Che Guevara
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Che Guevara | |
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Nom : | Ernesto Rafael Guevara de la Serna |
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Naissance : | 14 juin 1928 Rosario, Argentine |
Décès : | 8 octobre 1967 (à l'âge de 39 ans) La Higuera, Bolivie |
Profession : | Homme politique Médecin |
Occupation : | Révolutionnaire marxiste |
Photo : Che Guevara ministre de l'industrie de Cuba, 1963 |
Ernesto Rafael Guevara de la Serna, plus connu sous le nom de Che Guevara ou Le Che (prononcer « tché »), né le 14 juin 1928 à Rosario, Argentine et exécuté le 8 octobre 1967 à La Higuera (Bolivie), est un révolutionnaire marxiste et homme politique d'Amérique latine, dirigeant de la guérilla internationaliste cubaine.
Alors qu'il est jeune étudiant en médecine, Guevara voyage à travers l'Amérique latine, ce qui le met en contact direct avec la pauvreté, dans laquelle beaucoup de gens vivent alors. Son expérience et ses observations pendant ces voyages l'amènent à la conclusion que les inégalités socio-économiques peuvent seulement être changées par la révolution. Cette conclusion le pousse à intensifier son étude du marxisme et à voyager au Guatemala afin d'apprendre des réformes entreprises par le président Jacobo Arbenz Guzmán, renversé quelques mois plus tard par un coup d’État appuyé par la CIA.
Peu après, Guevara rejoint le mouvement du 26 juillet, un groupe paramilitaire dirigé par Fidel Castro. Après plus de deux ans de guérilla, ce groupe prend le pouvoir à Cuba en renversant le dictateur Fulgencio Batista en 1959. Guevara occupe ensuite plusieurs postes importants dans le gouvernement cubain, échouant en partie dans l'industrialisation du pays, et écrit plusieurs ouvrages sur la pratique de la révolution et de la guérilla. En 1965, il quitte Cuba avec l'intention d'étendre la révolution au Congo-Léopoldville, sans succès, puis en Bolivie où il est capturé et exécuté sommairement par l'armée Bolivienne entraînée et guidée par la CIA. [1], [2],[3]
Après sa mort, Che Guevara est devenu une icône pour les mouvements révolutionnaires marxistes du monde entier. Une photo de lui par Alberto Korda est considérée comme une des plus célèbres au monde[4].

[modifier] Biographie
[modifier] Sa jeunesse
Ernesto Guevara de la Serna naît le 14 juin 1928 à Rosario, Argentine, de Ernesto Guevara Lynch et Celia de La Serna, tous deux d'ascendance basque, irlandaise et espagnole. Il se pourrait que sa date de naissance officielle ait été reculée d'un mois pour éviter un scandale, car trop proche du mariage.
Ses parents font partie d'une aristocratie souvent désargentée penchant vers des idées de gauche non autoritariste, s'opposant notamment à Perón et à Hitler. La tante d'Ernesto, qui a élevé sa mère à la mort prématurée de leurs parents, est communiste.
Aîné de 5 enfants, il vit d'abord à Córdoba, la seconde ville du pays.
Dès l'âge de trois ans, il apprend le jeu d'échecs auprès de son père et commence à participer à des tournois dès 12 ans[5]. Sa mère lui enseigne le français qu'il parlera couramment.
Ernesto Guevara de la Serna se fait rapidement connaitre pour ses opinions radicales même à un âge pourtant précoce. Il admire Francisco Pizarro et voudrait être un de ses soldats[6].
Toute sa vie, il subit de violentes crises d’asthme, qui l'accablent dès l'enfance. Il affronte cette maladie et travaille afin de devenir un athlète accompli. Malgré l'opposition de son père, il devient joueur de rugby. Il gagne alors le surnom de « fuser », (une contraction de furibundo (« furibond ») et du nom de famille de sa mère, « Serna ») à cause de son style de jeu agressif [7] .
Durant son adolescence, il met à profit les périodes de repos forcés de ses crises d'asthme pour étudier la poésie et la littérature, depuis Pablo Neruda en passant par Jack London, Emilio Salgari et Jules Verne, jusqu'à des essais sur la sexualité de Sigmund Freud ou des traités sur la philosophie sociale de Bertrand Russell. Il écrit des poèmes (parfois parodiques) tout au long de sa vie comme cela est courant chez les latino-américains de son éducation. Il développe également un grand intérêt pour la photographie.
En 1948, il entreprend des études de médecine à Buenos Aires. Durant cette période, il songe à se marier avec une fille de la haute société argentine et à s'établir, mais il ne peut mener ce projet à bien à cause de l'opposition de la famille de cette dernière, de sa propre personnalité déjà jugée anticonformiste, et de son désir grandissant de voyages et de découvertes.
[modifier] Premier voyage latino-américain
En 1951, son vieil ami d'extrême gauche Alberto Granado, biochimiste, lui suggére de prendre une année sabbatique. De cette façon, ils peuvent concrétiser le voyage dont ils parlent depuis longtemps, traversant l'Amérique du Sud sur une vieille moto Norton 500 cm³ surnommée « La puissante » (La poderosa en espagnol) dans des conditions souvent précaires (dormant souvent volontairement dans la cellule d'un commissariat), avec pour objectif de passer quelques semaines comme volontaires dans la léproserie de San Pablo sur les bords de l'Amazone au Pérou. Guevara relate cette épopée dans Diarios de motocicleta : Notas de viaje por América Latina[8].

Au travers de ses propres observations de la pauvreté et de l'impuissance des masses, et influencé par ses lectures marxistes, il conclut que le seul remède aux inégalités sociales de l'Amérique latine est la révolution par les armes. Il en est conduit à considérer l'Amérique latine non comme un ensemble de nations distinctes mais comme une entité économique et culturelle requérant une "stratégie continentale de libération". Cette conception bolivarienne d'une Amérique latine unie et sans frontière partageant une culture métisse (mestizo) est un thème qui reviendra de manière importante dans ses activités révolutionnaires ultérieures. De retour en Argentine, il termine ses études le plus rapidement possible afin de poursuivre son périple en Amérique du Sud et reçoit son diplôme le 12 juin 1953.
[modifier] Deuxième voyage latino-américain et Guatemala
Le 7 juillet 1953, il entreprend un long périple à travers la Bolivie, le Pérou, l'Equateur, le Panama, le Costa Rica, le Nicaragua, le Honduras, El Salvador puis le Guatemala.
En Bolivie, il participe à l'été 1953 à la révolution sociale populiste du MNR, puis s'en détache avec indignation, estimant que cette révolution sociale reste entachée d'inégalités racistes.
Il arrive fin décembre 1953 au Guatemala, où le président de gauche Jacobo Arbenz Guzmán, dirige un gouvernement populiste qui, au travers d'une réforme agraire et d'autres initiatives, tente d'éliminer un système de latifundia dominé par les États-Unis.
Dans une lettre à sa tante Beatriz, Ernesto Guevara explique sa motivation à s'établir dans ce pays : « Au Guatemala, je me perfectionnerai et accomplirai tout ce qui est nécessaire pour devenir un vrai révolutionnaire. » [9].
Peu après son arrivée à Guatemala Ciudad, Guevara rencontre Hilda Gadea Acosta, une économiste péruvienne qui vit et travaille au Guatémala, sur les conseils d'un ami qui leur est commun. Gadea, qu'il épousera plus tard, a de nombreux contacts politiques en tant que membre du American Popular Revolutionary Alliance (APRA) socialiste, dirigé par Víctor Raúl Haya de la Torre. Elle présente Guevara à de nombreux responsables de haut niveau du gouvernement Arbenz, mais lui permet aussi de renouer le contact avec un groupe d'exilés cubains qu'il a déjà rencontrés au Costa-Rica, membres du mouvement du 26 juillet de Fidel Castro. Guevara joint ces « moncadistas » dans la vente d'objets religieux liés au Christ noir d'Esquipulas, et est aussi assistant de deux spécialistes vénézuéliens de la malaria à l'hôpital local.
Les tentatives d'Ernesto Guevara d'obtenir un internat ne sont guère fructueuses et sa situation financière devient très précaire, ce qui l'amene à vendre certains bijoux d'Hilda.
C'est pendant cette période qu'il obtient son surnom célèbre de « Che », à cause de son utilisation intensive de l'interjection argentine « che », qui signifie approximativement « hé », « mon pote » ou « mec » tel qu'employé familièrement en français. L'Argentine, l'Uruguay, et le sud du Brésil forment la seule zone géographique (Rioplatense) où cette expression est utilisée.
La situation politique change radicalement à partir du 15 mai 1954, quand une livraison d'armes et d'artillerie légère Skoda arrive de la Tchécoslovaquie communiste à Puerto Barrios à destination du gouvernement Arbenz, à bord du bateau suédois Alfhem. La quantité d'armes est alors estimée à 2000 tonnes par la CIA[10] et seulement 2 tonnes par Jon Lee Anderson[11].
Ernesto Guevara se rend brièvement au Salvador pour renouveler son visa, et retourne au Guatemala quelques jours avant la tentative de coup d’État de Carlos Castillo Armas appuyé par la CIA qui soupçonne le président Arbenz d'être communiste[12].
Les forces anti-Arbenz qui viennent du Honduras ne réussissent pas à arrêter le transbordement des armes. Après une pause pour se regrouper, la colonne de Castillo Armas reprend l'initiative, aidée d'un soutien aérien américain[13].
Guevara a hâte de combattre pour Arbenz et rejoint dans un premier temps une milice créée par les jeunesses communistes. Frustré par l'inaction de ce groupe, il revient à la médecine. Alors que le coup d'État est en passe de réussir, il redevient volontaire au combat mais en vain : Arbenz trouve refuge dans l'ambassade mexicaine et demande à ses partisans de quitter le pays.
Après l'arrestation de Hilda, il se met sous la protection du consulat argentin où il reste jusqu'à ce qu'il reçoive un sauf-conduit quelques semaines plus tard. À ce moment, il décline un vol gratuit pour l'Argentine que lui propose l'ambassade, préférant se diriger vers le Mexique.
Le renversement du régime démocratiquement élu d'Arbenz par un coup d’État appuyé par la CIA (opération PBSUCCESS) renforçe la vue qu'Ernesto Guevara avait des États-Unis comme une puissance impérialiste qui s'opposerait implacablement à tout gouvernement qui essaierait de corriger les inégalités socioéconomiques endémique à l'Amérique du Sud et aux autres pays en voie de développement[réf. nécessaire]. Il devient définitivement convaincu que le socialisme atteint à travers le combat et défendu par une population armée est le seul moyen de rectifier une telle condition.
