Antijudaïsme
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L'antijudaïsme qualifie l'hostilité religieuse à l'égard des Juifs.
Il n'est pas à confondre avec l'antisémitisme, bien que s'influencant mutuellement. L'antisémitisme, qui designe une attitude hostile vis a vis des Juifs au dela d'une stricte dimension religieuse, ne se limite pas à sa forme racialiste apparue au XIXe siècle. Cependant l'Antiquité et le Moyen Âge étant des périodes historiques où toutes les sphères sociales étaient baignées de religion, il demeure fastidieux d'étudier la dimension antisémite antérieure au XIXe siècle, comme par exemple lors des conflits qui opposaient Romains et Juifs, et qui ne se limitent évidemment pas à des conflits entre païens et Juifs. D'aucuns ont ainsi tendance a réduire l'antisémitisme à sa dimension moderne, ce qui est invalide historiquement, car une dimension prédomine sur l'autre selon les périodes historiques auxquelles on se réfère, sans pour autant qu'il y ait substitution. L'antijudaïsme insiste sur le rejet religieux du judaïsme.
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[modifier] Définition
Le terme « antijudaïsme » ne figure pas dans le Petit Larousse (édition 1980). En donner une définition précise est donc difficile.
Selon Jean Dujardin, l'antijudaïsme peut revêtir deux formes : une forme païenne préchrétienne ou postchrétienne, et une justification religieuse proprement chrétienne. La conjonction entre ces deux significations s'opère à partir du IVe siècle dans l'Empire romain devenu chrétien. Elle atteint un paroxysme au moment des croisades et le conserve de manière plus ou moins intense selon les pays et les époques jusqu'à la Révolution française.
De nos jours, la forme religieuse de l'antijudaïsme est plus souvent d'origine musulmane, l'antijudaïsme chrétien s'étant mué en antisémitisme.
Le mot Juif peut prendre des sens très différents selon le contexte. Aujourd'hui, le sens peut être culturel ou religieux, beaucoup de Juifs n'étant pas pratiquants, de la même manière que les chrétiens. Sur le sens du mot Juif, on peut se reporter à l'article : Juif : Les juifs en tant que religion, en tant que peuple, en tant que nation …
[modifier] L'antijudaïsme païen dans l'Antiquité
Le peuple hébreu installé à l’intersection de l’Asie et de l’Afrique, sur la route de toutes les invasions, a eu à faire face à des agressions répétées. C’était donc un peuple de guerriers, dont le dieu unique était le Dieu des armées. Quelquefois les premiers contacts avec les conquérants comme Alexandre le Grand n'ont pas donné lieu à des affrontements sanglants ou des massacres. Alexandre a épargné les Juifs, comme le retint l'histoire. Mais ces conquêtes ont souvent donné lieu à persécutions et massacres avec les successeurs d'Alexandre. C’est ainsi que la première persécution connue de la région juive a été perpétrée par Antiochos Épiphane ou Antiochos IV, descendant de l’un des généraux d’Alexandre. Les Juifs se sont révoltés contre lui et ont vaincu les Grecs sous la direction des frères Macchabées. Ils fondèrent la dernière dynastie des Hébreux, celle des Hasmonéens.
Par la suite, les Romains sont venus conquérir et occuper Israël et les Hébreux furent soumis. Les Romains n'exigeaient pas des populations conquises qu'elles abandonnent leurs cultes. Bien qu'ils aient été en principe tolérants sur le plan religieux, ils étaient heurtés par le refus des Hébreux d'accepter toute statue de leur « divin empereur », dieu de tout l’Empire. Une grande révolte se déclara en 66, et les Juifs furent ensuite persécutés et la Judée fut écrasée par les armées de Titus. Le Temple, qui avait été construit sur les bases du Temple de Salomon, fut détruit (70).
L’antijudaïsme païen se manifesta encore avec Hadrien, qui a changé le nom d’Israël en celui de Palestina (ou Philistinie).
[modifier] Antijudaïsme chrétien dans l'histoire
[modifier] Dans le christianisme primitif
Avant le christianisme institutionnel de Rome, les premiers chrétiens étaient des Juifs qui suivaient l'enseignement de Jésus Christ (" fils de Dieu ").
À l'époque de Jésus, la majorité de la population juive était déjà en diaspora, et il existait une importante communauté grecque en Judée. Il faut aussi insister sur le fait que Jésus était juif (son nom vient du nom juif Yeshouha), qu'il était fils de Marie, elle-même juive, qui affirmait être issue de la maison de David. Jésus a été circoncis huit jours après sa naissance. Il parlait une langue sémitique, l'araméen. Il était donc dans la plus pure tradition juive. Il pratiquait les rites du judaïsme et rappelait fréquemment qu'il venait accomplir la loi de Moïse. Plusieurs passages des évangiles et certaines paraboles mentionnent Abraham, Moïse, les prophètes. Jésus proposait un idéal de vie qui gênait les autorités de Jérusalem, spécialement les Pharisiens. Selon les evangiles canoniques, il aurait ete trahi par l'un de ses disciples, Judas Iscariote, livré aux grands-prêtres, puis fut exécuté par les Romains, sur le mode de la crucifixion, car il n’était pas citoyen romain. Selon d'autres évangiles, comme le Codex Tchacos, il n'aurait pas été trahi par Juda qui n'aurait fait qu'appliquer sa volonté[réf. nécessaire]. Par ailleurs, son passage chez les grands prêtres sa capture par les romains reste discutée, car il est peu probable qu'une autorite romaine ait demandé la permission ou l'avis d une autorite juive dans un climat politique conflictuel. Cependant, cette version a pu être utilisée car elle reporte sur les juifs une indirecte responsablité de la mort de Jesus.
Selon les évangiles canoniques,Jésus se différencirait des Juifs de son époque, car il ne préconisait pas dans son enseignement que les Juifs s'opposent à l'autorité de l'occupant romain. Cependant les manuscrits de la Mer Morte ont permis d'établir qu il y avait de nombreuses sectes juives qui toutes ne préconisaient pas la même politique. De même il était moins formel sur les règles traditionnelles imposées par les pharisiens (interdits alimentaires, sacrifices, offrandes…), mais plus formel sur d'autres regles.
Après la Pentecôte, Pierre, qui avait renié Jésus trois fois, reprocha aux Juifs de Jérusalem d'avoir tué le Christ (« ce Jésus que vous, vous avez crucifié », Ac 2, 41) et parvint à convertir 3000 personnes alors sur les lieux, et à créer une première communauté chrétienne, à laquelle seules les autorités juives (grands prêtres, scribes, Pharisiens) se sont opposées[1].
Les premiers disciples de Jésus, surtout ceux de tendance hellénisante, se distanciaient du judaïsme auquel pourtant ils se sentaient attachés, et firent l'objet d'agressions. Après le martyre du diacre Étienne (Ac 7, 51-60), Paul de Tarse se convertit sur le chemin de Damas, et s'adressa aux "Gentils" (de gens race, c'est-à-dire judaïsants). Sur l'observance des règles traditionnelles du judaïsme, il avait des positions différentes de celles des judéo-chrétiens, représentés par Jacques le Juste, chef de l'Église de Jérusalem. Cette question fut discutée vers 50 au concile de Jérusalem [2]. Les évangélistes ont employé un certain nombre de termes dans les évangiles qui ont entériné la différence entre le judaïsme et le christianisme, et qui auront pu être interprétés plus tard comme autant de raisons de se venger des Juifs.
Après la première guerre judéo-romaine et la destruction du Temple (70 EC), les sadducéens perdirent tout pouvoir. Ce fut un Pharisien, Yohanan ben Zakkaï, qui fonda l'académie de Jamnia, et constitua le canon de la Bible hébraïque. Le synode de Jamnia (90-100), accentua la rupure entre le judaïsme et le christianisme. Les Pharisiens s'opposèrent alors aux Nazaréens en faisant réciter contre les déviationnistes des 'imprécations' dans les synagogues.[3] Il est à noter que, dans la Didachè (doctrine des douze apôtres), rédigée dans les années 70 environ, on ne trouve aucune mention offensante pour les Juifs. Selon les manuscrits de Qumrân, les premiers chrétiens furent critiques et résistants à l’exploitation et à l’oppression des Romains. [4]. Ce qui gênait les premiers chrétiens, c'est qu'une partie des Juifs n'acceptaient pas la « bonne nouvelle », la Nouvelle Alliance.
L'antijudaïsme n'apparut qu'à la suite de la seconde révolte juive (132-135), qui provoqua la destruction définitive de Jérusalem et provoqua une nouvelle diaspora, dispersée sur le pourtour méditerranéen où les Juifs étaient minoritaires. Les Juifs perdirent l'appui de l'empereur. Les communautés juives, après avoir persécuté les premiers chrétiens, commencèrent à faire l'objet de représailles récurrentes des nouvelles sociétés chrétiennes. La tendance s'inversa.
Marcion (? 115 - 168 ?), païen influencé par les épîtres de Paul, rejetait l'ensemble de l'influence judaïque sur la foi chrétienne. Dans le corpus de textes écrits qu'il fut l'un des premiers à établir, il excluait donc l'Ancien Testament[5]. Selon Justin (Apol. I 26) et Tertullien (C.M. 5/19), nous savons que l'influence de cette gnose dualiste fut considérable dans le bassin méditerranéen. Claude Tresmontant y situe la racine métaphysique de l'antijudaïsme[6].
Le pape Pie Ier réunit un synode à Rome pour condamner la doctrine de Marcion (144). Le marcionisme fut ainsi l'une des premières hérésies du christianisme. L'Église a combattu cette hérésie non sans en être contaminée. La prolifération des écrits gnostiques posait la question de la transmission écrite des textes et de la cohérence de l'édifice chrétien. Saint Irénée et saint Hippolyte de Rome posèrent le principe de la Tradition apostolique. Le marcionisme déclina dans l'ouest de l'empire romain au IIIe siècle, puis dans l'est, mais il eut une descendance manichéenne.
les apologistes du IIe siècle pouvaient se trouver confrontés au refus par les Juifs de la Nouvelle Alliance. D'une façon beaucoup moins radicale que Marcion, quelques écrits peuvent témoigner de l'énergie q'ils consacrèrent à relativiser les préceptes de l'Ancien Testament, en concentrant leur critique sur cinq pratiques judaïsantes de la loi mosaïque : les sacrifices, le shabbat, la circoncision, le jeûne et les prescriptions alimentaires [7]. On retrouve des mentions de ce type dans plusieurs textes : l'épître de Barnabé[8], le « Dialogue avec Tryphon » [9] de Justin Martyr, l’« épître à Diognète » [10], et l’« aduersus Iudaeos » de Tertullien [11].
