Saxophone
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Le saxophone est un instrument de musique à vent (ou aérophone) appartenant à la catégorie des bois. Il a été breveté en 1846 par Adolphe Sax, en Belgique.
Le lieu où il fut inventé fut détruit pendant la Première Guerre mondiale : aujourd'hui, un supermarché s'y tient, avec, dans une vitrine, une plaque commémorative...
Il ne doit pas être confondu avec le saxhorn, de la famille des cuivres, mis au point, lui aussi, par Adolphe Sax.
[modifier] Description
L'instrument est composé de trois parties soudées ou collées réalisées en laiton : le corps conique, la culasse et le pavillon. Les clefs (au nombre de 19 à 22 selon les membres de la famille) commandent l'ouverture et la fermeture des trous latéraux percés sur le corps. L'extrémité haute du corps est prolongée horizontalement par le bocal (démontable) qui porte le bec (en ébonite ou en métal), équipé d'une anche simple attachée avec une ligature.
Le son du saxophone est produit à l'aide d'un bec et d'une anche en roseau (le plus souvent) ou plastique et non pas à l'aide d'une embouchure métallique comme pour les cuivres. C'est la vibration de l'anche sur la facette du bec qui permettra l'émission du son par mise en vibration de la colonne d'air contenue dans le corps de l'instrument.
Bien que métallique, le saxophone appartient donc à la famille des bois (à cause de sa source de vibrations, l'anche) même s'il est parfois par abus de langage considéré comme faisant partie de l'ensemble des cuivres (où la vibration est produite par les lèvres dans une embouchure), notamment en jazz. De plus, il tend à se rapprocher de la sonorité des cordes (ceci est stipulé dans le brevet d'invention du saxophone), ce qui en fait le chaînon manquant unissant cordes, bois, cuivres et percussions (grâce aux sons slappés).
Le saxophone s'accorde avec les autres instruments en faisant légèrement varier l'enfoncement du bec (modulable grâce au liège entourant l'extrémité du bocal). Il présente parfois des ressemblances avec la clarinette (notamment le soprano), dont il diffère cependant par sa perce conique au lieu d'être cylindrique. C'est d'ailleurs cette dernière particularité qui lui permet d'être un instrument octaviant (alors que la clarinette quintoie) : le but même de Sax lorsqu'il imagina son nouvel instrument.
[modifier] La famille des saxophones
La famille des saxophones conçue par Adolphe Sax comprenait 14 tailles. Seules 7 sont encore utilisées aujourd'hui :
- le saxophone contrebasse rare, en mi bémol
- le saxophone basse assez rare, en si bémol
- le saxophone baryton en mi bémol
- le saxophone ténor en si bémol
- le saxophone alto en mi bémol
- le saxophone soprano en si bémol
- le saxophone sopranino assez rare, en mi bémol
On trouve cependant parfois quelques reliques des séries en Ut et Fa voulues au départ par Adolphe Sax en plus des séries en Si bémol et Mi bémol :
- le saxophone C-mélody en ut, ténor mais non transpositeur, très rare aujourd'hui
- le saxophone mezzo-soprano extrêmement rare, en fa
- Quelques rares sopranos en ut.
B. Eppelsheim a été très actif ces dernières années et a produits plusieurs instruments qui ont apporté beaucoup aux saxophonistes, en particuliers ceux qui s'intéressent aux registres extrêmes :
- Les tubax, mis au point en 1999. Leur perce plus étroite en fait des instruments différents, plus proche en réalité de sarrussophones pourvu d'une anche simple) :
- le saxophone sous-contrebasse en si bémol.
- le tubax en Mi bémol.
- le saxophone sopranissimo rare, en si bémol, instrument mis au point par en 2002, parfois appelé "soprillo"
Les plus utilisés sont le soprano, l'alto, le ténor et le baryton. Ils composent le quatuor de saxophones. Dans les quatuors de saxophones, le soprano est parfois remplacé par un second alto.