[modifier] Mexique
Che Guevara arrive à Mexico début septembre 1954. Il retrouve peu après Ñico López et d'autres exilés cubains qu'il a connu quelques années plus tôt au Guatemala. En juin 1955 López le présente à Raúl Castro. Quelques semaines plus tard, Fidel Castro arrive à Mexico après avoir été amnistié d'une peine de prison à Cuba. Le 8 juillet 1955, Raúl présente Guevara à son frère ainé. Après une conversation d'une nuit entière, le Che devient convaincu que Fidel est le dirigeant révolutionnaire inspiré qu'il cherche et il rejoint immédiatement le mouvement du 26 juillet qui tente de renverser le gouvernement du dictateur Fulgencio Batista.
Initialement désigné comme médecin du groupe, le Che participe à l'entrainement militaire avec les autres membres du mouvement, à la fin duquel il est désigné par leur instructeur le colonel Alberto Bayo comme la meilleure recrue[14].
Entre temps, Hilda Gadea est arrivée à Mexico et reprend sa liaison avec Guevara. Durant l'été 1955 elle l'informe qu'elle est enceinte, et il lui demande immédiatement le mariage. Leur fille, Hilda Beatríz, nait le 15 février 1956[15].
[modifier] Guerilla et Révolution cubaine
[modifier] Une arrivée désastreuse
Il fait alors partie des 82 hommes (un des quatre non-cubain de l'expédition) qui partent avec Castro en novembre 1956 pour Cuba, sur un petit yacht appelé Granma. Ils sont attaqués juste après leur débarquement par l'armée de Batista qui a eu vent de l'expédition. Le chiffre exact n'est pas connu mais il est certain que pas plus d'une vingtaine d'hommes survivent à l'expédition, les autres étant soit tués au combat, soit exécutés sommairement.
Le Che écrira plus tard que pendant cette confrontation il dut abandonner son sac d'équipement médical pour ramasser une caisse de munition abandonnée par un des ses compagnons en fuite. Plus tard il se rappellera que ce moment aura été la marque de sa transition de médecin à combattant[16].
[modifier] Sierra Maestra, un début difficile
Les rebelles survivants se regroupent et fuient dans les montagnes de la Sierra Maestra pour lancer une guérilla contre le régime de Batista. Là, ils sont soutenus par les paysans locaux (guajiros ou montunos) qui souffrent d'abord du régime de Batista, et puis de la répression politique lancée contre la guérilla et ses partisans réels ou supposés qui les affectent directement. Che Guevara agit comme médecin et combattant, en dépit de nombreuses crises d'asthme dues au climat. Le Che souligne l'importance de se faire accepter par la population en fournissant des soins dans les villages isolés ou en alphabétisant les nouvelles recrues au cœur de la jungle.
Leurs forces (en armes et en recrues) augmentent avec le soutien logistique de la partie urbaine du mouvement de 26 juillet (non communiste, le partido socialista popular cubain n'aide Castro qu'à partir du moment où ils sont certains de sa victoire, mi-1958) et des États-Unis (qui voient en Castro un bonne alternative au régime corrompu de Batista et auxquels Castro a dissimulé ses objectifs communistes). L'existence de deux parties dans le mouvement sera très importante dans le futur et créera de nombreuses tensions. Les dirigeants urbains les plus importants étaient Frank País, Vilma Espín, Celia Sánchez, Faustino Pérez, Carlos Franqui, Haydee Santa María, Armando Hart, René Ramos Latour (Daniel), majoritairement démocrates et anti-communistes.
Guevara se montre très strict face aux actes d'indiscipline, de trahison et les crimes, pas seulement pour sa propre troupe mais aussi envers les soldats ennemis et les paysans qui habitent la zone. Cette partie de sa personnalité est mis en évidence le 17 février 1957, quand les guerillos découvrent que l'un d'entre eux, Eutimio Guerra, est un traitre qui avait donné la localisation du groupe, ce qui avait permis à l'armée régulière de bombarder leur position sur le pic de Caracas et ensuite de les embusquer sur les hauteurs de Espinosas, mettant les rebelles au bord de la déroute. Fidel Castro décida donc qu'il soit fusillé pour trahison, mais sans indiquer qui devait l'exécuter. Devant l'indécision générale qui s'ensuivit, ce fut le Che qui l'exécuta sommairement, démontrant une froideur et une dureté face aux crimes en période de guerre qui le rendirent célèbre [17]. Au contraire, Guevara parait tolérant face aux erreurs involontaires de ses propres troupes et face aux prisonniers ennemis. De nombreuses fois il intervient auprès de Fidel Castro pour éviter des exécutions[18]. Il soigne lui-même les soldats ennemis et interdit formellement la torture ou l'exécution des prisonniers, qu'il protège avec la même vigueur qu'il a à chatier les traîtres[19][20].
Durant les premiers mois de 1957 le petit groupe de guerrilleros se maintient de manière précaire, avec un appui rare de la population locale. Il est poursuivit par un réseau de paysans espions (chivatos), par les troupes du gouvernement et doit de plus lutter contre les infiltrations et améliorer la discipline militaire. Il y eût une succession de petits combats et d'escarmouches avec peu de pertes de part et d'autre[réf. nécessaire].
Fin février parait dans le New York Times, le journal le plus lu des États-Unis, une interview de Fidel Castro realisée par Herbert Matthews dans la Sierra Maestra. L'impact est énorme et commence à générer une grande sympathie envers les guerrilleros dans l'opinion publique nationale et internationale. Le 28 avril c'est une conférence de presse au sommet du pico Turquino, la montagne la plus haute de Cuba, pour CBS.
Fin mai, l'effectif des guerilleros augmente, atteignant 128 combatants bien armés et entrainés. Le 28 mai se produit une première action d'ampleur, l'attaque de la caserne de El Uvero où meurent 6 guerrilleros et 14 soldats avec une grande quantité de blessés des deux côtés. Après le combat, Fidel Castro prend la décision de laisser la charge des blessés à Che Guevara pour ne pas ralentir le groupe principal devant la poursuite des troupes gouvernementales. Guevara s'occupe alors des blessés des deux camps et parvient à un accord sur l'honneur avec le médecin de la caserne afin de laisser sur place les blessés les plus graves à la condition qu'ils soient emprisonnés de manière respectable, pacte que l'armée gouvernementale aura respecté[21].
Le Che et quatre hommes (Joel Iglesias, «Cantinflas», «Vilo» et un guide) doivent alors cacher, protéger et soigner sept guerilleros blessés pendant cinquante jours. Dans ce laps de temps, Guevara non seulement les aura tous soignés et protégés, mais aura de plus maintenu la discipline du groupe, recruté neuf autres guerilleros, obtenu le soutien décisif du régisseur d'une grande propriété rurale de la région et établi un système d'approvisionnement et de communication avec Santiago de Cuba. Quand il rejoint le reste des troupes le 17 juillet, le Che est à la tête d'un groupe autonome de 26 hommes. Les rebelles tiennent alors un petit territoire à l'ouest du Pico Turquino avec 200 hommes disciplinés et un bon moral. Fidel Castro décide alors de former une deuxième colonne de 75 hommes, qu'il appellera ensuite quatrième colonne pour tromper l'ennemi sur la quantité de ses troupes. Il promeut Che Guevara au grade de capitaine, puis cinq jours après le désigne commandant de cette colonne. Avant cela seul Fidel Castro avait le grade de commandant. À partir de ce moment les guerilleros doivent l'appeler "Comandante Che Guevara".
[modifier] Commandant de la quatrième colonne

La colonne contient alors quatre pelotons dirigés par Juan Almeida, Ramiro Valdés, Ciro Redondo et Lalo Sardiñas comme commandant en second. Peu après vient Camilo Cienfuegos en remplacement de Sardinas qui a tué accidentellement un de ses hommes en le menaçant, dont l'exécution a été votée par les guerilleros à une étroite majorité, mais qui a été épargné et dégradé par Guevara. Une étroite amitié naîtra entre Cienfuegos et le Che.
Guevara se distingue en intégrant dans ses troupes de nombreux guajiros et Afro-cubains, qui constituent alors la catégorie de population la plus marginalisée du pays, à une époque ou le racisme et la ségregation raciale sont encore répandus y compris dans les propres rangs du mouvement du 26 juillet (en 1958, l'accès au parc central de Santa Clara était interdit aux personnes à la peau noire)[22].
Il baptise les nouvelles recrues qui intègrent sa colonne "descamisados", reprenant l'expression qu'Eva Perón utilisait pour s'adresser aux travailleurs argentins, aussi péjorativement appelés "cabecitas negras". Une de ces recrues, Enrique Acevedo, un adolescent de quinze ans que Guevara nommera chef de la commission disciplinaire de la colonne, aura plus tard écrit ses impressions de l'époque dans un journal :
- « Tous le traitent avec grand respect. Il est dur, sec, parfois ironique avec certains. Ses manières sont douces. Quand il donne un ordre on voit qu'il commande vraiment. Il s'accomplit dans l'action. »[23]
La quatrième colonne réussit, grâce à quelques victoires (Bueycito, El Hombrito), à prendre contrôle de la zone de El Hombrito pour y établir une base permanante. Ses membres y contruisent un hopital de campagne, une boulangerie, une cordonnerie et une armurerie afin d'avoir une infrastructure d'appui. Le Che lance le journal El Cubano Libre.
Une des fonctions de la colonne du Che est de détecter et éliminer les espions et les infiltrés ainsi que maintenir l'ordre dans la région, exécutant les bandits qui profitent de la situation pour assassiner, piller et violer, en se faisant souvent passer pour des guerilleros. La stricte discipline dans la colonne fait que de nombreux guerilleros demandent leur transfert sur d'autres colonnes [24], bien qu'en même temps le comportement juste et égalitaire de Guevara, la formation qu'il accorde à ses hommes, depuis l'alphabétisation jusqu'à la littérature politique complète, en fait un groupe fortement solidaire[25].