Il faut mettre ces ouvrages dans le contexte historique de prolifération de la gnose. Par exemple, Justin a été le premier a avoir exposé dans son ensemble la doctrine chrétienne et le rapport de la foi à la raison, mais beaucoup de ses ouvrages sont perdus. Le dialogue avec Tryphon met en scène un chrétien et un rabbin, et Philippe Bobichon remarque que beaucoup de commentateurs ont essayé de comprendre le sens de l'œuvre à partir du prologue uniquement, alors qu'une analyse plus globale montre que la question du Salut traverse tout le dialogue.[12]
[modifier] Concile de Nicée, haut Moyen Âge
Constitution de la doctrine chrétienne
Alors qu'au IIe siècle les grands principes de la Tradition apostolique étaient à peine fixés, alors que le canon des textes apostoliques était en cours de stabilisation, alors que le pharisaïsme se structurait de son côté en judaïsme rabbinique, les premiers Pères de l'Église commencèrent à structurer le corpus patristique. Le contexte de l'empire romain était fort complexe, car, outre les Juifs et les premiers chrétiens, la plus grande partie de l'empire était païenne et les écrits gnostiques étaient encore vivaces.
C'est ainsi que l'on trouve pour la première fois, dans l'un des quelques ouvrages de l'apologiste Justin martyr qui nous sont parvenus[13], une expression telle que "Verus Israël" qui est souvent considérée comme une source d'antagonisme entre judaïsme et christianisme.[14]
Monseigneur Francis Deniau pense que l'origine de l'expression se trouverait dans des interprétations des épîtres de Paul : dans l’épître aux Galates 6, 15-16, après avoir affirmé : « la circoncision n’est rien, ni l’incirconcision ; il s’agit d’être une créature nouvelle » Paul ajoute : « à tous ceux qui suivront cette règle, paix et miséricorde, ainsi qu’à l’Israël de Dieu ». On a souvent opposé cette expression à 1 Corinthiens 10, 18 qui parle de l’Israël selon la chair, en l’interprétant comme le peuple juif, alors que les chrétiens seraient l’Israël de Dieu, le véritable Israël.[15]
Ainsi, dès la constitution de la doctrine chrétienne aux IIIe et IVe siècles, l’Église catholique se présente comme "l'Israël nouveau", le "véritable Israël". Dans cette perspective, les Juifs - "l'ancien Israël" - auraient dû logiquement reconnaître la nouvelle Alliance. Or, une partie de ce peuple ne la reconnaît pas. Cette persistance peut, selon les points de vue, mettre en question soit la mission divine de Jésus, soit la fidélité d'une frange du peuple juif à la parole divine. Une hypothèse a été émise que les Juifs fussent, d’une certaine façon, de dangereux hérétiques aux yeux notamment des chrétiens du Moyen Âge. Si l’on considère, en effet, que le salut des chrétiens était assuré par la Résurrection du Christ, il était scandaleux de rencontrer un peuple qui, comme de nombreuses hérésies, considérait Jésus comme un simple mortel, un peuple qui devenait, de ce fait, un opposant au christianisme. Ce fut la thèse développée dans la théologie de la substitution (encore appelée supersessionisme).
Considérée au Concile de Nicée (325) comme l'un des principaux soutiens de Constantin Ier pour réorganiser l’État, l'Église aurait dû dédouaner son alliance avec certains des bourreaux du Christ en évoquant cette théorie du “ peuple déicide ” fondement de l’antijudaïsme doctrinal.[16]
Des études montrent que, dans tout le corpus patristique, l'expression peuple déicide ne revient que 17 fois ; mais on trouve d'autres expressions comme " ceux qui ont tué Dieu ", ou " le Seigneur ", ou " le Christ " chez un certain nombre d'auteurs chrétiens. Les Pères de l'Église cités par certains historiens [17] pour avoir véhiculé au IVe siècle (ou quelquefois avant) des idées hostiles contre les Juifs sont essentiellement Eusèbe de Césarée, Grégoire de Nazianze, Grégoire de Nysse, Jean Chrysostome, Astérios d'Amasée, et Méliton des Sardes. Jean Chrysostome écrivit huit discours contre les Juifs [18].
Après le concile de Nicée et l'adoption du christianisme comme religion officielle de l'empire romain par Constantin Ier, la mention de « juif perfide » fut introduite dans le code de Théodose au Ve siècle (438). Puis, cette idée fut introduite dans la liturgie du Vendredi saint, sous la forme de la mention « Oremus et pro perfidis judaeis ». À la fin du VIIIe siècle, l'agenouillement et la prière silencieuse furent supprimés.
- Article détaillé : Oremus et pro perfidis judaeis.
C'est ainsi que l'antijudaïsme trouva un terrain propice, surtout en orient dans la deuxième moitié du Ier millénaire, puis en occident au cours du IIe millénaire.
En occident
On peut distinguer globalement deux périodes : la période antérieure aux invasions sarrazines du VIIIe siècle, et la période postérieure, en notant que pendant tout le haut Moyen Âge, les pratiques talmudiques restèrent tolérées dans l'Occident chrétien, avec vigilance, et ceci jusqu'au XIIIe siècle.
Les premières communautés juives s’installèrent en Gaule dès la fin de l’Antiquité. Comme lors des conciles d'Elvira (305), de Vannes (465), des trois conciles d'Orléans (533, 538, 541), avec le concile de Clermont (535), l'Église interdit aux Juifs de prendre des repas en commun avec des clercs. Le concile d'Orléans de 538 interdit aux juifs de se mêler aux chrétiens du jeudi saint au deuxième samedi qui suit Pâques. Tout mariage avec un juif ou une juive a été prohibé en 533, 535, et 538. Au concile tenu dans la Narbonne wisigothique en 589, on interdit aux Juifs de conduire leurs morts en chantant des psaumes.[19]
Césaire d'Arles consacra aux juifs deux sermons, tandis qu'Isidore de Séville composa un traité De la foi catholique contre les Juifs peu après 620.
Certains évêques s'engagèrent dans une politique de conversion. Toutefois, le pape Grégoire le Grand mit en garde deux évêques en 591 contre les baptêmes forcés.[20]
Certains souverains prirent des mesures contre les Juifs : le Wisigoth Chindaswinthe (641-649) menaça de peine de mort quiconque aurait pratiqué des rites juifs. Chilpéric, en 582, ordonna de baptiser de nombreux Juifs. Dagobert aurait décidé d'exiler ceux qui refusaient le baptême.[21]
Les Pères de l’Église catholique romaine, notamment Saint Augustin, ont présenté les Juifs comme une preuve vivante de l’existence du Christ, ceux qui, par leur dispersion, par leur abaissement et par leur servitude, témoignent de la vérité de la religion de Jésus Christ (la doctrine du “peuple témoin” de Saint Augustin).
Après les invasions sarrazines du VIIIe siècle, et avec la naissance de l'empire carolingien, les Juifs furent tolérés. Le droit traditionnel juif continua, comme sous l'Empire romain, à régler les rapports intérieurs de la communauté israélite. Il existait une seule discrimination juridique sur le nombre de témoins à fournir dans un procès. Les interdictions légales étaient d'origine religieuse et tendaient à diminuer le prosélytisme juif. Il n'y avait pas de limite aux activités des Juifs. Ils bénéficiaient de la liberté de culte.
Seuls certains clercs, tel le célèbre Agobard de Lyon, insistèrent sur la responsabilité des Juifs dans la mort du Christ (“peuple déicide”, peuple méprisé), en mettant en garde les chrétiens contre une religion susceptible de tenter (dans le sens religieux du terme) certains d’entre eux.
Les théologiens occidentaux (Pierre Chrysologue, Bède le Vénérable, Paul Diacre,...) prenaient des positions très modérées à leur égard.
[modifier] Bas Moyen Âge
Certains personnages comme Raoul Glaber contribuèrent à la diffusion d'idées antijudaïques après l'an mille.
Dans le contexte de l'essor urbain qui marqua l'Europe à partir de la fin du XIe siècle, l’antijudaïsme purement religieux prit une forme sociale. Pendant la période médiévale, la grande majorité des Juifs vivait dans des villes. Les villes cathédrales de la chrétienté présentaient des conditions d'urbanisation à long terme de qualité, et constituaient l'asile des implantations et communautés juives les plus importantes.[22]
La Première Croisade poussa vers la Terre Sainte des foules considérables de croyants qui voulaient libérer Jérusalem des « infidèles » et ouvrir la route vers la Terre Sainte fermée par les Turcs. L'enseignement de l'Église interdisait que l'on s'attaquât aux Juifs. Mais le manque de préparatifs et des motifs financiers ont entraîné des exactions. L'amalgame entre « infidèles » et juifs ou musulmans dans l'esprit de certains croisés s'est accompagné de l'intention de faire payer aux Juifs la mort du Christ. Des incidents graves ont été signalés en décembre 1095 lors du départ de la croisade de Pierre l'Ermite à Rouen et en Champagne. Les communautés juives furent plus éprouvées par Folkmar et Emich de Leiningen lors des croisades dites « allemandes ». Des massacres de juifs eurent lieu à Spire, à Worms, à Mayence. Les évêques de Spire et de Worms offrirent un abri aux juifs. Les croisés s'attaquèrent aux juiveries de Cologne, de Metz, de Trèves, et de la basse vallée du Rhin. Ces explosions de violence non maîtrisée n'entraient pas dans les plans du pape Urbain II.[23]
Lors de la deuxième croisade, un cistercien du nom de Rodolphe (ou Raoul), qui prêchait la croisade, invitait ses auditeurs à venger le Christ sur ses ennemis, ce qui engendra des meurtres collectifs dans les Pays Bas, mais surtout dans la vallée du Rhin, à Cologne, Mayence et Worms, en août-septembre 1146, et sans doute à Wurzburg en février 1147. L'archevêque de Cologne protégea les juifs dans son château. L'archevêque de Mayence prévint Saint Bernard, qui arriva en Rhénanie pour faire cesser les prédications antijuives. [24]
Les communautés juives de Rhénanie constituaient au XIe siècle le principal centre de peuplement juif en Europe (voir Les juifs de culture allemande). La communauté juive de Mayence fut décimée à 90 % lors de la première croisade et encore lors de la deuxième croisade. On se souvient de la déclaration de Jean-Paul II à Mayence[25]. Cette ville était en effet un centre religieux à la fois pour la chrétienté (la cathédrale romane Saint-Martin de Mayence était destinée à être une seconde Rome) et pour le Judaïsme : Mayence était un centre d'étude talmudique, la communauté juive de Mayence était considérée comme la « fille de Sion » et la synagogue était considérée comme un symbole du Temple de Jérusalem. Dans une chronique sur le massacre de la première croisade, un auteur juif de Mayence déclare : « Hélas le support puissant est rompu, ce magnifique bâton, la sainte communauté de Mayence, aussi précieuse que l’or ».[26] Ces événements affectèrent à la fin de sa vie le talmudiste Rachi, qui était à Troyes sous la protection des comtes de Champagne.
