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Histoire de l'Argentine - Wikipédia

Histoire de l'Argentine

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

L' histoire de l'Argentine commence bien avant l'installation des espagnols. Longtemps colonie espagnole, elle finit par obtenir son indépendance au XIXe siècle.

Sommaire

[modifier] La préhistoire - les premières populations humaines

Photo prise dans la "Cueva de las Manos" ou grotte des mains, Río Pinturas, Santa Cruz, Argentine, 7 300 av J.-C.
Photo prise dans la "Cueva de las Manos" ou grotte des mains, Río Pinturas, Santa Cruz, Argentine, 7 300 av J.-C.

Les premiers êtres humains à pénétrer en Argentine semblent y être parvenus par l'extrême sud de la Patagonie chilienne. Les témoignages les plus anciens sont rassemblés au musée lapidaire de la province de Santa Cruz et remontent au XIe millénaire av. J.-C. D'autres établissements furent relevés à Los Toldos, également en province de Santa Cruz avec des vestiges datant du Xe millénaire av. J.-C.

Ces premiers habitants chassaient les milodons[1] (animaux semblables à de grands ours, mais avec une tête ressemblant à un camélidé et malheureusement disparus) et les hippidions[2] (chevaux sud-américains disparus eux aussi, il y a 10 000 ans), en plus des guanacos, lamas et nandous.

Près de là, il est possible de voir les peintures de mains et de guanacos dessinés vers 13 000 ans, pour le groupe "stylistique A", le niveau culturel le plus ancien, puis vers 7 300 av. J.-C. pour le second niveau culturel, groupe "stylistique B", sur les parois de la Cueva de las Manos (Río Pinturas, Santa Cruz, déclarés patrimoine culturel de l'Humanité par l'UNESCO).

On pense que le peuplement de la Pampa avait déjà débuté dès le IXe millénaire av. J.-C., tandis que le nord-ouest argentin reçut ses premiers habitants vers le début du VIIe millénaire av. J.-C.

[modifier] Civilisations et cultures précolombiennes

Les peuples aborigènes argentins se sont divisés en deux grands groupes, d'une part les chasseurs-cueilleurs nomades qui habitèrent la Patagonie, la Pampa et le Chaco, et d'autre part les agriculteurs sédentaires, installés dans le nord-ouest, le Cuyo, les Sierras de Córdoba et plus tardivement, en Mésopotamie.

[modifier] Cultures andines de l'ouest et du nord-ouest

Culture d'Ansilta. Une des premières cultures à avoir développé une forme d'agriculture primitive sur le territoire argentin actuel fut la Culture d'Ansilta, située aux abords de Mendoza, San Juan et San Luis. Mal connue, cette surprenante culture va de 1 800 av. J.-C. jusqu'à 500 apr. J.-C., soit plus de 2 000 ans, ce qui est un cas unique de continuité. Sans doute s'agit-il des prédécesseurs des ethnies Huarpes.

Culture Condorhuasi. Cette culture apparaît en 200 av. J.-C. dans la province de Catamarca. Il s'agit d'une culture d'éleveurs de lamas et de pasteurs pour qui l'agriculture ne fut qu'un complément. Ils avaient une religion cruelle et violente dans laquelle les chamans utilisaient des hallucinogènes tels que le Anadenanthera colubrina (aussi appelé cebil) et réalisaient des sacrifices humains. Grands forgerons, ils furent les premiers à utiliser des alliages métalliques. Leurs sculptures anthropomorphes font l'objet d'études approfondies : dénommées les suplicantes (les suppliants), ce sont de belles sculptures abstraites en pierre qui représentent des êtres humains en position de supplication, appelant sans doute la pluie et la fertilité. Cette culture disparut entre le IIIe siècle et la fin du Ve siècle.

Culture Tafí (de -200 à 800). Contemporaine de la Culture de la Ciénaga, elle apparaît dans la vallée de Tafí, sur l'actuel territoire de Tucumán. Il s'agit d'agriculteurs qui cultivaient notamment le maïs, sur des terrasses. Ils domestiquaient aussi le lama.

Culture de la Ciénaga (1-600). C'est au Ier siècle qu'apparaît sur le sol argentin la première société totalement agricole, la Culture de la Ciénaga, également dans la région de Catamarca. Il s'y développe des plantations de maïs et des systèmes d'irrigation avec canaux. Ils élevaient aussi des lamas, qu'ils utilisaient en caravanes pour réaliser des échanges entre différentes localités. Ils construisirent de petites localités de 30 habitations au plus. Ils furent des précurseurs directs de la Culture de la Aguada.

La papa ou pomme de terre, inventée par les cultures sud-américaines
La papa ou pomme de terre, inventée par les cultures sud-américaines

Culture de la Aguada. Entre les IVe siècle et Xe siècle la Culture de la Aguada se développe sur le territoire des provinces de Catamarca et La Rioja. C'est la plus andine des cultures du nord-ouest argentin, fortement liée à la culture de Tiwanaku. La Aguada se caractérisa par un fort développement artistique autour de la représentation du jaguar. Il semble que ce soit à ce moment que se développe une nouvelle forme politique dans les cultures du nord-ouest : celle des Seigneuries, au pouvoir d'un seigneur, qui dominait une certaine région et contrôlait les excédents de production agricole. Parmi les représentations artistiques, on remarque celle du sacrificateur.

L'économie de cette culture était basée sur une agriculture en terrasses irriguées par des systèmes hydrauliques complexes. Ils produisaient du maïs, des haricots, des potirons et des arachides. Ils faisaient commerce de leurs produits avec des endroits très éloignés San Pedro de Atacama ou vallée de Copiapó au Chili, de l'autre côté des Andes, utilisant les lamas pour ce faire. La métallurgie était très avancée et ils découvrirent le bronze avant l'arrivée des espagnols.

Vers 900, La Aguada disparut. Son héritage va se retrouver dans la culture Belén et la culture de Santa María.

Culture de Santa María (1200-1470). Grâce à ses cultures en terrasses et systèmes d'irrigation très complexes, Santa María réussit à avoir une forte population et à accumuler des excédents emmagasinés dans des silos souterrains. Ils cultivèrent le maïs, la pomme de terre (appelée papa), le haricot, la quinoa, le piment et les courges, et cueillirent intensivement les fruits du caroubier créole ou algarroba et du chañar. Grands experts en élevage, ils utilisèrent le fourrage. Ils développèrent le commerce à grande distance, avec des caravanes de lamas. Ils développèrent la métallurgie du cuivre, de l'argent et de l'or et fabriquèrent des articles en bronze d'excellente qualité. La culture de Santa María se caractérise par une grande complexité socio-politique, avec au sommet de la hiérarchie un seigneur dont les pouvoirs étaient héréditaires, des guerriers et des chamans. Cette culture correspond en grande partie avec l'ethnie Paziocas connue sous sa dénomination quechua de Diaguitas.

L'invasion inca (1400-1520). La formation du Tucumán : un siècle avant l'arrivée des espagnols, le nord-ouest argentin comptait une grande variété de peuples sédentaires avec leurs caractéristiques propres, et parmi eux, les Paziocas, les Alpatamas, les Omaguacas, et les Huarpes. Au XVe siècle ce territoire fut envahi et annexé par les Quechuas à la zone méridionale du Kollasuyu ou Collasuyu ou Qullasuyu (Étant donné l'éloignement de ces régions par rapport à Cuzco, l'ensemble formait un territoire spécial du Tahuantinsuyu connu comme étant "Le Tucumán" et le "Kiri-Kiri").

Les Cultures andines indépendantes (1400-1520): hors du Tahuantinsuyu ou Tawantinsuyu se maintinrent quelques populations sédentaires indépendantes, par exemple les Lule-Toconoté (en guerre contre les Quechuas, et appelés péjorativement par ceux-ci "surís" ou "nandous"), les Sanavirón dans la zone des provinces de Tucumán, ouest de Santiago del Estero et nord de Córdoba, ainsi que les Comechingons dans les sierras de Córdoba et de San Luis.

