Freins au développement
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Le but de cet article est de lister et d'expliciter des hypothèses sur le pourquoi du maldéveloppement, ou du sous-développement, des pays dits « en développement ». Ce problème étant très complexe et polémique, les hypothèses énoncées peuvent être contradictoires.
[modifier] L'héritage du colonialisme
La répartition géographique des pays développés et en développement coïncide en grande partie avec le découpage :
- pays colonisateurs et colonisés avant la première révolution industrielle, d'une part ;
- pays colonisés entre la révolution industrielle et la veille de la Seconde Guerre mondiale d'autre part.
Partant de cette constatation, certains analystes attribuent une grande partie du maldéveloppement à cette colonisation post-révolution industrielle.
Le pivot du développement a été l'invention de la machine à vapeur à la fin du XVIIIe siècle. Auparavant, le transport des matières premières était très onéreux, il était plus intéressant de créer un atelier de fabrication proche du lieu de production des matières premières. C'est ainsi que les colonisation précédentes (annexion du royaume du Nam Viêt à l'Empire chinois au IIe siècle av. J.-C., colonisation de la Gaule par Jules César en 52 av. J.-C., colonisation d'une partie de l'Espagne par les Maures entre le VIIIe et le XVe siècle, colonisation de l'Amérique du Sud par les Conquistadors au XVe siècle puis de l'Amérique du Nord par les émigrants européens au XVIIe siècle...) ne se sont pas accompagnées d'un creusement entre les pays colonisés et colonisateurs, mais plutôt d'un échange technique et culturel, d'une « mise à niveau ».
L'invention de la machine à vapeur a eu un effet double : il a permis de faire baisser le coût du transport, et il a augmenté le coût de construction et logistique d'un atelier, le point critique n'étant plus l'approvisionnement en matière première du produit fini, mais l'approvisionnement en charbon. Il est donc devenu plus intéressant pour les pays colonisateurs d'importer des matières premières en métropole pour créer des ateliers, puis des usines, proches du lieu d'extraction du charbon et du lieu de vente du produit fini (marché intérieur), profitant d'une la main d'œuvre colonisée (esclaves) et métropolitaine (classe ouvrière émergente issue de la paysannerie) à très bas coût. À partir de ce moment, il n'y a plus eu diffusion de la technologie vers le pays colonisé, mais développement du marché intérieur du pays colonisateur.
[modifier] Une orientation industrielle et agricole inadaptée
À partir de la révolution industrielle, la transformation de la matière s'est donc développée dans le pays colonisateur (pour son marché intérieur), tandis que la production des pays colonisés a été orientée essentiellement vers le secteur primaire (production de matière première). Or, l'exportation de matière première, si elle est une source de revenu pour le pays, peut contribuer paradoxalement à son appauvrissement (cf. infra).
Durant la colonisation, certains pays sont passés d'une agriculture traditionnelle (centrée sur l'auto-suffisance alimentaire) à des cultures de rente, comme le coton, le café, le cacao ou l'arachide. D'une part cela a mis en danger la sécurité alimentaire des pays colonisés, et d'autre part ces productions agricoles sont destinées à être vendues sur le marché mondial, sans sécurité de revenus en raison de la fluctuation des cours mondiaux (cf. infra).
[modifier] Un déficit démocratique
La colonisation étant un régime autoritaire (même si le pays colonisateur était une démocratie pour ses citoyens), elle n'a pas favorisé l'émergence de démocratie. D'une part le régime colonial n'a pas inculqué de valeur démocratique à ses habitants, et d'autre part il n'a que rarement favorisé l'éducation et l'apparition d'une élite intellectuelle capable de diriger. Dans certains cas, il a même joué sur les dissentions inter-ethniques ou inter-religieuses pour asseoir son pouvoir (« diviser pour régner », par exemple dans le cas de la colonisation de l'Inde par l'Angleterre qui a mené à la séparation du Bangladesh et du Pakistan après la décolonisation).