La totalité des saxophones actuels sont des instruments dits transpositeurs, c'est-à-dire que par exemple lorsqu'un saxophone alto joue un do, la note sonne comme un mi bémol de piano. La raison réside dans le fait que Sax a fabriqué deux séries de saxophones : dans la première série, les instruments étaient accordés en ut ou en fa et étaient destinés aux orchestres symphoniques, la deuxième série (celle que nous connaissons aujourd'hui) était accordée en si bémol et mi bémol et devait servir pour les fanfares militaires. Cependant, les musiciens d'orchestre ayant boudé les instruments Sax, alors que celui-ci trouvait de nombreux débouchés dans les musiques militaires nouvellement réformées, les instruments en ut ou en fa tombèrent peu à peu en désuétude : ils ne sont plus fabriqués après 1930 par les facteurs principaux de saxophones.
Cet instrument comporte trois registres : grave, médium et aigu, sur un ambitus de deux octaves et une quinte. Dans de nombreuses musiques contemporaines et actuelles, on utilise aussi le sur-aigu dont les notes sont obtenues à partir de doigtés spéciaux permettant de faire sonner un harmonique particulier.
De par son invention tardive, et même si des compositeurs comme Bizet ou Ravel ont reconnu ses mérites et l’ont parfois utilisé, le saxophone occupe une place assez marginale dans la musique classique et se trouve rarement représenté dans les orchestres symphoniques. Cependant, il reste incontestablement l'instrument roi du jazz, et la musique contemporaine en a fait l'un de ses instruments fétiches depuis les années 1980, en soliste comme en petits ensembles.
[modifier] Histoire de la facture du saxophone
Le belge Antoine Joseph Sax, dit Adolphe Sax (1814-1894), a cherché inlassablement à perfectionner les instruments de musique, et plus particulièrement les instruments à vent ; il en a amélioré la justesse, la qualité de la sonorité ainsi que la facilité de jeu (il a déposé 33 brevets).
Le tout premier saxophone construit par Sax, à Paris, en 1842, était un saxophone baryton en fa. Ce tout premier saxophone présentait toutes les caractéristiques du saxophone actuel : tube métallique à perce cônique, bec à anche simple et système de clefs Boehm, mais il avait encore la forme générale d'un ophicléide.
En 1844, le saxophone est exposé pour la première fois à l'Exposition industrielle de Paris. Le 3 février de cette même année, Berlioz, un grand ami de Sax, dirige lors d'un concert son choral Chant sacré qui inclut le saxophone. En décembre, le saxophone fait ses débuts d'orchestre au Conservatoire de Paris dans l'opéra de Georges Kastner, Le Dernier Roi de Juda.
Le 22 mars 1846, Sax dépose son brevet pour « un système d'instruments à vent dits Saxophones » qui comporte huit instruments. La réorganisation complète des musiques régimentaires et l'adoption par l'armée française, en 1845, des instruments de son invention (saxhorns, saxophones, saxotrombas) ont placé Sax en position de monopole de fourniture de ces instruments.
Le brevet d'invention de Sax expire en 1866. La Compagnie Millereau fait alors breveter le Saxophone-Millereau, qui possède une clef de fa # bifoquer. En 1881, Sax étend son brevet d'invention original : il allonge le pavillon pour inclure un si bémol grave et un la et étend également vers le haut en ajoutant fa # et sol à l'aide d'une quatrième clef d'octave.
Entre 1886 et 1887, l'Association Des Ouvriers invente la clef de trille do pour la main droite, le système de demi trou pour les premiers doigts de la main, l'anneau de réglage d'accord et la double clef; améliore le sol articulé pour que la clef de sol puisse être maintenue tandis que n'importe quel doigt de la main droite est employé, améliore le fa # bifurqué et ajoute un si bémol grave. Lecomte inventera en 1888 la clef d'octave simple ainsi que des rouleaux pour le modèle mi b -C basse.