[modifier] Cultures de la Mésopotamie argentine

Les Guaranís : en provenance d'Amazonie, les Guaranís, s'étaient installés assez récemment en Mésopotamie. Ils faisaient partie du groupe culturel dit des Tupí-guaraní.

Les Guaranís cultivaient le yuca, ou manioc, entre autres plantes
Les Guaranís cultivaient le yuca, ou manioc, entre autres plantes

Les Avás (mieux connus comme "Guaranís") s'établirent en territoire argentin entre la fin du XVe siècle et le début du XVIe, avançant depuis le nord-est principalement par les cours d'eau. Ils se subdivisèrent en divers groupes en fonction de l'endroit où ils s'implantaient. On distingue les Guaranís des îles (dans les îles du delta du Paraná), ceux du Carcarañá, de Santa Ana (nord de la province de Corrientes, les Cáingangs ou Cainguás (en Mésopotamie) et les Chiriguanos (au Chaco).

Ils vivaient dans des villages (tekuas) qui constituaient de vraies unités tribales économiquement indépendantes. Chaque village guaraní était dirigé par un chef politique, le Mburuvichá, et un chef religieux le Payé. L'organisation sociale était chapeautée par un cacique (Tuvichá) héréditaire.

Ils conduisaient des canoës. Ils étaient très bons chasseurs en forêt, cueilleurs, pêcheurs et aussi agriculteurs. Ils cultivaient le manioc (mandi'ó), la pomme de terre (jetý), le potiron (andai), les courges (kurapepê), le maïs (avatí), les haricots (kumandá), le coton (mandyju) et le yerba mate (ka'á).

Les Guaranís firent irruption avec une grande brutalité dans le bassin du río de la Plata, créant une situation de guerre permanente avec les peuples aborigènes non Guaranís qui habitaient la région. Ils pratiquaient le cannibalisme des guerriers prisonniers.

Leur stratégie guerrière se fondait sur un système d'attaques massives. Peu avant l'attaque, ils faisaient tomber sur leurs adversaires une pluie de flèches et de pierres. Ensuite venait l'affrontement direct avec des lances, des macanas et des gourdins (garrotes).

[modifier] Cultures du Gran Chaco

Dans la partie nord du Gran Chaco on distingue cinq cultures ou familles linguistiques, à savoir les cultures "Guaycurú", "Mataco-macá", "Tupí-guaraní", "Arawak" et "Lule-vilela".

À la culture Guaycurú appartiennent les Tobas ou Qom'lek, les Pilagás, les Mocovís et les Abipones. Ils étaient de très habiles guerriers et, après l'arrivée des Espagnols, ils adoptèrent le cheval et résistèrent à la colonisation. Les Espagnols les appelaient frentones (surtout les Qom'lek) parce qu'ils s'épilaient le front. Ils occupaient l'est et le sud de la région du Chaco.

La culture Mataco-Macá comprenait les Wichís (ou "Matacos"), les Chulupís et les Chorotes. Ils occupaient la zone ouest du Chaco.

Les Chiriguanos appartenaient à la culture Tupí-guaraní. Ils s'installèrent à l'ouest de la région. Dans la même zone se retrouvaient les Chanés de la culture Arawak.

Enfin, au nord-ouest du Chaco se trouvaient les Vilelas (culture Lule-Vilela), disparus depuis lors.

[modifier] Cultures de la pampa et de la Patagonie

En région pampéenne et patagonique, on distingue les Hets ("anciens pampas" ou "querandís"), les Tehuelches (ou Tsonek) et les Mapuches - ces derniers contrôlèrent le nord de la Patagonie jusqu'à la fin du XIXe siècle. Les études anthropologiques des groupes de chasseurs et de cueilleurs considérés traditionnellement comme plus simples que les peuples agriculteurs, ont mis en évidence la complexité atteinte par ces cultures d'un haut degré de symbolisme, comme les Selknams, les Mánekenks ou Haush, les Yagans, les Alakalufs ou Kaweskars, de la Terre de Feu et du détroit de Magellan.

[modifier] Arrivée des Européens et colonisation

Amerigo Vespucci fut le premier Européen à s'approcher des côtes argentines en 1502. En 1516, Juan Diaz de Solís, un navigateur espagnol visita le territoire qui deviendra l'Argentine. L'Espagne inclura l'Argentine dans la vice-royauté du Pérou.

[modifier] Une conquête lente et difficile

Il est important de souligner qu'à l'inverse du Pérou et de la Bolivie, les Espagnols ne soumirent jamais totalement les principaux peuples amérindiens qui occupaient le territoire actuel de l'Argentine. La présence espagnole se limitait d'ailleurs au départ à de petits noyaux, essentiellement le long de la route importante dite Camino Real, destinée au début à drainer les richesses minières du Haut-Pérou (Bolivie actuelle) vers le Río de la Plata. Là fut construite, en 1536 une colonie appelée Buenos Aires. Abandonnée suite au blocus et aux raids sanglants des Indiens Didiuhet, elle fut fondée à nouveau en 1580. Du nord au sud les villes espagnoles principales étaient créées progressivement, le long de cet axe. Ce sont principalement Santiago del Estero (1553), San Miguel de Tucumán (1565), Córdoba (1573), Salta (1582), San Salvador de Jujuy (1593) et comme déjà vu Buenos Aires (1536 et 1580).

Autre voie économiquement importante, la voie fluviale du Paraguay-Paraná, constituait une excellente voie de pénétration vers le centre de l'Amérique du Sud et ses richesses. Ainsi furent fondées Sancti Spíritu (1523), Asunción (1537), Santa Fe (1573) et Corrientes (1588).

Quelques régions furent cependant facilement conquises et rapidement assimilées assurant une domination espagnole sans problèmes. Ainsi la région du Cuyo. Dès 1561 la ville de Mendoza y fut fondée, suivie de San Juan en 1562, et de San Luis en 1594. Cette région était habitée par les pacifiques Indiens Huarpes, exploités sans scrupule au début (travail dans les mines du Chili), mais qui se métissèrent rapidement. La paix s'installa rapidement.

La colonisation se poursuivit de manière très progressive. La dernière ville argentine à être construite fut San Fernando del Valle de Catamarca (1683).

[modifier] Contre-attaques calchaquíes

Mais les conquérants n'avaient pas réussi à pénétrer les vallées calchaquíes, où s'étaient réfugiés plusieurs peuples qui menèrent la vie dure aux envahisseurs. La population espagnole restait faible au sein de ces provinces et de graves contre-attaques et révoltes indiennes firent de terribles dégâts. En 1630 éclata la première grande rébellion calchaquíe, sous le commandement du cacique Chalemín, et dura jusqu'en 1643, guerre intense avec incendie de La Rioja et destruction de Londres (près de Córdoba). La seconde rébellion, menée par un andalou – Pedro Chamijo – qui se faisait passer pour un descendant d'Inca, fut longue et cruelle.
Les Espagnols dirigés par Mercado et Villacorta défirent l'Andalou puis décimèrent les tribus. La dernière, celle des Quilmes, fut battue en 1665. Les survivants furent déportés près de Buenos Aires, là où se dresse aujourd'hui la grande cité de Quilmes.

[modifier] Les Guaranís et les missions jésuites

Article détaillé : Mission jésuite du Paraguay.

Au XVe siècle les karaí, prophètes guaranís acceptés dans toutes les communautés guaraníes, parcouraient les villages ou tekuas prêchant le message de l'arrivée de profonds changements. Or ces villages s'affrontaient entre eux dans une permanente recherche de l'État de Aguyé, et pratiquaient le cannibalisme entre eux. Ces karaí ne faisaient partie d'aucun village ou tekua en particulier, mais étaient panguaranís. Leur message était donc unificateur.