Lorsque la décolonisation s'est faite par une guerre, le pouvoir a été pris par les rebelles qui ont installé un système à leur faveur, une dictature plus ou moins déguisée (cas par exemple du FLN en Algérie ou du Viêt cong au Viêt Nam). Lorsqu'elle s'est faite par accord, les pays ont été découpés sans tenir compte des ethnies ni des traditions, donnant des pays aux frontières rectilignes sans unité culturelle, et aux ressources réparties aléatoirement.
Or, un régime démocratique est un des points critiques du développement humain. Notons que l'on peut avoir un développement économique avec une dictature (voir par exemple l'URSS entre la Révolution russe et la Seconde Guerre mondiale, ou la Chine à l'aube du XXIe siècle), mais
- la démocratie est un système permettant de sanctionner les erreurs de ses dirigeants ; a contrario, une dictature peut s'enferrer dans un dogmatisme sans rapport avec la réalité (voir par exemple la courte durée de la nouvelle politique économique en URSS) ;
- le développement humain ne se résume pas à la production industrielle et à la rentabilité financière.
[modifier] Une explosion démographique
Dans les pays colonisés, l'amélioration des conditions de santé (notamment les vaccinations) est arrivée brutalement. Les familles font donc toujours autant d'enfants, mais le taux de mortalité baissant, cela provoque une explosion démographique (cf. infra).
[modifier] Le néocolonialisme
Les anciens pays colonisateurs ont en général gardé des liens étroits avec les anciennes colonies. Celles-ci ayant souvent d'importantes ressources minères et pétrolières, les pays développés ont tout intérêt à avoir un accès privilégié pour diminuer leurs dépendances vis-à-vis d'autres fournisseurs jugés moins fiables. Par ailleurs, chaque pays ayant une voix à l'ONU, il est également intéressant d'avoir la faveur de gouvernements étrangers.
Ces considérations ont poussées certains gouvernements de pays développés à aider, financièrement et militairement, des dictatures. L'aide au développement des États est également souvent répartie selon des critères politiques plutôt qu'une réalité humaine (cf. infra). À ceci s'ajoute la situation de la Guerre froide, avec la constitution de « glacis stratégiques », la création de base militaires et des coups d'État soutenu par les deux grands blocs.
On qualifie cette situaiton de « néocolonialisme ». Dans le cas de la France, on parle du « pré carré », ou de la « Françafrique ».
[modifier] Critiques de ce modèle
Ce modèle est un modèle « initial », il considère les conditions initiales lors de la décolonisation (dans les années 1950-60), mais pas les événements ultérieurs. Par ailleurs, la colonisation a aussi mis en valeur des ressources inexploitées (minières, agricoles), même si elle a introduit un système d'échange déficitaire.
Il existe pour chaque point des contre-exemples. Par exemple
- absence de formation d'une élite intellectuelle : dans les pays ou une élite intellectuelle existait déjà, le colonisateur a en général conservé cette élite ; par exemple :
- lorsque la France a colonisée l'Indochine, il existait déjà une élite intellectuelle gouvernante héritée du système mandarinal confucéen ; la France a maintenu cette élite et a même envoyé ses membres se former dans en métropole (cela permettait de couper cette élite du peuple et d'éviter la structuration d'une résistance intellectuelle) ;
- l'Angleterre a également continué à former les personnes issues des hautes castes indiennes ;
- absence d'autosuffisance alimentaire due à des cultures de rente : le Cameroun, qui possède son autosuffisance alimentaire, est bien en déclin économique depuis environ dix ans, tandis que le Japon, qui ne possède presque pas d'agriculture en propre, a été la locomotive des pays asiatiques pendant les Trente glorieuses, battant même largement les pays occidentaux ;
- l'exode rural dû à un appauvrissement des paysans en raison de a culture orientée vers les produits de rente : dans certains pays, on assiste à un exode rural similaire mais provoqué par la désertification, comme en Mauritanie où la population afflue vers Nouakchott non pour y trouver du travail (80% de chômage).