Sur le plan intellectuel, au XIIe siècle, des Juifs participèrent aux travaux de traduction de l'œuvre d'Aristote, avec des Arabo-musulmans. Pierre Abélard posa les fondements de la scolastique avec des philosophes arabo-musulmans et juifs. Alors qu'au siècle suivant l'antijudaïsme évolua en se durcissant, on découvre dans l'œuvre de saint Thomas d'Aquin une réconciliation des pensées musulmanes, juives, et chrétiennes à travers la philosophie d'Aristote ; saint Thomas a développé une théologie de l'adoption filiale des juifs de l'Ancienne Alliance.[27]
Par la suite, le monde nouveau né des croisades vit l’essor du grand commerce international et l'arrivée des chrétiens dans les métiers du commerce. Les Juifs devinrent alors des rivaux dans la vie économique des XIIe et XIIIe siècles, et furent progressivement mis à l’écart de la société chrétienne.
Le IVe concile du Latran (1215) prit des mesures de discrimination contre les Juifs, comme l'obligation de porter un costume spécial et la rouelle. Les Juifs furent alors considérés par le clergé comme responsables collectivement de la mort du Christ. Le prêt à usure devint la cause d'une grande part du sentiment antijudaïque durant le Moyen Âge [28]. En Italie, puis plus tard en Allemagne et en Pologne, Jean de Capistrano (1386–1456) excitait les pauvres contre l'usure des Juifs [29].
La politique du Saint-Siège était assez variable vis-à-vis des Juifs. Quand la situation des Juifs devenait intenable, l’Église les prenait sous sa protection pour préserver ou augmenter ses intérêts ; quand ils vivaient dans l’opulence ou simplement en paix, elle édictait à leur encontre des mesures restrictives ou mêmes infamantes dans le jeu de la concurrence d’une puissance à la fois temporelle et spirituelle.
Les représentations artistiques témoignent d'une détérioration très nette de l'image de la synagogue et des Juifs du XIIe au XVe siècle.
Des ghettos apparurent au XIIIe siècle en Espagne et au Portugal. En France, on parlait de juiveries ; il y en avait quatre à Paris. Il y eut plusieurs autodafés du Talmud en 1242 (à Paris), 1286 (Honorius IV), 1319 à 1321 (à Paris), 1415 (en Avignon), et 1553 (dans toute l'Italie) [30].
En France, l'antijudaïsme se manifesta à partir des années 1170-1180. La première accusation de crime rituel fut lancée contre les Juifs à Blois en 1171. En 1247, le pape dut intervenir contre ce type d'accusation. En 1182, Philippe Auguste procéda à l'expulsion des Juifs du domaine royal, alors limité. Les relations entre juifs et chrétiens se dégradèrent rapidement, aboutissant à la transformation de la synagogue de Paris en église en 1183 [31]. Philippe Auguste sut rappeler les Juifs pour les besoins du Trésor royal, en raison de leurs compétences dans les questions financières. En effet, les Juifs autorisaient le prêt à intérêt aux non-Juifs, alors que celui-ci était interdit aux chrétiens.
Nous savons que saint Louis considérait que les Juifs étaient responsables collectivement de la mort du Christ, mais il ne prit pas de mesure physique contre eux. Toutefois, les disputations entre des théologiens chrétiens et quelques docteurs de la loi israélite en 1240 aboutirent à une ordonnance royale ordonnant de brûler le Talmud en 1242 à Paris et à la traque des manuscrits hébraïques[32]. Le décret d'expulsion de 1254 ne fut pas appliqué. En 1306 Philippe le Bel expulsa à nouveau les Juifs [33]. La question de savoir si Charles IV a appliqué ou non l'ordre de Philippe V de bannir les Juifs est discutée.
Dans le Saint Empire romain germanique, les Juifs pouvaient bénéficier, à partir de 1234/1236, de la protection de l'empereur, à condition de payer un impôt ("impôt sur les Juifs"), remplacé ultérieurement par des taxes versées à des protecteurs locaux.
La peste noire (1346-1350) provoqua une vague d'émeutes antijudaïques, d'abord en Provence, puis dans plusieurs parties de l'Europe. On accusa alors régulièrement les Juifs d'être responsables de l'épidémie.
Un quartier juif fut construit en Avignon. Les Juifs comtadins payaient néanmoins cher la protection du pape. Le ghetto en Italie apparut à Venise au XVIe siècle. Le pape Pie V avait recommandé que les États limitrophes de ses États pontificaux construisent des ghettos.
En 1394, ce fut la dernière expulsion de France par Charles VI. En Alsace, la situation des Juifs se détériora à la fin du XIVe siècle. En 1389, un édit de bannissement interdit aux Juifs leur réadmission dans la ville de Strasbourg. Il resta en vigueur jusqu'à la Révolution française.
Dans l'Espagne reconquise sur les musulmans, après les premières persécutions, qui commencèrent en 1391, l'Inquisition se mit en place en 1451 [34] et adopta des mesures très sévères vis-à-vis des Juifs convertis, les conversos ou Marranes, qui continuaient à pratiquer leur religion [35]. Le décret d'Alhambra (1492) entraîna l'expulsion de ce pays.
Les Juifs espagnols se réfugièrent au Portugal [36], d'où ils furent à nouveau expulsés par un édit de décembre 1496 [37]
Dans ces deux pays, les nouveaux convertis d'origine juive furent exclus des carrières militaires et ecclésiastiques à partir du milieu du XVe siècle par une série de décrets devant attester la pureté de sang (limpieza de sangre).
[modifier] Réforme
Martin Luther a d'abord eu une attitude conciliante avec les Juifs, estimant que la persécution des Juifs n'était pas conforme aux aspirations chrétiennes. Mais lorsqu'il se rendit compte qu'ils s'opposaient à son enseignement, il écrivit alors : sur les Juifs et leurs mensonges.
Selon Lucie Kaennel : « Luther répète toutes les accusations classiques du Moyen Âge : l'accusation de crime rituel, l'empoisonnement des puits, la sorcellerie, etc. Il déclare que les Juifs méritaient une punition sévère : que leurs maisons et leurs synagogues soient brûlées, leur Talmud et leurs livres de prière confisqués, eux-mêmes condamnés aux travaux forcés. Si cela ne suffisait pas, il faudrait les expulser. »[38]
Selon Paul Johnson, cette œuvre " peut être considérée comme le premier ouvrage d'antisémitisme moderne, et comme un grand pas sur la route de l'Holocauste. " [39]
Le catéchisme promulgué à la suite du concile de Trente (1566) répondit à Luther sur les causes de la mort de Jésus-Christ (voir Contenu du catéchisme du Concile de Trente). Il ne put empêcher que l'antisémitisme perdure dans les sociétés chrétiennes.
Calvin polémiqua durement aussi contre les Juifs.
[modifier] Lumières et Révolution française
Les papes continuèrent à promulguer des lois antijuives : Clément XII et Benoît XIV imposèrent le port de la rouelle. Clément XIV est plus libéral mais l'édit de 1775 de Pie VI rétablit la surveillance du ghetto de Rome par l'Inquisition, ainsi que le port de l'insigne.
A la veille de la Révolution française, les communautés juives en France étaient localisées à Bordeaux (Sépharades) et en Alsace (Ashkenazes). Les Juifs étaient également en Avignon. Les communautés juives étaient souvent assez mal acceptées.
Les philosophes des Lumières étaient en général peu favorables aux Juifs, avec quelques exceptions comme Diderot, qui voyait dans le peuple juif un moyen d'ouverture au monde.
Le courant général de libéralisation en France au XVIIIe siècle profita aux Juifs. L'abbé Grégoire écrivit en 1787 un essai sur les Juifs. Le 27 septembre 1791, grâce à Adrien Duport et à l'abbé Grégoire, l'Assemblée nationale vota le décret d'émancipation des Juifs, qui obtinrent la condition de citoyen à part entière.
[modifier] Période contemporaine
Malgré le décret de 1791, les Juifs n'étaient pas encore intégrés. Napoléon avait de forts préjugés contre les Juifs, mais son sens de la cause publique et son opportunisme le poussèrent à les intégrer dans la société française. Malgré l'opposition des députés de l'est, il décida en mai 1806 de convoquer une assemblée de notables, qui seraient choisis « parmi les rabbins, les propriétaires et autres Juifs, les plus distingués par leur probité et leurs lumières. » Les notables siégèrent durant dix mois (26 juillet 1806 - 6 avril 1807), et furent sommés de répondre à un certain nombre de questions qui avaient pour objectif d'établir si les lois juives étaient compatibles avec le droit commun. Les notables répondirent que le judaïsme prescrivait de tenir « comme loi suprême la loi du prince en matière civile et politique », et qu'eux-mêmes s'étaient toujours « fait un devoir de se soumettre aux lois de l'État ».[40]
Deux décrets de Napoléon de 1808 réorganisèrent le culte. Il fallut encore lutter contre des mesures discriminatoires : Adolphe Crémieux fit supprimer le serment « more judeico » que les juifs devaient prêter en justice selon une procédure infamante (1827-1846).[41]
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le contexte de scientisme transforma l'antijudaïsme en antisémitisme, en lui associant des thèses racistes.
