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Bataille de Koursk - Wikipédia

Bataille de Koursk

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Koursk. 

Bataille de Koursk

Informations générales
Date du 5 juillet au 23 août 1943
Lieu Région de Koursk,
250 km au Nord de Kharkov, (URSS)
Issue Échec de la dernière grande offensive allemande à l'est,
reprise définitive de l'initiative par les Soviétiques
Belligérants
URSS Allemagne
Commandants
Georgi Joukov
Constantin Rokossovski
Nikolai Vatutin
Hans von Kluge
Erich von Manstein
Hermann Hoth
Walter Model
Forces en présence
1 300 000 soldats
3 600 chars
20 000 canons
2 400 avions
800 000 soldats
2 700 chars
10 000 canons
2 000 avions
Pertes
607 737 tués, blessés et disparus
1500 chars
1000 avions
500 000 tués et blessés
980 chars
Seconde Guerre mondiale
Batailles
Théâtre européen

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Théâtres africain et du Moyen-Orient
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Théâtre asiatique
Attaque sur Pearl Harbor — Bataille de la mer de Corail — Bataille de Midway — Campagne des îles Salomon — Bataille de Guadalcanal — Bataille de Tarawa — Bataille de Peleliu — Bataille de Tinian — Bataille de Guam — Bataille de Saipan — Bataille de la mer des Philippines — Bataille du golfe de Leyte — Bataille d'Iwo Jima  — Bataille d'Okinawa — Bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki

La bataille de Koursk, en juillet 1943, nom de code opération Zitadelle pour la Oberkommando der Wehrmacht, est une des batailles décisives de la Seconde Guerre mondiale. Elle constitue la dernière tentative des forces allemandes, pour reprendre l'initiative sur le front oriental, contre l'armée rouge, en essayant de détruire les forces soviétiques qui formaient un saillant autour de cette ville ukrainienne. Bien qu'ayant engagé le meilleur de ses forces, la Wehrmacht se heurta à une défense solide et bien organisée des Soviétiques, qu'elle ne réussit pas à percer et subit de lourdes pertes. L'armée rouge, bien qu'ayant elle aussi beaucoup souffert, disposait de réserves stratégiques, et elle put alors lancer deux contre-offensives, de part et d'autre du saillant, l' opération Koutousov et l'opération Polkovodets Rumyantsev. Non seulement, ces contre-attaques rejetèrent la Wehrmacht sur ses lignes de départ, mais elles permirent la prise des deux villes stratégiquement importantes, Orel et Kharkov. L'issue de l’affrontement fut fortement exagérée par la suite par la propagande soviétique, mais il reste néanmoins que, suite à cette bataille, la Wehrmacht ne reprit plus jamais l'offensive sur le front de l'est, subissant dès lors une poussée continue qui allait amener l'armée rouge jusqu'à Berlin. La bataille de Koursk constitue la plus grande bataille de chars de la Seconde Guerre mondiale et de l'histoire.

Sommaire

[modifier] Situation

Voir l’article forces en présence lors de la bataille de Koursk.
Le front de l'Est au moment de la bataille de Koursk. Les zones orange montrent la destruction d'une première percée soviétique qui finit avec la troisième bataille de Kharkov. Les zones vertes montrent l'avancée allemande sur Koursk.
Le front de l'Est au moment de la bataille de Koursk. Les zones orange montrent la destruction d'une première percée soviétique qui finit avec la troisième bataille de Kharkov. Les zones vertes montrent l'avancée allemande sur Koursk.

La guerre à l'Est vient d'entrer dans sa troisième année, les deux précédentes ont été marquées par le même schéma : une offensive allemande pendant la belle saison, durant laquelle les Allemands peuvent exploiter la supériorité tactique de leurs forces, plus capables de mettre en œuvre la coordination nécessaire entre les différentes armes, pour réaliser les opérations connues sous le nom de Blitzkrieg. Les Soviétiques se retrouvent alors obligés de céder du terrain pour gagner du temps et constituer des réserves, en attendant que l'offensive allemande marque le pas avec l'arrivée de l'hiver. Les mauvaises conditions climatiques et l'état des routes réduisant l'avantage tactique des Allemands en terme de mobilité, ils peuvent alors arrêter ceux-ci et passer à leur tour à l'offensive, en profitant de leur supériorité numérique. L'année 1941, fut particulièrement désastreuse pour l'armée rouge, mal organisée et commandée, surprise, elle subit pendant l'été, des pertes colossales. Mais, contrairement aux prévisions des Allemands, elle réussit à survivre en tant que force armée et, renforcée par les troupes d'Extrême-Orient, elle parvint à enrayer l'avance allemande lors de la bataille de Moscou, passant à la contre-offensive. Cependant, mal dirigée et trop ambitieuse, celle-ci s'enlisa assez rapidement et provoqua de lourdes pertes, donnant à l'armée allemande la possibilité d'attaquer de nouveau au printemps 1942.

Les Allemands choisirent de mener une offensive plus localisée que l'année précédente, en concentrant leur forces dans le sud du front, pour y chercher la décision, et en restant sur la défensive sur le reste du front évitant la direction générale de Moscou, où attendent le plus gros des forces soviétiques. Les progrès territoriaux furent importants du fait de la surprise stratégique mais, par rapport à 1941, les pertes soviétiques moindres et ceux-ci purent repositionner leurs forces et mener une bataille d'usure à Stalingrad, puis une contre-offensive généralisée qui, là encore, pêcha par excès d'optimisme. Tous les gains allemands de l'été furent reconquis et la VIe armée allemande du maréchal Paulus dut capituler. Mais la Stavka voulu aller plus loin, en enfermant les forces en cours de repli du Caucase et en attaquant le Groupe d'armées centre. Les troupes soviétiques furent poussées en avant, sans considération de l'épuisement des unités et des difficultés logistiques. Habilement, Erich von Manstein profita de l'occasion et après avoir économisé des forces en raccourcissant son front, contre-attaqua l'armée rouge dans la région de Kharkov, lui infligeant une sévère défaite en février et mars 1943. Avec l'arrivée de la saison des boues, la raspoutitsa, le front se stabilisa alors sur une ligne partant de Léningrad au nord jusqu'à Rostov au sud. Au centre se trouvait un profond saillant de 200 kilomètres de largeur et de 150 kilomètres de profondeur entre la position avancée allemande d'Orel au nord et la prise récente de Manstein Kharkov, au sud. Les deux état-majors étaient alors très divisés sur la conduite à tenir : attaquer ou pas et si oui, où ?