[modifier] Les théories antiéconomiques
Les théories antiéconomiques, par exemple celles de la décroissance soutenable, généralement originaires des pays développés, visent à freiner le développement. Cela contribue au climat d'hostilité envers certains pays émergents. D'ores et déjà certains sont accusés de désorganiser la demande sur le marché des ressources naturelles, l'utilisation de celles-ci et le contrôle de ces marchés étant jusqu'ici largement réservés aux pays développés. Par ailleurs les pays développés acceptent mal, vu la hausse des prix de ces matières produites le plus souvent par des pays en développement, le fait que la dégradation des termes de l'échange se soit inversée en faveur des pays qualifiés par l'expression « du Sud ».
[modifier] Développement et démocratie
Voir aussi
- l'article Développement humain, mais aussi Mythes sur la démocratie).
[modifier] Les institutions internationales
Les institutions issues de la conférence de Bretton Woods, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, font des prêts aux États, mais exigent en échange des restructuration qui snt parfois inadaptées aux réalités sociale du pays. Cf. infra
Le GATT, puis l'OMC, imposent une ouverture des marchés intérieurs et l'arrêt de subventions, alors que des pays ayant un fort poids économique, comme la France ou les États-Unis, cnoservent des mesures protectionnistes, ce qui accroît encore les inégalités.
[modifier] Les ONG
[modifier] La mauvaise gouvernance
La mauvaise gouvernance est en règle générale la première cause de sous-développement. Cette mauvaise gouvernance est identifiable selon les symptomes suivants :
- Détournement de l'argent public ;
- Incompétence administrative ;
- Mobilisation des ressources du pays dans la construction d'éléphants blancs ;
- Administration tatillonne et bureaucrate ;
- Développement de réseaux de corruption ;
- Surendettement ;
- Mauvais choix stratégiques de développement ;
- Dépenses d'infrastructures delaissés au profit de dépenses de fonctionnement ou d'apparat ;
- Insécurité des investissement ;
- Fait du prince ;
- Intérêts personnels privilégiés.
La mauvaise gouverance met en cause la façon dont le pays est gouverné et non la qualité intrinsèque du pays. Elle est en général rejetté par les gouvernements en question, qui s'estiment bon gestionnaires de la chose publique. Elle est la principale cible des bailleurs internationaux, comme le FMI ou la banque mondiale.
[modifier] La corruption
Il existe une forte corrélation entre le niveau de développement et le niveau de corruption tel que mesuré par Transparency International. On peut classer la corruption en trois grands groupes :
- Corruption anecdotique : c'est le cas des pays développés où la corruption en vue d'obtenir un passe-droit reste anecdotique dans la vie économique ;
- Corruption pour obtenir un passe-droit : dans beaucoup de pays en développement, un système de corruption, renchérissant les coûts de l'investissement, est mis en place en vue d'obtenir des passe-droits auprès d'administrations bureaucratiques et tatillonnes ;
- Corruption pour obtenir droit : dans les pays les moins avancés, on observe un système poussé de corruption en vue d'obtenir n'importe quel droit (papier de l'administration, retrait postal, sortie de marchandises du port, soins à l'hôpital, etc.). Ce système pénalise les entreprises de la zone en renchérissant leurs coûts de revient et dégradant ainsi leur compétitivité. Elles n'ont aucun moyen de la contourner et la corruption devient une sorte d'"impôt" prelevé par les fonctionnaires pour leur compte. Les élites dirigeantes bénéficiant en général de ce système, elles ne le combattent pas, voire parfois l'encourage pour obtenir la paix sociale chez les fonctionnaires.
[modifier] L'atrophie du système judiciaire
L'état du système judiciaire est un point central du développement. En effet, l'investissement de capitaux étrangers dans un pays est fortement lié à la sécurité juridique de cet investissement. Les investisseurs ayant une aversion au risque priviligient toujours, à coût égal, le système judiciaire le plus fiable.
La présence d'un système judiciaire prémunie également contre le « fait du prince ». En effet, de nombreuses sociétés qui avaient investi en Afrique se sont vu confisquer leurs investissements par des gouvernements africains sans pouvoir obtenir de justes réparations pout leur préjudice devant la justice (c'est par exemple le cas de France Telecom en Centrafrique ou au Gabon).