La philosophie cartésienne avait substitué les lumières naturelles à la cause première. Les idéologies oublièrent la métaphysique et par là-même les causes premières et finales. Elles posèrent les germes de l'oubli du Premier Testament. Les intellectuels juifs (Marx, Freud, Einstein,...) ne formaient qu'une petite partie de ce mouvement général de remise en question, allant de la transformation des évidences aveuglantes à des interrogations angoissantes.
En France, Auguste Comte, dans son calendrier positiviste, prit « un parti pleinement irrévocable » sur Jésus, selon lequel il maintenait son « exclusion totale » de son système de pensée [42]. Puis, il se considéra comme un nouveau saint Paul, qu'il voyait comme le « véritable créateur » du « dogme catholique »[43], « profondément familier avec les penseurs de la Grèce »[44].
L'antisémitisme se propageait en Europe de l'est, avec des pogroms en Russie au début du XXe siècle. Il se manisfesta en France avec l'affaire Dreyfus (1894-1906), dont les causes profondes furent étudiées notamment par Bernard Lazare [45] et dont Émile Zola se fit l'écho dans la presse. Le dénouement de cette affaire n'a pas empêché que se développent des publications antisémites, tant en France qu'en Allemagne.
Charles Maurras, dont l'idéologie reposait sur une primauté de l'esthétique gréco-latine et s'inspirait du positivisme comtien, considérait que l'une des tares du christianisme résidait dans son ascendance juive. Il réussit à séduire un certain nombre de catholiques sur ce critère, malgré les condamnations de l'Action française par Pie X (1914) puis Pie XI (1926) [46], adoptant les attitudes les plus agressives vis-à-vis des Juifs (« C'est en tant que juif qu'il faut voir, concevoir, entendre, combattre et abattre le Blum »).
Du côté allemand, Alfred Rosenberg diffusa l'antisémitisme par le biais des Protocoles des Sages de Sion. Il publia en 1930 Le Mythe du vingtième siècle qui donnait des bases théoriques à l'idéologie nazie (« Il s'agit de créer une Église allemande, ancrée dans les forces issues du sang, de la race et du sol, fondée sur un Nouveau Testament expurgé de superstitions, et libérée de l' Ancien Testament »). Six évêques de la province de Cologne réagirent par une déclaration le 5 mars 1931, assimilant les erreurs du national-socialisme à celles de l'Action française (voir Les catholiques allemands face à la montée du nazisme). Après la prise de pouvoir par Hitler, le vote de la loi des pleins pouvoirs (23 mars 1933), et le concordat du 20 juillet 1933, ni cette déclaration, ni la lettre pastorale des évêques allemands de juin 1934, ni l'encyclique Mit brennender Sorge (1937), ne suffirent à endiguer l'emprise du pouvoir nazi entre 1933 et 1938.
Jacques Prévotat note en conclusion de son livre l'absence d'un document doctrinal clair de l'Église :
- « Pour l'Église, le bénéfice aurait été grand d'une encyclique, expliquant aux fidèles du monde entier qu'un catholicisme qui rompt avec l'Ancien Testament, qui veut purifier l'Évangile de ses racines juives, tourne à l'hérésie, que cette hérésie a un nom, celle de Marcion, condamné au IIe siècle. Une encyclique qui aurait repris l'ensemble du problème aurait, de surcroît donné aux théologiens et aux fidèles les moyens d'affronter, avec une réflexion plus élaborée, le drame du judaïsme pendant la guerre. »[47]
L'encyclique Humani Generis Unitas n'a pu être promulguée en raison de la mort du pape Pie XI (1939).
Beaucoup de Juifs durent émigrer aux États-Unis dans les années 1930, où ils ont trouvé un climat plus favorable.
La position de l'Église catholique pendant la Seconde Guerre mondiale fut des plus délicates, car ses responsables savaient que toute protestation risquait d'entraîner des représailles. Il n'en reste pas moins que les silences de trop de chrétiens face aux déportations des Juifs ont interpelé les consciences, alors que le drame de la Shoah se déroulait sans que l'on en perçût ni l'organisation, ni l'ampleur.[48] Des prêtres figurent dans la liste des Justes parmi les nations. Le Père Pierre Chaillet a publié les Cahiers du Témoignage Chrétien - 14 opuscules, qui se succédèrent de novembre 1941 à août 1944 - et a insufflé à la Résistance une dimension spirituelle telle qu'elle a fait dire un jour à Maurice Schumann à la BBC : " Vous avez été notre 18 juin spirituel ! ". Le Père Marie-Benoît (surnommé "le père des Juifs") a protégé des Juifs à Marseille. Le village de Chambon-sur-Lignon est resté célèbre.
Le supersessionisme fut abandonné par la plupart des Églises protestantes libérales dans le courant du XIXe siècle, tandis que l'Église catholique ne s'en était pas encore affranchie.
Maintenant, l'Europe ne compte plus que 8 % de la population mondiale juive. Notons qu'en France, en dépit des mesures du gouvernement de Vichy, environ 72% des Juifs ont survécu, ce qui est une proportion exceptionnelle si on la compare à celle d'autres pays européens, la moyenne européenne étant d'un peu plus de 33 % (8 % en Pologne).
[modifier] Relations entre le judaïsme et le christianisme aujourd'hui
Pour approfondir sur la lecture de la Bible :
Le peuple juif et ses saintes Écritures dans la Bible chrétienne sur le site du Vatican (Commission pontificale biblique)
[modifier] Après-guerre : concile Vatican II
Après la tragédie de la Shoah, en 1947, le Conseil International des Chrétiens et des Juifs se réunit à la conférence de Seelisberg, en Suisse, pour étudier les causes de l'antisémitisme chrétien, à l'instigation de personnalités juives (dont Jules Isaac) et chrétiennes.
Compte tenu des silences de l'Église, on considère que l'antisémitisme puise une partie de ses racines dans l'antijudaïsme. L'historien Jules Isaac, artisan de l'amitié entre Juifs et chrétiens, parla d'enseignement du mépris, alors que le chrétien Jacques Maritain luttait depuis longtemps contre l'antisémitisme.
L'Église catholique a reconnu avoir diffusé une culture antijudaïque dans le passé. Jean XXIII supprima en 1959 la mention pro perfidis judaeis dans la prière universelle du Vendredi saint, qui reçut une formulation définitive avec Paul VI dans le missel de 1969
Le concile Vatican II a entériné l'abandon de la théologie de la substitution en 1964-1965. Il a jeté les bases du dialogue interreligieux avec la déclaration Nostra Ætate (1965).
- Article détaillé : Nostra Aetate.
Le concile a également affirmé la liberté religieuse dans la déclaration Dignitatis humanae (1965).
[modifier] Tentatives d'interprétations
Querelle d'héritage
Après la destruction du second Temple (70), une première scission se produit : les Pharisiens sont d'abord considérés par les chrétiens comme des gens attachés aux traditions, sans voir qu'ils transmettaient aussi la loi orale de Moïse.
Ultérieurement, alors que les communautés juives installées en Galilée et en Mésopotamie mettent par écrit la loi orale de Moïse (Talmud de Jérusalem au IVe siècle et Talmud de Babylone au VIe siècle), les chrétiens tolèrent généralement les Juifs, mais ils commencent à s'en méfier, considérant que ce peuple a trahi le Christ à travers le personnage de Judas Iscariote. Ils introduisent une mention (prions encore pour les Juifs perfides) dans la liturgie, qui ne sera supprimée qu'en 1959 par Jean XXIII.
Les Juifs commencent épisodiquement à servir de boucs émissaires, soit pour cause de mémoire non assumée par les chrétiens, de rivalité du type de celle qu'on trouve entre frères ennemis se disputant la place principale auprès de Dieu le Père, soit pour cause de désaccords métaphysiques infranchissables concernant la divinité du Christ et l'universalité de la religion.
Les Juifs, en tant que minorité religieuse au sein de la chrétienté, étaient davantage considérés comme des talmudistes s'opposant au christianisme et à la nouvelle Alliance par des textes tardifs, que comme les grands ancêtres des chrétiens à qui ils auraient transmis leur religion.
Pour les chrétiens, qui cherchaient à appliquer le message du Christ, à partir du moment où avait été annoncée la « nouvelle alliance » avec Dieu, supposée remplacer la première, les Juifs, parce qu'ils revendiquaient l'héritage de l'ancienne Alliance, cette promesse faite à Abraham, cette promesse de Dieu à son peuple recueillant la Loi (avec toutes les nations au pied du Sinaï : la parole de Dieu s'entendait en toutes les langues), ainsi que l'application du Talmud, postérieur au christianisme et fortement opposé à cette religion, étaient soit des rivaux, les premiers à avoir été distingués par Dieu le Père, soit une frange résistante de l'ancien peuple élu, frange ayant trahi son rôle dévolu.
Approche psychanalytique
Certains ont une approche psychanalytique et accusent le christianisme d'avoir eu longtemps vis-à-vis de son passé, une attitude d'oubli forcé, de désir d'effacement, de rejet et de volonté de faire disparaître le frère aîné juif, supposé davantage aimé du Père. Vieille histoire de Caïn et Abel, qui, indéfiniment semble se rejouer. Pour d'autres, l'Église a tenté historiquement de protéger et de circonscrire cette minorité religieuse, dans l'attente de sa conversion comme un signe de la fin des temps, sans que cette protection historique n'entraîne jusqu'au XXe siècle la moindre concession ou confusion théologique entre christianisme et talmudisme.
