerns prennent une place primordiale dans l'activité industrielle.

[modifier] L'agriculture

Les autres activités demeurent importantes mais restent secondaires par rapport à l'industrie. La production agricole croît tout au long du siècle ; les junkers, propriétaires fonciers, sont politiquement conservateurs, économiquement innovateurs. Les innovations en matière agricole sont de plus de plus nombreuses après 1850 et complètent les innovations importées de Grande-Bretagne. La spécialisation allemande dans la chimie lui confère un rôle de premier ordre dans la recherche d’engrais ; les recherches de Justus Von Liebig dès 1840 sont fondateurs.

==== Faiblesse financière ====

Le financement de l'industrialisation fait bien moins appel aux capitaux boursiers comme en Grande-Bretagne. La spécificité allemande est que le financement s'inscrit plutôt dans le cadre d'investissement à long terme grâce aux liens étroits entre banques et entreprises. Citons, à titre de prolongement, l'analyse de Michel Albert dans Capitalisme contre capitalisme, 1991, qui montre que cette particularité allemande est caractéristique de son capitalisme contemporain; le capitalisme rhénan.

De plus, l'autre spécificité financière de l'Allemagne est la concentration des capitaux vers son territoire national. En effet, les capitaux allemand sont assez peu destinés à l’étranger ; on note toutefois des investissements importants dans l'Empire ottoman. Cette utilisation des capitaux s'inscrit dans la perception de l'économie nationale en Allemagne ; l'économie réelle — l'industrie — c'est-à-dire la puissance économique doit coïncider avec la puissance nationale. On voit bien la divergence avec la conception britannique.

[modifier] La société industrielle

[modifier] La stratification sociale bouleversée

[modifier] Un déclin agricole plus ou moins marqué

[modifier] L'exode rural et l'urbanisation

[modifier] La constitution du prolétariat

[modifier] La transformation du travail

[modifier] L'invention du salariat

[modifier] La rationalisation du processus productif

[modifier] La machine et le chômage

[modifier] Les évolutions politiques des sociétés industrialisées

[modifier] L'avènement du marché

[modifier] Le combat social et les utopies

[modifier] L'évolution du rôle de l'État

[modifier] Les aboutissants de l'industrialisation

[modifier] Un recul tardif de l'indigence

[modifier] La consommation de masse

[modifier] La question écologique

[modifier] Les « nouveaux pays industrialisés »

[modifier] La dynamique des marchés (à éclater/dispatcher)

[modifier] Constitution des marchés nationaux

[modifier] Les canaux, artères de l'industrie naissante
Canal vers 1850
Canal vers 1850

Au cours de la première moitié du XVIIIe siècle, le développement de l'industrie charbonnière reposait sur les transports par bateaux, soit sur les rivières navigables, soit par mer. Les routes ne permettaient pas de transporter des chargements lourds, surtout après une pluie.

Le jeune Francis Egerton, troisième duc de Bridgewater (1736 - 1803), put voir dans son grand tour d'Europe le canal du midi, ouvert en 1681. Possédant des mines de charbon à Worsley, près de Manchester, il décida la construction d'un canal pour transporter son charbon de ses mines jusqu'à Manchester. La construction commença en 1759, dirigée par James Brindley, et se termina en 1776, pour un coût de 350 000 £ - énorme pour l'époque. Ce canal rapporta un grand profit au Duc, et la prospérité à Manchester qui put disposer d'un charbon bon marché, pour les machines à vapeur et l'industrie du coton qui commençait à se développer.

James Brindley, qui était apprenti constructeur de moulins, sans formation scolaire, n'utilisait ni plans ni notes écrites, mais travaillait de mémoire. Après cette première réalisation, il devint très demandé et en 13 ans, construisit 590 km de canaux.

Rapidement, un réseau de 4800 km de canaux permit l'acheminement du charbon et d'autres produits un peu partout. Par la route, un cheval pouvait transporter 120 kg, sur un canal, le même cheval pouvait tirer 50 tonnes à la vitesse moyenne de 6,5 km/h. Des bateaux rapides tirés par deux chevaux (remplacés tous les 6,5 km) transportaient des passagers à la vitesse moyenne de 16 km/h.

Pendant 50 ans, les canaux furent les artères de la révolution industrielle, faisant la fortune de leurs propriétaires. Puis le chemin de fer les remplaça peu à peu, et de nos jours les canaux qui subsistent ne servent plus que pour les loisirs.

[modifier] Les chemins de fer

On utilisait depuis 1760 en Angleterre des chemins de fer, sur lesquels les wagons étaient tirés par des chevaux. Par rapport aux routes, l'effort de traction est bien inférieur.