Les troupes du gouvernement dirigées par Ángel Sánchez Mosquera mènent une politique de guerre sale dans la région. Le 29 novembre 1957 ils attaquent les guerilleros causant deux morts, parmi eux Ciro Redondo. Le Che est blessé (au pied) de même que Cantinflas et cinq autres combattants. La base est complètement détruite et la colonne se repositionne dans un lieu appelé la mesa pour en construire une nouvelle. Elle créé la radio clandestine Radio Rebelde en février 1958. Radio Rebelde diffuse alors des informations pour la population cubaine mais sert aussi de lien entre les différentes colonnes réparties sur l'île[26]. Radio rebelde existe toujours aujourd'hui à Cuba.
Début 1958, Fidel Castro est devenu l'homme le plus solicité par la presse internationale et des dizaines de journalistes du monde entier viennent à la Sierra Maestra pour l'interviewer. De son côté Che Guevara est devenu pour la presse qui défend Batista le personnage central de la guerilla. Evelio Lafferte, un lieutenant de l'armée cubaine fait prisonnier, et qui ensuite est passé guerilleros dans la colonne du Che, se souvient :
- « La propagande contre lui (Guevara) était massive; on disait que c'était un tueur à gage, une criminiel pathologique..., un mercenaire qui prêtait ses services au communisme international... Qu'ils utilisaient des méthodes terroristes, qu'ils socialisaient les femmes qui quittaient alors leurs enfants... Ils disaient que les soldats fait prisonniers par les guerrilleros étaient attachés à un arbre et se faisaient ouvrir le ventre à la bayonnette. »[27]
En février, l'armée rafle 23 militants du mouvement du 26 juillet et les fusille sur les premiers contreforts de la Sierra Maestra, pour simuler une victoire contre la guerilla. Cet événement est un scandale pour le gouvernement de Batista. Le 16, la guerilla castriste attaque la caserne de Pino del Agua avec des pertes des deux côtés. Peu après arrive le journaliste argentin Jorge Masetti de tendance péroniste, qui sera un des fondateurs de l'agence de presse cubaine Prensa Latina et l'organisateur à Salta (Argentine) en 1963 de la première tentative de guerilla de Che Guevara hors de Cuba[28].
Le Che entre en conflit avec les dirigeants de la partie urbaine du mouvement du 26 juillet. Ceux-ci le considèrent comme un marxiste extrémiste avec trop d'influence sur Fidel Castro, et lui les considère de droite, avec une conception timide de la lutte et une disposition trop complaisante envers les États-Unis.
[modifier] L'offensive de Batista et la création de la huitième colonne
Le 27 février 1958, Fidel Castro amplifie les opérations de Guérilla en créant trois nouvelles colonnes dirigées par Juan Almeida, son frère Raúl Castro et Camilo Cienfuegos, qui devinrent commandants. Almeida devait agir dans la zone orientale de la Sierra Maestra, Raúl Castro devait ouvrir un deuxième front et s'installer dans la Sierra Cristal, au nord de Santiago de Cuba. En avril Camilo Cienfuegos fut désigné chef militaire de la zone entre les villes de Bayamo, Manzanillo et Las Tunas, alors que Castro établit son QG à La Plata.
Le 3 mai a lieu une réunion clef du mouvement du 26 juillet où Fidel Castro et la guérilla de la Sierra prennent le commandement sur la partie urbaine plus modérée. Che Guevara, qui eu un rôle important dans cette réorganisation, écrit un article en 1964 sur ces faits:
« Le plus important est que se jugeaient et s'analysaient deux conceptions qui s'affrontaient depuis le début de la guerre. La conception de la guérilla sortit triomphante de l'affrontement, consolidant le prestige et l'autorité de Fidel... Il apparut une seule capacité dirigeante, celle de la Sierra, et concrètement un seul dirigeant, un commandant en chef, Fidel Castro.[29] »
A ce moment, l'armée de Batista, sous les ordres du général Eulogio Cantillo prépare une offensive. Fidel Castro demande alors à Che Guevara de laisser la quatrième colonne et de prendre en charge l'école militaire de Minas del Frío pour l'entrainement des recrues. Le Che reçoit l'ordre de bon gré mal gré mais organise fébrilement cette arrière garde, construisant même une piste d'atterrissage près de La Plata. Camilo Cienfuegos lui écrit à cette époque: « "Che, mon frère d'âme: J'ai reçu ta note, je vois que Fidel t'as mis à la tête de l'école militaire, j'en suis heureux car de cette manière nous aurons dans le futur des soldats de première qualité, quand ils m'ont dit que tu venais "nous faire cadeau de ta présence", ça ne m'a pas plu beaucoup, tu as joué un rôle principal dans ce domaine; si nous avons besoin de toi dans cette étape insurrectionnelle, Cuba aura encore d'avantage besoin de toi quand la guerre se terminera, donc le géant à bien fait de prendre soin de toi. J'aimerais beaucoup être toujours à tes côtés, tu a été mon chef pendant longtemps et tu le seras toujours. Grâce à toi j'ai l'opportunité d'être maintenant plus utile, je ferai l'indicible pour ne pas te déshonorer. Ton éternel pote. Camilo. [30] »
A Minas del Frío il partagea la vie de Zoila Rodríguez García, une guajira qui vivait dans la Sierra Maestra et qui collaborait activement avec la guérilla comme toute sa famille. Dans une témoignage postérieur, Zoila raconte le genre de relation qu'ils eurent: « Il apparu en moi un amour très grand et très beau, je me compromit avec lui, pas seulement comme combattante mais aussi comme femme. Un jour, il me demanda de lui amener un livre de son sac à dos; Il avait des lettres dorées et je lui demandait si elles étaient d'or. La question lui plut, il rit et me répondit:"C'est un livre sur le communisme". Ca me donna de la peine de lui demander ce que voulait dire "communisme", parce que je n'avais jamais entendu ce mot.[31] »
Le 6 mai commence l'offensive de l'armée qui compte 10 000 hommes, dont deux tiers de conscrits. Le plan était de déloger avec des bombardements massifs au napalm et à l'explosif les guérilleros qui comptaient 280 hommes et quelques femmes, pour ensuite les encercler dans une nasse de plus en plus étroite. Pendant les premières semaines les forces gouvernementales sont presque au point de défaire la guérilla, qui subit de grande pertes et la désorganisation de ses filières, alors qu'augmente le sentiment de défaite et les désertions. De son côté Che Guevara organise une nouvelle colonne (la "huitième" et baptisé Ciro Redondo en hommage à un de ses lieutenant mort au combat l'année précédente) avec les recrues de l'école de Minas del frio. Quand le 26 juin, Raúl Castro séquestre de sa propre initiative 49 états-uniens, le Che critique sa conduite comme "un extrémisme dangereux" [32].
Cependant les troupes gouvernementales sont incapables de capturer les guérilleros qui se cachent en permanence et reprennent l'offensive. Le 20 juillet, ils obtiennent leur première grande victoire à Jigüe et le même jour la majorité des forces de l'opposition reconnaissent Fidel Castro comme commandant en chef. Le 28, la colonne du Che assiège les troupes du gouvernement à las Vegas, qui fuient alors, abandonnant leur poste. Le 30 meurt au combat René Ramos Latour, principal adversaire du Che au sein du mouvement, ce dernier écrit néanmoins dans son journal: « De profondes divergences idéologiques me séparaient de René Ramos et nous étions ennemis politiques, mais il a su mourir en accomplissant son devoir, en première ligne, et il est mort ainsi parce qu'il a senti une impulsion intérieure que je lui niait, et qu'à cette heure je doit rectifier.[33] »
Le 7 août 1958, l'armée commence son retrait en masse de la Sierra Maestra. La faiblesse de Batista se fait évidente et Fidel Castro décide alors d'étendre la guerre au reste de l'île. Che Guevara et Camilo Cienfuegos doivent marcher vers le nord pour diviser Cuba en deux et attaquer la ville stratégique de Santa Clara, clef pour la route vers La Havane. Fidel et Raúl Castro permanecerían en el Oriente para controlar la región y atacar finalmente Santiago de Cuba.
[modifier] Maquis de l'Escambray, bataille de Santa Clara et prise du pouvoir

Le 31 aout 1958 les colonnes de Che Guevara et Camilo Cienfuegos partent à pied vers l'ouest de Cuba. Ils mettent 6 semaines à arriver dans la zone de l'Escambray, dans la province de Las Villas, au centre de l'île, traversant 600km de zone marécageuse, poursuivit par les avions et les patrouilles du gouvernement.
Guevara installe son campement sur un relief inaccessible culminant à 630m. [34]. Il créé une nouvelle école militaire pour accueillir les nouvelles recrues, ainsi qu'une centrale hydro-électrique, un hôpital de campagne, des ateliers et une journal El Miliciano.
Dans la zone agissent d'autres forces de guérilla, comme le "Segundo Frente Nacional del Escambray" dirigé par l'espagnol Eloy Gutiérrez Menoyo, le "Directorio Revolucionario", le "Partido Socialista Popular" (communiste) ainsi que les forces locales du mouvement du 26 juillet dirigé par Enrique Oltuski. En général ces forces se querellent entre elles et l'unification est impossible. A ce moment, le Che rencontre Aleida March, une militante active du mouvement du 26 juillet anticommuniste, qui deviendra son épouse et avec qui il aura quatre enfants.
Le 3 novembre Batista réalise des élections afin d'atténuer l'opposition généralisée et construire une sortie électorale qui isolerait la guérilla. Ceux ci et les groupes de l'opposition demandent le boycott les élections qui n'ont qu'une faible participation, délégitimant le candidat élu, Andrés Rivero Agüero.
A Las Villas le Che Guevara termine de donner forme à la huitième colonne, plaçant aux postes clef des hommes de confiance, la plupart originaire de milieux modestes. Il y a les hommes de son escorte, Juan Alberto Castellanos, Hermes Peña, Carlos Coello («Tuma»), Leonardo Tamayo («Urbano») et Harry Villegas («Pombo»). Il y a aussi des soldats qui feront parti de son cercle le plus intime, comme Joel Iglesias, Roberto Rodríguez («el Vaquerito»), Juan Vitalio Acuna («Vilo»), Orlando Pantoja («Olo»), Eliseo Reyes, Manuel Hernández Osorio, Jesús Suárez Gayol («el Rubio»), Orlando Borrego. Beaucoup de ces hommes composent le célèbre commando suicide dirigé par «El Vaquerito», comprenant seulement des volontaires et chargé des missions les plus difficiles. [35]
Fin novembre les troupes du gouvernement attaquent la position de Che Guevara et de Camilo Cienfuegos. Les combats durent une semaine, à la fin duquel l'armée de Batista se retire en désordre et avec des beaucoup de pertes en hommes et en matériel. Les guérilleros contre-attaquent, suivant une stratégie d'isolement des garnisons du gouvernement, dynamitant les routes et ponts ferroviaires. Les jours suivants les régiments gouvernementaux capitulent un par un: Fomento, Guayos, Cabaiguán (ou le Che se fracture le coude), Placetas, Sancti Spíritus.