Prétendant alors dépasser le judaïsme, il fallait au christianisme également le rejeter, le résorber, le transformer, l'absorber. Alors, alternativement ce « dépassement » se faisait en forçant à la conversion et en persécutant les Juifs, qui étaient accusés de n'avoir pas su reconnaître le Messie en Jésus. Les Juifs auraient eu pour faute de n'avoir pas su reconnaître la divinité de Jésus, et ils devaient par conséquent expier cette faute, souffrir pour leur faute.
Les Juifs furent régulièrement accusés de n'être pas chrétiens, d'être donc demeurés dans le péché et, de plus, de ne pas appartenir à la même communauté, de se distinguer, de persister à vouloir conserver leur Loi qu'ils disaient tenir de Dieu lui-même depuis Moïse, et, sporadiquement, ils furent accusés ainsi d'être responsables des maux divers et des catastrophes telles que la peste noire au Moyen Âge. Logique du bouc émissaire : persécuté, il permet aux autres de se rassurer, de se refaire, aussi, une identité, une vie, une grandeur, sur son dos. Logique du bouc émissaire qui permet toutes les accusations, pour servir toutes les causes, en toutes occasions, et dévier le trop-plein de violence sur l'autre, victime expiatoire.
On s'est reporté sur les Juifs qui précisément, avec l'histoire d'Abraham transmise aux trois monothéismes, ont apporté à l'Humanité le message de l'interdit (divin) de porter la main sur l'autre, de faire couler le sang humain, de pratiquer des sacrifices humains. Isaac devait être remplacé par le bouc. Fin des sacrifices humains. Interdit de tuer. Tels furent les messages les plus anciens, du plus ancien des patriarches, Abraham, pasteur nomade, qui vraisemblablement venu de Mésopotamie, de la ville d'Ur, se rendait en Égypte.
[modifier] Interprétation du Nouveau Testament
La Shoah a poussé certains exégètes chrétiens à s'interroger sur les causes de l'antijudaïsme jusque dans les textes. Afin de comprendre dans quelle mesure les textes du Nouveau Testament peuvent être interprétés d'une façon hostile aux Juifs, il est nécessaire de connaître le contexte historique lors de la prédication de Jésus. Le Temple de Jérusalem était alors le centre de la vie sociale. Le Temple était à la fois un lieu de culte, mais aussi le centre d'une gestion financière qui favorisait les intérêts des castes sacerdotales. Les Pharisiens jouaient un rôle important, dans les rites de purification, et dans les offrandes.[49]
Dans les évangiles
Dans sa prédication, Jésus s'est assez souvent opposé aux Pharisiens et aux scribes, ce qui l'a conduit progressivement à un conflit avec la hiérarchie religieuse essentiellement concentrée à Jérusalem[50]. Les textes canoniques où l'on trouve certains propos hostiles aux Juifs ou certaines catégories d'entre eux sont surtout l'évangile selon Matthieu et l'évangile selon Jean. Il s'agit des deux évangélistes qui ont vécu les événements (Marc et Luc n'ont pas connu le Christ). Nous donnons ici les deux les plus significatifs :
- Chez Matthieu :
- Au chapitre XXIII, Jésus prononce plusieurs fois l'expression « malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites ». On peut se reporter à l'analyse qu'en fait Ulrich Luz, qui pense que « la tâche de reprendre de façon critique l'antijudaïsme théologique vise le centre de la foi chrétienne ».[51]
- Chez Jean :
- Il s'agit souvent des interventions de l'évangéliste (« les Juifs ... ») en réponse à de longs discours de Jésus, ou de la manière dont est relaté le procès de Jésus. On peut se reporter à l'analyse de Martinus de Boer.[52]
- En revanche, dans le passage de la Samaritaine, qui se déroule au bord du Puits de Jacob, lieu hautement symbolique de la tradition juive (chapitre 4), Jésus déclare : « Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs ».[53]
Dans les Actes des Apôtres
Après le concile de Jérusalem, Paul rencontre des difficultés avec les Juifs, à Thessalonique, Bérée, Athènes, et est traduit en justice à Corinthe (chapitres 17-18).
De retour à Jérusalem, Paul comparaît devant le Sanhédrin, où une scission se produit entre Sadducéens (qui ne croyaient pas en la Résurrection) et les Pharisiens (qui y croyaient). Une conjuration d'une quarantaine de Juifs va trouver les grands prêtres (Ac 23, 12-15).
À Rome, les Juifs sont partagés sur le message de Paul, qui cite Isaïe (Ac 28, 23-28).
Selon Daniel Marguerat, les Actes des Apôtres peuvent être interprêtés de deux manières différentes[54] (voir aussi Les Juifs et l'association au terme " déicide ").
Dans les épîtres de Saint Paul
Saint Paul est quelquefois critiqué pour une violente polémique contre les Juifs dans la première épître aux Corinthiens.[55]
- « Ceux-ci ont mis à mort le Seigneur Jésus et les prophètes, et ils nous ont persécutés. Ils déplaisent à Dieu et sont ennemis de tous les hommes. »
Sa réflexion théologique s'approfondit dans l'épître aux Romains, lorsqu'il déclare :[56]
- « J'affirme ceci dans le Christ, car c'est la vérité, je ne mens pas, et ma conscience m'en rend témoignage dans l'Esprit Saint. J'ai dans le cœur une grande tristesse, une douleur incessante. Pour les Juifs, mes frères de race, je souhaiterais même être maudit, séparé du Christ : Ils sont en effet les fils d'Israël, ayant pour eux l'adoption, la gloire, les alliances, la Loi, le culte, les promesses de Dieu ; ils ont les patriarches, et c'est de leur race que le Christ est né, lui qui est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement. » [57]
Dans l'épître aux Galates, saint Paul affirme :[58]
- « La circoncision n'est rien, ni l'incirconcision ; il s'agit d'être une créature nouvelle » puis il ajoute : « à tous ceux qui suivront cette règle, paix et miséricorde, ainsi qu'à l'Israël de Dieu. »
Depuis 60 ans, devant la confrontation aux persécutions nazies et à la shoah, les chrétiens ont repris conscience de ce rappel de Paul : « les dons et l'appel de Dieu sont irrévocables » (Romains 11, 28-29). Les chrétiens ont redécouvert concrètement la présence d'Israël, et redécouvert que la fidélité d'Israël à sa Torah avait, aujourd'hui et non seulement dans le passé, un sens spirituel, une signification dans le dessein de Dieu pour le monde.[59]
Références employées :
- Bible de Jérusalem,
- Traduction œcuménique de la Bible,
- Question posée au Centre d'études théologique à distance,
- Bibliographie ci-dessous.
[modifier] Autres interprétations
La théologie de la substitution qui a longtemps prévalu s'est concentrée sur certains passages du Nouveau Testament, pour présenter l'Église comme le "véritable Israël".
En fait, comme le montre Albert de la Rochebrochard, d'autres théologiens à la suite de saint Ambroise et de saint Augustin, ont proposé d'autres interprétations des évangiles, portant par exemple sur la parabole de l'enfant prodigue[60], que certains préfèrent appeler la parabole du Père et de ses deux fils, ou du Père prodigue, du fils perdu, du fils retrouvé [61].
Saint Augustin compare Israël au fils aîné de la parabole sorti dans les champs, alors que le fils cadet, l'Église ou les pêcheurs, revient après une période de débauche. Le père représente Dieu qui prie son fils aîné de rentrer, figurant Israël sauvé.[62]
Pierre Chrysologue, évêque de Ravenne (Ve siècle) commence cinq sermons sur cette parabole de la façon suivante :
- « Aujourd'hui le Seigneur appelle le père et ses deux fils pour nous les présenter afin de découvrir au travers d'une belle image figurative la grande révélation de sa bonté, la cruelle jalousie du peuple juif et le retour du peuple chrétien dans une attitude de suppliant ».[63]
Le pape Grégoire le Grand emploie une allégorie à partir du livre de Job[64], tandis que Bède le Vénérable utilise aussi la parabole de l'enfant prodigue dans une homélie[65], reprise par Paul Diacre au VIIIe siècle lors de la Renaissance carolingienne.
- « Vous êtes nos frères de prédilection, et en un certain sens nos frères aînés »
- Jean-Paul II à la synagogue de Rome, le 13 avril 1986.
[modifier] Position actuelle de l'Église catholique
Les rencontres d'Assise permettent d'approfondir les points de convergence du christianisme avec les autres religions.
Depuis 25 ans environ, de nombreuses études (voir bibliographie) approfondissent la judéité de Jésus, et remettent en cause un très grand nombre d'idées reçues sur le christianisme ancien.
En 1986, le pape Jean-Paul II a visité la Grande synagogue de Rome, ce qui fut la première visite d'un pape dans une synagogue depuis les premiers siècles.
En 1991, le nouveau catéchisme promulgué par Jean Paul II précise (paragraphe 597) :
- « Les Juifs ne sont pas collectivement responsables de la mort de Jésus
- En tenant compte de la complexité historique du procès de Jésus manifestée dans les récits évangéliques, et quel que puisse être le péché personnel des acteurs du procès (Judas, le Sanhédrin, Pilate) que seul Dieu connaît, on ne peut en attribuer la responsabilité à l'ensemble des Juifs de Jérusalem, malgré les cris d'une foule manipulée et les reproches globaux contenus dans les appels à la conversion après la Pentecôte. Jésus Lui-même en pardonnant sur la Croix et Pierre à sa suite ont fait droit à l'ignorance (Ac 3, 17) des Juifs de Jérusalem et même de leurs chefs. Encore moins peut-on, à partir du cri du peuple : « que son sang soit sur nous et sur nos enfants » (Mt 27, 25) qui signifie une formule de ratification, étendre la responsabilité aux autres Juifs dans l'espace et dans le temps.
Cependant, cette vision s'inscrit encore dans la stricte limite des evangiles canoniques, qui continue a instituer que la foule ayant conspue Jesus etait constituee de juifs et non de paiens, et que les juifs sont tout de meme responsables de la decision de livrer Jesus a l autorite romaine. Le film de Mel Gibson "la passion du Christ" montre a ce titre parfaitement, que les rectifications effectuees dans l intrepretation du dogme ne modifie pas en profondeur l idee d une responsabilite juive dans la mort de Jesus.