[modifier] Plans et préparatifs allemands

Image:Panthers de-train01.jpg
Panther allemands en route vers Koursk (par ferroutage)

Du côté allemand, on est maintenant conscient, qu'une victoire militaire globale sur l'Union soviétique est désormais impossible, les effectifs de la Wehrmacht ne pouvant y suffire. Avec les sérieuses menaces d'ouverture d'un second front en l'Europe de l'Ouest, il convient maintenant d'économiser des troupes et de gagner du temps, en espérant forcer l'un ou l'autre des alliés à une paix séparée. À l'est, on décide de s'inspirer de la construction de la ligne Hindenburg sur le front de l'Ouest de 1918 et on commence la construction d'une série d'ouvrages défensifs connue en tant que ligne Panther-Wotan, où la Wehrmacht va se retrancher d'ici la fin de l'année 1943, pour contenir l'armée rouge et la laisser s'épuiser. Cependant, le front se prête mal à cette stratégie défensive de longue haleine, et il est nécessaire de la rectifier, dès que la météo permettra de nouveau les opérations mobiles.

Erich von Manstein est partisan d'une attaque rapide en direction de Koursk, dès que le temps le permettra. Il veut surprendre et détruire les nombreuses forces soviétiques présentes dans le saillant du même nom, car ce sont les troupes qui ont le plus souffert lors des derniers mois, avant que celles-ci n'aient le temps de consolider leurs positions. Cette avancée soviétique sur le front allemand, à la jonction du groupe d'armée centre et du groupe d'armée sud, pourrait être coupée par un mouvement de pince à sa base. De nombreuses forces ennemies, presque un cinquième des ressources humaines de l'armée rouge finit par y être stationnée, pourrait être détruite et le front raccourci de façon importante. De plus, on s'emparerait de nouveau, du nœud ferroviaire stratégique situé sur la principale ligne nord-sud allant de Rostov à Moscou. On compliquerait ainsi les mouvements des réserves soviétiques vers le sud. En mars les plans étaient décidés. La 9e armée de Walther Model attaquerait au nord depuis Orel pendant que la 4e armée panzer de Hoth et le détachement de Kempf sous le commandement global de Manstein attaqueraient du sud depuis Kharkov. Ils devaient se rencontrer près de Koursk, mais si l'offensive se déroulait bien, ils étaient autorisés à continuer en suivant leur propre initiative, avec pour objectif général de créer une nouvelle ligne sur la rivière du Don, loin vers l'est. Cette offensive, l'Operation Zitadelle, devait être déclenchée dès que l'état du terrain le permettrait.

Mais, il apparut rapidement, au vu des reconnaissances aériennes, que les Soviétiques, avaient anticipé cette attaque et considérablement renforcé leurs défenses. L'attaque d'unités à peine retranchées et battues quelques semaines auparavant, se transformerait en un assaut en règle de positions fortifiées. L'état actuel des forces allemandes ne permettait pas le succès d'une telle opération et on décida d'en retarder le déclenchement, pour renforcer les unités devant attaquer. D'abord prévu pour le 4 mai, il fut retardé jusqu'au 12 juin, puis finalement au 4 juillet, pour donner plus de temps pour la livraison de nouvelles armes depuis l'Allemagne, en particulier les nouveaux chars Panther. À l'inverse des entreprises récentes, Hitler donna au quartier général un contrôle considérable sur la planification de la bataille. Pendant les quelques semaines suivantes, il continua à accroître les forces attachées au front, retirant sur l'ensemble des lignes allemandes tout ce qui pouvait être utile à la confrontation prochaine. Contrairement aux offensives précédentes, l'effet de surprise, même au niveau tactique, n'est plus recherché ce qui contredit les fondements de la Blitzkrieg, l'ennemi connaissant l'endroit de l'attaque et s'y préparant. L'Operation Zitadel prévue par l'OKW était l'antithèse de ce concept. Le point de l'attaque était grandement prévisible pour toute personne disposant d'une carte et reflétait une pensée issue de la Première Guerre mondiale plus que celle du Blitzkrieg. Plusieurs commandants allemands soulevèrent la question, notamment Heinz Guderian qui demanda à Hitler « Est-il nécessaire d'attaquer Koursk, et par principe dans l'Est cette année ? Pensez vous seulement que quelqu'un sait où est Koursk ? ». Étonnamment, Hitler répondit « Je sais. Cette pensée me retourne l'estomac s ».

Von Manstein, attaché à l'idée de surprise, maintenant compromise par les reports de l'opération, propose une autre approche de la situation. Elle s'appuie sur les même principes, qui ont conduit au succès à Kharkov. Il s'agit de provoquer l'attaque des Soviétiques, puis d'agir en contre, quand celle-ci sera trop avancée. La région choisie est celle du centre industriel de Donetsk, dont la richesse constitue un appât de choix. Von Manstein, compte y attirer un maximum de forces soviétiques, puis les couper de leurs arrières, en faisant mouvement à partir de Kharkov sur le bord est de la rivière Donetz vers Rostov, au sud, piégeant la totalité de l'aile sud de l'armée rouge contre la mer d'Azov. L'avantage, ainsi acquis, serait alors utilisé pour mettre en place un front défendable. Ce plan a cependant l'inconvénient de laisser l'initiative à l'Armée rouge durant l'été, un précédent très préjudiciable au moral et à la propagande des forces du Troisième Reich, ce qui va provoquer le rejet de ce plan. Craignant une contre-attaque sur le flanc des unités d'attaque par le front de la steppe, réserve soviétique, qui s'était déployée à la base du saillant, il proposa alors une variante de l'opération où on attaquerait d'abord ce dernier, en réalisant l'encerclement, plus en arrière de Koursk. Mais craignant que ses moyens soient trop faibles, pour une opération, dans la profondeur, l'OKH, préféra s'en tenir au plan initial.

Les Allemands mettaient en ligne deux cent exemplaires de leur nouveau char Panther, 90 Elefant (chasseur de chars), tous leurs Henschel Hs 129 (avion d'attaque au sol), les Tigre I et le modèle récent Panzer IV. Au total, ils avaient rassemblé 2 700 chars et canons d'assaut, 1 800 avions et 900 000 hommes. C'était la plus grande concentration de puissance militaire allemande jamais réalisée. Hitler exprima tout de même des doutes sur sa rationalité.