La société Adolphe Sax & Cie a été rachetée par la société H.Selmer & Cie en 1928 (le premier saxophone Selmer modèle 22 est né en 1921). Depuis lors, l'entreprise Selmer a participé à l'amélioration de la fabrication des saxophones, ce qui lui a valu de conquérir le marché américain et de s'imposer en Europe. Les autres anciens facteurs de saxophones (Buffet-Crampon, Millereau, Gautrot, Couesnon) présents à la fin du XIXe siècle, ont été progressivement supplantés par des marques internationales : Adler, Huller (Allemagne), Yamaha et Yanagisawa (Japon).
[modifier] Aperçu du répertoire du XIXe siècle
Après son invention qui date du début des années 1840, le saxophone est très vite apparu dans l'orchestre et surtout dans les partitions d'opéra, ce qui pourrait être expliqué par le poste de Directeur de la musique de scène tenu par Adolphe Sax lui même (une sorte de musique militaire utilisée dans les grandes scènes) à l'Opéra de Paris.
Après l'Hymne sacré ou Chant sacré de Berlioz et l'oratorio Le Dernier Roi de Juda de Kastner, œuvres exécutées pour la première fois en 1844 et 1845, Halévy inclut le saxophone dans son opéra Le Juif errant (composé en 1852), dans L'Africaine créé en 1865, Ambroise Thomas dans Hamlet (1868) puis dans Françoise de Rimini (1882), Bizet dans son Arlésienne (1873), Delibes dans Sylvia (1876), Massenet dans Le Roi de Lahore (1877) Hérodiade (1881) et Werther (1886), Saint-Saëns dans Henri VIII (1883), d'Indy dans Fervaal (1895), etc.
Mais la cabale dressée contre Sax est trop forte et l'instrument, à de rares exceptions près qui confirment la règle, a du mal à percer au sein des orchestres réputés. De fait, le seul domaine où Sax parvint à imposer ses nouveaux instruments fut celui des musiques militaires, en pleine réforme sous l'impulsion de l'aide de camp de l'Empereur Napoléon III, le général de Rumigny, qui admirait le travail de Sax. Mais au gré des nombreux bouleversements politiques de l'époque, et des grâces ou disgrâces dont bénéficiait l'inventeur, les saxophones furent tour à tour imposés, interdits ou tolérés au sein de ces musiques (d'où les périodes de faste et les faillites connues par la société Sax).
La période la plus favorable fut sans conteste celle entre 1857 et 1870, où Sax est nommé professeur au Collège Militaire rattaché au CNSMD de Paris. Il y formera des dizaines d'instrumentistes de talent, qui essaimeront au sein des diverses musiques de l'armée. Et il fera écrire par ses amis et collègues différentes pièces de concours, ensembles de saxophones qui feront les joies des mélomanes Parisiens pendant plusieurs années. Il publia lui-même ces pièces signées Jean-Baptiste Singelée, Arban, Demersseman, Mohr ou Savari. Mais cette exclusive militaire de l'utilisation de l'instrument n'eut pas que des effets bénéfiques en terme d'image. De nos jours, l'on peut faire remonter les idées reçues contre le saxophone aux musiciens classiques de cette période.
Le coup de grâce fut le déclenchement de la guerre de 1870, qui vit le Collège Militaire se vider de ses élèves, rappelés sous les drapeaux par leurs régiments respectifs. Celui-ci fut ensuite fermé définitivement et tous les efforts de Sax furent inutiles : le saxophone dut attendre l'ouverture d'une classe pour Marcel Mule en 1942 pour connaître à nouveau la reconnaissance des milieux officiels français. S'ensuivit une période de déclin qui aurait pu être fatale si le relais n'avait pas été pris outre-atlantique par Elise Hall, qui développa le premier répertoire soliste pour saxophone, puis par les musiciens de jazz qui apprivoisèrent peu à peu le nouvel instrument jusqu'à ce qu'il devienne l'icône emblématique de leur musique que nous connaissons de nos jours.
[modifier] L'explosion du saxophone populaire
En 1906, le quartet de Tom Brown faisait ses premiers pas avec le cirque des Frères Ringling aux États-Unis. À l'origine, les musiciens étaient multi-instrumentistes dans le style des spectacles Minstrels très populaires outre-atlantique, mais en 1914, l'ensemble devient le Brown Brothers Saxophone Sextet[1]. Avec un répertoire allant de Verdi (sextuor de Rigoletto) jusqu'aux premières esquisse du "jass" (That Moanin' Saxophone Rag, Smiles and Chuckles), ils ont eu un énorme succès populaire avec des disques, des tournées de music-hall et même des comédies musicales montées pour eux [2].