- Aussi bien l'Église a-t-elle déclaré au Concile Vatican II : Ce qui a été commis durant la Passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps. (...) Les Juifs ne doivent pas être présentés comme réprouvés par Dieu, ni maudits comme si cela découlait de la Sainte Écriture. »
En 1993, l'Église catholique a reconnu officiellement l'État d'Israël.
Lors des repentances en 1995 (Églises d'Allemagne et de Pologne), 1997 (Église de France), 1998, et 2000, l'Église catholique a reconnu ses erreurs envers le judaïsme.
- Article détaillé : Repentance.
La "théologie de la substitution", qui a fait beaucoup de mal, n'est pas la pensée de l'Église d'aujourd'hui. La reconnaissance de la signification actuelle de la fidélité d'Israël est la voie sur laquelle l'Église s'est engagée, en y découvrant un approfondissement de sa compréhension d'elle-même, de la signification de la bonne nouvelle du Christ, et de l'espérance pour le monde.[66]
Le pape Benoît XVI a rappelé la pensée de Saint Thomas d'Aquin le 28 janvier 2007 :
- « Le calendrier liturgique rappelle aujourd'hui saint Thomas d'Aquin, grand docteur de l'Église. [...] Le rapport entre foi et raison constitue un sérieux défi pour la culture actuellement dominante dans le monde occidental et, précisément pour cette raison, le bien-aimé Jean-Paul II a voulu y consacrer une Encyclique intitulée justement Fides et ratio, - Foi et raison. J'ai moi-même récemment repris cet argument dans le discours à l'Université de Ratisbonne. [...] Avec une sagesse clairvoyante, saint Thomas d’Aquin réussit à instaurer une confrontation fructueuse avec la pensée arabe et juive de son temps, au point d’être considéré un maître toujours actuel de dialogue avec d’autres cultures et religions » [67]
[modifier] Relectures du Nouveau Testament
Certains (Marie Vidal) trouvent dans la lecture du Nouveau Testament à travers la Torah orale de nouvelles lumières pour interpréter le texte.
D'autres (Claude Tresmontant) ont une approche exégétique qui sort des méthodes traditionnelles de résolution du problème synoptique. Ils cherchent les origines des évangiles en hébreu pour y trouver une source beaucoup plus proche de l'enseignement du Christ, et détachée des biais introduits par certains Pères de l'Église.
[modifier] Antijudaïsme musulman
[modifier] Contentieux judéo-musulman
De l'héritage d’Abraham, le cadet musulman des enfants partage avec l’ainé juif la plus longue période de vie commune.
Les juifs et les musulmans ont coexisté sans discontinuité depuis l'émergence de l'islam au VIIe siècle de l'ère commune, dans le même environnement biophysique des terres arides et désertiques. Il y a eu des périodes de tolérance relative durant lesquelles les Juifs ont pu prospérer intellectuellement et économiquement de façon significative et exercer une influence politique certaine au sein des gouvernements islamiques. En réalité, et plus souvent qu'on ne le croit, le sort des Juifs n'a pas été toujours enviable. Du Maroc jusqu'en Perse, ils ont subi misères et humiliations, insécurité et violences populaires. Cette période d'adversité, aux XIe et XIIe siècles, a amené un des plus célèbres philosophes Juifs du Moyen Âge, Maïmonide, à s'adresser non sans amertume à la « nation d'Ismaël » qui nous persécute cruellement et qui met en place tous les moyens de nous nuire et de nous avilir". En fait, l’"Âge d'Or" des Juifs sépharades, qui a coïncidé avec l'apogée de la civilisation de l'Islam au Moyen Âge, n'a pas été sans provoquer envie et hostilité parmi les musulmans face à l'influence croissante des juifs et à leurs succès socio-économiques notables.
Il s’agit simplement, au départ, de rivalités et concurrences socio-économiques “rationalisées” (dans la signification freudienne d’autojustification a posteriori) avec des arguments religieux et des fabulations, dans le désir mimétique et la désignation de la victime émissaire. (en) http://www.angelfire.com/az/rescon/DHIMMI.html
Le statut légal des juifs et des chrétiens sous domination islamique dans l'ère prémoderne, était essentiellement celui de Dhimmî ("peuple protégé"), dont les religions étaient officiellement reconnues par les autorités (en place). En s'acquittant d'une taxe (jîzya), ils pouvaient exercer librement leur religion, jouir d'un certain degré de sécurité personnelle, et fonder leurs propres organisations communautaires. Mais la protection accordée aux "peuples du Livre" (ahl al-kitab) était accompagnée d'une forme d'assujettissement. La "tolérance" dont ils bénéficiaient était limitée à l'intérieur d'un cadre social étroit qu'ils ne pouvaient transgresser ; discriminations et interdits soulignaient constamment la supériorité et la préséance des Musulmans sur les Juifs et les Chrétiens.
Le coup de génie de l’Islam Ottoman a été la conversion à l’islam par l’exception de cette taxe d’jîzya du dhimmi ("peuple protégé") aux chrétiens et juifs et tout autre non-musulman. Il était interdit aux Juifs de porter des armes, par exemple, ou de monter à cheval. Ils étaient en outre, astreints au port d'un vêtement distinctif (la rouelle jaune a été inventée à Bagdad et non pas dans l'Europe du Moyen Âge). De plus, ils ne pouvaient pas construire de nouveaux lieux de culte (références : "Canal Science". "Télé-Science", QC, Canada).
Dans des pays plus éloignés comme le Maroc, l'Iran et le Yémen, les Juifs avaient subi des humiliations, été maltraités physiquement et méprisés. Les restrictions liées au statut de Dhimmî ont été renforcées et appliquées avec plus de rigueur encore. Les émeutes accompagnées de pillage et de meurtres dirigées contre la population juive étaient plus fréquents dans ces contrées périphériques et cela jusqu'à l'aube du XXe siècle. D'autres régions d'Afrique du Nord connurent des épisodes tragiques durant le XIXe siècle et à des intervalles assez réguliers. À la même époque est apparu le pamphlet diffamatoire accusant les Juifs d'utiliser le sang d'enfants pour leurs rituels. Cette monstrueuse calomnie, qui avait fleuri parmi les communautés grecques orthodoxes sous l'Empire ottoman, comme en Europe occidentale, a eu pour conséquence le déferlement de pogroms à Smyrne (1872) puis à Constantinople deux ans plus tard. D'autres accusations de crime rituel commis par les Juifs avaient été déjà enregistrées à Beyrouth en 1824, à Antioche (1826), à Hama (1829), à Damas en 1840 (la sordide affaire de Damas).
Il faut dire toutefois que le sort des Juifs soumis au statut de Dhimmî, malgré toutes ses conséquences douloureuses, était, somme toute, plus enviable que celui de leurs coreligionnaires vivant en terres chrétiennes du “Contentieux judéo-catholique romain”. Plus sûrs et plus confiants en eux-mêmes, les musulmans de l'époque médiévale n'éprouvaient pas la même obsession que celle qui habitait leurs homologues chrétiens, refusant de reconnaître le judaïsme en tant que religion.
Néanmoins l'image du Juif véhiculée par le Coran, si radicalisée et exacerbée dans la littérature islamique contemporaine, est loin d'être inoffensive. Le Coran contient des passages très durs dans lesquels Mahomet stigmatise les Juifs comme étant les ennemis de l'islam et les dépeint comme possédant un esprit rebelle et malveillant. Les Juifs devaient être humiliés "parce qu'ils n'ont pas cru aux signes de Dieu, qu'ils avaient mis à mort, à tort, les Prophètes" (Sourate 2:61/58), tout comme l’invention du « peuple déicide » par les Pères du catholicisme romain dans le “Contentieux judéo-catholique romain”, dans le partage de l’héritage par les enfants d’Abraham.
http://www.frontpagemag.com/Articles/ReadArticle.asp?ID=10581
Le Coran met l'accent tout particulièrement sur le fait que les Juifs ont rejeté Mahomet alors même (selon des sources musulmanes) qu'ils reconnaissaient sa qualité de prophète, par jalousie et par dépit, sous prétexte qu'il n'était pas Juif. Ce comportement est présent encore aujourd'hui, comme la preuve du caractère fourbe, perfide et intrigant du Juif tel qu'il est décrit dans le Coran. Ainsi, se propage, de nouveau, dans le monde musulman le mythe du complot.
La notion selon laquelle les Juifs sont, par exemple, des « falsificateurs arrogants », ourdant sans cesse de nouveaux complots intrigant pour semer la discorde, créer des conflits et des divisions au sein de la communauté musulmane, est considérée comme une évidence en parfaite conformité avec l'enseignement coranique. Seule une adhésion sans faille aux vraies valeurs Islamiques pourra préserver les Musulmans de la terrible menace que représente l'infiltration impérialiste, judéo-sioniste et occidentale, péril prétendument anticipé et répété dans les textes sacrés du Coran (références : Canal Savoir. "Télé-Savoir", QC, Canada).
La compensation réussie d’un Sentiment d'infériorité statutaire a conduit au désir mimétique des rivalités socio-économiques rationalisées dans les antijudaïsmes chrétien et musulman doctrinaux pour inventer une victime émissaire, de l’antijudaïsme à l’antisémitisme jusqu’à l’antisionisme de différentes sources.
- Source psychologique du contentieux judéo-musulman.
Par la très grande proximité de langue et de rite et par le même milieu de vie, il se crée une oscillation indissociable d’effroi-fascination mutuelle du semblable-différent représentatif par la salutation : Sallam-Shalom.
Ce qui paraît premier est l’effroi devant l’étrangeté de l’étranger qui est à la fois si semblable et si proche. Cet étranger n’est pas n’importe quel étranger, il ne provoque un sentiment d’étrangeté que parce qu’il est aussi le semblable. Les psychologues ont décrit ce qu’ils ont appelé cette “angoisse du huitième mois”, celle qui saisit l’enfant quand un visage qui n’est pas celui de sa mère ou d’une personne de son entourage s’approche du sien. On peut faire l’hypothèse que ce visage perçu, non dans sa singularité, mais simplement comme “n`étant pas” celui de sa mère. Or, cette angoisse peut aller jusqu’à la panique, l’enfant ne la manifeste pas devant un “objet” qui diffère bien plus du visage maternel qu’un autre visage humain, devant un animal, par exemple.