En 1804, Richard Trevithick adapta à la traction sur rails une machine à vapeur fabriquée par les Pen-y-darren Ironworks à Merthyr Tydfil : cela permit d'atteindre la vitesse de 5 miles à l'heure (8 km/h) en tirant une charge de 10 tonnes et 70 passagers de Merthyr à Abercynon, sur une distance de 14 km. Mais les rails se cassèrent sous les 5 tonnes de la locomotive, et la machine à vapeur fut réutilisée à poste fixe.

Richard Trevithick est considéré comme l'inventeur de la traction à vapeur, et a un monument à Merthyr (Carmarthenshire, Pays de Galles)

La première locomotive à vapeur utilisée en usage régulier fut celle de l'ingénieur George Stephenson. Celui-ci fabriqua et breveta sa première locomotive en 1815.

Chargé de construire une voie ferrée pour transporter le charbon de Liverpool à Stockton en Angleterre, Stephenson convainquit les propriétaires des mines de le financer pour construire une locomotive. Ce fut la « Locomotion », dont la première utilisation eut lieu le 25 septembre 1825. Elle eut à tirer 20 wagons de voyageurs et 10 bennes de charbon. Un cavalier portant un drapeau galopait devant la « Locomotion ». Stephenson ordonna au cavalier de s'écarter, et on put constater que le train allait plus vite qu'un homme à cheval.

Il fallut cependant des années pour que la traction à vapeur soit suffisamment fiable pour qu'on puisse lui faire transporter des passagers. En 1830 Robert Stephenson, le jeune fils de Georges créa la première ligne de chemin de fer moderne : Manchester - Liverpool. Elle était constituée d'une voie double sur toute sa longueur et offrait pour la première fois des horaires fixes aux voyageurs.

Premières lignes en France en 1823 (Saint-Étienne-Andrézieux), elles se limitent au transport du charbon. Véritable départ après 1840 à une moyenne de 60 km/h en 1850.

site internet sur les chemins de fer et leur histoire : http://www.geocities.com/pauledoyon2003/

site internet sur Richard Trevithick : http://www.alangeorge.co.uk/PenydarrenLocomotive.htm

[modifier] La marine à vapeur

L'adaptation de la machine à vapeur à des bateaux était plus difficile que pour les chemins de fer : risque d'incendie avec les coques de bois, risque de panne - un bateau dont la machine tombe en panne est désemparé - faible autonomie due au mauvais rendement des machines à vapeur. La navigation à vapeur commença donc sur les rivières, dans les ports pour les remorqueurs, et sur des trajets courts, comme la traversée de la Manche.

Grandes étapes :

  • le 15 juillet 1783 : le « Pyroscaphe », premier bateau à vapeur ayant navigué - pendant un quart d'heure, sur la Saône - , construit par le marquis Claude François Dorothée de Jouffroy d'Abbans (1751- 1832).
  • 1806 : le "Steamboat" de Robert Fulton navigue sur l’Hudson. En 1807, son premier bateau à roues à aubes, le Clermont, relie Albany à New York à la vitesse de d'environ 5 nœuds.
  • 1816 : L'Elise, venant de Newhaven et construite en Angleterre, accoste au quai des Tuileries le 29 mars 1816, après avoir traversé la Manche en 17 heures.
  • 1830 : les premiers steamers mettent dix jours de moins sur le trajet New York-Londres que les voiliers les plus rapides. L’augmentation de la taille des navires divise les frais de transports par quatre entre 1820 et 1850 sur les liaisons internationales. Cependant les marins conserveront longtemps, par prudence, des voiles.
  • entre 1830 et 1850 : Utilisation du fer pour les coques, de façon progressive. L'invention du minium vers cette époque, améliorant la protection contre la corrosion, favorisera le fer. L'acier remplaça le fer vers 1890.
Navires dans le Détroit de Menai, sous le pont Britannia, vers 1850.
Navires dans le Détroit de Menai, sous le pont Britannia, vers 1850.

1836 : l'hélice. Découverte simultanément par le Suédois John Ericsson et par le Britannique Francis Pettit Smith. L'hélice permit un meilleur rendement, une plus grande fiabilité, et aussi l'utilisation de la vapeur pour les bateaux de guerre : les roues à aubes étaient trop fragiles et prenaient la place d'une partie des canons.

  • 1857 : lancement à Millwall du Great Eastern, grand navire en fer propulsé par des roues à aube, une hélice et des voiles (Toujours la prudence des marins !). Sa longueur était de 230 mètres. Il est décrit dans le roman de Jules Verne Une Ville flottante. Ce fut un échec commercial.