Cent ans plus tard, avec l'invasion espagnole, arrivent les jésuites dont le message chrétien rivalise directement avec celui des karaí. Bien qu'étrangers ils amènent aussi un message unificateur. Surtout, ce qui jouera un rôle très important, les guaranís qui acceptent de vivre avec eux sont automatiquement protégés par les lois du puissant roi d'Espagne.

En effet, en 1556 les Espagnols avaient introduit dans ces régions le système de l'encomienda, par lequel chaque encomandero s'engageait à évangéliser et à sortir de la barbarie un certain nombre d'Indiens qui en retour devaient se mettre à son service. C'était un système d'asservissement impitoyable. De ce fait les rapports d'abord amicaux entre les Européens et les Indiens se modifièrent. Les révoltes se multiplièrent et atteignirent une grande violence en 1580, rendant la région ingouvernable. Pour sortir de ce bourbier, les Espagnols firent appel en 1585 aux Jésuites.

Implantation des 30 réductions jésuites, sur les territoires actuels du Paraguay, de l'Argentine et du Brésil
Implantation des 30 réductions jésuites, sur les territoires actuels du Paraguay, de l'Argentine et du Brésil

Ceux-ci proposèrent de payer directement au roi un tribut proportionnel au nombre d'Indiens mâles, retirant ainsi les Indiens du contrôle de l'empire pour les placer directement sous le leur. Enfin en 1608, le roi Philippe III d'Espagne donna pouvoir aux jésuites de convertir et coloniser les tribus de Guayrá.

Simultanément, l'expansion constante du front hispano-portugais, et la menace réelle d'esclavage que cela représentait, amena un grand débat interne chez les chefs guaranís entre les partisans de l'alliance jésuitique (de façon à obtenir la protection de la couronne) et les "durs" qui préféraient l'affrontement.

Après de longs débats, la politique d'alliance des dirigeants politiques guaranís avec les jésuites devint bientôt consensuelle et généralisée. Elle obéissait à une stratégie globale, dans le but de limiter la montée des périls, les guaranís se trouvant pris entre les gros propriétaires espagnols désireux de se fournir de la main d'œuvre gratuite d'un côté et les bandeirantes portugais pillards et marchands d'esclaves de l'autre. À noter qu'il existe de nombreuses sources de témoins présents lors de ces débats internes des leaders guaranís. Notamment le "Jardín de Flores paracuaria" du Padre Tadeo Xavier Hednis de la Société de Jésus.

Ce sont donc les jésuites qui furent en réalité utilisés par les Guaranís, afin de maintenir leur modèle ou mode de vie. Le modèle politique guaraní était prêt à être occupé par les jésuites. Ainsi s'explique la rapide conclusion de cette alliance et le développement des Misiones. Les Réductions jésuites n'étaient rien d'autre que des tekuas ou villages traditionnels qui avaient obtenu la protection de la couronne, pénétrant ainsi non seulement dans le domaine légal espagnol, mais aussi dans une série d'échanges économiques et culturels qui se maintinrent pendant deux siècles .

[modifier] Des indigènes restés non soumis

La Pampa et la Patagonie, constituaient une vaste zone peuplée d'aborigènes totalement libres, qui ne put jamais être conquise par les Espagnols et qui depuis le XVIIe siècle s'unifia progressivement sous la culture mapuche. Ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle, plus de 300 ans après la conquête espagnole du Pérou, que l'Argentine (comme le Chili d'ailleurs), arriva à occuper la région grâce à une guerre contre les Mapuches.

À l'arrivée des Européens, le sud du continent américain, la région pampéenne comme la Patagonie, était peuplée par les Indiens Pampas, les Tehuelches (Patagons) en Patagonie orientale et les Mapuches en Patagonie occidentale. La Terre de Feu était peuplée par un rameau des Tehuelches, les Selknams (ou Onas), par les Yagans ou Yamanas et par les Alakalufs ou Kaweskars.

Peu après le débarquement des conquistadors sur les rives du Río de la Plata et la fondation de Buenos Aires au XVIe siècle, les premiers affrontements se produisirent entre Espagnols et aborigènes, les Pampas (ou Hets ou Querandis), appelés plus tard Ranquels au XVIIIe siècle.

À partir du XVIIe siècle, quelques bovins abandonnés par les Espagnols en région pampéenne proliférèrent naturellement, formant de vastes troupeaux redevenus sauvages. Les Espagnols comme les indigènes Pampas et Mapuches, commencèrent à les chasser ce qui amena des affrontements entre les deux groupes. Les Espagnols construisirent des lignes de fortins entourant Buenos Aires et Córdoba, afin de délimiter leur zone exclusive de chasse appelées vaquerías. Les Pampas considéraient que les Espagnols avaient usurpé leurs terres en les envahissant, et durant des siècles attaquèrent leurs établissements par une tactique d'attaque en masse appelée malones, utilisant des chevaux, de longues lances et des boleadoras (système composé de plusieurs lanières lestées de gros cailloux destiné à immobiliser les pattes des chevaux).

En même temps, la capitainerie du Chili procédait à des attaques systématiques contre les Mapuches appelés aussi Araucans (Guerre d'Arauco).

Tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles les Mapuches imposèrent leur culture et assimilèrent les peuples indigènes qui habitaient la Pampa et la Patagonie. Cependant dès la fin du XVIIIe siècle les Espagnols progressèrent lentement sur le territoire ranquel. La frontière entre les deux civilisations se situa alors sur le río Salado, qui divise la pampa orientale en deux en son centre. Cependant certains indigènes acceptèrent de travailler dans les estancias (grandes fermes-domaines) espagnoles, se métissant avec les Européens. L'origine des gauchos est liée à ce processus de métissage.

De même, dans le nord du territoire de l'Argentine actuelle, les tribus peuplant la région du Gran Chaco restèrent libres comme l'air face aux colonisateurs, et cela dura aussi jusqu'à la fin du XIXe siècle.

[modifier] Vice-royauté du Río de la Plata

En 1680, les Portugais venus du Brésil tout proche avaient fondé au nord du Río de la Plata, face à Buenos Aires, sous le nom de Colonia del Sacramento un établissement, qui menaçait gravement les intérêts espagnols. Ceux-ci avaient attaqué et pris cette ville à plusieurs reprises, mais chaque fois, grâce à un traité international, les Portugais avaient récupéré la ville.

C'est finalement en 1776 que le roi Charles III s'avisa de la solution du problème et de ce qu'il fallait faire pour chasser les Portugais du Río de la Plata. Il prit la décision d'instituer la vice-royauté du Río de la Plata. Presqu'immédiatement, le nouveau vice-roi Pedro de Cevallos organisa une puissante armée et la mena contre les Portugais. Il avait ajouté à cette armée des contingents de Guaranís, habitués à se battre contre les Portugais. Cevallos prit Colonia en 1777 et la détruisit totalement, allant symboliquement jusqu'à semer du sel sur ses ruines. La ville fut cependant occupée à nouveau par les Portugais puis par les Brésiliens quelques décennies plus tard.

La création de la vice-royauté du Río de la Plata apporta beaucoup à Buenos Aires, où en peu d'années s'installèrent toute l'administration bureaucratique viceroyale, la douane, le Consulado (1794), l'Audiencia (1785), l'Académie navale, et des écoles. On commença à éditer des journaux, activité difficile à cause de la censure du vice-roi.

La population de la ville s'accrut de 9.568 en 1744 à 32.069 habitants en 1778, puis à plus de 40.000 en 1797 et à presque 100.000 en 1810, chiffre très important pour l'époque et constituant près du tiers de la population totale de l'Argentine espagnole d'alors.

[modifier] Les invasions britanniques

Santiago ou Jacques de Liniers - Héros de la défense de Buenos Aires
Santiago ou Jacques de Liniers - Héros de la défense de Buenos Aires
John Whitelocke qui envahit Buenos Aires en 1807
John Whitelocke qui envahit Buenos Aires en 1807

Avec l'entrée en guerre de l'Espagne du côté napoléonien, le Royaume-Uni commença à faire des plans pour améliorer son influence dans les colonies espagnoles. En 1806, après avoir pris la colonie hollandaise du cap de Bonne Espérance, la flotte britannique cingla vers le Río de la Plata, apparemment sur initiative propre. La flotte ne tarda pas à prendre Montevideo, puis se dirigea vers Buenos Aires.