[modifier] Plans soviétiques

Du côté soviétique, on était aussi partagé sur la conduite à tenir. Staline et une partie des officiers de la Stavka voulaient frapper les premiers car ils pensaient que les années précédentes avaient prouvé que l'on ne pouvait s'opposer à une offensive estivale allemande, une fois celle-ci déclenchée. Ils préféraient donc prendre les devants, en attaquant frontalement à Orel et Kharkov, pour exploiter la situation en direction des marais de Pripiat. Joukov. Beaucoup d'autres officiers soviétiques étaient beaucoup plus confiants dans la capacité de l'Armée rouge à résister, grâce à des progrès certains dans les tactiques défensives. Ils préféraient attendre d'abord que les Allemands s'épuisent dans leur attaque, pour bénéficier ensuite d'une nette supériorité quand ils passeraient à l'offensive générale, opération que les déficiences encore présentes dans la planification et la logistique, risquaient de transformer en désastre coûteux. Le lieu d'attaque n'était pas un mystère pour les Soviétiques, Joukov, dès le mois d'avril, prédit une attaque sur le saillant. Par la suite, les rapports de renseignement du réseau Lucie, opérant en Suisse et d'autres sources, comme les décryptages réalisés par les britanniques et les américains des codes Enigma, confortèrent cette intuition et ne laissant aucun doute sur les intentions allemandes. Cette position prudente finit par emporter la discussion et les soviétiques prirent alors un soin tout particulier à la préparation d'une défense échelonnée dans la profondeur et à masser des forces nombreuses dans le saillant.

Pendant les quatre mois de répit accordés par le retard des Allemands, l'Armée rouge disposa de plus de 400 000 mines et creusa environ 5 000 kilomètres de tranchées, avec des positions parfois reculées de 175 kilomètres. On mis l'accent sur la lutte antichar, avec la création à tous les échelons de commandement d'unités spécialisées dans cette tâche, regroupant à la fois de nombreux canons antichars, mais aussi des sapeurs et des unités mobiles. Malgré tout, le commandement soviétique était inquiet, en se rappelant l'aisance déconcertante, avec laquelle les Allemands avaient autrefois percé leurs lignes. Il déploya donc de nombreux renforts, pour contre-attaquer si nécessaire, ce qui leur permit de bénéficier globalement d'une supériorité numérique, aussi bien en homme qu'en matériel. 1 300 000 hommes, 3 600 chars, 20 000 pièces d'artillerie et 2 400 avions attendaient les troupes allemandes dans et derrière le saillant. Une grande partie des renforts était regroupée au sein du front de la Steppe qui fermait la base du saillant. Ces forces devaient éventuellement participer à la défense, si l'attaque allemande devenait menaçante, mais attendaient surtout que l'on estime la Wehrmacht battue, pour être lancées dans une contre-offensive généralisée.

Tactiquement, la défense s'appuyait sur des corps d'infanterie, chacun fort de trois divisions de fusiliers. Ces unités se répartissaient sur les deux premières lignes de défense, situées dans les vingt premiers kilomètres dans la profondeur du dispositif. Deux divisions, dans la ligne de défense principale, constituaient le premier échelon, la troisième occupant les positions de la seconde ligne et formait le second échelon. L'unité de base constituant ces lignes, était la zone de défense de bataillon, un carré de deux kilomètres de côté, qui comprenait un ensemble complexe de points d'appui, de l'ordre d'une compagnie ou d'une section, se couvrant mutuellement. Deux ou trois tranchées reliaient ces points d'appui, la première était garnie de mitrailleuses et d'armes antichar et était protégée par un réseau de barbelés et un champ de mines. Les autres abritaient les armes d'appui comme des mortiers ou des canons d'infanterie. La seconde était placée deux cents mètres en arrière et la troisième, si elle existait, un kilomètre plus loin. Des positions de tir alternatives étaient prévues sur les flancs en cas de percée dans le secteur des unités voisines, et des boyaux reliaient à plusieurs endroits les tranchées de combat pour permettre l'acheminement de renforts, du ravitaillement et un éventuel repli sur les positions à l'arrière. Quinze kilomètres, derrière la zone tactique, une troisième ligne de défense était édifiée, occupée partiellement par des troupes du second échelon. Elle constituait la dernière ligne défensive au niveau de l'armée, les troupes défendant la zone tactique, si elles avaient survécu, s'y retireraient et, rejointes par des renforts, y continueraient encore la défense. Derrière la zone de défense de l'armée, il existait encore trois lignes de défense dites de front, où étaient basés les renforts. Pour clôturer ce formidable dispositif, le front de la steppe avait établi sa ligne de défense à la base du saillant, qui était de plus doublée par une ligne dite d'état, construite sur la rive est du Don. Au total la profondeur du dispositif soviétique était de deux cent cinquante kilomètres.

Outre les champs de mines posées avant la bataille, on généralisa les détachements mobiles d'obstacle, constitués par une compagnie ou un bataillon de sapeurs. Testés auparavant avec des fourgons hippomobiles à Koursk, ces derniers disposaient enfin de nombreux camions, en particulier ceux fournis par les accords de prêt-bail. Leur mission était de miner le terrain sur le front prévu d'une offensive imminente. Bien que cette tactique fût risquée pour les sapeurs, et que les mines fussent alors rarement enterrées, ces opérations se révélèrent très fructueuses. Le général Tislin affirmera que les deux tiers des chars détruits par les mines le furent par des mines posées par ces détachements. Cette tactique devint donc caractéristique du génie soviétique qui insistait, suite aux leçons de Koursk, sur l'importance des champs de mines. Outre leur rôle dans l'action défensive, ils pouvaient servir lors de phases offensives pour protéger les flancs.

