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Histoire de la Tunisie

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Cet article se consacre à l'histoire de la Tunisie.

Sommaire

[modifier] Préhistoire

On trouve des traces de présence humaine en Tunisie datant du paléolithique.

C'est en Tunisie qu'a été trouvé (20 kilomètres à l'est de Gafsa) le plus ancien édifice religieux au monde (plus de 40 000 ans), un amoncellement d'objets (pierres et silex taillés, dents et ossements d'animaux) dédiés aux esprits ou aux forces de la nature, au fond d'une ancienne source aujourd'hui asséchée.

Ainsi, plusieurs civilisations de cet âge de pierre s'y succèdent. Notamment le Capsien, à la fois présent en Afrique et en Europe.

Au néolithique (4500 à 2500 av. J.-C. environ), la présence humaine est conditionnée par la formation du désert saharien qui acquiert son climat actuel.

De même, c'est à cette époque que le peuplement de la Tunisie s'enrichit par l'apport des Berbères, issus semble-t-il de la migration de population libyque (ancien terme grec désignant les populations africaines en général), comme le Soudan, le Moyen-Orient et peut-être même du Caucase ou du sud de l'Europe (Italie ou Espagne). Bref, la question des origines du peuple berbère reste ouverte. Mais sa présence est attestée dès 4 000 avant J.-C. Le terme berbère est issu du mot barbare, terme utilisé par les grecs pour désigner les étrangers à leur civilisation de manière générale.

Le néolithique, arrivé tardivement dans cette région, voit le contact s'établir entre les Phéniciens de Tyr, les futurs Carthaginois qui fondèrent la civilisation punique dont le centre est la Tunisie, et les peuples de Tunisie, dont les berbères sont devenus la composante essentielle.

Ainsi, on observe le passage de la préhistoire à l'histoire en Tunisie grâce à l'apport des populations phéniciennes principalement (même si le néolithique continue un temps à coexister aux côtés des nouveaux arrivants).

En effet, cet apport est notamment nuancé, entre autre à Carthage (centre de la civilisation phénicienne puis punique en Occident), par la coexistence avec les Phéniciens de populations différentes, minoritaires, mais dynamiques (artisans grecs, etc.). Comme les Berbères, les Grecs, les Italiens, les Ibères d'Espagne, etc. On notera de nombreux mariages mixtes contribuant à la création de la civilisation punique.

On retrouve aussi une trace écrite d'un peuple pacifique du néolithique tunisien dans L'Odyssée, à travers la rencontre entre Ulysse et les Lotophages (mangeurs de lotus) qui semblent vivre dans l'actuelle île de Djerba.

[modifier] Carthage et Rome

Voir l’article Histoire de Carthage.

[modifier] Fondation de Carthage

En 814 av. J.-C., des colons phéniciens venus de Tyr fondent la ville de Carthage. D'après la légende, c'est la reine Élyssa (Didon chez les Romains), sœur de Pygmalion, roi de Tyr, qui fonde la cité.

Il existe un débat sur l'exactitude de la date donnée par la tradition littéraire, celui-ci étant alimenté par les découvertes archéologiques.

Mais pour l'instant la date (celle de la tradition littéraire) de 814 av J.-C. est retenue.

[modifier] Expansion de Carthage

Un siècle et demi après la fondation de la ville, les Carthaginois étendent leur influence sur le bassin occidental de la Méditerranée.

Ils s'affirment en Sicile, en Sardaigne, aux Baléares, en Espagne et en Afrique du Nord (du Maroc à la Libye) qui est partagée entre les Grecs de Cyrénaïque et les Carthaginois (y compris sur la côte atlantique du Maroc).

Cette présence prend diverses formes, y compris celle de la colonisation, mais elle est d'abord commerciale (comptoirs de commerce, traités, etc.). De plus, les Carthaginois s'appuient dans ces régions sur une présence phénicienne ancienne (sauf peut-être sur la côtes atlantique) datant d'avant la création de Carthage. En effet, la nouvelle puissance de Carthage supplante celle déclinante des anciennes cités de Phénicie dans cet espace de la Méditerranée.

De même, ils s'allient aux Étrusques et leurs deux flottes réunies sortent victorieuses de la bataille navale d'Aléria, au large de la Corse, contre les Grecs de Massalia (antique Marseille). Ces Grecs, venus des côtes de l'actuelle Turquie (Ionie), tentent de s'installer en Corse qui est une île située en face de l'Étrurie et au nord de la Sardaigne (zone d'influence et de colonisation punique). Cette île est également sur le trajet le plus court et la plus indiqué entre les cités massaliotes et les autres cités grecques du sud de l'Italie puis, plus loin, avec la Méditerranée orientale.

La Corse est par la suite une sorte de zone tampon entre les Massaliotes, les Carthaginois et les Étrusques. En effet, les Massaliotes gardent leur influence sur le nord de la Méditerranée occidentale, des côtes nord de l'Espagne aux côtes de Provence. Mais avec le déclin étrusque, la Corse entre dans l'orbite carthaginoise. Ainsi, se forme un empire marchand de la mer dans cet Occident méditerranéen.

Mais sa mutation vers un empire plus terrestre se heurte aux Grecs de Sicile, puis à la puissance montante de Rome et ses alliés (comme les Massaliotes, les Campaniens ou les Italiotes). En effet, le cœur carthaginois, la Tunisie, à la veille des guerres puniques possède un terroir agricole supérieur à celui de Rome et de ses alliés réunis. Ce riche terroir, dont l'exploitation fait l'admiration des Romains, est d'ailleurs l'une des premières zones agricoles de l'Empire romain.

Ainsi, malgré cette expansion (la Sardaigne est aussi en cours de colonisation, les implantations espagnoles se consolident, etc.), cette superpuissance commerciale, maritime, terrestre et agricole, qui est en passe de vaincre les Grecs en Sicile, dépasse en pérennité la civilisation étrusque, bute puis s'effondre face à la puissance montante qu'est Rome. L'explication de cette chute n'est pas encore pleinement comprise. Mais la civilisation punique perdure un temps sous l'Empire romain par sa langue, sa culture, son écriture ou sa religion. En effet, la capitale — Carthage — est détruite mais les autres villes tunisiennes continuent à subsister. D'ailleurs, la Tunisie garde son dynamisme économique et reste l'un des pôles de prospérité agricole, artisanal et commercial de l'Empire romain.