Le vice-roi Rafael de Sobremonte, spéculait que les Britanniques ne se risqueraient pas à se lancer sur la capitale de la vice-royauté, et décida d'affecter la majorité des troupes de la ville à traverser le río de la Plata pour reprendre Montevideo. Lorsqu'on lui annonça le débarquement des Britanniques, il abandonna la ville pour se réfugier à Córdoba, muni des précieuses rentes de la vice-royauté, prêtes à être expédiées en Espagne, avec l'intention d'organiser une armée pour reconquérir sa capitale.

En juin 1806 les Britanniques sous le commandement de William Carr Beresford prirent Buenos Aires, bien reçus par les partisans de l'indépendance. Mais ceux-ci durent vite déchanter en comprenant que les envahisseurs désiraient convertir la région de la Plata en une colonie britannique, et s'unirent à ceux qui voulaient résister. Jacques de Liniers, marin français né à Niort, commandant du port de Ensenada, traversa le fleuve pour la Bande Orientale où il organisa une armée à destination de Buenos Aires. En chemin des milliers de volontaires enthousiastes se joignirent aux troupes. Une bataille de rue s'engagea et les Britanniques, bientôt encerclés dans la citadelle de la ville durent capituler. Revenue dans la cité, l'Audience, tribunal suprême, décida d'assumer le pouvoir civil et de confier la capitainerie générale à Liniers. Prudemment le vice-roi se retira à Montevideo.

En 1807 les Britanniques revinrent envahir le pays, mais cette fois officiellement et avec une puissante armée de 11.000 soldats sous les ordres du général John Whitelocke. Au départ, celui-ci et sa flotte avaient pour mission de s'emparer du Chili et de renforcer les troupes qu'ils croyaient toujours maîtresses de Buenos Aires. Mis au courant de la capitulation de ces dernières, Whitelocke décida de reprendre la cité. Ils reprirent Montevideo, débarquèrent à Buenos Aires et pénétrèrent dans la capitale, confiants dans leur suprématie face à des forces hispano-argentines très inférieures. Mais très vite ils se heurtèrent à une résistance acharnée des habitants qui les arrosaient d'eau et d'huile bouillante et les mirent finalement en déroute. Le général John Whitelocke fut acculé à la capitulation générale, et le Royaume Uni subit là une défaite particulièrement humiliante.

Suite à cette franche victoire, un jugement destitua Sobremonte de sa charge de vice-roi et l'envoya en Espagne pour y être jugé. Liniers fut alors nommé vice-roi par intérim, décision ratifiée plus tard par le roi.

[modifier] Naissance de la Nation

Les invasions britanniques sont très importantes dans l'histoire de l'Argentine, car elles sont le prélude à l'indépendance. Elles ont démontré la capacité du peuple à l'autodéfense, grâce à des milices civiles, et révélé que les Argentins étaient désormais en mesure de déterminer seuls leur propre destin.

[modifier] Révolution de Mai et indépendance

Monument à San Martín
Monument à San Martín

Les nouvelles de la Révolution française avaient fait germer les idées libérales en Amérique latine. Le pays débuta son processus d'affranchissement de l'Espagne le 25 mai 1810, lors de l'épisode appelé Revolución de Mayo ou Révolution de Mai, en s'engageant dans des hostilités contre les Espagnols et leurs partisans (les royalistes); mais certaines régions du Río de la Plata, craignant la domination de la riche et puissante Buenos Aires, étaient autant intéressées par leur indépendance face à la capitale que par leur affranchissement de l'Espagne. En 1811, le Paraguay produisit sa propre déclaration d'indépendance.

En 1812, les batailles victorieuses que Manuel Belgrano livra à Tucumán et Salta, assurèrent le succès de l'indépendance. Si bien que José Gervasio Artigas réunit un premier Congrès de l'Indépendance argentine à Arroyo de la China (actuelle Concepción del Uruguay) en mars et avril 1815. Les campagnes militaires conduites par José de San Martín et Simón Bolívar entre 1814 et 1817 augmentèrent les espoirs d'indépendance face à l'Espagne, qui fut finalement proclamée à Tucumán le 9 juillet 1816. Le désordre régnait dans les provinces. En 1820, José de San Martín prépara une armée destinée à libérer le Chili et le Pérou, objectif qui fut brillamment atteint, et en 1822 eut lieu la réunion historique de San Martin avec Simón Bolívar à Guayaquil.

[modifier] Le congrès de Tucumán

Le congrès national se réunit donc à Tucumán et débuta ses sessions le 24 mars 1816. Presque toutes les provinces y participèrent. Il procéda à l'élection d'un Directeur Suprême capable de maintenir l'ordre et d'établir l'autorité centrale. Il fallait un homme qui soit appuyé tant par Buenos Aires que par les provinces de l'intérieur. On élit pour cela Juan Martín de Pueyrredón qui était apprécié de tous. Un autre objectif important était de consolider l'unité nationale du pays. On décida donc l'intervention de l'armée là où se manifestaient des mouvements localistes.

Finalement, la Déclaration d'Indépendance face aux rois d'Espagne et à la métropole, fut votée publiquement le 9 juillet 1816.

Deux positions s'affrontaient dans toute l'Amérique espagnole concernant l'administration des territoires libérés: la position américaniste et la position localiste.

La position américaniste proposait l'union des peuples d'Amérique hispanique. Il fallait unir les forces afin de terminer les guerres d'indépendance et organiser un système stable qui garantisse l'union. La position localiste défendait l'autonomie des régions, craignant qu'une union qui regrouperait tant de pays et de terres retarderait la récupération de la prospérité locale. Ils redoutaient surtout de perdre du pouvoir avec cette intégration. Bernardino Rivadavia était un des principaux représentant des localistes.

Le problème de la forme de gouvernement se posait aussi. Parmi les différentes options, un groupe de partisans de la monarchie constitutionnelle s'était constitué, considérant que ce système stable garantirait l'ordre et les droits de l'homme. Belgrano proposa une monarchie ayant à sa tête un descendant d'Inca. Ce projet fut bien reçu par les représentants du Haut Pérou et des villes du nord. Il avait l'appui de José de San Martín et de Güemes. Mais les hommes de Buenos Aires s'y opposaient, craignant d'y perdre leur position hégémonique. Ils proposèrent d'offrir la couronne à un prince européen. Cependant Tomas de Anchorena, député de Buenos Aires, défendait la république fédérale.

Au début de 1817, le congrès se transféra dans la capitale et remit le traitement de ce problème à plus tard, Mais les idées monarchistes perdurèrent au sein du congrès.

[modifier] Le Directoire de Pueyrredón (1816-1819)

L'objectif principal de Pueyrredón fut la réalisation de l'expédition libératrice au Chili et au Pérou, en accord avec San Martín, afin de terminer la Guerre d'Indépendance. Il mit au point la création de l'Armée des Andes, nomma San Martín général en chef et ordonna l'exécution de la campagne libératrice. Mais le financement de la campagne du Pérou nécessita une hausse des impôts douaniers.

Il fut durement critiqué par les fédéralistes qui l'accusaient de complicité avec les Portugais en tolérant l'invasion de la Banda Oriental (actuel Uruguay). Le Portugal avait déjà perpétré une première invasion en 1811-1812. La seconde agression eut lieu en 1816-1820, et les Portugais réussirent à annexer la province sous le nom de Province Cisplatine. Finalement Pueyrredón imposa son autorité, en exilant les principaux chefs du parti fédéraliste de la capitale. À l'intérieur, il étouffa les mouvements fédéralistes avec les interventions de l'armée du nord.