Quand donc intervient l’angoisse devant l’étranger ? Quand l’autre est à la fois semblable et différent. C’est pourquoi est fausse ou incomplète l’idée admise, selon laquelle le rejet de l’autre témoignerait d’un refus radical de l’autre, d’une intolérance foncière aux différences, etc. Contrairement à la croyance générale, l’image du “semblable”, du “double” est infiniment plus troublante que celle de l’autre. Les films d’horreur ne sont opérants qu’en mettant en scène des monstres humains, des formes humanoïdes déformées, des êtres qui pourraient être nous et qui ne nous paraissent difformes que parce qu’ils ont “presque” nos formes. Nous faisons tous cette expérience “a minima”, en nous voyant dans un miroir déformant.
Ce “semblable-différent” est peut-être au fondement du contentieux judéo-musulman, plus profond que le contentieux judéo-catholique romain, dans lequel la différence l'emporte sur la similarité linguistique et rituelle des interdits alimentaires et des ablutions qui se réduisent à un simple “rince-doigt” dans l'Église catholique romaine.
- Source historique et théologique du contentieux judéo-musulman
L'Islam se range de façon incontestable parmi les trois grandes religions monothéistes (fondées sur la foi en un Dieu unique, aux côtés du judaïsme et du christianisme. Mais ce n'est pas, comme on le prétend parfois, une « religion du Livre » (le Livre en question étant la Bible). Selon l'islam, la Révélation divine tient en quatre livres successifs : la Torah de Moïse, les Psaumes de David, les Évangiles de Jésus, enfin le Coran de Dieu lui-même. Chaque livre complète et annule les précédents. Le seul livre que l'islam considère donc comme valide est le Coran. Celui-ci évoque les grandes figures de la Bible, Abraham, Moïse et même Jésus et Marie, mais dans des termes qui n'ont rien à voir avec le texte biblique. « Dans l'islam, le corpus biblique est totalement remanié pour lui faire dire autre chose que son sens initial. La récupération sous forme de torsion ne respecte pas le texte originel sur lequel, malgré tout, le Coran s'appuie », rappelle le philosophe René Girard (La Vie, p. 50, no. 3039, 27 novembre 2003).
Sensible à la théologie juive, le Prophète s'en inspire au commencement dans ses recommandations sur le jeûne et les interdits alimentaires relatifs au porc. Il adopte le calendrier lunaire des Juifs, avec des mois réglés sur les cycles de la Lune. Il fixe le jeûne pendant la fête juive de l'Expiation. Et il prescrit à ses fidèles de se tourner vers Jérusalem pour la prière. Il n'empêche que trois des quatre communautés juives de Médine persistent dans leur refus de se convertir à la nouvelle foi. Ces juifs reprochent en particulier à Mahomet de détourner le sens des textes bibliques et osent même se moquer de lui.
Le 11 février 624, une révélation divine enjoint à Mahomet et à ses disciples que la prière rituelle se fasse désormais en se tournant non plus vers Jérusalem mais vers la pierre noire de la Kaaba (*), le sanctuaire des idolâtres de La Mecque. Au printemps 624, à l'approche d'une caravane particulièrement riche en provenance de Syrie, Mahomet décide de l'attaquer. Mais ses plans sont déjoués par un espion. Les Mecquois du clan des riches Koraishites dépêchent une armée au secours de leur caravane. C'est la bataille du puits de Badr, qui voit la victoire des musulmans malgré leur infériorité numérique. À son retour triomphal de la bataille de Badr, Mahomet ordonne l'exécution de deux prisonniers mecquois qui s'étaient montrés particulièrement virulents à l'égard du Prophète et de ses disciples.
Mahomet remarque par ailleurs que les juifs de Médine se sont tenus à l'écart de la bataille. Son dépit à leur égard n'en devient que plus grand. C'est ainsi que de nouvelles révélations divines l'amènent à remodeler le calendrier. Elles précisent en particulier que le jeûne musulman se pratiquera pendant le mois de ramadan, celui durant lequel se déroula la bataille de Badr. Les interdits alimentaires exprimés dans les révélations faites au Prophète restent quand à eux assez semblables à ceux des juifs.
Le fossé se creuse entre les juifs de Médine et la communauté des croyants. Trahisons, violences et médisances alimentent la zizanie, malgré le code de bonne conduite établi lors de l'arrivée de Mahomet. Peu après la bataille de Badr, un incident met le feu aux poudres. Une ou plusieurs musulmanes sont molestées au marché par des juifs de la tribu des Banu-Kainuka. Échauffourée, meurtres de part et d'autre. Le chef de la tribu mise en cause refuse de payer l'amende réglementaire aux parents des victimes musulmanes. La tribu est assiégée par le Prophète et ses disciples et, au bout de deux semaines, contrainte de leur livrer ses immenses biens et d'émigrer.
Un peu plus tard, le 21 mars 625, lors de la fameuse bataille d'Ohod entre Mecquois et Médinois, la deuxième tribu juive, celle des Banu-Nadhir, se voit reprocher de soutenir les habitants de La Mecque. Elle est chassée vers le nord après un long siège et une violente bataille avec les musulmans. Tandis que les Musulmans poursuivent la guerre contre les Koraishites de La Mecque, Mahomet s'irrite de plus en plus du manque de soutien des juifs de Médine à son égard. La crise arrive à son terme en 627, après la bataille du fossé qui met une dernière fois aux prises Mecquois et musulmans de Médine.
Sorti vainqueur du siège, Mahomet décide d'en finir avec les juifs de la troisième et dernière tribu de Médine, les Banu-Kuraiza, qu'il accuse (ce qui est vrai) d'avoir soutenu les assaillants. Sur son ordre, les musulmans décapitent 600 à 700 hommes et les ensevelissent dans une grande fosse de la place du marché de Médine. Ils se partagent les biens de la tribu, ainsi que les femmes et les enfants.
[modifier] Historique
Alternativement persécutés et tolérés, voire appelés, parfois, pour leurs talents, l'histoire de l'Europe, comme celle du Maghreb depuis la plus haute Antiquité, est inséparable de l'Histoire des Juifs. Dans les périodes d'accalmie, leurs talents et leur savoir, étaient parfois reconnus, utilisés, à la mesure de la reconnaissance de leur utilité pour la société. Certains, dans l'Espagne médiévale principalement, furent appelés périodiquement par les souverains à de hautes charges, jusqu'à devenir conseillers du Prince.
Dans l'islam médiéval, les convertis de toutes origines cessaient d’être l'objet de contraintes, - le phénomène est toutefois totalement marginal - . Mais juifs ou chrétiens, les non-musulmans restaient des dhimmis, au statut inférieur sans que l'on puisse parler de persécution violente.
Au contraire, lors de la Reconquista par les troupes chrétiennes, ces populations juives, accusées d'avoir collaboré, voire favorisé, l'occupation islamique, durent souvent soit se convertir, soit s'exiler, notamment au Maghreb où les populations musulmanes et juives d'Andalousie ont été accueillies pour échapper aux tribunaux de l'Inquisition espagnole. Le décret d'expulsion de 1492 en Espagne (décret d'Alhambra) chassa les Juifs d'Espagne. Ce décret resta en vigueur officiellement jusqu'en 1967. Les musulmans espagnols à leur tour firent l'objet d'un décret d'expulsion en 1610.
L'Empire ottoman accueille également les juifs d'Espagne, du Portugal, de Naples, de Malte, de Sicile et de Sardaigne expulsés par les Habsbourg. Les quatre grandes villes de l'Empire ottoman, Salonique, Izmir, Edirne et Istanbul se composent de beaucoup de juifs[68].
[modifier] Bibliographie
Sur les causes
- L'Antisémitisme son histoire et ses causes, Bernard Lazare, 1894, Léon Chailley Ed.
- L'Enseignement du mépris - suivi de L'Antisémitisme a-t-il des racines chrétiennes ?, Jules Isaac, Grasset 2004 ISBN : 2-246-17182-2
- Écouter Israël. Une théologie chrétienne en dialogue, Dominique Cerbelaud o.p., Les Éditions du Cerf, Paris 1995 (lecture ardue)
- Verus Israël : étude sur les relations entre chrétiens et Juifs dans l'empire romain (135-425), Marcel Simon (1983), première édition en 1948.
- Le Judaïsme et le Christianisme antique, d'Antiochus Épiphane à Constantin. Marcel Simon et André Benoît. PUF. 5e édition. 1998.
- Les Racines juives du christianisme, Frédéric Manns, Les Presses de la Renaissance, Paris 2006. 180 pp.
- Anti-Judaism and Early Christian Identity: A Critique of the Scholarly Consensus. Taylor, Miriam S. (1995). Leiden, New York, Cologne : Brill Academic Publishers, 8. ISBN 9004021353.
- Les catholiques et l'Action française. Histoire d'une condamnation. 1899-1939. Jacques Prévotat. Préface de René Rémond. Fayard. 2001.
Sur la judaïcité de Jésus
- Un Juif nommé Jésus : Une lecture de l'Évangile à la lumière de la Torah, Marie Vidal, Jean Dujardin, Albin Michel
- Le Christ hébreu, Claude Tresmontant, Albin Michel, Langue : français, ISBN-10 : 2226059725
Sur la lecture des textes
- L'Église catholique et le peuple juif - Un autre regard. Jean Dujardin, Calmann-Lévy, 2003.
- Le déchirement. Juifs et chrétiens au premier siècle. Ouvrage collectif (Martinus C. de Boer, Georges J. Brooke, H. Cousin, Jean-Daniel Kaestli, Ulrich Luz, Daniel Marguerat, Folker Siegert, Ekkerhard W. Stegemann, Christopher Tuckett (professeurs dans les universités de Lausanne, Berne, Bâle, Neuchâtel, Manchester).