Ensuite la colonne de Cienfuegos va prendre Yaguajay, dans une bataille importante qui dure du 21 au 31 décembre, pendant que Guevara s'empare de Remedios et du port de Caibarién le 26 et la caserne de Camajuaní le jour suivant, où les troupes du gouvernement fuient sans combattre.
Le chemin est alors libre pour attaquer Santa Clara, quatrième ville de Cuba et ultime bastion du gouvernement avant La Havane. Batista fortifie la ville et envoi 2000 soldats et un train blindé sous les ordre de l'officier le plus compétent à sa disposition, le colonel Joaquín Casillas. Au total les troupes gouvernementales ont 3500 soldats pour combattre 350 guérilleros. Le 28 décembre commence l'attaque qui fut sanglante et dure trois jours dans toute la ville. Durant les combats meurt un des hommes les plus emblématique de la huitième colonne Roberto Rodríguez, «el Vaquerito». Guevara a établit que la cible prioritaire de la bataille est le train blindé, qui fut pris le 29 au soir.
Ce fait d'arme fut une victoire décisive qui entraina directement la chute de Batista.[36]. Apprenant la nouvelle et que ses généraux négocient une paix séparée avec les dirigeants, le dictateur prend la décision de fuir en République dominicaine quelques heures après, accompagné de sa famille, de quelques fonctionnaires, avec parmi eux le président Andrés Rivero Agüero et son frère qui était maire de La Havane.
Les forces rebelles triomphantes dans toute l'île entreprennent de fusiller les criminels de guerre après des jugements sommaires. A Santa Clara le Che donna l'ordre de fusiller entre autre le chef de la police, Cornelio Rojas. Le colonel Joaquín Casillas, qui avait été condamné en 1948 pour l'assassinat d'un syndicaliste Jesús Menéndez et ensuite laissé en liberté, fut détenu et mourut dans des circonstances troubles. La version officielle indique que Casillas fut tué alors qu'il essayait de s'échapper, mais il est aussi possible qu'il fut exécuté sur ordre du Che.[37].
Le pays est alors paralysé par une grève générale demandée par Fidel Castro. Suivant ses ordres, les colonnes de Che Guevara et Camilo Cienfuegos à la tête de leurs guérilleros (dits Barbudos) se dirigent alors vers La Havane pour occuper les casernes de Columbia et la forteresse de la Cabaña les 2 et 3 janvier.
[modifier] Gouvernement révolutionnaire
Le 2 janvier, Che Guevara est nommé par Fidel Castro commandant et « procureur suprême » de la prison de la forteresse de la Cabaña [38], et pendant les 5 mois à ce poste il supervise les jugements et signe les exécutions de 55 à 550 personnes selon les sources[39][40]. Les accusés sont pour la plupart des officiels du régime de Batista déclarés responsables du pire de la répression, des membres du « bureau de la répression des activités communistes » (une unité de police secrète qui a recourt à la torture et à l'assassinat), des dissidents politiques ou des militaires accusés de crime de guerre. Seuls les militaires et policiers sont condamnés à mort, les civils étant conduits devant un autre tribunal[41].
Selon un procureur qui travaillait avec Guevara pour ces accusations, les procédures étaient illégales car « les faits étaient jugés sans aucune considération pour les principes judiciaire généraux », « les éléments présentés par l'officier investigateur étaient considérés comme des preuves irréfutables », « il y avait des membres de familles de victimes du régime précédent parmi les jurés » et « Che Guevara était aussi président de la cour d'appel »[42]. Ces exécutions inquiètent beaucoup les démocrates à Cuba et aux États-unis.
Le 7 février 1959 le nouveau gouvernement proclame Che Guevara « citoyen cubain de naissance » en reconnaissance de son rôle dans le triomphe des forces révolutionnaires. Le 22 mai 1959 le divorce avec Hilda Gadea (avec laquelle il s'est séparé avant même son départ pour Cuba) est prononcé, ce qui lui permet de régulariser sa situation avec Aleida March, une cubaine du mouvement du 26 juillet, qu'il a rencontré dans la province de Las Villas en 1958 et qu'il épouse le 2 juin de la même année.
Fidel Castro modifie la constitution du pays pour permettre à un étranger s'étant particulièrement illustré durant la guérilla et ayant reçu le grade de Commandant de pouvoir être membre du gouvernement. Cette modification ne concerne que l'argentin Guevara.
Le 7 octobre, Che Guevara assisté de son second Nathanael Bennoit, devient un des dirigeants de l'institut national de la réforme agraire. Il devient également président de la banque nationale de Cuba le 26 novembre. Ce dernier poste était un peu ironique, car le Che condamne l'argent et rêve de son abolition[réf. nécessaire]. La signature sur les billets de banque ne portera d’ailleurs que son surnom « Che »[43].
Dès cette année 1959, il aide à organiser des expéditions révolutionnaires à Panama et en République dominicaine, expéditions qui échoueront toutes[44],[45].
À cette époque renait son goût pour les échecs. Il participe à la plupart des tournois ayant lieu à Cuba tout en promouvant ce jeu[46],[47].
Il visite Tokyo en juin 1959 pour évaluer la réforme agraire radicale effectuée par les États-Unis après la Seconde Guerre mondiale. Il note à cette occasion que la réforme agraire cubaine offre plus de propriété privée et un meilleur taux de compensation que la réforme ayant eu lieu au Japon[48]. Malgré ces propos, Cuba voit la plupart de ses activités nationalisées et les libertés individuelles restreintes. De nombreux démocrates sont emprisonnés. Le régime devient de plus en plus autoritaire, en partie pour appliquer ses réformes communistes, mais aussi en réaction aux pressions américaines[réf. nécessaire]. Après avoir négocié un accord commercial avec l'Union soviétique en 1960, Che Guevara représente Cuba dans de nombreuses délégations auprès de pays du bloc communiste ou du mouvement des non-alignés en Afrique et en Asie suite à l'imposition de restrictions commerciales. Ces restrictions se transforment en un embargo des États-Unis contre Cuba en 1962 qui est toujours en application en 2007.

En 1960 Guevara fait partie des premiers secours aux victimes de l'explosion de la Coubre, un navire rempli d'armes à destination du gouvernement cubain. Cette opération de secours devient encore plus dangereuse quand une deuxième explosion fait plus d'une centaine de morts[49]. Les causes de la double explosion ne seront jamais clairement établies. Le gouvernement cubain accusera la CIA[50] et William Alexander Morgan, un ancien rival du Che dans la lutte contre Batista et soupçonné d'être un agent américain[51]. Les exilés cubains (anticastristes) avanceront également la théorie que le sabotage a été organisé par des opposants soviétiques à Guevara[52]. C'est au service commémoratif des victimes que la célèbre photo d'Alberto Korda du Che sera prise.
[modifier] Ministre de l'industrie et théoricien
Guevara devient le 23 février 1961 ministre de l'industrie. Il s'attele à transformer l'économie capitaliste agraire de Cuba en économie socialiste industrielle. Il est l'un des participant actif aux nombreuses réformes économiques et sociales mises en place par le gouvernement. Le Che devient alors célèbre dans le monde pour ses attaques enflammées sur la politique étrangère des États-Unis en Afrique, en Asie (guerre du Vietnam) mais surtout en Amérique latine.
Pendant cette période, il définit la politique cubaine et sa propre opinion dans de nombreux discours, articles, lettres et essais. Dans son livre La guerre de guérilla (1961), il promeut la réédition dans d'autres pays de la révolution cubaine, préconisant de commençer la rebellion par de petits groupes (foco) de guérillas de paysans sans besoin de grandes organisations pour attaquer le gouvernement. Sa stratégie est ensuite de générer un sentiment révolutionnaire dans la population en augmentant l'échelle de la guérilla par étapes, avant de lancer une insurrection armée. Cependant ce modèle de « révolution à la cubaine » en Bolivie et ailleurs sera un échec à cause, selon certains, de son manque de soutien populaire. Cette stratégie est considérée aujourd'hui comme ineffective. Elle avait fonctionné à Cuba parce que la population voulait se débarrasser de Batista et parce que les fondations d'une révolution avait déjà été jetées par d'autres tel que Frank País (assassiné par la police de Batista en 1958). Tout ce dont la population cubaine avait eu besoin lors de la révolution était une avant garde pour les inspirer.
Son essai Le socialisme et l'homme à Cuba (1965) avançe le besoin d'un « homme nouveau » (hombre nuevo) en conjonction avec l'état socialiste. C'est à dire plus qu'il préconise une révolution personnelle et morale en plus d'une simple révolution économique. L'apport d'une activité à la société par un être humain, en plus de son activité rémunérée, se transforme en une valeur exemplaire, source de solidarité. Pour le Che la société communiste idéale n'est pas possible sans que le peuple n'évolue en cet « homme nouveau » et l’État socialiste n'est selon lui qu'une première nécessité, une échelle destinée à être grimpée puis abandonnée dans une société d'égaux sans gouvernements ni États. Toute société qui fonctionne uniquement sur la récompense matérielle, que ce soit une économie socialiste soviétique ou capitaliste serait ainsi vouée à l'échec.[53] En tant qu'officiel du gouvernement et toujours aussi conscient de la valeur de l'exemple, Che Guevara s'emploi à démontrer ce que doit être cet « homme nouveau ». Il passe régulièrement ses week-ends et soirées au travail volontaire, que ce soit dans les usines de textiles, sur les ports ou à la récolte de la canne à sucre. Il pense que cela permet de garder un contact direct entre le peuple et ses dirigeants [54] et aussi qu'un tel sacrifice et une telle implication de la part du peuple est nécessaire pour atteindre le communisme à travers une société socialiste.
Che Guevara sera aussi connu pour son austérité personnelle, son niveau de vie et ses habitudes simples. Il déteste tout favoritisme lié au rang (comme c'était déjà le cas lors de la guérilla). Par exemple lorsqu'il devient membre du gouvernement, il refuse une augmentation de salaire, préférant garder sa paye de « commandante » (major) de l'armée. Cette austérité se manifeste aussi par un mépris des richesses qu'il démontre de nombreuses fois, un exemple marquant étant lors d'un dîner avec des officiels communistes en URSS, où lorsque que le repas est servit dans de la porcelaine de valeur, le Che fait remarquer sarcastiquement à ses hôtes « Est-ce de cette façon que vit le prolétariat en Russie ? » Certains voient Che Guevara comme le modèle à la fois austère et « glamour » de cet « homme nouveau »[réf. nécessaire].