Enfin, parmi les legs faits au monde figure le traité d'agronomie du punique Hannon (pas celui qui partit en expédition le long des côtes atlantiques d'Afrique), traduit en latin, qui est le meilleur traité agricole de l'Antiquité.

[modifier] Guerres contre les Grecs

[modifier] Guerres puniques

Voir l’article Guerres puniques.

[modifier] Première Guerre punique

Voir l’article Première Guerre punique.

La Première Guerre punique couvre les années 264-241 av. J.-C.. Il s'agit d'un conflit naval et terrestre (en Sicile et Tunisie), ayant pour origine des luttes d'influence en Sicile, une terre située à mi-chemin entre Rome et Carthage.

Les Carthaginois prennent la ville de Messine. Ceci provoque l'inquiétude des Romains en raison de la position de Messine qui est proche des villes grecques d'Italie qui viennent de tomber sous leur domination. Le sénat ne souhaite pas ouvrir les hostilités avec Carthage, mais le peuple demande d'intervenir, poussé par le lobby des propriétaires terriens de Campanie qui veulent contrôler le passage maritime entre la Sicile et l'Italie (Messine est l'une des villes qui contrôlent le passage de ce détroit). Ainsi Appius Clodius Caudex traverse et prend par surprise la garnison punique de Messine, déclenchant le début de la première guerre punique. Suite à ce revers, le gouvernement de Carthage commence à regrouper ses troupes à Agrigente, mais les Romains, menés par Claudius et Marcus Valerius Messalla prennent les villes de Ségeste et d'Agrigente après un siège de 7 mois.

Il s'ensuit 20 ans de guerres avec des fortunes diverses. Les premières victoires sont remportées par l'armée romaine, face à des troupes puniques hétérogènes (mercenaires de toute la Méditerranée, y compris de Gaule, troupes africaines et alliés siciliens). D'ailleurs, le roi de Syracuse change de camp suite aux premiers revers puniques et contribue par sa flotte à ravitailler les troupes romaines de Sicile.

De plus, l'armée romaine a déjà affronté dans le sud de l'Italie (face aux cités grecques de cette région) victorieusement (en les intégrant) les techniques de guerres grecques utilisées par les troupes puniques. Ainsi, les Puniques perdent une grande partie des terres siciliennes reconquises sur les Grecs.

De même, ils — seigneurs de la mer — subissent une défaite navale d'importance face à une flotte romaine qui a été construite en partie grâce à l'aide technique des Grecs de Sicile, alliés à Rome. Cela se fait grâce à une nouvelle arme, appelée le corbeau. C'est une sorte de boule de métal que les marins romains lancent dans un bateau punique pour le bloquer puis le prendre à l'abordage. Les Romains en effet fait l'expérience, lors de précédents combats navals, de la dextérité des marins puniques pour éperonner leurs navires et ainsi les couler. Aussi, ils décident de déplacer le combat naval vers l'abordage des vaisseaux adverses, car ils sont meilleurs que les Puniques au corps à corps.

Suite à cette défaite, les troupes carthaginoises crucifie leur chef (cela montre une certaine forme de démocratie même au sein des troupes) en Sardaigne.

Le nouveau chef des armées en Sicile redresse la situation. Il mène une stratégie de raids, de guérilla, sur terre comme sur mer, en Sicile comme en Italie, tenant les positions siciliennes par des forteresses inexpugnables. En effet, l'armée punique a une meilleure technique des sièges et des fortifications que celle des Romains (technique apprise des Grecs). Ainsi, les troupes romaines n'arrivent plus à avancer dans l'ouest sicilien.

En Tunisie, l'armée romaine débarquée au cap Bon est défaite aux abords de Tunis. Et les débris de l'armée, récupérés par la flotte, sont éprouvés par l'incompétence navale des Romains qui voient une grande partie de leur flotte détruite au large de la Tunisie puis de la Sicile. De même, un autre désastre naval (une tempête) détruit la deuxième flotte romaine au large de la Sicile. Bref, la méconnaissance romaine de la mer pèse lourdement dans le budget romain de cette guerre qui n'en finit pas.

Et ce sera le lobby campanien, le principal intéressé par cette guerre, qui va payer au moins la troisième flotte romaine (qui compte chaque fois plusieurs centaines de vaisseaux pour faire face aux flottes carthaginoises qui elles aussi se reconstituent). Ce lobby a toutefois demandé à être remboursé par l'État romain des sommes avancées pour reconstruire une flotte. En effet, à ce moment-là, les caisses de l'État romain sont incapables de reconstituer une flotte.

La bataille décisive est navale, au large de la principale citadelle carthaginoise en Sicile : Motyé. Et les Romains, toujours en privilégiant l'abordage, en sortent victorieux. Rome devient alors maîtresse de la Méditerranée occidentale. Le chef des armées de Sicile, Hamilcar Barca (père d'Hannibal Barca), isolé de la Tunisie, sans espoir de ravitaillement notable (en hommes et en armes) propose alors la paix à Rome (avec l'accord du gouvernement carthaginois). Il reçoit même les honneurs de ses adversaires qui reconnaissent en lui et ses troupes de valeureux adversaires.

La fin de cette première guerre punique marque donc le déclin naval de Carthage qui n'est plus maîtresse des mers au contraire de Rome. De même, ce conflit a coûté très cher aux deux belligérants. Et même les indemnités carthaginoises perçues par Rome ne suffisent pas à couvrir les sommes englouties dans ce conflit.

La Sicile devient donc romaine au prix de 20 ans de guerre en plus des précédentes guerres contre les Grecs qui ont laissé des traces profondes. Et les atermoiements pour payer les 20 000 mercenaires rapatriés par Carthage de Sicile aboutissent à leur révolte. Ils sont soutenus par une partie de la population qui ne supporte plus la lourdeur des charges dues à la guerre.