Les progrès de la vapeur furent réguliers. En 1869 on construisit encore six clippers en bois et à voile ; mais cette même année, l'ouverture du canal de Suez permit aux bateaux à vapeur de faire le trajet vers l'Inde en 60 jours, alors qu'il fallait six mois aux voiliers qui devaient faire le tour par Le Cap.

Des dizaines de bateaux à vapeur ont sillonné la Loire entre 1830 et 1850. Leur vitesse était impressionnante (de 4 à 15 nœuds à la remonte, et 9 nœuds en descendant), et donnait lieu à des courses qui se terminaient parfois dans un banc de sable… Vers 1850, le chemin de fer entraînera leur disparition.

site internet

C'est en 1910 que la Royal Navy britannique prend la décision de basculer vers une alimentation au fuel, et non au charbon, pour ses nouveaux bâtiments. Cette bascule est ensuite générale dans le domaine du transport, instaurant l'ère du pétrole pour le XXe siècle.

[modifier] Soutien des marchés externes

[modifier] La deuxième Révolution industrielle

Elle démarre en 1880 avec l'invention de l'électricité, du téléphone et du moteur à explosion. Progressivement, l'économie va se structurer autour de grandes firmes industrielles, appliquant l'organisation scientifique du travail (OST) ou taylorisme. Le paradigme organisationnel est le travail à la chaîne (innovation de Henry Ford), rendant productifs les ouvriers non qualifiés provenant de l'exode rural ou de l'immigration. Cette révolution industrielle s'accompagne d'un rétrécissement des inégalités dans les pays industrialisés et d'une élévation progressive du niveau de vie des ouvriers.

[modifier] La troisième Révolution industrielle

Aussi désignée sous le terme de révolution informatique, elle démarre après dans les années 1970 avec l'invention de l'Internet (Arpanet, 1969), du microprocesseur (Intel, 1971) et l'ordinateur de bureau (Apple, 1977). Ces inventions vont progressivement se diffuser à l'ensemble de l'économie provoquant une rupture paradigmatique du processus de production. Les grands conglomérats industriels sont démantelés. Les grandes usines disparaissent dans les pays industrialisés consécutivement à la robotisation des chaînes de montage, a la révolution des moyens de communication qui permettent la désintégration verticale du processus de production et au recours a l'externalisation et a la sous-traitance. Les entreprises se spécialisent alors que les employés deviennent polyvalents. Elle est aussi une révolution de l'information et de l'intermédiation, avec un essor considérable des télécommunications et de l'industrie financière. Dans le domaine social, elle s'accompagne parfois d'une hausse des inégalités.

[modifier] Morceaux déplacés

Par exemple, la construction de la ligne Paris-Lille en 1845 nécessite 200 millions de francs.

Ainsi durant la Révolution industrielle naissent des formes d'entreprises qui permettent de satisfaire à ces contraintes comme société en nom collectif. Inconvénient de cette dernière, elle est une société de personnes dans laquelle ses membres ont juridiquement qualité de "commerçant" c'est-à-dire responsable sur leurs biens propres. La société en commandite par actions permet de pallier ces inconvénients. Toutefois, la véritable révolution en matière d'entreprise est la création des sociétés anonymes. Celles-ci sont autorisées en Angleterre en 1856; ce sont les private companies limited, et en France en 1867. Une telle forme juridique est favorable aux grandes structures, c'est pourquoi en 1925 on l'adapte également pour les structures plus petites; c'est la création de la SARL (société à responsabilité limitée).

De telles mesures ont pour conséquences de favoriser la mobilité des capitaux et les mouvements de concentrations d'entreprises; konzerns allemands, trusts américains, zaïbatsus japonais et groupes français.

[modifier] Références

  1. Fernand Braudel, La Dynamique du capitalisme, Champs-Flammarion, 2001, p.15-16
  2. Angus Maddison, « When and Why did the West get Richer than the Rest » lire en ligne
  3. Cette thèse est notamment défendue par Max Weber, l’Éthique protestante et l'esprit du capitalisme, 1905
  4. Paul Bairoch, Victoires et déboires

MARX, Roland. La Révolution industrielle en Grande-Bretagne. Paris, Armand Colin, 1992 (1970).

MANTOUX, Paul. La Révolution industrielle au XVIIIe siècle, essai sur le commencement de la grande industrie moderne en Angleterre. Paris, Génin, 1959.

THOMPSON, E.P. The Making of the English Working Class. Londres, Pelican, 1969.

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