Guevara ne participe pas à la défense de Cuba lors du débarquement de la Baie des Cochons en 1961. Il est alors placé à la défense d'une autre partie de l'île et blessé accidentellement par sa propre arme[55].
Il joue un rôle clef dans la crise des missiles de Cuba en négociant en 1962 à Moscou avec Raúl Castro auprès des russes l'implantation de missiles balistique nucléaire sur l'île. Che Guevara pense alors que l'installation de missiles soviétiques peuvent protéger Cuba de toute attaque militaire américaine. Dans un interview au journal britannique le Daily Worker quelques semaines après la fin de la crise, il déclarera tout en fulminant contre le recul soviétique, à moitié en plaisantant, que si les missiles avaient été sous contrôle cubain, ils les auraient utilisé. [56]
Il est confronté à de nombreuses difficultés dans ses tâches de réforme. L'économie cubaine est souvent archaïque et décousue, donc peu encline à une rationalisation des moyens de production. En outre, Guevara fait de la lutte contre la bureaucratie naissante une de ses priorités. En plus de ces problèmes, et suite à l'embargo américain et à l'entrée de Cuba dans le COMECON, l'industrialisation massive est abandonnée. L'île reste un fournisseur agricole, mais cette fois ci pour le bloc est.
[modifier] Disparition de Cuba
En décembre 1964 Che Guevara voyage à New York comme chef de la délégation cubaine à l'ONU où il prononçe un discours enflammé contre la politique étrangère américaine [58], participe à une émission télé et rencontre des personnalités aussi différentes que le sénateur Eugene McCarthy, des compagnons de Malcolm X ou les Rockefeller.[59] Le 17 décembre, il commence une tournée internationale de 3 mois au cours de laquelle il visite la Chine, l'Égypte), l'Algerie, le Ghana, la Guinée, le Mali, le Bénin, la République du Congo et la Tanzanie, avec des étapes en Irlande, Paris et Prague. À Pyongyang, il déclare que la Corée du Nord est un « modèle dont Cuba devrait s'inspirer » [60]. À Alger, le 24 février, il fait son dernier discours sur le devant de la scène internationale où il déclare : « Il n'y a pas de frontières dans cette lutte à mort. Nous ne pouvons pas rester indifférents face à ce qui se passe dans n'importe quelle partie du monde. La victoire de n'importe quel pays contre l'impérialisme est notre victoire, tout comme la défaite de quelque pays que ce soit est notre défaite. » [61] Il étonne alors son audience en proclamant « Les pays socialistes ont le devoir moral d'arrêter leur complicité tacite avec les pays de l'ouest exploiteurs. » [61]
Deux semaines après son retour à Cuba où il est accueilli par Fidel et Raul Castro, il disparait littéralement de la vie publique. Son activité en 1965 est un grand mystère étant donné qu'il est à l'époque considéré comme le numéro deux du gouvernement.
Les causes de sa disparition sont toujours controversées et peuvent être attribuées à diverses raisons:
- Échec de l'industrialisation.
- La pression des soviétiques et d'une partie des responsables cubains sur Castro. En effet, ceux-ci désapprouvaient l'alignement économique et idéologique communiste pro-chinois du Che, surtout à une époque où se creusait le conflit sino-sovietique et où l'économie cubaine dépendait de plus en plus de l'URSS. Guevara était considéré par beaucoup comme un avocat de la stratégie maoïste en Amérique du Sud. Ses détracteurs comparaient son plan d'industrialisation au grand bond en avant chinois.
- D'autres suggèrent que Castro avait pris ombrage de la popularité de Guevara et commençait à le considérer comme une menace. Ils trouvent suspect ses explications sur sa disparition et sont surpris que le Che n'ai jamais fait une annonce publique de ses intentions.
Après la crise des missiles cubains et ce qu'il a pris comme une trahison de Khrouchtchev qui a donné son accord au retrait des missiles sans consulter Castro, Che Guevara est devenu sceptique quant au rôle de l'URSS. Comme révélé dans son dernier discours à Alger, il en est venu à la conclusion que l'hémisphère nord, mené par les États-unis dans l'ouest et l'URSS dans l'est, exploite l'hémisphère sud. Il soutient le Vietnam du Nord dans la guerre du Vietnam et encourage les peuples des autres pays en voie de développement à prendre les armes et a créer "de nombreux Vietnam". [62] Cependant, aussi bien Guevara que Castro sont partisans d'un « front anti-impérialiste uni » et tentent à plusieurs reprises de réconcilier l'Union Soviétique et la Chine.
Pressé par la spéculation internationale et les rumeurs quant au destin du Che, Fidel Castro déclare le 16 juin 1965 que le peuple sera informé à propos du Che quand lui-même l'aura décidé. Le 3 octobre, Castro dévoile une lettre non datée, écrite par Guevara à son attention, dans laquelle il réaffirme sa solidarité avec la révolution cubaine mais déclare son intention de partir combattre à l'étranger pour la révolution[63]. Il annonce également sa démission de tous ses postes au gouvernement, au parti et dans l'armée. Il renonce aussi à la citoyenneté cubaine qui lui a été donnée. Castro révélera peu après qu'il savait où Guevara était mais qu'il ne le révèlerait pas, ajoutant que son ancien compagnon d'arme était en bonne santé.
Malgré les assurances de Castro, la destinée de Che Guevara reste un mystère et un secret bien gardé pour les deux années à venir.
[modifier] Congo
[modifier] Expédition
Pendant leur réunion durant la nuit du 14 au 15 mars 1965, Guevara et Castro se sont mis d'accord pour que le Che mène personnellement la première action militaire cubaine en Afrique sub-saharienne. Des sources mentionnent que Guevara aurait convaincu Castro à le soutenir dans son effort tandis que d'autres sources maintiennent que c'est Castro qui aurait convaincu Guevara d'entreprendre cette mission, argumentant que les pays d'amérique latine visés n'étaient pas encore dans les conditions voulues pour y établir des focos (« foyers ») de guerilla[64]. Castro lui-même affirmera que la dernière version était la bonne.[65]
D'après Ahmed Ben Bella, qui était président d'Algérie à l'époque et avait beaucoup discuté avec Guevera, « La situation en Afrique semblait avoir un énorme potentiel révolutionnaire, ce qui amena le Che à la conclusion que l'Afrique était le maillon faible de l'impérialisme. C'est à l'Afrique qu'il décida de dédier ses efforts ». [66]
L'opération cubaine est planifiée pour aider le mouvement marxiste Simba pro-Patrice Lumumba au Congo-Kinshasa (ancien Congo belge, futur Zaire et actuelle République démocratique du Congo). Guevara, son second Victor Dreke et 12 cubains arrivent au Congo le 24 Avril 1965. Un contingent d'environ 100 Afro-Cubains les rejoignent peu après. L'arrivée du Che est tenue secrète même pour les membres de la guerilla congolaise [67],[68] Ils collaborent un moment avec le dirigeant Laurent-Désiré Kabila, avec qui ils organisent le maquis d'Hewa Bora. Kabila aide alors les partisans de Lumumba à mener une révolte qui est éliminée en novembre de la même annéee par l'armée congolaise. Guevara considére bientôt Kabila comme insignifiant et écrit : « Rien ne m'amène à penser qu'il soit l'homme providentiel »[69].
Bien que le Che ait 37 ans et aucune formation militaire classique (il avait été réformé du service militaire argentin à cause de son asthme, chose dont il était fier à cause de son opposition au gouvernement Perón), il a déjà fait l'expérience de la guérilla cubaine et de sa marche décisive sur Santa Clara. Des mercenaires sud-africains tel que Mike Hoare et des exilés cubains opposés au régime castriste travaillent avec l'armée régulière congolaise pour lutter contre Guevara. Ils réussissent à intercepter ses communications, tendent des embuscades contre les rebelles à chaque fois qu'ils tentent une attaque et coupent ses lignes d'approvisionnement [70],[71]. Bien que Guevara tente de dissimuler sa présence au Congo, le gouvernement US est informé de sa localisation et de ses activités. En effet, le National Security Agency (NSA) intercepte toutes ses transmissions grâce à l'équipement du USNS Valdez, un navire d'écoute de l'océan indien.

Le but du Che est d'exporter la révolution cubaine en formant les combattants Simba à l'idéologie communiste et aux stratégies du combat de guérilla. Mais l'incompétence, l'intransigeance, les rivalités internes des rebelles congolais son cités dans son journal du Congo comme les raisons principales de l'échec de la révolte[72]. Au lieu de s'assurer le soutien des populations locales, les combattants congolais pillent parfois des villages et tuent des civils. Le commandement unique n'existe pas et les chefs locaux rivalisent entre eux pour obtenir argent et matériel qu'ils employent pour leur profit personnel. Certains responsables de la guérilla sont même assassinés par des rivaux. Enfin les troupes inexpérimentées croient plus en la sorcellerie qu'à l'instruction militaire des cubains, ce qui entrainera défaite sur défaite[réf. nécessaire].
Après sept mois de frustration, malade de la dysenterie et souffrant de l'asthme, Guevara quitte le Congo avec les survivants cubains (six membres de sa colonne sont morts). À un moment, le Che considére rester seul pour combattre jusqu'au bout comme exemple pour la révolution. Il en est dissuadé par ses compagnons et deux émissaires spéciaux envoyés par Castro. Quelques semaines plus tard, quand il écrit la préface de son journal du Congo, il la commence avec les mots: « Ceci est l'histoire d'un échec » [73]
[modifier] Interlude
Parce que Castro a rendu publique la « lettre d'adieu » du Che dans laquelle il coupait tout lien avec Cuba pour se dédier à ses activités révolutionnaires ailleurs dans le monde (alors qu'elle n'aurait dû être dévoilée que dans le cas de sa mort)[74], celui-ci sent qu'il ne pourra pas revenir à Cuba pour des raisons morales. Il passe les 6 mois suivants dans la clandestinité à Dar es Salam et Prague où il compile ses mémoires sur le Congo et les manuscrits de deux livres, un de philosophie [75] et un d'économie.[76] Il visite aussi plusieurs pays d'Europe de l'Ouest dans le but de tester une nouvelle fausse identité et les documents (passeport, etc) créés pour lui à cet effet par le DGI en vue de son futur voyage en Amérique du Sud.