En 1917, Rudy Wiedoeft et son Frisco Jass Band [3] eut également beaucoup de succès grâce à sa participation à la comédie-musicale Canary Cottage où, malgré la présence de vedettes comme Eddie Cantor, le saxophoniste fut clairement l'attraction de la soirée. Après ce succès, les enregistrements de Wiedoeft rencontrèrent un très large public.
Le public américain, très friand de ce nouvel instrument relativement facile à apprendre, lance la mode du saxophone avec des revues telles que Sax-O-Trix et The Saxophone Revue. Il impose la présence des saxophones dans les orchestres de variétés, un avis qui n'était pas partagé par les tenants du style Nouvelle-Orléans, mais qui est vite devenu de rigueur à cause de la demande populaire. Durant cette période, il y a même des orchestres entièrement composés de saxophones qui font office de fanfares lors des manifestations populaires dans les villes américaines.
[modifier] Influence sur la musique classique
Le saxophone effectue son entrée dans le monde de la musique classique des années 20 grâce à des compositeurs comme Darius Milhaud, fortement influencé par cette musique venue d'Amérique (La Création du monde), Germaine Tailleferre (première version de son premier Concerto pour piano et orchestre), Maurice Ravel (Boléro) et Manuel Rosenthal (Saxophone Marmelade) qui, parmi d'autres, ont utilisé cette nouvelle couleur dans leurs compositions. Les Ballets suédois ont même monté en 1923 le seul ballet "jazz" de Cole Porter, Within the Quota, quelques semaines seulement après la première de La Création du Monde. Le succès d'orchestres de Jazz en France tels que l'Orchestre Scrap Iron Jazzerinos[4], Jim Europe's 369th Infantry Hellfighter's Band[5] et plus tard l'Orchestre Billy Max[6] ont fait entrer définitivement ce nouvel instrument dans la musique populaire française et par conséquent dans la musique moderne.
Au XXe siècle, on peut encore citer Cardillac (1926) de Paul Hindemith, la Suite du Lieutenant Kijé (1934) de Prokofiev, Jeanne d'Arc au bûcher (1935) de Honegger, le Concerto à la mémoire d'un ange et Lulu d'Alban Berg, et d'autres partitions orchestrales comprenant une ou plusieurs parties pour saxophone dues à la plume de Ravel (orchestration des Tableaux d'une exposition, Boléro), Milhaud, Kodály, Ibert, Jolivet, Ralph Vaughan Williams, Franz Schreker, Benjamin Britten, Frank Martin et Luigi Dallapiccola parmi tant d'autres.
Le saxophone est aussi présent dans un certain nombre de pages concertantes écrites par tant de grands compositeurs bien connus comme la Rhapsodie de Debussy (orchestrée par Roger-Ducasse), le Concerto op. 109 de Glazounov, les deux Ballades de Frank Martin, le Choral varié op. 55 de Vincent d'Indy, le Concertino da camera de Jacques Ibert, la Légende de Florent Schmitt, le Concerto de Lars-Erik Larsson et l'étonnant Concerto pour deux pianos, chœurs, quatuor de saxophones et orchestre (1934) de Germaine Tailleferre, que par des auteurs moins illustres tels Jean Absil, Henk Badings, Eugène Bozza, Gaston Brenta, André Caplet, Raymond Chevreuille, Marius Constant, Will Eisenmann, Henri Tomasi, Pierre Vellones, Henry Woolett et de nombreux autres. Soulignons que ces partitions sont très rarement exécutées en concert.
