Kaliningrad
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Administration | |||||
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Pays | Russie | ||||
Région | Prusse orientale | ||||
District | Nord-Ouest | ||||
Sujet | Oblast de Kaliningrad | ||||
Statut | Chef-lieu de district | ||||
Gouverneur | {{{gouverneur}}} | ||||
Maire | Youri Savenko (2005) | ||||
Histoire | |||||
Fondation | 1255 | ||||
Statut de ville | 1286 | ||||
Ancien(s) nom(s) | Königsberg | ||||
Géographie | |||||
Superficie | 215,7 km² | ||||
Altitude · Maximale · Moyenne · Minimale |
m 4.8 m 0 m |
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Démographie | |||||
Population (2005) | 434 954 hab. | ||||
Densité | 2 016,5 hab./km² | ||||
Gentilé | Kaliningradois | ||||
Autres informations | |||||
Num. internationale | |||||
Code OKATO | {{{code_OKATO}}} | ||||
Codes téléphonique | +7 (040 12) | ||||
Code postal | 236010 | ||||
Immatriculation | {{{immatriculation}}} | ||||
Site Internet | http://www.klgd.ru/en/ |
Kaliningrad (en russe Калининград, Königsberg jusqu'en 1946) est une ville de Russie, située dans une enclave territoriale, l'oblast de Kaliningrad totalement isolée du territoire russe, (jusqu'en 1945 « Prusse orientale ») au bord de la mer Baltique, entre la Pologne et la Lituanie.
Sommaire |
[modifier] Géographie
Kaliningrad, édifiée sur l'estuaire du Pregel, occupe les deux berges de ce fleuve (cf. infra le problème des sept ponts), ainsi qu'une île centrale, le Kneiphof. Le port est naturellement séparé de la Baltique par une presqu'île, le Samland, fermant le golfe du Frisches Haff. Un canal de 50 km de longueur relie la ville au port maritime de Pillau. Par voie de terre, Berlin se trouve à environ 650 km de cette ancienne capitale de la Prusse. La presqu'île du Samland est très fréquentée l'été en raison de ses stations balnéaires : Cranz, Neukuhren, Palmnicken et Rauschen.
[modifier] Histoire
[modifier] Haut Moyen-Âge
On a retrouvé sur le site de la ville des vestiges d'habitats des IIe et IIIe siècles, à l'époque où les Wisigoths occupaient la Prusse Baltique. Cette peuplade céda ensuite la place aux Ostrogoths, dont une tribu, les Borussiens ou Vieux-Prussiens, demeura sur les rives de la Baltique.
En 1226 le duc Conrad Ier de Mazovie appela à l'aide les chevaliers Teutoniques pour l'aider à reprendre le Culmerland aux païens Borussiens. Les chevaliers commencèrent donc par s'emparer en 1231 des terres occupées par ces tribus. Afin de tenir les territoires conquis, ils firent venir de toutes les régions du Saint Empire des colons de langue allemande. Les quartiers de la future Königsberg n'étaient alors que des villages épars : Juditten (en vieux-prussien : noir), Kosse (arbres morts), Tragheim (foyer), Sackheim (pinède), Laak (coudrier), Ponarth (estrans). Même le nom de l'île du Kneiphof dérive du dialecte vieux-prussien et signifie submersible, inondable. Cette île ne fut fortifiée et colonisée par les Teutoniques qu'à partir de 1327. En 1255, avec l'autorisation du roi de Ottokar II de Bohême, l'Ordre rasa donc le village borussien de Tvankste et édifia à son emplacement une petite ville du nom de Conigsberg (Mont-royal), comme tête de pont en territoire prussien. Les premiers édifices maçonnés datent de 1257.
[modifier] Capitale de l'Ordre Teutonique
Autour de la citadelle, trois châteaux furent édifiés : l'Altstadt, le Löbenicht et l'île de Kneiphof, qui avaient chacun leurs remparts, leur garnison, un marché et une église. L'Altstadt, qui s'élevait en 1256 à l'emplacement de la chaussée pavée ultérieure, succomba aux assauts des Borussiens en 1263 et dut être reconstruit plus près du Löbenicht. Königsberg obtint une charte en 1286 et rejoignit la Ligue Hanséatique en 1340. L'île du Kneiphof était depuis 1322 un sanctuaire religieux, et l'on y édifia la cathédrale entre 1327 et 1380. Après la chute de la Forteresse teutonique de Marienbourg en 1457, Königsberg devint la capitale de l'Ordre Teutonique.