Pendant cette période, Castro continue à demander son retour à Cuba. Guevara y consent mais à condition que sa présence à Cuba reste secrète et que son séjour serve à organiser une nouvelle révolution quelque part en Amérique du Sud.
[modifier] Bolivie
[modifier] Guerilla
En 1966 et 1967 la localisation du Che est toujours tenue secrète. Des représentants du mouvement d'indépendance du Mozambique disent avoir rencontré Guevara fin 1966 ou début 1967 à Dar es Salaam, où ils auraient rejeté son offre d'assistance à leur révolution[77]. Dans un discours en mai 1967, le ministre de la défense de Cuba annonce que Guevara « sert la révolution quelque part en Amérique du Sud ».
A la demande de Castro, un terrain est acheté dans la jungle dans la région isolée de Ñancahuazú en Bolivie par le parti communiste Bolivien pour servir de camp d'entrainement. Ce camp est situé dans une zone géographique très éloignée des demandes de Guevara. Peu sera accompli pour créer une véritable armée de guérilla. Le parti communiste local ne soutient aucunement le Che à cause de ses déclarations contre l'URSS mais aussi à cause de l'agent de liaison principal à La Paz, Haydee Tamara Bunke Bider dite « Tania », une ancienne membre de la Stasi, aussi considérée comme une agent du KGB. Cette dernière aurait inconsciemment aidé les intérêts soviétiques en mettant les autorités boliviennes sur la piste de Guevara[78].
De nombreuses photos de Guevara abandonnées dans le camp des guerilleros après une première confrontation avec l'armée bolivienne en mars 1967 fournissent au président René Barrientos la première preuve de sa présence en Bolivie. Après les avoir vues, Barrientos aurait dit qu'il voulait la tête de Guevara plantée sur une pique au centre de La Paz[réf. nécessaire].
Les force de Guevara comprennent 50 guerilleros bien équipés. Ils remportent de premières victoires contre l'armée régulière dans le terrain difficile et montagneux de Camiri. En septembre, l'armée réussit à éliminer deux groupes de guérilla, rapportant avoir tué un des chefs.
Malgré la nature violente du conflit, Guevara donne des soins médicaux à tous les soldats boliviens blessés qui ont été fait prisonnier et les relâche par la suite. Même après sa dernière bataille où il sera blessé et fait prisonnier, quand il est emmené et qu'il voit des soldats boliviens qui ont été aussi blessés dans l'affrontement, il leur offrira de les soigner (son offre sera d'ailleurs refusée par l'officier responsable) [79].
Le choix de Guevara de fomenter une révolution en Bolivie apparait avoir été basé sur un certain nombre d'idées erronées:
- Il pensait avoir uniquement affaire à l'armée bolivienne, mal entrainée et mal équipée. Cependant, quand le gouvernement américain apprend sa localisation, la CIA et les Special Forces (incluant un bataillon de United States Army Rangers basé non loin de la zone de guérilla), sont envoyés pour entrainer et soutenir les militaires boliviens[80],[81].
- Guevara pensait avoir l'assistance des dissidents locaux. Or, le parti communiste local était plus tourné vers Moscou que la Havane et ne l'aida pas malgré ses promesses. De plus l'inflexibilité de Che plutôt que le sens de compromis n'aida pas à maintenir des relations productives avec les responsables locaux.[82] Cette tendance existait déjà lors de la campagne cubaine mais avait été limitée par la diplomatie de Castro[83].
- Le Che pensait disposer d'un contact radio constant avec La Havane mais les deux transmetteurs qui lui furent fournis étaient défectueux (sur ce point et sur beaucoup d'autres, Manuel Piñeiro, la personne chargée par Castro de coordonner le soutien, fut une catastrophe[réf. nécessaire]).
[modifier] Capture et exécution

Les forces spéciales boliviennes sont notifiées du lieu du campement de la guérilla par un informateur. Le 8 octobre 1967, le campement est encerclé et Guevara est capturé alors qu'il mène un détachement avec Simeón Cuba Sarabia dans le ravin de Quebrada del Yuro. Il se rend après avoir été blessé aux jambes et la destruction de son fusil par une balle (son pistolet n'a alors pas de munitions). Selon certains soldats présents, il aurait crié : « Ne tirez pas, je suis Che Guevara et j'ai plus de valeur pour vous vivant que mort », mais ces allégations sont en totale contradiction avec son comportement lors de la guérilla cubaine qu'il voulait toujours exemplaire. Leur véracité est donc sujette à caution.[réf. nécessaire]
Barrientos ordonne son exécution aussitôt qu'il apprend sa capture. Même s'il n'a jamais justifié sa décision, des collaborateurs pensent qu'il ne voulait pas d'un procès public qui aurait attiré l'attention internationale non désirée sur la Bolivie. Il ne voulait pas non plus que le Che soit condamné à une peine de prison et qu'il puisse être relâché, comme Castro en son temps.
Le Che est donc emmené dans une école abandonnée dans le village voisin de La Higuera où il est détenu une nuit avant d'être exécuté sommairement au début de l'après-midi suivant. Il est exécuté par Mario Teràn, un sergent de l'armée Bolivienne, désigné par le hasard d'un tirage à la courte paille pour tuer Guevara.
Le Che reçoit de multiples tirs dans les jambes pour éviter de le défigurer (pour son identification ultérieure) mais aussi pour simuler des blessures de combat afin de tenter de masquer son exécution. Che Guevara eu quelques dernières paroles lors de son exécution: « Je sais que tu es ici pour me tuer. Tire, lâche, tu vas seulement tuer un homme. »[84]
Son corps est emmené par hélicoptère à Vallegrande, où il est exposé à la presse dans l'hôpital local[85]. Les photographies qui sont prises donnent naissance à des légendes telles que San Ernesto de La Higuera et El Cristo de Vallegrande][86]. Après son amputation des mains par un médecin militaire afin d'authentifier le corps, des officiers boliviens transfèrent son corps dans un endroit tenu secret.
La recherche de Guevara en Bolivie était dirigée par Félix Rodríguez, un agent de la CIA qui avait précédemment infiltré Cuba pour préparer l'invasion de la baie des cochons[87],[88].
Celui-ci, engagé depuis juin 1967 pour traquer le Che, avait reçu l'ordre de le maintenir vivant pour l'interroger lorsque la CIA apprend la capture. Un hélicoptére et un avion furent affrétés pour pouvoir l'amener au Panamá mais le colonel Joaquin Zentena, commandant les forces boliviennes a dit qu'il n'avait d'autre choix que d'obéir à ses supérieurs.
Dans le récit qu'il fera plus tard, c'est lui qui annonce son exécution à Che Guevara. Ce dernier lui confie un message pour sa femme, les deux hommes s'embrassent puis Rodriguez quitte l'école. [89]
Après son exécution, Rodríguez prend les possessions du Che, y compris sa Rolex, pour les montrer fièrement les années suivantes à des reporter. Aujourd'hui certaines de ses affaires, y compris sa lampe torche, sont exposées au siège de la CIA.
L’armée bolivienne, avec l’aide d’officiers américains et d’agents de la CIA, transporte le corps du révolutionnaire d’origine argentine dans le village de Vallegrande, où des médecins ont « préparé » la dépouille mortelle du Che avant de la présenter aux médias du monde[90].
Le 15 octobre, Castro reconnait la mort de Guevara et proclame 3 jours de deuil national. Sa mort est perçue comme un coup sévère porté à la révolution sud américaine et au Tiers-monde.
En 1997, les restes de Guevara sont exhumés et identifiés par analyse ADN, puis renvoyés à Cuba. Il est enterré avec 6 de ses compagnons d'arme de Bolivie dans un mausolée situé dans la ville de Santa Clara.
[modifier] Le personnage
Il est indéniable que le Che a été auréolé d'un certain mystère. Son histoire lui a conféré une aura de martyr qui ne doit pas masquer la complexité du personnage. L'intransigeance du Che doit être reliée à sa conception de la révolution et de l'histoire du monde, à savoir que, pour le Che, le monde était le terrain d'affrontement permanent entre bourgeois et prolétaires, et que toute faiblesse de la part des révolutionnaires serait chèrement payée[réf. nécessaire]. Les défenseurs du Che soulignent pour leur part que cette intransigeance et cette violence n'étaient jamais gratuites et qu'elles étaient liées aux nécessités de la révolution. La figure de Che Guevara est très populaire à Cuba et dans toute l'Amérique latine, les représentations de Guevara à Cuba sont très nombreuses.
[modifier] La pensée de Che Guevara
[modifier] La révolution
Che Guevara considérait la lutte armée et la révolution socialiste comme le seul moyen d'améliorer les conditions de vie des pauvres d'Amérique latine, exploités par les Etats-Unis d’Amérique selon lui. Son point de vue révolutionnaire suivait ceux de Marx et Lénine, qu'il avait étudié exhaustivement[91]. La révolution en Amérique Latine passait pour lui par la création de « foyers » de guerilla (focos) dans un pays où existaient des « conditions objectives » pour une révolution. Ces focos permettent de réunir les « conditions subjectives » pour un soulèvement général de la population. Il pensait qu'il y avait un lien étroit entre la guerilla, les paysans et la réforme agraire. Cette position différait de la pensée soviétique et se rapprochait des idées maoïstes[92].
[modifier] L'homme nouveau
La révolution devait selon lui également s'accomplir au niveau individuel par la création d'un « homme nouveau ». L'individu de la société révolutionnaire doit chercher une récompense morale (solidarité et bien commun) et non matérielle. Pour lui, seule la récompense morale permet d'accéder au bonheur, la récompense matérielle étant l'apanage du capitalisme. Rechercher la récompense matérielle comme c'était le cas en Union Soviétique verrait l'échec de la révolution communiste. Le travail volontaire pour la communauté en plus de celui réalisé pour subvenir à ses besoins était un exemple des actions que devait entreprendre cet homme nouveau. Il permettait également aux dirigeants de rester en contact avec les réalités de la population[93].
[modifier] Panaméricanisme et universalisme
Selon Che Guevara, les frontières d’Amérique latine étaient artificielles et représentaient un frein pour lutter contre l’impérialisme américain.