[modifier] L'opération Zitadelle

Après quatre mois de préparation, le 4 juillet 1943, les Allemands déclenchent les premiers combats sur le flancs sud du saillant, en attaquant les avant-postes soviétiques pour préparer l'assaut général du lendemain. Ceux-ci étant situés sur des petites collines, ayant des vues sur les zones de rassemblement des unités allemandes, toute possibilité de surprise était exclue. Le IIIe Panzerkorps du général Hoth attaqua les positions autour de Zavidovka. La Panzergrenadier-Division Großdeutschland, appuyée par 3 Panzer-Division, attaqua Butovo sous une pluie torrentielle alors que la 11e Panzer-Division faisait mouvement sur les hauteurs autour de la ville. À l'ouest de Butovo, la Großdeutschland et la 3e Panzer rencontrèrent une résistance acharnée des soviétiques et ne sécurisèrent pas leurs objectifs avant minuit. Le IIe SS-Panzerkorps attaqua les postes d'observation avancés et rencontra lui aussi une défense solide qui nécessita de réduire les bunkers, au lance-flamme. Sur le flanc nord, en cours d'après-midi, les Junkers Ju 87 Stuka bombardèrent pendant dix minutes une portion du front de trois kilomètres. Leur action fut alors suivie par un tir de préparation massif d'artillerie.

À 22h30, l'Armée rouge déclencha un tir d'artillerie massif pour essayer de désorganiser l'attaque allemande. Sur le flanc nord, cette opération visant l'artillerie adverse sera particulièrement efficace puisque près de la moitié de l'artillerie allemande sera touchée par le tir de contre-batterie mais aura une influence bien moindre le lendemain. Au sud, Joukov reconnaîtra par la suite que le tir fut déclenché trop tôt, manquant en grande partie les unités allemandes d'infanterie et de blindés visées car pas encore sorties de leur zones de regroupement à l'arrière. Les pertes allemandes seront donc faibles mais la contre-préparation soviétique provoquera néanmoins un retard de quelques heures dans le déploiement des troupes allemandes et donc de l'attaque.

La vraie bataille débuta le lendemain. La VVS attaqua massivement les bases de la Luftwaffe dans la zone, pour la contrer dans sa tactique habituelle d'obtention de la supériorité aérienne. Les quelques heures suivantes peuvent être probablement considérées comme le plus grand combat aérien de l'Histoire. La Luftwaffe se défendit avec succès et perdit très peu de son pouvoir offensif. Mais à partir de ce moment, sa maîtrise du ciel fut fortement contestée et elle ne put balayer sa rivale, dans le ciel au dessus du champ de bataille.

[modifier] Enlisement rapide au nord

La 9e armée de Walter Model, dans le nord se trouva presque incapable d’avancer dès le premier jour, n'atteignant aucun des objectifs prévus. Son attaque, visant la ville et la gare de Ponyri, sur un front large de quarante-cinq kilomètres, ayant été correctement anticipée par l'état-major du front central du maréchal Rokossovski, elle se retrouva au milieu de gigantesques champs de mines défensifs, protégés par des tirs d'infanterie et d'artillerie. Les unités de sapeurs qui travaillèrent à dégager des cheminements, subirent alors de lourdes pertes et ce malgré l'emploi de véhicules télécommandés Galiath. Ces mines provoquèrent de nombreuses pertes de véhicules, par exemple, le 653e Schwere PanzerJaegerAbteilung perdit 37 de ses 49 Ferdinands dans la journée du 5. Même si la plupart de ces pertes n'était pas définitif car les véhicules simplement immobilisés pouvaient être réparés, il en résulta un affaiblissement constant des forces participant à l'assaut. Ce dernier s'essouffla très vite, l'avance ne fut que de 5 kilomètres sur un front de 40 le premier jour, 4 le second. À partir du 7 juillet, le front d'attaque fut fortement réduit, avec seulement 15 kilomètres, et passa à 2 kilomètres les deux jours suivants. Mais l'attaque piétina de plus belle et plus jamais une avance supérieure à 2 kilomètres ne fut enregistrée. Le 10 juillet, l'attaque marqua le pas, n'ayant avancé que de douze kilomètres dans le dispositif soviétique et n'ayant qu'à peine entamé la seconde ceinture défensive de celui-ci.

Cet échec a plusieurs causes. Une est ironique : bien que la 9e armée fût la plus faible des deux parties de la pince allemande, les Soviétiques l'avaient par erreur anticipée comme l'attaque principale et avaient déployé leurs forces en conséquence. Autre raison de cet échec, la 13e armée soviétique qui supportait le gros de cet assaut avait fait le choix, contrairement aux unités du flanc sud, de défendre de façon prioritaire la zone tactique, soit les 20 premiers kilomètres dans la profondeur. Ce choix, bien que laissant peu d'unités pour couvrir les lignes de défense suivantes, semble s'être révélé bien plus payant, la défense étant souvent en surnombre sur les points décisifs. Les allemands ayant perdu 300 PzKW III et PzKW IV, une demi-douzaine de Tigres et une cinquantaine de chasseurs de chars, se retrouvent complètement exsangues et incapables de poursuivre leur avance. Le 12 juillet, l'Armée rouge déclenche sa contre-offensive, contre les 2e et 9e armée dans le saillant d'Orel. Dépassée en effectifs et en puissance, la Wehrmacht doit évacuer celui-ci rapidement et donc abandonner la face nord du saillant de Koursk, pressée de près par les unités soviétiques. Le ratio global de pertes de ces opérations est toujours en faveur des Allemands mais il est seulement de trois pour cinq, très inférieur aux opérations précédentes et très insuffisant pour compenser la supériorité grandissante de l'Armée rouge. Ajouté au recul territorial et à la perte d'Orel, c'est donc un échec retentissant que subit la Wehrmacht pour la partie nord de l'opération.

Comme vu plus haut, le passage à l'offensive de l'Armée rouge, au nord, intervient très tôt dans la bataille, sans presqu'aucune transition, dès le 12 juillet. Ce jour, les deux fronts plus au nord du dispositif, le front de Briansk et celui de l'Ouest, déclenchent une offensive, l'opération Kutuzov, concentrique, en direction d'Orel. Le 15 juillet, après s'être réorganisé, le front du Centre, se joint à l'attaque, et les allemands pressés sur trois côtés, doivent reculer précipitamment leurs positions sur la ligne Hagen, partiellement bien préparée à la base du saillant et doivent envoyer des renforts à partir du sud. Les combats vont durer jusqu'au 18 août. Les combats bien que plus coûteux pour les soviétiques, leur permettent de capturer Orel et constituent les premiers progrès de cette armée lors de la période estivale. Ils préluderont à la reconquête de Smolensk, au cours du mois de septembre.