Ces états, ayant démontré aux investisseurs l'absence d'« état de droit » sont aujourd'hui boudés par ceux-ci dans les secteurs où le rentabilité ne compense pas le risque pris (ou supposé être pris).
[modifier] Les pandémies
[modifier] Le poids des traditions
Les pays développés mettent en général en œuvre une sécurité sociale, une entraide « obligatoire » en cas de maladie, d'accident ou pour la vieillesse. Les pays en développement n'ont en général pas cette solidarité d'État, les « accidents de la vie » sont pris en charge par la solidarité entre individus. L'intégration dans le groupe est donc une nécessité liée à la survie. Par ailleurs, dans des pays où la moyenne d'âge est faible, les personnes âgées sont celle qui ont survécu, et leur comportement est donc un modèle.
Ce deux éléments expliquent l'importance des traditions dans les pays en développement : en tant que facteur d'intégration au groupe et que modèle à suivre, ils constituent véritablement un élément fondamental de la survie.
Mais la perpétuation des traditions est aussi synonyme d'immobilité de la société, les mentalités s'adaptent difficilement à l'évolution de l'environnement économique et social du pays. Dans ce domaine, un changement de mentalité se fait à l'échelle d'une génération, et en général de manière hétérogène dans le pays. Il faut donc plusieurs générations pour que l'adaptation des mentalités ait lieu.
Par exemple en Inde, la société est organisée traditionnellement en castes ; chaque caste correspond à un niveau social et à un type d'emploi, et il est, dans ce système, impensable de changer de caste (c'est-à-dire de progresser socialement) : la naissance est une fatalité, une personne née dans une basse caste paie le prix de son mauvais comportement dans une vie antérieure. Il n'y a donc traditionnellement pas de volonté d'améliorer ses conditions de vie, de se projeter vers un avenir meilleur (celui-ci viendra dans la prochaine incarnation).
Aux Comores et plus particulièrement en Grande Comore existe une tradition du grand mariage : dans sa vie, un homme doit organiser un grand mariage fastueux (qui n'est pas nécessairement son premier mariage) ; une grande partie des revenus est donc épargnée pour ce grand mariage et ne peut donc être investie dans des projets. Par ailleurs, la tradition veut aussi que l'on ait une grande maison en dur; on voit donc fréquemment des fondations en attente de murs, ou des murs en attente de toit, tandis que la famille vit dans des cases de tôle ou de bois avec des problèmes de salubrité et de maladies liées à l'amplitude thermique. Une des solutions d'amélioration de l'habitat serait les constructions modulaires (faire une petite pièce en entier, puis lorsque l'on a de l'argent construire une autre pièce attenante), mais elle se heurte aux traditions.Voir Culture des Comores.
On peut encore citer les traditions de mutilation sexuelle des femmes dans certains pays (excision et infibulation), et d'une manière générale la condition de la femme dans de nombreuses sociétés.
Les populations des pays développés n'ont souvent pas conscience que leur propres traditions ont mis plusieurs siècles à évoluer ; à titre d'exemple, le droit de vote des femmes en France date de 1945, plus d'un siècle et demi après la proclamation de l'égalité des citoyens. On est donc confronté à deux défauts opposés :
- de la part des pays développés : la dimension traditionnelle est parfois négligée dans les opérations d'aide au développement, les acteurs n'ont pas conscience que dans l'esprit des populations, remettre en cause les traditions c'est remettre en cause leur survie ;
- d'autre part les habitants des pays développés ont tendance à avoir une image stéréotypée, voir caricaturale, des populations en développement.
[modifier] La démographie
En raison de la forte mortalité précoce et infantile, les familles des sociétés « traditionnelles » ont de nombreux enfants ; par ailleurs, en raison de l'absence d'un système d'assurance vieillesse (retraite), les enfants sont ceux qui vont permettre aux parents de survivre lorsqu'ils ne pourront plus eux-même travailler (solidarité inter-générations). Le fort nombre de naissances est là pour compenser la forte mortalité, c'est ce que certains nomment « l'équilibre de la misère ».