Pour la défense de Pueyrredón, il faut souligner que lorsqu'il arriva au pouvoir, l'invasion portugaise de la Banda Oriental avait déjà débuté. Le congrès prit une position neutre que le directeur suprême ne partageait pas. Cependant le manque de ressources l'empêcha de prendre des mesures militaires, et il dut se contenter d'exiger que les Portugais ne dépassent pas la ligne du fleuve Uruguay. Cette politique perçue comme "tolérante" face aux agresseurs augmenta le ressentiment des habitants des provinces du Litoral.

[modifier] La guerre civile

Les luttes intestines se succédèrent en Argentine pendant plus de 40 ans. Les caudillos provinciaux ont dominé l'histoire et la politique de la première moitié du XIXe siècle. Petits chefs locaux, seigneurs de la guerre, ils géraient leur province avec leur armée propre. Ils avaient des griefs les uns contre les autres qui nourrissaient des haines et des combats parfois féroces. Les uns se rangeaient sous la bannière de l'unitarisme, d'autres plus fréquemment sous celle du fédéralisme.

La majorité d'entre eux n'étaient pas des militaires, mais des civils. Certains, comme Juan Manuel de Rosas et Justo José de Urquiza, possédaient de grandes haciendas et avaient donc un important pouvoir économique. Dans l'histoire de l'Argentine le caudillo est un personnage traditionaliste, totalement opposé au porteño ou habitant de Buenos Aires, et lié à la cause fédéraliste qui représentait son intérêt personnel. Les caudillos s'opposaient au centralisme de la métropole platéenne de Buenos Aires, ainsi qu'à la modernité. On les a appelés barbares. Ils détestaient Buenos Aires qui concentrait le pouvoir, celui-ci émanant de la possession du port et des bénéfices douaniers qui n'avaient jamais été utilisés au bénéfice des provinces de l'intérieur. Dans l'histoire du pays, il y eut beaucoup de caudillos. Le nom de certains d'entre eux mérite d'être retenu. Citons:

[modifier] Rosas et le rosisme (1829-1852)

Juan Manuel de Rosas, gouverneur de la province Buenos Aires
Juan Manuel de Rosas, gouverneur de la province Buenos Aires

En 1826, le congrès nomma Bernardino Rivadavia premier président constitutionnel du pays. Le fait de céder l'Uruguay actuel au Brésil provoqua la démission de Rivadavia. Manuel Dorrego reprit la charge, partisan des autonomies provinciales. Il liquida le conflit avec le Brésil en reconnaissant l'indépendance de la Banda Oriental. Les unitaires soulevés par Juan Lavalle fusillèrent Dorrego, ce qui ralluma la guerre civile entre unitaires et fédéralistes.

La Bolivie se déclara indépendante en 1825, de même que l'Uruguay en 1828. La figure dominante à cette époque devint Juan Manuel de Rosas, vu par beaucoup comme un tyran. Rosas gouverna la province de Buenos Aires et représenta les intérêts de l'Argentine à l'étranger de 1829 à 1852, sans qu'il n'y ait eu de gouvernement central pour l'ensemble du pays. Il fut qualifié d'impérialiste argentin en raison de son opposition à d'autres tyrans, amis d'empires étrangers. Dans sa politique il n'accepta jamais la désagrégation du Río de la Plata comme définitive, mais luttait au contraire pour que ces évènements menaçants ne s'aggravent pas et avec l'espoir que les factions argentines comprendraient bientôt que l'unification était l'intérêt commun. Il fut avant tout stigmatisé comme tyran par ceux qui étaient à la solde d'intérêts étrangers, ainsi que par les victimes de sa "parapolice" implacable, la Mazorca, dirigée par sa propre épouse.

Pendant cette période l'Argentine était peuplée d'indigènes, ainsi que d'immigrés espagnols et de leurs descendants, les créoles. Certains de ces derniers étaient concentrés dans les villes, mais d'autres vivaient dans les pampas comme gaúchos. L'économie rurale de ces derniers se basait presqu'exclusivement sur l'élevage de bétail. Cependant les attaques indigènes ou "malones" continuaient et menaçaient les frontières, surtout à l'ouest. On put dire que l'Argentine avait acquis l'indépendance de l'Espagne, mais que la conquête espagnole de l'Argentine n'était toujours pas terminée.

Durant son long gouvernement, Rosas avait réussi à se faire beaucoup d'ennemis à l'intérieur. Pas seulement les unitaires bourgeois et anglophiles réfugiés à Montevideo, mais aussi les autres caudillos prétendument fédéralistes et qui n'étaient pas d'accord avec le monopole du port que Buenos Aires continuait à posséder.

Ce monopole fut momentanément brisé durant le conflit de Rosas avec les impérialismes français et surtout britannique. L'émergence de la navigation à vapeur permettait de remonter les fleuves avec rapidité. Pour ces motifs le Royaume-Uni et la France qui avaient armé d'importantes flottes commerciales et militaires composées de vaisseaux à vapeur exigeaient la libre circulation sur les fleuves, ce qui leur assurerait le libre commerce. Les deux puissances exigèrent donc le droit de navigation sur le río Paraná pour y commercer avec les autres ports, ce que Buenos Aires refusa. Le conflit se mua en guerre avec le combat de Vuelta de Obligado, où les forces fédéralistes de Rosas tentèrent de bloquer le passage aux flottes étrangères. La bataille tourna à la déroute pour les forces de Rosas (20 novembre 1845). Cependant elle fut perçue comme un symbole de défense de la souveraineté nationale. L'action diplomatique habile du gouvernement de Rosas, doublé de l'appui de José de San Martín, finirent par transformer la défaite en victoire politique pour le gouvernement de la Confédération argentine, obligeant les puissances à reconnaître son droit à la souveraineté sur les eaux intérieures.

Mais ces évènements montrèrent aux caudillos (et surtout à Justo José de Urquiza, gouverneur d'Entre Ríos) le pouvoir que donnait à Buenos Aires le monopole du commerce extérieur. Cela engendra un rapprochement entre les unitaires et les fédéralistes opposés à Rosas.

Il se forma dès lors un clan anti-rosiste qui donna lieu à la création de la Grande Armée, qui battit Rosas à la bataille de Caseros (le 3 février 1852). Le gouvernement rosiste fut renversé, et l'unité argentine fut atteinte, du moins théoriquement.

Article détaillé : Juan Manuel de Rosas.

[modifier] Adoption de la Constitution de 1853

Urquiza organisa le Congrès constituant de Santa Fe (1853), qui approuva une Constitution de caractère républicain, représentatif et fédéral atténué, élaboré selon un modèle de Juan Bautista Alberdi. Urquiza fut proclamé président de la Confédération. Mais les divergences dans le camp des vainqueurs (entre unitaires et caudillos anti-rosistes) conduisirent la province de Buenos Aires à rejeter cette Constitution et à se séparer de la Confédération Argentine, qui établit dès lors sa capitale dans la ville de Paraná. En 1861, les armées de Buenos Aires mirent celles de la Confédération en déroute à la bataille de Pavón et débutèrent une campagne pour soumettre les provinces. Cela fut fait, et le pays resta définitivement unifié selon le projet de nation des unitaires.

[modifier] Naissance de l'Argentine moderne

(Note : la Constitution fut amendée en 1860; Santiago Derqui fut élu président et Urquiza et Bartolomé Mitre furent nommés respectivement gouverneurs de l'Entre Ríos et de Buenos Aires. De nouvelles dissensions intérieures déclenchèrent à nouveau des hostilités, et à la bataille de Pavón en 1861, Mitre battit Urquiza, suite à quoi il fut nommé président constitutionnel en 1862 pour une période de 6 ans. En 1868, Domingo Faustino Sarmiento lui succéda).

En 1865, l'Argentine se vit impliquée dans le conflit qui opposait le Paraguay au Brésil. Mitre joignit ses troupes aux armées brésiliennes et uruguayenne. Ainsi constituées, les forces de la Triple Alliance mirent finalement en déroute le maréchal paraguayen Francisco Solano López en 1870.