Cette guerre civile fait des ravages dans les terres tunisiennes. Mais Hamilcar réussit à rétablir militairement et socialement la situation. Toutefois, Rome voyant Hamilcar prendre de l'ascendant sur le gouvernement carthaginois, s'empare de la Sardaigne et de la Corse (îles isolées de Carthage après la perte de la Sicile et de sa suprématie navale). Carthage, alors faible, ne réagit pas mais cela conforte la volonté de revanche des Puniques, y compris dans la famille Barca.

Toutefois on peut se poser la question du rôle des élites carthaginoises dans la tenue de cette guerre. Les Puniques ont été de rudes combattants au point que le lobby romain en faveur de la guerre a dû investir ses propres fonds pour financer la reconstruction d'une flotte. La révolte tunisienne a pour origine en grande partie les taxes trop lourdes pour soutenir l'effort de guerre et l'avarice du pouvoir carthaginois de l'époque pour payer les mercenaires. Ainsi, on ne parle pas d'investissements des élites puniques alors au pouvoir pour soutenir l'effort de guerre (même si certaines familles se sont investies dans cette guerre comme les Barca).

L'expansion rapide des Carthaginois dans le sud de l'Hispanie s'effectue sous la conduite des Barcides (famille des Barca dont fait partie Hannibal). Ils y fondent la ville de la Nouvelle Carthage (Carthagène) et y exploitent des mines, redonnant à Carthage sa puissance économique et commerciale.

Hamilcar périt dans un combat contre des Ibères en confortant les positions puniques dans le sud de l'Espagne. Les Ibères sont en effet un peuple combatif et rétif pour partie à cette expansion du pouvoir carthaginois malgré une ancienne implantation phénico-punique dans cette région.

La famille Barca, soutenue par les troupes qui l'ont accompagnée dans cette conquête (troupes qui sont issues pour partie de la guerre contre les Romains puis de la guerre civile), va continuer l'œuvre d'Hamilcar. En effet, son but est de redresser financièrement Carthage tout en payant les indemnités de guerre aux Romains par l'apport des métaux espagnoles. De même, cela permet aux Puniques de s'assurer le contrôle de ces métaux. Mais il voit plus loin que les buts officiels du gouvernement carthaginois. Il espère une revanche sur Rome en créant les conditions d'un renouveau de la puissance militaire carthaginoise.

[modifier] Deuxième Guerre punique

Voir l’article Deuxième Guerre punique.

La Deuxième Guerre punique vers les années 218-202 av. J.-C. a pour point d'orgue la campagne d'Italie : Hannibal traverse les Alpes (avec ses éléphants) mais renonce à entrer dans Rome. Le prétexte de la guerre a été le siège de Sagonte par les Carthaginois qui, selon le traité de 241, sont au-delà d'un fleuve délimitant les zones d'influence respectives des deux puissances rivales (apparemment cela ne serait pas l'Èbre mais un fleuve plus au sud). Et Hannibal aurait délibérément attaqué cette ville alliée des Romains. On voit donc que le lobby revanchard des Carthaginois a pris de l'ascendance à Carthage dont le dynamisme économique a rapidement repris le dessus après la fin de la première guerre punique. On peut penser que les intérêts économiques des grandes familles carthaginoises au pouvoir n'ont pas été vraiment touchés par la Première Guerre punique.

Lieux des batailles de la Deuxième Guerre punique
Lieux des batailles de la Deuxième Guerre punique

Sous la conduite d'Hannibal, les troupes carthaginoises (composées de Numides, d'Ibères et de Carthaginois), partis d'Hispanie, traversent les Pyrénées et les Alpes et envahissent l'Italie. Il a longtemps préparé, par la diplomatie, son passage au nord de l'Italie et, même dans cette partie de l'Italie, il réussit à se trouver des alliés. Ainsi, des troupes indigènes (cette région est peuplée de Gaulois) se joignent aux troupes carthaginoises. Puis, il descend vers le sud de la péninsule et fait des ravages par son génie militaire et diplomatique. Un nombre important de villes quittent l'alliance romaine, et malgré le faible nombre de ses troupes, écrase plusieurs armées romaines. Une de ses victoires est encore étudiée dans les écoles militaires, la bataille de Cannes. Mais, n'ayant pas assez de moyens militaires, il renonce à entrer dans Rome. C'est là que Rome montre son vrai visage. Malgré des défaites répétées, l'effondrement de sa position dominante en Italie par la défection de cités au profit d'Hannibal et l'alliance entre Hannibal et les Macédoniens, Rome réussit à aligner 200 000 hommes en arme. C'est un effort de guerre énorme. De plus, elle envoie des légions en Hispanie pour détruire la base de départ d'Hannibal. Et c'est en Hispanie que se révèle Scipion l'Africain, un jeune officier romain formé par Hannibal à force de vivre les défaites que ce génie militaire inflige aux Romains (Scipion a vécu en tant que combattant plusieurs défaites infligées par Hannibal).

Rome a l'intelligence de reconnaître et de sortir les officiers de valeur du rang pour leur donner le commandement d'armées. Elle rétablit alors petit à petit la situation en Italie, reprenant une à une les positions carthaginoises, détruisant les renforts (venus de Tunisie ou d'Hispanie) avant qu'ils n'arrivent à Hannibal. L'Hispanie punique s'effondre face au génie de Scipion soutenu par des troupes importantes.

Gravure par Cornelis Cort (1567)
Gravure par Cornelis Cort (1567)

Bref, c'est là qu'on voit les puissantes ressources de Rome qui lui permettent d'écraser tous ses adversaires. Hannibal, invaincu militairement, est alors petit à petit asphyxié et cantonné dans une région du sud de l'Italie. La fin arrive lorsque des armées romaines débarquent en Tunisie. Hannibal est alors appelé au secours. De plus, les Romains vainquent les troupes cantonnées en Tunisie et réussissent à retourner les alliés numides (royaume situé en Algérie) de Carthage. Les Carthaginois perdent ainsi le soutien de la très bonne cavalerie numide.