Dans les pays développés, la natalité a lentement baissé avec l'amélioration des conditions de vie, mais aussi avec l'amélioration de la condition des femmes, qui se sont vu offrir un autre avenir que celui de mère. Les pays en développement, au contraire, ont vu arriver des améliorations sanitaires rapide et donc une baisse de la mortalité qui ne s'est pas accompagnée d'une baisse de la natalité.
Ceci pose un problème de répartition des richesses, qui induit un sentiment d'insécurité sociale et donc maintient la natalité.
On est donc confronté ici à une inadéquation culturelle et comportementale par rapport aux conditions réelles de vie.
[modifier] Une aide humanitaire maladroite
Les pays développés ont connu jusqu'au XIXe siècle des famines et des épidémies, similaires à celles que connaissent les pays en développement ; dans le cadre de la santé, c'est donc l'élévation de la référence qui rend le pays « sous-développé ». Mais humainement, il n'est pas possible de laisser mourir des humains alors que l'on pense disposer des richesses et du savoir-faire nécessaire pour les sauver. Les pays développés ont donc mis en place une aide humanitaire.
Cependant, dans un grand nombre de cas, cette aide humanitaire s'est révélée maladroite.
L'envoi de nourriture, s'il est indispensable en période aiguë de famine, déstabilise l'économie et l'agriculture locale en dehors de ces périodes ; les populations bénéficiant d'une nourriture gratuite (lorsqu'elle n'est pas détournée et vendue) n'achètent plus la production locale, qui fait faillite ce qui favorise… la famine.
Plusieurs grands projets de développement (grands barrages comme Abou Simbel, réformes de l'agriculture…) ont abouti à un échec car ils n'ont pas été faits avec la collaboration des populations locales. N'ayant eu aucune explication et n'étant pas impliquées, elles n'ont pas compris le but de ces énormes chantiers et ne se sont pas vu indiquer leurs éventuels effets nocifs. Certains projets ont été rejetés par la population car ils se heurtaient aux traditions (cf. supra). Le bénéfice a été parfois nul, voire négatif : barrage d'Assouan, assèchement de la mer d'Aral…
- en induisant un sentiment de découragement : « si les ingénieurs, malgré leur savoir et leur technologie n'arrivent pas à nous aider, comment pouvons-nous y arriver ? » ;
- en provoquant une déstabilisation sociale : en favorisant une catégorie de personnes (par exemple les jeunes associés au projet prennent du pouvoir et de l'influence vis-à-vis des anciens, qui en rétorsion refusent de transmettre leur savoir traditionnel), ou bien un village ou une ethnie (de part l'implantation géographique du projet), créant des tensions ;
- en ayant parfois des effets secondaires néfastes : par exemple, la création d'un barrage crée une étendue d'eau immobile propice au développement de maladies et une évaporation qui diminue d'autant l'eau restant pour les cultures.
Citons ici Eustace Gitonga, président du Community Museum of Kenya[1] : « [Le prosepis] a été importé d'Amérique du Sud dans les années 80 par la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture, pour lutter contre la désertification. Mais le rêve de pâturage pour les bêtes a viré au cauchemar : les jeunes pousses chargées en sucre ont édenté les chèvres, mortes de faim. Coupantes, elles ont entraîné des inflammations des bergers, jusqu'à des amputations, des morts. Les racines de 20 mètres ont épuisé les nappes phréatiques, entraînant la migration de paysans vers l'Ouganda, provoquant des conflits. En 2002, avec notre ONG de 18 membres, on est allé voir le gouvernement et la FAO. Silence. Alors, on a monté un dossier, porté l'affaire devant la cour de Nairobi en 2004. Elle a dénoncé la responsabilité de la FAO et demandé au gouvernement d'inscrire l'arbre sur une liste de plantes nocives. Deux ans plus tard, la FAO vante toujours les mérites du prosepis. »
Dans certains cas, l'aide humanitaire est même une arme politique et économique de la part des pays fournissant l'aide. C'est par exemple le cas de la green weapon, l'arme verte, la fourniture de nourriture ou de semence sous condition. Dans la même logique, la fourniture de semences transgéniques (plants résistants aux maladies, aux insectes, à la sécheresse, plants à haut rendement) aux pays en développement est présentée comme une aide ; mais les graines ne pouvant être replantées (contrairement aux semences naturelles), les agriculteurs deviennent dépendants des pays fournisseurs.