[modifier] Le flanc sud

[modifier] Opérations préliminaires

Au sud du saillant, les circontances sont beaucoup plus favorables pour les Allemands. Le front de Voronej qui leur fait face est moins puissant que le front central du fait de l'erreur d'appréciation de la Stavka et est attaqué par les meilleures unités de la Wehrmacht. Les soviétiques, de plus, n'ont pas su identifier le secteur exact de l'attaque allemande et ont donc dû répartir leurs forces de façon plus régulière et échelonnée sur la profondeur pour parer à toute éventualité. La progression allemande est donc plus importante et la menace d'une percée décisive se profile rapidement. L'attaque est menée par deux armées allemandes sur deux axes. La poussée principale est réalisée par la 4e Panzerarmee du général Hoth forte de onze divisions dont six mécanisées. Elle vise la petite ville d'Oboyan qui est le trajet le plus direct pour atteindre Koursk. Sur sa droite, le détachement d'armée du général Kempf, parti de la région de Belgorod, attaque lui sur l'autre rive de la rivière Donets, en direction du nord. Von Manstein décide, contrairement à Model, de pousser ses unités blindées dès le premier jour, pour rompre au plus vite. La surprise, déjà compromise par la capture de prisonniers, est encore atténuée sur la face sud par l'opération préliminaire menée au cours de la journée du 4 juillet contre les avant-postes de la 6e armée de la garde, faisant face au 48e Panzerkorps. Ces avant-postes, placés sur des petites collines basses avec vue sur les zones de regroupement allemandes, rendaient de toutes façons toute surprise impossible. Le général Knobelsdorf, commandant le corps, décida donc de s'en emparer la veille de l'offensive générale car ils avaient aussi l'inconvénient de lui dissimuler la première ligne soviétique.

Après l'ouverture de couloirs dans les champs de mines dans la nuit du 3 au 4 juillet, un bombardement par cent Ju87D à 14h45 et une courte préparation d'artillerie, les régiments d'infanterie des 3e et 11e panzerdivision ainsi que ceux de la division Grossdeutchland attaquent ces positions, avec le concours d'unités du 52e Armeekorps sur sa gauche et du 2e Panzerkorps SS sur sa droite. Le 199e régiment de fusiliers de la garde qui défend les avant-postes, résiste quelque temps, mais évacue à la tombée du jour vers la ligne de défense principale. Le 48e Panzerkorps a gagné des positions d'attaque favorables mais toute chance de surprise tactique s'est envolée. Vatutin conclut donc, avec raison, qu'il a à faire face à une attaque en direction d'Oboyant avec une attaque secondaire à partir de Belgorod. Comme Rokossovsky, il déclenche lui aussi, une contre préparation de trente minutes à l'aide de son artillerie mais du fait de sa situation différente, choisit de cibler prioritairement les concentrations de troupes plutôt que l'artillerie adverse. Les unités allemandes, pour la plupart à l'abri dans des positions défensives, subiront cependant peu de pertes. En revanche les effets sur l'organisation et moral allemands seront importants et il faudra à l'état-major allemand retarder de trois heures l'attaque pour réorganiser ses unités. Les unités de génie allemandes mettent néanmoins la nuit à profit pour dégager des couloirs dans les champs de mines qui protègent la première ligne soviétique.

[modifier] L'assaut

À quatre heures du matin, le 5 juillet, les bombardiers de la 4e Luftflotte se présentent au dessus des positions de la 6e armée de la garde qu'ils arrosent copieusement de bombes. L'attaque aérienne est suivie d'un tir d'artillerie assez court de cinquante minutes, mais très intense, sur tout le front d'attaque du groupe d'armée sud. À cinq heures, les chars et l'infanterie de la 4e Panzerarmee commencent à avancer. Le terrain sec jusqu'au 4 juillet a été détrempé dans l'après-midi de cette journée, rendant le mouvement des véhicules à roues très difficile. Autre problème omniprésent, les mines soviétiques, qui malgré le travail des pionniers allemands, provoquent de nombreuses pertes. Les Soviétiques affirmeront par la suite que sur la face sud du saillant, lors du premier jour, les pertes de la Wehrmacht ont été de 67 chars et l'équivalent de deux bataillons d'infanterie. En plus, de nombreux officiers seront tués ce jour par les pièges soviétiques. Le commandant de la 332e Infanteriedivision, par exemple, trouvera la mort de cette façon lors de l'attaque initiale. Les résultats sont assez inégaux, selon les unités. La 3e panzer division, malgré les difficultés, réussit dès le premier jour à repousser les éléments de l'Armée rouge défendant Butovo de près de cinq kilomètres, perçant ainsi la première ligne de défense. La division Großdeutschland, elle, se retrouve bloquée par un fossé antichar rempli d'eau, jusqu'au lendemain. Le Panzerregiment 39 avec ses deux cents chars Panther flambant neufs, coincé dans un champ de mines, subit de lourdes pertes et est alors incapable de soutenir la division qui, elle aussi, subit de grosses pertes d'infanterie et est repoussée. L'attaque doit être alors annulée et remplacée par une nouvelle plus à l'est. La 11e Panzerdivision, elle, réussit son attaque contre la 67e division de la garde mais n'arrive à repousser celle-ci que de six kilomètres, suite à l'intervention des quarante chars de la 96e brigade blindée. Au soir du 5 juillet, le 48e Panzerkorps a donc réussi à percer la première ligne de défense soviétique mais son avance est inférieure aux prévisions avec six kilomètres au maximum. Elle n'est qu'à mi-chemin de la seconde ligne et incapable de préparer une attaque, à l'aube du 6.