L'affrontement entre ces deux génies militaires de l'Antiquité, Scipion et Hannibal, tourne à l'avantage de Scipion (qui porte alors le surnom d'Africain). Il est aidé en cela par des troupes plus fournies en cavalerie (numides) et par des troupes plus aguerries. C'est la première défaite d'Hannibal et la fin de Carthage en tant que puissance politique. Cette bataille a eut lieue près de Zama (probablement dans la vallée à l'ouest de Siliana).

Double shekel d'argent représentant Hannibal Barca
Double shekel d'argent représentant Hannibal Barca

La défaite entraîne la perte de l'Hispanie, la destruction de la flotte, l'interdiction de toute remilitarisation punique sans l'aval de Rome, l'interdiction de toute action africaine sans l'accord romain et le paiement d'une indemnité de guerre. Carthage devient un état sous tutelle romaine.

Rapidement après le retour de la paix, Hannibal est rappelé par le peuple de Carthage pour pallier cette situation difficile. Il se retire dans les terres d'origine de sa famille, dans la Byzacène, près d'Hadrumète (actuelle Sousse), même s'il est né à Carthage (près de Tunis) et qu'il a vécu une partie de sa jeunesse en Espagne carthaginoise. Une fois au pouvoir, il dénonce la corruption des élites au pouvoir ainsi que l'accaparement d'une partie de l'appareil d'État par ces même élites (ce qui pouvait maintenir au pouvoir, tout en les rendant intouchables, des gens incapables de gouverner), ce qui va lui attirer des haines mortelles. Ces maux sont peut être aussi en partie à l'origine de la défaite de la première guerre punique.

Malgré la victoire finale, cette guerre marque profondément les Romains. Et, poussés par la crainte d'avoir à affronter à nouveau les Carthaginois, ils décident, selon le fameux mot de Caton l'Ancien (Carthago delenda est), que la destruction totale de Carthage est le seul moyen d'assurer la sécurité de Rome. En effet, malgré toutes les représailles infligées à Carthage, la cité punique retrouve vite sa puissance économique et s'offre même le luxe d'offrir des tonnes de blé à Rome lors de la guerre qui oppose Rome au Macédoniens (mais Rome refuse).

De plus, Rome en a fini avec ses principaux adversaires, comme les Macédoniens, et réduit la résistance des farouches Ibères. Il ne reste donc que la puissance économique carthaginoise qui fait de l'ombre à l'impérialisme romain.

Saisissant le prétexte de la violation du traité de paix de 202 (Carthage doit lever une armée pour repousser les invasions numides), et profitant de la faiblesse militaire de son ennemi, le sénat romain décide de lancer une grande offensive en Afrique, dans le but de détruire la ville rivale.

[modifier] Troisième Guerre punique

Voir l’article Troisième Guerre punique.

La Troisième Guerre punique consiste donc en une courte campagne destinée à amener les troupes romaines à pied d'œuvre pour le siège de Carthage, qui dure trois ans, et est mené à bien par Publius Cornelius Scipio, surnommé pour cela le second Africain. Le siège s'achève en 146 av. J.-C. par la destruction complète de la ville : elle est rasée et du sel semé sur les terres pour les rendre infertiles par crainte de la résurrection de la puissance de Carthage.

[modifier] Province de l'Afrique romaine

Ruines du capitole de Sufetula
Ruines du capitole de Sufetula

À l'issue de la Troisième Guerre punique, Rome écrase définitivement Carthage et s'installe sur les décombres de la ville en 146 av. J.-C.. La fin des guerres puniques marque l'établissement de la province romaine d'Afrique. Utique en devient la première capitale mais le site de Carthage va s'imposer à nouveau par ses avantages. En 44 avant J.-C., Jules César décide d'y fonder une colonie romaine (Colonia Julia Carthago) mais c'est Auguste qui lance véritablement les travaux quelques décennies plus tard. La cité devient plus tard la capitale de la province. C'est alors une période de prospérité où l'Afrique devient pour Rome un fournisseur essentiel de blé et d'huile. Le fameux port circulaire de Carthage se mue en port d'attache monumental d'une flotte céréalière dont l'arrivée est chaque année impatiemment attendue à Rome. Un autre symbole de cette richesse est l'amphithéâtre de Thysdrus qui devient l'un des plus grands du monde romain. La province se couvre d'un dense réseau de cités romanisées (dont les vestiges sont encore visibles aujourd'hui). Partie intégrante de la République puis de l'Empire, avec la Numidie, la Tunisie devient pendant 6 siècles le siège d'une civilisation romano-africaine.

Seconde ville d'Occident après Rome, Carthage compte au IVe siècle une population dépassant 100 000 habitants. Grand port cosmopolite, où se rencontent des religions venues d'Afrique, d'Égypte, de Grèce et d'Orient, la cité est en relation directe avec Rome mais aussi avec les centres économiques d'Orient : Éphèse en Asie mineure, Alexandrie en Égypte ou Antioche en Syrie comptent parmi les cités les plus peuplées de l'Empire. Or Alexandrie et Antioche sont 2 importants centres d'évangélisation. Mais ce sont surtout les immigrés venus d'Italie pour s'installer dans ces provinces comme colons, les commerçants et les soldats qui seront les agents de la propagation du christianisme à Carthage.

En s'implantant dans la région, le christianisme ne se heurte pas seulement aux édits impériaux mais d'abord à une véritable opposition populaire. En effet, en s'implantant parmi ces populations, le christianisme déchire un tissu social très serré. Le paganisme imprégnant toute la vie quotidienne, les chrétiens sont conduits à vivre à l'écart de la vie domestique et de la vie publique. La cohésion de la famille et de la cité sont donc menacée, ce qui entraîne des ripostes comme le saccage de tombes chrétiennes par ces populations. Dès le IIe siècle, Carthage applique également les persécutions impériales : ceux qui refusent de se rallier au culte officiel sont torturés, relégués sur des îles, décapités, livrés aux bêtes féroces, brûlés voire crucifiés. Ainsi, le 17 juillet 180, 5 chrétiens et 7 chrétiennes comparaissent devant le tribunal du gouverneur. Ayant refusé d'abandonner leur croyance, ils sont conduits au supplice et décapités. Mais, malgré cette situation difficile, la nouvelle foi s'implante beaucoup plus rapidement qu'en Europe notamment en raison du rôle social de l'Église qui apparaît dans la seconde moitié du IIIe siècle. C'est à partir de 400 environ que, sous l'action dynamique d'Augustin d'Hippone et l'impulsion de quelques évêques, les grands propriétaires terriens et l'aristocratie citadine se rallient au catholicisme, où ils voient leur intérêt, l'Église intégrant alors les diverses couches sociales.