On remarquera aussi que l'aide humanitaire française est essentiellement orientée vers ses anciennes colonies, pour des raisons historiques et linguistique. Sans critiquer cette orientation, cela souligne que dans un certain nombre de cas, la francophonie pèse autant voire plus que les besoins réels dans les décisions d'aide, et que cette décision relève bien de la politique étrangère.
L'aide humanitaire peut aussi être une arme pour l'État chargé de redistribuer l'aide aux populations. Ainsi, la famine de 1984 en Éthiopie concernait essentiellement les hauts-plateaux Nord du pays, qui étaient entrés en rébellion contre le pouvoir central [1] ; elle s'est développée alors que le reste du pays était en surproduction alimentaire. La distribution de l'aide alimentaire était un moyen de contrôle de la population par le gouvernement central.
[modifier] La spécialisation dans le secteur primaire
L'industrie des pays en développement est essentiellement (mais pas exclusivement) basée sur le secteur primaire.
Or, le secteur primaire est de nos jours fortement déficitaire : d'une part les fluctuations des cours sur le marché mondial ne garantissent pas une stabilité des revenus, et d'autre part, lorsqu'ils réimportent des produits finis, les pays réimportent leurs matière premières transformées... avec une forte valeur ajoutée, ce qui creuse l'appauvrissement. Pour caricaturer, les pays maldéveloppés vendent du minerai de fer et achètent des tracteurs fabriqués avec leur minerai ; on repense aussi à Gandhi dénonçant la vente de vêtements aux indiens, vêtements fabriqués en Angleterre à partir de leur propre coton.
La situation est similaire en ce qui concerne l'agriculture de rente, c'est-à-dire produisant des végétaux comme matière première pour l'industrie (coton pour le textile, café ou arachide pour l'agro-alimentaire...) ou comme nourriture pour l'exportation, mais aussi comme matières premières de la drogue (la coca, le pavot et le cannabis). Cette paupérisation des agriculteurs peut entraîner un exode rural, qui n'est pas motivé par une mutation industrielle comme cela s'est passé dans les pays développés, mais par l'absence de revenu. Les paysans arrivant en ville n'y trouvent pas une reconvertion professionnelle, mais une concentration de misère.
L'orientation vers une culture de rente met également en danger la sécurité alimentaire du pays, puisqu'une partie de l'agriculture ne produit plus pour le marché alimentaire intérieur, et est même un facteur d'obésité. En effet, en raison du faible coût du sucre et des huiles sur le marché mondial, productions qui sont parfois promues et subventionnées par les gouvernements des pays en développement, ces denrées sont les plus disponibles et les moins chères. On dénombre ainsi 115 millions d'obèses dans les pays en développement.
Enfin, l'extraction importante de manière premières peut provoquer le phénomène de maladie hollandaise qui mène à la désindustrialisation du pays.
[modifier] Le commerce extérieur
[modifier] La dette
L'économie mondiale après la Seconde Guerre mondiale a été modélée par les accords de Bretton Woods, et notamment la création de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (Bird) et du Fonds monétaire international (FMI).
Ces organismes, financés par les pays développés, ont accordés des prêts aux pays en développement. Se posent alors trois problèmes :
- l'utilisation de ces prêts : dans un certain nombre de cas, les actions menées avec cet argent n'a pas eu d'efficacité en terme de développement ; des personnes ont très tôt dénoncé un prêt visant à financer du matériel et des travaux vendus et effectués par les pays développés, donc au final des subventions des pays développés à leurs propres économies (cf. supra) ;
- les conditions des prêts : les organismes de prêt exigent souvent des réformes économiques de la part des emprunteurs, pour garantir la solvabilité, sans prendre en compte les répercussions sociales de ces réformes ;
- la constitution d'une dette : vingt ans après, une partie importante des revenus de certains pays sert à rembourser des intérêt cumulés colossaux.