En ce qui concerne la musique de chambre, le saxophone n'est pas davantage un instrument que l'on a souvent l'occasion d'écouter en concert. Au XIXe siècle, cela pouvait encore se comprendre, car à Paris, l'enseignement du saxophone n'a duré que 13 ans (classe d'Adolphe Sax, de 1857 à 1870) et n'a repris qu'en... 1942 ! Même si certains compositeurs avaient été tentés de composer pour ce nouvel instrument, on peut comprendre qu'ils aient reculé devant le fait qu'il y avait (trop) peu de bons interprètes pour jouer leurs œuvres ; mais actuellement, ce n'est plus le cas. La deuxième raison est la suivante : le sax étant un des tout derniers instruments acoustiques de l'orchestre à avoir été inventé, il est évident que les grands compositeurs de l'ère classique ou romantique n'ont pas pu lui confier leur inspiration. Passons sur la question de savoir ce qu'en aurait tiré Schubert ou Beethoven pour citer quelques compositeurs qui ne l'ont pas oublié.
Pour saxophone et piano, on trouve des sonates et diverses pièces, notamment de Jean Absil, Eugène Bozza, Alfred Desenclos, Alexandre Gretchaninov, Paul Hindemith, André Jolivet, Charles Koechlin, Gabriel Pierné, Alexandre Tcherepnine, et autres Jacques Castérède et Henri Tomasi, dont certaines ont été spécialement écrites pour l'un ou l'autre des deux plus grands saxophonistes du XXe siècle : Marcel Mule, un Français qui a donné de nombreux concerts dans le monde entier et créé entre autres les concertos de Pierre Vellones, Eugène Bozza et Henri Tomasi; et Sigurd Rascher, musicien allemand naturalisé américain qui s'est également illustré sur tous les continents dans un répertoire spécialement conçu pour son aisance dans le registre suraigu, pour lequel les concerti de Glazounov et Ibert et la Ballade de Frank Martin ont été écrits.
Parmi d'autres partitions pour saxophone et divers instruments, on retiendra surtout Hindemith (Trio pour sax, alto et piano), Webern (Quatuor op. 22 avec clarinette, violon et piano), Villa-Lobos (Choros n° 7 Sextuor Mystique et un Nonette), Caplet (un sextuor intitulé Légende), Stefan Wolpe (un quatuor avec percussion, trompette et piano), Hans Werner Henze (Antifone pour 13 instruments), etc.
Heureusement, beaucoup de saxophonistes contemporains pleins de talent œuvrent à renforcer cette grande richesse de répertoire à travers leurs concerts, enregistrements, éditions critiques et autres. Citons, parmi eux, les Français Serge Bertocchi, Nicolas Prost, Vincent David, Jean-Denis Michat, l'Anglais John Harle, le Japonais Nobuya Sugawa, le Suisse Marcus Weiss, et les Américains Paul Cohen, Taimur Sullivan et Paul Wehage.
[modifier] Le répertoire contemporain
De nombreux créateurs utilisent toute la famille des saxophones avec bonheur, comme temoigne des livres de répertoire tel "125 années de Musique pour le Saxophone" de Jean-Marie Londeix et "Saxophonists and Their Repertoire" d'Indiana University Press.
Le Russe Edison Denisov a composé une sonate pour saxophone alto et piano qui est généralement considérée comme une des pièces maîtresse du répértoire contemporain, ainsi que plusieurs autres pièces de musique de chambre et 2 concertos. Le Français Antoine Tisné a composé une grande série d'œuvres pour saxophones, commençant par sa célèbre "Music pour Stonehenge" et continuant jusqu'à la fin de sa vie avec une série d'œuvres pour Paul Wehage ("Ombres de Feu" pour saxophone et orchestre, "Psalmodies" pour Saxophone Alto et Orgue, "Monodies pour Un Espace Sacré" pour saxophone seul, "Offertorium pour Chartres" pour saxophone alto et quatuor à cordes, "Labirythus Sonorus" pour Quatuor de Saxophones). Luciano Berio a utilisé les saxophones dans de nombreuses œuvres entre autres : Ses opéras: La vera storia, Outis et "Cronacca del luogo", sa pièce pour voix et petit ensemble instrumental : Calmo, Canticum Novissimi Testamenti pour 8 voix, 4 saxophones, 4 clarinettes ou encore en soliste dans : Sequenza IXb, originellement écrit pour la clarinette, puis développé pour saxophone et orchestre sous le nom de "Riti ou Chemin VII".