[modifier] Capitale du duché de Prusse
En 1525 le Margrave Albert de Brandebourg-Ansbach, Grand-Maître de l'Ordre, annexa la capitale de son Ordre au Duché de Prusse et y propagea la Réforme. Albert n'était toutefois pas véritablement duc de toute la Prusse, car la Pomerellie et la Warmie (patrie de Nicolas Copernic) restèrent sous dépendance héréditaire (jusqu'en 1569 : Union de Lublin) puis militaire du Grand-Duché de Varsovie. À l'instigation du duc Albert, la première université de Königsberg (l'Albertina) ouvrit ses portes en 1544 pour propager le nouvel Évangile luthérien. Le recteur du lycée d'Elbing, Willem van de Voldersgraft, fut appelé à l'Albertina comme doyen et reçut la charge de conseiller ducal[1]. Il recruta l'érudit Andreas Osiander comme professeur.
Comme ses prédécesseurs, Albert avait dû toutefois se reconnaître comme le vassal du Grand-Duché polonais. Mais par une série de manœuvres diplomatiques auprès des autres cours d'Europe, l'électeur Frédéric Guillaume Ier de Brandebourg fit reconnaître sa souveraineté pleine et entière sur le duché de de Prusse, avec les forteresses d'Altstadt, Kneiphof et du Löbenicht (traités de Labiau en 1656, de Wehlau en 1657, et paix d'Oliva en 1660). Il eut cependant à combattre le soulèvement de Königsberg contre la pression fiscale du Duché.
[modifier] Ville royale de Prusse
En récompense de son ralliement à la cause autrichienne au début de la Guerre de Succession d'Espagne, l'électeur Frédéric III obtint l'élévation de la Prusse au rang de royaume, et c'est naturellement à Königsberg qu'il se fit couronner en tant que Frédéric Ier de Prusse. Avec la requalification de l'électorat de Brandebourg en tant que fief du roi de Prusse, l'ensemble des territoires de la couronne Hohenzollern reçut le nom de Royaume de Prusse.
La Prusse Orientale fut décimée par une épidémie de peste de 1708 à 1710. Pour repeupler la région, le Roi-sergent Frédéric-Guillaume Ier combina colonisation forcée et octroi d'avantages fiscaux : ainsi, en 1732, les protestants Salzbourgeois, chassés d'Autriche, y furent accueillis à bras ouverts.
Königsberg fut plusieurs fois assiégée au cours des guerres de Frédéric II entre 1741 et 1760, et fut même occupée par les Russes en 1758. Malgré tout, c'est au XVIIIe siècle qu'elle connut son apogée commerciale et intellectuelle. Les armateurs et négociants écossais (également actifs à Saint Pétersbourg) y importaient du thé, du tabac et du café, et exportaient du bois de charpente et des céréales. Les notables de la ville (et Kant en particulier) appréciaient leur compagnie car ils étaient le lien avec une Europe techniquement et politiquement plus moderne.
Après sa défaite contre Napoléon en 1807, l'armée prussienne se replia sur Königsberg. Et après la Retraite de Russie, c'est dans cette ville que se réorganisa, le 30 décembre 1812, la riposte des coalisés contre la France (pacte militaire de Tauroggen entre le général prussien Yorck et le chef d'état major russe Hans Karl von Diebitsch).
Königsberg renforça son rôle de pôle administratif au XIXe siècle, sans toutefois pouvoir rivaliser avec Berlin, qui s'industrialisait et se peuplait plus rapidement. La gare de chemin de fer desservie par la compagnie Preußische Ostbahn ouvrit en 1860, et fit de la ville pendant quelques décennies une plaque tournante entre Europe de l'ouest et Russie. Königsberg fut la capitale de la Prusse, puis fit partie de l'Empire allemand à partir de 1871.