- « nous croyons, et depuis ce voyage encore plus fermement qu’avant, que la division de l’Amérique latine en nationalités incertaines et illusoires est complètement factice. Nous sommes une seule race métissée, qui depuis le Mexique jusqu’au détroit de Magellan présente des similarités ethnographiques notables. » [94]
Pour lui, la révolution était mondiale, elle était une lutte à mort contre l'impérialisme. Dans ce contexte, la solidarité mondiale était l’élément le plus important pour un monde meilleur[95].
- « Surtout, soyez toujours capables de ressentir au plus profond de votre cœur n'importe quelle injustice commise contre n'importe qui, où que ce soit dans le monde. C'est la plus belle qualité d'un révolutionnaire. » [96]
[modifier] Controverses
Alors qu’il est considéré par certains comme un héros, notamment en raison du mythe qui s’est créé autour de sa personne, les opposants d’Ernesto Guevara, parmi lesquels on trouve la majorité des Cubains en exil ainsi que des réfugiés d’autres pays communistes, le considèrent comme un tueur et un terroriste. Un journaliste du New York Sun, Williams Myers, le qualifie même de « brute sociopathe », vision qui est partagée par un certain nombre d’autres auteurs américains[réf. nécessaire]. Ils soulignent que Che Guevara a été « personnellement responsable » de la torture et de l’exécution de centaines de personnes dans les prisons cubaines, ainsi que du meurtre d’un nombre encore plus grand de paysans dans les régions qui étaient contrôlées ou visitées par la guérilla. Ils estiment également qu’il était un tacticien maladroit, et non un génie révolutionnaire. Il n'a en effet aucune victoire militaire à son actif. Certains pensent également qu’il a raté son école de médecine en Argentine, et qu’il n’existe aucune preuve de ses compétences médicales.
Ernesto Guevara fut aussi l’instigateur du système cubain de camps de travail forcé, ayant créé le premier de ceux-ci à Guanahacabibes afin de « rééduquer » les responsables des entreprises publiques qui étaient coupables de diverses entorses à « l’éthique révolutionnaire » [97]. Longtemps après sa mort, le système cubain de camps servait encore à emprisonner les dissidents de la révolution.
En 2005, Carlos Santana ayant arboré un tee-shirt du « Che » à la cérémonie des Academy Awards, le musicien de jazz d’origine cubaine Paquito D'Rivera lui écrivit une lettre ouverte le fustigeant pour son soutien au « Boucher de la Cabaña ». La Cabaña est le nom de la prison où Guevara a supervisé l’exécution de nombreux dissidents, parmi lesquels se trouvait le propre cousin de D’Rivera. D’après ce dernier, son parent fut emprisonné en raison de sa foi chrétienne, et il assista aux exécutions d’un grand nombre d’autres chrétiens dans cette prison[98].
Ses détracteurs arguent que contrairement à l’abondante propagande le décrivant comme un guerrier extraordinaire, il était en réalité un piètre tacticien. Il a échoué dans sa tâche de gestion de l’économie cubaine (alors que Cuba avait été, avant la dictature de Batista, un des quatre pays les plus dynamiques d'Amérique latine) : quasi-effondrement de la production de sucre, échec de l'industrialisation et introduction du rationnement total[99],[100].
Dans The Cult of Ché, le journaliste Paul Berman critique vivement le film The Motorcycle Diaries. Il montre que le culte moderne du Che occulte les épouvantables luttes sociales qui ont aujourd’hui lieu à Cuba [101]. Il donne comme exemple l’emprisonnement de dissidents. On peut citer l'exemple du poète Raúl Rivero, qui a été finalement libéré grâce à une campagne mondiale de solidarité organisée par le Comité international pour la démocratie à Cuba (dont font notamment partie Lech Wałęsa, Árpád Göncz, et Yelena Bonner).
[modifier] Surnoms et pseudonymes
- « Che » est une exclamation (traduisible par « homme ») particulièrement employée en Argentine, plus précisément par ceux de la marge occidentale du Rio de la Plata, les « porteños » : che vení aca, qui signifie « toi, viens ici », che, vos « eh, toi ») et qui, par extension, est employée en Amérique centrale et à Cuba pour désigner les Argentins. Ce surnom ne désignera plus que le seul « Che Guevara » au cours du temps. Une autre hypothèse, moins vraisemblable, viendrait de son accent particulier. Il aurait prononcé les « s » comme des [ch-], ce qui lui aurait valu le surnom de « Che » par dérision. [102]
- Le nom de code d'Ernesto Guevara lors de son passage au Congo était Tatú. Ce mot signifie le chiffre trois en swahili, langue locale. Il fut surnommé Tatú Muganga car il était médecin. En effet, Muganga signifie « celui qui soulage du mal » en swahili.
- Les noms de code d'Ernesto Guevara lors de son passage en Bolivie furent Ramón puis Fernando (après l'arrestation de Régis Debray).
- Pendant son voyage avec Granado, son surnom est Fuser venant de « Furibundo » (« colereux ») et de « Serna » (« Guevara de la Serna »).
[modifier] Citations
- « Un homme doit toujours marcher la tête haute,c'est la marque de sa dignité,s'il baisse la tête,alors il perd toute sa dignité. » [réf. nécessaire]
- « Soyez réalistes : exigez l'impossible » [réf. nécessaire]
- « Dans une révolution, on doit triompher ou mourir. » [réf. nécessaire]
- « Rêve et tu seras libre, lutte et tu seras libre de ta vie »[réf. nécessaire]
- « Toute notre action est un cri de guerre contre l’impérialisme et un appel vibrant à l’unité des peuples contre le grand ennemi du genre humain : les États-Unis d’Amérique du Nord. » [103]
- « Il faut s'endurcir, sans jamais se départir de sa tendresse » [réf. nécessaire]
- « Surtout, soyez toujours capables de ressentir au plus profond de votre coeur n'importe quelle injustice commise contre n'importe qui, où que ce soit dans le monde. C'est la plus belle qualité d'un révolutionnaire. » (Lettre d’adieu de Che Guevara à ses enfants, Mars 1965)[104]
- «Camarades ouvriers, jamais nous ne serons vaincus! »).[réf. nécessaire]
- «La révolution est comme une bicyclette ; quand elle n'avance pas, elle tombe ! »
- «Tu vas tuer un homme» (aux soldats boliviens venus le tuer à La Paz en 1967.
[modifier] Œuvres
- Justice Globale, Mille et une nuits, 04/2007, ISBN 2755500166
- Passages de la guerre révolutionnaire : Le Congo, Métailié, 2000, ISBN 2864243571
- Journal de Bolivie, La Decouverte 1995, ISBN 2707124826
- Le socialisme et l'homme, Aden, ISBN 2930402229
- Textes militaires , La Decouverte, Paris, 1974, ASIN B0000DY0GC
- Souvenirs de la guerre révolutionnaire , Maspero, Paris, 1974, ASIN B0000DL9T1
- La guerre de guerilla, Maspero, Paris, 1968, ASIN B0000DVIYV
- Textes politiques, Maspero, Paris, 1968 ASIN B0000DWF5M
- Voyage à motocyclette, éditions Mille et une nuits (2001), ISBN 2842055810
[modifier] Hommages
Bien que né en Argentine, il fut déclaré en 1959 « citoyen cubain de naissance » par Fidel Castro.
De nombreuses chansons rendent hommage au « Che », dont la fameuse Hasta siempre de Carlos Puebla qui a été reprise plus récemment par Nathalie Cardone, ainsi que La Mort du Che de Bernard Lavilliers.
Il y a aussi le film Carnets de voyage, réalisé par W. Salle, qui retrace le parcours initiatique du Che avec son ami Alberto Granado en Amérique Latine.
[modifier] Annexes
[modifier] Filmographie
- El Che de Maurice Dugowson, 1997, 83min. documentaire historique
- Che Guevara : hasta la victoria siempre de Ferruccio Valerion, 2005, 55min. documentaire avec des images d'archives
- Carnets de voyage de Walter Salles, 2004, 2h06min. Inspiration des notes prises par Ernesto "Che" Guevara lors de son périple à travers l'Amérique du Sud
- "Fidel et Che" de David Attwood,2002, 1h47min. Avec Víctor Huggo Martin , Gael García Bernal , Patricia Velasquez , Cecilia Suárez , Maurice Compte et Enrique Arce.
- "Ernesto Che Guevara" de Richard Dindo, 1994. Guidé par le journal du guérillero, Richard Dindo suit pas à pas les traces d'Ernesto "Che" Guévara dans les maquis boliviens et fait entendre le récit, émouvant et grave, de son combat, de son échec et de sa mort
[modifier] Bibliographie
- Paco Ignacio Taibo, Ernesto Guevara connu aussi comme le Che Tome 1, edition Payot, 2001, ISBN 2228894176
- Paco Ignacio Taibo, Ernesto Guevara connu aussi comme le Che Tome 2, Payot, ISBN 2228894184
- Jeannine Verdès-Leroux, la Lune et le Caudillo, Gallimard, Paris, 1989.
- Pierre Kalfon, Che, Points, Ed. du Seuil, Paris, 1997.
- Paco Ignacio Taibo II, Ernesto Guevara, connu aussi comme le Che, Payot, Paris, 1997.
- Miguel Benasayag, Che Guevara : du mythe à l’homme : aller-retour, Bayard, 2003.
- Marie-Dominique Bertuccioli, Juan Andrés Neira Franco, Che, Commandant, Ami, Graphein, 2000, Texte intégral
- Alberto Granado, En voyage avec Che Guevara, éditions L'Archipel, ISBN 2841876918
- Carlos Tablada, Che Guevara : l'économie et la politique dans la transition au socialisme, éditions Pathfinder, ISBN 0-87348-885-7, Traduction française
- Fernando Garcia et Oscar Sola, Che, Rêve Rebelle, éditions La Mascara, ISBN 027098951
- Jean Cormier, "Che Guevara, compagnon de la révolution", édition Gallimard, ISBN : 2070533166
[modifier] Notes et références
- ↑ Death of Che Guevara National Security Archive Electronic Briefing Book No. 5 - Declassified top secret document
- ↑ Rostow, Walter W. Memorandum for the President:"Death of 'Che' Guevara", dated 11 October 1967. Online at GWU National Security Archive accessed 08 October 2006.
- ↑ Ryan, Henry Butterfield. The Fall of Che Guevara: A Story of Soldiers, Spies, and Diplomats, New York, 1998: Oxford University Press, pp 129-135.
- ↑ Maryland Institute of Art, referenced at BBC News, "Che Guevara photographer dies", 26 mai 2001.Online at BBC News, accédée le 4 janvier2006.