- Le Nouveau Testament est-il anti-juif ? Cahiers Évangile 108, Daniel Marguerat, Cerf, juin 1999.
Sur les aspects historiques
- Bibliographie concernant les persécutions contre les Juifs lors des première et seconde croisades.
- Histoire de la France religieuse - des origines au XIVe siècle. Des dieux de la Gaule à la Papauté d'Avignon. Seuil. sous la direction de Jacques Le Goff et René Rémond.
- Pie XII et la seconde guerre mondiale d’après les archives du Vatican. Pierre Blet s.j., Librairie Académique Perrin, 1997, 341p.
- La Bible et l'Histoire. John Romer. éditions France Loisirs.
- Voir aussi la bibliographie sur l'Église catholique pendant la seconde guerre mondiale
Sur la doctrine actuelle de l'Église
- Catéchisme de l'Église catholique, 1991.
[modifier] Notes et références
- ↑ Ac 4, 1-2 ; Ac 5, 41 ; Ac 7, 51-60 ; Ac 8, 1-3 ; Ac 9, 2
- ↑ Actes, chapitre 15
- ↑ Simon-Claude Mimouni
- ↑ Albert de la Rochebrochard : Juifs et chrétiens au temps de la rupture
- ↑ Marcel Simon et André Benoît, Le judaïsme et le christianisme antique, d'Antiochus Épiphane à Constantin, page 154
- ↑ Claude Tresmontant : Judaïsme et Christianisme, François-Xavier de Guibert 1996
- ↑ Dominique Cerbelaud o.p. : Écouter Israël. Une théologie chrétienne en dialogue
- ↑ Barn 2 (sacrifices), Barn 15 (shabbat), Barn 9 (circoncision), Barn 3 (jeûne), Barn 10 (prescriptions alimentaires)
- ↑ Dial 22 (sacrifices), Dial 21 (shabbat), Dial 16 (circonsion), Dial 15 (jeûne), Dial 20 (prescriptions alimentaires)
- ↑ Diogn 3, 5-4, 11
- ↑ adu Iud 5 (sacrifices), adu Iud 4 (shabbat), adu Iud 3 (circoncision)
- ↑ Philippe Bobichon : Justin martyr, Dialogue avec Tryphon. Édition critique, traduction et commentaire, Éditions Saint-Paul, Fribourg (Suisse) 2004
- ↑ Justin martyr : Dialogue avec Tryphon
- ↑ Marcel Simon : Verus Israël.
- ↑ Monseigneur Francis Deniau : suite à l'émission télévisée de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur sur l'origine du christianisme en avril 2004.
- ↑ Juifs et chrétiens au temps de la rupture, le peuple déicide
- ↑ Juster (J.), dans Les juifs dans l'Empire romain, tome I, p.46. Jules Isaac, dans Jésus et Israël, p.361., et dans Genèse de l'antisémitisme, p.158. Léon Poliakov, dans Du Christ aux juifs de cour, p.41. Marcel Simon, dans Verus Israël, p.246. Lovsky (F.), dans L'antisémitisme chrétien, p.131. Hans Küng, dans Le judaïsme, p.210.
- ↑ Abbaye saint Benoît de Port-Valais, huit discours contre les Juifs, dans l'œuvre de Jean Chrysostome
- ↑ René Rémond et Jacques Le Goff : Histoire de la France religieuse, tome I, page 81
- ↑ René Rémond et Jacques Le Goff : Histoire de la France religieuse, tome I, page 83
- ↑ René Rémond et Jacques Le Goff : Histoire de la France religieuse, tome I, pages 81-83
- ↑ Juifs et villes – Relations et liens Prof. Dr. Alfred Haverkamp (Arye Maimon-Institut, Universität Trier)
- ↑ Jean Richard : Histoire des croisades, page 41 et pages 51-54
- ↑ Jean Richard : Histoire des croisades, pages 169-170
- ↑ le « peuple de Dieu de l'ancienne Alliance, qui n'a jamais été révoquée par Dieu », 17 novembre 1980
- ↑ Juifs et villes – Relations et liens. Prof. Dr. Alfred Haverkamp (Arye Maimon-Institut, Universität Trier)
- ↑ Luc-Thomas Somme : Fils adoptifs de Dieu par Jésus-Christ. La filiation divine par adoption dans la théologie de saint Thomas d'Aquin. Paris, Librairie Philosophique J. Vrin, 1997 (408 p.). Collection " Bibliothèque Thomiste ", vol. XLIX
- ↑ Bernard Lazare : l'antisémitisme, son histoire et ses causes, p. 111-4
- ↑ Bernard Lazare, op cit. p. 114-5
- ↑ Les autodafés sur le site de histoiredesjuifs.com
- ↑ René Rémond et Jacques Le Goff : Histoire de la France religieuse, tome I, page 404
- ↑ René Rémond et Jacques Le Goff : Histoire de la France religieuse, tome I, page 407
- ↑ L'expulsion des Juifs de France en 1306 : proposition d'analyse contemporaine sous l'angle fiscal
- ↑ L'inquisition jusqu'à l'expulsion
- ↑ Les Marranes jusqu'à l'expulsion (1492)
- ↑ Les Juifs au Portugal
- ↑ Le drame des Juifs portugais (1497)
- ↑ Lucie Kaennel : Luther était-il antisémite ?, Genève, Labor et Fides, 1997
- ↑ Paul Johnson : A History of the Jews (1987), p.242
- ↑ René Rémond et Jacques Le Goff : Histoire de la France religieuse, tome 3, pages 343-348.
- ↑ René Rémond et Jacques Le Goff : Histoire de la France religieuse, tome 3, page 349.
- ↑ Henri de Lubac : le Drame de l'humanisme athée (1942), page 193, citant une lettre à Hutton, cité à la société positiviste
- ↑ Système de politique positive, 2, 115, cité par Henri de Lubac dans le drame de l'humanisme athée
- ↑ Système de politique positive, 3, 428-9, cité par Henri de Lubac
- ↑ Bernard Lazare : l'antisémitisme, son histoire et ses causes
- ↑ Jacques Prévotat. Les catholiques et l'Action française. Histoire d'une condamnation 1899-1939. Pages 28-34, 109-194, 263-342
- ↑ Jacques Prévotat. Le catholicisme et l'Action française. Histoire d'une condamnation. Pages 527-528.
- ↑ Edwin Blake : IBM et l'holocauste. Robert Laffont. 2001.
- ↑ Albert de la Rochebrochard : Juifs et chrétiens au temps de la rupture, essai historique.[1]
- ↑ Christopher Tuckett : Le déchirement - Juifs et chrétiens au premie siècle. Les Pharisiens avant 70 et le Nouveau Testament, pages 67-95
- ↑ Ulrich Luz : Le déchirement - Juifs et chrétiens au premier siècle - Le problème historique et théologique de l'antijudaïsme dans l'évangile de Matthieu, pages 127-150
- ↑ Martinus C. de Boer : Le déchirement - Juifs et chrétiens au premier siècle - Jean et le christianisme juif (Nazoréen), pages 179-202
- ↑ Jn 4, 22
- ↑ Le déchirement - Juifs et chrétiens au premier siècle. Pages 151-178.
- ↑ Le déchirement - Juifs et chrétiens au premier siècle - Remarques sur la polémique antijudaïque dans 1 Th 2, 14-16, pages 99-112, Ekkehard W. Stegemann
- ↑ Le déchirement - Juifs et chrétiens au premier siècle. Le sujet de l'épître aux Romains et Romains 9-11 - Ekkehard W. Stegemann
- ↑ Épître de Saint Paul aux Romains 9, 1-5
- ↑ Galates 6, 15-16
- ↑ Réflexion de Mgr Francis Deniau, évêque de Nevers, sur l'émission diffusée le 16 et 17 avril 2004 sur l'origine du christianisme.
- ↑ Albert de la Rochebrochard : Juifs et chrétiens au temps de la rupture - Augustin et les suivants
- ↑ Voir Bible-service
- ↑ Augustin, in Luc 33, 6 et 7, cité par F. Lovsky, dans L'antisémitisme chrétien, p.104.
- ↑ Pierre Chrysologue, Sermon 1. PL 52, col.183, A.
- ↑ Grégoire le Grand, Morales sur Job. SC n° 32, p.215.
- ↑ Bède, Homélie 1, 3, 48. PL 94, col.377, D.
- ↑ Réflexion de Mgr Francis Deniau, évêque de Nevers, sur l'émission diffusée le 16 et 17 avril 2004 sur l'origine du christianisme.
- ↑ Benoît XVI à Rome, Place Saint-Pierre, le dimanche 28 janvier 2007, avant la prière de l’Angélus (Texte complet de l'Angélus, Dimanche 28 janvier 2007)
- ↑ Alexandre Adler : Rendez-vous avec l'islam, p.169
[modifier] Voir aussi
- Marcion
- Histoire du peuple juif
- Église catholique pendant la Seconde Guerre mondiale
- Conférence de Seelisberg
[modifier] Liens externes
- Enseignement du mépris
- Les 18 propositions présentées par Jules Isaac à Seelisberg en 1947
- L'enseignement du mépris sur le site de chrétiens-et-juifs.com
- Études, essais
- Les différentes formes d'actualisation de l'antisémitisme occidental
- Le peuple juif et ses saintes écritures dans la Bible chrétienne, Commission pontificale biblique (2001)
- Juifs et chrétiens au temps de la rupture essai historique par Albert de la Rochebrochard, avec analyse des textes évangéliques, prises de position des Pères de l'Église
- Le judaïsme et le christianisme Conférence du 20 mars 2003
- Le procès de Jésus et l'antijudaïsme chrétien sur le site de la paroisse de Port Saint Nicolas en Bretagne
- Position des jésuites, des protestants
- The holocaust and the Catholic Church's Search for Forgiveness : An Invitation to the Society of Jesus ? James Bernauer, S.J., Professor of Philosophy, Boston College Studies in the Spirituality of the Jesuits 36/2, été 2004
- Chrétiens et Juifs sur le site des jésuites italiens
- Dossier Juifs et protestants - Que dit la concorde de Leuenberg ?
- En France et en Alsace (manifestation dans l'art), en Suisse