[modifier] Destruction et russification
La ville et sa population subirent à la fin de la Seconde Guerre mondiale des bombardements alliés sévères. Elle fut attaquée le 6 avril et prise le 9 avril 1945 par les troupes soviétiques, sous le commandement du maréchal Vassilievski. Elle a été renommée Kaliningrad (du nom du président du Comité Central du Parti, Mikhaïl Kalinine) en 1946, lorsque l'URSS a annexé le territoire alentour (oblast de Kaliningrad). On peut d'ailleurs s'étonner que la ville soit encore de nos jours associée à la mémoire d'un dignitaire Soviétique puisque Stalingrad (renommée après la mort de Staline en Volgograd), Leningrad, Gorki ou Sverdlovsk ne sont plus employés. Si l'emploi du nom allemand originel Königsberg peut poser problème, les Russes pourraient utiliser comme nom « Korolovets » comme le font déjà les Polonais ("Królewiec"), les Tchèques ("Královec") ou les Lituaniens ("Karaliaučius"), mais ces noms font aussi très réference au Königsberg (= montagne du roi). La ville a été l'un des plus importants ports militaires de l'URSS en mer Baltique.
Une fête pour les 750 ans (700 d'histoire Allemande, 50 d'histoire Russe) de la ville le 2 juillet 2005 a rassemblé les présidents Poutine, Chirac et le chancelier Schröder. Depuis l'adhésion de dix pays de l'Est à l'Union européenne, la ville est désormais une enclave russe au milieu de l'UE.
[modifier] Démographie
Parallélement à son expansion économique et administrative, Königsberg vit sa population croître continuellement :
- vers 1400 on estime que la ville comptait déjà 10 000 habitants.
- L'épidémie de peste de 1601/02 fit 12 000 victime en Prusse Orientale, mais en 1813 on dénombre 50 000 habitants dans la capitale régionale.
- En 1864 Königsberg dépassa les 100 000 habitants et
- en 1910 elle en comptait 246 000.
- La Première guerre mondiale ralentit évidemment la croissance, mais en 1925 la ville atteint les 287 000 habitants.
- Jusqu'en 1933, la population s'accroît à 316 000 et on comptait 372 000 habitants peu avant qu'éclate la Seconde Guerre mondiale.
[modifier] Quelques personnalités
- Christian Goldbach, mathématicien, est né en 1690 à Königsberg.
- Königsberg est la ville de naissance du philosophe Emmanuel Kant, qui y enseigna; ainsi que de l'écrivain-philosophe Johann Georg Hamann. Johann Gottfried Herder y fit leur connaissance comme étudiant.
- En 1736, le mathématicien Leonhard Euler y résolut le problème des sept ponts de Königsberg, qui est considéré comme l'un des actes fondateurs de la topologie moderne, et qui aurait conduit à la formulation de la théorie des graphes.
- Le physicien Gustav Kirchhoff (1824-1887), Médaille Rumford (1862) et Médaille Davy (1877), est né à Königsberg
- Otto Braun, premier ministre de la Prusse (SPD)
- Karl-Hermann Flach, journaliste et homme politique allemand (FDP)
- Carl Friedrich Goerdeler a participé à l'attentat contre Hitler du 20 juillet 1944
- Johann Georg Hamann, philosophe et écrivain
- Christoph Hartknoch
- David Hilbert, mathématicien
- Theodor Gottlieb von Hippel, juriste, écrivain, homme politique, ami de Kant, et spécialiste du droit des femmes
- Ernst Theodor Amadeus Hoffmann, écrivain, juriste, compositeur, dessinateur et caricaturiste
- Käthe Kollwitz, artiste (gravures, lithographies et sculptures)
- Alexei Archipowitsch Leonov, cosmonaute, premier homme à évoluer dans l'espace hors de la navette
- Harry Liedtke, acteur
- Rudolf Lipschitz (1832-1903), mathématicien
- Agnes Miegel, écrivain, journaliste
- Viktor Pazajew, cosmonaute
- Ljudmila Poutina, femme du président russe Vladimir Poutine
- Leah Rabin, épouse de Yitzhak Rabin
- Rudolf Siemering, sculpteur
- Arnold Sommerfeld (1868-1951), physicien
- Johann Friedrich Steenke
- Georg Voigt, historien
- Johannes Voigt, historien
- Otto Wallach, prix Nobel de chimie
[modifier] Notes
- ↑ On doit à l'historien prussien Christoph Hartknoch une biographie (en latin) de ce conseiller Vita Guilielmi Gnaphei (Acta Borussica III).
[modifier] Voir aussi
- Oblast de Kaliningrad, pour la situation de cette enclave
- Problème des sept ponts de Königsberg
[modifier] Liens externes
- Online guide to Kaliningrad
- Kaliningrad (en russe)
- Carte interactive donnant accès à des vieilles photos de Königsberg et à des vues de l'actuelle Kaliningrad
- Diaporama avec d'autres vues de Königsberg/Kaliningrad