[modifier] La guerre contre les Indiens

Article détaillé : Conquête du Désert.

La fin victorieuse de la guerre contre le Paraguay avait créé une frontière sûre au nord-est du pays et assuré à celui-ci la possession des territoires de Misiones et de Formosa. Nicolás Avellaneda succéda à Sarmiento en 1874, et s'attacha à soumettre les terres encore occupées par les indigènes amérindiens. Durant la décennie suivante, lors de la Conquête du Désert, le général Julio Argentino Roca établit le contrôle du gouvernement national sur les vastes régions de Patagonie et du Chaco en annihilant les peuples indigènes qui les peuplaient depuis toujours. Le 20 septembre 1880, le Congrès national déclara Buenos Aires capitale fédérale de la République.

[modifier] Prospérité économique - la République conservatrice (1880-1916)

Roca fut élu en 1880, car il bénéficiait d'une grande popularité suite à ses succès dans la Campagne du Désert. Après lui, il y eut Miguel Juárez Celman (1886), qui démissionna en 1890 suite à un soulèvement mené par Leandro N. Alem, qui avait été cependant réprimé. Le vice-président Carlos Pellegrini le remplaça. Ses successeurs furent Luis Sáenz Peña (1892), José Evaristo Uriburu (1895), puis de nouveau Julio Argentino Roca (1898). Après, ce furent Manuel Quintana (1904), José Figueroa Alcorta (1906), Roque Sáenz Peña (1910), et Victorino de la Plaza (1914).

Pendant toute cette période, l'économie se développa fortement et ce fut en moyenne une époque de grande prospérité. Trois facteurs sont la cause de cet important essor : d'abord, la fin des guerres indiennes et donc la conquête de vastes nouveaux territoires agricoles; ensuite, la modernisation de l'économie, l'adoption de techniques modernes et l'intégration du pays dans l'économie mondiale (essor du commerce et des investissements étrangers); enfin, l'arrivée massive d'immigrants européens dans une démocratie en paix.

Les investissements étrangers provenaient surtout du Royaume-Uni et furent principalement destinés à l'infrastructure (chemins de fer et ports).

Les immigrants travaillèrent beaucoup au développement du pays, surtout dans les pampas occidentales. Ils arrivèrent essentiellement de toute l'Europe, mais aussi d'ailleurs (chrétiens du Moyen-Orient).

De 1880 à la crise de 1929, l'Argentine fut donc économiquement prospère, mais l'économie fut de plus en plus orientée vers l'exportation de matières premières et de produits agricoles et l'importation de produits industriels manufacturés : l'industrialisation ne se faisait pas.

Politiquement et socialement, la situation était moins brillante. Les gouvernements de Roca et de ses successeurs étaient alignés sur les intérêts des oligarques argentins, spécialement les gros propriétaires fonciers. Les élections étaient entachées de fraude. Les forces conservatrices dominèrent la république jusqu'en 1916, lorsque la loi Roque Sáenz Peña du suffrage universel vint bouleverser l'ordre ancien et permit le triomphe électoral des radicaux, rivaux traditionnels des conservateurs, et dirigés par Hipólito Yrigoyen. Les radicaux, qui avaient effectué des tentatives de soulèvement contre le régime fallacieux et discrédité et qui avaient proposé l'abstention pour lutter contre la fraude électorale, représentaient les classes moyennes en expansion auxquelles ils ouvrirent les portes.

[modifier] Le radicalisme (1916-1930)

[modifier] Premier gouvernement d'Hipólito Yrigoyen (1916-1922)

Hipólito Yrigoyen fut le premier président élu par vote secret
Hipólito Yrigoyen fut le premier président élu par vote secret

En 1916 Yrigoyen arriva au gouvernement grâce au suffrage universel et secret. Il créa un ample secteur social d'État. Yrigoyen impulsa une série de politiques qui manifestaient une tendance transformatrice.

Politique économique

Elle se caractérisa par un "Plan de la Terre et du Pétrole", octroyant à l'État un rôle important d'intervention dans l'économie. Le radicalisme montra une tendance économique différente du libéralisme classique. Yrigoyen déclare ainsi:

"La politique du président est de maintenir aux mains de l'État l'exploitation des sources naturelles de richesse, dont les produits sont des éléments vitaux du développement du pays... L'État doit acquérir une position chaque jour plus prépondérante dans les activités industrielles qui répondent principalement à la réalisation de services publics".

En 1922, il décida la création de l'entreprise d'État pétrolière Yacimientos Petrolíferos Fiscales ou YPF, qui deviendra la plus importante du pays.

Il fit voter des lois concernant les loyers ruraux pour protéger les colons face aux gros propriétaires terriens. On réorganisa la Banque hypothécaire pour aider les petits propriétaires ruraux.

Enfin on créa la Marine marchande nationale. Yrigoyen eut une politique d'expansion des chemins de fer d'État, et il y eut des heurts avec de puissantes entreprises ferroviaires étrangères. Il fit construire une nouvelle voie ferrée vers le nord du Chili et l'Océan Pacifique.

Politique internationale

Il soutint fondamentalement le principe d'égalité des nations face aux grandes puissances, sur la base suivante :

  • Il maintint la neutralité pendant la Première Guerre mondiale, mais avec de forts appels aux pays belligérants des deux camps.
  • En 1917, il convoqua un Congrès des nations latino-américaines non belligérantes pour définir une position commune face à la Première Guerre mondiale, qui échoua suite à la forte opposition des États Unis.
  • Face au traité de Versailles et à la création de la Société des Nations, la position fut de soutenir la séparation des deux actes, avec l'idée que le Traité était un problème limité aux pays qui s'étaient battus, mais que la SDN devait être une association égalitaire et volontaire de toutes les nations du monde.

Politique du travail

Celle-ci fut fort contradictoire. D'un côté Yrigoyen fit voter les lois du travail et demanda au Congrès un projet de code du travail, réclamé depuis des lustres par le Parti Socialiste et le mouvement ouvrier; il agit souvent comme médiateur dans des conflits. Mais d'un autre côté il eut des relations conflictuelles avec le Parti Socialiste et avec le secteur majoritaire du mouvement ouvrier, lui déniant le droit de représenter les travailleurs argentins lors de la fondation de l'OIT (1919).

Il réprima parfois durement. C'est sous son gouvernement qu'eurent lieu les plus grands massacres ouvriers de l'histoire du pays: la Semaine Tragique de 1919 et les fusillades de Patagonie en 1921/1922.

[modifier] Le gouvernement de Marcelo T. de Alvear (1922-1928)

Elu comme successeur d'Yrigoyen et faisant parie du même parti que lui, Marcelo T. de Alvear n'eut rien de plus pressé à faire que de prendre le contrepied de la politique de son prédécesseur. Ce qui entraîna une violente lutte politique entre les deux hommes. Ceci causa une profonde division interne dans l'Union civique radicale entre personnalistes ou yrigoyenistes, et anti-personnalistes partisans d'Alvear. Chaque secteur du parti présenta son propre candidat aux élections suivantes. Les anti-personnalistes présentèrent comme candidat à la présidence Leopoldo Melo, et les personnalistes présentèrent à nouveau Hipólito Yrigoyen.

[modifier] Second mandat d'Hipólito Yrigoyen (1928-1930)

Ce fut Yrigoyen qui gagna avec 60 % des voix. Le nouveau gouvernement s'assembla le 12 octobre 1928. En 1929 se produisit la Grande Dépression mondiale. Le radicalisme, avec Yrigoyen à sa tête, ne put pas répondre à la crise. La bagarre était totale entre les deux ailes du parti radical, et on vit rarement un tel niveau de violence politique dans l'histoire du pays depuis la fin des guerres civiles.

Le 6 septembre 1930 le général José Félix Uriburu renversa le gouvernement constitutionnel, initiant une série de coups d'État et de gouvernements militaires qui se prolongerait jusqu'en 1983 et, fait plus grave encore, écrasant par la force tous les gouvernements issus d'élections libres lors d'un vote populaire.