L'École miminaliste Américaine était particulièrement attirée par les saxophones notamment Philip Glass ("Einstein on the Beach", "Concerto pour Quatuor de Saxophones et Orchestre", "Glassworks") et John Adams ("Nixon in China", "Fearful Symmetries"). Steve Reich a même dédié au sax soprano sa première "phasing piece" opportunément nommée "Reed Phase". Quant à Terry Riley, il en joue lui-même dans "Poppy Nogood and the Phantom Band". Le saxophoniste Jon Gibson a beaucoup travaillé avec ces compositeurs. Également inscrit dans le courant minimaliste, Tom Johnson construit des liens entre mathématiques et musique, et développe de savantes constructions dans ses "Rational Melodies", ou "Kientzy Loops". On doit également citer l'inclassable Moondog, que les principaux représentants de ce mouvement (Riley, Glass et Adams) considèrent comme leur source d'inspiration principale.
L'École dite "de Bordeaux", influencée par l'enseignement de Jean-Marie Londeix a produit beaucoup d'œuvres pour le saxophone : "Le frêne égaré" de François Rossé, "Hard" de Christian Lauba, "Concertino" pour saxophone soprano et octuor de violoncelles de Pascale Jakubowski, diverses œuvres d'Étienne Rolin, Thierry Alla, Christophe Havel.
Le saxophoniste Daniel Kientzy, d'abord dans l'ensemble 2E2M, puis en soliste, a commandé, créé et enregistré un grande nombre d'œuvres écrites pour lui : "Goutte d'Or Blues" pour saxophone et bande de Bernard Cavana en est un exemple.
D'autres compositeurs ont également produit des œuvres d'un grand intérêt pour saxophone solo : Paul Méfano, Karlheinz Stockhausen, Marie-Hélène Fournier, Gérard Grisey, Bruno Giner, Carson Cooman, Jean-Thierry Boisseau, Alberto Posadas, Philippe Hurel, Giorgio Netti, Jacques Lejeune, Robert Lemay ... utilisent tous les types de saxophones, sans exclusive, pour obtenir toute une variété de sonorités, d'atmosphères et de musicalités dont la famille du sax est capable.
[modifier] Les ensembles de saxophones
Du fait peut-être de leur rejet (relatif) par certains milieu classiques, les saxophonistes ont eu une forte tendance à l'instinct grégaire. C'est ainsi que se sont développés toutes sortes d'ensembles, en commençant par le quatuor de saxophones. Les duos pour saxophones sont aujourd'hui assez nombreux : Christian Lauba, Karlheinz Stockhausen, François Rossé, Ryo Noda, Marie-Hélène Fournier entre autres ont écrit de belles pièces combinant divers membres de la famille. À l'exception de Savari, Dyck et de rares autres, c'est aussi dans la musique contemporaine que l'on trouve des œuvres pour trois saxophones : Reich, Dazzi, Fournier, Rossé, se sont essayés au genre.
[modifier] Le quatuor de saxophones
- Article détaillé : Quatuor de saxophones.
Le premier compositeur intéressé par une formule réunissant un soprano, un alto, un ténor et un baryton sur le modèle du quatuor à cordes fut le violoniste belge ami de Sax Jean-Baptiste Singelée. Son bien nommé "Premier quatuor pour saxophones" date de 1858, douze ans à peine après le brevet déposé par Sax ! Mais malgré des œuvres de Savari, Mohr ou Mayeur, la formule ne connut pas alors un essor considérable et tomba dans un oubli relatif (peut-être faute de musiciens de talent pour la défendre, puisque leur formation avait été supprimée).