Plus à l'est, le 2e Panzerkorps SS a, lui, eu plus de chance car ses trois divisions n'ont eu comme opposition que deux régiments, un de la 375e division et un de la 52e division de garde, les soviétiques n'ayant apparemment pas anticipé une attaque dans ce secteur. Malgré les mines et la météo, l'attaque se déroule bien et progresse vite, la 375e division poursuivie par la division Totenkopf doit se replier derrière la rivière Donets, et, exploitant la brèche crée les divisions Lebenstardte Adolf Hitler et Das Reich, peuvent se positionner, au soir, à moins de cinq cents mètres de la seconde ceinture défensive. Comparativement aux autres unités allemandes, le résultat est bon mais les pertes sont lourdes et les unités de l'Armée rouge se sont repliées en bon ordre, n'abandonnant que peu de matériel. Plus au sud, le détachement d'armée Kempf attaque la 5e armée de la garde, à partir de la tête de pont que les Allemands ont prise sur la rive est du Donets à Belgorod. Cette attaque commencée le 5 à 2h25, est plus difficile du fait de la nécessité de franchir le cours d'eau. L'artillerie soviétique détruira de nombreux ponts dans la journée, freinant la progression allemande. La 168 infanteriedivision, pourtant supportée par les chars de la 6e Panzerdivision, ne repousse le 238e régiment de la garde que de trois kilomètres. La 19e Panzerdivision, elle aussi confrontée aux unités de la 81e division de gardes, plus au nord, progresse peu. Seul la 7e Panzerdivision réussit à percer la première ligne de défense tenue par la 78e division de gardes, après avoir franchi la rivière et repousse celle-ci à mi-chemin entre les ceintures défensives. Le général Breith, commandant le 3e Panzerkorps, décide alors de renforcer ce succès en retirant la 6e panzerdivision de la tête de pont nord et de l'envoyer soutenir la 7e au sud. Cette initiative, quoique correcte tactiquement à son échelle, provoquera une difficulté pour l'ensemble du dispositif allemand, obligeant durant plusieurs jours, la division de Totenkopf à faire face à l'est pour protéger la droite de la 4e armée de panzer. La 19e panzerdivision sera elle aussi obligée de s'engager vers le nord pour couvrir la gauche de Kempf. Les Soviétiques pousseront de nombreux renforts dans ce petit saillant pour tenter de maintenir séparées les deux attaques allemandes. Ils réussiront à s'y maintenir jusqu'au 15 juillet, fixant de nombreuses forces allemandes qui ne purent donc participer pleinement à l'offensive principale. Plus au sud, les 11e et 42e corps connaissent peu de réussite, seule la 106e Infanteriedivision réussira à prendre pied sur la rive est mais seul un pont de huit tonnes sera établi, incapable de supporter des blindés pour appuyer la poursuite de l'attaque. elle s'empare de la petite ville de Toblinka où son avance est arrêtée par une contre-attaque de la 72e division de gardes, appuyée par des blindés et des éléments de la 213e division. La 320e infanteriedivision, elle, atteint la voie ferrée à Maslova Pristani. Les autres divisions, si elles ont toutes réussi le franchissement, sont bloquées encore plus rapidement. Les deux corps d'infanterie au sud de Kempf n'ont donc pas réussi à percer la première ligne et se retrouvent dans une situation délicate, dos à la rivière.

Sa première ligne de défense étant percée à deux endroits, Vatutin profite de la nuit du 5 au 6 juillet pour déployer des renforts derrière sa seconde ceinture défensive, pour renforcer les unités en place et celles qui se sont repliées face à l'attaque allemande. La 1re armée de chars se déploie derrière la 6e armée de la garde pour interdire la direction d'Oboyan. Initialement, elle doit contre-attaquer le 6 au matin mais Vatutin et le général Katutov qui la commande, décident finalement de la placer dans une posture défensive en enterrant ses chars pour interdire toute percée directe vers Koursk. La Stavka a aussi mis à sa disposition deux corps blindés, le 10e, provenant de la 5e armée de la garde, renforce la 1{[ère}} armée de chars, et le 2e corps blindé de la garde, issu des réserves du front sud-ouest, lui se met en position au sud de Prokarvha pour agir sur le flanc est du 2e SS Panzerkorps. Vatutin prélève aussi des unités au sein des armées hors des secteurs d'attaque, pour les redéployer face à la menace. Ainsi la 309e division de fusiliers de la 40e armée se met en réserve dans l'axe d'Oboyan. Deux brigades blindées, les 180e et 192e, mèneront elles des contre-attaques sur le flanc ouest du 48e Panzerkorps.

Von Manstein donne l'ordre de percer la seconde ligne au matin du 6. Le 48 Panzerkorps avance en refoulant les trois divisions de gardes qui s'opposent à son avance dans les positions de deuxième ligne mais retardé par les mines, l'état des routes et la résistance soviétique, il ne peut mener cet ordre à bien dans la journée. Au total, il n'a progressé que de dix kilomètres en 48 heures. Déjà présent sur les avant-postes de la seconde ligne, au soir du 5, le 2e SS panzerkorps est donc la seule unité qui attaque ces positions. Largement soutenue par la Luftwaffe, l'attaque de la division Leibenstandarte Adolf Hitler, à Iakolevo, est très réussie et le 155e régiment de gardes visé voit ses positions submergées, de nombreux prisonniers étant capturés. Les allemands exploitent alors leur succès en attaquant de flanc, le 151e régiment voisin. Mais les soviétiques aveuglent la brèche créée en déployant le 31e corps blindé, au nord de la ville, bloquant toute exploitation immédiate et lance deux contre-attaques de blindés. Plus à l'est, la division Das Reich attaque à Luchki. Elle progresse bien mais la contre-attaque menée par le 2e corps blindé de la garde et appuyée par la 69e armée l'empêche de déboucher hors lignes de défenses. La troisième division du corps Totenkopf, elle, n'attaque pas et passe toute sa journée à repousser les offensives menées par la 375e division, appuyée par les blindés de la 96e brigade blindée et la 496e de chasseurs de chars. Au soir du 6, le 2e corps SS a donc entamé la seconde ligne de défense. Ils revendiquent la capture de 1609 prisonniers et la destruction de 90 chars et 83 canons antichars. Cependant, les pertes allemandes sont lourdes : la division Adolf Hitler déplore 84 morts et 384 blessés, rien que ce jour. En 48 heures, elle totalise 181 tués et 906 blessés ce qui représente dix pour cent de son effectif. Et Koursk est encore à 110 kilomètres.

Dans le secteur de Kempf, le 3e Panzerkorps réussi à percer définitivement la première ligne de défense et à atteindre le seconde, les 6e et 7e panzerdivision atteignant Yastrebovo. Le 11e corps peut alors profiter de la retraite des unités soviétiques et avancer lui aussi. Par contre le 52e corps, malgré son attaque, lui reste sur la rive ouest du Donets.

L'attaque sur un front plus étroit, environ trente kilomètres, progresse mieux, mais comme au nord, le front d'attaque et la progression ont tendance à se réduire au fur et à mesure que les jours passent. Dès le 7 juillet, l'attaque ne se produit plus que sur vingt kilomètres de front, puis va tomber à quinze le 9 juillet. La progression réalisée en profondeur chute elle aussi très rapidement, l'avance est de neuf kilomètres, le 5 juillet, mais elle tombe à cinq le 9 juillet et ne dépassera pas deux ou trois kilomètres les jours suivants.