L'Église d'Afrique s'implantant progressivement, Carthage devient, au IVe siècle, l'une des plus grandes capitales spirituelles d'Occident : Tertullien, saint Cyprien ou saint Aurèle en sont originaires et le donatisme, doctrine schismatique puis déclarée hérétique, prend son essor entre le IVe et le Ve siècle. Le conflit qui l'opposera à l'autorité religieuse officielle imprègnera l'Afrique romaine pendant plusieurs générations.

[modifier] Antiquité tardive

[modifier] Domination vandale

Territoire du royaume vandale vers 455
Territoire du royaume vandale vers 455

En 429, menés par leur chef Genséric, les Vandales et les Alains franchissent le détroit de Gibraltar. 10 ans plus tard, après s'être rendus maîtres d'Hippone, ils entrent dans Carthage où ils installent leur royaume pour près d'un siècle. Ces derniers sont adeptes de l'arianisme (déclarée hérésie au concile de Nicée), ce qui ne facilite pas les relations entre eux et les notables locaux majoritairement catholiques. Le clergé africain oppose en effet un refus absolu de se soumettre à ceux qui représentent à ses yeux un double mal : la domination des barbares et celle des hérétiques. Or les Vandales exigent de la population une totale allégeance à leur pouvoir et à leur foi. Le roi nomme lui-même le haut clergé et contrôle l'Église arienne dirigée par le patriarche de Carthage. En conséquence, dès lors qu'ils tentent de s'opposent au pouvoir vandale, les catholiques sont persécutés : de nombreux hommes d'église sont martyrisés, emprisonnés voir exilés dans des camps au sud de Gafsa. Sur le plan économique, les Vandales appliquent à l'Église la même politique de confiscation dont ont à pâtir les grands propriétaires. Les domaines avec leurs esclaves sont attribués aux nouveaux maîtres ou au bénéfice du clergé arien. Cette politique s'aggrave lorsque Hunéric succède à son père. Il déclenche d'abord une sanglante persécution contre les manichéens puis interdit à tous ceux qui n'adhèrent pas à l'Église officielle d'occuper une quelconque fonction dans les administrations publiques. À la mort d'Hunéric, ses neveux Gunthamund et Thrasamund lui succèdent et poursuivent la politique d'« arianisation ». Le clergé catholique est écrasé de taxes et d'amendes et Thrasamund condamne 120 évêques à l'exil.

Cependant, la culture latine est largement préservée et le christianisme prospère tant qu'il ne s'oppose pas au souverain en place. Les Vandales eux-mêmes, devenus les maîtres de la province romaine la plus riche de l'Empire, se laissent aller à la douceur de vivre de la Tunisie. Le recrutement de leur armée en souffre à tel point qu'ils préfèrent enrôler des autochtones berbères (romanisés pour la plupart). Leur territoire, enserré par des principautés berbères, est attaqué par les tribus de nomades chameliers : leur défaite devant ces dernières, en 530, fournit à l'empereur byzantin Justinien l'occasion de s'emparer du territoire. En effet, le premier objectif de ce dernier est le contrôle de la Méditerranée occidentale pour reconstituer l'Empire romain.

[modifier] Période byzantine

Carthage est reprise facilement en septembre 533 par les Byzantins dirigés par le général Bélisaire envoyé par l'empereur Justinien. L'armée byzantine, composée en fait de mercenaires hérules et huns, défonce la cavalerie vandale autrefois tant redoutée et le dernier roi, Gélimer, se rend en mars 534. La majeure partie du peuple vandale est déportée vers l'Orient, servant comme esclaves tandis que d'autres sont enrôlés de gré ou de force dans l'armée byzantine comme soldats auxiliaires, et l'administration romaine restaurée.

Lors du concile de 534, l'évêque de Carthage réunit un 220 évêques pour examiner les problèmes posés par une situation tout à fait inattendue : le pouvoir byzantin veut faire des évêques de simples exécutants. En effet, les évêques africains font remarquer que si l'empereur doit faire appliquer les canons de l'Église, il n'a pas à les fixer. Justinien réagit vivement : châtiments corporels et exil frappent les réfractaires, les plus récalcitrants étant remplacés par des hommes à la dévotion du prince. L'Église d'Afrique est ainsi mise au pas. Justinien fait alors de Carthage le siège de son diocèse d'Afrique. À la fin du VIe siècle, la région est placée sous l'autorité d'un exarque cumulant les pouvoirs civils et militaires et disposant d'une large autonomie vis-à-vis de l'empereur.

Pourtant, à la suite de la crise monothéliste, les empereurs byzantins, opposés à l'Église locale, se détournent de la cité. Or, face à une Afrique byzantine s'enfonçant dans le marasme, une situation insurrectionnelle agite des confédérations de tribus sédentaires constituées en principautés. Installées dans une indépendance chèrement acquise, ces tribus berbères sont d'autant plus hostiles aux fonctionnaires de Byzance qu'elles ont conscience de leur propre force. Quant au peuple, soumis à la nouvelle administration, pressuré par le fisc et livré aux exactions des gouverneurs, il en vient rapidement à regretter le temps des Vandales.

[modifier] Moyen Âge arabo-musulman

Voir l’article Tunisie à l'époque médiévale.

Cette ère est marquée par le développement urbanistique du pays et l'apparition de grands penseurs tels que Ibn Khaldoun, historien et père de la sociologie moderne.