Une renaissance de ce répertoire se fait sous l'impulsion de Marcel Mule, soliste de la Garde républicaine et musicien unanimement reconnu dans les milieux musicaux classiques, qui remet la formule au goût du jour en 1928 en formant le Quatuor de Saxophones de la Garde Républicaine. Cet ensemble prend le nom, en 1936, de Quatuor de Saxophones de Paris, puis de Quatuor Marcel Mule et donne de très nombreux concerts en Europe, tout en enregistrant une série de disques qui font partie de l'histoire de l'instrument. C'est grâce au rayonnement de cette formation hors pair, que la combinaison du quatuor de saxophones a connu un certain engouement chez des compositeurs comme Jean Absil, Eugène Bozza, Jean Françaix, Gandolfo, Alexandre Glazounov, Guerrini, Mengold, Gabriel Pierné, Florent Schmitt ou Pierre Vellones qui lui dédièrent des pièces qui forment le socle actuel du répertoire de cette formation. Le succès du Quatuor Mule suscitera de très nombreuses vocations et la plupart des saxophonistes classiques ont formé un quatuor qui reprend ces pièces initiales et développe son propre répertoire : citons entre autres le Quatuor Deffayet, l'Ensemble de saxophones Français de Jean-Marie Londeix, le Quatuor Jean-Yves Fourmeau, le quatuor Trouvère de Nobuya Sugawa, le quatuor "Aurelia" d'Arno Bornkamp, le quatuor "Prism" de Taimur Sullivan, l'Ensemble de saxophones modulable Xasax, les quatuors Diastema, Habanera, Ars Gallica, le Wiener sax quartet, ... De son côté, l'alter ego de Mule, Sigurd Raschèr formera également (avec sa fille Karina) un quatuor qui connaît encore un grand succès et contribue très sérieusement à l'expansion du répertoire puisqu'il a commandé des pièces maîtresses à des compositeurs comme Iannis Xenakis, Franco Donatoni, Hugues Dufourt, Ivan Fedele, Luciano Berio, Philip Glass et de nombreux autres ...
C'est en effet souvent pour la formule du quatuor de saxophone que les compositeurs majeurs de notre temps dédient leur travail le plus pertinent. Parmi les plus marquants, citons également: Henri Pousseur, John Cage, Bernardo Kuczer, Giorgio Netti, Georges Aperghis, Salvatore Sciarrino, Alex Buess, Elliott Sharp, Denis Levaillant, Alvaro Carlevaro, Terry Riley ... donnent l'image d'un instrument aux multiples facettes et capable de se nourrir de toutes les influences, de servir avec pertinence tous les styles de musiques.
[modifier] Les ensembles de saxophones
Le premier ensemble entièrement formé de saxophones a été fondé par le professeur Berlinois Gustav Bumcke dans les années 1920. À sa suite, Sigurd Rascher en formera également un aux USA dans les années 1960, mais c'est surtout Jean-Marie Londeix et l'Ensemble de saxophone de Bordeaux qui ont donné l'impulsion pour le développement de ces orchestres de saxophones. Il en a fixé la formule de base de 12 instruments sous le modèle d'un triple quatuor étendu : 1 sopranino, 2 sopranos, 3 altos, 3 ténors, 2 barytons, 1 basse.
Jean-Pierre Caens s'est inspiré de la formation de son mentor Jean-Marie Londeix pour créer un ensemble similaire basé a Aix-en-Provence, l'ensemble de saxophones de Provence.
C'est pour cette formule qu'ont été composées de nombreuses pièces d'un grand intérêt : François Rossé, Francisco Guerrero, Christian Lauba, Christophe Havel, Karlheinz Stockhausen, Felix Ibarrondo, mais aussi Ida Gotkovsky, Gérard Gastinel et Antoine Tisné, sans compter les nombreuses transcriptions qui fleurissent ici et là pour compléter ce répertoire un peu récent.
Depuis les années 2000 et l'apparition de nouveaux saxophones tels que le tubax ou le sopranissimo, de nouvelles formules apparaissent ici et là pour exploiter ces nouvelles possibilités de couleurs : entre autres l'ensemble Amiens Sax Project ou le National Saxophone Choir de Nigel Wood.