Voir aussi : Dette.
[modifier] Les guerres
Parmi les pays notoirement en conflits en 2005, l'Irak, la Tchétchénie, la Palestine, la Côte d'Ivoire ou la République démocratique du Congo.
Le cas de ce dernier, « scandale géologique » dont les immenses richesses en matières premières devraient lui permettre de sortir du sous-développement est particulièrement éloquant et mérite d'être développé :
- L'insécurité civile et économique y règne notamment à l'Est dans la région du lac Kivu, malgré la présence d'une force des Nations unies, la MONUC. Les autorités politiques de ce pays immense, grand comme l'Europe, 90 fois plus grand que son plus petit voisin, le Rwanda, où l'on parle 250 langues différentes, ont de grandes difficultés à recréer une unité nationale. Cette unité est sapée par les ambitions politiques congolaises, les forces génocidaires rwandaises repliées depuis 1994 (et armées entre autre par la France), les populations congolaises rwandophones amalgamées comme traitres, et les incursions du petit voisin rwandais qui cherche à neutraliser ses génocidaires. De 1996 à 2003, la quasi totalité des pays de la région intervenaient au Congo pour divers motifs. Des multi-nationales soutenues par leurs pays d'origine, souvent occidentaux, rodent sur ce pays pour en extraire les richesses.
- Toutes ces ingérences n'aident pas le pouvoir congolais dans sa tâche. La société civile, maintenue dans une grande précarité, dans des situations de non-droit, est pourrie par les pillages liées à la pauvreté, les petits chantages financiers mesquins et quotidiens, et surtout les viols dus aux inombrables bandes de rebelles, aux armées régulières continuellement en campagne et même aux soldats de l'ONU. Ces viols, extrêmements fréquents, utilisés souvent comme arme de guerre, sont un facteur de désunions des familles, car la culture congolaise rend insupportable aux hommes que leurs femmes soient violées, ce qui entraine des répudiations fréquentes, sans parler du développement du sida. Le tissu social de ce pays en guerre, qui a connu au moins 3 millions de morts depuis 1996, est donc profondément meurtri, destructuré, déprimé, en proie à des réactions paniques, manipulable par la moindre rumeur, par toutes les idéologies, et par les sectes, prêt à s'enflammer pour la moindre désignation de boucs-émissaires. Comment un pays peut-il se développer sans un minimum de sérénité ?
Les investisseurs fuient les zones de guerre quand ce ne sont pas eux qui manipulent les conflits comme souvent en Afrique. Certaines multinationales qui ont parfois des capacités financières supérieures à celles des belligérants favorisent un esprit de corruption, affaiblissent les États de droit, manipulent les ambitions politiques et aménagent les conflits sans géner leur exploitation mais en générant une situation de non droit concrétisées par des zones de libre échange de fait qui deviennent en prime le lieux de fructueux commerces d'armes fabriquées dans les pays riches. « L'Affaire Elf », et celles qui tournent autour en France, sont une illustration juridique de ce type de comportements, dont les ramifications sont probablement loin d'avoir toutes été élucidées par la justice française.
[modifier] Bibliographie
- Amartya Sen, L'économie est une science morale
- Daniel Cohen, Richesse du monde, pauvretés des nations
- ↑ Des ONG africaines en plein essor, Libération, 20 et 21 janvier 2007
[modifier] Liens externes
- Biens publics à l'échelle mondiale
- Gouvernance et développement au XXIe siècle: vue d'Afrique et d'Amérique latine Vidéo en ligne d'une conférence de 24 universitaires africains, latino-américains, européens et québécois, en décembre 2005 à Montréal
- "Ils arriveront quand même". Lettre ouverte de Jacques Lacour en direct de Koudougou (Burkina Faso) le 05 avril 2006. ABC Burkina n° 180.
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