[modifier] Juan Perón et le Péronisme

Juan Domingo Perón Président
Juan Domingo Perón Président

Les militaires organisèrent un "Putsch" en 1943. Juan Domingo Perón, un colonel de l'armée, participa à ce coup d'État et devint ministre de l'emploi, puis vice-président du pays. Il est à noter que l'Argentine resta neutre lors de la Seconde Guerre mondiale jusqu'en 1944 mais déclara la guerre à l'Allemagne et au Japon dès cette année. Entretemps la popularité de Juan Perón augmenta rapidement, au point d'inquiéter sérieusement ses adversaires ainsi que l'ambassade américaine. Il fut forcé de démissionner le 9 octobre 1945, arrêté et emprisonné sur l'île Martín García. Mais d'imposantes manifestations populaires, organisées par la CGT d'Angel Borlenghi; aboutirent à sa libération le 17 octobre 1945. On peut dater de ce jour la naissance du mouvement du péronisme.

Il gagna, le 20 février 1946, les élections présidentielles. Il mena une politique favorable aux ouvriers, favorisant le développement des syndicats. Il nationalisa aussi les voies de communication appartenant jusqu'alors aux étrangers.

Perón avait de l'admiration pour Benito Mussolini et Franco, son style gouvernemental s'inspira donc d'eux. Le pays accueillit plusieurs milliers de criminels nazis, dont des SS de haute importance dans le IIIe Reich. Son épouse Eva Perón, surnommée « Evita », une ancienne actrice d'origine modeste, fut très populaire auprès des pauvres : elle était à la tête d'une organisation de charité. Les femmes obtinrent le droit de vote en 1947. Elle mourut en 1952 d'un cancer.


Article détaillé : Péronisme.

[modifier] Les années de violence et d'instabilité (1955 à 1976)

Le 6 septembre 1955 les militaires sous le commandement du général Eduardo Lonardi destituèrent Perón et établirent la Révolution libératrice (Revolución Libertadora).

[modifier] La "Révolution Libératrice" des militaires

Peu après, le général Pedro Eugenio Aramburu remplaça Lonardi, prit le titre de président et abolit la Constitution nationale réformée en 1949. Le parti péroniste ou justicialiste fut mis hors-la-loi. Un long cycle de violence et de conflits internes commençait.

En 1956, le gouvernement militaire ordonna l'exécution de 31 militaires et civils péronistes qui auraient tenté un coup d'État.

En 1957 on fit des élections pour réformer la Constitution argentine, avec le péronisme maintenu dans l'illégalité. L'Unión Cívica Radical del Pueblo, de Ricardo Balbín, obtint la première place. L'Unión Cívica Radical Intransigente, d'Arturo Frondizi, soutenait que l'abolition de la constitution et la convocation d'une constituante sans les péronistes étaient des actions illégales et quitta l'assemblée constituante. Celle-ci valida l'abolition de la constitution de Perón de 1949 et rétablit celle de 1853 en y ajoutant une réforme concernant la protection du travail.

[modifier] Présidence de Frondizi (1958-1962)

En 1958 Arturo Frondizi, leader de l'Unión Cívica Radical Intransigente et qui avait un projet de développement du pays, gagna les élections présidentielles avec l'appui du péronisme toujours illégal, mais bien actif.

[modifier] Coup d'État militaire et présidence de Guido (1962-1963)

Le gouvernement de Frondizi fut destitué en 1962 par un nouveau coup d'État militaire, après que le parti péroniste eût remporté une série d'élections provinciales. Au cours de la grande confusion qui régnait alors, la Cour Suprême désigna José María Guido, alors président provisoire du Sénat, comme nouveau président de la Nation. Et cette décision fut avalisée par la junte militaire.

[modifier] La présidence d'Illia (1963-1966)

Article détaillé : Arturo Umberto Illia.
Arturo Illia reçoit le Président français, Charles de Gaulle. (Photo de Clarín du 4 octobre 1964)
Arturo Illia reçoit le Président français, Charles de Gaulle. (Photo de Clarín du 4 octobre 1964)

Le 7 juillet 1963, eurent lieu de nouvelles élections présidentielles, toujours avec proscription des péronistes. Elles furent remportées par Arturo Umberto Illia, candidat de l'Unión Cívica Radical del Pueblo.

Les résultats furent:

  • Unión Cívica Radical del Pueblo (Arturo Illia - Carlos Perette): 2.440.536 suffrages
  • Unión Cívica Radical Intransigente (Oscar Alende - Celestino Gelsi): 1.592.872 suffrages
  • Unión del Pueblo Adelante (Général Pedro Eugenio Aramburu - Horacio Thedy): 726.663 votes
  • Votes en blanc: 1.694.718

Au sein du collège électoral, la formule d'Arturo Illia obtint 270 votes sur 476 grands électeurs, le 31 juillet 1963.

Son premier acte consista à éliminer les restrictions et proscriptions pesant sur le péronisme. En 1965 le gouvernement convoqua des élections législatives qui amenèrent un triomphe électoral de ces derniers avec 3.278.434 votes contre 2.734.970 pour l'Unión Cívica Radical del Pueblo.

Les trois années du mandat d'Illia se soldèrent par un succès économique certain. Le Produit intérieur brut s'accrut de quelques 17,5 % de 1963 à 1965. L'évolution de la production industrielle s'éleva à près de 30 %. La dette extérieure diminua notablement. Quant au taux de chômage, il régressa de 8,8 % en 1963 à 5,2 % en 1966.

Arturo Illia abandonnant la Casa Rosada après son renversement. (Photo de la Revue Gente)
Arturo Illia abandonnant la Casa Rosada après son renversement. (Photo de la Revue Gente)

Cependant le triomphe du péronisme créa de sérieux remous au sein des forces armées dont une partie était liée aux péronistes, pendant qu'une autre leur était farouchement opposée.

À cela s'ajouta une intense campagne de dénigrement impulsée par des secteurs économiques au travers de certains médias. Ces journalistes surnommaient Illia "la tortuga" (la tortue), critiquant sa gestion comme timorée et incitant les militaires à le démettre, ce qui contribua à aggraver la faiblesse politique réelle du gouvernement.

Le général Julio Alsogaray planifia un coup d'État qui devait amener au pouvoir le général Juan Carlos Onganía. L'idée du coup était soutenue par des factions militaires, mais aussi par des secteurs du syndicalisme et même par des politiciens comme Oscar Alende et l'ex-président Arturo Frondizi.

Et ainsi, le 28 juin 1966, se produisit ce coup d'État, au milieu de l'indifférence générale. Le général Alsogaray se présenta à 5 heures au bureau présidentiel de la Casa Rosada et somma Illia de se retirer. Celui-ci refusa, mais quelques temps après, le palais fut envahi par des policiers munis de pistolets lance-gaz, et entouré par des troupes armées. Illia dut se retirer et le lendemain Onganía le remplaçait.

[modifier] Dictature militaire (1966-1973)

Cela conduisit à une petite série de généraux-présidents profondément détestés (Onganía, Levingston et Lanusse -tous de facto-) et, sauf le dernier, tyranniques et imposés par l'armée. Il régnait en Argentine une atmosphère de perpétuelles protestations des péronistes, et une guérilla urbaine se développa (Montoneros - rapt et exécution d' Aramburu). Finalement, Alejandro Lanusse, investi en 1971, tenta de rétablir la démocratie par des élections.

[modifier] Le retour de Juan Domingo Perón

Lanusse organisa donc des élections générales le 11 mars 1973, et cela pour la première fois depuis dix ans. Juan Perón ne pouvait pas y participer; les Argentins élirent donc Héctor José Cámpora président, avec toutefois un taux d'abstention énorme. Campora démissionna en juillet 1973 et de nouvelles élections furent organisées. Perón remporta les élections et devint à nouveau président en octobre de la même année, aux côtés de sa troisième épouse et vice-présidente, Isabel Martínez de Perón, après plusieurs années d'exil en Espagne. Les extrémistes, tant de droite que de gauche, organisèrent des attentats terroristes et le gouvernement prit des mesures d'urgence, sous forme de décrets. Le gouvernement pouvait ainsi emprisonner des suspects pour une période indéterminée.