Si l'avance est supérieure et la première ligne soviétique percée, l'absence de capture importante de prisonniers et de destruction d'artillerie montrent que les troupes soviétiques reculent en bon ordre. La défense n'est pas débordée et continue à s'opposer constamment à l'offensive. La nuit des petits groupes de sapeurs soviétiques posent des mines devant le front supposé des offensives allemandes du lendemain, 90 000 mines seront ainsi posées. Les unités d'infanterie et l'artillerie retardent par leur action l'avance des troupes allemandes, donnant le temps au renforts de s'installer sur les axes menacés. Les pertes allemandes sont lourdes, après cinq jours de combat, la division Großdeutschland, rend compte le 10 juillet, qu'elle n'a plus d'opérationnels que 3 Tigres, 6 Panther et 11 PzIII et IV sur les 118 chars qu'elle avait au début de l'offensive. Le XLVIII Panzer Korps, lui n'aura plus que 38 Panther sur les 200 initiaux, 131 étant en cours de réparation.

[modifier] La bataille de Prokhorovka

À l'est, la 7e armée de la garde avait bloqué les divisions de Kempf après leur traversée du Donets, découvrant le flanc droit de la 4e armée blindée. Alors en pointe, l'offensive allemande entière semblait s'enliser. Malgré tout, la menace d'une percée restait préoccupante pour la Stavka et celle-ci décida de déployer des troupes initialement planifiées pour n'être utilisées que dans la contre-offensive et ce afin de renforcer la 6e armée de la garde et donner un coup d'arrêt définitif à l'avancée allemande. La 5e armée blindée de la garde, renforcée par deux corps blindés indépendants, se déploya donc, le 12 juillet, à l'est de Prokhorovka et se prépara à contre-attaquer sur le flanc du IIe SS Panzer Korps. La bataille qui en résultat est connue sous le nom de bataille de Prokhorovka. Elle dura deux journées entières, les 12 et 13 juillet, sur un territoire d'environ vingt kilomètres carrés. De par la concentration dans l'espace et dans le temps, elle est souvent considérée comme le plus grand affrontement de blindés de tous les temps. Même si d'un point de vue du résultat tactique, ce fut plus une victoire allemande, les chars soviétiques subissant de nombreuses pertes du fait de tir à longue portée, l'offensive allemande était dorénavant impossible à continuer, les unités étant épuisées par ce dernier effort. Plus que les pertes de blindés, il semble que l'infanterie allemande ait beaucoup souffert de la contre-attaque. Ce coup d'arrêt coïncide de plus, avec le débarquement des forces anglo-américaines en Sicile dans l'Opération Husky, le 11 juillet et le début de la contre-offensive soviétique sur le nord du saillant. La Wehrmacht, épuisée, doit renoncer à continuer l'opération Zitadell et essayer de contrer l'offensive de l'Armée rouge qui va suivre.

[modifier] Le repli allemand

[modifier] Les contre-offensives soviétiques

Au sud, l'Armée rouge aura besoin de plus de temps pour attaquer car ses troupes ont beaucoup plus souffert. Néanmoins, le 3 août, le front de la Steppe déclenche l'opération Polkovodets Rumyantsev en direction de Belogorod puis de Kharkov. Appuyé par des attaques de diversion plus au sud, à travers le Mius, elle avance assez rapidement, Belgorod et Oryol tombant le 5 août et atteignant les faubourg de Karkhov, le 11 août. La bataille pour la ville est enragée et dure douze jours. Enveloppée par le front de Voronej et celui du front de la steppe, la ville finit par tomber le 23 août à midi, une grande partie des défenseurs étant mis hors de combat. Cette victoire soviétique, bien que coûteuse, oblige les Allemands à replier leur défense derrière le Dniepr dès le 20 août. Ce repli permettra au cours de l'automne la franchissement du fleuve et la libération de Kiev, le 5 novembre, par les soviétiques. Les prises de Belgorod et d'Orel furent l'occasion d'inaugurer une nouvelle tradition en Union soviétique, celle de saluer les prises de villes importantes, par des salves d'artillerie tirées à Moscou. La prise de Kharkov, une ville qu'Hitler disait qu'il défendrait à tout prix, est aussi une victoire majeure car le bassin industriel qui l'entoure manque cruellement à l'URSS, depuis 1941.

[modifier] Bilan et conséquences de l'affrontement

La bataille de Koursk fut longtemps l'objet d'une forte propagande des Soviétiques, qui créèrent autour d'elle nombre de mythes et de légendes qui pour beaucoup tournent autour de la bataille de Prokhorovka. Avec le recul et l'ouverture des archives de l'ex-Union soviétique, une réalité plus nuancée se fait jour. Ainsi les masses de blindés s'entrechoquant, parfois jusqu'à l'abordage, qui finirent par peupler l'imaginaire des occidentaux, ne furent principalement qu'une invention de la propagande stalinienne. Le combat fut en réalité plus un affrontement entre les meilleures formations mécanisées de la Wehrmacht et une infanterie soviétique bien retranchée. Certains auteurs ont vu dans le débarquement en Sicile la raison principale de l'arrêt de l'offensive. Mais il semble que même si cela eut une influence sur le moral non négligeable, les conséquences tactiques sur le front de l'est en sont très limitées. En pratique, seule la division LeibenStandarte Adolf Hitler sera envoyée vers l'Ouest, après avoir laissé son matériel aux unités présentes. L'échec de Zitadelle est donc bien lié aux pertes subies par la Wehrmacht qui même si elles sont inférieures à celle de l'Armée rouge, ne sont pas supportables, ni réparables rapidement. Les Soviétiques vont eux montrer qu'ils peuvent récupérer plus vite leur capacité offensive, malgré leurs lourdes pertes précédentes. Les armées du Troisième Reich n'arriveront jamais en fait à reconstituer le potentiel pour influer sur les événements, potentiel détruit avec leurs forces d'élite usées par l'offensive. Elles devront dorénavant subir l'action sur l'ensemble du front. En ceci, la bataille défensive de Koursk est bien un tournant stratégique sur le front de l'est. Reste maintenant pour les Soviétiques à exploiter leur avantage.