[modifier] Invasions arabes

3 expéditions sont nécessaires pour que les Arabes réussissent à conquérir la Tunisie. Dans ce contexte, la conversion des tribus ne se déroule pas uniformément et connaît des résistances, des apostasies ponctuelles ou l’adoption de syncrétismes. L'arabisation se fera de manière plus lente encore.

La première expédition est lancée en 647. L'exarque Grégoire est battu à Sbeïtla, ce qui démontre l'existence de points faibles chez les Byzantins. En 661, une seconde expédition est lancée et se termine par la prise de Bizerte. La troisième, menée en 670 par Oqba Ibn Nafaa, est décisive : Ibn Nafaa fonde la ville de Kairouan durant la même année et la ville devient le centre des expéditions lancées contre le nord et l'ouest du Maghreb. L'invasion complète faillit échouer avec l'assassinat d'Ibn Nafaa en 683. Un chef maure, Koceila, reprend ainsi Kairouan. Envoyé en 693 avec une puissante armée arabe, Hassan ibn Noôman réussit à vaincre l'exarque et à prendre Carthage en 695. Seuls résistent certains Berbères dirigés par la Kahena. Les Byzantins, profitant de leur supériorité navale, débarquent une armée qui s'empare de Carthage en 696 pendant que la Kahena remporte des succès contre les Arabes. Ces derniers, au prix d'un nouvel effort, finissent cependant par reprendre définitivement Carthage en 698 et par vaincre et tuer la Kahena. Carthage est progressivement abandonnée au profit d'un nouveau port tout proche, Tunis, et les musulmans, fort actifs en Méditerranée occidentale, commencent à razzier la Sicile et les côtes italiennes.

Contrairement aux précédents envahisseurs, les Arabes ne se contentent pas d'occuper la côte et entreprennent de conquérir l'intérieur du pays. Après avoir résisté, les Berbères se convertissent à la religion de leurs nouveaux conquérants au travers de leur recrutement dans les rangs de l'armée victorieuse. Des centres de formation religieuse sont alors organisés, comme à Kairouan, au sein des nouveaux ribats. On ne saurait toutefois estimer l'amplitude de ce mouvement d'adhésion à l'islam. D'ailleurs, refusant l'assimilation, ils sont nombreux à rejeter la religion dominante et à adhérer au kharidjisme, hérésie née en Orient et proclamant l'égalité de tous les musulmans sans distinction de races ni de classes. En 745, les kharidjites berbères s'emparent d'ailleurs de Kairouan. La région reste une province omeyyade jusqu'en 750.

[modifier] Aghlabides

Manuscrit tiré de l'œuvre de Socrate
Manuscrit tiré de l'œuvre de Socrate

En 800, le calife Haroun ar-Rachid délègue son pouvoir en Ifriqiya à l'émir Ibrahim ibn Al-Aghlab qui établit la dynastie des Aghlabides qui y règne durant 100 ans. La Tunisie devient un foyer culturel important avec le rayonnement de Kairouan. Les Aghlabides se dotent d'une importante flotte de combat pour écarter le danger venant de la mer.

[modifier] Fatimides et Zirides

En décembre 909, Abu Abd Allah al-Husayn al-Shi'i, aidé par les Berbères qui refusent la domination aghlabide, déclare descendre de Fatima Zahra (fille de Mahomet), se proclame chef et imam de Tunisie et fonde la dynastie chiite des Fatimides. Ces derniers déclarent dès lors comme usurpateurs les califes omeyyades et abbassides ralliés au sunnisme. En 921, la ville de Mahdia est fondée et proclamée capitale du califat fatimide. Le troisième calife, Ismâ`îl al-Mansûr, transfère la capitale fatimide à Kairouan et s'empare de la Sicile en 948. Quand les Fatimides déplacent leur base en Égypte en 972, les Zirides prennent peu à peu leur indépendance vis-à-vis de ceux-ci. Installés à Kairouan puis à Mahdia, la rupture avec les Fatimides intervient en 1048 à l'initiative du souverain qui reçoit alors du calife abbasside le titre de « commandeur des croyants au gouvernement de tout le Maghreb ». En rompant avec son suzerain fatimide, il inaugure ainsi l'ère de l'émancipation des Berbères. En représailles, les Fatimides envoient des tribus nomades d'Égypte, comptant plusieurs centaines de milliers de membres, les Hilaliens, envahir la région. Kairouan, pourtant fortifiée, résiste pendant 5 ans mais finit par être occupée. Les boutiques sont pillées, les édifices publics abattus et les maisons saccagées. Cette « invasion » nomade se caractérise pourtant par une intégration diffuse de familles entières, rompant l'équilibre traditionnel entre Berbères nomades et sédentaires. Il s'ensuit tout naturellement un métissage de la population. Toutefois, l'effritement politique de l'Ifriqiya, conséquence de la disparition des Zirides, plonge le pays dans l'anarchie.

[modifier] Almohades

Comme Mahdia et les autres villes d'Ifriqiya, Tunis finit par tomber aux mains du sultan almohade Abd al-Mumin lors de son expédition qui appareille du nord du Maroc en 1159.

À partir du premier tiers du XIIe siècle, la Tunisie est régulièrement attaquée par les Normands de Sicile et du sud de l'Italie (Royaume normanno-sicilien). En 1135, le roi normand Roger II s'empare de Djerba. En 1148, c'est Mahdia, Sousse et Sfax qui tombent aux mains des Normands. Toutefois, ils seront progressivement chassés et Mahdia, leur dernière place forte, n'est reprise par les Almohades marocains qu'en janvier 1160. Dans le même temps a lieu l'unification du Maghreb. L'économie devient florissante et des relations commerciales s'établissent avec les principales villes du pourtour méditerranéen (Pise, Gênes, Marseille, Venise et certaines villes d'Espagne). L'essor touche également le domaine culturel avec les œuvres du grand historien et père de la sociologie Ibn Khaldoun.

[modifier] Hafsides

Tunisie barbaresque
Tunisie barbaresque

Les Almohades confient la Tunisie à Abd al-Wâhid ibn Hafs mais son fils Abû Zakariyâ' Yahyâ se sépare d'eux en 1228 et fonde la nouvelle dynastie des Hafsides. Elle règne durant 3 siècles et devient totalement indépendante dès 1236. Les XVe et XVIe siècles voient l'arrivée des maures musulmans et juifs andalous chassés d'Espagne par la reconquête (ou Reconquista).