- ↑ Digital Granma Internacional, "Simultaneous chess game on 37th anniversary of Che’s death", 13 octobre 2004. Online at Granma International English Edition.
- ↑ Anderson, Jon Lee. Che Guevara: A Revolutionary Life, New York: 1997, Grove Press, p. 446.
- ↑ Anderson, Jon Lee. Che Guevara: A Revolutionary Life, New York: 1997, Grove Press, p. 28.
- ↑ Ces carnets ont inspirés, avec le témoignage Con el Che por Sudamérica de son ami Granado, un film en 2004 intitulé Carnets de voyage)
- ↑ Guevara Lynch, Ernesto. Aquí va un soldado de América. Barcelona: Plaza y Janés Editores, S.A., 2000, p. 26. « En Guatemala me perfeccionaré y lograré lo que me falta para ser un revolucionario auténtico. » Cette phrase montre que le désir de devenir révolutionnaire est antérieur au coup d’État fomenté par les États-Unis contre Arbenz.
- ↑ U.S. Department of State, "Foreign Relations, Guatemala, 1952-1954". Online, accessed March 04 2006
- ↑ cf. Anderson, Jon Lee. Che Guevara: A Revolutionary Life, New York: 1997, Grove Press, p. 144. Ce chiffre est peut-être une erreur typographique, puisqu'il est le seul chercheur à citer ce chiffre)
- ↑ U.S. Department of State. "Foreign Relations, Guatemala, 1952-1954". Online, consulté le 4 mars 2006
- ↑ Holland, Max."Private Sources of U.S. Foreign Policy: William Pawley and the 1954 Coup d'État in Guatemala", Journal of Cold War Studies, Volume 7, Number 4, Fall 2005, pp. 36-73
- ↑ Anderson, Jon Lee. Che Guevara: A Revolutionary Life, ISBN 0-8021-1600-0, New York:1997, Grove Press, p. 194.
- ↑ Taibo, Paco Ignacio II. Ernesto Guevara, también conocido como el Che, p. 104. voir aussi The Guardian online, Making of a Marxist, Online.
- ↑ « Quizás esa fue la primera vez que tuve planteado prácticamente ante mí el dilema de mi dedicación a la medicina o a mi deber de soldado revolucionario. Tenía delante de mí una mochila llena de medicamentos y una caja de balas, las dos eran mucho peso para transportarlas juntas; tomé la caja de balas, dejando la mochila … » cité dans « Verde Olivo », Havana, Cuba, 26 février 1961. Guevara, Ernesto Che. Pasajes de la Guerra Revolucionaria, Havana, Cuba: 1963, Ediciones Unión.
- ↑ Anderson:231-232
- ↑ Anderson:259,312
- ↑ Pacho O'Donnell, « Che, la vida por un mundo mejor », random house mandatori, 2003, p139
- ↑ Anderson;221,252,270
- ↑ Anderson,252
- ↑ Anderson:342,346.
- ↑ Acevedo, Enrique (2001). Descamisados. Editorial Ciencias Sociales, La Habana Cuba, pág. 16
- ↑ Anderson,269
- ↑ U. S. Central Intelligence Agency, "CIA Biographic Register on Ernesto 'Che' Guevara". [ http://www.geocities.com/Hollywood/8702/cia.html Online]
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- ↑ [ http://www.clarin.com/diario/2005/05/24/elpais/p-01215.htm Descubren en Salta la tumba de un lugarteniente del Che Guevara, Clarín, 24 de mayo de 2005]
- ↑ Guevara, Ernesto (1964). Una reunión decisiva, en Pasaja de la Guerra Revolucionaria, 1965. [1]
- ↑ Carta de Camilo Cienfuegos al Che Guevara, 24 de abril de 1958 [2]
- ↑ Testimonio de Zoila Rodríguez García, novia de Ernesto Guevara en Sierra Maestra; Incluido en el libro Che entre nosotros(1992), de Adys Cupull y Froilán González
- ↑ Anderson:316
- ↑ Anderson:319
- ↑ Caballete de Casas, la escuela de la guerrilla: mirada al campamento del Che en el Escambray, por Katia Monteagudo, con fotos de Juan Carlos Gort, Revista Bohemia Digital, 31 de enero de 2007
- ↑ Ernesto Che Guevara, « Suicide Squad: Example Of Revolutionary Morale » (an excerpt from Episodes of the Cuban Revolutionary War - 1956-58). The Militant Online, consulté en mars 2006.
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- ↑ Anderson:355; [http://www.bnjm.cu/librinsula/2004/mayo/20/pasado/pasado37.htm Galería de asesinos de Batista: Joaquín Casillas Lumpuy, Líbrínsula, Cuba, Año 1, Nro.20, Viernes, 21 de mayo del 2004
- ↑ [http://www.open2.net/historyandthearts/philosophy_ethics/che_life.html Love And Violence]. BBC Open University.
- ↑ Anderson, Jon Lee. Che Guevara: A Revolutionary Life, New York: 1997, Grove Press, p. 372 and p. 425
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- ↑ Pacho O'Donnell, "Che, la vida por un mundo mejor", random house mandatori, 2003, p173
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- ↑ Voir un billet de 10 pesos signé par le Che : [3]
- ↑ Puerto Padre website, "Cronologia" (List of anniversaries) Online at Puerto Padre website
- ↑ Peña, Emilio Herasme," La Expedición Armada de junio de 1959", 14 juin 2004.Online at 'Listín Diario (République dominicaine)
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- ↑ ar.geocities.com/carloseadrake/AJEDREZ/, Ernesto "Che" Guevara – Ajedrez Online
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- ↑ Anderson, Jon Lee. Che Guevara: A Revolutionary Life, ISBN 0-8021-1600-0, New York: 1997, Grove Press, p. 508.
- ↑ Anderson, Jon Lee. Che Guevara: A Revolutionary Life, ISBN 0-8021-1600-0, New York: 1997, Grove Press, p. 545: « Sam Russell, le correspondant du journal socialiste Daily Worker, trouva Guevara encore s'emportant sur la trahison soviétique. Tirant alternativement sur un cigare et sur un inhalateur, Guevara dit que si les missiles avaient été sous contrôle cubain, ils les auraient utilisés. Russell sorti de cet entretien avec des sentiments partagés sur le Che, le trouvant 'un personnage chaleureux avec qui j'accrochais de suite (...), clairement un homme d'une grande intelligence bien que je pense qu'il exagérait vu la façon qu'il avait de parler des missiles' ».
- ↑ Chronology(1964-66). MISIÓN PERMANENTE DE LA REPÚBLICA DE CUBA ANTE LAS NACIONES UNIDAS. Permanent Missions To The United Nations. Dernier accès à l'URL : 2006-10-09.
- ↑ écouter, nécessite RealPlayer; ou lire
- ↑ Gálvez, William. Che in Africa: Che Guevara's Congo Diary. Melbourne: Ocean Press, 1999, p. 28.
- ↑ Référence : Bruce Cumings, Korea’s Place in the Sun: A Modern History (édition mise à jour), W.W. Norton & Company, 2005, p. 404
- ↑ 61,0 61,1 Ernesto Che Guevara, (éditeurs Rolando E. Bonachea and Nelson P. Valdés), Che: Selected Works of Ernesto Guevara, Cambridge, MA: 1969, p. 350.
‡ Ernesto Che Guevara, « English Translation of Complete Text of Algiers Speech », Online at Sozialistische Klassiker - ↑ Ernesto Che Guevara, « English Translation of Complete Text of his Message to the Tricontinental ». Voir aussi le texte espagnol original sur Wikisource.
- ↑ Ernesto Che Guevara, "Che Guevara's Farewell Letter", 1965. Traduction en anglais du texte complet : Che Guevara's Farewell Letter sur Wikisource.
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- ↑ NewsMax, "Félix Rodríguez:Kerry No Foe of Castro".Online
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- ↑ Richard Gott, « Le corps du Che », Le monde diplomatique, août 2005, p. 14-15
- ↑ Anderson, Jon Lee (1997), Che Guevara. Una vida revolucionaria. Barcelona: Anagrama, pag. 62
- ↑ Guerrilla Warfare, Souvenir Press Ltd, paperback, ISBN 0-285-63680-4.
- ↑ Socialism and Man in Cuba: Also Fidel Castro on the Twentieth Anniversary of Guevara's Death, Monad, paperback
- ↑ Anderson, Jon Lee, Che Guevara. Una vida revolucionaria. Barcelona: Anagrama, 1997, p. 95
- ↑ Ernesto Che Guevara, (editors Rolando E. Bonachea and Nelson P. Valdés), Che: Selected Works of Ernesto Guevara, Cambridge, MA: 1969, p. 350.
- ↑ Lettre d’adieu de Che Guevara à ses enfants, Mars 1965, Pacho O'Donnell, Che, la vida por un mundo mejor, random house mandatori, 2003, p.282
- ↑ Samuel Farber, "The Resurrection of Che Guevara", été 1998. William Paterson University online, consulté le 7 octobre 2006.
- ↑ Paquito D'Rivera, "Open letter to Carlos Santana by Paquito D'Rivera in Latin Beat Magazine", 25 mars 2005. Find Articles Online, consulté le 7 octobre 2006
- ↑ History News Network, Che Guevara... The Dark Underside of the Romantic Hero. Online, consulté le 26 février 2006
- ↑ Free Cuba Foundation, "Che Guevara's Dubious Legacy". Online, consulté le 26 février 2006
- ↑ Paul Berman, "The Cult of Che", 24 septembre 2004. Slate Online, consulté le 7 octobre 2006.
- ↑ Pour écouter sa voix December 16, 1964: Interview (27:44) with several journalists (narrated by Chris Couch) in the Cuban Mission HQ in New York (East 67th St).
- ↑ [4]
- ↑ Lettre d’adieu de Che Guevara à ses enfants, Mars 1965, Pacho O'Donnell, Che, la vida por un mundo mejor, random house mandatori, 2003, p.282
[modifier] Pour aller plus loin
[modifier] Articles connexes
[modifier] Liens externes
- Biographie sur marxists.org
- Biographie de Ernesto Che Guevara
- Article du Monde diplomatique sur la mort de Guevara
- Che Guevara, l'autre vérité, dossier critique du magazine Historia.
- (es)Che, Guía y Ejemplo: - Grande compilation d'images, de lettres, de rendez-vous, de vidéos du Che et de chansons consacrées à sa personne.