Perón mourut le 1er juillet 1974. Son épouse devint présidente, mais elle dut faire face à de graves problèmes économiques, aux luttes intestines dans son parti politique, et à l'escalade des attentats terroristes.

[modifier] Guerre sale

Article détaillé : Guerre sale.

Maria Estela Isabel Martínez de Perón fut finalement évincée par le coup d'État du 24 mars 1976. Une junte militaire gouverna le pays jusqu'au 10 décembre 1983 durant ce que l'on appelle la guerre sale.

Videla, Viola et Galtieri se succédèrent à la tête de la junte. Les services secrets argentins, conjointement à ceux du Chili, de la Bolivie, du Brésil, du Paraguay et de l'Uruguay, instituèrent une répression violente, nommée Opération Condor, au cours de laquelle ils systématisèrent les arrestations, assassinats, tortures et enlèvements politiques. Les militaires prirent des mesures sévères contre les "terroristes" et les personnes qu'ils soupçonnaient de soutenir les terroristes. Ces "terroristes" appartenaient pour la plupart à la jeunesse militante de gauche. Entre 10 000 et 30 000 personnes auraient disparu entre 1973 et 1983, sans compter les centaines d'enfants et de bébés (nés dans les prisons clandestines) de ces personnes qui ont été soustraits à leur famille naturelle et adoptés sous de faux noms par des militaires et ceux qui les appuyaient. La plupart de ces enfants sont toujours recherchés par leurs grands-parents. Le Mouvement des mères de la place de Mai s'est constitué en 1977 pour dénoncer les disparitions et les assassinats.

Durant cette période eut lieu la guerre des Malouines qui opposa la junte argentine au Royaume-Uni, sur la souveraineté des Îles Malouines (Falklands islands en anglais), entre mars et juin 1982.

[modifier] Retour à la démocratie

Raul Alfonsin
Raul Alfonsin

Des élections furent organisées le 30 octobre 1983 pour renouveler le président, le vice-président, les gouverneurs de province et représentants locaux. Les observateurs internationaux approuvèrent ces élections. Raúl Alfonsín, du parti radical, remporta les élections présidentielles avec 52% des voix. Son mandat de 6 ans débuta le 10 décembre 1983.

Carlos Menem fut élu en 1989, Alfonsín se retirant du pouvoir 6 mois avant la fin de son mandat en raison du mécontentement des Argentins. Menem fit modifier la constitution, les réélections étant désormais permises, mais la durée du mandat ramenée de 6 ans à 4 ans.

Menem se fit réélire le 14 mai 1995, puis Fernando de la Rua de l'Union civique radicale lui succéda en 1999.

Carlos Menem participa aux élections présidentielles de 2003, remporta plus de 20% des voix au premier tour et fut ainsi qualifié pour le second tour. Néanmoins, il refusa de participer au second tour. Certains expliquent cet abandon par le fait que les sondages le donnaient largement perdant.

Évènements:

  • Octobre 1983 : Retour à la démocratie, suite à la victoire du candidat radical Raúl Alfonsín.
  • Décembre 1983 : Investigation sur le terrorisme d'État.
  • Avril 1985 : Procès des anciens combattants militaires.
  • Décembre 1986 : Loi de Punto Final. Suspension des procès contre les militaires.
  • Juin 1988 : Loi de Obedienca Debida (« Obéissance due ») qui absout de toute responsabilité les militaires chargés de la répression.
  • Mai 1989 : Carlos Menem est élu à la présidence de la république.
  • Novembre 1989 : Le président Menem proclame l'amnistie générale.
  • Fin 2001, une grave crise économique secoue le pays. Le FMI oblige l'État argentin à rembourser sa dette.
    • le 1er novembre 2001, le président Fernando de la Rúa prend une décision qui aura un impact important : fermer l'accès des particuliers à leurs comptes courants bancaires. S'ensuivent des émeutes qui font des dizaines de morts.
    • Plusieurs ministres de l'économie démissionnent et se succèdent, notamment Jorge Remes Lenicov, puis Roberto Lavagna.
    • En l'espace de quelques semaines, plusieurs présidents : Fernando de la Rúa démissionne le 20 décembre. Puis Adolfo Rodríguez Saá. Et Eduardo Duhalde (février 2003)…
  • Juillet 2005 : abrogation, par la cour suprême, des lois de Punto Final et Obedencia Debida

[modifier] XXIe siècle, Kirchner et les premiers changements

Article détaillé : Néstor Kirchner.

Le 25 mai 2003, Néstor Kirchner accède au pouvoir et commence à prendre des mesures importantes pour le changement, comme lever l'immunité des criminels qui répandirent le sang dans le pays pendant les périodes de dictature. Mais le pays reste étranglé par sa dette extérieure, 20 millions de personnes sont toujours sous le seuil de pauvreté avec un chômage record. Cette population à déjà commencé a s'organiser avant Kirchner indépendamment de l'État, on les appelle les piqueteros. Ils organisent petit à petit leur autonomie alimentaire et éducative, refusant parfois toute aide de l'État.

Le gouvernement de Kirchner a tenté de sortir de la dette extérieure maintenue par les transnationales des États-Unis ou de l'Europe, soutenues par le FMI. Devant leurs réticences, il leur a imposé un accord (sous la menace du tout ou rien), réduisant la dette de 70%, et l'échelonnant sur 42 ans. De plus, il en a converti une grande part en bons du Trésor.

L'Argentine est le premier producteur mondial de soja, majoritairement transgénique, et acheté à des firmes des États-Unis, contrairement à son homologue vénézuelien qui a décidé d'interdire toute plantation transgénique et de redistribuer les terres non cultivées aux paysans sans terre, pour réduire la dépendance alimentaire et la dette extérieure.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Lewis, Paul H, Guerrillas and generals: the "Dirty War" in Argentina, Westport, Praeger, 2002.
  • Luna, Félix , Conflictos y armonías en la historia argentina, Buenos Aires, Grupo ed. Planeta, 1989.
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  • Bruno, Cayetano, La Evangelización del aborigen americano con especial referencia a la Argentina, Buenos Aires, El Derecho, 1988.
  • Busaniche, José Luis, Historia argentina, Buenos Aires, Solar, 1984.
  • Carril, Bonifacio del, Los indios en la Argentina: 1536-1845 : según la iconografia de la época, Buenos Aires, Emecé ed., 1992.
  • Christensen, Juan Carlos, Historia argentina sin mitos : de Colón a Perón, Buenos Aires, Grupo ed. latinoamericano, 1990.
  • Collectif, Historia de la Argentina, Barcelone, Critica, 2001.
  • Deutsch, Sandra McGee , Counterrevolution in Argentina, 1900-1932: the Argentine patriotic league, University of Nebraska press, 1986.
  • Espinosa Moraga, Óscar , El precio de la paz chileno-argentina: 1810-1969, Santiago de Chile, Nascimento, 1969.
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  • Levillier, Roberto, La Argentina del siglo XVI, Buenos Aires, Espasa-Calpe, 1943.
  • Martínez Sarasola, Carlos, Nuestros paisanos, los indios: vida, historia y destino de las comunidades indígenas en la Argentina, Buenos Aires, Emecé, 1993.
  • Rapoport, Mario, Crisis y liberalismo en la Argentina, Buenos Aires, Editores de América latina, 1998.
  • Sturzenegger-Benoist, Odina, L'Argentine, Paris, Éd. Karthala, 2006.
  • Wright, Ione Suessie, Diccionario histórico argentino, San Pablo, Emecé ed., 1994.

[modifier] Liens externes

La situation actuelle à travers quelques textes:

[modifier] Références


Amérique latine | Argentine | Histoire

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