[modifier] La première définition par Berlioz
Hector Berlioz dans son grand traité d'instrumentation et d'orchestration définit avec une grande exactitude la nature des timbres des saxophones :
- « L'auteur de cet ouvrage n'est point obligé, sans doute, de mentionner la multitude d'essais de toute espèce, que font journellement les fabricants d'instruments de musique, leur prétendues inventions plus ou moins malheureuses, ni de faire connaître les individus inutiles qu'ils veulent introduire dans le peuple des instruments. Mais il doit signaler et recommander à l'attention des compositeurs les belles découvertes que d'ingénieux artistes ont faites, surtout quand l'excellence du résultat de ces découvertes a été généralement reconnue, et quand leur application est déjà un fait accompli dans la pratique musicale d'une partie de l'Europe. Ces producteurs sont au reste peu nombreux, et MM. Adolphe Sax et Alexandre se présentent à leur tête. M. Sax, dont les travaux vont nous préoccuper d'abord, a perfectionné, je l'ai déjà indiqué ça et là dans le cours de ce travail, plusieurs instruments anciens. Il a en outre comblé plusieurs vides existant dans la famille des instruments de cuivre. Son principal mérite néanmoins est la création d'une famille nouvelle, complète depuis quelques années seulement, celle des instruments à anche simple, a bec de clarinette et en cuivre. Ce sont les Saxophones.
- Ces nouvelles voix données à l’orchestre possèdent des qualités rares et précieuses. Douces et pénétrantes dans le haut, pleines, onctueuses dans le grave, leur médium a quelque chose de profondément expressif. C’est en somme un timbre sui generis, offrant de vagues analogies avec les sons du violoncelle, de la clarinette et du cor anglais, et revêtu d’une demi-teinte cuivrée, qui lui donne un accent particulier. Le corps de l'instrument est un cône parabolique en cuivre, armé d'un système de clefs. Agile, propre aux traits d'une certaine rapidité, presqu'autant qu'aux cantilènes gracieuses et aux effets d'harmonie religieux et rêveurs, les saxophones peuvent figurer avec un grand avantage dans tous les genres de musique, mais surtout dans les morceaux lents et doux. Le timbre des notes aiguës des saxophones graves a quelque chose de pénible et de douloureux, celui de leurs notes basses est au contraire d’un grandiose calme pour ainsi dire pontifical. Tous, le Baryton et la Basse principalement, possèdent la faculté d’enfler et d’éteindre le son ; d’où résultent, dans l’extrémité inférieure de l’échelle, des effets inouïs jusqu’à ce jour, qui leur sont tout à fait propres et tiennent un peu de ceux de l’orgue expressif. Le timbre du Saxophone aiguë est beaucoup plus pénétrant que celui des clarinettes en Sib et en Ut, sans avoir l'éclat perçant et souvent aigre de la petite clarinette en Mib. On peut en dire autant du soprano. Les compositeurs habiles tireront plus tard un parti merveilleux des Saxophones associés à la famille des clarinettes ou introduits dans d’autres combinaisons, qu’il serait téméraire de chercher à prévoir. Cet instrument se joue avec une grande facilité, le doigté procédant du doigté de la la flûte et de celui du Hautbois. Les clarinettistes déjà familiarisés avec l'embouchure, se rendent maîtres de son mécanisme en très peu de temps. »
[modifier] Voir aussi
[modifier] Notes et références
- ↑ Brown Brothers Saxophone Sextet
- ↑ That Moaning Saxophone - The Six Brown Brothers and the Dawning of a Musical Craze, Bruce Vermazen, ISBN13 : 9780195165920 et ISBN10: 0195165926
- ↑ Frisco Jass Band
- ↑ Orchestre Scrap Iron Jazzerinos
- ↑ [http://www.redhotjazz.com/hellfighters.html Jim Europe's 369th Infantry Hellfighter's Band
- ↑ Orchestre Billy Max
[modifier] Liens internes
- Instrument > à vent > bois > à anche
[modifier] Liens externes
- (fr)Catégorie Saxophone de l'annuaire dmoz.
- (fr) Henri Selmer Paris
- (fr) Les saxophones du Musée de la musique (Paris)
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