Sur le plan stratégique et opérationnel, le résultat est une nette victoire soviétique. L'énorme effort consenti par les Allemands pour créer les forces engagées dans la bataille, est en grande partie réduit à néant. Les objectifs fixés n'ont même pas été approchés, et, pire, pour la première fois les soviétiques ont avancé durant les mois d'été. Ce simple fait renforce grandement le moral de l'Armée rouge, qui va dès lors, prendre confiance en elle. Du côté allemand, elle finit de convaincre les derniers optimistes que la guerre à l'est est définitivement perdue. Certes l'Armée rouge a subi des pertes supérieures mais le ratio est de loin inférieur à celles qu'elle subissait auparavant. De plus, l'Union soviétique a largement les moyens industriels et humains pour les compenser, sans compter l'apport qui lui est fourni par le prêt-bail. La bataille de Koursk, n'est pas un revers isolé, l'ouverture d'un nouveau front, en Italie, présage pour l'état-major allemand, de futurs choix difficiles et de dispersions de troupes. Le résultat à haut niveau, est donc sans appel. D'ailleurs, dorénavant, jamais plus la Wehrmacht ne reprendra l'initiative sur ce front. Elle devra se contenter de réagir aux mouvements soviétiques. À l'échelle tactique, la supériorité allemande est encore manifeste mais l'Armée rouge a réalisé de grands progrès dans de nombreux domaines. Le plus important d'entre eux, est l'accroissement de la résistance de son infanterie en défense. Les unités tenant le front, face aux attaques allemandes, ont résisté pendant près d'une semaine, en rase campagne en saison estivale, à la pression des meilleures unités allemandes sans se faire déborder, ni annihiler. Les années précédentes, elles auraient tenu au plus deux jours. Les nouvelles tactiques, mises au point au cours de la bataille de Stalingrad arrivent à maturité. Les positions sont moins lâches qu'auparavant, pouvant se couvrir mutuellement de leur feu, elles sont reliées de façon systématique par des tranchées de liaison, permettant l'arrivée des renforts ou le repli sur de positions vers l'arrière. L'adversaire est canalisé, par l'emploi de champs de mine et du terrain vers de véritables poches de destruction où il subit des tirs croisés et un bombardement d'artillerie. Contrairement aux années précédentes, les unités isolées par des pointes blindées ne se laissent pas enfermer. Elles s'exfiltrent la nuit venue, pour reprendre leur place dans la défense, le lendemain. Les cadres, même aux plus bas échelons, commencent à faire preuve d'initiative et d'expérience. Les opérations offensives sont encore à la traîne mais les progrès seront rapides par la suite.

Dans le domaine aérien, le progrès est aussi sensible, la VVS a tenu tête à la Luftwaffe. Elle a été globalement dominée mais elle n'a pas été balayée du ciel, dans les premiers jours, comme auparavant. L'arrivée de nouveaux chasseurs encore plus compétitifs et une agressivité encore accrue de la part des pilotes vont lui permettre de s'imposer enfin, par le nombre, et bientôt la Jadgwaffe sera incapable de l'empêcher de peser massivement sur les combats au sol. Dans le domaine des blindés, par contre, les résultats ont été plus catastrophiques. Les T-34/76 et KV-1 ont montré leurs limites. Presqu'invulnérables en 1941, ils ne le sont plus deux ans plus tard. Leurs déficiences en matière de puissance de feu et de conception, comme par exemple les tourelles biplaces, font alors le jeu de la Panzerwaffe. L'arrivée et la mise au point de nouveaux modèles demandera encore du temps et ce sera clairement la faiblesse de l'Armée rouge jusqu'au printemps 1944. Le déploiement massif de T-34/85 et de JS-2 donnera alors aux soviétiques, l'élément offensif qui leur manquait encore.

Pour ce qui concerne les pertes, il convient d'être prudent quant aux statistiques fournies par les deux camps. L'option la plus sûre étant comme souvent de ne prendre en compte, que les pertes admises par chacun des deux adversaires et d'ignorer celles qu'ils pensent avoir infligées. Le général Krivosheev donne les chiffres suivants sur l'Armée rouge, seulement pour la partie défensive de la bataille : 70 330 tués et 107 517 blessés et malades. Pendant la même phase, les allemands eurent eux 24 758 tués, 23 356 blessés et 987 manquants. L'offensive vers Orel, au nord du saillant, elle, coûta 112 529 tués et 317 361 blessés et malades aux soviétiques.

Par la suite, Hitler s'impliqua plus dans les détails des opérations à l'inverse de Staline, ce qui se révélera une erreur.

Plus que Stalingrad, Koursk représente donc en Europe le véritable tournant sur le front de l'Est.

Il est fort possible que l'offensive alternative prônée par Manstein fût également vouée à être un échec car les Soviétiques recevaient des Britanniques (Kim Philby) tous les plans de bataille des Allemands grâce à leur succès dans le décryptage du code Enigma, malgré l'opposition de Churchill qui craignait de "griller" cette formidable source de renseignements stratégiques. Ainsi l'effet de surprise si nécessaire pour la Blitzkrieg ne pouvait plus jouer. À la bataille de Koursk, les terrains sur lesquels les divisions blindées devaient avancer avaient été minés, beaucoup d'endroits auparavant déserts lors de la rédaction du plan étaient fortifiés, avec des fils barbelés bloquant l'avancée de l'infanterie, et des tranchées soutenues par de l'artillerie lourde. La stratégie de l'attaque-suprise n'a plus joué.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • François de Lannoy, La Ruée de l'Armée rouge, Heimdal, octobre 2002. (ISBN 2840481553)
Événements militaires principaux de la Seconde Guerre mondiale
1939:Campagne de PologneGuerre d'Hiver

1940:Campagne de NorvègeBataille de FranceBataille d'Angleterre

1941:Invasion de l'Union SoviétiqueBataille de MoscouAttaque sur Pearl Harbor

1942: Bataille de MidwayBataille de StalingradSeconde bataille d'El Alamein

1943: Bataille de KourskBataille de GuadalcanalCampagne d'Italie

1944: Bataille du golfe de LeyteBataille de NormandieOpération Bagration

1945: Bataille d'OkinawaBataille de BerlinBombardements atomiques
Opérations terrestres de la Seconde Guerre mondiale

Théâtre européen
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Théâtres africain et du Moyen-Orient
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Théâtre asiatique
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