Au début du XVIe siècle, le Maghreb traverse une crise politique profonde qui permet l'émergence de principautés et de cités portuaires indépendantes qui relancent l'activité des corsaires. Les souverains d'Espagne, Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille, pour protéger leurs côtes, décident de poursuivre la reconquête jusque sur les côtes maghrébines. En une dizaine d'années, ils conquièrent plusieurs places : Mers el Kébir, Oran, Bougie, Tripoli et l'îlot situé en face d'Alger. Pour s'en libérer, les autorités d'Alger sollicitent l'aide de 2 corsaires renommés : les frères Arudj et Khayr ad-Din Barberousse. Cette intervention est un événement majeur qui marque le début d'une période de confrontation entre l'Espagne et l'Empire ottoman pour la domination des territoires du Maghreb et celle du bassin occidental de la Méditerranée.

[modifier] Vers la domination ottomane

En 1534, Khayr ad-Din Barberousse s'empare de Tunis mais est obligé de s'enfuir après la prise de la ville par les Espagnols de Charles Quint. Le gouvernement ottoman décide alors de se doter enfin de la flotte qui lui manque. En 1560, Dragut prend Djerba et, 35 ans plus tard, Tunis est définitivement reprise par les Ottomans. En 1575, la Tunisie devient une province de l'empire mais les gouverneurs vivent retranchés dans les ports, les Bédouins étant livrés à eux-mêmes. La conquête de l'intérieur n'est vraiment achevée que par Ali I Bey et Hammouda Bey. Tunis, mais également Alger et Tripoli, deviennent dès lors pour les chrétiens les « régences barbaresques ».

Le XVIIe siècle voit une émancipation progressive des régences vis-à-vis de la tutelle ottomane car, les Ottomans étant peu nombreux au Maghreb, leur rôle ne cesse de décroître au profit des indigènes. Au bout de quelques années d'administration turque (1590), les 4000 janissaires de Tunis s'insurgent et placent à la tête de l'État un dey, et sous ses ordres, un bey chargé du contrôle du territoire et de la collecte des impôts. Rapidement, ce dernier devient le personnage principal de la régence aux côtés du pacha, qui est confiné dans le rôle honorifique de représentant du sultan ottoman, au point que qu'une dynastie beylicale est fondée par Mourad Ier en 1612. Durant la même période, les activités des corsaires connaissent leur paroxysme car l'autonomie croissante vis-à-vis du sultan entraîne une baisse de son soutien financier et les régences doivent donc accroître le nombre de leurs prises sur mer afin de survivre.

[modifier] Période ottomane

Voir l’article La Tunisie des Beys.

[modifier] Mise sous tutelle

En 1705 a lieu la fondation de la dynastie des Husseinites.

Quoique toujours officiellement une province de l'Empire ottoman, la Tunisie acquiert une grande autonomie au XIXe siècle. À cette époque, le pays vit de profondes réformes, comme l'abolition de l'esclavage, l'adoption en 1861 d'une constitution[1] — la première du monde arabe — et manque même de devenir une république indépendante.

Malheureusement, en raison de la politique ruineuse des beys et d'interférences étrangères dans l'économie, le pays connaît de graves difficultés financières qui contraignent à déclarer la banqueroute en 1869. C'est l'occasion pour les grandes puissances européennes de mettre pied dans le pays qui fait l'objet de rivalités entre la France, l'Italie et le Royaume-Uni.

La Tunisie amorce à peine son virage vers l'indépendance qu'elle retombe sous le joug d'une autre puissance étrangère. C'est la France qui réussit à imposer au bey un protectorat, à la grande colère de l'Italie qui voit la Tunisie comme son domaine réservé.

[modifier] Protectorat français

Voir l’article Protectorat français en Tunisie.
Maurice Rouvier (résident général de 1892 à 1894)
Maurice Rouvier (résident général de 1892 à 1894)

Sous le prétexte d'un incident, les troupes françaises pénètrent en Tunisie par l'Algérie française et, en 3 semaines, arrivent sans combattre à Tunis. Le 12 mai 1881, le protectorat est officialisé par la signature par Sadok Bey du traité du Bardo[2] au palais de Ksar Saïd. La France ne tarde pas à abuser de ses droits et prérogatives de protecteur pour exploiter le pays comme une colonie, en contraignant le bey de Tunis à abandonner la quasi-totalité de ses pouvoirs au résident général de France en Tunisie qui représente les intérêts de la France.

Mais la lutte contre l'occupation française commence dès le début du XXe siècle autour de Béchir Sfar et de son mouvement des Jeunes Tunisiens qui devient quelques années plus tard le parti du Destour. Entré en conflit avec le régime du protectorat, le Destour expose, dès la proclamation officielle de sa création le 3 juin 1920, son fameux programme en 8 points.

En 1932, Bourguiba fonde avec Tahar Sfar, Mahmoud Materi et Bahri Guiga le journal L'Action Tunisienne, qui, outre l'indépendance, prône la laïcité. Cette position originale au sein du Destour conduit en 1934 à sa scission en deux branches, l'une islamisante qui conserve le nom Destour, et l'autre moderniste, le Néo-Destour. En 1938, Habib Bourguiba est emprisonné en France pour conspiration contre la sûreté de l'État.

En 1940, le régime de Vichy le livre à l'Italie à la demande de Benito Mussolini, qui espère l'utiliser pour affaiblir la Résistance française en Afrique du Nord. Cependant Bourguiba ne veut pas cautionner des régimes fascistes et lance le 8 août 1942 un appel pour le soutien aux troupes alliées, position qui lui vaut d'être aussitôt arrêté par les nazis, mais qui va être à l'origine de sa remise en liberté en avril 1944.

La Tunisie est le théâtre d'importantes opérations militaires connues sous le nom de campagne de Tunisie (1942-1943) : des troupes allemandes prennent position en Tunisie dès le lancement de l'Opération Torch (débarquement en Afrique du Nord) par les alliés le 8 novembre 1942. L'Afrika Korps du général Rommel se replie de Libye derrière la ligne Mareth. Après plusieurs mois de combats et une contre-offensive blindée allemande dans la région de Kasserine et Sbeïtla au début de l'année 1943, les troupes allemandes sont contraintes de capituler le 11 mai dans le cap Bon, 4 jours après l'arrivée des troupes alliées à Tunis.

Des négociations sont menées après la guerre avec le gouvernement français, mais leur échec et l'arrestation de Bourguiba et de ses compagnons provoquent, le 18 janvier 1952, le début de la révolte armée et un durcissement des positions de chaque camp. Cette situation difficile est apaisée par la reconnaissance de l'autonomie interne de la Tunisie concédée par Pierre Mendès France.

Le 3 juin 1955, les conventions franco-tunisiennes sont signées et prévoient le tranfert au gouvernement tunisien de toutes les compétences à l'exception de celles des affaires étrangères et de la défense. En dépit de l'opposition de Salah Ben Youssef, qui sera exclu du parti, les conventions sont approuvées par le congrès du Néo-Destour tenu à Sfax le 15 novembre. Pourtant, après de nouvelles négociations, la France finit par concéder à la Tunisie l'indépendance totale le 20 mars 1956[3] (bien que la France conserve la base militaire Bizerte). Moins d'un mois plus tard l'Assemblée nationale constituante est élue et le Néo-Destour remporte tous les sièges. Bourguiba en devient président.

[modifier] Tunisie moderne

Voir l’article Tunisie depuis 1956.

Le 25 juillet 1957, la monarchie est abolie et la Tunisie devient une république dont Bourguiba est élu président le 8 novembre 1959. La constitution est définitivement ratifiée le 1er juin 1959. En 1961, dans un contexte d'achèvement prévisible de la guerre d'Algérie, la Tunisie revendique la rétrocession de la base de Bizerte. Mais la crise qui suit fait près d'un millier de morts (essentiellement tunisiens) et la France doit, peu de temps après, rétrocéder la base à l'État tunisien.

Dès le début des années 1980, la Tunisie connaît une crise politique et sociale avec le développement du clientélisme et de la corruption, la paralysie de l'État devant la dégradation de la santé de Bourguiba, les luttes de succession et le durcissement du régime. En 1986, le pays passe également par une grave crise financière. Bourguiba désigne alors le technocrate Rachid Sfar comme premier ministre pour mettre en œuvre un plan d'ajustement structurel de l'économie déstiné à rétablir les équilibres financiers du pays. Mais la situation dans le pays favorise la montée de l'islamisme et le long règne de Bourguiba s'achève donc dans une lutte contre l'islamisme menée par Zine el-Abidine Ben Ali (nommé ministre de l'intérieur puis premier ministre).

Le 7 novembre 1987, Ben Ali dépose le président Bourguiba pour sénilité. Élu le 2 avril 1989 avec 99,27% des voix, il réussit à moderniser l'économie tunisienne. Sur le plan de la sécurité, le régime se prévaut d'avoir épargné au pays les convulsions islamistes qui ensanglantent l'Algérie voisine grâce à la neutralisation du parti Ennahda. L'opposition et de nombreuses ONG de défense des droits de l'homme accusent alors le régime d'atteindre aux libertés publiques.

En 1994, le président Ben Ali est réélu avec 99,91% des voix. Les élections du 24 novembre 1999, bien qu'elles soient les premières présidentielles à être pluralistes (3 candidats), voient le président Ben Ali être réélu avec un score (99,44%) comparable aux élections précédentes.

Le 11 avril 2002, un attentat au camion piégé vise la synagogue de la Ghriba au cours duquel meurent 19 personnes (dont 14 touristes allemands).

Le 26 mai 2002, il fait approuver par référendum une réforme de la constitution, repoussant l'âge limite d'accès à la présidence et supprimant la limite des 3 mandats réintroduit en 1988. Ceci lui permet de remporter un 4e mandat le 24 octobre 2004.

Entre 2004 et 2006, la vie politique tunisienne est caractérisée par la poursuite de la répression politique. En septembre 2005, une réforme constitutionnelle votée en urgence par l'Assemblée nationale garantit une immunité judiciaire totale au président et à sa famille après l'expiration de son mandat. En novembre 2005, le pays organise la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) sous l'égide de l'ONU.

[modifier] Références

[modifier] Bibliographie

  • Driss Abbassi et Robert Ilbert, Entre Bourguiba et Hannibal. Identité tunisienne et histoire depuis l'indépendance, éd. Karthala, Paris, 2005
  • Kamel Chenoufi, Gilles Gallo et Ahmed Ben Salah, La Tunisie en décolonisation (1957-1972). Genèse des structures de développement et des structures de la République, éd. Du Lau, Le Pradet, 2004
  • Paul d'Estournelles de Constant, La conquête de la Tunisie. Récit contemporain couronné par l'Académie française, éd. Sfar, Paris, 2002
  • Maria Ghazali, « La régence de Tunis et l'esclavage en Méditerranée à la fin du XVIIIe siècle d'après les sources consulaires espagnoles », Cahiers de la Méditerranée, vol. 65
  • Christophe Hugoniot, Rome en Afrique. De la chute de Carthage aux débuts de la conquête arabe, éd. Flammarion, Paris, 2000
  • Yann Le Bohec, Histoire militaire des guerres puniques. 264-146 avant J.-C., éd. du Rocher, Monaco, 2003
  • Jean-François Martin, Histoire de la Tunisie contemporaine. De Ferry à Bourguiba. 1881-1956, éd. L'Harmattan, Paris, 2003
  • Patrick-Charles Renaud, La bataille de Bizerte (Tunisie). 19 au 23 juillet 1961, éd. L'Harmattan, Paris, 2000

[modifier] Notes

  1.  [pdf] (ar) Original de la constitution de 1861
  2.  [pdf] (fr) Original du traité de protectorat
  3.  [pdf] (ar) Original de la proclamation d'indépendance

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien interne

[modifier] Liens externes


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